Billets par Bruno Lussato
Tuesday, 21 July 2009
CHRONIQUE
UN LONG FLEUVE TRANQUILLE
-J'inaugure la nouvelle organisation du blog par l'ouverture de mon Blog-Notes.
LE BLOG-NOTES
6 heures 10 du matin, ce 22 07 09
Les caprices du réseau.
C’est ma troisième tentative : jusqu’ici les paragraphes de mon texte ont été avalés. En voulant enregistrer, le pavé : veuillez entrer votre N°d’utilisateur … apparaît. Je m’enregistre une nouvelle fois et j’obtiens une seconde fenêtre identique…
La famille Poliakoff.
Axel Poliakoff est le successeur de la deuxième fondation, et je me fais fort de ressusciter la fondation avortée et d’édifier un projet encore plus enthousiasmant. Axel a offert à plusieurs reprises de continuer l’œuvre ainsi amorcée et a téléphoné aux grands marchands pour leur demander qu’ils continuent à réserver les pièces sélectionnées. Ceci a une énorme importance pour moi, car l’enjeu est immense, surtout si l’on nomme le musée de nos deux noms accolés. Comment ne pas se battre pour lui ?
Axel vient tous les ans me voir à San Remo et m’a manifesté déférence et respect. Il a été enthousiasmé par La Flûte Enchantée de Mozart, comme d’Anselm Kiefer. Il apprécie tellement mes manuscrits, qu’au lieu de tout donner à mon fils ou à la BNF, j’ai décidé qu’il en serait le propriétaire dès qu’il aurait un appartement où les loger.
Il était convenu qu’Axel vienne un Week-End me voir au Royal et il le confirma. Mais depuis des semaines il m’a été impossible de le joindre et il n’a jamais répondu à mes SMS. D’une intelligence aiguë, il vient d’acheter Free News et préside à sa transformation. Il est maintenant devenu un homme public.
Je connais depuis quelques années Igor Poliakoff Le secrétaire d'état est un homme de grande classe, issu d’une famille qui, du temps des tzars, a laissé son empreinte dans l’histoire de la Russie. Lorsque l’année dernière j’eus le malheur de me débattre avec des problèmes financiers graves, conséquences d’un état de santé non moins grave, je trouvai sa main tendue. Il m’a fait depuis l’honneur de me considérer un membre de sa famille et voudrait que l’appartement que son fils compte acheter à Pais, soit proche du mien.
Igor depuis longtemps m’a invité à résider tant que je veux dans sa luxueuse maison dans un coin très isolé de la côte d'azur et d'environ 1000 m2, attenant à une villa abritant sa famille. Enfin après des hésitations, car je suis gêné de partager la vie d'hôtes que je ne connais pas intimement, j’accepte de passer chez lui mes derniers jours sur la Méditerranée. Je me réjouis de pouvoir le voir enfin, sans contrainte de temps, et lui parler de sujets qui nous concernent de près et notamment de l'étrange attitude d'Axel.
J’apprends avec stupéfaction qu’en fait nous serons seuls Marina, Moi et mon chauffeur dans cette grande maison. Il n’est prévu que le petit déjeuner et on ne me demande pas de passer l’aspirateur mais on m’offre de faire venir si je le désire un cuisinier. Quant a Igor, il réside dans son château de Cagnes, et Axel dans son appartement de Villefranche C’est à dire que je risque de regagner Paris sans avoir vu quiconque. Je suis ahuri, car admettons qu’au milieu de la nuit il y ait une inondation, ou tout simplement qu’un malaise me frappe. Je me trouverai isolé, sans ressources. La résidence Poliakoff est un cul de sac prestigieux, super protégé mais mortellement ennuyeux et si je n’avais pas Michel, j’aurais été parqué dans cette maison vide, sans pouvoir en sortir… J’ai donc décidé de prolonger mon séjour au Royal de San Remo jusqu’au moment de partir à Paris où je dois suivre de nouveaux examens. Si Igor veut me voir, et j’espère que ce sera le cas, je ferai un va et vient de San Remo à Nice. Pour l’instant il n’a pas répondu, donc j’attends. La vie est un long fleuve tranquille.
