CHRONIQUE
UN LONG FLEUVE TRANQUILLE
-J'inaugure la nouvelle organisation du blog par l'ouverture de mon Blog-Notes.
LE BLOG-NOTES
6 heures 10 du matin, ce 22 07 09
Les caprices du réseau.
C’est ma troisième tentative : jusqu’ici les paragraphes de mon texte ont été avalés. En voulant enregistrer, le pavé : veuillez entrer votre N°d’utilisateur … apparaît. Je m’enregistre une nouvelle fois et j’obtiens une seconde fenêtre identique…
La famille Poliakoff.
Axel Poliakoff est le successeur de la deuxième fondation, et je me fais fort de ressusciter la fondation avortée et d’édifier un projet encore plus enthousiasmant. Axel a offert à plusieurs reprises de continuer l’œuvre ainsi amorcée et a téléphoné aux grands marchands pour leur demander qu’ils continuent à réserver les pièces sélectionnées. Ceci a une énorme importance pour moi, car l’enjeu est immense, surtout si l’on nomme le musée de nos deux noms accolés. Comment ne pas se battre pour lui ?
Axel vient tous les ans me voir à San Remo et m’a manifesté déférence et respect. Il a été enthousiasmé par La Flûte Enchantée de Mozart, comme d’Anselm Kiefer. Il apprécie tellement mes manuscrits, qu’au lieu de tout donner à mon fils ou à la BNF, j’ai décidé qu’il en serait le propriétaire dès qu’il aurait un appartement où les loger.
Il était convenu qu’Axel vienne un Week-End me voir au Royal et il le confirma. Mais depuis des semaines il m’a été impossible de le joindre et il n’a jamais répondu à mes SMS. D’une intelligence aiguë, il vient d’acheter Free News et préside à sa transformation. Il est maintenant devenu un homme public.
Je connais depuis quelques années Igor Poliakoff Le secrétaire d'état est un homme de grande classe, issu d’une famille qui, du temps des tzars, a laissé son empreinte dans l’histoire de la Russie. Lorsque l’année dernière j’eus le malheur de me débattre avec des problèmes financiers graves, conséquences d’un état de santé non moins grave, je trouvai sa main tendue. Il m’a fait depuis l’honneur de me considérer un membre de sa famille et voudrait que l’appartement que son fils compte acheter à Pais, soit proche du mien.
Igor depuis longtemps m’a invité à résider tant que je veux dans sa luxueuse maison dans un coin très isolé de la côte d'azur et d'environ 1000 m2, attenant à une villa abritant sa famille. Enfin après des hésitations, car je suis gêné de partager la vie d'hôtes que je ne connais pas intimement, j’accepte de passer chez lui mes derniers jours sur la Méditerranée. Je me réjouis de pouvoir le voir enfin, sans contrainte de temps, et lui parler de sujets qui nous concernent de près et notamment de l'étrange attitude d'Axel.
J’apprends avec stupéfaction qu’en fait nous serons seuls Marina, Moi et mon chauffeur dans cette grande maison. Il n’est prévu que le petit déjeuner et on ne me demande pas de passer l’aspirateur mais on m’offre de faire venir si je le désire un cuisinier. Quant a Igor, il réside dans son château de Cagnes, et Axel dans son appartement de Villefranche C’est à dire que je risque de regagner Paris sans avoir vu quiconque. Je suis ahuri, car admettons qu’au milieu de la nuit il y ait une inondation, ou tout simplement qu’un malaise me frappe. Je me trouverai isolé, sans ressources. La résidence Poliakoff est un cul de sac prestigieux, super protégé mais mortellement ennuyeux et si je n’avais pas Michel, j’aurais été parqué dans cette maison vide, sans pouvoir en sortir… J’ai donc décidé de prolonger mon séjour au Royal de San Remo jusqu’au moment de partir à Paris où je dois suivre de nouveaux examens. Si Igor veut me voir, et j’espère que ce sera le cas, je ferai un va et vient de San Remo à Nice. Pour l’instant il n’a pas répondu, donc j’attends. La vie est un long fleuve tranquille.
