bibliophilie
Sunday, 10 May 2009
CHRONIQUE
La tête vide
Vide de tous souvenirs, chassés par le vent de la mer. Dans le sillage du temps qui ondule, flottent des lambeaux de L’oiseau peint de Kosinski. Son récit me torture, ce pauvre enfant torturé sans relâche par l’atroce population paysanne ignorante, superstitieuse et brutale, des Balkans, c’est vrai. Le génie de l’auteur, dont c’est le premier livre, est de nous faire pénétrer dans le cœur du gosse, de nous faire partager ses visions successives du monde ignoble qui l’entoure et dont il essaie de comprendre le comportement. Explications pathétiques d’un enfant sans passé, ne sachant ni lire ni écrire, et abandonné à lui-même, sans défense, contre les monstres qui s’acharnent sur lui.
Mais il y a bien d’autres monstruosités, que l’Occident tolère pour des raisons financières, commerciales et politiques. Le mot Empire du mal est trop faible pour décrire les agissements des chinois contre le Tibet, plaie encore ouverte au sein de nos consciences. Avec un dégoût qui perdure, j’ai assisté à la farce de Mai 68. Les jeunes imbéciles, souvent fils de bourgeois, prenaient Mao comme modèle suprême, comme les premiers communistes se prosternaient devant Staline, à l’instar de Roosevelt gâteux, à la barbe de Churchill qui enrageait, impuissant.
Oui, cette jeunesse imbécile était entraînée par des « intellos » de gauche, qui eux savaient, mais qui ne voulaient pas désespérer Billancourt. Ces universitaires, érudits, et souvent hommes de haute culture, comme Jean-Paul Sartre, le pire de tous, soutenaient le monstre chinois et diffusaient sa pensée, se servant de leur prestige pour l’imposer aux snobs et bas-bleus. Eux, qui étaient confortablement installés dans leur fromage, sans risques, hors d’atteinte.
Je viens de voir avec Sandrine le film admirable d’Annaud, Sept Ans au Tibet. Là aussi l’histoire est véridique et les personnages ont existé et sont encore vivants. Malheureusement la version en DVD a été caviardée sans que ceux qui n’ont pu voir le film authentique ne peuvent savoir.
Le premier caviardage affecte la séquence où l’ambassadeur chinois entouré de ses sbires, interpelle avec un mépris iconoclaste le Dalai Lama. On assiste au comble de la dureté et à un fanatisme digne des nazis. Il ne reste de cette scène, qu’un abrégé, où un chinois au faciès de brute foule au pied les symboles sacrés et rejettes le sel que lui offre le Dalai Lama. Cette atténuation de la réalité au profit des chinois, est sans doute inspirée par des nécessités commerciales compréhensibles. Nul n’a fait la moindre pression sur la Chine pour qu’elle desserre son étreinte du territoire sacré et violenté. C’est tout juste si on n’a pas considéré comme héroïque, le fait de recevoir officiellement le Chef Spirituel du Tibet.
Le second caviardage a sans doute pour but de raccourcir la durée d’un film trop long pour soutenir la faculté de digestion de nos contemporains, habituées à des séquences brèves et fuyant les longues séquences où il ne se passe rien. Dans le film original, des obstacles s’interposent entre le héros et son fils. La mère remariée ne veut pas qu’il s’en approche, et son fils le rejette obstinément. Il faudra au père biologique, beaucoup de patience et d’intelligence pour regagner la confiance de l’enfant. Dans le DVD, tout ceci est sauté, et d’un coup, fasciné par le présent de la boîte à musique, présent du Dalai Lama à l’alpiniste le voici en train d’escalader les sommets autrichiens en compagnie de Brad Pitt !
Sandrine me fait la remarque que dans ce film, Brad Pitt ressemble étrangement à L.H. III.
Je lui réponds que la ressemblance était encore plus marquée lorsque L.H. III portait les cheveux moins courts, et qu’ils retombaient en une mèche blonde rebelle sur le front.
