Bouillon de cultureFriday, 24 October 2008Le journal du 24 octobre 2008CHRONIQUE Chronologie rectifiée
Mes chers internautes et amis, je crève de rage. Mon ordinateur a encore fait des siennes. Un bug peut-être? Il a commencé par ne pas vouloir enregistrer mes images numériques.¨Puis, comme j'insistais il m'a effacé toute la journée du 23 octobre qui était particulièrement riche. Malheureusement dès que j'ai lancé un message, je l'oublie instantanément, sans doute pour donner de l'espace à ma mémoire vive. J'ai donc oublié le contenu de mon dernier billet. Seuls les internautes qui l'ont lu s'en souviennent peut-être. En attendant, je reprends la conversation que je viens d'avoir avec Monsieur Burgan qui rectifie la dernière chronologie que je vous ai fourni. Il est particulièrement interessé par la démarche qui consiste à établir la structure interne de l'histoire de la monnaie et les évènements historiques et culturels du temps. Par ailleurs, comme on me l'a conseillé j'ai été au petit musée toujours ouvert au public et qui se trouve au premier étage de la Bibliothèque Nationale de France - Richelieu, adjacent au département de manuscrits.J'ai été impressionné par le désordre de la présentation, hétéroclite et mal documentée. Les monnaies grecques occupaient une vitrine et un dispositif muni d'une loupe coulissait sur des rails. Mais la lumière était réglée de telle façon que l'obscurité empêchait le visiteur de voir l'image faiblement agrandie de la pièce. Aucune monnaie de Syracuse n'était exposée. Il était nécessaire de se faire montrer la pièce recherchée enfouie dans les réserves par les conservateur et experts du département, des monnaies et médailles, parmi les plus riches du monde.
Ci-dessus détail d'une affiche coréenne (calendrier). Les deux décadrachmes ont été fort bien interprétés.
Il reste que la meilleure source d'information est non pas les catalogues de ventes aux enchères, mais les livres comme celui de Jean Babelon, un des plus passionnants, mais hélas épuisé depuis longtemps. cf.ci-dessous.
J'ai pu le consulter grâce à l'obligeance de Monsieur Burgan.
Ci dessous catalogue de la vente du 7 octobre 2003 Françoise Berthelot-Vinchon, expert. Ses illustrations permettent de se faire une idée de l'aspect de certaines pièces (la pièce gauloise reproduite plus bas par exemple).
Il faut se méfier des livres montrant des collections rassemblées par de grandes institutions. Souvent elles achètent des fonds hétéroclites de plusieurs milliers de pièces et d'une qualité très inégale. En voici un exemple.
L'avers de la pièce de l'Alphabank est ébréché. Le revers ne vaut guère mieux.
Ci- dessus, cette pièce légendée : At Syracuse eponymous engravers signed their name on coins for the first time and numismatic art attained its zenith with the renowned decadrachms bearing the signatures of Euainetos and Kimon.
Ci-dessus, le livre luxueusement édité de la collection de l'Alpha Bank. Il faut tempérer le jugement sévère que j'ai émis sur le livre et la collection, par la reconnaissance de pièces particulièrement précieuses que l'on trouve dispersées dans le livre, comme les micropépites d'or dans la toison d'or.
LA PLUS ANCIENNE MONNAIE
Ci dessus sixième de statère, ca 630-600 BC La plus ancienne monnaie connue, au revers deux carrés poinçonnés. Collection Alpha Bank. Ainsi que je l'ai déjà souligné dans les derniers billets sur le système monétaire, le troc fut facilité par un élément intermédiaire ou médiateur X dont la valeur était équivalente à l'objet qu'il remplaçait. L'avantage d'un tel médiateur était la facilité de transport et la divisibilité. L'or et l'electrum ,alliage, au départ naturel d'or et d'argent (d'où sa couleur pâle) constituaient le médiateur idéal, en dépit de leur trop grande valeur qui aboutissait à des pièces trop petites pour être maniables.Les premières pièces virent le jour en Lydie (Mésopotamie) et dans les Cyclades.
L'or, au début (avant 600 AC) se présentait sous forme de micropépites qui au départ étaient engluées dans une peau grasse de moutons plongée dans les rivières riches en alluvions en or. Le Pactole, était connu pour être particulièrement riche en pépites. On brûlait la peau et on récoltait l'or. C'est de là d'ailleurs que vient la légende de la toison d'or. Encore aujourd'hui on trempe de la moquette dans les rivières.
Les lingots d'or portaient au revers la marque du poinçon qui servait à l'authentification, ce qui évitait d'avoir à peser pour dégager une valeur universelle. Le moyen d'échange était de ce fait reconnu.
Ci-dessus Ionie ou Lydie, tiers de statère, ca. 560-545 AC. Collection Alpha Bank.
Ci-dessus, Miletos,Ionie. Statère d'electrum,575 BC. Miletos est est considérée comme une des premières cité antique à produire des monnaies d'electrum. Collection Alpha Bank N°151
Comme on l'a dit plus haut, c'est en Mésopotamie que naquirent les premières monnaies (Lydie) mais aussi à Pharos dont les pièces de petit format ne sont guère esthétiques. Seule la fonction principale d'utilité U est retenue. La pièce nait de la frappe manuelle. L'enclume plus solide donne l'avers de la pièce (face),le marteau actionné manuellement, est moins dur, plus déformé. C'est le revers (pile). Une exception est le décadrachme d'Arethuse (Kimon, Euainetos) où c'est le chariot qui se trouve sur l'enclume, la tête sur le marteau.
Crésus introduisit le bimetallisme,le même poinçon servant à la fois pour l'or ou pour l'argent.
Ci-dessus, Crésus Lydie, Statère d'argent, 560-545 BC. Au revers deux empreintes carrées. La collection comprend également le même modèle en or, mais très usé. Collection Alpha Bank
C'est vers 500 BC qu'apparaissent les monnaies imagées des deux côtés. Un exemple typique est la chouette d'Athènes à l'avers, le métal étant rabattu dans le revers.
