Monday, 6 July 2009
CHRONIQUE
VILLE D'ITALIE
Il est 7h.40 et le temps est radieux. On croirait presque se trouver dans sur la Méditerrannée, n'était la douceur des nuances : bleu de layette pour la mer calme comme un lac, bleu de tendre atténué par je ne sais quoi de nacré, pour le ciel.
Mon programme est en partie fixé. J'essaierai de nager quelques minutes, afin de me réhabituer, et parvenir à ne pas boire la tasse au bout de deux brasses. Et dire que naguère je parcourais toute la plage de Cannes, d'un port à l'autre, et le plus loin possible des maisons. Mes amis étaient inquiets, pas moi. Je me suis toujours senti une grande amitié pour l'eau salée, une complicité sans laquelle les vers sur l'océan de l'Entretien, n'eussent pas été possible. Comme les légendes grecques et romaines, et les visions de Jean de Patmos, ma sensibilité vient de la mer méditerrannée.
Michel va essayer de faire refonctionner mon téléphone qui semble avoir convenablement séché après son séjour dans l'eau de mer de la piscine. Sinon, il devra se rendre à Menton pour trouver un autre téléphone, compatible avec ma puce. Je n'ai que des problèmes avec mes portables, encore heureux que personne ne m'ait offert un Vertu, ce Nokia de grand luxe réservé aux émirs du golfe et censé être monté à la main par des artisans joalliers anglais.
A quatre heures j'en ai pour une heure de massage, et puis, visite de la vieille ville de San Remo. Bien que je la connaisse de longue date, les choses changent, ne serait-ce que votre regard. J'aimerais bien acheter une ramette de ce merveilleux papier d'Amalfi fait main, afin de peindre des illustrations pour "journal des temps d'innocence". J'ai pris la peine d'emmener avec moi tout mon nécessaire de calligraphe professionnel, à tout hasard.
Lire la seconde partie du journal des temps d'innocence: L'Europe avant la guerre, dans le corps du blog.
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Sunday, 5 July 2009
CHRONIQUE
SUNNYDAYS
Jours ensoleillés. Après le terrible orage d'hier soir, et la touffeur glauque de la journée, ce matin (il est 7h45) un temps superbe a fait son apparition. Le jardin tropical qui s'étend sous mon balcon, étincelle sous le soleil encore clément. Certes, San Remo a un climat beaucoup plus brumeux que Cannes, l'idéal, et le fuligineux Montecarlo, mais sunnydays est plutôt à prendre au sens métaphorique plutôt que météorologique.
La masseuse est venue à 9 heures comme convenu. Elle a découvert des contractures beaucoup plus profondes que les trois que j’avais identifiés et elle les a traité. Pendant qu’elle travaillait, je m’endormis du sommeil profond des anesthésies. A dix heures j’étais complètement groggy et cet état semi comateux se poursuivit pendant le reste de la journée. Mes yeux étaient grands ouverts et fixés sur le néant, mes gestes, ceux d’un somnambule, m’exposaient à toutes sortes de désagréments.
GASTRONOMIE FAMILIALE
La matinée, était splendide et je la consacrai à mon blog sur word, assis à l’abri devant une petite table, sous une pergola dominant la piscine et la mer. Après quoi je dégustai l’excellents cuisine de l’hôtel : rizotto au safran, foie de canard à la moutarde de figue, poisson pêché dans les eaux de San Remo et accompagné de pommes de terre au four à la mode anglaise et pour terminer, un parfait à la framboise. Je me régalai et je montai faire une petite sieste. Il fallut me réveiller à cinq heures. Je me trouvais dans un état de léthargie complète et Michel m’obligea à nager dans les eaux tièdes de la piscine.
CATASTROPHE
A ma grande surprise, je coulais à chaque brasse, comme un débutant. Je finis par faire la grenouille et marchai en nageotant. C’est alors que je m’aperçus que j’avais laissé mon Nokia de luxe dans mon maillot de bain. Je devins comme fou. J’attendais d’importants coups de téléphone et la puce n’enregistrait pas les évènements, les adresses, les sms, etc. Je me serais giflé. On démonta le téléphone, on le sécha à l’air chaud, mais l’écran était empli de buée et l’eau de mer est mortelle pour les circuits électroniques. J’ai un Nokia de rechange à Paris qui ressuscita mystérieusement au bout de deux jours d’inactivité, ridiculisant tous les instruments de mesure qui le donnaient pour mort, mais il s’agissait d’une légère imprégnation d’eau douce.
