CHRONIQUE
Fondation foudroyée
J'ai une (presque) bonne nouvelle à vous annoncer : il est possible que la Deuxième Fondation, fondation foudroyée, donne naissance à une troisième fondation. Il est impossible de reconstituer l'implantation qui faisait l'otiginalité de la deuxième fondation. Une troisième fondation, tout en conservant la logique et le plan initial verra peut-être le jour dans notre pays grâce à l'aide de LH III . Vous trouverez dans le corps du billet le rapport des muséologues qui ont condamné la seconde fondation d'une manière péremptoire, ainsi que mes commentaires. Cela en dit long sur la mentalité de ces "spécialistes". Hélas, on rencontre la même morgue et le même mépris pour l'homme du commun chez ceux, qui arrivés au faîte de la gloire , détiennent notre sort dans leurs mains augustes : avocats, professeur de la faculté de médecine etc...
J'ai passé une nuit à peu près blanche poursuivi par le film de Bergman : Les Fraises Sauvages. Cest l'histoire d'un vieux professeur de 78 ans, qui se rend à Lund où il doit être honoré pour son jubilé. Il s'y rend avec sa belle-fille et chemin faisant il est poursuivi par ses souvenirs. Le passé lointain se met à revivre, mais lorsqu'il essaie de parler aux personnages radieux ou nostalgique qui lui apparaissent comme des fantômes plus vrais que nature, il n'obtient aucune réponse. Ils ne s'aperçoivent pas de la présence de cette apparition venue du futur. En faisant ainsi le bilan objectif de sa vie, le professeur s'aperçoit que, bienfaiteur admiré, il n'était qu'un affreux égoïste. J'ai été touché à vif par ce film qui me paraît correspondre à mon parcours actuel et je vous conseille vivement de vous le procurer pour l'intense poésie et la nostalgie onirique qui s'en dégage. Quelle sensibilité!
J'ai reçu le décodage de la parabole du cheval qui mangeait des fleurs d'oranger. J'avoue que le décodage m'a paru presque plus compliqué que la parabole elle-même, j'ai besoin de le digérer avant de vous en parler. Que voulez-vous, je décline et j'aurais peut-être besoin d'un peu de repos.
A propos du Musée du Palais, à Taiwan, mon fils m'a rapporté un beau livre bien relié des chefs-d-œusvre de peintures, calligraphie et bibliophilie. Quelle fut ma surprise de constater qu'il n'y avait que quelques reproductions de grands peintres, ce qui fait qu'il est impossible si on ne se rend pas à Taiwan ou qu'on n'a pas la possibilité d'acquérir des livres antérieurs à trente ou quarante ans, il est absolument impossible de se faire une idée de la grande peinture, de Tang à Yüian. Mon fils m'a expliqué que cette absence est volontaire, de même que la position du site, très reculée et incommode d'accès du musée, de ce fait presque toujours vide. Il s'agit pense-t-il de faire ligne basse pour ne pas agacer les chinois toujours prêts à revendiquer des pièces qu'ils estiment leur appartenir.
Où il est à nouveau question des Fraises sauvages
J'ai reçu plusieurs e-mails très (trop) indulgent qui disent que je ne ressemble pas du tout au vieil égoïste, bien au contraire... Mais ces internautes, ne connaissent que ma vie récente. L'âge, les souffrances, l'approche de la fin, m'ont changé, comme d'ailleurs le vieux professeur du film s'est bonifié. J'ai reçu tant d'amour, que mon coeur a fondu de gratitude et le sentiment d'avoir beaucoup plus reçu, de sollicitude et de respect que je ne mérite, a imprimé en moi un vague sentiment de malaise.
