Friday, 19 September 2008Le journal du 20 septembre 2008CHRONIQUE Fin du livre de L.H.
J'avoue que cette nuit je n'attendis pas de retranscrire la fin du récit. La volonté d'en connaître sans tarder la suite l'emporta et je m'installai confortablement au lit, rognant sur ce qui me restait de temps disponible pour préparer mes plans de travail, et me ménager un peu de sommeil. C'est qu'en fait l'intrigue devient baucoup plus confuse et disparate et qu'il est difficile d'en démêler l'écheveau. Je serai donc emené à en couper des segments nombreux et significatifs.
LA NUIT D'AMOUR DE MADEMOISELLE VH.
Mademoiselle Van Holten et sa fille étaient de vagues connaissances du beau Oscar, dont nous admirions tous la désinvolture et la fortune souriante. La mère, grande femme osseuse au menton énergique dépensait ses ressources à la prospection d'un mari pour Maggie, qui lui convint. Voyages, toilettes et vie mondaine mettaient en valeur une fille que Oscar trouvait charmante et horripilante.
Un Samedi soir, après dîner, j'attendais Lasse qui avait coutume de bavarder avec moi avant de draguer les étudiantes au Boul'Mich. Non loin de nous, Mme VH me fit un petit signe amical que, par politesse, j'échangeai froidement par un bref salut. Il n'en fallut pas davantage pour que la douairière fit voile vers nous, remorquant sa mijaurée de fille. " Mais quel plaisir de vous retrouver, après votre brillante conférence d'hier! C'était pâssionnant, mais oui, vraiment paâassionnant, pas vrai Maggie". Maggie ne répondait pas, fascinée par le jeune homme qui lui souriait, ce qui incita la mégère à répétrer d'un ton pénétré : passionnant, Maggie aussi était passiönnée, elle ne parlait que de vous. Un tel puits de science à votre âge : la minéralogie, l'astrologie, la chimie, la télépathie, quelle chance ont vos parents..." La bavardage de la vieille perruche me contraignit à lui présenter Lars,-bien à contre-coeur - Il les invita à dîner pendant que la Van H. m'accablait de ses compliments afin de laisser parler à son aise sa fille. J'étais d'autant plus furieux que mon ami donnait dans le panneau avec une surprenante naïveté. Il proposa même à Maggie de passer le week-end à Saint-Germain-en-Laye à trois. J'allais refuser de jouer le chaperon quant je surpris le regard menaçant de Lars qui savait fort bien se faire comprendre de cette manière." Ce n'est pas dans les principes de mon enfant que de partir ainsi avec deux jeunes gens, mais vous connaissant comme un esprit sérieux, je ferai une entorse à la coutume à condition que vous me disiez où vous comptez vous rendre et l'heure de votre retour. "
Maggie ne pouvait cacher sa jubilation bien qu'elle tentat de la dissimuler sous un air supérieur qu'elle attribuait à une demoiselle de la High Life. En me souhaîtant un "bonsoir, cher à demain" elle me tendit sa blanche main avec une telle désinvolture que je dus me retenir pour ne pas la gifler.
En allant chercher dans le hall du papier à lettres je rencontrai de nouveau la reine mère dont la fille était allée pêcher un taxi."Quel jeune homme charmant que votre ami, me dit la matrone - et si comme -il -faut. Il n'est pas étonnant qu'il vous soit si attaché. Mais si, mais si, l'expérience m'a appris à déchiffrer l'expression des yeux . Quand il vous regarde à votre insu quelle affection ! Mais est-il sérieux? Tenté de lui répondre "non !" je le décrivis comme un sentimental fleur bleue en dépit de son apparence de Viking. Bref, un grand timide.
De surcroît cette femme rouée avait senti l'argent derrière la façade ordinaire du jeune homme, comme le cochon sent la truffe.
Avant de monter me coucher, je frappai au 134. Je déclarai fermement à Lars que je n'avais aucune intention de jouer les dames patronesses. "Tant mieux - répondit-il- je n'avais nullement l'intention de t'emmener ! . Qu'as-tu donc? tu serais de trop,et puis, tu as le mal de mer, toi. " "Elle est antipathique. Je ne comprends pas comment tu te laisses embobeliner ainsi. "Tu ne l'as pas bien observée. Bon. D'accord. Elle est un peu fadasse, mais elle a un corps magnifique, des seins à croquer et une peau d'une fraîcheur ... " Lasse épouserait-il cette mijaurée? Je me souvenais de ses yeux moqueurs et brillants, quand il raillait mon mal de mer.