D’ailleurs moralement et caractériellement le héros ressemble à L.H.III. Froid, taciturne, extrêmement volontaire, ambitieux et renfermé sur lui-même, mais capable dans certaines circonstances d’une bouleversante tendresse. (Le moment de la séparation de l’alpiniste et
de l’enfant sacré)
Les tribulations de trois Rodtchenko
On connaît ma curiosité pour les faux tableaux. Or un jour, Andrei Nakov me signale l’existence de trois Rodtchenko de très haute qualité, que je m’empresse d’acquérir pour une fondation. Or il se trouve au milieu d’une bataille d’experts. Les héritiers Rodchenko, ne veulent pas reconnaître la paternité de ces trois œuvres majeures : une encre de cercles concentriques, une gouache beaucoup plus rare et d’une grande poésie évoquant une éclipse ou la rencontre de deux planètes. Les couleurs sont d’une extrême subtilité, mais il est un peu endommagé au centre. Enfin, le plus important est une huile de 1921, une des dernières peintures, composée de lignes au compas se croisant sans des proportions d’une précision dignes d’un Mondrian.
Et voici qu’au dos de la gouache, on trouve un document qui l’authentifie : elle provient des mines de sel nazies et fait partie de l’Art Dégénéré. Mais on se heurte alors à une autre difficulté : l’œuvre fait peut-être partie des biens juifs confisqués ! Il faudra dix ans d’enquêtes pour que l’on puisse à nouveau disposer de cette encre. Le feuilleton continue, car la succession officielle de Rodchenko n’a rien à voir avec les premiers héritiers, et est impartiale.
Ci-dessous : 1. Un dessin au compas (extrait du livre Rodtchenko de German Karginov. Chêne, 1977. 2. Le dessin au compas de notre fondation.
Ci-dessous, le verso de notre dessin montrant le verso avec les traces de pliure et les cachets nazis.
Ci dessus, la magnifique gouache de 1918, contestée par la famille Rodtchenko, et validée par André Nakov, un des plus grands spécialistes de l'avant-garde russe, auteur du Catalogue Raisonné de Malewitch. Ce qui milite en faveur de Nakov, est l'état malheureusement détérioré du cercle rouge dû sans doute à des taches d'humidité. Quoi-qu-il en soit, l'oeuvre et le tableau suivant, également contestés font l'objet d'une authentification officielle par la succession Rodtchenko.
Composition de lignes, huile, 1921.Ce tableau à l'huile, sévère et aussi vivant et précis qu'un Mondrian épuré, est un des plus beaux témoins de l'exigence du peintre, la dernière année de sa production de tableaux, et celle des fameux monochromes rouges, jaunes et bleus, constituant pour Rodthenko les derniers tableaux de l'Art.
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Friday, 8 May 2009
CHRONIQUE
LES BIBLIOPHILES DE
ARTURO PEREZ-REVERTE
Je me suis amusé à relire la première partie du "CLUB DUMAS", qui a inspiré le film de Polanski "La Septième Porte". Une des différences entre livre et film, est l'érudition souvent un peu lassante du livre. On y étale avec complaisance et une accumulation de détail digne de Umberto Eco, les références exactes des trésors bibliophiliques de grands collectionneurs et libraires, de ceux à "faire transpirer un serpent" et de rareté et de valeur légendaires.
En seconde lecture je me suis penché avec intérêt sur cette fastidieuse énumération.
Le but de ma démarche était de comparer la valeur de ces livres prétendus légendaires, à la collection que j'ai rassemblé pour la seconde fondation. Qu'on en juge d'après mes citations textuelles du "Club Dumas":
1. Il feuilletait avec intérêt (DE SYMMETRIA) de Dürer, Paris 1557, réimpression de la première édition latine de Nuremberg, en bon état et avec de grandes marges. Flavio serait devenu complètemet fou et n'importe qui aurait perdu la tête".
2. "(DE REVOLUTIONIS CELESTIUM) de Nicolas Copernic, deuxième édition, Bâle 1566. Une bagatelle n'est-ce pas ?... Comme la (VULGATA CLEMENTINA) que vous voyez à votre droite, entre les six volumes de la (POLIGLOTA) de votre compatriote Cisneros et :es (CRONICARIUM) de Nuremberg. ..."
3. "C'était la deuxième édition latine du (DE RE METALLICA) de Georgius Agricola, sortie des presses de Froben et Episcopius à Bâle, cinq ans seulement après la première édition de 1566.
Il poussa (l'expert) un grognement de satisfaction en allumant sa cigarette." Il serait fastidieux de continuer et j'aborde tout de suite mes commentaires.
1. Nous acceptons la réimpression de APOCALYPSIS CUM FIGURIS de Dürer parce qu'elle est est plus complète et améliorée par Dürer lui-même. C'est un magnifique exemplaire monté sur onglets et, de loin, l'oeuvre la plus importante du Maître. Elle fait partie de la deuxième fondation et nul n'est devenu fou par sa possession !
