CHRONIQUE
Chronologie rectifiée
Mes chers internautes et amis,
je crève de rage. Mon ordinateur a encore fait des siennes. Un bug peut-être? Il a commencé par ne pas vouloir enregistrer mes images numériques.¨Puis, comme j'insistais il m'a effacé toute la journée du 23 octobre qui était particulièrement riche. Malheureusement dès que j'ai lancé un message, je l'oublie instantanément, sans doute pour donner de l'espace à ma mémoire vive. J'ai donc oublié le contenu de mon dernier billet. Seuls les internautes qui l'ont lu s'en souviennent peut-être. En attendant, je reprends la conversation que je viens d'avoir avec Monsieur Burgan qui rectifie la dernière chronologie que je vous ai fourni. Il est particulièrement interessé par la démarche qui consiste à établir la structure interne de l'histoire de la monnaie et les évènements historiques et culturels du temps. Par ailleurs, comme on me l'a conseillé j'ai été au petit musée toujours ouvert au public et qui se trouve au premier étage de la Bibliothèque Nationale de France - Richelieu, adjacent au département de manuscrits.J'ai été impressionné par le désordre de la présentation, hétéroclite et mal documentée. Les monnaies grecques occupaient une vitrine et un dispositif muni d'une loupe coulissait sur des rails. Mais la lumière était réglée de telle façon que l'obscurité empêchait le visiteur de voir l'image faiblement agrandie de la pièce. Aucune monnaie de Syracuse n'était exposée. Il était nécessaire de se faire montrer la pièce recherchée enfouie dans les réserves par les conservateur et experts du département, des monnaies et médailles, parmi les plus riches du monde.
Ci-dessus détail d'une affiche coréenne (calendrier). Les deux décadrachmes ont été fort bien interprétés.
Il reste que la meilleure source d'information est non pas les catalogues de ventes aux enchères, mais les livres comme celui de Jean Babelon, un des plus passionnants, mais hélas épuisé depuis longtemps. cf.ci-dessous.
J'ai pu le consulter grâce à l'obligeance de Monsieur Burgan.
Ci dessous catalogue de la vente du 7 octobre
2003 Françoise Berthelot-Vinchon, expert.
Ses illustrations permettent de se faire une idée de l'aspect de certaines pièces (la pièce gauloise reproduite plus bas par exemple).
Il faut se méfier des livres montrant des collections rassemblées par de grandes institutions. Souvent elles achètent des fonds hétéroclites de plusieurs milliers de pièces et d'une qualité très inégale. En voici un exemple.
L'avers de la pièce de l'Alphabank est ébréché.
Le revers ne vaut guère mieux.
Ci- dessus, cette pièce légendée : At Syracuse eponymous engravers signed their name on coins for the first time and numismatic art attained its zenith with the renowned decadrachms bearing the signatures of Euainetos and Kimon.
Ci-dessus, le livre luxueusement édité de la collection de l'Alpha Bank.
Il faut tempérer le jugement sévère que j'ai émis sur le livre et la collection, par la reconnaissance de pièces particulièrement précieuses que l'on trouve dispersées dans le livre, comme les micropépites d'or dans la toison d'or.
LA PLUS ANCIENNE MONNAIE
Ci dessus sixième de statère, ca 630-600 BC
La plus ancienne monnaie connue, au revers deux carrés poinçonnés. Collection Alpha Bank.
Ainsi que je l'ai déjà souligné dans les derniers billets sur le système monétaire, le troc fut facilité par un élément intermédiaire ou médiateur X dont la valeur était équivalente à l'objet qu'il remplaçait. L'avantage d'un tel médiateur était la facilité de transport et la divisibilité. L'or et l'electrum ,alliage, au départ naturel d'or et d'argent (d'où sa couleur pâle) constituaient le médiateur idéal, en dépit de leur trop grande valeur qui aboutissait à des pièces trop petites pour être maniables.Les premières pièces virent le jour en Lydie (Mésopotamie) et dans les Cyclades.