Ci-dessus : athènes, tetradrachme en argent, ca. 450 BC Star groupe IV-V. Provenance Spink 1994. Vente du 21 octobre,Zürich, N° 76. EST. 10 000 FS.
LE ZÉNITH Chaque ville avait son animal symbolique, chouette, poulain, tortue, petite chienne etc... Ce fut la chouette athénienne qui devint la plus répandue et la plus appréciée, reflet de la suprématie culturelle de la ville. Ce fut le commencement de l'époque classique hellenistique qui connut son apogée absolue à Syracuse. Le premier de ses chefs d'oeuvre fut le Demareteion monnaie remplissant les fonctions U (valeur d'échange), E (beauté), politique (commémoration de la victoire sur les carthagénois).
Ci-dessus le très rare Demareteion, décadrachme célébrant la victoire d'Himère sur les Carthaginois, emportée en 480 BC. Provenance: British Museum, un excellent exemplaire se trouve à la BNF, cabinet des médailles.
Ce fut le premier des décadrachmes commémoratifs, dont les plus célèbres furent ceux de Kimon et de Euainetos. Le peuple à l'esprit agile les apprécia à leur juste valeur et leur génie ne fut jamais remis en question. Génie car en dépit de la pureté des lignes et les qualités de l'exécution, ces effigies sont expressives, les chariots portent la trace tragique de la bataille (la roue déjantée) et toutes les qualités de la culture hellénistique y sont condensées.
Ci-dessus un témoignage de l'art consommé des artistes grecs. C'est un tétradrachme de Clazomène, au type d'Apollon. (380 BC). La figure représentée de face est un tour de force d'expression. Source : Babelon, cabinet des médailles B.N.F.
Les artistes prirent l'habitude d'exprimer leur individualité et de signer leur oeuvre. L'esprit de novation était déterminant pour la réputation de ces artistes. Les deux principaux furent Kimon et Euainetos, célèbres pour leurs décadrachmes. Euainetos est le plus apprécié, seul Jenkins préfère Kimon pour son harmonie et sa subtilité. Les deux artistes représentèrent pour la première fois les chevaux tirant les chariots, non plus sagement alignés, mais en mouvement, introduisant de surcroît un effet de perspective. Ainsi se trouvaient réunies plusieurs échelles de valeur : H pour le plaisir donné par la sensation du poids de la pièce qui demandait à être caressée, U, pour sa valeur intrinsèque en argent qui la rendait propice aux échanges (il s'agissait de monnaies, pas de médailles), E, qui s'exprimait par la splendeur plastique de ces petits monuments, L, la cohérence et l'intégration très poussée des détails dans l'ensemble, D, par la volonté clairement affirmée de faire toujours mieux et de ne pas se contenter de copier. La fusion de ces caractéristiques était typique d'une civilisation raffinée que l'on ne retrouvera plus dans le monde occidental. Car il fallait des amateurs pour susciter la demande de ces chefs d'oeuvre.
Ci-dessus. Royaume de Macédoine. Un tetradrachme de Philippe II (359-336 BC). Vente du 21 octobre 2008, Zürich. Est 10 000 FS. La Macédoine était la région la plus riche du monde grec et un bastion contre les barbares du Nord. Elle donna naissance à une dynastie dont le premier membre important fut Philippe II. Plutarque raconte que le jour de la victoire sur les Illyriens il reçut trois bonnes nouvelles : il venait de gagner la bataille, il devenait champion olympique, il donna naissance à un garçon qui devait devenir leplus grand roi de l'antiquité. Ci-dessus on le voit à cheval en vainqueur. Les monnaies de Philippe II, très répandues fixèrent un nouveau standard de qualité et de raffinement.
Ci-dessus, Alexandre le Grand, 336-323.Statère Vente du 21 octobre, Zürich. FS 300
Ci-dessus : la carte de l'empire d'Alexandre le Grand. Les pièces émises par Alexandre, et même après sa mort, étaient le dollar de l'époque. Mais l'empire se divisa pendant des luttes intestines. On fit appel aux Gaulois pour emplir le manque de soldats, et ces derniers s'infiltrèrent, de même que les Celtes partout et finirent par envahir et dominer leurs prédécesseurs. Pendant ce temps, l'Italie du Sud, 200 BC redécouvrait la monnaie, produisant des lingots de métal coulé, frappé d'une tête de Janus. Les lingots étaient divisés en plusieurs pièces. Ainsi naquit sous la République le denier en argent. Cette période (150 à 41 BC) donna naissance à des deniers en argent. La capture de Vercingétorix dont le visage fut représenté dans des monnaies fut suivie par la longue suite des empereurs romains. Pour la première fois un homme (César) était représenté dans une pîèce. Le premier empereur à inaugurer la série fut Auguste. L'Empire se solda par la chute de l'empire romain d'occident.
Pendant que le monde grec et ses colonies évoluaient vers plus de beauté et de raffinement, Les envahisseurs barbares suivaient leur propre culture, tournée vers l'utilité mais dont les codes esthétiques, loin d'être inexistants, se développèrent loin des modèles grecs. C'étaient les Gaulois et accessoirement les Celtes d'Angleterre, d'Allemagne et d'Espagne.
LES CELTES
Ci-dessus une carte du monde celtique qui comprend la Gaule,mais omet l'Espagne.
On décrit souvent les Gaulois, partie du monde celtique, comme des barbares, mais on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. Ils s'infiltrèrent partout, dans l'empire d'Alexandre de grand, miné par des guerres intestines. Les Celtes de l'est envahirent le monde hellénistique. Les bataillons décimés des grecs, pallièrent leur manque de soldats en important les mercenaires grecs. Bientôt ceux-ci pillèrent l'empire,semant la terreur comme à Delphes, le plus grand "hold-up" de l'antiquité.