2. Notre exemplaire est la première édition, premier tirage. Le grand public comme les connaisseurs, sont tous impressionnés de le tenis entre leurs mains, alors que qui se soucie de la Vulgata Clementina, sinon des bibliophiles ?
3. Nous cherchons activement l'édition originale et nous avons négligé une édition postérieure, le deuxième, en vente à Drouot à un prix d'ailleurs modique.
Je ne parle pas en l'air. Dans ma collection de partitions originales, je n'ai que des premiers tirages de premières éditions, dont les légendaires Quatre Saisons de Vivaldi dont il n'existe que quatre autres exemplaires dans les bibliothèques nationales.
Les exceptions sont l'originale de l'Art de la Fugue de Bach, dont je n'ai que toutes les premières éditions de Nägeli. J'ai failli en acheter le seul exemplaire en mains privées, mais j'ai dû renoncer, underbidder frustré, car j'avais contre moi Bill Gates !
Dans la collection aujourd'hui entreposée dans les sous-sols du département de la musique de la BNF, figurent des oeuvres que même de grands musées n'ont pas comme par exemple les trois éditions simultanées de la Flûte Enchantée, ou l'édition originale avec la liste des souscripteurs et toutes le parties d'orchestre ayant servi aux premières représentations ! J'ai écrit que dans la Seconde Fondation nous avons des éditions incomparablement supérieures à celles qui font baver les bibliophiles de Arturo Reverte. Mais cela suppose que LH III tienne parole et qu'il joue le jeu avec moi.
Je ne me fais pas de mauvais sang pour la suite. LH III a toutes les qualités et l'appétit de culture indispensables pour commences une collection, qui dans des années ou des décennies, deviendra célèbre dans le monde et dignes de la grande dynastie d'où il descend. S'il me faisait faux bons, j'aurais alors les mêmes réactions que celles du pauvre Fargas, contraint de se défaire de ses livres bien-aimés pour sauver les plus précieux, que je viens d'énumérer plus haut.
Vous avez sous les yeux mes premiers tâtonnements sur Apple. On améliorera au fur et à mesure. Deauville, 3h34 Bonne nuit.
Wednesday, 6 May 2009
CHRONIQUE
A DEAUVILLE
Je profite de ces quelques jours de répit pour me reposer à Deauville. S'il m'est possible néanmoins de communiquer avec vous, mes chers internautes, c'est parce-que j'ai emmené avec moi un Apple que j'ai acheté pour cela.
Ma chère Sandrine m'avait prédit les plus grandes difficultés pour m'adapter à Apple, et on me dit que seul Emmanuel Dyan qui a enfanté du bloc, était capable de me tirer d'affaire. En fait, ainsi que vous pouvez le constater, au bout d'une journée, je parviens néanmoins à me débrouiller.
Un problème cependant. Il m'est impossible de trouver ma barre d'outils, ce qui fait que je ne puis ni changer la dimension des caractères, ni la couleur. "
C'est ainsi que chronique doit apparaître en large et rouge, et "A Deauville "en large, incliné et bleu, ne donnent rien.
Que faire?
Saturday, 2 May 2009
CHRONIQUE
La neuvième porte
Je pense prendre congé de mes chers internautes pour cause, rassurez-vous, de congés. Enfin je pourrai, je veux l'espérer, pour la première fois depuis de dures années, prendre quelques jours de vacances sur la Manche, où j'ai un petit appartement, un logement de service, et un petit jardin avec une piscine, que je dois à mon fils. J'espère aller au marché, où il y a un étalage sympathiques de vieux livres, des gabardines burberry en solde, et évidemment d'excellents poissons. La mer n'est pas très belle : grise et infestée de goëlands qui envahissent la ville d'un concert ininterrompu de cris stridents qui empêchent les malades et les dépressifs de dormir.Mais il n'y a pas moyen de les faire décamper, car les écologistes l'interdisent. Ils préfèrent les oiseaux aux hommes, et peut-être ont-ils raison. Mais cela ne me convient pas car j'espérais enfin trouver un peu de repos la nuit.
Commentaires sur le film de Polanski, La Neuvième Porte.