L'or, au début (avant 600 AC) se présentait sous forme de micropépites qui au départ étaient engluées dans une peau grasse de moutons plongée dans les rivières riches en alluvions en or. Le Pactole, était connu pour être particulièrement riche en pépites. On brûlait la peau et on récoltait l'or. C'est de là d'ailleurs que vient la légende de la toison d'or. Encore aujourd'hui on trempe de la moquette dans les rivières.
Les lingots d'or portaient au revers la marque du poinçon qui servait à l'authentification, ce qui évitait d'avoir à peser pour dégager une valeur universelle. Le moyen d'échange était de ce fait reconnu.
Ci-dessus Ionie ou Lydie, tiers de statère, ca. 560-545 AC.
Collection
Alpha Bank.
Ci-dessus, Miletos,Ionie. Statère d'electrum,575 BC.
Miletos est est considérée comme une des premières cité antique à produire des monnaies d'electrum. Collection Alpha Bank N°151
Comme on l'a dit plus haut, c'est en Mésopotamie que naquirent les premières monnaies (Lydie) mais aussi à Pharos dont les pièces de petit format ne sont guère esthétiques. Seule la fonction principale d'utilité U est retenue.
La pièce nait de la frappe manuelle. L'enclume plus solide donne l'avers de la pièce (face),le marteau actionné manuellement, est moins dur, plus déformé. C'est le revers (pile). Une exception est le décadrachme d'Arethuse (Kimon, Euainetos) où c'est le chariot qui se trouve sur l'enclume, la tête sur le marteau.
Crésus introduisit le bimetallisme,le même poinçon servant à la fois pour l'or ou pour l'argent.
Ci-dessus, Crésus Lydie, Statère d'argent, 560-545 BC. Au revers deux empreintes carrées. La collection comprend également le même modèle en or, mais très usé.
Collection Alpha Bank
C'est vers 500 BC qu'apparaissent les monnaies imagées des deux côtés. Un exemple typique est la chouette d'Athènes à l'avers, le métal étant rabattu dans le revers.
Ci-dessus : athènes, tetradrachme en argent, ca. 450 BC Star groupe IV-V.
Provenance Spink 1994. Vente du 21 octobre,Zürich, N° 76. EST. 10 000 FS.
LE ZÉNITH
Chaque ville avait son animal symbolique, chouette, poulain, tortue, petite chienne etc... Ce fut la chouette athénienne qui devint la plus répandue et la plus appréciée, reflet de la suprématie culturelle de la ville. Ce fut le commencement de l'époque classique hellenistique qui connut son apogée absolue à Syracuse. Le premier de ses chefs d'oeuvre fut le Demareteion monnaie remplissant les fonctions U (valeur d'échange), E (beauté), politique (commémoration de la victoire sur les carthagénois).
Ci-dessus le très rare Demareteion, décadrachme célébrant la victoire d'Himère sur les Carthaginois, emportée en 480 BC.
Provenance: British Museum, un excellent exemplaire se trouve à la BNF, cabinet des médailles.
Ce fut le premier des décadrachmes commémoratifs, dont les plus célèbres furent ceux de Kimon et de Euainetos. Le peuple à l'esprit agile les apprécia à leur juste valeur et leur génie ne fut jamais remis en question. Génie car en dépit de la pureté des lignes et les qualités de l'exécution, ces effigies sont expressives, les chariots portent la trace tragique de la bataille (la roue déjantée) et toutes les qualités de la culture hellénistique y sont condensées.
Ci-dessus un témoignage de l'art consommé des artistes grecs. C'est un tétradrachme de Clazomène, au type d'Apollon. (380 BC).
La figure représentée de face est un tour de force d'expression. Source : Babelon, cabinet des médailles B.N.F.