En Gaule, l'influence du système monétaire se manifesta relativement tard (200 à 150 BC). Auparavant la richesse se manifestait par des bijoux, des haches (les "celts", des chaines en or. La Gaule était en effet bien pourvue en mines d'or et d'argent. Lorsque les premières monnaies furent frappées, elles suivirent leur propre style très caractéristique et fort peu apprécié par les numismates jusqu'à un temps relativement récent.
Ci-dessus un statère en or provenant des des Atrebates de Grande Bretagne (55 - 45 BC). On remarque la dissociation du chariot en ses éléments essentiels.
Ci dessus, un statère en or de Philippe II. Ca. 325-317 BC. Collection Alpha Bank.
Ci-dessus, avers de la pièce précédente. La déformation est encore plus marquée et on a du mal à distinguer la tête d'Apollon.
Ci-dessus, l'avers de la pièce de Philippe II.
Jusque récemment, les numismates couvrirent les monnaies gauloises de leur mépris les estimant indignes de prendre place dans leurs cabinet. Aujourd'hui elles sont plutôt appréciées mais pour de mauvaises raisons. On loue le fruit d'une imagination débridée, lorsqu'on parlait jadis d'images dégénérées. Babelon attribue ces figures etranges où le végétal se mêle à l'animal, où un trait s'amplifie et constitue des séries crées par un artisan absurde et génial.
Un tel jugement dénote une ignorance iconographique étonnante chez les amateurs de monnaies désespérément conventionnels, doublée d'une répulsion tout à fait classique pour tout ce qui est excessif et détaché de la ressemblance avec le réel. Point n'est besoin d'invoquer les "géantes" de Picasso. Les manuscrits à peinture du VIIIème siècle, destinés à cathéchiser l'Irlande et les autres pays barbares présentent les mêmes déformations fantastiques. Il suffit de penser aux fameux manuscrits de missonnaires : les livres de Kells ou de Lindisfarne, par exemple.
Ci-dessus : l'évangile selon St Luc, cathédrale de Lichfield,, MS1 second quart du VIII siècle.
L'ITALIE DU SUD -450 BC.
Parallèlement au développement celte et aux colonies grecques, l'Italie se développait, un siècle, en retard il est vrai. On se reportera avec fruit à l'ouvrage paru en 1973 à Hambourg
LA RÉPUBLIQUE
La loi des douze tables met fin au troc. (Plus d'un siecle après la mésopotamie et les Cyclades) Le facteur X consiste en de lourdes monnaies fondues portant les empreintes de Janus bifrons, de Minerve, dHercule, de Bellone. L'as correspond à la livre romaine d'un poids de 327,45 g .
Ci-dessus un Aes Signatum, 280/270 BC.
Ci-dessus, un ES SIgnatum, 280/270 BC
Ci-dessus l'art du portrait. Un aureus ca. 41/40 BC Domitius. Au dessous un aureus de 40/41 de Sextus Pompeius Magnus Pius.
Au tout début dela République, les pièces étaient des lingots rudimentaires coulés en bronze, ornées de représentations d'animaux, ou alors, d'imitations de pièces romaines. Seul le bronze était utilisé.
Par la suite, au contact des civilisations héllénisées, l'argent, puis l'or firent leur introduction. (aureus). Commencèrent alors les monnaies de la république qui furent suivies par la longue suite de portraits d'empereurs jusqu'à la chute de l'empire romain en 400 AC remplacé par Byzance.
En fait les pièces romaines, dont une majorité en bronze, commencent par exalter la personnalité des notables et des chefs d'armée tels que Jules César, Marc Antoine ou Pompée.
Ci-dessus : Aureus 46 AC, Rome. Jules César, 8,12 g. CGF N°342. 5500€
Ci-dessus. Denier, Auguste. Gaule, 3,90 g d'argent. 15 AC. CGF N°355. 110/1400€
Ci =-dessus : deux portrais d'Auguste, le premier un denar de 29/28 BC, le second un aureus de 19/15 BC
Ci-dessus : vérité psychologique et beauté d'exécution. en haut à gauche, Vespasien, 77/78 ac. en haut G, Julia Titi ,Aureus 81/90; enbas à gauche , Domitien, aureus, 81/90.
Mais c'est à partir d'Auguste que se développe le style romain: les avers portent des portraits d'une extrème vérité psychologique et d'une beauté d'exécution presque aussi parfaite que les monnaies grecques,mais sans leur charge symbolique et la transcendance de leur exécution
Néanmoins, il n'y a pas si longtemps que ce furent les romaines qui eurent la faveur des numismates, sans doute parce que leur suite bien ordonnée, comme des séries de timbres, se prêtaient bien au besoin des collectionneurs de remplir des trous. Mais surtout parce qu'elles sont les rares portraits que l'on aie de chaque empereur. Portraits particulièrement fiables et n'hésitant pas à refleter dans leurs effigies les vices de leur modèle ! Caligula : le type même de la sale "gueule". Denier d'argent frappé à Lyon en 37 AC à Lyon. Vente Vinchon 2003 5200/5500€
Titus, fils de Vespasien. Rome 75. Aureus. Vinchon vente du 7 octobre 2003. 8200/8400 € , gras, veule et jouisseuravec un regard cruel et rursé, vautil mieux que le sec Caligula, aux traites aigus?
Celui-ci vaut-il mieux? Jean Grolier, dont le Zantani qu'il fit somptueusement relier, présente des collections de planches sur les monnaies romaines.
ZANTANI, Antonio. " Les images avec tous les revers trouvés et les vies de empereurs tirées des médailles et des histoires de anciens. Parme, Enea Vico 1548. 70 planches gravées sur cuivre par Enea Vico. Reliure de Estienne Gommard pour Jean Grolier dont la passion était la numismatique. Thomas-Scheler, Sept 2008, 450000 €
Ci-dessus : Diva Faustina, jumelle de Antonin le pieux. Sesterce en bronze. 141/161.AC. Les monnaies en bronze sont beaucoup plus recherchées que celles en or à cause de la beauté de la patine, dont la qualité joue un rôle déterminant. Ainsi Jean Grolier collectionna uniquement des pièces romaines en négligeant les pièces grecques et - bien entendu -barbares.
