CHRONIQUE
A BON PORT
C’est avec un sentiment indicible de déjà vu heureux que je retrouvai mon cher hôtel Royal. Marina et moi fumes reçus, je l’ai dit, comme les membres d’une famille trop longtemps absente. J’ai bénéficié de la constante et silencieuse aide de Jean Marie, tout heureux de découvrir l’endroit. Je lui ai conseillé avant de repartir à 7h30 pour Paris, de prolonger son séjour de quelques heures afin de découvrir la petite ville de San Remo. Malheureusement en un accès de zèle mal placé Marie-Jo a pris soin de prendre le billet La petite pour me dépanner le premier jour, n’avait ni short, ni teeshirt, ni rien d’utilisable. Ce qui fait que j’ai dû me promener en costume de ville complet veston. En revanche, elle a placé dans la valise 24 heures, 7 paires de chaussures ! Lorsque le lendemain Michel, mon chauffeur, m’apporta toutes les valises, je trouvai les vêtements dans un tel état que je dus les donner à repasser. Mon beau polo jaune était constellé de tâches d’eau de Javel, et tout à l’avenant. rectification [ Ce sont les teinturiers qui ont diagnostiqué l'eau de javel. Mais ce n'était que des marques de dentifrice. Honneurs aus spécialistes !] Je dois me racheter ce qu’elle a oublié. Enfin tout ceci ne suffit pas pour gâcher cette belle journée ensoleillée ou je déambulai dans les rues piétonnières pleines de charme du vieux quartier. On reconnaissait l’Italie par le linge multicolore qui pendait aux fenêtres. Un an écoulé, bien de vieux bâtiments pouilleux et misérables, se révélèrent, une fois ravalés, de délicieux décors d’opérette, où chantaient les bleus pastel, les rose saumon, les vert amande, les jaunes citron, les violets de glycine. D’alléchantes boutiques d’alimentation régionale, des joailleries de pacotille, des cabinets d’architectes, des repaires de fausses antiquités d’Afrique noire, de petits restaurants familiaux, animaient ces ruelles étroites, où on se parlait de fenêtre à fenêtre d’en face. De vieux retraités discutaient avec animation, assis devant les cafés, et on ne faisait pas dix mètres sans être poursuivis par ces noirs enveloppés de boubous pittoresques et chargés de Vuitton si mal imités qu’on hésite de les qualifier de faux. Et que dire des montres que vendaient au rabais ces démarcheurs, ou les joailleries bon marché qui abondaient dans la vieille ville ?
Le corso Matteotti est le faubourg St Honoré de San Remo. On y trouve, plus cher qu’à Paris, dont les magasins vides pratiquent des soldes de 75% , des Cavalli, des Gucci, Pucci, Bulgari, etc. Annamode est le plus beau des magasins, somptueuses salles de marbre blanc, et verre étincelant, vendeuses affairées et débordées, étrangers huppés ou italiennes réservées.
Je revins épuisé et heureux à l’hôtel, ayant acheté des espadrilles et un parapluie portatif.