Les artistes prirent l'habitude d'exprimer leur individualité et de signer leur oeuvre. L'esprit de novation était déterminant pour la réputation de ces artistes. Les deux principaux furent Kimon et Euainetos, célèbres pour leurs décadrachmes. Euainetos est le plus apprécié, seul Jenkins préfère Kimon pour son harmonie et sa subtilité. Les deux artistes représentèrent pour la première fois les chevaux tirant les chariots, non plus sagement alignés, mais en mouvement, introduisant de surcroît un effet de perspective. Ainsi se trouvaient réunies plusieurs échelles de valeur : H pour le plaisir donné par la sensation du poids de la pièce qui demandait à être caressée, U, pour sa valeur intrinsèque en argent qui la rendait propice aux échanges (il s'agissait de monnaies, pas de médailles), E, qui s'exprimait par la splendeur plastique de ces petits monuments, L, la cohérence et l'intégration très poussée des détails dans l'ensemble, D, par la volonté clairement affirmée de faire toujours mieux et de ne pas se contenter de copier. La fusion de ces caractéristiques était typique d'une civilisation raffinée que l'on ne retrouvera plus dans le monde occidental. Car il fallait des amateurs pour susciter la demande de ces chefs d'oeuvre.
Ci-dessus. Royaume de Macédoine. Un tetradrachme de Philippe II (359-336 BC).
Vente du 21 octobre 2008, Zürich. Est 10 000 FS.
La Macédoine était la région la plus riche du monde
grec et un bastion contre les barbares du Nord. Elle donna naissance à une dynastie dont le premier membre important fut Philippe II. Plutarque raconte que le jour de la victoire sur les Illyriens il reçut trois bonnes nouvelles : il venait de gagner la bataille, il devenait champion olympique, il donna naissance à un garçon qui devait devenir leplus grand roi de l'antiquité. Ci-dessus on le voit à cheval en vainqueur. Les monnaies de Philippe II, très répandues fixèrent un nouveau standard de qualité et de raffinement.
Ci-dessus, Alexandre le Grand, 336-323.Statère
Vente du 21 octobre, Zürich. FS 300
Ci-dessus : la carte de l'empire d'Alexandre le Grand.
Les pièces émises par Alexandre, et même après sa mort, étaient le dollar de l'époque. Mais l'empire se divisa pendant des luttes intestines. On fit appel aux Gaulois pour emplir le manque de soldats, et ces derniers s'infiltrèrent, de même que les Celtes partout et finirent par envahir et dominer leurs prédécesseurs. Pendant ce temps, l'Italie du Sud, 200 BC redécouvrait la monnaie, produisant des lingots de métal coulé, frappé d'une tête de Janus. Les lingots étaient divisés en plusieurs pièces. Ainsi naquit sous la République le denier en argent. Cette période (150 à 41 BC) donna naissance à des deniers en argent. La capture de Vercingétorix dont le visage fut représenté dans des monnaies fut suivie par la longue suite des empereurs romains. Pour la première fois un homme (César) était représenté dans une pîèce. Le premier empereur à inaugurer la série fut Auguste. L'Empire se solda par la chute de l'empire romain d'occident.
Pendant que le monde grec et ses colonies évoluaient vers plus de beauté et de raffinement, Les envahisseurs barbares suivaient leur propre culture, tournée vers l'utilité mais dont les codes esthétiques, loin d'être inexistants, se développèrent loin des modèles grecs. C'étaient les Gaulois et accessoirement les Celtes d'Angleterre, d'Allemagne et d'Espagne.
LES CELTES
Ci-dessus une carte du monde celtique qui comprend la Gaule,mais omet l'Espagne.
On décrit souvent les Gaulois, partie du monde celtique, comme des barbares, mais on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. Ils s'infiltrèrent partout, dans l'empire d'Alexandre de grand, miné par des guerres intestines. Les Celtes de l'est envahirent le monde hellénistique. Les bataillons décimés des grecs, pallièrent leur manque de soldats en important les mercenaires grecs. Bientôt ceux-ci pillèrent l'empire,semant la terreur comme à Delphes, le plus grand "hold-up" de l'antiquité.
En Gaule, l'influence du système monétaire se manifesta relativement tard (200 à 150 BC). Auparavant la richesse se manifestait par des bijoux, des haches (les "celts", des chaines en or. La Gaule était en effet bien pourvue en mines d'or et d'argent. Lorsque les premières monnaies furent frappées, elles suivirent leur propre style très caractéristique et fort peu apprécié par les numismates jusqu'à un temps relativement récent.
Ci-dessus un statère en or provenant des des Atrebates de Grande Bretagne (55 - 45 BC). On remarque la dissociation du chariot en ses éléments essentiels.