Lundi j'étais fier de dîner avec Guillemin, spécialiste des "plombs" et dont j'espérais obtenir quelques beaux cristaux de phosgénite de Monte-Poni en échange d'anglésites vertes. Je venais de m'habiller avec soin c'est à dire comme un vieillard : complet gris, pull-over gris, cravate à pois de Poirier, quand on frappa à la porte. Trop tôt pour le dîner avec Guillemin, et d'alleurs ce n'était pas lui mais qui donc? Une madame Van H. visage congestionné en un curieux état. Sans attendre que je l'y invite, elle entre au 648, la chambre de ma soeur. Que désirez-vous? - Vous parler! " la voici en train de me débiter à toute vitesse, une histoire incroyable, entrecoupée d'injures, où il est question de sa pauvre Maggie, violée et torturée par un monstre dont je suis le complice. Cela me coûterai cher - où, si j'étais insolvable, à mes parents responsables de mes actes. Où sont-ils?
Je poussai madame Van dehors en refermant la porte derrière nous. Allons chez Monsieur Hall, nous y serons mieux pour nous expliquer. - "Il n'est pas là répondit la mégère. - Il ne tardera pas à entrer, j'ai la clé de son salon. Ce qui était hélas exact, car je me préparais à y recevoir Guillemin au 136.
Dand le salon rococo, à l'abri de l'intrusion de mes parents, je retrouvai mon sang-froid. Madame mère me raconta avec force détails ecoeurants, comment Lasse avait enlevé sa victime, violée et martyrisée atrocément toute la nuit avant de la ramener évanouie chez elle. Mme Van Holten l'avait découverte pantelante à son retour (elle faisait des courses) et en coup d'oeil avait tout compris.(Tiens, me dis-je). Elle s'empressa d'appeler un médecin. ll serait forcé de... de ... - de l'épouser? complétai-je douceureusement. ..." Oh non, Ma Maggie ne voudrait pas de ce cannibale! "
Elle m'en dit tant et si bien qu'ébranlé, je finis par la croire. La quantité des détails suppléait à leur réalisme.
Larse apparut à la porte de communication et je lui demandai de se justifier. Il ne répondait toujours pas. Madame van H commença par l'invectiver, mais elle fut froidement interrompue : " Je sais mieux que vous ce qui s'est passé, j'y étais" dit-il. Faites-nous grâce des détails et venez-en au faits. Que recherchez-vous? Un procès? Je ne vous le conseillerais pas si vous tenez à la réputation de mademoiselle votre fille, et à votre place, voyez-vous, je n'ébruiterais pas cet incident. Je crois même que je l'oublierais."
La furie paraissait s'être refroidie.. En regardant Lasse, je compris pourquoi. Immobile adossé au chambranle, pour une fois bien habillé en bleu foncé, cravate rayée, montre en platine, les yeux étincelants dans l'ombre, il en émanait des ondes de terreur. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Sa voix était musicale, avec un accent léger, mais très basse et murmurée.
Mes nerfs prirent alors le dessus. Les récits des actes impunis des nazis, les mauvais traitements infligés par mes camarades du Lycée Carnot de Paris, me firent perdre tout sens du ridicule. Je pris le parti de la veuve et de l'orpheline et assurai Madame présumée veuve, et que ma sympathie lui était acquise. L'attention de Lars se concentra sur moi et il me dit doucement " Tais-toi. Nous parlerons de tout ceci plus tard".
Mais j'étais allé trop loin et sans réfléchir j'aggravai ma situation par des paroles très dures, affirmant que si procès il y avait, je témoignerais contre lui.
Mais la mère outragée à mon profond étonnement, me dévisagea avec mépris, haussa les épaules et glapit quelques injures à l'adresse de Hall qui la fixait toujours sans bouger. Soudain elle fit volte-face et partit précipitamment. La porte claqua et le silence s'appesantit dans la pièce. Il faisait tout à fait sombre. M. Guillemin allait survenir d'un moment à l'autre. L'essentiel était de partir au plus vite sans se retourner. FIler avant qu'il ne réagisse. J'étais paralysé par la peur comme dans ces cauchemars où on se sent des semelles de plomb. Lorsque j'esquissai un mouvement, Lasse dit calmement : reste... Nous devons parler. Ton ami ne viendra pas, j'y ai veillé". Il alluma puis se balança un peu comme je l'avais vu faire avec le pauvre R***
"Á nous deux maintenant...Ainsi tu porterais témoignage contre moi?"
