CHRONIQUE
VOTRE BLOG
Ce blog a atteint un âge respectable. Il a été entièrement imprimé sur papier par Michel Ferreira ce qui fait un nombre impressionnant de fascicules mais assure la pérénnité du contenu. Je réfléchis actuellement sur les règles à appliquer pour le rendre vraiment efficace.
Le Blog est constitué par une suite de billets qui constituent une sorte de journal de ma vie, ou du moins de ce qui pourrait en être rendu public. Il doit être constamment être réactualisé. C'est ainsi qu'un sympathique Jeune Homme dont j'ignore tout, me demande de retirer son nom qui figure dans un billet de voici deux ans. Je m'étonne un peu de sa crainte de figurer dans des fichiers croisés, alors que bien des personnaités très discrètes et puissantes ne font pas tant de chichis, n'ayant rien à cacher. J'attends de retrouver mon PC familier, à Paris pour procéder à la rectification.
Autre exemple : je me suis laissé aller à un jugement injuste, inspiré par des considérations personnelles envers un grand collectionneur de tableaux qui était également un homme d'une grande élégance de sentiments; : Alain Gaston-Dreyfus. Devant l'indignation de sa famille, j'ai dû faire amende honorable, mais le mal était fait. Désormais je ne dénigre que de gens nocifs ou sous le couvert de l'anonymat. De ceux que je nomme, je ne veux retenir que les aspects positifs.
L'organisation du billet
Le billet se présente sous un titre en bleu au dessous du mot chronique en rouge. Ce dernier montre bien que je suis un chroniqueur mais de quoi ? De mon monde personnel, c’est à dire de ce que je retiens de l’information qui m’assiège par les journaux, la télé, les ondes, et les conversations avec des humains qui ne sont que des miroirs de ce qu’on entend à la télé. Les catastrophes font vendre, c’est pourquoi on ne filtre le monde qu’au travers de la grippe porcine, de la chute d’un airbus, des cas de viols en série perpétrés par un sadique qui devrait depuis longtemps être mis hors d’état de nuire, le scandale de tel sportif dopé, de tel autre acheté et corrompu, les faillites des grandes banques, la fermetures des usines, les tremblements de terre, l’étalage des supplices et des massacres chinois, iraniens, et bien sûr l’enfer africain qui continue de s’enfoncer dans l’innommable. Tout ceci se passe sous nos yeux dans un planète vouée au désastre.
Voici donc la manière de nous maintenir dans un état de stupeur dépressive, pour de pures raisons de marketing. Voici la raison pour laquelle mes billets ne reflèteront qu’un écho assourdi et lointain de cette denrée que l’on nomme l’information. Ces naïfs me disent : il faut bien s’informer, en parlant du journal télévisé. Et tous bêlent : il faut s’informer, il faut s’informer, mee, mee, bee, bee.
Les italiques en bleu au dessous de chronique, posent un intéressant problème. Elles annoncent d’une façon lapidaire le sujet d’ensemble. Mais lorsque je les trace, je ne sais pas encore de quoi je vais parler ! Voici un puissant défi à l’imagination.
LES CHRONIQUES DU JOUR
Les grandes chroniques présentent des sujets de fond qui peuvent intéresser des spécialistes pointus, comme des curieux. Par exemple, les notes sur la bibliophilie sont suivies par plusieurs grands marchands, des directeurs de musées, des collectionneurs de haut niveau, mais aussi par ceux qui s’intéressent à la vie des objets et qui apprennent à découvrir comment des musées comme le Marmottan ou d’immenses collection scomme la Barbier Muller ont été édifiés.
En ce moment, faute d’instrument, et de documentation, j’ai dû espacer mes notes sur la musique et l’opéra. Beaucoup le regrettent, car, en dépit de la banalisation galopante des sons internet, les français aiment fondamentalement la musique classique, et l’aimeraient bien plus, si on les initiaient au lieu de leur débiter en vrac du baroque, du Ravel, de la musique d’Europe centrale, on les cadrait sur l’ancien testament (les préludes et fugues du clavier bien tempéré de Bach) ou le nouveau testament (le sonates de Beethoven dans leur développement). Un de ces jours, je voudrais bien aborder à nouveau le sujet qui parle le plus à mon cœur.
On pensera que j’ai donné un espace exagéré au Mingei. C’est qu’on ne parle bien que de ce qu’on connaît, et mieux encore, de ce qu’on découvre avec émerveillement. C’est ce que l’on peut appeler la perception à l’état naissant par allusion à la chimie.
Lorsque j’étais enfant je nourrissais une passion pour la chimie qui me mena d’ailleurs à suivre des leçons de chimie tinctoriale au CNAM, avec M.Denivelle, président de Francolor. J’étais fasciné par l’activité agressive du chlore au moment de son apparition dans un pôle d’une pile électrique. Puis le chlore s’assagit et devient un corps comme un autre. Evidemment j’ai appris de puis que la formule n’est pas la même : Cl2 pour le chlore stabilisé, chaque atome étant couplé à un autre, Cl - pour l’autre, l’atome célibataire cherchant à s’accoupler.