Demain, Michel se rendra à Menton, en zone française pour essayer d’acheter un petit téléphone compatible avec ma puce.
Du coup, je me trouve bien réveillé et prêt à reprendre le cours du billet là où je l’avais laissé. (Journal d’innocence).
Lire le texte intégral de "journal des temps d'innoncence", première partie dans le corps du blog.
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Saturday, 4 July 2009
CHRONIQUE
JOUR DE MARCHÉ
Ce matin, on se lève tôt pour nous rendre au marché avant que la foule et la chaleur ne l'envahissent. On prévoit d'acheter des parapluies, des cardigans, des sacs de plage, toutes sortes de petits auxiliaires utiles. Il ne faut pas se figurer qu'il n'y a que de la pacotille au marché de San Remo. Certes, les ceintures sont en cuir bien imité, mais c'est du carton recouvert d'une couche de cuir reconstitué, mais on y trouve aussi de la lingerie Made in Italy, de belles écharpes, pas des pashmina trop vues, et des vêtements sportifs de très bonne qualité et d'ailleurs assez chers.
DÉCADENCE
Une formule de Marina, comme je l’ai déjà dit dans un dernier billet est « moins bien que l’année dernière, mieux que l’année prochaine ». Cela devrait l’inciter à faire des provisions, mais non. Elle agit comme si les produits devaient être réassortis l’année prochaine. Logique féminine. Elle avait promis à ses amies des étoles en soie naturelle 100%, elle en trouva, mais elles avaient rapetissé. Le choix était moins important et les pulls de cashmere triple fil made in Italy provenaient de gammes dépareillés. En revanche j’achetai des chaussettes de fil d’écosse, à 15euros les quatre, contre 15 pièce chez Figaret (en solde) et trois chez Intimo. Une des raisons de cette décadence est la chasse forcenée … et justifiée des marques contre les faussaires. Voici une dizaine d’années on trouvait tout le choix de sacs Vuitton, de portefeuilles et de pochettes Hermès, sans compter les foulards, les kellys, les ceintures. Et la fabrication made in Italy était irréprochable, même si elles n’arrivaient pas à la cheville de la réalisation Hermès. Il suffit de voir les coffrets et les mallettes en crocodile orangé comme le nécessaire à pique nique en crocos orangé qu’un couple de japonais qui mirent deux ans pour être livrés. Mais leur joie faisait plaisir à voir.
LE PAON ET LE MIROIR
Au retour j’ai mis, pour mon plaisir, l’ensemble sportif de chez Hermès offert par Oleg, qui m’a habillé de pied en cap dans des tonalités de bleu chiné et de beige. On y trouvait aussi une veste en lin sitôt achetée, sitôt froissée. Il était à peu près impossible d’en détecter la provenance, sauf à faire semblant de fouiller dans une des poches, pour faire ressortir une bande de cuir, seul indice de provenance de Hermès. Par ailleurs je me suis enfin rasé convenablement grâce un rasoir fabriqué totalement au Japon. Je me reconnus plus dans le miroir, j’avais grâce à Tatiana et Oleg, rajeuni de vingt ans ! Après m’être pavané comme un gigolo je m’octroyai un somme bienvenu, car au dehors il faisait lourd et chaud et une légère brume flottait qui blanchissait le ciel et effaçait la ligne d’horizon.
L'ENFER AU RÉVEIL
Je me réveillai avec les douleurs les plus vives que j’aie jamais subi dans toute mon existence, pire que les radiofréquences, pire que ma chute dans le noir, ayant posé, un jour de Noël, pendant une panne de courant, le pied dans le vide. Ce n’est point difficile à imaginer mes amis. Il est un certain nombre d’entre vous qui avez souffert de lumbagos à la colonne vertébrale. Ceux-ci avaient élu leur siège au bas de la colonne vertébrale. D’habitude j’en viens facilement à bout en me massant la zone douloureuse diffuse à la recherche du « point focal » de la douleur, et en tâchant de la circonscrire à un lieu aussi étroit que possible. Sans ménagements il faut alors masser la contracture en essayant de se faire le plus mal que possible. On constate lors que pourvu qu’on continue à presser et à meurtrir l’épicentre de la douleur, on troque la douleur qui s’emparait de tout le bassin, contre un minuscule point très localisé. Tant que vous le maltraitez vous pourrez effectuer sans problèmes tout déplacement. Si vous pouvez attendre d’autres points séparément l’effet est supportable. Vous pouvez ainsi vous déplacer, vous asseoir et surtout marcher. L’effet de ces manipulations est accru si vous disposez d’un séchoir à cheveux.