OLAF OLAFSSON
Celui que je nomme le « jeune homme » est revenu à la charge : il veut que je quitte l’Europe pour Vancouver. Après une période difficile, la famille a renoué avec la prospérité. Je crois qu’ils ont lâché du lest à Seattle et le Canada est le seul pays qui possède des banques fiables et ignore la frénésie spéculative du grand voisin américain. Son père insiste également. Il paraît que je le seul à pouvoir « civiliser » le jeune homme qui me répète : I Want You, avec l’amitié d’un cannibale. Mais j’ai peur de lui, et je ne puis m’empêcher de songer à son esprit de caste, son antisémitisme et son racisme, sa violence qui un jour pourrait se retourner contre moi. Mais mes relations avec lui sont en dent de scie. La vie est un long fleuve tranquille.
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UN LONG FLEUVE TRANQUILLE (suite)
Climatologie touristique
Le climat à San Remo est tout à fait détraqué. A Deauville il change toutes les deux heures, ici, tous les quarts d’heures. Le soleil brille sur un ciel pur, méditerranéen tôt le matin ou tard le soir. Mais il se couvre aux heures les plus chaudes de la journée, alors qu’on pourrait en profiter. De ce fait la piscine, qui les autres années était pleine de baigneurs joyeux, est depuis que nous sommes là, déserte et refroidie par le vent venu de je ne sais où. L’hôtel est pourtant bondé, mais la bonne clientèle, celle des habitués a déserté. La récession a frappé les américains et les anglais. Reste les Russes. Ces derniers, lorsqu’ils sont issus de la classe moyenne, se conduisent fort mal et sont mal vus. On les nomme les barbares. Nous sommes généralement très bien reçus au Royal, mais cette année l’accueil a dépassé tout ce à quoi peut s’attendre un nabab. J’ai compris que l’effet de contraste a joué en notre faveur.
Devant le silence persistant du seigneur Poliakoff j’ai dû changer mes batteries. Je resterai au Royal jusqu’à la fin de mon séjour. S’il daigne m’inviter à Nice, je ferai l’aller-retour de San Remo. Plus difficile est de joindre Axel. Même en haut lieu on n’y parvient pas. J’enrage, car quelques kilomètres seulement nous séparent. Tous les ans Axel et Vladimir son frère venaient me voir et par ailleurs Axel a dit au Directeur Général de Free News Christian Velours, qu’il avait projeté de me voir ce week-end à San Remo.Que se passe-t-il donc?
JOHN ELKANN
Il m’a rappelé très gentiment et cela m’a remonté le moral. Je compte le revoir à la rentrée. Michel voudrait bien avoir une place à un match de la Juventus dont John est le sponsor principal. Il m’explique le système des abonnements et la limitation à 60.000 du nombre de places. Je crois rêver. Lorsqu’une salle s’est remplie à 6.000 places, c’est un record pour un concert de musique classique.
LES PREMIERS PAS DE L’HOMME SUR LA LUNE
Quarante ans déjà ! Ce fut un exploit qui coûta des fortunes et ruineux en terme de retombées technologiques et scientifique. C’est le symbole le plus cher qui ait jamais existé qui installe la High Tech au premier rang de ce que les gens considère comme plus « sacré » : le football, le show biz. Michael Jackson à lui tout seul est un symbole. On a les dieux qu’on veut, qu’on peut ou qu’on mérite, au choix.
J'admire une très belle photo publicitaire pleine page de Vuitton, où l'on voit les trois cosmonautes contempler la lune, juchés sur un éperon rocheux à proximité d'une vieille voiture rouillée. en bas, discrètement, un sac Vuitton laissant dépasser des lunettes de longue vue. On compare l'aventure des cosmonautes de celle à peine moins excitante qu'un voyage avec un sac Vuitton. Je me demande combien la firme de Arnaud a dû payer aux trois cosmonautes, des mythes encore en vie d'est assez rare pour qu'on paye très cher. Mais plaisanterie mise à part, cette page est par sa composition et ce qui s'en dégage, d'une haute qualité esthétique et émotionnelle.
En ce qui concerne ma modeste personne, les trois jours les plus impressionnants ont été les premiers pas sur la lune, la grande éclipse de soleil, et le spectacle d’ouverture de la coupe du monde de football à Paris.