Vous vous souvenez de mon marché de videodisques. J'ai commencé à en entendre un tous les soirs. Avant-hier un très beau film d'amour (Ville portuaire) hier, un autre film d'ingmar Bergman : l'attente des femmes, l'inverse du précédent, puis qu'on nie que l'amour véritable et durable puisse exister sans une bonne dose d'hypocrisie. Aujourd'hui, j'ai revu "La neuvième porte" de Roman Polanski - que le hasard avait dévié sur New York , raconte Jerzy Kosinski, son grand ami, pendant que la secte démoniaque à Manson, perpétrait son carnage dans sa demeure de L.A.
Le livre sur lequel est basé le scénario est de Arturo Pérez-Reverte, Le Club Dumas, best-seller de l'auteur qui avait déjà signé Le tableau du maître flamand. Deux réussites exceptionnelles.
La première fois que j'ai vu La Nouvelle Porte, je l'ai considérée comme un thriller réussi. En le revoyant ce soir avec ma muse Sandrine, j'ai compris que c'était un grand film, qui mérite de prendre sa place parmi les meilleurs.
La première partie tourne autour d’un livre d’occultisme mystérieux, dont il n’existe que trois exemplaires dans le monde. Il s’agit de comparer les exemplaires car seul l’authentique permettra d’atteindre la neuvième porte, celle qui donne accès aux pouvoirs démoniaques.
Dans le film,le livre est tout à fait crédible : l’impression est de toute beauté, les bois qui l’accompagnent ressemblent à des figures de tarots et offrent des rébus difficiles à décoder.
Ci-dessous, le frontispice et le premier bois de l'exemplaire du Livre de Pérez-Reverte fidèlement repris par Polanski.
Comparez-le avec le frontispice d'un livre de l'époque.
Comparez le style des bois du livre de Perez-Reverte, avec la première édition de la Divine Comédie illustrée de gravures sur bois, en 1487
Notez aussi la parenté avec des lames de tarot. Ici, documents annexes de L'Entretien.
Le propriétaire d’un des exemplaires veut s’assurer que le sien est bien authentique en le confrontant aux deux autres.
La beauté formelle du film est saisissante, les couleurs, le cadrage, la poésie, tout cela est d’une haute qualité. Cela n’est pas sans rappeler Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway, qui figure dans notre marché des DVD illustres.
La deuxième partie du film est d’un style très différent. On reconnaît immédiatement le style, la musique, le décor, d’Eyes Wide Shut de Kubrick, que j’ai mis dans ma liste de chefs d’œuvre exigeant d’être vus plusieurs fois pour livrer leurs secrets.
Il ne me semble pas possible de croire que Kubrick pour son dernier film ne se soit consciemment Inspiré par Polanski. Certes le Kubrick est plus subtil, plus grandiose, plus raffiné, mais il ne présente pas une image aussi saisissante que les dernières de La Dernière Porte.
Il faut cependant reconnaître que la qualité di livre de Perez-Reverte, y est pour beaucoup. Il offre en route, plus encore que le film , une illustration convaiquante de l'impact mystérieux qui, pour certains, fascine, voire perturbe certains esprits réceptifs à l'aura dégagée par les livres rares et fortement chargés de sens. Le livre, offre des reproductions des trois livres magiques, qui ressemblent à ceux que l'on trouve chez les antiquaires d'incunables décrits parfaitement par Perez-Reverte.Les images, elles, ressemblent aussi à des lames de tarots.Je reproduirai en sollicitant la bienveillance des ayants-droits, la page de frontispice, etla première gravure à des fins de comparaison qui traduisent l'admiration que je peorte à auteur et à réalisateur.
Si vous croyez que ces histoires de sorcellerie, de livres dotés de pouvoirs occulte ou en livrant les secrets s qui mènent à l'obtention de ces pouvoirs, sont de la pure fiction, détrompez vous. En Amérique pullulent les sectes et les « livres magiques » comme ce Livre des Noms morts, le Necronomicon, dont il en existe plusieurs versions, l’une proche de Lovecraft, l'autre écrite par John Dee le cryptographe de la Reine Elisabeth.
Ci-dessous vous trouverez l’unique manuscrit de Nostradamus, daté de 1561 appartenant à la bibliothèque d'un "humaniste" épris d'occultisme qui figurerait fort bien dans le film de Polanski. Il possède également des éditions anciennes d'Agrippa le magicien, cité dans l'Ange de Feu de Prokofiev.
