Bouillon de culture
Wednesday, 22 October 2008
CHRONIQUE
Rectifications chronologiques
En parlant avec Claude Burgan au sujet du premier achat de la nouvelle fondation, j'eus l'occasion de rectifier toute la chronologie de l'évolution des signes monétaires.
Tout d'abord, les résultats de la vente du 21 octobre. Pendant ma conversation elle était encore en cours. Ub record fut le tetradrachme de Rhegium, (450 - 445 BC) très rare et le plus bel exemplaire connu, pratiquement fleur de coin. Evalué au prix considérable de 90 000 FS, il atteignit dans la salle 360 000 FS.
Mon exemplaire évalué 60 000 FS partit au prix fixé : 65 000 € tous frais compris. Certes il en existe d'autres dans le commerce, ce n'est pas une pièce rare, mais elle est difficile à trouver dans cet état de conservation. Il y a mieux sans doute (fdc) mais hors de portée et à des prix beaucoup plus élevés, déments même, dirait un des collectionneurs rencontré au salon. Il est vrai qu'il ne s'agit que de rumeurs fantaisistes.
La légende du catalogue signale
très rare et magnifique spécimen de cette monnaie convoitée. Frappée dans un flanc exceptionnellement large et inusuellemebt complète avec une teinte irisée très séduisante. Quelques rayures à l'avers (chariot) autrement bon très beau. Prov. Giessener Münzhandlung.
Cette pièce est liée à des souvenirs très précis. Je la découvris pour la première fois dans le magnifique catalogue de la vente Peyrefitte, voici plus de 12 ans. J'avais conseillé à mon fils de l'acheter pour 15 000 €, le prix de l'époque, tant la beauté de ce bas-relief miniature m'avait frappé. A ce moment on connaissait très mal les monnaies grecques, les romaines avaient la primeur. Mais la beauté du catalogue, inusuelle pour la numismatique, et la personnalité du collectionneur, donnèrent un retentissement à cette pièce qui partit pour 340 000 francs. Les spéculateurs et les banques centrales l'acquérirent l'année d'après pour un million faisant fuir les numismates au profit des fonds de placement. On nageait alors en pleine inflation La valeur des monnaies de collection s'effondra durablement et ce n'est qu'en ce moment qu'elle reprend sa place. Les numismates passionnés sont de retour ainsi qu'on le voit par l'assistance très nombreuse qui hante les salles de vente. Par dessus le marché c'est la première fois qu'une vente de grand prestige est exclusivement consacrée aux pièces grecques. Enfin ma passion est assouvie après de longues décénnies d'attente.
Saturday, 18 October 2008
CHRONIQUE
Faut-il s'y connaître?
Ce qui compte c'est la qualité, pas la quantité. Bien que les statistiques montrent des fréquentations plus qu'encourageantes, il y a très peu de commentaires. Il est vrai que moi-même je ne saurais comment m'y prendre. Mais un des internautes , Ben, a émis une réflexion qui m'a fait avancer.
"Montrer des specimens habilement choisis selon un parcours pédagogique, comme la présentation des monnaires de différentes époques peut être révélatrice d'une tendance générale? - Je serais partisan de cette orientation. Parvenir à percevoir des similarités entre des époques, des cultures et des objets différents est à mon sens plus intéressant et enrichissant. Cela correspond aussi beaucoup plus à votre manière d'aborder les choses, qui est de dégager des tendances de long terme, d'adopter une réflexion systémique. Amicalement, Ben le 17/10/2008 à 12:21"
De ce point de vue, l'étude des faux est très instructive. Ma longue carrière de "connoisseur" m'a appris à me méfier des conservateurs de musée, des marchands (souvent plus compétents pour les plus réputés), des "bonnes affaires", et des provenances douteuses pour les oeuvres modernes. Pour les oeuvres modernes, la provenance suffit à condition que la pièce ait passé par quelques collectionneurs illustres.