Dès lors pourquoi les hurlements de bête fauve qui accompagnèrent mon réveil ? Tout simplement parce que pour me masser il me fallait atteindre le dos avec mes doigts. Or pour cela il fallait que je soulève mon bassin, ce qui n’était guère possible. Un malheur ne venant jamais seul, d’affreuses crampes s’emparèrent de mes jambes, tétanies dues au lasilix, un médicament destiné à combattre ma maladie de foie. Or il n’existe que deux moyens pour lutter contre ces contractures abominables qui rendent vos mollets, vos cuisses, vos pieds et vos mains, durs comme des troncs d’arbre ; mais parcourus de mouvements spasmodiques autonomes : 1. L’eau très chaude pendant dix minutes, 2. Vous avez compris que j’étais coincé par ces deux maux contradictoires.
Enfin, au bout d’un temps infini, le robuste Michel vint à la rescousse et me convainquit que je devais m’asseoir, quitte à hurler un bon coup. Il me redressa d’un coup, et après une vive douleur, la douleur s’atténua dès que je pus libérer mon dos pour me masser. En comprimant d’une main l’épicentre le plus bas des contractures, je pus marcher tranquillement, faisant disparaître les crampes.
Le soir je me couchai avec une ceinture lombaire, mais c’était pure bêtise car je ne pouvais ainsi me masser.
Si je vous donne ce luxe de détails, c’est parce qu’il vous arrivera un jour ou l’autre cette affection et qu’on vous prescrira du Nifluryl , et alors, bonjour les brûlures d’estomac !
UN AMI
Je me débarrassai également de mon sentiment d’avoir commis une gaffe en mettant mon ami intime Olaf Olafson en garde contre une personne que nous aimions beaucoup tous deux et que je surpris en flagrant délit d’infidélité et de trahison. Les puissants n’aiment guère qu’on leur ôte leurs illusions, et vous prennent pour un mouchard qui pourra un jour vous dénoncer. Je lui téléphonai pour lui faire part de mon malaise et essayai d’atténuer mes attaques. Mais mon ami avec une grande douceur écarta mes scrupules. Tout cela, me dit-il, était secondaire, ce qui le préoccupait au plus haut point était ma santé ; il m’assura que dès que possible, il me rejoindrait à San Remo.
OMBRES CHINOISES
Je pus ainsi jouir tranquillement de l’excellente cuisine italienne, même si sévèrement limitée par un régime drastique. Le soleil avait percé derrière la chape d’humidité et inondait ma chambre située à l’Ouest. Et voici que d’improviste un des plus violents orages éclata, une étrange lumière jaune envahit le ciel donnant naissance à un double arc-en-ciel sur fond de foudre. Un craquement sec, et tout l’hôtel fut plongé dans le noir, même les lumières de secours avaient cédé. Nous descendîmes à tâtons jusqu’au grand salon hanté par des ombres chinoises de personnages en déroute, pendant que, bravement, le pianiste et la chanteuse continuaient d’officier, scène fellinienne s’il en fût. On libéra les clients enfermés dans la nacelle des ascenseurs et tout redevint normal… jusqu’au deuxième craquement sec. Dans ces entrefaites, la nuit étant tombée la scène devint encore plus paniquante. J’assistai à une panne analogue voici quelques années. Immédiatement le vieux Bertolini avait prévu de placer des torches électriques dans chaque chambre et plein de pittoresques chandeliers à chaque table. Mais voilà. Le fondateur et esprit des lieux c’était éteint cet hiver, et un calcul économique rationnel avait multiplié le coût d’immobilisation d’un capital lumières de secours, par la probabilité d’occurrence d’une panne prolongée, et au terme de savants calculs sur logiciels sophistiqués avait sans doute abouti à un critère de 89,75 % pour la suppression. Le vieux monsieur Bertolini ne connaissait pas l’informatique mais simplement sa clientèle.