LES DISTRACTIONS DU SEIGNEUR POLIAKOFF
Sacha, vous le connaissez et vous l’appréciez. C’est mon successeur au blog et c’est un ami fidèle. Il téléphone bien souvent pour prendre des nouvelles. Je lui raconte la délirante histoire de l’invitation Poliakoff et il laisse tomber négligemment : cela ne me surprend pas.
Je me souviens du nombre incalculable de lapins posés à l’Elysée Un jour, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur, il avait aménagé pour lui une visite officielle avec garde montée, et tapis rouge, enfin tous les honneurs. La cérémonie était programmée pour 10 heures et Igor Poliakoff avait donné son accord. A 10h30, il n’était pas là. Très ennuyé je le fais appeler au Georges V et j’obtiens son médecin personnel : Le ministre Poliakoff est en train de dormir. – Reveillez-le pour l’amour de Dieu ! Le toubib disparaît. Dix minutes après, on m’appelle du ministère : que fait votre ami ? Je ne pouvais pas répondre : il dort ! Je dis qu’il avait eu besoin de soins médicaux. Le médecin réapparaît : il va se réveiller ! Dix minutes passent. J’envoie le médecin aux nouvelles. Il descend rassurant : il s’est réveillé. Il faut que je l’aide à se préparer…
Bref, il arrive au ministère avec une heure et demie de retard. Mais ce diable d’homme a un tel charme, un abord si chaleureux, une « gueule » si aristocratique, qu’il est impossible de lui en vouloir. Il doit d’ailleurs jouer là dessus. Mais il y a des limites à tout et elles viennent d’être franchies cette semaine.
Nicolas Sarkozy est en verve mais fatigué par les vagues de contestation qui déferlent jusqu’aux portes augustes de la place Beauvau. Il nous impressionne et ce qu’il explique à Secrétaire d'Etat Poliakoff reste encore gravé dans mon esprit. « Il faut courir plus vite que les autres et ne jamais ralentir. Si vous tombez, tant pis. Lorsque vous vous relevez vous continuez de courir et vous rattrapez l’avance perdue. »
Par la suite j’ai dû essuyer la honte de bien d’autres manquements. Je me souviens de ce rendez-vous pris un Mardi à deux heures à l’Elysée. Toutes les demi-heures on m’appelait pour savoir ce qu’il devenait. Je finis par demander à Népomucène qui s’occupe de ses déplacements officiels pour quand la voiture était commandée. – Je ne sais pas, il est à Saint Petersbourg en ce moment. – Essayez de le joindre et de lui dire qu’on l’attend d’urgence demain à 14 heures. J’explique au Secrétaire Général de notre pays que le jet de Poliakoff est retenu à Saint Petersbourg pour réparation d’une pièce défectueuse et qu’il peut se rendre au rendez-vous le lendemain à la même heure. Mais le lendemain on attend encore. Je téléphone à Népomucène qui me dit qu’il n’a rien de programmé pour les prochaines semaines. Le pieux mensonge de la révision à Saint Petersbourg est usé. Enfin j’ai pu mettre la main dessus, mais j’avoue que j’ai perdu une bonne partie de ma crédibilité.
COELHO
Ma soeur adore Paulo Cohelo, l'auteur brésilien du best seller L'Alchimiste. Elle le trouve plein de spiritualité, et d'un style très coulant. Elle me signale son derneir ouvrage La solitude du vainqueur qui vient de paraître chez Flammarion et censé décrire sur un mode satirique et accusateur, le panier de crabes qu'est l'univers du Festival de Cannes. On espère trouver des notations aiguës et spirituelles sur les travers du monde factice du show biz et de la mode. Mais ce que l'on trouve, est un interminable polar dans le style sérial killer, où on dépeint un mercenaire soviétique nommé Igor, ses amours, ses nostalgies, ses crimes. Les personnages sont invraisemblables, factices comme des mannequins en papier, et bavards, bavards... Quelle différence avec les huit heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig, qui traite du milieu factice de Monte Carlo, et d'un personnage autrement attachant que Igo. On pourrait intituler ce dernier : La solitude du vaincu.