OLAF OLAFSSON
Celui que je nomme le « jeune homme » est revenu à la charge : il veut que je quitte l’Europe pour Vancouver. Après une période difficile, la famille a renoué avec la prospérité. Je crois qu’ils ont lâché du lest à Seattle et le Canada est le seul pays qui possède des banques fiables et ignore la frénésie spéculative du grand voisin américain. Son père insiste également. Il paraît que je le seul à pouvoir « civiliser » le jeune homme qui me répète : I Want You, avec l’amitié d’un cannibale. Mais j’ai peur de lui, et je ne puis m’empêcher de songer à son esprit de caste, son antisémitisme et son racisme, sa violence qui un jour pourrait se retourner contre moi. Mais mes relations avec lui sont en dent de scie. La vie est un long fleuve tranquille.
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Monday, 20 July 2009
CHRONIQUE
VOTRE BLOG
Ce blog a atteint un âge respectable. Il a été entièrement imprimé sur papier par Michel Ferreira ce qui fait un nombre impressionnant de fascicules mais assure la pérénnité du contenu. Je réfléchis actuellement sur les règles à appliquer pour le rendre vraiment efficace.
Le Blog est constitué par une suite de billets qui constituent une sorte de journal de ma vie, ou du moins de ce qui pourrait en être rendu public. Il doit être constamment être réactualisé. C'est ainsi qu'un sympathique Jeune Homme dont j'ignore tout, me demande de retirer son nom qui figure dans un billet de voici deux ans. Je m'étonne un peu de sa crainte de figurer dans des fichiers croisés, alors que bien des personnaités très discrètes et puissantes ne font pas tant de chichis, n'ayant rien à cacher. J'attends de retrouver mon PC familier, à Paris pour procéder à la rectification.
Autre exemple : je me suis laissé aller à un jugement injuste, inspiré par des considérations personnelles envers un grand collectionneur de tableaux qui était également un homme d'une grande élégance de sentiments; : Alain Gaston-Dreyfus. Devant l'indignation de sa famille, j'ai dû faire amende honorable, mais le mal était fait. Désormais je ne dénigre que de gens nocifs ou sous le couvert de l'anonymat. De ceux que je nomme, je ne veux retenir que les aspects positifs.
L'organisation du billet
Le billet se présente sous un titre en bleu au dessous du mot chronique en rouge. Ce dernier montre bien que je suis un chroniqueur mais de quoi ? De mon monde personnel, c’est à dire de ce que je retiens de l’information qui m’assiège par les journaux, la télé, les ondes, et les conversations avec des humains qui ne sont que des miroirs de ce qu’on entend à la télé. Les catastrophes font vendre, c’est pourquoi on ne filtre le monde qu’au travers de la grippe porcine, de la chute d’un airbus, des cas de viols en série perpétrés par un sadique qui devrait depuis longtemps être mis hors d’état de nuire, le scandale de tel sportif dopé, de tel autre acheté et corrompu, les faillites des grandes banques, la fermetures des usines, les tremblements de terre, l’étalage des supplices et des massacres chinois, iraniens, et bien sûr l’enfer africain qui continue de s’enfoncer dans l’innommable. Tout ceci se passe sous nos yeux dans un planète vouée au désastre.
Voici donc la manière de nous maintenir dans un état de stupeur dépressive, pour de pures raisons de marketing. Voici la raison pour laquelle mes billets ne reflèteront qu’un écho assourdi et lointain de cette denrée que l’on nomme l’information. Ces naïfs me disent : il faut bien s’informer, en parlant du journal télévisé. Et tous bêlent : il faut s’informer, il faut s’informer, mee, mee, bee, bee.
Les italiques en bleu au dessous de chronique, posent un intéressant problème. Elles annoncent d’une façon lapidaire le sujet d’ensemble. Mais lorsque je les trace, je ne sais pas encore de quoi je vais parler ! Voici un puissant défi à l’imagination.
LES CHRONIQUES DU JOUR
Les grandes chroniques présentent des sujets de fond qui peuvent intéresser des spécialistes pointus, comme des curieux. Par exemple, les notes sur la bibliophilie sont suivies par plusieurs grands marchands, des directeurs de musées, des collectionneurs de haut niveau, mais aussi par ceux qui s’intéressent à la vie des objets et qui apprennent à découvrir comment des musées comme le Marmottan ou d’immenses collection scomme la Barbier Muller ont été édifiés.