CHRONIQUE
LUXE,CALME, ET DISTINCTION
Voici une merveilleuse journée écoulée. Mon lumbago réside en cinq points qui diffusent dans tout le bas de la colonne vertébrale, et la ceinture lombaire ne peut en venir à bout. J’ai appris à trouver l’épicentre des douleurs, et je le manipule sans prendre garde aux brûlures et peines intenses qui en résultent. Je préfère une douleur vive à une douleur sourde. Grâce à ces manipulations ininterrompues, je parviens – avec l’aide de Michel – à mener une vie (presque) normale.
Le temps était ensoleillé et chaud (25°) ce qui n’est rien comparé à Paris (38° me dit-on).
Le matin nous avons retrouvé nos chaises longues près de la piscine, mais muni de mon Apple j’ai préféré m’asseoir à l’ombre, sous un dais dominant la piscine et muni d’une table et d’un fauteuil. En effet, en dépit des proclamations optimistes des fans de l’internet on ne peut y avoir accès partout dans le monde. En ce qui me concerne, tout juste en France, où Bouygues à un réseau. Point ailleurs. Hier Michel me fait une proposition alléchante : si je veux avoir accès à l’internet, c’est simple. Il me conduit de l’autre côté de la frontière, avant Menton !
J'ai préfère me tourner vers l’autre solution : payer ! Encore payer , toujours payer. Il suffisait de me brancher sur le Wi Fi de l’Hôtel, à 7 euros de l’heure. J’achetai le maximum, soit 26 heures, et pour les économiser, j’écrisvis mes billets sur Word, ce que je fais en ce moment. Mais ne croyez pas que cela s’arrêta là. L’ordinateur rejeta le Wi Fi en effectuant toutes sortes de grimaces et de simagrées. Par exemple il me notifia que le mot de passe était correct, que j’avais accès à l’internet et que j’étais le bienvenu. Mais lorsque je tentais d’en profiter, la fenêtre se représentait, le compteur tournant et m’indiquant le nombre de minutes restantes. Enfin, bientôt les images de bienvenue se multiplièrent 120 fois et envahirent l’écran, ne laissant même pas de place à Word. Le préposé au Wi Fi de l’hôtel tenta de faire marcher le bidule. Il abandonna à trois heures du matin. Il me dit que c’était la première fois que ça lui arrivait et qu’il fallait attendre l’expert informaticien qui passerait dans la matinée. Ceci ne m’étonne pas. Chaque fois qu’il y a un pépin, il tombe sur moi. Je les attire, comme le cheval de trait attire les mouches. Enfin, je laissai ce matin à la réception mon ordinateur et j’allai paresser au bord de la piscine. Quand je remontai, à treize heures, le technicien était passé et l’ordinateur fonctionnait – jusqu’à dernier ordre – parfaitement.
Le 2 juillet, je déambulai en fin d’après-midi dans les ruelles pittoresques et j’achetai des chaussures de plage chez « il mago delle scarpe » . Je retrouvai avec plaisir la devanture de « cose di carte », d’où proviennent mes beaux livres blancs en pur papier d’Amalfi, reliés sur mesure en un cuir épais. J’en possède plus d’une douzaine qui n’attendent que ma calligraphie pour prendre vie. Hélas, le laps de temps qui m’est imparti ne me laissera pas le temps de les faire vivre.
Ce soir, pas de promenade. Le ciel était blanc de chaleur réverbérante, habituelle à San Remo. Rien à voir avec le ciel profond et la mer turquoise du var. Mais la dernière fois que je séjournai à Cavallaire, mon motel de luxe était surfait. Ma belle-mère était descendue dans un trois étoiles infesté par les cafards. On m’expliqua que faute de palaces dans la région, aucun fournisseur d’aliments de qualité ne daignait desservir la région, jusqu’à Saint Rafael.