Ci-dessus : Cet aureus de Postumus ca.265 AV, montre la virtuosité atteinte par les graveurs romains. Par la suite, avec l'effritement et la décadence de l'empire romain, la qualité baissera sensiblement.
Ci-dessus : Anastase,Constantinople.Solidus de 491/518 AC. Comparez avec laîèce de Postumus. La décadence se lit également sur les monnaies.
BYZANCE
Byzance remplaça l'empire d'occident et adopta des modèles inspirés par l'iconographie "orthodoxe" des icones. Pendant ce temps les monnaies d'occident suivirent, on l'a vu plus haut, l'iconographie que l'on devait rencontrer dans les grands manuscrits à peinture tels que les Livres de Kells et Lindisfarne.
Ci-dessus , Codex Aureus échangé contre une rançon d'or à des scandinaves. Milieu du VIII siècle.Sockholm, Kungliga Biblioteket. Comme toute l'iconographie Byzantine les images sont stéréotypées et il ne reste rien d'expressif dans les personnages figés et hératiques qui rappèlent les icônes, qui se répandront en Russie. Le but est de répandre la domination de l'Eglise chrétienne dans les populations menacées par les barbares (c'est une lutte contre l'immigration) dont les conséquences sont l'exaltation de la violence et de la domination de l'adversaire vaincu (répression). La représentation des armes est dominante et apparaît largement dans les monnaies byzantines. On la trouvait déjà à la fin de l'empire
Ci dessus, Solidus de Ravenne, 408-423 AC, 4,46g. Flavius Honorius. L'empire est désintégré. Cette violence se reproduira dans les monnaies byzantines. CGF #1112 Oct. 2008. Est. 700/1200 €
LES DÉBRIS DE L'EMPIRE ROMAIN Les romains furent chassés par les francs. Les peuples barbares imitèrent les pièces romaines avant de développer leur propre style. Les carolingiens, succédèrent aux mérovingiens, puis aux monnaies féodales chaque seigneur, des ecclesiastiques, frappant monnaie. (ca. 900-1200 AC). Commença alors une longue suite de monnaies royales, partant de Louis Capet en 980 AC dont les pièces étaient en argent, et les Valois (1300 AC) qui introduisirent de grandes pièces d'or.
On peut schématiser comme suit la séquence chronologique telle qu'elle se présente en France. Les séquences des autres pays exigent un billet à part.
Continuer à lire "Le journal du 24 octobre 2008" Wednesday, 22 October 2008Le journal du 22 octobre 2008CHRONIQUE Rectifications chronologiques
En parlant avec Claude Burgan au sujet du premier achat de la nouvelle fondation, j'eus l'occasion de rectifier toute la chronologie de l'évolution des signes monétaires.
Tout d'abord, les résultats de la vente du 21 octobre. Pendant ma conversation elle était encore en cours. Ub record fut le tetradrachme de Rhegium, (450 - 445 BC) très rare et le plus bel exemplaire connu, pratiquement fleur de coin. Evalué au prix considérable de 90 000 FS, il atteignit dans la salle 360 000 FS.
Mon exemplaire évalué 60 000 FS partit au prix fixé : 65 000 € tous frais compris. Certes il en existe d'autres dans le commerce, ce n'est pas une pièce rare, mais elle est difficile à trouver dans cet état de conservation. Il y a mieux sans doute (fdc) mais hors de portée et à des prix beaucoup plus élevés, déments même, dirait un des collectionneurs rencontré au salon. Il est vrai qu'il ne s'agit que de rumeurs fantaisistes.
La légende du catalogue signale très rare et magnifique spécimen de cette monnaie convoitée. Frappée dans un flanc exceptionnellement large et inusuellemebt complète avec une teinte irisée très séduisante. Quelques rayures à l'avers (chariot) autrement bon très beau. Prov. Giessener Münzhandlung.
Cette pièce est liée à des souvenirs très précis. Je la découvris pour la première fois dans le magnifique catalogue de la vente Peyrefitte, voici plus de 12 ans. J'avais conseillé à mon fils de l'acheter pour 15 000 €, le prix de l'époque, tant la beauté de ce bas-relief miniature m'avait frappé. A ce moment on connaissait très mal les monnaies grecques, les romaines avaient la primeur. Mais la beauté du catalogue, inusuelle pour la numismatique, et la personnalité du collectionneur, donnèrent un retentissement à cette pièce qui partit pour 340 000 francs. Les spéculateurs et les banques centrales l'acquérirent l'année d'après pour un million faisant fuir les numismates au profit des fonds de placement. On nageait alors en pleine inflation La valeur des monnaies de collection s'effondra durablement et ce n'est qu'en ce moment qu'elle reprend sa place. Les numismates passionnés sont de retour ainsi qu'on le voit par l'assistance très nombreuse qui hante les salles de vente. Par dessus le marché c'est la première fois qu'une vente de grand prestige est exclusivement consacrée aux pièces grecques. Enfin ma passion est assouvie après de longues décénnies d'attente.
Saturday, 18 October 2008Le journal du 18 octobre 2008CHRONIQUE Faut-il s'y connaître?
Ce qui compte c'est la qualité, pas la quantité. Bien que les statistiques montrent des fréquentations plus qu'encourageantes, il y a très peu de commentaires. Il est vrai que moi-même je ne saurais comment m'y prendre. Mais un des internautes , Ben, a émis une réflexion qui m'a fait avancer.