En ce moment, faute d’instrument, et de documentation, j’ai dû espacer mes notes sur la musique et l’opéra. Beaucoup le regrettent, car, en dépit de la banalisation galopante des sons internet, les français aiment fondamentalement la musique classique, et l’aimeraient bien plus, si on les initiaient au lieu de leur débiter en vrac du baroque, du Ravel, de la musique d’Europe centrale, on les cadrait sur l’ancien testament (les préludes et fugues du clavier bien tempéré de Bach) ou le nouveau testament (le sonates de Beethoven dans leur développement). Un de ces jours, je voudrais bien aborder à nouveau le sujet qui parle le plus à mon cœur.
On pensera que j’ai donné un espace exagéré au Mingei. C’est qu’on ne parle bien que de ce qu’on connaît, et mieux encore, de ce qu’on découvre avec émerveillement. C’est ce que l’on peut appeler la perception à l’état naissant par allusion à la chimie.
Lorsque j’étais enfant je nourrissais une passion pour la chimie qui me mena d’ailleurs à suivre des leçons de chimie tinctoriale au CNAM, avec M.Denivelle, président de Francolor. J’étais fasciné par l’activité agressive du chlore au moment de son apparition dans un pôle d’une pile électrique. Puis le chlore s’assagit et devient un corps comme un autre. Evidemment j’ai appris de puis que la formule n’est pas la même : Cl2 pour le chlore stabilisé, chaque atome étant couplé à un autre, Cl - pour l’autre, l’atome célibataire cherchant à s’accoupler.
De même lorsque j’abordai, adolescent les sonates du début de Beethoven, œuvre débordant d’humour, d’imagination mélodique, de sentiment, chaque nouvelle sonate lorsque je l’apprenais au piano me paraissait une sorte de bouillon musical agréable et informe, où surnageaient quelques mélodies qui chantaient dans ma tête. Puis au fur et à mesure que je jouais, d’autres mélodies toutes aussi belles apparaissaient, cependant que les autres devenaient un peu éteintes à force d’être prévisibles. Ce n’est qu’après deux mois (ou un mois pour l’auditeur de l’exécution de Wilhelm Kempf) que tout devenait mélodie et à la fois délicieux et chantant mais un peu statique. L’élément de surprise que donne l’apparition d’un chant envoûtant d’un magma informe d’où on ne l’attendais pas, lui conférait un caractère magique, actif, vivant, comme doué d’un mouvement propre. Un bon exemple est le Ring de Richard Wagner. J’ai passé un demi-siècle à l’analyser sous toutes les coutures et j’ai découvert un monument de clarté et de logique unique au monde. Mais aucun passage ne me donne plus de vague à ‘âme, et peu nombreux , ceux qui me font pleurer. Alors que lorsque je n’y connaissais rien et que je crevais d’ennui pendant la presque totalité de l’œuvre, des passages comme le chant du printemps, les chants héroïques et mélancoliques du jeune héros : Siegfried, sa mort poignante, me hantaient des nuits durant, me remplissaient d’un trouble presque douloureux, et me faisaient monter des larmes irrépressibles aux yeux hallucinés.
Il en est ainsi pour l’exploration de toutes les œuvres d’envergure, dites artistiques. D’autres, de simple artisanat, fût-il d’une qualité suprême, ne parleront jamais à notre cœur, mais seront quand même touchées par ce phénomène de l’état naissant. Le goût se forme et ce qui nous semblait alléchant nous fait honte aujourd’hui, ce qui nous rebutait, devenir source de délectation subtile.
Dans le cas des Mingei, certaines pièces dont la fondation d’UCCLE vient d’acquérir, me semblent des ruines hideuses, des poteries à la surface lépreuse, craquelée, à la couleur terne. Je viens de nommer une pièce « sublimissime » pour adopter le langage de Boudin, qui précisément à cause de là beauté de ces craquelures l’incita à la guetter pendant des années pour l’acheter en salle des ventes.