DE L'ARISTOCRATIE DES COMPORTEMENTS
Le soir, grand événement au Royal. Un personnage grand et sombre qui ressemblait à Oleg d’une manière frappante, fêtait l’anniversaire d’un de ses petits garçons. Un dais avait été dressé d’une manière somptueuse, desservi par quatre maître d’hôtel, sommelier et serveurs en gants blancs, une table merveilleusement garnie. Un prestidigitateur avait été convoqué pour les enfants, un plus beau que l’autre, tout blonds et impeccablement tenus. Les femmes étaient splendides, et nous croisâmes l’une d’entre elles, l’épouse du grand homme, qui était d’une beauté et d’une distinction à couper le souffle, pendant qu’elle conduisait deux des petits garçons dans l’aire de jeu, où ils se précipitèrent aussitôt sur les ordinateurs. L’apparition était d’une extraordinaire élégance et elle évoluait avec grâce parmi les estivants, comme si un mur invisible la préservait de toute proximité.
Les hôtes de la fête, étaient d’un silence et d’une distinction aristocratiques. Ils formaient un monde à part, bien loin des bruyants italiens et des braillements insupportables de leur marmaille. Les américains, étaient aussi sans gêne, et ne parlons pas de la vulgarité des émirs du golfe.
Nous apprîmes que le personnage ressemblant à Oleg, était un des hommes les plus puissants en Ukraine, où il contrôlait les télécommunications, la publicité et bien d’autres activités. Il avait fait étape à l’hôtel pour une nuit afin de fêter l’anniversaire d’un de ses fils et qu’il comptait repartir le lendemain à la première heure. L’excellent pianiste de l’hôtel secondé par une valeureuse chanteuse, jouèrent pour eux les plus jolies chansons italiennes de leur répertoire.
La distinction provenait ici des bonnes manières, de la politesse exquise et un peu froide d'une classe sociale. Mais il est des hommes ou des femmes qui ont cette prérogative, comme Marie-Antoinette de Bournay, Le Baron Asbach, ou John Elkann.
CARAVANSERAIL
Les soirées au Royal sont d’un charme indicible. Ma sœur et moi, nous nous installions au bar d’où on voyait aller et venir des personnages de toute sortes, depuis des italiens trapus indécents dans leurs nu-pieds, aux étrangers d’une grande distinction, des jeunes splendides, des vieilles dames et leurs petits enfants, et des excellent danseurs, certains étant des couples d’amoureux éperdus et … septuagénaires ! C'était un vrai théâtre d'ombres.
MAUX DE COEUR ET D'ESTOMAC
Ma journée fut assombrie par ma décision d’informer Olaf Olafsson, de l’attitude troublante d’une personne en qui nous avions tous deux confiance. Je le sentis perturbé, et je me demande si je n’aurai pas mieux fait de tenir ma langue, et de ne pas lui avoir annoncé trop brutalement mes soupçons, que j’ai soigneusement cachés à cette personne qui me fait assidument la cour et à l’affection de laquelle je croyais fermement. De plus les grands personnages n’aiment pas les mouchards ni d’être détrempés. Mais je lui devais la vérité et j’ai procédé comme avec tous mes clients. Cela pèse sur mon estomac davantage que des brûlures dont je souffre en ce moment et que je soigne avec du malox.
Il est deux heures et demie et je vous dis excellente nuit.
Bruno Lussato.
