Bouillon de culture
Monday, 20 April 2009
CHRONIQUE
Accalmie
Le printemps est ma saison préférée. En ce moment, sous un beau soleil sa splendeur explose dans les jardins parisiens. J'aimerais bien voir les jardins Kahn à Boulogne, parmi les plus fascinants de la capitale. Peut-être demain, aujourd'hui j'irai admirer les arbres en fleur au Pré Catelan. Toutes les sombres prédictions concernant la crise, s'évanouissent dans la douce amnésie des jours ensoleillés. Qu'on me permette de citer un magnifique passage à la gloire du Printemps.
Commencez !
Ainsi le printemps appelait dans la forêt.
Comme l'écho des vagues résonne
comme de vagues lointaines,
un autre chant s'approche, et s'approche plus prés;
le bois résonne
d'un concert de douces voix;
maintenant fort et clair il s'approche déjà
de plus en plus puissant! Comme des son de cloches
la jubilation retentit !
La forêt, qui bientôt
répond à l'appel,
elle retrouve une vie nouvelle,
et entonne
le doux chant du Printemps !
Dans une haie de ronces,
consumé par l'envie et l'envie,
armé de sa fureur,
l'hiver plein de rage,
caché parmi les bruissements de feuilles mortes,
épie et écoute se demandant,
comment causer du tort
à ces chants joyeux.
Ces vers proviennent du premier acte des Maîtres Chanteurs de Richard Wagner. Il nous rappelle que les médisances, les aigreurs, la mauvaise foi, la calomnie, la jalousie, sont toujours tapies dans l'ombre continuant leur travail de sape.
A ce propos, après la petite-fille, la fille, Fabienne Gaston-Dreyfus. Je reconnais que " la passion de son père, partagée avec sa femme, était sa collection de peinture, constituée avec l'aide d'Alain Tarica dont il était devenu un ami précieux." Je n'ai garde de l'oublier, ainsi que sa décision courageuse d'échanger sa collection d'impressionnistes (si je ne me trompe) contre d'authentiques chefs d'oeuvre d'Art Moderne. Je me souviens notamment de son merveilleux Hommage à Picasso, un des Paul Klee les plus précieux. J'ai partagé son amitié avec Alain Tarica, qui m'a avec son père Samy, fait découvrir Kurt Schwitters dont j'ai pu acquérir des oeuvres majeures, comme Merzbild Rossfett de 1918, et Merzbild mit Kerze, (assemblage à la bougie) qui ont figuré dans mont centre d'Art contemporain au Musée de Genève et que j'ai analysé in extenso dans une plaquette qui a rencontré un notable succès. Cela me donne l'idée de consacrer un billet à cet immense artiste, encore méconnu. Les Tarica ont changé toute ma vision de l'Art, ainsi qu'à Alain. Ils font partie de ces immenses marchands qui font les grandes collections (y compris celle de Bergé-Saint Laurent). Ils ne se contentaient pas de nous procurer des moutons à cinq pattes, ils étaient également de grands pédagogues et des initiateurs désinteressés.
Je ne puis donc que comprendre l'indignation de la famille d'Alain Gaston-Dreyfus, et je lui ai déjà exprimé mes plus plates excuses, qu'elle n'a pas dû lire sans doute. Quant à la malveillance, c'était plutôt de l'aigreur et je m'en suis expliqué. J'ai été mortellement déçu de voir s'échapper le fond Kandinsky et j'ai mis bien du temps pour digérer cette déception. Elle fait écho à une autre occasion, d'une tout autre envergure, que mon père avait dédaigné. Il ne s'agissait de rien moins que de la vente de la succession Klee, qui était alors à vendre. Mais nous venions à peine de sortir de la guerre et Klee ne suscitait pas parmi les riches mécènes l'envie de consentir un effort financier considérable pour l'époque. Mon père avait largement les moyens de l'acheter. Il préféra investir dans les vignobles de Tunisie dont il contrôlait une grande partie. Il a tout perdu depuis avec la nationalisation des biens français. Je fis des pieds et des mains pour le décider. J'en étais malade. Mais mon père me considérait avec agacement, comme un rêveur utopiste, et détestait la peinture moderne qu'il prenait comme tant d'autres, pour de la fumisterie. Mais ce n'était pas le cas d'Alain Gaston-Dreyfus qui connaissait bien la valeur artistique du fonds.