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Ci-dessous, un exemplaire de tête d'un des livres magiques édités voici quelques décénnies à New-York. Les circonstances de son obtention ont été étranges, rappelant le film de Polanski. Tous ces livres revendiquent l'authenticité du texte du Necronomicon. La reliure est en cuir et palladium et vous noterez la ressemblance avec celle qui orne les livres magiques du film.
Bien entendu, une autre référence s'impose, le Da Vinci Code de Dan Brown. Le copyright date de 1964, mais sa mouture luxueusement illustrée a été éditée en 2003/2004. Ses illustrations montrent clairement les similitudes avec l'imagerie de Polanski et, bien entendu d'Arturo PEREZ REVERTE (Le Club Dumas) en dépit d'un mauvais goût typiquement américain. Quant au film tourné à grands frais, il a été un beau fiasco. Cela ne vaut pas la peine de se le procurer sur DVD.
Cette chapelle sinistre rappelle les châteaux du film de Polanski
Une partie d'un manuscrit secret.
Le frontispice de l'édition de luxe qui est également la première édition illustrée.
Ci-dessus un canular extrait de L'Entretien.
A titre anecdotique je termine ce billet par un fragment d'un des livres annexes de L'Entretien, allusion directe à Dürer, mais aussi à Léonard et aux livres de magie.
Note du 2 mai 16h45. Dernière minute.
En explorant ma bibliothèque, j'ai trouvé un petit in-8vo noir qui fait partie des annexes préparatoires à L'Entretien. Il m'a semblé fort bien s'inscrire dans ces commentaires sur la Neuvième Porte.
Comme vous pouvez le constater, la couverture ressemble tout à fait au grimoire qui constitue le centre de l'intrigue dans le film.
Le frontispice représente les sceaux et une paire d'yeux au laser. Lorsque vous bougez ils vous suivent et changent d'aspect.
Une double page de l'introduction, montrant les lettrines et l'écriture de chancellerie tracée à la feuille d'argent et au crayon argent. finement taillé.
Une double page montrant deux des quatre états des substances magiques.
Où la quatrième porte est annoncée. La pieuvre stylisée représente une des formes de la captation, ou fascination hypnotique qui asservit ses victimes.
A gauche l'araignée, qui piège un moucheron, symbole de la quatrième porte, celle du réseau ténu d'intrigues qui désoriente l'assujetti. A droite, la cinquième porte.
L'entrée de la neuvième porte (au delà de la huitième porte). Mais ce qu'on y découvre n'est pas quelque lumière infernale ni quelque apparition effrayante, mais - ce qui revient peut-être au même - le monde. Cela se passe de commentaires.
Le colophon du livre m'apprend qu'il a été commencé au mois d'Août 1982 à Lebach (Sarre) dans la maison de mes beaux-parents, et terminé le 24 Novembre à minuit, soit à 0h le 25 Novembre, anniversaire de mes cinquante ans. Je n'ai donc pas pu connaître le livre de Reverte, Le Club Dumas qui date de 1993, et encore moins le film de Polanski. La démarche était d'ailleurs tout à fait différente car je suis parti du Necronomicon, et dans lequel les chercheurs ont raconté comment après des semaines de recherches infructueuses avec l'Illiac, le plus puissant des ordinateurs de l'époque, ils on par inadverdance compris le code. Ces péripéties sont tout à fait dans le style du livre de Reverte, mis en film par Polanski.
Bonne nuit et relisez les autres billets, ils ont tous été réactualisés, corrigés et complétés.
Votre Bruno Lussato qui vous laisse en compagnie avec son successeur S***
Tuesday, 28 April 2009
CHRONIQUE
Justification
LH III accepte de préserver la troisième fondation, à condition d'en exclure les monnaies (ce qui est de toute manière obligatoire, Socrate refusant de s'en déssaisir !) et de justifier les acquisitions des livres et manuscrits sélectionnés. Je n'aurais aucune peine à me livrer à cet exercice. Non seulement je me limiterai aux iiiii (dont la perte serait irréparable) mais je ferai une seconde sélection, incluant uniquement les livres et manuscrits, dont l'absence déséquilibrerait tout l'équilibre des collections et compromettrait irrémédiablement le projet original.
LES LIVRES
ZANTANI Antonio. Le plus beau des Grolier destiné à compléter la série exceptionnelle de 3 livres. iiii (Attente de remplacement : 25 à 30 ans).