Ci dessus, un statère en or de Philippe II. Ca. 325-317 BC.
Collection Alpha Bank.
Ci-dessus, avers de la pièce précédente. La déformation est encore plus marquée et on a du mal à distinguer la tête d'Apollon.
Ci-dessus, l'avers de la pièce de Philippe II.
Jusque récemment, les numismates couvrirent les monnaies gauloises de leur mépris les estimant indignes de prendre place dans leurs cabinet. Aujourd'hui elles sont plutôt appréciées mais pour de mauvaises raisons. On loue le fruit d'une imagination débridée, lorsqu'on parlait jadis d'images dégénérées. Babelon attribue ces figures etranges où le végétal se mêle à l'animal, où un trait s'amplifie et constitue des séries crées par un artisan absurde et génial.
Un tel jugement dénote une ignorance iconographique étonnante chez les amateurs de monnaies désespérément conventionnels, doublée d'une répulsion tout à fait classique pour tout ce qui est excessif et détaché de la ressemblance avec le réel. Point n'est besoin d'invoquer les "géantes" de Picasso. Les manuscrits à peinture du VIIIème siècle, destinés à cathéchiser l'Irlande et les autres pays barbares présentent les mêmes déformations fantastiques. Il suffit de penser aux fameux manuscrits de missonnaires : les livres de Kells ou de Lindisfarne, par exemple.
Ci-dessus : l'évangile selon St Luc, cathédrale de Lichfield,, MS1 second quart du VIII siècle.
L'ITALIE DU SUD
-450 BC.
Parallèlement au développement celte et aux colonies grecques, l'Italie se développait, un siècle, en retard il est vrai. On se reportera avec fruit à l'ouvrage paru en 1973 à Hambourg
LA RÉPUBLIQUE
La loi des douze tables met fin au troc. (Plus d'un siecle après la mésopotamie et les Cyclades)
Le facteur X consiste en de lourdes monnaies fondues portant les empreintes de Janus bifrons, de Minerve, dHercule, de Bellone. L'as correspond à la livre romaine d'un poids de 327,45 g .
Ci-dessus un Aes Signatum, 280/270 BC.
Ci-dessus, un ES SIgnatum, 280/270 BC
Ci-dessus l'art du portrait. Un aureus ca. 41/40 BC Domitius. Au dessous un aureus de 40/41 de Sextus Pompeius Magnus Pius.
Au tout début dela République, les pièces étaient des lingots rudimentaires coulés en bronze, ornées de représentations d'animaux, ou alors, d'imitations de pièces romaines. Seul le bronze était utilisé.
Par la suite, au contact des civilisations héllénisées, l'argent, puis l'or firent leur introduction. (aureus). Commencèrent alors les monnaies de la république qui furent suivies par la longue suite de portraits d'empereurs jusqu'à la chute de l'empire romain en 400 AC remplacé par Byzance.
En fait les pièces romaines, dont une majorité en bronze, commencent par exalter la personnalité des notables et des chefs d'armée tels que Jules César, Marc Antoine ou Pompée.
Ci-dessus : Aureus 46 AC, Rome. Jules César, 8,12 g. CGF N°342. 5500€
Ci-dessus. Denier, Auguste. Gaule, 3,90 g d'argent. 15 AC. CGF N°355. 110/1400€
Ci =-dessus : deux portrais d'Auguste, le premier un denar de 29/28 BC, le second un aureus de 19/15 BC
Ci-dessus : vérité psychologique et beauté d'exécution. en haut à gauche, Vespasien, 77/78 ac. en haut G, Julia Titi ,Aureus 81/90; enbas à gauche , Domitien, aureus, 81/90.
Mais c'est à partir d'Auguste que se développe le style romain: les avers portent des portraits d'une extrème vérité psychologique et d'une beauté d'exécution presque aussi parfaite que les monnaies grecques,mais sans leur charge symbolique et la transcendance de leur exécution
Néanmoins, il n'y a pas si longtemps que ce furent les romaines qui eurent la faveur des numismates, sans doute parce que leur suite bien ordonnée, comme des séries de timbres, se prêtaient bien au besoin des collectionneurs de remplir des trous. Mais surtout parce qu'elles sont les rares portraits que l'on aie de chaque empereur. Portraits particulièrement fiables et n'hésitant pas à refleter dans leurs effigies les vices de leur modèle !