Sur le chapitre des rigueurs de l'hiver, j'évoquerait la grotesque affaire des excuses de Madame Royal, au Président Zapatero, cette fois. J'enparlerait car c'est un excellent exemple de désinformation qui illustre les ambiguïtés de la sémantique.
Venons-en aux faits de première main tels qu'ils ont été rapportés par des parlementaires de gauche et de droite, et unanimes quent à leur version des faits. Gillez Carrez, rapporteur des Finances de l'Assemblé Nationale a témoigné des propos élogieux tenus par Nicolas Sarkozy au sujet de Jose Luis Zapatero;
"Il gère au mieux son pays et a su se faire réélire alors que d'autres se prétendant très intelligents ont été incapables d'une telle performance.
De même Nicolas Sarkozy, se gaussant de la gauche a dit ironiquement : il n'est peut-être par très intelligent alors que d'autres se prétendant très intelligents ont été des incapables de sa performance".
D'où vient la source de la désinformation? D'un journaliste de Libération qui prétendait qu'au cours du déjeuner (auquel il n'assistait pas, bien entendu) et qui disait que Nicolas Sarkozy avait déclaré que Zapatero n'était peut-être pas très intelligent, ce qui est la pure vérité. Mais il passa sous silence le contexte ironique et l'ensemble de la phrase, d'où un mot avait été isolé de son contexte, procédé éprouvé d'intoxication.
Et Mme Royal dans tout cela? Je dois, en tant que professeur de management, lui tirer mon chapeau. Elle agit en parfait agent de marketing, sans scrupules d'état d'âme, visant l'efficacité et récompensée par son extraordinaire succès. Elle utilisa un procédé, qu'elle inventa avec une créativité et qu'elle mit en pratique avec un art consommé : présenter les excuses de la France, aujourd'hui à Zapatero, demain à Merkel, à Barroso ou à Obema.
En définitive je n'ai pu me rendre au Pré Catelan pour des raisons indépendantes de ma volonté. Il me reste a espérer que demain il fera aussi beau et que je pourrai me rendre au jardins Kahn. Ils mériteraient un billet à eux tous seuls.
A propos des attaques de l'hiver, je signale à mes amis que je serai à nouveau indisponible à partir du 11 mai et pour une dizaine de jours. Je demande à notre ami S*** de prendre le relais. Vous y gagnerez au change en hauteur et vous y perdrez peut-être en polyvalence.
Musique de printemps
Il n'y a pas que la poésie pour illustrer la plus belle saison de l'année. La musique est peut-être encor plus suggestive ainsi que la peinture (pensons à Botticcelli !) Ci-dessus, une version trafiquée pour des raisons de copyright, et extraite du codex éléphant de L'Entretien. Elle montre cependant le rythme dansant que l'on retrouve chez Beethoven et chez Schumann.
L'oeuvre qui se rapproche le plus de Botticelli, est la Symphonie N°1 "Le Printemps", op.38 de Schumann, etnotamment le dernier mouvement : Allegro animato e grazioso. Je vous conseille l'excellente version de Rafael Kubelik, DG.432 305-2
Très proche de cette musique à s'y confondre presque, le dernier quatuor Op.135 de Beethoven, et plus exactement l'allegro final, dansant et aérien. Cette oeuvre ultime datant de 1826, un an avant la mort du compositeur, laisse déjà par sa rupture radicale avec ce qui précède, la Xème Symphonie dont nous nous sommes déjà entretenus.
Le version du Quatuor Alban Berg a le grand mérite d'être interprétée live selon la stratégie du quatuor, qui privilégie la spontanéité et la vie à la perfection textuelle.
Au sujet du Quatuor Op.135 de Beethoven, voir le corps du billet.
Nous pouvons également citer le livre et le film de Jerzy Kosinski, Being There qui est un véritable hymne au printemps. Chance, le jardinier explique qu'après l'hiver, à condition que les racines soient saines, le printemps refleurira, métaphore qui est également celle de la toute fin du Chant de la Terre de Gustav Mahler :
La terre aimée partout se couvre de fleurs
au printemps et verdoie à nouveau !
Partout éternellement bleuit la lumière du lointain !