Le plus étonnant des cas fut certainement celui d'un Léger de 1913 que j'achetai à un excellent courtier Mme Stassart, spécialiste des oeuvres du plus haut niveau comme Vertu Noire de Matta. Le tableau avait la provenance la plus sûre qui soit, passé entre les mains de Claude Bernard, De Heinz Bergruen et surtout de la Galerie Louis Leiris représentant officiel de Picasso et de Léger. Le tableau avait été exposé au Guggenheim, avait été analysé par des érudits, et eu l'honneur d'une affiche et d'un catalogue préfacé par Cooper, le célèbre expert. Ma soeur ne l'aimait pas. Elle trouvait qu'il ne "fonctionnait pas", il manquait de vie... Je l'analysai : il était admirablement construit, d'une grande délicatesse de nuances, rare chez Leger. (et pour cause!) Ma soeur finit par me persuader de mettre en vente le tableau chez Sotheby, qui nous apprit qu'il provenait d'un lot de faux fourgués à Kahnweiler, le propriétaire de la Galerie Louise Leiris. On écrivit au préfacier du catalogue, l'arbitre ultime, Cooper, qui répondit à l'encre rouge (qu'il utilisait pour les mauvaises nouvelles) que c'était un faux. - Mais vous avez préfacé le catalogue ! - Oui, mais sans voir ce qu'il contenait !
Légalement, je ne pouvais me retourner que contre le dernier vendeur qui à son tour devait se faire dédommager par l'avant dernier et ainsi de suite jusqu'à Louise Leiris. Mais cette dame avait disparu dans la nature. Je consultai Louise Leiris. "En effet dit-elle, nous avons eu la malchance de tomber sur un lot de faux, mais heureusement c'est un cas unique!- Elle croisa les doigts pour conjurer le mauvais sort. " Mais vous devez me le remplacer ! - Oui, dit la dame, je vous rembourserai le prix que je l'ai vendu voici quinze ans. " C'est à dire une fraction de sa valeur actuelle.
Légalement elle avait raison, mais non moralement. Donnez-moi l'équivalent de cette époque en admettant que j'aie acheté un authentique. Je ne suis pas responsable de vos erreurs. - Elle me présenta des fonds de tiroir inacceptables. En fin de compte j'eus la chance de mon côté. On fêtait le centenaire de Kahnweiler, et j'écrivis un article sur Valeurs actuelles sur les faux, ou figurait le tampon de la Galerie et sa signature. Cela faisait désordre et grâce à un honnête courtier, M.Heim, j'obtins contre le retrait de l'article un grand dessin de Juan Gris qu'il me revendit aussitôt. Le Léger fut détruit et mes illusions aussi.
Plus tard je tombai sur des faux Wang Uyan C'hi et Chen Jo, trop beaux pour être honnêtes et qui finirent dans un prestigieux musée français, après avoir été rejetés par le De Young Museum de San Francisco alerté par mes soins. J'eus également une ciste étrusque qui avait subi les tests les plus poussés sur la composition du métal. Le grand expert n'était autre que le père de mon honorable assistant de l'époque, Bruno France Lanord. Mais tout simplement les échantillons prélevés étaient lacunaires, et une contre-expertise montra la présence d'aluminium dans l'alliage, ce qui est bizarre pour une pièce de la plus haute antiquité!
Il faut savoir que seuls 27% des peintures chinoises des musées occidentaux sont authentiques. Le contre-exemple qui ne nous rassure guère et que les experts ont qualifié de faux, des pièces authentiques comme le modèle en stuc du David de Michel-Ange. La plupart des erreurs provient de l'ignorance pratique, de la paresse, mais surtout des idées préconçues confortant les préjugés des experts. Ainsi les faux Vermeer de Meegeren ont été défendus par des érudits à qui ils apportaient la preuve dont ils avaient besoin.
Il y a aussi des experts transcendants qui connaissent seuls à fond un domaine, comme Jacques Kerchache que j'eus la chance de fréquenter. Il dépasse de loin tous ses collègues et il lui est facile de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Après tout, ceux qui acceptent un faux, le méritent, disent les chinois et ils ont raison. Il est des gens qu'on a plaisir à duper!
