CHRONIQUE
Le "name dropping"
Fausse monnaie des Public Relations.
Ce serait comique si ce n'était attristant. Les "name droppers" sont des gens qui font sonner le nom de relations prestigieuses ou encore qui se targuent de connaître intimement un haut personnage. Molière les a portaiturés avec sa verve dans plusieurs comédies, dont Les Facheux, Le Bourgeois Gentilhomme et La Comtesse d'Escarbagnas. Rappelez vous que de même que je vous ai recommandé d'écouter toutes les sonates de Beethoven, je vous ai donné depuis longtemps le conseil pressant de lire toute l'intégrale Molière ou Shakespeare, dans l'ordre chronologique de création.
Bien entendu, point de Dorante sans Bourgeois Gentilhomme. Les agents d'influence réelle ou supposée n'existeraient pas sans des dupes naïves, qui pourtant se révèlent rouées dans la conduites de leurs affaires. "J'ai parlé ce matin de vous à l'Elysée au petit lever du président... " " Bolloré, Dassault et Pinault me mangent dans la main" ... "Je travaille pour vous dans l'ombre et cela portera ses fruits, cela me coûte beaucoup de peine". Quelque fois ces coutisans arrivistes se mêlent les pinceaux. L'un d'eux, récemment, se targuait de connaître intimement Socrate. Puis, le jour d'après, sans pudeur, il me demanda comme un insigne service : présentez-moi Socrate!
Les gens qui gravitent dans les coulisses du pouvoir, font miroiter les services qu'ils ont donné dans l'ombre et en profitent pour se faire inviter dans les meilleurs restaurants de la Capitale. Allez n'importe quand, à une heure par exemple chez Taillevant, ou chez Goumard par exemple. Faites mine de commander en demandant à étudier le menu et décampez avant que le serveur vienne prendre la commande. Vous verrez surtout une clientèle masculine, sérieuse et cravatée, absorbée dans une négociation serrée sur ... le choix du grand crû. Le plus austère, le plus sérieux, tiré à quatre épingles, celui-là est sans doute le parasite, l'autre le plus relâché, la dupe.
Vous avez honte pour moi? Vous avez raison. Mes conseils ne sont guère moraux et donnent dans le minable! Mais la faim justifie les moyens. ... et mes trucs sont bien utiles pour se faire une idée de la société et de toutes ses strates.
FERMETURE DES FRONTIÈRES CULTURELLES
Lorsque j'étais plus jeune, le me constituai une belle bibliothèque sur les peintures chinoises et les paravents japonais. Tous ces ouvrages faisaient la part belle aux oeuvres appartenant au musée de Formose. (Aujourd'hui Taiwan). C'est pourquoi je secommandai à mon fils de rendre visite à ce musée et de se procurer les catalogues.En lisant attentivement ces derniers, je compris que le musée voulait conserver jalousement la diffusion des illustrations des oeuvres asiatiques. Je pris le livre-monument- en vente à un prix raisonnable à la librairie du Musée Guimet, - sur l'Asie orientale. Mon intuition se révéla juste. Aucune des oeuvres produites ne proveanit de Formose. Le résultat était navrant : aucune oeuvre importante et signée, datant avant le XVIII eme siècle n'était reproduite. Cela montre la suprématie confinant le monopole du Musée du Palais en ce qui concerne la grande peinture chinoise. Il n'est pas, comme l'annonce modestement le catalogue, l'un des plus grands musées sur l'art chinois, il est le seul dans le monde à posséder de telles richesses.