De même lorsque j’abordai, adolescent les sonates du début de Beethoven, œuvre débordant d’humour, d’imagination mélodique, de sentiment, chaque nouvelle sonate lorsque je l’apprenais au piano me paraissait une sorte de bouillon musical agréable et informe, où surnageaient quelques mélodies qui chantaient dans ma tête. Puis au fur et à mesure que je jouais, d’autres mélodies toutes aussi belles apparaissaient, cependant que les autres devenaient un peu éteintes à force d’être prévisibles. Ce n’est qu’après deux mois (ou un mois pour l’auditeur de l’exécution de Wilhelm Kempf) que tout devenait mélodie et à la fois délicieux et chantant mais un peu statique. L’élément de surprise que donne l’apparition d’un chant envoûtant d’un magma informe d’où on ne l’attendais pas, lui conférait un caractère magique, actif, vivant, comme doué d’un mouvement propre. Un bon exemple est le Ring de Richard Wagner. J’ai passé un demi-siècle à l’analyser sous toutes les coutures et j’ai découvert un monument de clarté et de logique unique au monde. Mais aucun passage ne me donne plus de vague à ‘âme, et peu nombreux , ceux qui me font pleurer. Alors que lorsque je n’y connaissais rien et que je crevais d’ennui pendant la presque totalité de l’œuvre, des passages comme le chant du printemps, les chants héroïques et mélancoliques du jeune héros : Siegfried, sa mort poignante, me hantaient des nuits durant, me remplissaient d’un trouble presque douloureux, et me faisaient monter des larmes irrépressibles aux yeux hallucinés.
Il en est ainsi pour l’exploration de toutes les œuvres d’envergure, dites artistiques. D’autres, de simple artisanat, fût-il d’une qualité suprême, ne parleront jamais à notre cœur, mais seront quand même touchées par ce phénomène de l’état naissant. Le goût se forme et ce qui nous semblait alléchant nous fait honte aujourd’hui, ce qui nous rebutait, devenir source de délectation subtile.
Dans le cas des Mingei, certaines pièces dont la fondation d’UCCLE vient d’acquérir, me semblent des ruines hideuses, des poteries à la surface lépreuse, craquelée, à la couleur terne. Je viens de nommer une pièce « sublimissime » pour adopter le langage de Boudin, qui précisément à cause de là beauté de ces craquelures l’incita à la guetter pendant des années pour l’acheter en salle des ventes.
Ce qui n’est que support d’information pour l’art conventionnel, est contenu d’information dans le Mingei. C’est l’esprit de la matière, et il faut apprendre les différences entre tel ou tel textile, les veines et la patine de tel crochet de bouilloire, les figures noires sur fond orange tracées pendant la cuisson.
LE CORPS DU BLOG
On y trouve des illustrations, des documents, des notices, des images qui permettent de donner vie à la chronique ou encore des détails spécialisés. On y trouve notamment le portfolio qui délivre une série d’images cohérentes : photos de famille, de lieux décrits dans le billet, de documents ou d’extraits d’autre documents.
LE BLOG-NOTES
Ce sont des informations factuelles de ce que je vis pendant la journée. C’est le blog notes qui permet à mes amis de savoir si je suis toujours vivant, où je me trouve, quelles mésaventures surviennent et les bonnes suprises aussi, mes doutes rétrospectif sur mes jugements passés. Il peut arriver que j’interrompe la grande chronique, pour y insérer tel événement soudain.
Je souffre de problèmes d’irrigation du cerveau, et il m’arrive, ce qui est extrêmement gênant, de me trouver subitement ailleurs. Ce sont des pertes de conscience très courtes, pendant lesquelles font irruption toutes sortes d’images vivaces, venue d’un proche conscient. Je refleterai ce comportement bizarre dans le style du billet. IL est donc possible que tel feuillet du blog notes surgisse au détour d’une réflexion dans la grande chronique.
LE JOURNAL DES TEMPS D'INNOCENCE
On dit souvent que les vieillards ont tendance à parler de l'extrême passé, comme si le présent avait moins de poids ainsi allégé de toute action. Cen'est pas mon cas puisque je suis empli de projets que je ne pourrai jamais, faute de temps, réaliser. Mieux vaut ne pas gaspiller son temps en évoquant avec une complaisance teintée de nostalgie, les temps heureux de l'enfance. Mais j'ai commencé à recopier des extraits trouvés dans un manuscrit que je croyais perdu et ces derniers, comme éveillés par un exorcisme, m'assaillent de temps à autres. Ce sont les esprits gentils des grands hommes que j'ai fréquentés au temps où les enfants jouent et luttent. Vous les excuserez de faire ainsi irruption, à l'instar des flashes prospectifs du blog-notes.