Bouillon de culture
Billets indélébiles
ARTISTES DE L'APOCALYPSE
Une spectrographie de l'Art du XXIe siècle
Introduction
La scène de l'art contemporain se présente sous le signe de l’extrême. Extrême par les événements qui agitent la société et qui orientent les travaux des artistes, extrême par les prises de positions idéologiques affichées, extrême par la babélisation planétaire entraînée par la perte des repères. Ce travail s’efforce de clarifier la situation des artistes au XIXe siècle et de donner des clés de compréhension que quelques œuvres majeures. Afin d’éviter tout malentendu, il convient ici de définir ses limites. En effet le terme d’art et d’artiste est pris dans un sens très restrictif : celui qu’interrogent ceux qui fréquentent les musées, visitent les galeries, et lisent les revues et les ouvrages sur l’art contemporain. Bien que la plupart des artistes et des théoriciens se plaisent à affirmer qu’il n’existe aucune frontière définissable entre l’art populaire et la « mass Kultur », comme la BD et les documentaires, ou encore les productions des taggueurs et des agitateurs politiques, dans la pratique, ils forment un club très spécialisé, très fermé, ouvert uniquement à quelques initiés et à de riches collectionneurs. Alors que n’importe quel passionné pouvait rencontrer Picasso à la Coupole, et encore naguère on pouvait, comme moi-même, discuter avec Miro, Dali ou Dubuffet, aujourd’hui ce serait un rêve impossible. Tachez d’aborder un Jeff Koons, un Richard Prince, où n’importe quel ténor de l’avant-garde, tous ouvertement opposés à l’élitisme et aux puissances de l’argent !
Aujourd’hui, comme au temps de la Renaissance Italienne, les grands artistes sont des stars, des personnalités richissimes et inaccessibles, mais au contraire des génies des âges d’or, ils s’opposent à tout élitisme et revendiquent leur appartenance à l’humanité, sans distinction de valeur. Ce travail, loin de proclamer que n’importe qui est artiste et que c’est le spectateur qui fait le tableau, prétend que tous les artistes ne se valent pas, que dans leurs œuvres, il en est de bonnes et de moins bonnes, et que n’importe quel discours à leur sujet est moins important que celui du créateur lui-même, qui généralement sait fort bien ce qu’il fait et n’apprécie guère que l’on détourne son message.
Si l’on suit cette piste, on se trouve face à une interrogation insoluble : qui sont les grands artistes ? Comment trouver l’aiguille dans une motte de foin ? Car, on ne saurait assez le répéter, si le nombre des artistes autoproclamés s’est étendu vertigineusement, il n’est pas sûr que celui des grands maîtres et des créateurs importants ait suivi. Or les critères qui permettent d’évaluer une production sont cachés, implicites et flous. Nul critique n’ose s’aventurer à émettre la moindre opinion sur un classement hiérarchique, ni proposer la moindre sélection, dans les ouvrages offerts au Grand Public. Bien au contraire ils fustigent vertueusement cette démarche rétrograde qui consiste à vouloir, comme Socrate, distinguer les bons, des moins bons et des mauvais. Mais dans la réalité du milieu de l’art, cette sélection existe, souvent du fait de ceux qui prétendent la condamner. Elle est effectuée par les Galeries, les Expositions, les Musées, les historiens et les experts, interagissant avec les richissimes collectionneurs et les grands leaders d’opinion. Rien de changé depuis quelques siècles, sinon l’hypocrisie.
Nous sommes pris dans un dilemme : nous sentons bien que tout ne se vaut pas, qu’il est de fausses gloires et des génies méconnus, mais il nous est impossible de dégager des critères objectifs, chaque mouvement, chaque école, proposant ses dogmes. Le seul juge qui ait fait ses preuves, est le temps. Les bonnes œuvres sont inoxydables, les autres ne sont que des témoins archéologiques. Nous distinguons donc la conception ethnologique de la culture de la conception socratique.
Pour la première, est important l’objet témoin de son temps : la bouteille de Coca Cola, le Manga, Dallas ou le préservatif.
Pour la seconde au contraire, c’est celui qui se détache de la banalité anthropologique qui importe, celui qui se tient sur les lignes de crête des grandes réalisations culturelles, et il n’y a aucun mal à déclarer qu’elles sont le fait d’êtres d’exception, se tenant à distance par la dérision ou la sublimation de la « mass cultur », comme Paul McCarthy, Richard Prince, ou Jeff Koons.
Aujourd’hui, comme au temps de la Renaissance Italienne, les grands artistes sont des stars, des personnalités richissimes et inaccessibles, mais au contraire des génies des âges d’or, ils s’opposent à tout élitisme et revendiquent leur appartenance à l’humanité, sans distinction de valeur. Ce travail, loin de proclamer que n’importe qui est artiste et que c’est le spectateur qui fait le tableau, prétend que tous les artistes ne se valent pas, que dans leurs œuvres, il en est de bonnes et de moins bonnes, et que n’importe quel discours à leur sujet est moins important que celui du créateur lui-même, qui généralement sait fort bien ce qu’il fait et n’apprécie guère que l’on détourne son message.