Caligula : le type même de la sale "gueule".
Denier d'argent frappé à Lyon en 37 AC à Lyon.
Vente Vinchon 2003 5200/5500€
Titus, fils de Vespasien. Rome 75. Aureus.
Vinchon vente du 7 octobre 2003. 8200/8400 € , gras, veule et jouisseuravec un regard cruel et rursé, vautil mieux que le sec Caligula, aux traites aigus?
Celui-ci vaut-il mieux?
Jean Grolier, dont le Zantani qu'il fit somptueusement relier, présente des collections de planches sur les monnaies romaines.
ZANTANI, Antonio. " Les images avec tous les revers trouvés et les vies de empereurs tirées des médailles et des histoires de anciens. Parme, Enea Vico 1548. 70 planches gravées sur cuivre par Enea Vico. Reliure de Estienne Gommard pour Jean Grolier dont la passion était la numismatique.
Thomas-Scheler, Sept 2008, 450000 €
Ci-dessus : Diva Faustina, jumelle de Antonin le pieux. Sesterce en bronze. 141/161.AC.
Les monnaies en bronze sont beaucoup plus recherchées que celles en or à cause de la beauté de la patine, dont la qualité joue un rôle déterminant. Ainsi Jean Grolier collectionna uniquement des pièces romaines en négligeant les pièces grecques et - bien entendu -barbares.
Ci-dessus : Cet aureus de Postumus ca.265 AV, montre la virtuosité atteinte par les graveurs romains. Par la suite, avec l'effritement et la décadence de l'empire romain, la qualité baissera sensiblement.
Ci-dessus : Anastase,Constantinople.Solidus de 491/518 AC. Comparez avec
laîèce de Postumus. La décadence se lit également sur les monnaies.
BYZANCE
Byzance remplaça l'empire d'occident et adopta des modèles inspirés par l'iconographie "orthodoxe" des icones. Pendant ce temps les monnaies d'occident suivirent, on l'a vu plus haut, l'iconographie que l'on devait rencontrer dans les grands manuscrits à peinture tels que les Livres de Kells et Lindisfarne.
Ci-dessus , Codex Aureus échangé contre une rançon d'or à des scandinaves. Milieu du VIII siècle.Sockholm, Kungliga Biblioteket.
Comme toute l'iconographie Byzantine les images sont stéréotypées et il ne reste rien d'expressif dans les personnages figés et hératiques qui rappèlent les icônes, qui se répandront en Russie. Le but est de répandre la domination de l'Eglise chrétienne dans les populations menacées par les barbares (c'est une lutte contre l'immigration) dont les conséquences sont l'exaltation de la violence et de la domination de l'adversaire vaincu (répression). La représentation des armes est dominante et apparaît largement dans les monnaies byzantines. On la trouvait déjà à la fin de l'empire
Ci-dessus, Solidus. 698-705. Constantinople. Or 4,43 g. Tibère III. CGF Ict 2008. # 1183 est. 950/1500 €
Ci dessus, Solidus de Ravenne, 408-423 AC, 4,46g. Flavius Honorius. L'empire est désintégré. Cette violence se reproduira dans les monnaies byzantines. CGF #1112 Oct. 2008. Est. 700/1200 €
LES DÉBRIS DE L'EMPIRE ROMAIN
Les romains furent chassés par les francs. Les peuples barbares imitèrent les pièces romaines avant de développer leur propre style. Les carolingiens, succédèrent aux mérovingiens, puis aux monnaies féodales chaque seigneur, des ecclesiastiques, frappant monnaie. (ca. 900-1200 AC).
Commença alors une longue suite de monnaies royales, partant de Louis Capet en 980 AC dont les pièces étaient en argent, et les Valois (1300 AC) qui introduisirent de grandes pièces d'or.
On peut schématiser comme suit la séquence chronologique telle qu'elle se présente en France. Les séquences des autres pays exigent un billet à part.