Mais la notion de faux touche bien des domaines. Un exemple est l'interprétation musicale. Le premier mouvement de la Sonate dite "au clair de lune" Op.27 N°2 de Beethoven Quasi una fantasia, est une pièce à deux temps appartenant au genre funèbre. A la suite d'une inspiration marketing de l'éditeur, elle devint une musique si, basses trop présentes (glas funèbre) , triolets décrivant le clapotis des vagues, remis à leur place discrète d'accompagnement. Tous se rangèrent, même parmi les plus grands comme Kempff ou Backhaus à cette routine stupide. Mais ce soir j'eus la chance d'entendre un disque pirate de Backhaus, pris sur le vif, à son insu lors d'un concert en Amérique. Il joua l'oeuvre comme il se doit, et cela faisait frissonner de terreur et d'angoisse.(Carnegie Hall, 11 Avril 1956)
Il est rare qu'on puisse être connaisseur dans des domaines trop larges, à moins d'être un Horowitz ou un Cortot. Moi-même j'ai appris à déceler et à évaluer Klee et Schwitters, Mozart et Wagner, des oeuvres pointues comme les "Goldberg" de Bach, les sonates de Beethoven, un peu la numismatique et les instruments d'écriture. Mais dès que je m'écarte de ce domaine mes certitudes vacillent.
L'idéal serait d'être multispécialiste. Chaque musicien et chaque peintre de génie constituent leur propre langage, et chaque oeuvre majeure parle un dialecte particulier. De même qu'apprendre plusieurs langues donne une pratique de l'apprentissage des langues, de même approfondir plusieurs morceaux pointus et bien les apprendre fait qu'à la longue vous développez une sensibilité presque universelle. Il faut beaucoup voir et écouter longtemps la même oeuvre, beaucoup parler avec des sachants et éviter d'écouter les ignorants et les snobs, fréquenter les boutiques des musées et acheter quelques bons livres, c'est la recette pour progresser. A ce propos je conseille à des débutants, plutôt d'acheter d'encombrants coffrets "tout Mozart" ou "intégrale Bach" de se contenter de quelques disques bien choisis et les écouter des dizaines de fois. Mais surtout gardez vous de privilegier le côté ludique. Les grandes oeuvres demandent du respect, de la gravité, de l'empathie. Ce que vous perdrez en plaisir frivole, vous le regagnerez en joie inaltérable. C'est la différence qui fait la culture et qui est gage de développement.
Autrefois, j'ai écrit des livres sur les dimensions qui qualifient l'oeuvre d'art : l'intérêt du contenu, la perfection de la forme, la novation. Je me serais fait metrtre au ban par le héros du Cercle des poètes disparus, le film-culte qui a pour devise Carpe Diem.
Bruno Lussato
Ci-dessus : Grieg, Holberg suite Op.40, 1884, version originale pour piano par Helge Antoni.
Le thème principal du premier mouvement, dans la version pour orchestre, je l'écoutais tous les jours. Il servait d'indicatif à France Musique, si je ne me trompe. Il finit par m'obséder, d'autant plus que nul ne pouvait me dire sa provenance. Lorsque Helge Antoni joua l'oeuvre en mon centre des Capucins, je fus transporté. Des tas d'images m'envahirent. J'imaginai de romantiques et cruelles Idylles, sentiments, danses folkloriques, fausse gaîté teintée de nostalgie, déceptions amoureuses, sensualités, un monde que Lars Hall m'avait fait entrevoir en me décrivant les villages fleuris de roses de l'île de Gotland. Toute cette magie disparut lorsque j'entendis la version pour orchestre, plate et banale. J'ai entendu ce disque des dizaines de fois et il n'a jamais perdu son parfum mystérieux et cette évocation d'un passé qui n'a peut-être jamais existé.
Est-ce de la grande musique? Sans doute pas. Ce pastiche était méprisé par le compositeur qui parlait à son sujet de perruques. Et il existe peut-être un charme spécial lié à ces évocations du temps passé, ces imitations originales en dépit de toute intension. Richard Strauss a su admirablement exploiter ce régistre.