La gorge serrée, je ne pouvais me défendre ni me justifier. Il vit cela et je crois qu'il n'en tira aucun plaisir. Alors, reprenant espoir je lui dis des mots qui durent l'apaiser. Pourrais-je me libérer?
Il me suivit dans l'ascenseur, croisa une jeune fille brune et très élégante. " Mon amour, dit-il, ce sera pour Lundi prochain, j'ai une affaire urgente à régler" Il lui parla longuement à voix basse et elle sourit de plaisir.Cela me donna de l'espace et je quittai le liftier quand il me rattrapa d'un bond en me poussant dans l'ascenseur. "Alors, tu veux m'échapper? me dit-il en riant. Je sentis que je ne m'en tirerais pas si facilement.Je me retrouvai coincé, non pas au 136 mais au 134, la chambre à coucher, pour une fois en ordre. Lasse fut d'une gentillesse inattendue, comme si rien ne s'était passé. Je retrouvai mon personnage familier. Il se mit comme d'habitude torse nu el en shorts. Ma peur apaisée, la rogne monta en moi. Je ferais mieux de me taire, le terrain était mouvant. Sans se fâcher il dit que j'étais un adolescent attardé et que je ne connaissais rien aux choses de l'amour. J'étais mortellement humilié et se moquant de moi, il me conta par le menu sa nuit d'amour avec Maggie. Cela me fit l'effet d'une horrible révélation. Je découvris que l'acte amoureux peut être brutal, pervers, prémédité. Lasse balançant négligemment ses jambes parla de la joie de broyer une femme, en comprimant toutes les fibres les plus intimes de sa chair, de la sentir se débattre, puis céder ouverte au désir le plus intense. La joie de la contemplée anéantie après l'étreinte. Car bien des femmes sensuelles désirent être maltraitées, leur nature est masochiste, sans quoi elles ne supporteraient pas nos attouchements. Il faut d'ailleurs aller très lentement avec ces amoureuses leur faire savourer chaque instant de supplice. Bien qu'elles s'en défendent je sens combien elles sont satisfaites.C'est autre chose que l'amour bourgeois et tranquille des cocus moraux et sentimentaux selon ton modèle.mais non, je ne suis pas un monstre ajouta-t-il en souriant, c'est toi qui tu te mêles de juger, toi qui jamais ne prendras femme.
Une tendance du pervers essentiel, avais-je appris, est sa tendance à assassiner le surmoi d'autrui de meurtir par l'hédonisme ce qui fait la raison d'exister, d'affaiblir sa charpente morale. En ce sens Lasse était un pervers. Et je ne voulais pas me laisser pervertir. Mon surmoi réagit vigoureusement pour son intégrité. Fou de rage, je lui dis ce que je pensais de lui, et aussi ce que je n'en pensais point. Je dus dépasser toute mesure car soudain il se mit debout et je sus qu'il allait attaquer. Ses yeux lançaient des éclairs et soudain il bondit sur moi, m'étendit sur le grand lit et posa son genou sur ma poitrine, appuyant d'abord légèrement, pour m'empêcher de me dégager, puis de plus en plus lourdement. Une douleur atroce irradiait à partir de là. Il me deshabilla et s'allongea tout du long sur mon corps malingre. La sensation d'être écrasé, chaque fibre tendue à se rompre, avec de brefs répits, je la connus par la suite à l'höpital, mais sans cette humiliation destructrice. Des ondes de douleur ondoyaient sous ma peau, dans les tréfonds de mon corps. Je pleurai de honte et de souffrance.
Allait-il me tuer? Il en était capable en ce moment. Mais il y avait ses yeux. penché sur moi il les plongea droit dans les miens. La mèche qui barrait son front m'aveuglait. Il s'était à présent couché confortablement sur moi et je compris qu'il allait m'étouffer. Je fixai ses yeux comme une planche de salut. La pupille s'élargit assombrissant le regard. Un instant auparavant ekke était réduite à une fente minuscule et les yeux étaients verts et cruels comme d'un chat de gouttière. A présent, ils étaient violets comme ceux des gosses du nord de la Scanie. La prunelle formait comme jadis un anneaux très clair entouré d'un cerne sombre. Comme les poètes le chantent, ses yeux ressemblaient au ciel et à la mer. J'y sicernai les vagues que j'entends dans les coquillages, un océan trouble aux lots verts et violets. C'était la combinaison de ce vert émeraude clair et de ce bleu violet, qui donne la couleur si spéciale du regard de Lars ce bleu des tapis de haute laine de Copenhague, du ciel de Recloses par jour de mauvais temps. N'est-il pas étonnant que le souvenir dominant de tant de souffrance, soit une magie de couleurs?