LA SÉQUENCE FRANÇAISE
On distingue les rois barbares (476 AC) qui naissent des débris de l'empire romain des mérovingiens, (600 BC) des carolingiens (Charlemagne roi en 771 AC). Suivent les monnaies féodales où chaque pouvoir local ou ecclesiastique frappe des monnaies assez laides (900-1200 AC) qui précèdent enfin un monnayage cohérent commençant avec Philippe Auguste (1180-1223 AC)).
Ci-dessus monnaies de la république romaine. 275-270 BC, Rome. Aes grave et didrachme. 12 oct.2008. Palombo.
Ci-dessus : aes Signatum. 280/270BC.
In Römische Münzen. Hirmer 1976
Ci-dessus, un dépliant montrant des monnaies parmi les plus belles du cabinet des médailles de la BNF.
MONNAIES MEROVINGIENNES
Septimanie - TRIENS ; A/DN/JVUSTINIANUS PP AVG - Or - 1,27 g
Vente Burgan, 20 Juillet 2007. 500/1800 €
MONNAIES CAROLINGIENNES
Ci-dessus : Denier de Blois-Eudes, 887-898. A / + MISERICORDIA DEI, R/+BLESIANIS CASTRO.
MONNAIES ROYALES FRANÇAISES
Avec Saint Louis, à son retour de la Terre Sainte la monnaie d'or refait surface avec l'exceptionnel écu d'or. (1245 AC) On n'en connait que dix exemplaires. Suivent alors des monnaies d'une opulence et d'une richesse décorative conjuguée à la finesse des graveurs. Les noms des nouvelles pièces sont trop nombreux pour les énumérer ici : l'agnel, la couronne, le mouton d'or, le royal d'or, etc. On en trouve occasionnellement dans des ventes aux enchères.
Ci-dessus : Louis IX (dit Saint Louis) période des croisades. Dinar d'or.Saint Jean d'Acre 1253. A/+ Légendes chretiennes concentrique en arabe. R/ croix autour cercles en arabe. Or, 3,17 g.
Imitation des pièces arabes. La seule monnaie d'or du règne de Saint Louis. 2500-3500 €. Vente Burgan Juillet 2007.
.
Ci-dessus : Charles IV. Royal d'or 16 février 1326. Or 4,20 g. Le Roi couronné sous un dais gothique. Un des premiers exemplaires de ce type.
Bourgan vente 20 juillet 2007. 2500/3500 €
Ci-dessus : François II au nom d'Henri II. Henri d'or 1559-;Bayonne.
Extrêmement rare. 3,65 g. Vente du 12 octobre 2008. Est. 15000/20000 €
Palombo.
VERSAILLES
La frappe au balancier supprime le travail manuel, obligatoirement irregulier, ce qui donne des pièces parfaitement rondes, et une gravure d'une précision toute mécanique.
Ci-dessus : Louis XIV à la mèche longue (jeune) Paris, 1644.Croix formée de huit L couronnés, accostés de quatre lis.
Burgan, vente du 20 Juil 2007 1500/2000,€
Le style devient plus régulier, les flans parfaitement longs, le caractère irrégulier et la main de l'artisan ont disparu. Les portraits sont véridiques mais conventionnels. Néanmoins le profil des souverains sans atteindre le talent expressif des pièces romaines, montrent sans complaisance le vieillissement du roi. Qu'on compare ces deux monnaies du Roi Soleil.
Ci-dessus. Louis XIV âgé. 1690-1693. La Rochelle (H entre les L) . Ecu aux huit L en argent .
Burgan vente 20 juil. 2007 400 €
CONVENTION
Ci-dessous : Ecu de 6 livres en argent, flan bruni d'aspectl 1792. la coexistence paradoxale entre le dernier roi et le génie de la constitution, un des trois symboles, -bien pauvres à côté des pièces grecques. On essayait de ne pas choquer la population , habituée à l'effigie d'un roi.