Tout cela pour vous dire l'importance du facteur personnel, des résonances mystérieuses de certaines mélodies comme Guantanamera, ou de belles chansons sentimentales.
Thursday, 16 October 2008
CHRONIQUE
Une visite quai Branly
Une remise en cause de la deuxième fondation
Deux belles expositions se tiennent au Musée des Arts Premiers. La première donne à voir les oeuvres esquimeau chères à Flack et qui constituerait peut-être un département de la première fondation à Uccle. Présentant une multitude de statuettes de 2 cm à 10 cm, elle tomberait aussi dans le plan d'acquisition de la seconde fondation dédiée au minuscule. Mais j'ai été impressionné par les pièces, venues du monde entier. Quelques pièces majeures admirablement présentées dans des niches de telle sorte qu'elles paraissent suspendues dans la lumière blanche. Puis des centaines de vitrines montrent des milliers de petites pièces qui pullulent comme des moustiques. Les spectateurs circulent parmi les boites vitrées, un peu ahuris.
La seconde exposition présente l'esprit Mingei au Japon. Soetzu Yanagi, l,e héros de l'expo. ressemble à Jean Grolier dans la mesure où il n'a rien créé lui-même, mais il a découvert des artisans admirables, sélectionnés dans les provinces les plus reculées, afin de constituer un musée des arts populaires, selon les lignes de forces qu'il a définies dès 1920 : privilégier la beauté toute simple et naïve des objets ordinaires sur un fond de pensée bouddhiste. A l'instar sans doute de Jean Grolier, il est convaincu qu' "un bon collectionneur est un second créateur" et il est entouré par un cercle d'artisans, d'artistes et d'intellectuels. L'exposition, qui plonge dans le passé se prolonge par des créateurs contemporains pour qui le désign est la forme moderne de l'esprit Mingei.
J'avoue qu'autant j'ai été impressionné par les poteries pleines d'esprit du passé, autant le désign et les meubles modernes me semblent tout à fait dénués d'intérêt. On a trop vu de ces formes froides, faussement imaginatives, d'une sobriété calculée pour l'effet, et affreusement inconfortables. Il y manque particulièrement la simplicité, l'authenticité, et ce sens de la matière tactile et rugueuse qui caractérise la main de l'artisan. Elles sont certes bien accordées au monde des gratte ciels, et à la dépersonnalisation occidentale. Mais cela me semble déjà terriblement démodées, comme les meubles de Jacques Tati dans les vacances de monsieur Hulot.
Nouvel émerveillement devant la magnifique collection d'art premier du musée. On est confondus par tant de richesses. Ma soeur et moi nous nous sommes interéssés à la Nouvelle Calédonie et les Iles Salomon (qui ont servi d'inspiration à Nolde, exposé non loin de là, au Grand Palais). On nous proposait pour la grande fondation une impressionnante série de 25 boucliers et pièces issus de la même provenance. Elle tenait le coup avec les pièces du musée, mais à condition de ne constituer qu'une vitrine parmi tant d'autres.
Ci-dessous vous découvrirez deux chambranles de porte caractéristiques du style de la collection B*** de vingt-cinq boucliers.
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Wednesday, 15 October 2008
CHRONIQUE
Une journée bien remplie
Après l'effort de formalisation du billet précédent qui m'a épuisé par sa concision et par son sujet propre à nous plonger dans la dépression, j'ai envie de partager avec vous des moments de pure joie.
Ci-dessus à l'entracte du concert Prokofiev salle Pleyel : Valery Gergiev, Henri Dutilleux, Bruno Lussato.