Ce qui n’est que support d’information pour l’art conventionnel, est contenu d’information dans le Mingei. C’est l’esprit de la matière, et il faut apprendre les différences entre tel ou tel textile, les veines et la patine de tel crochet de bouilloire, les figures noires sur fond orange tracées pendant la cuisson.
LE CORPS DU BLOG
On y trouve des illustrations, des documents, des notices, des images qui permettent de donner vie à la chronique ou encore des détails spécialisés. On y trouve notamment le portfolio qui délivre une série d’images cohérentes : photos de famille, de lieux décrits dans le billet, de documents ou d’extraits d’autre documents.
LE BLOG-NOTES
Ce sont des informations factuelles de ce que je vis pendant la journée. C’est le blog notes qui permet à mes amis de savoir si je suis toujours vivant, où je me trouve, quelles mésaventures surviennent et les bonnes suprises aussi, mes doutes rétrospectif sur mes jugements passés. Il peut arriver que j’interrompe la grande chronique, pour y insérer tel événement soudain.
Je souffre de problèmes d’irrigation du cerveau, et il m’arrive, ce qui est extrêmement gênant, de me trouver subitement ailleurs. Ce sont des pertes de conscience très courtes, pendant lesquelles font irruption toutes sortes d’images vivaces, venue d’un proche conscient. Je refleterai ce comportement bizarre dans le style du billet. IL est donc possible que tel feuillet du blog notes surgisse au détour d’une réflexion dans la grande chronique.
LE JOURNAL DES TEMPS D'INNOCENCE
On dit souvent que les vieillards ont tendance à parler de l'extrême passé, comme si le présent avait moins de poids ainsi allégé de toute action. Cen'est pas mon cas puisque je suis empli de projets que je ne pourrai jamais, faute de temps, réaliser. Mieux vaut ne pas gaspiller son temps en évoquant avec une complaisance teintée de nostalgie, les temps heureux de l'enfance. Mais j'ai commencé à recopier des extraits trouvés dans un manuscrit que je croyais perdu et ces derniers, comme éveillés par un exorcisme, m'assaillent de temps à autres. Ce sont les esprits gentils des grands hommes que j'ai fréquentés au temps où les enfants jouent et luttent. Vous les excuserez de faire ainsi irruption, à l'instar des flashes prospectifs du blog-notes.
CHRONIQUE
ESSAIS EN MUSÉOLOGIE
Je fais allusion à notre musée "Western Mingei-kan" à Oleg et moi. Il est au point où on peut le considérer, en dépit de lacunes qu'il faut combler au fur et à mesure, comme ayant dépassé le principal musée du genre en occident, la collection Montgomery, ensemble très publié et présent dans la plupart des catalogues d'expositions en Occident. Il devient donc nécessaire avant de ménager une pause estivale (qui n'existe pas, car Boudin travaille activement pour nous au Japon pendant ce temps) de tracer une taxonomie des objets (classement raisonné) et un plan de développement. C'est cette réflexion très générale que j'aborde ici, car elle s'applique à n'importe quel domaine et à n'importe quel patrimoin. Tout visiteur parcourant les salles d'un musée récemment rénové ou une fondation nouvelle, partagera avec les fondateurs et architectes leurs préoccupations qui ne diffèrent pas essentiellement des notres.
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CHRONIQUE
FIDÉLITÉS
Il est des moments où on est au plus bas, c'est le contraire de la grosse tête. Disons la tête tzantzas ou tête réduite au tiers de sa dimension. Les indiens Jivaro après avoir décapité leur adversaire, soumettent sa tête à un traitement très complexe pouvant durer deux semaines, et qui emplissait d'horreur les conquérants espagnols. Le but était shamanique : emprisonner l'esprit de l'adversaire dans la tête qui devait offrir la plus grande ressemblance possible avec l'original. La tête tzantzas, disons la tête jivaro est donc l'état où on se trouve lorsqu'on se sent de trop, misérable, méprisés, pièce rapportée au sein d'une communauté qui vous exclut et à laquelle vous vous raccrochez sans dignité. J'avoue qu'Alxel Poliakoffa le don de me plonger dans cet état. Il est différent du syndrome "moineau déplumé" que je ressentais lors de mon amnésie. Je n'était pas inférieur aux autres, mais comme Saint François, proche de ce moineau sautillant que je vis tout heureux fouiller dans une poubelle d'Hédiard.