Ce qui pour Chance le jardinier n'est que constatation prosaïque est interprétée par le Président des Etats Unis comme un rafraîchissante métaphore, expliquant qu'à condition d'avoir un bon jardinier (lui ! ) après la récession et les difficultés économiques viendront les beaux jours amennés par le printemps. Ce qui se passe dans la nature, nous devons l'admettre pour l'économie.
Ce film est doublement un film d'art: celui de Kosinski le scénariste, celui de Kosinski, le metteur en scène. On peut se le procurer en Blue Ray. Un jour Kosinski reçut un télégramme de Chance le jardinier assorti d'un numéro de téléphone. L'auteur fit le numéro et ce fut Peter Sellers qui répondit ! On connaît le résultat.
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Monday, 13 April 2009
Ci-dessus, une des pages les plus durs de Apocalypsis cum Figuris - L'Entretien. J'ai essayé de le censurer, mais je m'aperçois que trente ans après, il devient d'actualité.
CHRONIQUE
Apopcalypse
Sans images il est difficile de rédiger ce billet. On y traite des nouveaux barbares. Une partie a trait aux tags,et à l'apocalypse pop, l'autre à un fragment de l'Apocalypsis cum Figuris (L'Entretien) que je n'ai osé publier dans mes morceaux choisis, tant c'est obscène et révulsif. Je pensais avoir forcé le trait, et voilà qu'en les lisant vingt ou trente ans après, je m'aperçois que je suis en déça de notre nouvelle civilisation marchande. Je ne puis ne pas faire la connexion avec les visions de William Blake.
J'ai revu hier soir Rashomon de Kurosawa, film admirable que je vous conseille d'acheter en DVD et de garder. Tout tourne autour du mensonge volontaire ou pas, du vol et de la dureté des femmes japonaises. Le plus cruel n'est pas le brigand redouté qui est capable des sentiments les plus fins, mais le Samouraï condescendant dont les yeux expriment mépris et dureté d'acier. Le meilleur est un voleur, menteur et lâche, qui à la fin rachète le genre humain, lui le misérable père de six gosses et qui accueille un bébé abandonné par ses parents. Là où il y a à manger pour six il y en a pour sept dit-il. Le bébé qui hurlait désespérément dans les bras d'un bonze compatissant mais inefficace, se calme instantanément entre les bras du pauvre bûcheron qui le porte avec amour. La plus belle leçon d'humanité dans la ligne de Blake. Là ou se trouve le pardon, la pitié, l'amour de la personne humaine, réside l'image divine.
APOCALYPSE SANS CATHARSIS.
Le cas Chronic-arts.
Il s'agit d'un magazine ayant la prétention de choquer la "bienpensanse" et de flatter sous prétexte de les hérisser le poil,les "jeunes branchés", ceux qui font les tags, manifestent à coup de barres de fer en faveur de la non-violence, aux bobos de toute sorte. Mais la "bienpensance" internet et parisienne, adore. En témoigne la queue des parisiens devant l'exposition des tags au Grand Palais, alors que Blake, qui fustige cette tournure d'esprit, était délaissé au Petit Palais.
Chronic'art est un magazine "branché" qui puise son image et ses "valeurs" sur ce que l'on pourrait appeler la contreculture, le but étant d'étaler sa différence, de prendre tout à contre-pied et de choquer les traditionnalistes comme moi et ce qu'ils croient être la "bienpensance". En fait un certain parisianisme adore.
L'explication de textes est consacrée à Southland Tales. Elle est conduite d'une manière fouillée, professionnelle qui singe les analyses consacrées à Stendhal ou à Marcel Duchamp. Pour des extraits, reportez-vous au corps du billet.
On pourrait citer un livre qui montre comment une certaine avant-garde conçoit l'Apocalypse, notamment " Signs of the Apocalypse/Rapture. Front Forty Press 2008. C'est un beau livre comprenant parmi des imagiers inconnus, Ed Ruscha, Bill Viola et Robert Ryman. Le livre très bien présenté, contenant deux DVD est un intéressant réservoir d'images, il ne saurait prétendre à un florilège d'artistes et trop souvent point de créativité chez ces créateurs, mais des ressucées, des réminiscences...