Je devais diner avec un de mes anciens élèves, qui est devenu quelqu'un dans l'ex-yougoslavie, et doté d'un sens de l'humain et d'une élévation spirituelle hors du commun, quand j'ai reçu un coup de téléphone pressant de la part du plus grand de nos chefs d'orchestre, Valery Gergiev, directeur du célèbre London Symphony Orchestra, et ardent propagateur du Marinsky, l'illustre opéra de Saint Petersbourg. Il donnait salle Pleyel deux concerts Prokofiev. J'avais décliné pour cause de santé le premier, mais il tenait absolument à m'avoir au second car le grand compositeur Henri Dutilleux avat tenu à lui rendre visite. Le tandem Gergiev - Dutilleux se révéla un succès étonnant, et le maestro russe exécuta de nombreuses oeuvres du compositeur. français. Or il se trouve que j'ai eu l'honneur d'emmener le compositeur à l'hôtel de Gergiev, rue St. Louis en l'île. Je croyais à l'entente des deux grands hommes. Mon intuition se révéla exacte et c'est aussi pour la commemorer que je fus invité au concert Salle Pleyel.
La composition du programme mérite quelques commentaires. On donna dans l'ordre la deuxième symphonie, le concerto de violon, et après l'entre-acte, la Septième Symphonie.
La Deuxième Symphonie op.40, 1925 en ré mineur op.19 aux puissantes dissonances fut composée au moment où Nolde revenait des Iles Salomon. Même sens de la couleur, même rugosité,
Gergiev l'exécuta avec un sens du rythme, et une puissance meurtrière terrifiants. J'eus beaucoup de mal à d'y déceler quelques lambeaux de mélodies qui m'eussent donné l'envie de la réentendre. Je jetai un regard en coin inquiet à mon ami qui n'avait jamais assisté à un concert et que j'avais emmené avec moi à tout hasard. Je craignais qu'il ne soit agacé par ce pandémonium. Loin de làIl était sidéré, transporté, comme galvanisé par tout : la puissance, le rythme implacable de la gestuelle de Gergiev, le son de l'orchestre. Il venait de découvrir la musique classique in vivo, non congelée dans le numérique ni réduite en bouillie par le téléchargement. L'ambiance solennelle de la salle, le maintien recueilli de l'assistance, l'interdiction d'émettre le moindre son, la moindre toux, l'habit de cérémonie des musiciens interprétés comme un signe de respect envers l'oeuvre et le public, il n'avait pas imaginé que tout cela puisse exister.
La structure de la symphonie est d'une rigueur et d'une puissance presque Beethoveniennes: même plan en deux parties la dernière étant un thème et variations rappelant l'Op. 109.
Concerto pour violon N°1 en ré majeur op.19, 1919, première à Paris en 1923.
La facture romantique et trop simple fut sévèrement jugée par les personnalités présentes : Picasso, Pavlova, Arthur Rubinstein etc...Cette oeuvre met en lumière le sens mélodique et le penchant au classicisme de Prokofiev. Il aimait les pièces claires, sans trop d'innovation et destinées à durer. On se doute que le grand public d'aujourd'hui, peu accoutumé à affronter les innovations de Schönberg à John Cage, était ravi qu'on se mettre à son niveau. Il en alla ainsi hier dans la salle.
Symphonie N°7 en do dièse mineur op. 131, 1951 - 1952
C'est la dernière oeuvre d'un homme affaibli physiquement et moralement.Comme tous ceux qui ont eu la malchance de vivre sous l'oppression jadnovienne, il doit comme Chostakovitch se plier à l'esthétique socialiste et publier une humiliante autocritique. Le goût de Jnadov pourrait certainement convenir à ceux qui trouvent la musique classique est trop intellectuelle et réservée à une élite de snobs.Ces gens-là n'ont évidemment jamais essayé de travailler sérieusement une grande oeuvre. L'Art est divertissement populaire et non masturbation intellectuelle!
Prokofiev est classé artiste dégénéré (comme l'avant-garde sous Staline et Hitler) et subit harcelements et sévices. Le 20 février 1948 Lisa son ex-femme est condamnée à vingt ans de déportation pour espionnage !