"Montrer des specimens habilement choisis selon un parcours pédagogique, comme la présentation des monnaires de différentes époques peut être révélatrice d'une tendance générale? - Je serais partisan de cette orientation. Parvenir à percevoir des similarités entre des époques, des cultures et des objets différents est à mon sens plus intéressant et enrichissant. Cela correspond aussi beaucoup plus à votre manière d'aborder les choses, qui est de dégager des tendances de long terme, d'adopter une réflexion systémique. Amicalement, Ben le 17/10/2008 à 12:21"
De ce point de vue, l'étude des faux est très instructive. Ma longue carrière de "connoisseur" m'a appris à me méfier des conservateurs de musée, des marchands (souvent plus compétents pour les plus réputés), des "bonnes affaires", et des provenances douteuses pour les oeuvres modernes. Pour les oeuvres modernes, la provenance suffit à condition que la pièce ait passé par quelques collectionneurs illustres.
Le plus étonnant des cas fut certainement celui d'un Léger de 1913 que j'achetai à un excellent courtier Mme Stassart, spécialiste des oeuvres du plus haut niveau comme Vertu Noire de Matta. Le tableau avait la provenance la plus sûre qui soit, passé entre les mains de Claude Bernard, De Heinz Bergruen et surtout de la Galerie Louis Leiris représentant officiel de Picasso et de Léger. Le tableau avait été exposé au Guggenheim, avait été analysé par des érudits, et eu l'honneur d'une affiche et d'un catalogue préfacé par Cooper, le célèbre expert. Ma soeur ne l'aimait pas. Elle trouvait qu'il ne "fonctionnait pas", il manquait de vie... Je l'analysai : il était admirablement construit, d'une grande délicatesse de nuances, rare chez Leger. (et pour cause!) Ma soeur finit par me persuader de mettre en vente le tableau chez Sotheby, qui nous apprit qu'il provenait d'un lot de faux fourgués à Kahnweiler, le propriétaire de la Galerie Louise Leiris. On écrivit au préfacier du catalogue, l'arbitre ultime, Cooper, qui répondit à l'encre rouge (qu'il utilisait pour les mauvaises nouvelles) que c'était un faux. - Mais vous avez préfacé le catalogue ! - Oui, mais sans voir ce qu'il contenait !
Légalement, je ne pouvais me retourner que contre le dernier vendeur qui à son tour devait se faire dédommager par l'avant dernier et ainsi de suite jusqu'à Louise Leiris. Mais cette dame avait disparu dans la nature. Je consultai Louise Leiris. "En effet dit-elle, nous avons eu la malchance de tomber sur un lot de faux, mais heureusement c'est un cas unique!- Elle croisa les doigts pour conjurer le mauvais sort. " Mais vous devez me le remplacer ! - Oui, dit la dame, je vous rembourserai le prix que je l'ai vendu voici quinze ans. " C'est à dire une fraction de sa valeur actuelle.
Légalement elle avait raison, mais non moralement. Donnez-moi l'équivalent de cette époque en admettant que j'aie acheté un authentique. Je ne suis pas responsable de vos erreurs. - Elle me présenta des fonds de tiroir inacceptables. En fin de compte j'eus la chance de mon côté. On fêtait le centenaire de Kahnweiler, et j'écrivis un article sur Valeurs actuelles sur les faux, ou figurait le tampon de la Galerie et sa signature. Cela faisait désordre et grâce à un honnête courtier, M.Heim, j'obtins contre le retrait de l'article un grand dessin de Juan Gris qu'il me revendit aussitôt. Le Léger fut détruit et mes illusions aussi.
Plus tard je tombai sur des faux Wang Uyan C'hi et Chen Jo, trop beaux pour être honnêtes et qui finirent dans un prestigieux musée français, après avoir été rejetés par le De Young Museum de San Francisco alerté par mes soins. J'eus également une ciste étrusque qui avait subi les tests les plus poussés sur la composition du métal. Le grand expert n'était autre que le père de mon honorable assistant de l'époque, Bruno France Lanord. Mais tout simplement les échantillons prélevés étaient lacunaires, et une contre-expertise montra la présence d'aluminium dans l'alliage, ce qui est bizarre pour une pièce de la plus haute antiquité!
Il faut savoir que seuls 27% des peintures chinoises des musées occidentaux sont authentiques. Le contre-exemple qui ne nous rassure guère et que les experts ont qualifié de faux, des pièces authentiques comme le modèle en stuc du David de Michel-Ange. La plupart des erreurs provient de l'ignorance pratique, de la paresse, mais surtout des idées préconçues confortant les préjugés des experts. Ainsi les faux Vermeer de Meegeren ont été défendus par des érudits à qui ils apportaient la preuve dont ils avaient besoin. Il y a aussi des experts transcendants qui connaissent seuls à fond un domaine, comme Jacques Kerchache que j'eus la chance de fréquenter. Il dépasse de loin tous ses collègues et il lui est facile de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Après tout, ceux qui acceptent un faux, le méritent, disent les chinois et ils ont raison. Il est des gens qu'on a plaisir à duper!
Mais la notion de faux touche bien des domaines. Un exemple est l'interprétation musicale. Le premier mouvement de la Sonate dite "au clair de lune" Op.27 N°2 de Beethoven Quasi una fantasia, est une pièce à deux temps appartenant au genre funèbre. A la suite d'une inspiration marketing de l'éditeur, elle devint une musique si, basses trop présentes (glas funèbre) , triolets décrivant le clapotis des vagues, remis à leur place discrète d'accompagnement. Tous se rangèrent, même parmi les plus grands comme Kempff ou Backhaus à cette routine stupide. Mais ce soir j'eus la chance d'entendre un disque pirate de Backhaus, pris sur le vif, à son insu lors d'un concert en Amérique. Il joua l'oeuvre comme il se doit, et cela faisait frissonner de terreur et d'angoisse.(Carnegie Hall, 11 Avril 1956)
Il est rare qu'on puisse être connaisseur dans des domaines trop larges, à moins d'être un Horowitz ou un Cortot. Moi-même j'ai appris à déceler et à évaluer Klee et Schwitters, Mozart et Wagner, des oeuvres pointues comme les "Goldberg" de Bach, les sonates de Beethoven, un peu la numismatique et les instruments d'écriture. Mais dès que je m'écarte de ce domaine mes certitudes vacillent.