Puisque j'en suis aux variantes sémantique, plusieurs amis m'on suggéré de comparer grosse tête à snobisme ou à arrivisme. Le snob, dirais-je, est celui qui conscient d'appartenir à une caste ou un milieu elevé, ne daigne pas frayer avec le niveau au dessous. Un homme comme le grand François Dalle, était un snob, comme bien des professionnels de la mode ou des cosmétiques. L'arriviste, ferait n'importe quoi pour satisfaire son ego et sa position sociale. Il utilise le name dropping et fait sonner ses relations, vraies ou supposées, pour s'en faire d'autres. L'arriviste comme le snob, sont obséquieux devant ceux de la classe supérieure.
L'avantage de se faire la grosse tête, c'est qu'on finit par y croire (que vous êtes quelqu'un). Et à force d'y croire, les autres y croient aussi et agissent en conséquence. Ainsi s'instaure une dynamique positive fondée sur le culot, la morgue, baptisés audace et entregent.
En revanche lorsque vous avez la tête jivaro, à force de vous sentir un moins que rien, vous en persuadez également les autres, qui vous fuient ou qui vous traitent avec cette condescendance distraite et aimable, qui est plus insultante qu'une gifle.
J'étais hier dans cet état d'esprit, lorsque Oleg est venu à la rescousse, comme s'il ressentait télépathiquement mon désarroi. Il m'a donné carte blanche pour continuer mes achats d'objets Mingei, qui dès à présent peut compter comme le plus important du monde occidental.
En revanche le silence persistant d'Axel Poliakoff en dépit de nos accords, m'a plongé dans le dernier dessous.
J'ai alors adressé un SMS à Igor son père qui a aussitôt répondu, puis téléphoné affectueusement pour me dire que tout était prêt pour me recevoir dans sa résidence de la Côte d'Azur. Cela m'a mis du baume sur le coeur je l'avoue.
Je suis par ailleurs assez embarrassé, car je n'ai jamais été invité nulle part et j'ai honte d'imposer à mon hôte les nombreuses restrictions : régime sans sel, repas pris à l'intérieur etc. Mais c'est aussi une preuve que la fidélité ne s'arrête pas aux paroles aimables. J'existe. Marina a le même sentiment que moi et sa discrétion exagérée emposonne l'agrément de cette invitation sur la Côte. Elle aussi se fait une tête jivaro ! Elle a toujours peur de déranger, d'être de trop, et elle culpabilise sa santé délicate. Je sais que bien des gens de qualité sont comme elle et préfèrent décliner les invitations à résider chez des gens pour descendre à l'hôtel où ils se sentent plus libres.
Sunday, 19 July 2009
CHRONIQUE
MARCHANDS ET EXPERTS
J'en reviens au sujet qui me tient à coeur en ce moment : la constitution de la troisième fondation, cette réssurgence de la deuxième, condamnée par les experts
On connaît mon projet de base : réunir en un lieu restreint des œuvres significatives du patrimoine de l’humanité, qui parlent à tout le monde, érudits comme ouvriers, et provoquent un électrochoc durable. En tant que professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, dont je suis un pur produit, je fais corps avec ces courageux travailleurs, qui le soir et le dimanche, sacrifient leur vie de famille pour obtenir le diplôme d’ingénieur. Je sais de quelle curiosités, de quel sérieux ils sont capables.
Mon modèle a été au fond le musée des arts et techniques, qui a été fondé pour servir de cabinet de curiosités, de collection d’objets pédagogiques de démonstration, mais à quel niveau ! Le laboratoire de Lavoisier, la machine à calculer de Pascal, l’avion de Blériot en faisaient partie. Aujourd’hui on a construit autour de ces pièces maîtresses, un écrin muséal moderne.