Le compositeur essaie de rentrer dans les bonnes graces du pouvoir communiste et compose une symphonie correspondant aux critères communistes. Ils correspondent il faut le reconnaître au goût de la plupart des ignorants recherchant le joli et l'agréable. Plus de contrepoint, plus de dissonances (au propre comme au figuré) . Mais on obligea Prokofiev à recommencer le dernier mouvement pour luii imprimer un caractère plus brillant que la fin inhabituelle jugée trop discrète. C'est cette fin imposée que Valery Gergiev a donné en bis. Notons que des rangées de fauteuils vides étonnaient dans une salle jusque là archicomble. C'est le public éduqué et peu curieux qui boudait la musique trop facile.
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Sunday, 12 October 2008
CHRONIQUE
Le point sur la crise
La thèse systémique:
la triade monnaie-actions-liquidité
J'ai déjà exposé dans des billets passés les deux scénarios : récession dramatique, catastrophe planétaire.
Au fur et à mesure que se rapproche l'issue fatale prévue, le temps se rétrécit, l'espace se ferme, le mur des certitudes s'écroule par pans entiers.Mes clients s'écrient :" bon, vous aviez raison je vous l'accorde, et vous n'avez pas pris le temps de me convaincre.A présent on vous écoute : comment sortir de la fondrière.?
Je crois qu'à ce stade il vaut mieux brûler les étapes et clarifier la problématique de la crise dont l'idée de deuxième fondation permet de concrétiser certaines mesures immédiates au niveau des états et des particuliers, deux extrémités du cordon fatal, celui qui relie le signifiant au signifié, le mot à la chose, la convention au réel.
Il me faut brievement rappeler les notions et concepts déjà détaillés et sans lesquels on ne saurait ni décrire ni affronter la situation exceptionnelle qui est la notre.
LE DEFERLEMENT
Sous ce chapeau on range les notions qui précisément définissent l'exceptionnel.
Pierre Lecomte du Noüy avait émis une idée frappante
Chaque infini engendre ses propriétés particulières. Ces dernières, en totale discordance avec notrre expérience quotidienne, émergent d'un coup lorsqu'on franchit le seuil mystérieux qui nous fait passer de notre échelle humaine à un infini.
L'infiniment petit engendre la physique quantique. Le poisson devient soluble, la non-séparabilité cause l'ubicuité : un objet est simultanément ici et à l'autre bout de la galaxie, un chat est à la fois vivant et mort... aujourd'hui ce seuil est proche, car la miniaturisation extrême des composants électroniques provoque des réactions quantiques. Les ordinateurs seront affectés de troubles étranges, de comportements imprévisibles.
L'infiniment grand engendre la relativité. Lorsqu'un an s'écoule pour un voyageur, une minute s'écoule pour un autre. Avec la vitesse dans les grands espaces, l'espace devient temps, le temps se transforme en espace ("zum Raum wird hier die Zeit," ici le temps devient espace Parsifal I, Richard Wagner). Les appareils GPS doivent corriger les effets relativistes.
L'infiniment complexe engendre la pensée. Effectivement, la conscience réflexive semble émerger de l'accroissement de la pensée du cerveau. Rappelons que la complexité est le produit de l'universum A, nombre d'éléments constituant un système et de la caractéristique R, nombre de relations intégrant ces éléments. (Klìr et Valach). Non seulement on voit la conscience passer d'un stade primaire (le bébé) à un stade évolué (le philosophe) avec l'accroissement du poids du cerveau, mais on constate même dans les robots un semblant d'autonomie quasi psychique (Culbertson : The Mind of Robots). Le perceptron de Rosenblatt, est un robot très complexe, dont les composants électro-chimique, communiquent de façon aléatoire, fait preuve d'autonomie par rapport à l'expérimentater, et engendre la notion de gauche et de droite, sans qu'on la lui programme. Toute une école dominante de pensée a sauté sur l'occasion, afin d'alimenter son anticléricalisme. Ainsi, l'âme n'existe pas, et Dieu est un produit de nos hormones ! Joël de Rosnay dans L'homme symbiotique se fait le propagateur grand public de cette vision réductionniste de l'homme, partagée par J.P. Changeux (L'homme neuronal), Robert Wright (L'animal moral), Nicholas Negroponte (L'homme numérique).