Le cas de l'Entretien
Les premiers volumes destinés à la BNF, sont pleins de séquences absolument horribles, que j'ai pensé soustraire au public dans la deuxième série de "morceaux choisis" que je projette. Mon fils, qui âgé de quinze ans, lisait en cachette ces volumes, en fut si impressionné, qu'il ne voulut jamais toucher à L'Entretien, dont le titre complet est Apocalypsis cum Figuris.
Le malheur veut que les pages qui sont calligraphiquement les plus réussies sont me semble-t-il celles là, de sorte qu'en expurgeant les volumes des passages scabreux, du même coup on ôte ce qui fait son originalité !
On trouvera dans le corps du billet un extrait des séquences interdites. Cela vous évoquera sans doute bien des comportement et des valeurs actuels.
On trouvera également dans le corps du billet, une des séquences interdites, qui à l'époque était inconvenante mais aujourd'hui la réalité depasse la fiction.
Thursday, 9 April 2009
CHRONIQUE
Fondation foudroyée
J'ai une (presque) bonne nouvelle à vous annoncer : il est possible que la Deuxième Fondation, fondation foudroyée, donne naissance à une troisième fondation. Il est impossible de reconstituer l'implantation qui faisait l'otiginalité de la deuxième fondation. Une troisième fondation, tout en conservant la logique et le plan initial verra peut-être le jour dans notre pays grâce à l'aide de LH III . Vous trouverez dans le corps du billet le rapport des muséologues qui ont condamné la seconde fondation d'une manière péremptoire, ainsi que mes commentaires. Cela en dit long sur la mentalité de ces "spécialistes". Hélas, on rencontre la même morgue et le même mépris pour l'homme du commun chez ceux, qui arrivés au faîte de la gloire , détiennent notre sort dans leurs mains augustes : avocats, professeur de la faculté de médecine etc...
J'ai passé une nuit à peu près blanche poursuivi par le film de Bergman : Les Fraises Sauvages. Cest l'histoire d'un vieux professeur de 78 ans, qui se rend à Lund où il doit être honoré pour son jubilé. Il s'y rend avec sa belle-fille et chemin faisant il est poursuivi par ses souvenirs. Le passé lointain se met à revivre, mais lorsqu'il essaie de parler aux personnages radieux ou nostalgique qui lui apparaissent comme des fantômes plus vrais que nature, il n'obtient aucune réponse. Ils ne s'aperçoivent pas de la présence de cette apparition venue du futur. En faisant ainsi le bilan objectif de sa vie, le professeur s'aperçoit que, bienfaiteur admiré, il n'était qu'un affreux égoïste. J'ai été touché à vif par ce film qui me paraît correspondre à mon parcours actuel et je vous conseille vivement de vous le procurer pour l'intense poésie et la nostalgie onirique qui s'en dégage. Quelle sensibilité!
J'ai reçu le décodage de la parabole du cheval qui mangeait des fleurs d'oranger. J'avoue que le décodage m'a paru presque plus compliqué que la parabole elle-même, j'ai besoin de le digérer avant de vous en parler. Que voulez-vous, je décline et j'aurais peut-être besoin d'un peu de repos.
A propos du Musée du Palais, à Taiwan, mon fils m'a rapporté un beau livre bien relié des chefs-d-œusvre de peintures, calligraphie et bibliophilie. Quelle fut ma surprise de constater qu'il n'y avait que quelques reproductions de grands peintres, ce qui fait qu'il est impossible si on ne se rend pas à Taiwan ou qu'on n'a pas la possibilité d'acquérir des livres antérieurs à trente ou quarante ans, il est absolument impossible de se faire une idée de la grande peinture, de Tang à Yüian. Mon fils m'a expliqué que cette absence est volontaire, de même que la position du site, très reculée et incommode d'accès du musée, de ce fait presque toujours vide. Il s'agit pense-t-il de faire ligne basse pour ne pas agacer les chinois toujours prêts à revendiquer des pièces qu'ils estiment leur appartenir.
Où il est à nouveau question des Fraises sauvages
J'ai reçu plusieurs e-mails très (trop) indulgent qui disent que je ne ressemble pas du tout au vieil égoïste, bien au contraire... Mais ces internautes, ne connaissent que ma vie récente. L'âge, les souffrances, l'approche de la fin, m'ont changé, comme d'ailleurs le vieux professeur du film s'est bonifié. J'ai reçu tant d'amour, que mon coeur a fondu de gratitude et le sentiment d'avoir beaucoup plus reçu, de sollicitude et de respect que je ne mérite, a imprimé en moi un vague sentiment de malaise.