Le but de ma deuxième fondation était de donner à voir les témoins de l’évolution de la pensée et de connaissance, pris à leur racine, quand ils sont pour la première fois diffusés auprès d’une élite restreinte de connaisseurs. On y trouve des manuscrits exceptionnels comme les heures de Bening, mais aussi les premiers tirages des premières éditions de monuments de la science et de la littérature : l’héliocentrisme de Copernic, les dialogues de Galilée, la découverte de l’Amérique par Colomb, le premier livre d’anatomie et ses planches démonstratives par Vesale, etc.
Comment décrire l’émotion qui s’empare des hommes les plus simples pour peu qu’ils veuillent s’élever, en contemplant, voir en touchant, la première encyclopédie médiévale, une pièce de bronze où se détache en haut relief un portrait d’une expression indicible de l’empereur Hadrien, ou de Brutus, l’assassin de Jules César. De contempler ce livre d’heures de padoue, de 1370, dont tous les caractères sont sculptés en or brillant, de feuilleter la masse imposante de l’exemplaire unique sur grand papier de la Grande Encyclopédie de Diderot, ou encore le célèbre livre à couverture verte, que l’on voit dans les reconstitutions historiques de la vie de Darwin.
Certes toutes – ou presque toutes – ces merveilles se trouvent entreposées dans les grande bibliothèques d’état à Londres à NewYork ou à Paris. Mais y avoir accès est une autre paire de manche. Par ailleurs elles sont noyées armi des centaines de milliers d’ouvrages de valeur. Dans ma fondation au contraire, toutes les pièces exposées sont visibles simultanément, autorisent toutes les comparaisons, dialoguent d’objet en objet…
La densité d’une telle collection est unique au monde et elle était en voie de constitution quand le sponsor : Misha, prit la décision funeste de s’adresses à des « experts ». Tous furent aussitôt violemment critiques pour des raisons opposées ou incompatibles. L’un prétendait que détenir un livre sous forme physique était un non-sens à l’époque de la numérisation, l’autre qu’on ne pouvait rivaliser avec les grandes institutions. Le plus grotesque des jugements concernait l’édition originale du Don Quichotte de Cervantès. On en déconseillait l’achat, prétendant que le chiffre demandé (2.500.000 €) était impensable, délirant. L’ignorance s’étala au grand jour : le dernier exemplaire de ce livre fut négocié pour quatre fois cette somme voici dix ans !
Malheureusement, malgré l’ignorance et l’obscurantisme de ces étranges experts, Misha les suivit et arrêta aussitôt les achats.
Aujourd’hui, le flambeau est repris par le jeune Axel Poliakoff mais celui-ci ne se fia pas plus que Misha à mon propre jugement. Il fit traîner indéfiniment les choses au grand dam des marchands de référence qui avaient manqué des ventes pour le réserver les plus précieux ouvrages. J’appris que sans me le dire, il voulait la garantie d’un expert, partant que quelle que soit la compétence d’un marchand, il ne peut être à la fois juge et partie. Dès que je compris cela je me mis en chasse des plus incontestables sommités de chaque département. Ainsi que je le pensais, les pièces que j’avais réservées étaient à un prix au dessous du marché. En effet depuis plus d’un an, elles avaient augmenté de valeur, comme toute les pièces exceptionnelles.
Je compte passer les prochains jours sur la Cote d'Azur chez mon vieil ami Igor le père d’Axel, et partisan de la fondation. Je compte l’éclairer sur la manière dont se font les grandes fondations d’importance muséale. Elles sont toutes nées de la passion de grands collectionneurs, et de l’orgueil de marchands d’envergure mondiale, fiers de participer à la naissance d’un musée. Par exemple la célèbre collection Yves St. Laurent – Pierre Bergé, a été édifiée avec Alain Tarica pour la peinture, et de deux grands marchands de premier plan pour l’orfêvrerie et l’Art Déco. Les rares pièces achetées à droite et à gauche, comme le faux della Robbia dont j’ai fait l’acquisition (ravalée depuis) se sont révélées douteuses.