En revoyant le DVD, il est une réserve que je dois émettre : le doublage en français est raté.Comme je tiens de mon père et de ma grand-mère, d'une surdité qui me joue des tours pendables, j'attribuais cette mauvaise diction à ma capacité d'écoute altérée. Mais ma soeur qui a l'oreille particulièrement fine, n'a pas saisi le tiers des paroles prononcées. Comme elles ont un rôle primordial dans une intrigue particulièrement complexe, on ne comprend plus qui est qui, ni ce qui se passe. Il faut le génie d'Igmar Bergman, pour conserver le suspense grâce aux seules images.
Parmi les séquences qui m'ont échappé lors de la dernière fois, je noterai la mise en jugement du vieux docteur : il a manqué au premier devoir d'un médecin : témoigner de l'humanité à défaut de compassion ou de sympathie pour le patient. Il est coupable de culpabilité dit l'examen chargé d'évaluer ses mérites. Il lui faut demander pardon à l'instar du grand Professeur Chaussade, gastro-entérologue réputé, mais traitant ses clients avec une coupable désinvolture et une totale absence d'empathie. Administrant des remèdes d'une manière mécanique, sans réflechir à la nature de son patient, toujours pressé et expédiant les malades à la va-vite. Qu'il n'attende pas l'âge de 78 ans pour reconnaître ses torts.
J'ai été professeur pendant plus d'un demi-siècle. Mais j'étais pontifiant, je dispensais certes à mes étudiants une connaissance mécanique standardisée, mais quand donc me suis-je interessé à eux qui me faisaient confiance? Curieusement, comme pour le héros des Fraises Sauvages ils se persuadaient que j'étais un grand homme, et jamais ne se plaignaient de mon arrogance, de ma froideur, de mon indifférence à leurs attentes, de mon agressivité.
La lettre qui a signé la condamnation à mort de la Deuxième Fondation
Nous donnons ci-dessous l'évaluation du groupe de muséologues, imprimée en vert) suivie par sa réfutation (imprimée en noir), et précédée de la lettre deSocrate (en italique).
Merci pour votre intéressante proposition de financer le lancement du Musée de Livres Rares. N'ayant aucune expérience dans cette sphère, j'ai preis la liberté de m'adresser à plusieurs membres d'experts internationaux, grecs et internationaux; experts du plus haut niveau dans le domaine de l'implantation et du management des musées aussi bien que dans le domaine du marché des livres rares. Je résume leux opinions et leurs recommandations au sujet de ce projet.
- Les dés sont pipés dès la première ligne. En effet, comme vous l'avez compris, il ne s'agit nullement de bibliophilie mais de transmission du génie, que ce soit par les livres, mais aussi par les manuscrits médiévaux, les monnaies ou la calligraphie.
1. L'idée d'acquérir un ensemble de livres de valeur et énormément chers, peut être justifié comme un noyau d'une collection privée initiée par un amateur ardent de livres, dont le hobby est de découvrir et d'acheter des volumes rares et anciens. Du point de vue d'une institution publique comme un musée ou une bibliothèque, ce projet semble problématique.
On relèvera les vocables dédaigneux comme "amateur", "hobby" "découvrir". Par ailleurs, tous les grands musées se sont constitués à partir de collections privées, dont c'était le hobby, comme les fondations Barnes, Hunt, Getty, ou Paul Sacher.
Chemin faisant, ils se sont professionnalisés, dépassant généralement les conservateurs de musée. Le rôle d'initiateurs des grands marchands comme jadis Berggruen ou aujourd'hui Alain Tarica, protège largement les lacunes des amateurs. Par exemple Heribert Tenschert possède le stock le plus important du monde de manuscrits anciens, pouvant rivaliser avec les plus grands musées. La collection Saint Laurent, Pierre Bergé s'est édifiée avec l'appui de deux marchands illustres. Cependant, il est naturel que les institutions établies, voient d'un mauvais oeil l'entrée de concurrents redoutables.
2. Du point de vue conceptuel il y a une certaine contradiction dans la définition des buts de la future institution. Si l'idée de base repose sur est de créer un musée de l'évolution dulivre, il devrait être organisé d'une manière différente avec un accent mis sur le dévelopement sur l'art et la technologie du livre. Si son intérêt principal réside dans l'évolution du savoir humain, alors, le futur musée devrait être un projet multimédia, non seulement centré sur les livres.