DURER . Albrecht Apocalypsis cum figuris, 1511. iiii Le plus bel exemplaire connu à ce jour, complet. Le plus prestigieux exemple d'un livre illustré par un grand génie. (les exemplaires de cette qualité ne sont plus en mains privées à notre connaissance.
GOETHE FAUST I illustré par Delacroix. 1828. iiii. Le meilleur tirage possible sur papier de Chine, pratiquement introuvable aujourd'hui et à l'état de neuf. Le second ouvrage illustré par un grand génie, et son chef d'oeuvre graphique. Il complète le précédent et l'équilibre.
VESALIUS Andreas. Basel 1543. La naissance de l'anatomie moderne. D'après des dessins du Titien. iiii Un des livres les plus impressionnants. iiii
ISIDORE DE SEVILLE. La première encyclopédie médiévale contenant la première carte géographique imprimée au monde. Magnifique exemplaire dans sa reliure d'origine. Passionant pour tous. iiii
ARISTOTE. Oeuvres, Venise 1495 - 1498. Le premier texte grec en prose introduit dans le monde occidental. Imprimé par le grand Aldus, (Alde) le plus célèbre imprimeur de l'histoire. Imprimé en grec. iiii
EUCLIDE. Elementa Geometriae, Venise 1482. Le premier livre significatif imprimé avec des figures de géométrie. iiii. Indispensable.
PTOLEMAEUS. Cosmographia. 1513. Sa vision a été dominante du second au XVIII° Siècle. iiiii
PTOLEMEE. Le premier atlas gravé et la première carte établie par un célèbre cartographe. Folio enluminé, extrêmement spectaculaire. Ulm, 16 Juillet 1482. iiiii
PTOLEMEE. Atlas gravé, de 1496 remis à jour par l'ajout de l'Amérique. iiii
COPERNICUS,NICOLAUS. La fondation du système héliocontrique. Le livre scientifique le plus important du XVI° siècle. iiiii. Un des trois qui impressionnent le plus le public.
GALILEO GALILEI, Dialogo. Florence 1632.L'exemplaire iiiii nous a échappé (1 ex. Vaitcan, 1 ex. Fondation Galilée à Florence, 1 ex. vendu à un musée). On doit se rabattre sur un exemplaire "normal" iiiii
NEWTON. Principia London 1687. iiii. D'une extrême importance dansla filiation qui va de Ptolémée à Einstein.
LAVOISIER Antoine, Traité élémentaire de Chimie. La fondation de la chimie moderne. iii
DARWIN.De l'origine des espèces, Londres 1859. Le livre qui a influencé toute la biologie moderne. iii
CHRISTOPHE COLOMB. Rome 1493. L'exemplaire du pape, un des deux ou trois exemplaires existants. Le deuxième des livrees-culte, avec Copernic. iiiii
DANTE ALIGHIERI. La Commedia. Florence 1481 Folio. La première édition illustrée. Dessins de Botticcelli. Très impressionnant. iiiii B.L.
LES MANUSCRITS
PSAUTIER ANGLO-SAXON. ca. 1190-1200. C'est le seul livre connu à présenter des miniatures de l'époque qui se détachent du style byzantin par l'expression des traits du visage, qui sont individalisés et expressif. Le manuscrit compte-tenu de son parfait état et complet, est très difficile à trouver en mains privés. Il revêt une importance exceptionnelle pour l'histoire de l'écriture, ici une semi-onciale. iiiii
LES HEURES DENOUAL-MINGART. Un des plus grands chefs d'oeuvre de l'Ecole de Bruges, par Simon Mormion complété par Simon Bening. Considéré par plusieurs conservateurs comme l'un des dix manuscrits les plus important, antérieur de dix ans aux célèbres heures d'Anne de Bretagne (Bourdichon) et bien supérieur. On ne connait pas l'avis du public, le livre étant demeuré secret.
LE SEUL LIVRE D'HEURES calligraphié en lettres d'or en relief, tour de force qui en fait le troisième livre culte de la fondation avec Copernic et Colomb. Un seul exemplaire connu. Padoue 1370,orné de merveilleuses miniatures. iiiii
Les autres ouvrages très importants jalons de la pensée humaine, comme la découverte d'Einstein, ou les livres majeurs de Voltaire et de Rousseau, sont plus facilement accessibles dans les ventes notamment. En revanche les 4 folios de l'oeuvre de Sakespeare sont pratiquement introuvables. D'autres, comme Don Quichotte ont passé voici dix ans à un prix très élevé, de iiiii à iiiiii, c'est à dire disparus dans un musée. Il n'en existe plus dans lemonde. Il est évident que pour les iiiii, l'avis des experts est nul et non avenu, puisqu'ils portent sur des exemplaires oùla négociation est impossible, ni la comparaison à un standard.