Friday, 3 July 2009
CHRONIQUE
A BON PORT
C’est avec un sentiment indicible de déjà vu heureux que je retrouvai mon cher hôtel Royal. Marina et moi fumes reçus, je l’ai dit, comme les membres d’une famille trop longtemps absente. J’ai bénéficié de la constante et silencieuse aide de Jean Marie, tout heureux de découvrir l’endroit. Je lui ai conseillé avant de repartir à 7h30 pour Paris, de prolonger son séjour de quelques heures afin de découvrir la petite ville de San Remo. Malheureusement en un accès de zèle mal placé Marie-Jo a pris soin de prendre le billet La petite pour me dépanner le premier jour, n’avait ni short, ni teeshirt, ni rien d’utilisable. Ce qui fait que j’ai dû me promener en costume de ville complet veston. En revanche, elle a placé dans la valise 24 heures, 7 paires de chaussures ! Lorsque le lendemain Michel, mon chauffeur, m’apporta toutes les valises, je trouvai les vêtements dans un tel état que je dus les donner à repasser. Mon beau polo jaune était constellé de tâches d’eau de Javel, et tout à l’avenant. rectification [ Ce sont les teinturiers qui ont diagnostiqué l'eau de javel. Mais ce n'était que des marques de dentifrice. Honneurs aus spécialistes !] Je dois me racheter ce qu’elle a oublié. Enfin tout ceci ne suffit pas pour gâcher cette belle journée ensoleillée ou je déambulai dans les rues piétonnières pleines de charme du vieux quartier. On reconnaissait l’Italie par le linge multicolore qui pendait aux fenêtres. Un an écoulé, bien de vieux bâtiments pouilleux et misérables, se révélèrent, une fois ravalés, de délicieux décors d’opérette, où chantaient les bleus pastel, les rose saumon, les vert amande, les jaunes citron, les violets de glycine. D’alléchantes boutiques d’alimentation régionale, des joailleries de pacotille, des cabinets d’architectes, des repaires de fausses antiquités d’Afrique noire, de petits restaurants familiaux, animaient ces ruelles étroites, où on se parlait de fenêtre à fenêtre d’en face. De vieux retraités discutaient avec animation, assis devant les cafés, et on ne faisait pas dix mètres sans être poursuivis par ces noirs enveloppés de boubous pittoresques et chargés de Vuitton si mal imités qu’on hésite de les qualifier de faux. Et que dire des montres que vendaient au rabais ces démarcheurs, ou les joailleries bon marché qui abondaient dans la vieille ville ?
Le corso Matteotti est le faubourg St Honoré de San Remo. On y trouve, plus cher qu’à Paris, dont les magasins vides pratiquent des soldes de 75% , des Cavalli, des Gucci, Pucci, Bulgari, etc. Annamode est le plus beau des magasins, somptueuses salles de marbre blanc, et verre étincelant, vendeuses affairées et débordées, étrangers huppés ou italiennes réservées.
Je revins épuisé et heureux à l’hôtel, ayant acheté des espadrilles et un parapluie portatif.
CHRONIQUE
LA CÔTE SOUS LA PLUIE
CE 1ER JUILLET. NOTES DE VOYAGE
Le départ se fit dans une sorte d’affolement. Les médecins m’interdirent de rester une heure de plus dans la chaleur et dans la pollution parisienne. J’avais donc le choix de me rendre à Deauville puis, lorsque j’aurais récupéré, arriver en retard à San Remo, soit
affronter huit heures de train et me rendre directement à ma destination. Ce que j’ai fait.
Une de mes visions préférées, lorsque je prends le TGV est d’admirer de Saint Raffaël à Cannes, le contraste des roches rouges, de la mer d’un bleu intense sous le ciel pur. C’est aussi de percevoir dans un éclair de pure jalousie les magnifiques villas toutes blanches à colonnades et ornées de balustrades descendant les pieds dans l’eau. Mais une surprise m’attendait : à partir de Saint Rafael, le soleil s’éteignit, la mer, le ciel étaient
D’un gris sombre, bientôt zébré d’un fouet de pluie ininterrompue. Je ne reconnus point le paysage naguère si joyeux. Les roches étaient d’un brun sale, les couleurs fuligineuses,. On supporte une mer d’encre à Deauville, le brouillard et le ciel gris, en sont des attributs naturels, et cela ne dure point, mais sur la côte d’azur, cela produit un effet déprimant, contre nature. Je pensais aux gens qui avaient acheté à prix d’or une bicoque pieds dans l’eau pour retrouver les jeux de pluie une humidité et un brouillard mous pis que ceux des plages du nord.
A partir de Cannes, le temps empira. Les plages naguère animées par des corps heureux étaient désertes. On se serait cru à Maubeuge, où jamais quiconque n’a admiré le moindre crépuscule. La mer était criblée par les rafales de pluie torrentielle, ininterrompue. Ma sœur et moi, regrettâmes Deauville, où le ciel était méditerranéen et la mer de soie grise. En général, là où il fait beau ailleurs, il fait mauvais à Monaco.