Il s'agit de l'ignorance du but du musée due en grande partie à la question de Socrate qui sème la confusion et réduit le musée à la collection de livres. Si le projet avait été communiqué à cet expert, il aurait tout de suite constaté qu'il est multimédias. La splendide collection numismatique, les merveilleux et illustres manuscrits à Peinture, la calligraphie et aujourd'hui, le Musée du Washi japonais et des instruments d'écriture, ne sont pas réductibles à ce que l'on nomme la bibliophilie. Par ailleurs si nous refusons d'exposer des caméras japonaises et des ordinateurs, c'est qu'on sombre dans la banalité et dans la simple curiosité. J'en sais quelque chose ayant fondé la collection de Ho-Fi et de postes de radio. J'ai même, dans le cadre des ensembles sur l'évolution du cinéma, acquis la toute première caméra Louis Lumière, dont il ne subsiste qu'une poignée de spécimens dans les musées du monde entier.
3.Il y a de nombreux musées organisés par le monde, par exemple dans le Musée National d'Athènes (qui a hérité dans le cadre de la fondation d'une banque bien connue de l'héritage du bibliophile Papadopoulos, de tout le fonds du grand écrivain J.J.Rousseau, une merveille de bibliophilie en soi), dans la National Library in Netherlands, dans le British Library, dans la Huntington Library en Californie et ailleurs. Tous fonctionnent pratiquement ou peuvent facilement considérés comme des musées de la culture. La seule alternative possible, serait d'un centre muséal, pour la culture bibliophilique dans quelque contrée lointaine, dans les Carpathes ou l'Angola. Dans ce cas les livres énumérés pourraient certainement constituer le germe d'une grande collection.
Cela prêterait à rire si les conséquences de ce jugement méprisant n'avaient condamné la Deuxième Fondation. Nous apprenons avec intérêt qu'il existe beaucoup de librairies publiques mondiales dans le monde. On pourrait ajouter, la BNF, le Vatican, la Pierpont Morgan Librairiy etc... Vous auriez une liste beaucoup plus complète en consultant Wikipédia. articulièrement piquante est la citation de la Huntington Library. Si son fondateur avait bénéficié de l'avis éclairé de cet expert elle n'eut certaienement pas existé ! Huntington était précisément un "amat"eur ardent de beaux livres, dont le hobby était la découverte et l'acquisition des volumes rares et anciens !"
Marie Antoinette répondait au peuple qui manquait de pain,"qu'ilsmangent de la brioche !". Penser que sans formalités interminables, sans montrer patte blanche, vous pouvez bénéficier d'une vision transversale du savoir, dispersé dans de nombreuses institutions plus protégées les unes que les autres, relève de la pure fiction. Moi-même qui suis un donneur de BNF et dp,t les partitions musicales se trouvent dans les sous-sols ultra-protégés de Richelieu, en sais quelque chose. Il me faut un temps d'attente considérable avant de joindre un conservateur général, toujours en voyage ou en réunion. Que dire d'un profane X?
Evidemment pour Marie Antoinette, pardon, pour l'expert qui doit être lui-même persona grata auprès du cercle très fermé des aristocrates de la culture, la question ne se pose pas.
La suggestion de reléguer une initiative culturelle louable, au moment où on souhaite que les musées privés se multiplient (et c'est heureusement ce qui se passe), dans une contrée reculée de l'Afrique ou de la Sibérie, est non seulement condescendante mais absurde. Les uniques exemplaires survivants en mains privées de La Divine Comédie par Botticcelli, des Grandes Heures de Mormyon-Bening, le seul témoin existant, au monde d'un livre d'heures en lettres d'or en relief, précieux pour les experts y compris les conservateurs de musée et calligraphes professionnels comme pour les médiévalistes, méritent-t-ils d'aller pourrir dans un coin reculé de l'Afrique, loin de toute civilisation. Voici qui progette un jour inquiétant sur la compétence et l'état d'esprit de ces bureaucrates de la culture!