Ci-dessus : le génie de la république, Convention, 24 Livres,Lille (W) RÈGNE DE LA LOI. 1793
DIRECTOIRE
Ci-dessus le premier Hercule venant après le génie de la constitution. An VI. Le Directoire An 6
Ci-dessus : L'an 11 Directoire. 5 francs en argent, Union et Force, Hercule entouré de l'égalité à droite et la justice à gauche. Le deuxième symbole de la République est singulièrement creux en dépit de sa composition travaillée.
DEUXIÈME RÉPUBLIQUE
,
Ci-dessus : IIème République. Essai de 5 francs par Rogat. 1848. * On est loin des effigies grécoromaines et le piteux Rogat n'égale pas Evaienetos. Il s'agit du troisième symbole de la Republique. Un seul sera réédité jusqu'après la guerre de 39-45 et eb argent, signe d'une prospérité retrouvée : l'Hercule. Du moins les pièces n'étaient pas de mauvais goût. Celui-ci apparaîtra en force avec les pièces en nickel de Turin eet la Marianne.
TROISIÈME RÈPUBLIQUE
Ci-dessus : 3ème République.Turin, Turin 1936. Argent. Par la suite cette pièce sera diffusée en nickel.
Burgan 20 juillet 2007. 500/700 €
EN COURS DE RECHERCHE
En Angleterre nait l'esterlin, qui de viendra la livre sterling, et à Florence, le florin qui jouera le rôle de monnaie internationale. En Allemagne on trouve de minces feuilles d'argent, les "bractéades". En Espagne, au temps de la conquête de l'Amérique, des doublons attestèrent l'art du portrait des Espagnols. La France est réputée d'être à la traine de la chaîne monétaire. L'Italie (Florence),l'Allemagne, l'Espagne et la Grande-Bretagne sont en avance.
En 1550, la frappe mécanique au balancier remplaça la frappe manuelle, entravée par la résistance des artisans qui ne voulaient pas perdre leur emploi, ni le charme des pièces qu'ils façonnaient avec amour. En Allemagne, vers 1500 à 155O AC, fut utilisé une rouleau selon le principe du laminoir. Ce fut dans ce pays que les plus belles pièces furent émises. Les nouvelles pièces étaient parfaitement rondes et on pouvait les graver sur tranche, ce qui mettait un terme à l'activité des rogneurs professionnels. Mais leur style était impersonnel et stéréotypé par rapport aux frappes manuelles.
Ci-dessus : Allemagne- Regensburg - François premier , 1754. 1/2 Thaler.Tiré à 1.36O ex. Au dessous, Jean-Christian et Georges Rudolf, 4 ducats - 1609
Ci-dessus : Espagne. Jean II. Double d'or au bandeau (1517) ; Philippe II . 2 escudos d'or 1596 ; Charles IV . 8 escudos, 1802
Quelques exemples de monnaies étrangères; à détailler dans un prochain billet.
En résumé, la dynastie des Valois produit la longue suite de pièces royales qui s'arrête à la révolution. Les portraits sont sobres et encore plus impersonnels, le revers se réduit à des armes ou des monogrammes, on est loin des pièces grecques ou romaines. Louis XIV impose son effigie partout, sibien que l'on nommera ses pièces : Louis d'or.
A la révolution, un pas de plus est accompli vers la mécanisation . En même temps que disparait la figure des rois,des symboles stéréotypés : Cérès, Hercule, génie ailé gravant la constitution, dénote l'extrême pauvreté culturelle de notre pays. Ces types s'adjoindront le fameux coq et la semeuse, encore en vigueur naguère. Néanmoins le fonction d'Utilité est sauvegardée. Comme au débuts de la monnaie,le poids d'or et d'argent garantit la valeur réelle de la pièce. (Il en est de même pour les pésos ou le dollar américain ou silver dollar). Après la deuxième guerre mondiale, la confiance revenue, on émet des pièces de cinq francs en argent. Cela ne durera guère.
Ci-dessus : deux pièces de 20 dollars de 1861 et de 1907.
Le dollar était encore lié à l'or par ces pièces prestigieuses.
On connaît la faillite de la banque d'émission de John Law, dont la courte trajectoire ne dura que trois ans.Le lien entre signifiant (le billet en papier) et le signifié, (la prospérité de la compagnie des Indes crée par Law) était distant et basé sur la confiance.