Si l’on suit cette piste, on se trouve face à une interrogation insoluble : qui sont les grands artistes ? Comment trouver l’aiguille dans une motte de foin ? Car, on ne saurait assez le répéter, si le nombre des artistes autoproclamés s’est étendu vertigineusement, il n’est pas sûr que celui des grands maîtres et des créateurs importants ait suivi. Or les critères qui permettent d’évaluer une production sont cachés, implicites et flous. Nul critique n’ose s’aventurer à émettre la moindre opinion sur un classement hiérarchique, ni proposer la moindre sélection, dans les ouvrages offerts au Grand Public. Bien au contraire ils fustigent vertueusement cette démarche rétrograde qui consiste à vouloir, comme Socrate, distinguer les bons, des moins bons et des mauvais. Mais dans la réalité du milieu de l’art, cette sélection existe, souvent du fait de ceux qui prétendent la condamner. Elle est effectuée par les Galeries, les Expositions, les Musées, les historiens et les experts, interagissant avec les richissimes collectionneurs et les grands leaders d’opinion. Rien de changé depuis quelques siècles, sinon l’hypocrisie.
Nous sommes pris dans un dilemme : nous sentons bien que tout ne se vaut pas, qu’il est de fausses gloires et des génies méconnus, mais il nous est impossible de dégager des critères objectifs, chaque mouvement, chaque école, proposant ses dogmes. Le seul juge qui ait fait ses preuves, est le temps. Les bonnes œuvres sont inoxydables, les autres ne sont que des témoins archéologiques. Nous distinguons donc la conception ethnologique de la culture de la conception socratique.
Pour la première, est important l’objet témoin de son temps : la bouteille de Coca Cola, le Manga, Dallas ou le préservatif.
Pour la seconde au contraire, c’est celui qui se détache de la banalité anthropologique qui importe, celui qui se tient sur les lignes de crête des grandes réalisations culturelles, et il n’y a aucun mal à déclarer qu’elles sont le fait d’êtres d’exception, se tenant à distance par la dérision ou la sublimation de la « mass cultur », comme Paul McCarthy, Richard Prince, ou Jeff Koons.
Continuer à lire "Un décodage de l'Art Contemporain"
Le déclin de la culture
Phénomène caractéristique de la civilisation occidentiste (pour utiliser le néologisme de Zinoviev), l'écart se creuse entre les culturellement pauvres (qui ne sont pas forcément les économiquement pauvres, bien au contraire) et les culturellement riches, entre culture de masse et culture érudite. En France, la manifestation télévisée de ce phénomène a été désigné par François de Closet, courageux pourfendeur des privilèges de toute sorte,par "et puis m...). Il dénonçait l'aridité et le snobisme triste de Arte, dernier refuge d'une culture élitiste, qui précipitent le grand public vers le tout à l'égoût des chaînes grand public.
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L'art contemporain, entre génie innovateur, spéculation et fumisterie
Elucider une oeuvre d'Art, exige deux démarches complémentaires.
D'une part la connaissance du processus de perception artistique : qu'est-ce que comprendre? Faut-il comprendre ou aimer? Qu'est-ce que la fidélité à une oeuvre? Qu'est-ce qu'un malentendu artistique (non seulement rejeter une oeuvre valable, mais aussi aimer pour de mauvaises raisons).
D'autre part la définition des critères de valeur en jeu. Certains retiennent le plaisir que procure la contemplation, d'autres sa valeur sociale, ou encore la rigueur de son développement formel. Les notions de "beau" et de "laid" ne sont plus des concepts évident à l'ère où l'immonde ou le détritus peuvent être admis au panthéon des chefs d'oeuvre. (L'exploitation de cadavres humains, ou des manifestations scatologiques).
On s'intéressera à des domaines très différents, du paysage chinois à l'hyperréalisme américain, de la musique polyphonie de
la Renaissance au rap. La psychologie de l'art traite aussi bien de la genèse dans l'esprit du créateur, que l'aboutissement de l'oeuvre achevé. Notamment les performances provocatrices de McCarthy, ou les mises en scène iconoclastes d'opéras, réclament un travail d'élucidation, où sont requises des qualités antagonistes d'empathie et d'esprit critique.
Continuer à lire "Introduction à la psychologie de l'Art"
Razzia sur un musée
L'histoire des instruments d'écriture est intimement liée à celle de transmission des textes, des calames arabes, des pinceaux chinois et des stylets romains, à la plume d'oie, à la "sergent major" et à la plume calligraphique parallèle, chef d'oeuvre de haute technologie, conçue par le leader des instruments d'écriture, le japonais "Pilot".
En 1990, encouragé par Kymiasu Tatsuno, l'un des meilleurs connaisseurs mondiaux en matière de stylos de collection, par Rafaella Simoni Malaguti, qui fabriquait la Rolls Royce des instruments d'écriture sous la marque OMAS, et sous le parrainage de Pilot, le leader mondial, créateur des stylos en laque NAMIKI, chefs d'oeuvre dominant toute la production de tous les temps par des pièces signées par les plus grands maîtres japonais, je fondai le musée du Stylo et de l'écriture.