4. Dans le monde contemporain digitalisé, la nécessité de conserver la détention physique d'édition rares, comme un investissement à long terme efficace, décroit rapidement. Bien entendu, nul ne nie l'importance de l'étude des oeuvres originales, non pas purement pour leur attirance physique mais pour ce qu'elles nous apprennent par la comparaison des éditions, par l'analyse des qualités physiques d'une oeuvre, et l'examen des marginalia. La digitalisation des livres modernes des débuts est bien avancée, et bientôt des millions de livres sera accessible gratuitement sur lInternet, grâce en partie à Google, en partie des projets de digitalisation des bibliothèques nationales.
Je crois que là, on peut rire sans arrière-pensées. Voici bien trente ans de cela, j'étais harcelé par R***, un futurologue très médiatique qui voulait absolument me faire acheter un Toshiba afin d'avoir accès à la digitalisation des tableaux. Ilme fit une démonstration : une visite au Louvre, voir La Joconde, mieux que nature. Iltira de son cartable un porte disquettes qui contenait entre autres "une visite dans les vignobles" Il introduisit une de ces disquettes et je vis sur l'écran les tableaux se rapporcher à volonté, je pouvais m'orienter dans la salle , mais les peintures apparaissaient comme des taches brunes minuscules. Justement, me dit-il triomphant,l'ordinateur permet de vous rapprocher à volonté en appuyant su la fonction zoom. Ce que je fis et je vis des images caca d'oie, bien inférieures en qualité qu'une bonne carte postale. Mais c'est affreux, dis-je, ce n'est pas la Joconde! Attendez me répondit-il, ce n'est pas tout, voici en effet ce que peut vous donner l'ordinateur, une super réalité. En appuyant sur un bouton, il accéda à un menu qui nous apprit la date de composition du tableau, la date d'entrée en France, celle de la donation au Musée du Louvre, les dimensions et la composition chimique de la toile et de la peinture, et autres informations passionnantes. Il ne manquait que le tableau. Mais emporté par son zèle, mon mentor ne part pas s'apercevoir de l'absence flagrante de qualité. Plus tard, à intervalles répétés il me demanda si j'avais acheté le Toshiba (car c'est ce qu'il fallait acheter) et fut très déçu en apprenant que je n'en avais aucune envie.
Mon disciple aussi fervent qu'encombrant, Bénedict Hentsch, à ce moment mon assistant et mon fan, était encore plus fanatique que R***. il prophétisa la disparition imminente des galeries d'Art et leur remplacement par le numérique.
Il est évident que l'expert en question (expert en quoi?) fait partie des Hentsch et des JJSS, incapable de saisir l'aura qui se dégage des documents chargés d'années et d'histoire. Imagine-t-on GiuseppeVerdi se découvrir et d'abîmer en contemplation devant une image téléchargée comme devant le manuscrit original de la IXème Symphonie de Beethoven?
En suivant la suggestion de notre expert il faudrait fermer tous les musées au public, ou encore suspendre l'acquisition d'objets dans des fondations comme la Getty. Car l'argument de l'expert ne vise pas seulement la Deuxième Fondation mais n'importe quelle collection privée ou publique.
5. En ce qui concerne la liste des livres, elle est privée d'information. A la différence de la plupart des marchands de livres, elle ne fournit aucune information détaillée sur les éditions. On ne peut pas dire (même en étudiant les dates) si certains de ces livres sont en première édition. (sic!). Le piratage est si répandu dans la période des premiers livres modernes qu'on a besoin d'avoir une confiance complète avant d'entreprendre un achat d'importance majeure. Si on décide de passer outre, nous recommandons d'écrire une cause de désistement dans le contrat :il serait déclaré come nul, si des experts ne vérifient pas l'authenticité des livres en tant que première édition.