En revoyant le DVD, il est une réserve que je dois émettre : le doublage en français est raté.Comme je tiens de mon père et de ma grand-mère, d'une surdité qui me joue des tours pendables, j'attribuais cette mauvaise diction à ma capacité d'écoute altérée. Mais ma soeur qui a l'oreille particulièrement fine, n'a pas saisi le tiers des paroles prononcées. Comme elles ont un rôle primordial dans une intrigue particulièrement complexe, on ne comprend plus qui est qui, ni ce qui se passe. Il faut le génie d'Igmar Bergman, pour conserver le suspense grâce aux seules images.
Parmi les séquences qui m'ont échappé lors de la dernière fois, je noterai la mise en jugement du vieux docteur : il a manqué au premier devoir d'un médecin : témoigner de l'humanité à défaut de compassion ou de sympathie pour le patient. Il est coupable de culpabilité dit l'examen chargé d'évaluer ses mérites. Il lui faut demander pardon à l'instar du grand Professeur Chaussade, gastro-entérologue réputé, mais traitant ses clients avec une coupable désinvolture et une totale absence d'empathie. Administrant des remèdes d'une manière mécanique, sans réflechir à la nature de son patient, toujours pressé et expédiant les malades à la va-vite. Qu'il n'attende pas l'âge de 78 ans pour reconnaître ses torts.
J'ai été professeur pendant plus d'un demi-siècle. Mais j'étais pontifiant, je dispensais certes à mes étudiants une connaissance mécanique standardisée, mais quand donc me suis-je interessé à eux qui me faisaient confiance? Curieusement, comme pour le héros des Fraises Sauvages ils se persuadaient que j'étais un grand homme, et jamais ne se plaignaient de mon arrogance, de ma froideur, de mon indifférence à leurs attentes, de mon agressivité.
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Tuesday, 7 April 2009
CHRONIQUE
Le "name dropping"
Fausse monnaie des Public Relations.
Ce serait comique si ce n'était attristant. Les "name droppers" sont des gens qui font sonner le nom de relations prestigieuses ou encore qui se targuent de connaître intimement un haut personnage. Molière les a portaiturés avec sa verve dans plusieurs comédies, dont Les Facheux, Le Bourgeois Gentilhomme et La Comtesse d'Escarbagnas. Rappelez vous que de même que je vous ai recommandé d'écouter toutes les sonates de Beethoven, je vous ai donné depuis longtemps le conseil pressant de lire toute l'intégrale Molière ou Shakespeare, dans l'ordre chronologique de création.
Bien entendu, point de Dorante sans Bourgeois Gentilhomme. Les agents d'influence réelle ou supposée n'existeraient pas sans des dupes naïves, qui pourtant se révèlent rouées dans la conduites de leurs affaires. "J'ai parlé ce matin de vous à l'Elysée au petit lever du président... " " Bolloré, Dassault et Pinault me mangent dans la main" ... "Je travaille pour vous dans l'ombre et cela portera ses fruits, cela me coûte beaucoup de peine". Quelque fois ces coutisans arrivistes se mêlent les pinceaux. L'un d'eux, récemment, se targuait de connaître intimement Socrate. Puis, le jour d'après, sans pudeur, il me demanda comme un insigne service : présentez-moi Socrate!
Les gens qui gravitent dans les coulisses du pouvoir, font miroiter les services qu'ils ont donné dans l'ombre et en profitent pour se faire inviter dans les meilleurs restaurants de la Capitale. Allez n'importe quand, à une heure par exemple chez Taillevant, ou chez Goumard par exemple. Faites mine de commander en demandant à étudier le menu et décampez avant que le serveur vienne prendre la commande. Vous verrez surtout une clientèle masculine, sérieuse et cravatée, absorbée dans une négociation serrée sur ... le choix du grand crû. Le plus austère, le plus sérieux, tiré à quatre épingles, celui-là est sans doute le parasite, l'autre le plus relâché, la dupe.