Ces notions, de prime abord sont innocentes,mais serinées à longueur de journée elle préparent l'acceptation d'un climat propice à l'irruption dela crise que nous commençons à entrevoir. Les étudiants, puis les élites et les populations cultivées, adhèrent au principe que l'homme n'a pas de valeur intrinsèque, insubstituable puisqu'on peut précisément le remplacer, l'interchanger, avec un équivalent électronique. Ils pensent d'ailleurs que la compétitivité passe par l'automatisation du tertiaire, l'homme se voyant affecter des tâches nobles.Mais lesquelles si la programmation et la créativité peuvent être simulées elles aussi par des automatismes?
Il y a pire : Gaïa. James Lovelock considéré comme un immense visionnaire (il a inspiré le dernier volume de Fondations d'Isaac Asimov, le chef d'oeuvre de la science-fiction) a imaginé la terre comme un être vivant dont les humains ne sont que des composants à la manière des neurones, composants du corps humain. Joël de Rosnay a appelé Cybionte ce monstre planétaire contrôlant aussi bien animaux, végétaux, climats et humbles individus. Il avoue que l'homme doit renoncer à une partie de son autonomie, de sa volonté, pour la déléguer à un être infiniment sage, le grand tout collectif.
Voici donc les individus cultivés persuadés que la macroéconomie, les grands observatoires, les modèles globaux (car c'est de globalisation qu'il s'agit) doivent dominer leur pensée. Ils sont conditionnés à accepter ceux qui commandent et représentent le cybionte : grands argentiers, technocrates rompus aux réunions internationales, et au dessus,les maîtres du cybionte, qui comme Paulsen ont sacrifié Lehmann Brothers, une honorable organisation vieille de cent cinquante ans. Si l'on pense à la haine que Paulsen porte au président de la plus prestigieuse banque d'affaires et la catastrophe qui s'en est immédiatement ensuivie pour la planète, on est perplexe. Néanmoins il y a des limites aux contradictions que chacun d'entre-nous peut absorber entre les propos du sommet, et leur expérience quotidienne, d'où une méfiance croissante du public pour les discours officiels.
En matière de conclusion, nous sommes dangereusement proches du seuil où de produit le basculement entre expérience actuelle et un monde que nous n'entrevoyons même pas mais qui nous prendra à rebours. Un monde incompréhensible,incroyable,impossible. Tout ce qu'on peut dire est que si la globalisation persiste, elle deviendra un être autonome qui nous écrasera, et que si elle éclate, les fragments résultants, économies locales, chaos, retour aux féodalités, auront un effet dévastateur.
LES MOTS ET LES CHOSES. L'approche sémantique.
Le verbe STAND FOR, (tient lieu de) est la clé de toute la sémantique générale. Il désigne les relations entre deux termes, un terme qui est la réalité, un autre qui en tient lieu. On nomme respectivement la chose signifiée le SIGNIFIÉ SÉ et l'objet qui la représente : image,mot,schéma, parole représente, leSIGNIFIANT ST.
Comment désigner un signifié, si on ne peut utiliser un mot, une expression, une photo? Korzybsky dans Science and Sanity réponpar le "différenciateur sémantique". Il consiste à disposer l'objet à signifier,de telle sorte qu'il me soit possible de le montrer par le bout de mon doigt,en m'interdisant d'émettre le moindre son.
Cela revient à distinguer le mot et la chose comme étant irreductibles l'un à l'autre Quand je vais chez le dentiste et que je subis le supplice de la fraise, ce que je recueille est essentiellement différent que la description qu'on m'en a fait.
Notre vie quotidienne, notre vécu, est essentiellement du domaine de la chose, donc de l'humble destin individuel, alors que les systèmes collectifs globalisants sont voués aux projets régaliens (pour adopter la formulation de Simon Nora et d'Alain Minc, qui désavouèrent dans " Informatique et Libertés" le local au profit du projet technocratique, ce qui entraîna la disparition de l'informatique française.