On nage en plein délire. Croît-on que les pièces de la fondation ont été achetées au marché de Deauville? J'ai déjà insisté sur l'importance des grands marchands sur qui je me repose : Pour les livres Clavreuil (3 générations d'expérience), pour les manuscrits Heribert Tenscher (le plus grand stock de manuscrits à peinture de qualité dans le monde), pour les monnaies, pour les instruments d'écriture, Kimiasu Tatsuno (qui a créé le musée qui m'a été volé en 2002) Claude Burgan (Un numismate respecté), etc. J'ai poussé le scrupule jusqu'à ne jamais acheter dans une vente aux enchères mais si possible passer par un marchand de confiance envers qui on pourra se retourner en cas de faux et de vices cachés, ce qui est souvent impossible dans une vente aux enchères où on ne connaît pas le vendeur qui peut très bien se volatiliser. Il va sans dire que j'ai disposé d'une liste très détaillée, que la provenance est retracée jusqu'au Moyen Âge et leplus souvent les objets achetés sont restés depuis cinq cent ans dans la même famille. Cette liste avec les photos jointes ont été remises àSocrate, qui apparemment n'a pas daigné les transmettre, nil l'expert pris le soin de la demander.
Par ailleurs les suggestions de l'expert sont d'un niveau tellement bas,que même un amateur débutant sait tout cela. Pour quime prend-t-on?
6. Les prix eux-mêmes sont très élevés. Il est difficile d'imaginer quelqu'un qui paye par éxemple 4 millions d'euros pour une première édition de Don Quichotte, ou 450 euros pour une première édition de l'ENCYCLOPÉDIE. La référence aux (apparemment) à tous les quatre folios de Shakespeare semble plutôt douteuse etc...
Le soi-disant expert fait preuve d'une totale incompétence. Tous les connaisseurs savent que Don Quichotte est introuvable et que la dernière vente qui ait vu passer l'xemplaire original, voici plus d'une décennie, a vendu le livre pour une somme trois à quatre fois supérieure, à celle qui effraye notre juge. Il est parafitement exact qu'une édition complète de qualité moyenne de l'Encyclopédie de Diderot - d'Alembert, ne coûte qu'un millier d'euros. Tout débutant sait cela. On se garde bien de dire que celle qui a été sélectionnée provient du tirage de tête sur papiier vergé de qualité supérieure, et relié en plein maroquin rouge. Seuls quelques exemplaires se trouvent dans les musées et aucun à notre connaissance dans des mains privées. La remarque relative au prix qu'atteignent les biens culturels de qualité extrêmemement rare, provient des conservateurs européens qui, ne pouvant vendre leurs doublons ni leurs pièces médiocre,n'ont que des fonds misérables servant tout juste à assurer le payement des fonctionnaires. Le conservateur des monnaies à la BNF, me dit qu'il ne peut distraire une pièce de valeur, des montants nécessaires pour des spécimens
7. Se pose aussi le problème de la provenance. Les objets de valeur, livres aussi bien que peintures, qui apparraissent subitement sur le marché, peuvent avoir des origines douteuses. Plusieurs proviennent de lot rasseblés par les Allemands et autres, pendant la IIème guerre mondiale. Il faut être absolument sûrs à propos du statut légal et l'origine des livres.
Comme je l'ai dit, ces ouvrages ont tous un pedigree. Il suffit de le demander à Socrate! Je lui ai envoyé toute l'histoire des pièces proposées. Qu'en a-t-il fait? Pourquoi ne l'a-t-il pas transmise aux experts? Il m'est arrivé à deux reprises de surprendre un expert universellement respecté en pleine magouille. Il voulait me vendre, comme je l'ai raconté plus haut, un très important makemono de Wang Yuan c'hi et quelques petits éventails du même peintre. Chose étrange, les éventails coûtaient le même prix que la pièce maîtresse. C'est que ces derniers étaient tout simplement authentiques.L'ensemble - faux compris- fut acheté par le Musée Guimet. Le conservateur finit pas s'en rendre compte, peut-être en lisant mon billet, et la pièce fut retirée de la vue du spectateur et du catalogue des peintures du Guiimet. J.P.Dubosc était un expert de toute confiance, en France.