J’ai constitué des collections muséales parmi les pus importantes du monde, et j’ai souvent acheté aux enchères. Mais jamais directement mais par l’entremise d’un de mes marchands de référence. Un seul problème se posa, avec Albi Rosenthal, qui avait comme client et votre serviteur, et la Piermont Morgan Library. Il me le dit franchement : il faisait le jeu de l’institution new-yorkaise, mais avec toute cette honnêteté, il se débrouilla pour me refiler de l’intox pour me décourager de participer à la vente. La fois d’après, je ne me fis pas prendre et cela me permit de l’emporter sur la Deutsche Bank et la fondation Richard Wagner à Bayreuth.
Mon marchand de référence en matière de partitions musicales avait la réputation auprès de ses collègues d’être affreusement cher. Mais c’était le numéro un Mondial et de loin. Aucun expert ne pouvait rivaliser avec son expérience. Cet homme s’appelait Hans Schneider et son fief était Tutzing dans le lac où vécut Richard Wagner. Je finis par lui acheter tout son fonds wagnérien, accumulé pendant quinze ans. Je ne regrettai jamais de lui avoir fait confiance.
L’équivalent de Schneider, en matière de manuscrits anciens, est Heribert Tenschert à Bibemühle sur le Rhin. Mais d’une part, Tenschert occupe une position mondiale plus importante car les manuscrits à peinture sont plus prisés que les partitions musicales. D’autre part, alors que je n’éprouvais aucune sympathie pour Schneider, j’éprouve une réelle amitié pour Tenschert et une estime et une considération que je manifeste à peu de gens autour de moi. C’est un homme généreux, d’un désintéressement total quand il croit à un grand projet, et d’une universalité culturelle rare. On peut en dire autant pour d’autres grands marchands comme Alain Tarica qui a hérité de son père Samy, ou Clavreuil, de la troisième génération de libraires de très haut niveau.
Je suis donc absolument affirmatif : une collection d’envergure muséale ne se fait pas sans un marchand digne de confiance, et qui se passionne pour un projet commun.
Actuellement grâce à Oleg qui a compris à fond le concept, et Philippe Boudin qui après une période où il nous considérait comme de simples collectionneurs, adoptait une attitude de commerçant, et qui est devient un grand marchand, nous avons surclassé ce que Montgomery a accumulé en trente ans d’activité. Nous pouvons tous déclarer sans mentir, qu’en six mois nous avons constitué le seul musée d’envergure en art Japonais poulaire (Mingei) du monde occidental, et nous en sommes, Oleg, Boudin et moi, légitimement fiers. Mais Oleg m’a fait confiance. Il a agi en humaniste et en homme d’envergure, de la trempe culturelle des Getty ou des Thyssen.
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Saturday, 18 July 2009
CHRONIQUE
DES TROPIQUES
Ce court billet relate l'instabilité du climat qui affecte la région. La station se trouve coincée entre la mer et les montagnes, redoutable topographie génératrice de brouillard, ce que l'on nomme ici "la foschia". C'est pire à Montecarlo, mais ce n'est guère brillant.
"Le monde n'est plus ce qu'il était, il n'y a plus de saisons, il faisait beau sur la côte d'Azur et la Riviera Italienne, et il neigeait dans les Alpes." Ce genre de propos peut être rangé dans ce que Hayakawa nomme la communication phatique. Elle n'a pas de valeur, elle ne nous apprend rien, mais elle sert à établir des points sur lesquels tous sont d'accord et qui créent le sentiment d'appartenance, comme "comment allez-vous? Au plaisir de vous revoir, C'est terrible la grippe porcine, un fléau, et ça n'épargnera personne. Tous les masques sont dévalisés...
Il ne faut surtout pas prendre à la lettre ces simples tests d'amorçage d'une communication. Autrement voici sur quoi cela déboucherait :
1. La côte, on y allait en hiver, la meilleure saisons et cela est toujours ainsi.
2. Je ne vais pas bien. Je dois aller chez le dentiste,et puis, j'ai la rate qui se dilate et le foie qui se contracte, ah! Ceque c'est bon d'être bien portanr, ce qu c'est moche d'être malade !virus grippal
3. Je n'aurais aucun plaiisir à revoir votre sale gueule. Bon débarras, enfin parti !
4. La grippe porcine dont il est temps de dire qu'elle n'est qu'une grippe comme les autres, on la soigne comme une vulgaire grippe (qui n'est jamais vulgaire pour les personns affaiblies).
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