Vous avez honte pour moi? Vous avez raison. Mes conseils ne sont guère moraux et donnent dans le minable! Mais la faim justifie les moyens. ... et mes trucs sont bien utiles pour se faire une idée de la société et de toutes ses strates.
FERMETURE DES FRONTIÈRES CULTURELLES
Lorsque j'étais plus jeune, le me constituai une belle bibliothèque sur les peintures chinoises et les paravents japonais. Tous ces ouvrages faisaient la part belle aux oeuvres appartenant au musée de Formose. (Aujourd'hui Taiwan). C'est pourquoi je secommandai à mon fils de rendre visite à ce musée et de se procurer les catalogues.En lisant attentivement ces derniers, je compris que le musée voulait conserver jalousement la diffusion des illustrations des oeuvres asiatiques. Je pris le livre-monument- en vente à un prix raisonnable à la librairie du Musée Guimet, - sur l'Asie orientale. Mon intuition se révéla juste. Aucune des oeuvres produites ne proveanit de Formose. Le résultat était navrant : aucune oeuvre importante et signée, datant avant le XVIII eme siècle n'était reproduite. Cela montre la suprématie confinant le monopole du Musée du Palais en ce qui concerne la grande peinture chinoise. Il n'est pas, comme l'annonce modestement le catalogue, l'un des plus grands musées sur l'art chinois, il est le seul dans le monde à posséder de telles richesses.
Sunday, 5 April 2009
CHRONIQUE
Comment accéder à la haute culture?
Cette interrogation ne cesse de se répéter incessament autour de moi,par des jeunes insatisfaits par une vie matérielle pauvre et qui ne donne même plus l'avantage de subvenir pleinement à leurs besoins vitaux. Quel but et pourquoi lutter? Ces jeunes pressentent que l'acquisition d'un solide fond culturel peut leur apporter des satisfactions qui équilibrent la mécanisation quotidienne. Ils ont raison. Mais comment à partir de zéro, accéder au royaume magique du génie des grands peintres, des grands musiciens, des grands écrivains. Est-ce possible? Ma réponse est encore oui, et ce billet est consacré à cette question primordiale.
NOTE :Je vous engage vivement de revoir le billet du 4 avril 2009 :les leçons d'un échec que j'ai refait de fond en comble avec beaucoup d'images à l'appui.
Ceux qui habitent la capitale où à la rigueur dans une métropole culturelle commeLille, sont avantagés par rapport aux autres. Ils seraient d'autant plus impardonnables de ne pas saisir les occasions quand elles se présentent. Paris, évidemment domine tout, centralisation oblige.Elle possède le plus beau Musée du monde, Le Louvre, mais comment ne pas s'y perdre. Beaubourg est également une mine d'enseignements et sa librairie est remarquable. On y trouve des DVD culturels et des livres pour enfants. Mais bien plus commode est le MAM, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Avenue du Président Wilson, dont la librairie est très éclectique.Le palais de Tokyo, en face est à fuir pour sa vulgarité et sa nullité. La collection d'Art Moderne et contemporaine est bien présentée et largement suffisante en dépit de son exiguïté pour offrir un panorama très complet de l'Art moderne et contemporain. Au moins le parcours est pédagogique et bien mis en valeur pour le profane. Actuellement il ne faut pas manquer l'exposition De Chirico, un des fondateurs de l'Art moderne. Il faut également fréquenter les petits musées comme le Musée Marmottan au Ranelagh et le musée Guimet Place d'Iena.
Bien entendu, on ne saurait demander plus à ces visites qu'une imprégnation, un premier contact physique, une première sensation, un affinement de l'oeil. Mais c'est assez pour vous inciter à aller plus loin. J'ai essayé de trouver pour vous des livres de décodage, du style "comment regarder un tableau" qui sont très bien faits. Tous sont en rupture de stock, ce qui en dit long sur leur succès. Peut-être les trouverez-vous à la Librairie de Beaubourg. Au Grand Palais se tient l'exposition Warhol, et surtout au merveilleux petit Musée Maillol, rue du Bac, l'exposition de la collection Costakis sur l'Avant-Garde Russe, à ne pas manquer absolument, car une bonne partie de l'art et du design du XXIe siècle, puis ses racines dans les oeuvres de Rodchenko, de El Lissitzky, son suiveur, et d'Alexandra Exter, pour ne citer que les principaux. N'oubliez pasnon plus les deux ouvrages qui a mon sens constituent la meilleure introduction à la juste manière de regarder et de comprendre : le livre de Pierre Bergé sur la collection Yves Saint Laurent Pierre Bergé, plus difficile et plus profond, le livre de Pierre Boulez " Klee, le pays fertile ". Si vous avez des difficultés de compréhension n'hésitez pas à me poser des questions, pour le plus grand profit des internautes.