Une recommandation primordiale des sémanticiens, est de ne pas confondre signifiant et signifié. De les distinguer soigneusement, ils ne sont ni convertibles, ni interchangeables. La pratique inverse relève de la pensée magique. Le signifiant se charge par contamination inconsciente des attributs du signifié. Le mot "merde" est sale,la prière en soi permet de compenser nos crimes et les sacrifices humains ou animaux sont aussi efficaces que les actes religieux.
La pensée magique attribue précisément au signifiant,des attributs du signifié. Quel que soit la garantie attachée au dollar, le billet possède les mêmes propriétés. La seule valeur qui maintient cette valeur est une contrepartie immaterielle :la confiance. Lorsque la guerre du Viet-nam contraignit les Etats Unis à une faillite virtuelle, on suspendit l'étalon or - insuffisant - et on le remplaça par la confiance. Il suffit dès lors d'actionner la planche à billets. On fit comme si tout rectangle de papier imprimé avait une valeur en soi, indépendante de toute contrepartie physique matérielle.
Ci dessus : 25 roubles 1808. Faux billet de l'époque, fabriqué par les Français et destinés à ruiner l'économie russe.
Vente Colombo, 22, La Canebière, Marseille - France. 12 octobre # 727
EST.400/600€
Une excellente illustration du décrochement entre signifiant (le billet) et sa contrepartie signifiée (la valeur espérée).La distortion entre le signe et la chose a été exploitée par les Français. Elle ne se serait jamais produite dans une monnaie grecque où le signe avait la même valeur concrète que ce qu'elle représentait.
POUR CAUSE DE PANNE D'ORDINATEUR, (Le corps du texte ne veut pas s'imprimer) , le billet est repris dans le journal du 14 octobre. Au secours Emmanuel !
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Saturday, 11 October 2008
CHRONIQUE
Bibliographie et documentation
Grâce à Emmanuel, à Michel et à mon fils (il n'a pas fallu moins que leur concours à tous trois !) je maîtrise pour l'instant le transfert d'images, qu'elles . proviennent du scanner ou du Cool Pix (l'appareil photo) . Je vous engage ainsi à revoir le billet du 12 OCTOBRE qui traite de la numismatique, d'autant plus que j'ai profité de la mise en image pour revoir de fond en comble le texte.
Indiscrétions sur le blog
Au chapitre des recommandations qui m'ont été prodiguées, on m'a vivement conseillé d'éviter des allusions transparentes qui permettraient à chaque blogueur malin - où aux esprits malveillants, de reconnaître compagnies et individus. Bien souvent ils se trompent car je modifie les portraits pour leur imprimer un caractère de nature générale. Au lieu d'énoncer une théorie et de chercher des preuves (déduction), je préfère donner des cas, souvent inspirés par mon devenir quotidien, pour, après, en tirer la substantifique moëlle. Néanmoins il me convient d'être plus prudent, et de m'abstenir de toute allusion sur la Russie, sur le Pouvoir qui nous dirige (ou celui qui ne nous dirige pas!) .J'ai remarqué en revanche, que ceux qui se plaignent, ne sont jamais ceux que je cite à mots couverts, mais de bonnes âmes qui rôdent autour de tout ce qui a un renom, comme la mouche du coche. Ils s'offusquent le plus souvent de propos que je livre au blog et qui se trouvent à la télévision et dans les grands quotidiens!
Une bibliographie très personnelle
Ne vous attendez pas à un travail exhaustif, ni même significatif du genre "les livres à acheter". Non.
Il s'agit simplement d'un constat: que suis-je en train de lire, d'écouter, qu'est-ce qui m'a marqué, et qu'est-ce que j'emporterais avec moi dans une malle si j'embarquais comme Prospero (La Tempête, Shakespeare) vers un île déserte pour une longue retraite. Cette liste n'a de valeur que si elle écrite spontanément, au fil de ma mémoire, sans la moindre réflexion.
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