En temps de guerre, la monnaie fut remplacée par des coupons de papier, ou des pièces du métal le plus vil. (Je me souviens des affreuses pièces trouées d'une couleur gris-bleu oxydé).
Après la guerre, les pays s'arrétèrent de frapper des monnaies en or et en argent. Le lien était distant. Entre nos mains le signifiant : le billet de banque, le signifié en lingots et en barres d'or était dans les coffres de l'état. La convertibilité était théoriquement assurée : on pouvait transformer le billet en son équivalent en or.
Mais lors de la guerre du Viêt Nam, les besoins en argent furent tellement élevés que tout l'or de Fort Knox ne suffisait plus pour les couvrir. Au lieu d'avouer sa faillite et de recourir à des emprunts à d'autres nations, l'Amérique décida de dénoncer le lien qui lie le signe et la chose, le signifiant et le signifié. Désormais le signifiant (le dollar) n'était convertible qu'en ... dollars ! Les autres pays se virent imposer la décision américaine, inaugurant ainsi une période de soumission dont nous éprouvons aujourd'hui les conséquences.
Cependant elles n'étaient guère perceptibles alors. L'image d'une Amérique toute puissante et prospère (et pour cause) était profondément implantée dans l'inconscient des gens. Les mécanismes de réduction de la dissonance cognitive entrèrent en action. D'une part le raisonnement et l'observation pragmatique amenaient le public à comprendre que la richesse des Etats Unis avait baissé et par conséquence la valeur du dollar, de l'autre, on voulait croire que tout était comme avant et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Entre la réalité et l'utopie, comme le montre Festinger, c'est l'utopie qui l'emporte et tous les arguments sont mis en oeuvre pour étouffer la vérité.
Aujourd'hui nous approchons de la fin du processus, nous devons faire face aux conséquences des conséquences, nous touchons l'asymptote. Le lien entre le signe et la chose est devenu si tenu, que - ainsi qu'il en advient dans les processus de réduction de la dissonance - on arrive à une brutale rectificationL La réalité (cette force des choses), nous tombe sur le crâne comme des briques bien solides. C'est ce que l'on appelle une catastrophe.
Lorsque Fort Knox était dans nos mains, qu'on pouvait faire sonner la monnaie pour en contrôler l'aloi, qu'on la scruter pour évaluer son état, on acomplissait une opération qui avait un sens. Mais avec la disparition du lien entre la valeur réelle et le signe, le sens disparait.
Cette apesanteur est d'autant plus grave que le lien est si distancié qu'il est affecté par des manipulations théoriques d'une extrême complication - ainsi qu'il arrive des textes juridiques). Seuls des experts pointus peuvent déchiffrer la nature du lien. Le grand public y renonce. Il ne peut que s'en remettre aux proclamations des chefs d'état, elles mêmes fondées sur des textes ésotériques et souvent contradictoire s pondus par des génies de l'économie.
Enfin, la dernière touche est donnée par la nature du support de l'information. Nous sommes loin des pigeons voyageurs de Jacques Coeur. Certes l'internet, la numérisation et l'univers hyperintégré dans lequel nous sommes immergés et qui nous façonne, offrent des avantages appréciables et immédiats. Mais le prix à payer réside dans l'impuissance, où nous nous trouvons en cas de "bug", ou d'incompétence de notre partL Et il est hors de question de s'adresser à un quelconque responsable. Il n'existe pas, car on ne peut attiendre le système.
A ce propos on peut citer l'allocution d'Ivan Illich, lors de la clôture des journées "Informatique et Libertés". Le manipulateur des marionettes qui manoeuvre les fils qui donnent vie aux poupées, n'existe pas. Le manipulateur c'est le réseau de fils lui-même.
Que va-t-il se passer en cas d'effondrement du système monétaire, aloirs que le billet de banque reprendra sa valeur réelle : le néant? On en reviendra sans doute au troc, puis on réinventera la monnaie locale, garantie par une valeur réelle, et convertible en cette valeur. Ainsi se clôture le cycle des monnaies.
A SUIVRE DANS UN PROCHAIN BILLET