Ceci est pour l'oeil. Quid pour l'oreille? C'est là que les difficultés commencent car si on peut voir cent fois un tableau, on ne peut entendre cent fois une symphonie !
On doit se rabattre sur des recettes de cuisine. Les miennes sont larges mais très exigeantes. Nous sommes à une époque où nous sommes litteralement pollués par le bruit, et de la musique de fond de poubelle. Et il est si facile, la mode aidant, de céder au moche, à l'hideux, au minable ! Or rappelez-vous des paroles de Buddha : les objets impurs s'entourent d'hommes impurs.Il n'y a pas de place pour eux dans ce blog, il en est tant d'autres plus glamour, plus distrayants,plus alléchants ! J'ai concocté pour vous des mesures négatives, après quoi le vid étant fait sur le moche, on peut s'attaquer au beau et devenir apte à comprendre la "grande musique" qui est loin d'être rébarbative, bien au contraire. Et qu'on ne dise pas que j'ai la sciences infuse ! Mes propos sont d'une extrême banalité et il vont tellement de soi pour les connaisseurs et les nombreuxamareurs de musique classique, qu'ils ne daignent pas tendre la main à ce qu'ils nomment des néophytes, des barbares, dou qu'ils ignorent tout simplement.Ces règles négatives, je dirais hygiéniques sont surtout valables pour les enfants dès leur jeune âge car ils sont vulnérables et absorbent tout sans discrimination, comme des éponges.
Baste de considérations générales et de préambules, venons-en au fait !
MESURES NÉGATIVES
Une baignoire pleine d'eau sale et contaminée n'est pas plus nocive qu'une baignoire remplie d'eau non potable au tiers! L'eau est propre ou est contaminée, il n'y a pas d'intermédiaire!
De même il faut éviter la musique polluée, commerciale, alléchante mais facile pour les paresseux. Il faut se garder chez soi de faire entrer ce genre d'horreur sous le faux prétexte qu'il faut se distraire. On prend vite des habitudes de paresse.
Le plus grand regret de ma vie, est les années que j'ai perdu dans le cocon familial : je lisais tous les SAS (vous savez, le Prince Malko Linge et ses aventures sexuelles, et comme tout va de pair dans ma barbarie, il se meublait chez Romeo rue Saint Antoine, le magasin des nababs du pétrole). Ou alors des policiers de la même eau. Boileau et Narcéjac étaient presque trop intellectuels pour moi. Mon idéal ? Passer des journées à me bronzer au soleil, en attendant un succulent repas de saucisses et de choucroute. Ma femme était allemande). J'avais grossi, j'affichais un bonheur bestial ... et je finis par perdre plusieurs de mes clients ! Ne croyez pas que je suis vraiment cultivé. A cause de ces années perdues, ce manque de curiosité pour la musique contemporaine, pour la poésie, pour la littérature de mon temps, je vécus sur mon fonds acquis pendant mon adolescence, pendant la guerre où j'étais protégé de ces attaques. Ma culture est donc pleine de trous, que j'essaie depuis quelques années de ravauder péniblement. Mieux vaut tard que jamais. Mais à présent que je fais des efforts et que je finis par découvrir de nouveaux territoires, quel émerveillement! Quelle joie pure. Quelle énergie infusée par les génies que je cotoie maintenant!
Donc premier conseil, ne suivez pas mon triste exemple, vous qui êtes encore jeunes et perméables. Les voies du paradis sont malaisées. L'autoroute mène à l'enfer !
Consacrez chaque moment de disponible pour vous familiariser avec les chefs d'oeuvre de notre temps ou du pasé, de toute culture et de toute civilisation. Ils vous rendront la monnaire au centuple et plus vite que vous ne le pensez.