Adossée à de hautes falaises qui arrêtent les nuages, emprisonnant la brouillasse entre les gratte-ciels immondes, Monte Carlo autrefois station balnéaire paisible et quelque peu tentatrice par son casino, est devenue le haut lieu de l’argent noir et des margoulins flambeurs. Aujourd’hui, il faisait plus que mauvais. En voyant la ville depuis la crique suivante, elle m’apparut comme une vision de cauchemar. De sinistres cristaux de plomb émergeaient d’une ouate corrompue, sous une bruine fuligineuse. Comment Alexandre Pugachev qui y a vécu une partie de sa vie et qui a un appartement peut-il s’y plaire ?
A partir de Ventimiglia c’est l’Italie qui commence. Les bâtiments sont plus pauvres, pas tous ravalés, on sent que les milliardaires russes et du golfe, ne fréquentent guère la Riviera italienne.
Luigi, le chauffeur est venu nous chercher, ma sœur et Jean-Marie notre « maître d’hôtel » pour nous conduire au Royal. Plus on approchait de notre destination, plus le temps s’arrangeait. Un petit brin de ciel bleu, puis un soleil nous souhaita la bienvenue à San Remo, alors qu’on avait oublié de qu’était un beau temps méditerranéen. Méditerranéen l’accueil qu’on nous réserva à l’hôtel. Tous nous firent la fête, depuis le portier et la réception jusqu’aux femmes de chambre et la gouvernante. Cette dernière, une humble et modeste personne n’est autre que la propre fille et héritière du Signor Bertolini, le fondateur et l’âme de l’hôtel que nous connaissons depuis le lendemain de la guerre, où il tenait un établissement à Courmayeur, qui ne payait pas de mine mais bénéficiait d’un service et d’un cuisine digne des plus grands palaces de l’époque. On pouvait en dire autant du Baur au Lac de Zürich, le plus réputé de la ville, qui ressemble à une pension de famille mais le service unique au monde. Depuis, avec la mondialisation les critères ont bien changé. Les chambres sont ultra modernes et dotées de tout le confort électronique et normalisé. Internet, boutiques de grandes marques, 40 restaurants de spécialités faussement exotiques, des voyages organisés, des activités sportives, de la musculation et le hammam, toujours identiques d’un Four Seasons à l’autre, d’un Hyatt à l’autre, des salles de séminaires, de l’épate pour cadres supérieurs d’une prétention et d’une nullité dépassant celle des émirs. Un cadre pour des cadres. Et du papier, du papier, du papier glacé, des sites internet, des questionnaires interactifs en guis de dialogue avec les consommateurs, … tels sont les prérogatives du luxe en ce début de XXIème siècle.
A San Remo, on essaya de s’adapter. On aménagea le sous-sol en centres de fitness, de massages à la noix, de balnéothérapie et de remise en forme, de gymnastique mécanisée, et autres gadgets, destinés à justifier une croissante augmentation de prix du Royal.
Mais un fantôme circulait, silencieux, veillant à chaque détail, à exiger la célérité dans le service et les petits détails utiles : remise de beaux sacs de plages aux clients, plats de fruits et champagne de bienvenue… Le fantôme était Bertolini, nonagénaire, silhouette haute et maigre, agitée par la maladie de Parkinson, mais combien réconfortante nonobstant son grand âge.
Il est mort cet hiver, Bertolini, les sacs de plages ne sont pas disponibles, ils ont oublié les fruits de bienvenue parce que l’ordinateur disait qu’on n’était pas là. Ce qui n’était pas faut : on n’aurait pas dû être là, on était un jour en avance. Si on se fondait sur le jugement humain, on aurait bien vu que nous étions, mais l’ordinateur eut le dessus.
Enfin, aurait tort de se plaindre. N’était un épouvantable lumbago, et des crampes aux mollets, qui n’ont rien à voir avec mon opération, je puis bénir le Seigneur : pas la moindre réaction à tout ce qu’a subi mon foie, et le moral est toujours au beau fixe surtout depuis qu’Alexandre Pugachev est venu me voir deux soirées de suite à Paris, gêné au début, souriant à la fin en voyant que je ne lui en voulait pas pour ses silences prolongés. J’espère le voir à San Remo pendant un de ces week-ends.
J’appréhende toujours la nuit, cauchemar où les crampes et la lombalgie s’emparent de ma carcasse.
Bonne nuit.
Bruno Lussato
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