L'idéal serait d'être multispécialiste. Chaque musicien et chaque peintre de génie constituent leur propre langage, et chaque oeuvre majeure parle un dialecte particulier. De même qu'apprendre plusieurs langues donne une pratique de l'apprentissage des langues, de même approfondir plusieurs morceaux pointus et bien les apprendre fait qu'à la longue vous développez une sensibilité presque universelle. Il faut beaucoup voir et écouter longtemps la même oeuvre, beaucoup parler avec des sachants et éviter d'écouter les ignorants et les snobs, fréquenter les boutiques des musées et acheter quelques bons livres, c'est la recette pour progresser. A ce propos je conseille à des débutants, plutôt d'acheter d'encombrants coffrets "tout Mozart" ou "intégrale Bach" de se contenter de quelques disques bien choisis et les écouter des dizaines de fois. Mais surtout gardez vous de privilegier le côté ludique. Les grandes oeuvres demandent du respect, de la gravité, de l'empathie. Ce que vous perdrez en plaisir frivole, vous le regagnerez en joie inaltérable. C'est la différence qui fait la culture et qui est gage de développement.
Autrefois, j'ai écrit des livres sur les dimensions qui qualifient l'oeuvre d'art : l'intérêt du contenu, la perfection de la forme, la novation. Je me serais fait metrtre au ban par le héros du Cercle des poètes disparus, le film-culte qui a pour devise Carpe Diem.
Bruno Lussato
Ci-dessus : Grieg, Holberg suite Op.40, 1884, version originale pour piano par Helge Antoni.
Le thème principal du premier mouvement, dans la version pour orchestre, je l'écoutais tous les jours. Il servait d'indicatif à France Musique, si je ne me trompe. Il finit par m'obséder, d'autant plus que nul ne pouvait me dire sa provenance. Lorsque Helge Antoni joua l'oeuvre en mon centre des Capucins, je fus transporté. Des tas d'images m'envahirent. J'imaginai de romantiques et cruelles Idylles, sentiments, danses folkloriques, fausse gaîté teintée de nostalgie, déceptions amoureuses, sensualités, un monde que Lars Hall m'avait fait entrevoir en me décrivant les villages fleuris de roses de l'île de Gotland. Toute cette magie disparut lorsque j'entendis la version pour orchestre, plate et banale. J'ai entendu ce disque des dizaines de fois et il n'a jamais perdu son parfum mystérieux et cette évocation d'un passé qui n'a peut-être jamais existé. Est-ce de la grande musique? Sans doute pas. Ce pastiche était méprisé par le compositeur qui parlait à son sujet de perruques. Et il existe peut-être un charme spécial lié à ces évocations du temps passé, ces imitations originales en dépit de toute intension. Richard Strauss a su admirablement exploiter ce régistre.
Tout cela pour vous dire l'importance du facteur personnel, des résonances mystérieuses de certaines mélodies comme Guantanamera, ou de belles chansons sentimentales.
Thursday, 16 October 2008Le journal du 16 octobre 2008CHRONIQUE Une visite quai Branly Une remise en cause de la deuxième fondation
Deux belles expositions se tiennent au Musée des Arts Premiers. La première donne à voir les oeuvres esquimeau chères à Flack et qui constituerait peut-être un département de la première fondation à Uccle. Présentant une multitude de statuettes de 2 cm à 10 cm, elle tomberait aussi dans le plan d'acquisition de la seconde fondation dédiée au minuscule. Mais j'ai été impressionné par les pièces, venues du monde entier. Quelques pièces majeures admirablement présentées dans des niches de telle sorte qu'elles paraissent suspendues dans la lumière blanche. Puis des centaines de vitrines montrent des milliers de petites pièces qui pullulent comme des moustiques. Les spectateurs circulent parmi les boites vitrées, un peu ahuris.
La seconde exposition présente l'esprit Mingei au Japon. Soetzu Yanagi, l,e héros de l'expo. ressemble à Jean Grolier dans la mesure où il n'a rien créé lui-même, mais il a découvert des artisans admirables, sélectionnés dans les provinces les plus reculées, afin de constituer un musée des arts populaires, selon les lignes de forces qu'il a définies dès 1920 : privilégier la beauté toute simple et naïve des objets ordinaires sur un fond de pensée bouddhiste. A l'instar sans doute de Jean Grolier, il est convaincu qu' "un bon collectionneur est un second créateur" et il est entouré par un cercle d'artisans, d'artistes et d'intellectuels. L'exposition, qui plonge dans le passé se prolonge par des créateurs contemporains pour qui le désign est la forme moderne de l'esprit Mingei.
J'avoue qu'autant j'ai été impressionné par les poteries pleines d'esprit du passé, autant le désign et les meubles modernes me semblent tout à fait dénués d'intérêt. On a trop vu de ces formes froides, faussement imaginatives, d'une sobriété calculée pour l'effet, et affreusement inconfortables. Il y manque particulièrement la simplicité, l'authenticité, et ce sens de la matière tactile et rugueuse qui caractérise la main de l'artisan. Elles sont certes bien accordées au monde des gratte ciels, et à la dépersonnalisation occidentale. Mais cela me semble déjà terriblement démodées, comme les meubles de Jacques Tati dans les vacances de monsieur Hulot.
Nouvel émerveillement devant la magnifique collection d'art premier du musée. On est confondus par tant de richesses. Ma soeur et moi nous nous sommes interéssés à la Nouvelle Calédonie et les Iles Salomon (qui ont servi d'inspiration à Nolde, exposé non loin de là, au Grand Palais). On nous proposait pour la grande fondation une impressionnante série de 25 boucliers et pièces issus de la même provenance. Elle tenait le coup avec les pièces du musée, mais à condition de ne constituer qu'une vitrine parmi tant d'autres. Ci-dessous vous découvrirez deux chambranles de porte caractéristiques du style de la collection B*** de vingt-cinq boucliers.