Si vous allez au duomo de Pise, vous devrez payer, pour vous trouver devant une armée de touriste devant des machines à sous. N'est-ce pas un sacrilège? Que reste-t-il de la noblesse et de la saintetné du lieu?
Il en est de même de ceux qui écoutent, l'i-phone vissé à l'oreille ou comme musique de fond, de l'admirable musique nécessitant respect et attention. Si vous avez besoin d'un bruit de fond,les grands compositeurs comme Chopin, Mozart, ou Debussy, Johann Strauss, en ont composé pour remplir cette fonction. Profitez-en.
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Saturday, 4 April 2009
CHRONIQUE
Les leçons d'un échec
Errare humanum est, perseverare diabolicum. Un jeune homme plein d'entregent, les dents longues et ambitieux est venu me voir en faisant du "name dropping". Il se targuait de connaître bien, voire d'avoir la confiance, de gens qu'il connaissait à peine. Il essaya d'obtenir quelque avantage de moi, en vantant ses hautes connections. Je le mis en flagrant délit, et lui reprochait durement ces défauts véniels peut-être,mais qui détruisent une carrière. A ma grande suprise il fit amende honorable et changea instantanément de comportement, ce que des amis notèrent aussitôt. Il redevenait recommandable.Mieux encore, il rendit l'ascenseur le lendemain en me présentant un homme important, qu'il connaissait vraiment. Une leçon à tirer de cet incident, est qu'il faut toujours donner à une personne que nous avons mal jugé une chance de se rattraper, à condition que toute honte bue, il reconnaisse ses lacunes et se promette de les pallier.
RECTIFICATION AU 8 AVRIL 2009
Il ne faut pas chanter victoire trop tôt. Le premier mouvement de bonne volonté passé, il est tentant de retomber dans ces ornières. Donc restez toujours aux aguets; le sang du loup peut à l'improviste reprendre le dessus dans votre dogue familier. Il faut laisser le temps au temps pour que le mauvais pli au pantalon disparaisse.
Lire la suite dans le corps du billet.
LA PERTE DE LA DEUXIÈME FONDATION
J'ai accusé fortement la perte de cette deuxième fondation à laquelle je tenais beaucoup et je pense que l'immense fatigque que j'éprouve en ce moment a une part pychosomatique. Je m'en veux, mais qu'y faire?
A quelque chose, malheur est bon cependant. L'effort de constitution de cette fondation m'a obligé à apprendre toutes sortes de matières pour lesquelles j'avais certes de l'attirance mais afin de passer à un stade à peu près professionnel. Citons : la numismatique, les manuscrits à peinture, l'écriture et le papier, la bibliophilie de haut niveau... Ce n'est pas rien et c'est une richesse que nul ne pourra me confisquer. J'aimerais dans ce billet vous exposer brievement en quoi consiste cette deuxième fondation et de vous faire comprendre pourquoi sa disparition privera les gens désireux de s'élever, d'une petite lumière d'humanisme et de culture.
Ci-dessus, vous avez un exemple d'une pièce de la deuxième fondation. Ce livre d'heures datant de 1380, est unique au monde par son texte inscrit en lettres d'or en relief, travail gigantesque et qui impressionne tous ceux qui ont eu le privilège de le contempler. La reproduction ci-dessus ne donne qu'une pâle idée du tour de force que représente ce manuscrit,par ailleurs orné de merveilleuses miniatures. Ce trésor une fois vendu (à un musée, ou une fondation américaine, on s'en doute), on ne pourra plus jamais le revoir à moins de montrer patte blanche aux conservateurs et avoir de hautes relations parmi les érudits. Dans la seconde fondation, il aurait été mis à la disposition, dans une enceinte intime et conviviale, des amateurs quelle que soit leur origine et leur statut : garçon livreur ou médiévaliste. Lorsqu'on pense que la deuxième fondation devait comprendre plusieurs centaines de ces trésors on comprendra mieux l'abnégation et le soutien des grands marchands comme Stéphane Clavreuil ou Heribert Tenscher, qui ont retenu ces pièces exceptionnelles en attendant le moment - proche j'espère - ou je pourrai persuader un sponsor cultivé et ouvert de m'aider dans cette entreprise unique.
Pour avoir accès au plan et à la logique de la deuxième fondation, continuez à lire.
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