J'espère que ces précisions donneront satisfaction à LH III. Sinon, nene vois pas ce que je puis faire d'autre.
Pour terminer, un petit rappel des heures de Denoual-Mingeart.
... De l'Atlas de Ptolémée :
... De Copernic,
Et pour finir, du manuscrit aux lettres d'or.
Qui peut resister à l'impact d'un lieu où sont rassemblées de telles merveilles, dont nous ne rappelons qu'un échantillon ? Ce ne sont pas, rappelez-vous, de livres destinés à dormir dans d'immenses bibliothèques, mais d'objets à exposer et à admirer comme d'authentiques témoins d'une civilisation occidentale qu'on a besoin de remettre en mémoire. On adhère fidèlement à la politique du Musée du Palais de Formose-Taiwan, qui respecte l'aura d'un tel témoin et qui fait du visiteur un médiateur entre son héritage culturel et un futur plus digne. On rappelle également que les objets exposés ne sont pas plus nombreux que ceux que nous donnons à voir dans notre Musée de la rue Guy de Maupassant, qui sera transformée pour les accueillir.
Thursday, 25 December 2008
CHRONIQUE
Noël
Un joyeux réveillon avec Claude Mediavilla,Sandrine, Marina et une charmante architecte. P*** a envoyé une gigantesque composition de toutes sortes de bonnes choses. La boite elle-même devait bien peser cinq kilos! On a bien entendu beaucoup parlé de calligraphie , ou plutôt IL a parlé de calligraphie. Un cours magistral et une calligraphie pour chacun. Mediavilla a ouvert des horizons insoupçonnés sur le travail nécessaire pour parvenir à la maîtrise, la passion,l'inspiration, une exigence démente sur la perfection apportée aux moindres détails, et avec en prime la connaissance écrite et parlée des langues les plus diverses. Un éblouissement.
Ci dessus : Claire et moi
Ci dessus : Marina et Claude Mediavilla
Bien entendu j'ai profité de sa présence pour avoir son avis sur les deux livres d'heure : celui de Simon Marmion complété par Alexandre Bening (1499), celui de Jean Bourdichon (1508).Pour H.T*** Bourdichon a copié le manuscrit de Marmion, bien supérieur mais moins connu. Mediavilla a relevé la taille notablement supérieure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Mais pour lui ce n'est pas un avantage. Il se demande en effet comment Marmion a pu réaliser des miniatures aussi détaillées dans un format si restreint. Néanmoins la taille c'est la taille et les 5cm supplémentaires de Bourdichon, justifient l'épithète "grandes heures" et apportent de la majesté au manuscrit.
Les bordures qui ont fait la célébrité du Bourdichon sont incomparablement supérieures à celles, sommaires, qui ornent le Marmion. La variété et le rendu des plantes médicinales,à quoiil faut ajouter une chenille par-ci, une libellule par là sont uniques dans le corpus de Bruges. Mais tout change dès que l'on considère les grandes miniatures.
Mais dès qu'on aborde l'analyse des grandes miniatures tout change. Mediavilla a relevé la perfection suprême du dessin de Mormion, aucun visage ne ressemble à l'autre, les rides expressives, les regards, l'harmonie des couleurs provenant de la tradition des Bening et de l'école de Bruges. Un chef-d'oeuvre incomparable, accessible au prix le plus fort (H.T***) mais d'une valeur inestimable.
Je me prends à rêver... Au fond l'acquisition d'un tel chef d'oeuvre mériterait que l'on sacrifie toutes le autres pièces! Il est vrai qu'il n'y aurait plus de fondation, mais une salle comme le Maurithuis où les gens se rendent pour voir un seul tableau : le port de Delft de Vermeer, où encore à Colmar contempler le rétable de Mathis le peintre. Tout ceci bien entendu toutes proportions gardées, Bening n'est pas Vermeer, ni Marmion, Mathias Grünwald, sauf pour les cancres qui prennent pour deux grands peintres le Homard de Vinci et Mickey l'Ange !
Cet après-midi je m'en vais voir Dufy, le peintre du plaisir. Après tout c'est Noël !.
A bientôt. Bruno L.
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