Continuer à lire "Le journal du 16 octobre 2008" Wednesday, 15 October 2008Le journal du 15 octobre 2008CHRONIQUE Une journée bien remplie
Après l'effort de formalisation du billet précédent qui m'a épuisé par sa concision et par son sujet propre à nous plonger dans la dépression, j'ai envie de partager avec vous des moments de pure joie.
Ci-dessus à l'entracte du concert Prokofiev salle Pleyel : Valery Gergiev, Henri Dutilleux, Bruno Lussato.
Je devais diner avec un de mes anciens élèves, qui est devenu quelqu'un dans l'ex-yougoslavie, et doté d'un sens de l'humain et d'une élévation spirituelle hors du commun, quand j'ai reçu un coup de téléphone pressant de la part du plus grand de nos chefs d'orchestre, Valery Gergiev, directeur du célèbre London Symphony Orchestra, et ardent propagateur du Marinsky, l'illustre opéra de Saint Petersbourg. Il donnait salle Pleyel deux concerts Prokofiev. J'avais décliné pour cause de santé le premier, mais il tenait absolument à m'avoir au second car le grand compositeur Henri Dutilleux avat tenu à lui rendre visite. Le tandem Gergiev - Dutilleux se révéla un succès étonnant, et le maestro russe exécuta de nombreuses oeuvres du compositeur. français. Or il se trouve que j'ai eu l'honneur d'emmener le compositeur à l'hôtel de Gergiev, rue St. Louis en l'île. Je croyais à l'entente des deux grands hommes. Mon intuition se révéla exacte et c'est aussi pour la commemorer que je fus invité au concert Salle Pleyel.
La composition du programme mérite quelques commentaires. On donna dans l'ordre la deuxième symphonie, le concerto de violon, et après l'entre-acte, la Septième Symphonie.
La Deuxième Symphonie op.40, 1925 en ré mineur op.19 aux puissantes dissonances fut composée au moment où Nolde revenait des Iles Salomon. Même sens de la couleur, même rugosité,
Gergiev l'exécuta avec un sens du rythme, et une puissance meurtrière terrifiants. J'eus beaucoup de mal à d'y déceler quelques lambeaux de mélodies qui m'eussent donné l'envie de la réentendre. Je jetai un regard en coin inquiet à mon ami qui n'avait jamais assisté à un concert et que j'avais emmené avec moi à tout hasard. Je craignais qu'il ne soit agacé par ce pandémonium. Loin de làIl était sidéré, transporté, comme galvanisé par tout : la puissance, le rythme implacable de la gestuelle de Gergiev, le son de l'orchestre. Il venait de découvrir la musique classique in vivo, non congelée dans le numérique ni réduite en bouillie par le téléchargement. L'ambiance solennelle de la salle, le maintien recueilli de l'assistance, l'interdiction d'émettre le moindre son, la moindre toux, l'habit de cérémonie des musiciens interprétés comme un signe de respect envers l'oeuvre et le public, il n'avait pas imaginé que tout cela puisse exister.
La structure de la symphonie est d'une rigueur et d'une puissance presque Beethoveniennes: même plan en deux parties la dernière étant un thème et variations rappelant l'Op. 109.
Concerto pour violon N°1 en ré majeur op.19, 1919, première à Paris en 1923. La facture romantique et trop simple fut sévèrement jugée par les personnalités présentes : Picasso, Pavlova, Arthur Rubinstein etc...Cette oeuvre met en lumière le sens mélodique et le penchant au classicisme de Prokofiev. Il aimait les pièces claires, sans trop d'innovation et destinées à durer. On se doute que le grand public d'aujourd'hui, peu accoutumé à affronter les innovations de Schönberg à John Cage, était ravi qu'on se mettre à son niveau. Il en alla ainsi hier dans la salle.
Symphonie N°7 en do dièse mineur op. 131, 1951 - 1952 C'est la dernière oeuvre d'un homme affaibli physiquement et moralement.Comme tous ceux qui ont eu la malchance de vivre sous l'oppression jadnovienne, il doit comme Chostakovitch se plier à l'esthétique socialiste et publier une humiliante autocritique. Le goût de Jnadov pourrait certainement convenir à ceux qui trouvent la musique classique est trop intellectuelle et réservée à une élite de snobs.Ces gens-là n'ont évidemment jamais essayé de travailler sérieusement une grande oeuvre. L'Art est divertissement populaire et non masturbation intellectuelle!
Prokofiev est classé artiste dégénéré (comme l'avant-garde sous Staline et Hitler) et subit harcelements et sévices. Le 20 février 1948 Lisa son ex-femme est condamnée à vingt ans de déportation pour espionnage !
Le compositeur essaie de rentrer dans les bonnes graces du pouvoir communiste et compose une symphonie correspondant aux critères communistes. Ils correspondent il faut le reconnaître au goût de la plupart des ignorants recherchant le joli et l'agréable. Plus de contrepoint, plus de dissonances (au propre comme au figuré) . Mais on obligea Prokofiev à recommencer le dernier mouvement pour luii imprimer un caractère plus brillant que la fin inhabituelle jugée trop discrète. C'est cette fin imposée que Valery Gergiev a donné en bis. Notons que des rangées de fauteuils vides étonnaient dans une salle jusque là archicomble. C'est le public éduqué et peu curieux qui boudait la musique trop facile. Continuer à lire "Le journal du 15 octobre 2008" Sunday, 12 October 2008Le journal du 13 octobre 2008CHRONIQUE Le point sur la crise La thèse systémique: la triade monnaie-actions-liquidité
J'ai déjà exposé dans des billets passés les deux scénarios : récession dramatique, catastrophe planétaire.
