CHRONIQUE
LES BIBLIOPHILES DE
ARTURO PEREZ-REVERTE
Je me suis amusé à relire la première partie du "CLUB DUMAS", qui a inspiré le film de Polanski "La Septième Porte". Une des différences entre livre et film, est l'érudition souvent un peu lassante du livre. On y étale avec complaisance et une accumulation de détail digne de Umberto Eco, les références exactes des trésors bibliophiliques de grands collectionneurs et libraires, de ceux à "faire transpirer un serpent" et de rareté et de valeur légendaires.
En seconde lecture je me suis penché avec intérêt sur cette fastidieuse énumération.
Le but de ma démarche était de comparer la valeur de ces livres prétendus légendaires, à la collection que j'ai rassemblé pour la seconde fondation. Qu'on en juge d'après mes citations textuelles du "Club Dumas":
1. Il feuilletait avec intérêt (DE SYMMETRIA) de Dürer, Paris 1557, réimpression de la première édition latine de Nuremberg, en bon état et avec de grandes marges. Flavio serait devenu complètemet fou et n'importe qui aurait perdu la tête".
2. "(DE REVOLUTIONIS CELESTIUM) de Nicolas Copernic, deuxième édition, Bâle 1566. Une bagatelle n'est-ce pas ?... Comme la (VULGATA CLEMENTINA) que vous voyez à votre droite, entre les six volumes de la (POLIGLOTA) de votre compatriote Cisneros et :es (CRONICARIUM) de Nuremberg. ..."
3. "C'était la deuxième édition latine du (DE RE METALLICA) de Georgius Agricola, sortie des presses de Froben et Episcopius à Bâle, cinq ans seulement après la première édition de 1566.
Il poussa (l'expert) un grognement de satisfaction en allumant sa cigarette." Il serait fastidieux de continuer et j'aborde tout de suite mes commentaires.
1. Nous acceptons la réimpression de APOCALYPSIS CUM FIGURIS de Dürer parce qu'elle est est plus complète et améliorée par Dürer lui-même. C'est un magnifique exemplaire monté sur onglets et, de loin, l'oeuvre la plus importante du Maître. Elle fait partie de la deuxième fondation et nul n'est devenu fou par sa possession !
2. Notre exemplaire est la première édition, premier tirage. Le grand public comme les connaisseurs, sont tous impressionnés de le tenis entre leurs mains, alors que qui se soucie de la Vulgata Clementina, sinon des bibliophiles ?
3. Nous cherchons activement l'édition originale et nous avons négligé une édition postérieure, le deuxième, en vente à Drouot à un prix d'ailleurs modique.
Je ne parle pas en l'air. Dans ma collection de partitions originales, je n'ai que des premiers tirages de premières éditions, dont les légendaires Quatre Saisons de Vivaldi dont il n'existe que quatre autres exemplaires dans les bibliothèques nationales.
Les exceptions sont l'originale de l'Art de la Fugue de Bach, dont je n'ai que toutes les premières éditions de Nägeli. J'ai failli en acheter le seul exemplaire en mains privées, mais j'ai dû renoncer, underbidder frustré, car j'avais contre moi Bill Gates !
Dans la collection aujourd'hui entreposée dans les sous-sols du département de la musique de la BNF, figurent des oeuvres que même de grands musées n'ont pas comme par exemple les trois éditions simultanées de la Flûte Enchantée, ou l'édition originale avec la liste des souscripteurs et toutes le parties d'orchestre ayant servi aux premières représentations ! J'ai écrit que dans la Seconde Fondation nous avons des éditions incomparablement supérieures à celles qui font baver les bibliophiles de Arturo Reverte. Mais cela suppose que LH III tienne parole et qu'il joue le jeu avec moi.
Je ne me fais pas de mauvais sang pour la suite. LH III a toutes les qualités et l'appétit de culture indispensables pour commences une collection, qui dans des années ou des décennies, deviendra célèbre dans le monde et dignes de la grande dynastie d'où il descend. S'il me faisait faux bons, j'aurais alors les mêmes réactions que celles du pauvre Fargas, contraint de se défaire de ses livres bien-aimés pour sauver les plus précieux, que je viens d'énumérer plus haut.
Vous avez sous les yeux mes premiers tâtonnements sur Apple. On améliorera au fur et à mesure. Deauville, 3h34 Bonne nuit.