Autre cas de faux : un Della Robbia authentique, vendu chez Christie's (vente du siècle) et sans provenance sans doute suspecte. Mais je refusai de payer et l'affaire en resta là.
Enfin, faut-il répéter inlassablement que le pédigrée de toutes les pièces sélectionnées est connu depuis les origines avec précision?
Un passage de la lettre de désistement de Socrate.
Mon cher Bruno!
Je vous remercie pour votre lettre et vos efforts ultérieurs pour promouvoir le concept d'un musée de livres rares.
J'apprécie au plus haut point votre engagement véritable pour cette noble idée et votre amour ardent pour les trésors du savoir humain.
Mon manque d'enthousiasme ne provient pas de la sous-estimation de l'importance d'une telle collection mais par ma sincère préoccupation envers ses perspectives. Il est possible -en combinant vos efforts et mon support financier d'acquérir un ensemble de livres de valeur,. Beaucoup plus difficile est de changer cette collection privée en une institution fonctionnant à long terme. On a besoin de votre ardeur et de votre volonté pour conduire un tel musée aussi bien que toute une équipe de supporters professionnels.
N'étant ni un connaisseur ni un bibliophile moi-même Je ne réalise que trop clairement que je ne serai jamais capable de suivre vos pas. Par ailleurs - comme je l'ai mentionné dans ma précédente lettre - votre idée ne rencontra de chaud assentiment de la part de la communauté des musées Grecque, ni des experts internationaux en bibliophilie. Ainsi le futur d'un tel musée semble trop vague et incertain du point de vue d'un investisseur.
Il est si dur pour moi de heurter votre plus cher sentiment en déclinant votre offre. Mais j'espère de votre compréhension - mes motifs pour une réponse négative surgissent d'un sentiment de responsabilité aiguë pour notre amitié et votre projet hautement important du point de vue social.
Avec mes pensées les plus chaleureuses
Socrate Papadopoulos.
Une telle lettre doit être lue entre les lignes car le plus important est le non-dit.
1°) Qui lui a mis en tête qu'il s'agit de bibliophilie alors, par exemple, qu'il accorde une telle importance au département de monnaies ancoennes, qu'il refuse de me la vendre?
2°) Il a raison de dire qu'il faut pas mal de temps pour passer lepoint de non-retour pour une telle institution, et il a raison. Cela sous-entend que mon espérance de vie réduite ne permet pas de mener à termele projet. Et comment lui donner tort alors qu'à tout moment mon âme peut s'envoler comme un oiseau sur la branche? Il n'a pas explicité sa pensée, par délicatesse.
3°) Il a encore raison d'affirmer que le sponsor doit être passionné par l'objet du musée et aimer les pièces qu'il contient,pour suivre les pas de l'initiateur. Il en est réduit à raisonner comme un simple investisseur et le recours à un aéropage d'experts montre un manque flagrant de confiance en mon jugement.Cela est également dans la norme des pus hommes d'affaires. Le piquant de la chose, est que cette collection a augmenté de valeur, alors que ses investissements en ont souvent perdu.
4°) On pourrait interpréter cette lettre comme une manière élégante de se justifier et de calmer ma frustration. Mais il n'en est rien. Car pour qui le connaît bien, l'affection,la délicatesse, la sollicitude, voire la tendresse impregnent tout cettelettre qui m'a ému au plus haut point et m'a attaché encore plus à lui.
Cela ne résoud pas pour autant mon problème :faire vivre le projet, faire une seconde fondation.
Je ne pensais pas que des ruines du projet, sortirait un autre à la fois plus économique et plus ambitieux: La Troisième Fondation.
Bruno Lussato. Ce 11 avril 2009,1h13.