Au fur et à mesure que se rapproche l'issue fatale prévue, le temps se rétrécit, l'espace se ferme, le mur des certitudes s'écroule par pans entiers.Mes clients s'écrient :" bon, vous aviez raison je vous l'accorde, et vous n'avez pas pris le temps de me convaincre.A présent on vous écoute : comment sortir de la fondrière.?
Je crois qu'à ce stade il vaut mieux brûler les étapes et clarifier la problématique de la crise dont l'idée de deuxième fondation permet de concrétiser certaines mesures immédiates au niveau des états et des particuliers, deux extrémités du cordon fatal, celui qui relie le signifiant au signifié, le mot à la chose, la convention au réel.
Il me faut brievement rappeler les notions et concepts déjà détaillés et sans lesquels on ne saurait ni décrire ni affronter la situation exceptionnelle qui est la notre. LE DEFERLEMENT Sous ce chapeau on range les notions qui précisément définissent l'exceptionnel.
Pierre Lecomte du Noüy avait émis une idée frappante Chaque infini engendre ses propriétés particulières. Ces dernières, en totale discordance avec notrre expérience quotidienne, émergent d'un coup lorsqu'on franchit le seuil mystérieux qui nous fait passer de notre échelle humaine à un infini. L'infiniment petit engendre la physique quantique. Le poisson devient soluble, la non-séparabilité cause l'ubicuité : un objet est simultanément ici et à l'autre bout de la galaxie, un chat est à la fois vivant et mort... aujourd'hui ce seuil est proche, car la miniaturisation extrême des composants électroniques provoque des réactions quantiques. Les ordinateurs seront affectés de troubles étranges, de comportements imprévisibles. L'infiniment grand engendre la relativité. Lorsqu'un an s'écoule pour un voyageur, une minute s'écoule pour un autre. Avec la vitesse dans les grands espaces, l'espace devient temps, le temps se transforme en espace ("zum Raum wird hier die Zeit," ici le temps devient espace Parsifal I, Richard Wagner). Les appareils GPS doivent corriger les effets relativistes.
L'infiniment complexe engendre la pensée. Effectivement, la conscience réflexive semble émerger de l'accroissement de la pensée du cerveau. Rappelons que la complexité est le produit de l'universum A, nombre d'éléments constituant un système et de la caractéristique R, nombre de relations intégrant ces éléments. (Klìr et Valach). Non seulement on voit la conscience passer d'un stade primaire (le bébé) à un stade évolué (le philosophe) avec l'accroissement du poids du cerveau, mais on constate même dans les robots un semblant d'autonomie quasi psychique (Culbertson : The Mind of Robots). Le perceptron de Rosenblatt, est un robot très complexe, dont les composants électro-chimique, communiquent de façon aléatoire, fait preuve d'autonomie par rapport à l'expérimentater, et engendre la notion de gauche et de droite, sans qu'on la lui programme. Toute une école dominante de pensée a sauté sur l'occasion, afin d'alimenter son anticléricalisme. Ainsi, l'âme n'existe pas, et Dieu est un produit de nos hormones ! Joël de Rosnay dans L'homme symbiotique se fait le propagateur grand public de cette vision réductionniste de l'homme, partagée par J.P. Changeux (L'homme neuronal), Robert Wright (L'animal moral), Nicholas Negroponte (L'homme numérique).
Ces notions, de prime abord sont innocentes,mais serinées à longueur de journée elle préparent l'acceptation d'un climat propice à l'irruption dela crise que nous commençons à entrevoir. Les étudiants, puis les élites et les populations cultivées, adhèrent au principe que l'homme n'a pas de valeur intrinsèque, insubstituable puisqu'on peut précisément le remplacer, l'interchanger, avec un équivalent électronique. Ils pensent d'ailleurs que la compétitivité passe par l'automatisation du tertiaire, l'homme se voyant affecter des tâches nobles.Mais lesquelles si la programmation et la créativité peuvent être simulées elles aussi par des automatismes?
Il y a pire : Gaïa. James Lovelock considéré comme un immense visionnaire (il a inspiré le dernier volume de Fondations d'Isaac Asimov, le chef d'oeuvre de la science-fiction) a imaginé la terre comme un être vivant dont les humains ne sont que des composants à la manière des neurones, composants du corps humain. Joël de Rosnay a appelé Cybionte ce monstre planétaire contrôlant aussi bien animaux, végétaux, climats et humbles individus. Il avoue que l'homme doit renoncer à une partie de son autonomie, de sa volonté, pour la déléguer à un être infiniment sage, le grand tout collectif.
Voici donc les individus cultivés persuadés que la macroéconomie, les grands observatoires, les modèles globaux (car c'est de globalisation qu'il s'agit) doivent dominer leur pensée. Ils sont conditionnés à accepter ceux qui commandent et représentent le cybionte : grands argentiers, technocrates rompus aux réunions internationales, et au dessus,les maîtres du cybionte, qui comme Paulsen ont sacrifié Lehmann Brothers, une honorable organisation vieille de cent cinquante ans. Si l'on pense à la haine que Paulsen porte au président de la plus prestigieuse banque d'affaires et la catastrophe qui s'en est immédiatement ensuivie pour la planète, on est perplexe. Néanmoins il y a des limites aux contradictions que chacun d'entre-nous peut absorber entre les propos du sommet, et leur expérience quotidienne, d'où une méfiance croissante du public pour les discours officiels.
En matière de conclusion, nous sommes dangereusement proches du seuil où de produit le basculement entre expérience actuelle et un monde que nous n'entrevoyons même pas mais qui nous prendra à rebours. Un monde incompréhensible,incroyable,impossible. Tout ce qu'on peut dire est que si la globalisation persiste, elle deviendra un être autonome qui nous écrasera, et que si elle éclate, les fragments résultants, économies locales, chaos, retour aux féodalités, auront un effet dévastateur.
LES MOTS ET LES CHOSES. L'approche sémantique.
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Posté par Bruno Lussato
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