Le premier site se trouvait au Centre Culturel des Capucins, à Montfort l'Amaury. Lors du rachat du Centre par l'Oréal, il fut transféré rue de Chaillot, puis au 3 rue Guy de Maupassant, à Paris. Il était composé de quatre sections : la préhistoire du stylo, aboutissant au premier stylo fiable créé par Waterman en 1883, le premier âge d'or du Stylo , de 1900 à 1930, le deuxième âge d'or, de 1989 à 2000, enfin les grandes innovations grand public comme le stylo à bille, le gel, les stylos calligraphiques.
Le musée présentait la seule collection couvrant de manière presque exhaustive et équilibrée toutes ces sections. Il fut victime d'un hold-up en l'an 2001 qui vit disparaître la quasi-totalité des pièces les plus précieuses, mais il en subsiste quatre publications en couleur, et surtout une connaissance et une expertise qui dépassent le simple champ du collectionneur mais projettent un éclairage passionnant sur l'évolution esthétique et technique d'un objet qui a perduré pendant des millénaires.
La rubrique contiendra un survol sur l'évolution des instruments d'écriture, le récit du hold-up et les péripéties qui ont émaillé la recherche des pièces volées, véritable polar, nous transportant du milieu des trafiquants yougoslaves de Saint Denis, aux maffiosi de Biélorussie, et dévoilant les agissements douteux d'une compagnie d'assurance et de la justice de Hanovre.
Ci dessous l'affichette d'une très belle exposition sur les stylos exécutés en or, platine, laque de chine et autres matières précieuses. Le musée était assez important pour organiser les expositions sans faire appel à des collectionneurs extérieurs. L'adresse du musée était alors rue de Chaillot, en face du musée Galliera.
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Le musée du Stylo et de l'Ecriture
J'ai ouvert voici quinze ans un musée du stylo et des instruments d'écriture, sans conteste le plus important du monde. Lors de son transfert d'un local rue de Chaillot à Paris, au site actuel, 3, rue Guy de Maupassant, il fut victime d'un Hold Up sanglant, et la plus grande partie de la collection fut volée. Au cours d'une enquête digne du "code Vinci", on retrouva à Hanovre le recéleur, mais les autorités allemandes interdirent aux policiers de
la Brigade Criminelle
de se rendre sur les lieux, en dépit d'une commission rogatoire internationale. Ce n'est que deux ans plus tard que le feu vert fut donné, et il apparut que le recéleur benéficiait d'une indulgence étrange au sein de la justice allemande qui s'opposa à l'investigation des français, en dépit de témoignages accablants. Cette histoire policière rocambolesque sera divulguée dès que le procès des coupables sera terminé.
Le musée se tourna alors vers la calligraphie et l'écriture, sous le parrainage d'un des plus grands calligraphes mondiaux, peintre de talent : Claude Mediavilla, président de l'association des amis du musée. J'ai été son modeste élève et j'essaie de délivrer dans cette rubrique des bribes de l'enseignement reçu. Je me suis attaché notamment à mettre en contexte les relations entre un texte et sa forme : calligraphie, écriture formalisée, tapuscrit, SMS ou calligraphie reconstituée par un logiciel.
Bouillon de culture est le titre d'un livre édité par Fayard en 1987 et qui a fait l'objet d'une émission d'Apostrophes. Par la suite Bernard Pivot a utilisé le titre pour une série d'émissions, sans d'ailleurs prendre la peine de me demander mon autorisation. L'émission ainsi que le livre, firent l'objet d'un tollé général de la part de l'intelligentsia et me valut un ostracisme général. En effet il était du début à la fin politiquement incorrect. Quelques unes de ses propositions furent déclarées inconvenantes et rétrogrades. La principale contestation porta sur la différenciation socratique établie entre haute culture et culture dégradée, alors que le relativisme et le "tout se vaut" triomphaient. Une autre, fut la prédiction qu'avec la multiplication des chaînes de télévision, le niveau culturel baisserait au lieu d'augmenter. Enfin on déclara mes propos élitistes car je prônais le nivellement par le haut, la fréquentation des grands génies du répertoire mondial et de tous les temps, plutôt que l'exaltation snob du banal et du pire. Mai 68 y était décrit comme une régression plutôt qu'une libération. Aujourd'hui, les prévisions de Bouillon de culture, devenu un "Brouillon d'inculture", se sont tristement réalisées. Il suffit de lire l'ouvrage très documenté de Paul Ardenne (Extrême) pour s'en convaincre. Alors que, suivant l'exemple des instructeurs d'autrefois, je recommandais la diffusion des chefs d'oeuvre du patrimoine auprès des masses populaires, je fus taxé d'élitisme. Cette rubrique approfondit la notion de différenciation culturelle. Si tout ne se vaut pas, quels sont les critères de valeur valides?
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