Je ne puis dire ce qui se passa après, sinon que la douleur se retira comme un reflux océanique, sous l'apaisement de ce regard. Comme une amnésie ou une anésthésie bienfaisante. Il ne bougea pas tout au long de cette correction, mais je subis un choc sévère. Je ne sais comment je me retrouvai dans ma chambre dans une profonde torpeur, un sommeil sans rêves; moi, l'insomniaque chronique. Continuer à lire "Le journal du 20 septembre 2008" Thursday, 18 September 2008Le journal du 19 septembre 2008CHRONIQUE Suite du livre de L.H.
Les commentaires, nombreux et oraux qui me sont parvenus m'ont encouragé à terminer si possible ce récit autobiographique. Sa lecture, loin de lasser a piqué la curiosité de maint lecteur et j'avoue que moi- même pendant que je transcrivais le manuscrit bleu, dont j'ignorais tout, me demandais comment ma relation ambigüe allait se terminer. Hé bien, voici de quoi nous nous satisfaire. Je signale aussi des transformations systématiques du style. Chemin faisant, j'en donnerai un exemple. Chapitre septième
La correction
CETTE période de compréhension réciproque dura deux ou trois mois. Une brouille sérieuse y mit fin et il m'est assez pénible de l'évoquer.
J'avais entendu dire par Claude Gauthé (un fanatique d'opéra) que la famille de mon ami était nazie (modif : que la famille de Lasse avant des racines nazies). et que son grand-père maternel, chef d'un important "concern" avait été pendu à Nuremberg. Ses biens parvinrent cependant preques indemnes à ses héritiers et, à la reprise allemande, avaient considérablement fructifié. Il était facile de comprendre que la fortune de Lars Hall, s'était édifiée sur les fours crématoires. Je fus tellement troublé que je me mis à lancer des sous-entendus malveillants au jeune homme. Je sentis qu'il se tendait imperceptiblement pendant qu'il me rappelait que sa mère était allemande et qu'il ne souffrirait plus de telles insinuations..
Très généreux, mon ami m'avait offert son salon pour faire de la musique le Dimanche, où il était à Saint-Germain-en-Laye. Son électrophone, sans être exceptionnel, était meilleur que mon Webcor. Je lui répondis solennellement que je n'utiliserai plus le 136 dorénavant et que je saurais fort bien m'en passer à l'avenir? Il sourit alors à mes allusions et me dit sans se fâcher : " j'ai donné l'ordre au concierge de te remttre la clé quand tu la demanderas, pour le reste, fais ce que bon te semble". Son calme ne fit qu'accroître mon agacement et je lui lançai des mots qui dépassaient ma pensée.
Hélas ! Deux Dimanches plus tard je voulus lancer de la poudre aux yeux à une snob nommé P.B. joueur de golf et dont le père était président de la Deutsche Bank. Il avait noué des relations amicales avec Salacroup, et ne daignait pas me regarder sans me lancer un sourire moqueur. Je l'invitai au 136 avec cinq punaises bas-bleu et deux rats de bibliothèque, en laissant supposer que j'étais l'occupant légitime du somptueux salon. Un de mes anciens amis du lycée Carnot, un certain R.***, communiste sanglant, nous entraîna inévitablement dans la politique la plus partisane. Je commis l'imprudence et l'indélicatesse de parler des Hall et de leur fortune mal acquise. Ils ne se doutaient pas alors qu'ils se trouvaient chez lui ! Au plus fort de la discussion, la porte s'ouvre et qui vois-je? Lasse accompagné d'une poule. Muet de confusion je me maudis intérieurement.
Celle que je traitais injustement de "poule", était toute blonde et menue auprès de son amant qui semblait l'écraser de sa masse et de ses regards, elle avait des yeux presque violets et l'air d'une chatte effarouchée. En dépit de son élégance elle me fut très antipathique. Lasse lui, était d'un débraillé qui me fit honte. Tout décoiffé, sa mèche blonde barrant le front, sa beauté brutale et racée, était on ne peut plus déplacée au milieu de notre cercle de citadins intellectuels.
A mon profond soulagement, Lasse avec une infinie délicatesse ne fit pas allusion à sa qualité de puissance invitante et ne parut nullement étonné. Il demanda le plus naturellement du monde s'il pouvait se joindre à nous. A contre-coeur je présentai à mes hôtes celui dont nous venions de dire si grand mal. pour aggraver la situation, R*** le communiste haineux, entama une lutte verbale avec le présumé nazi. Mais Lasse, visiblement amusé, se plaisait à le coincer dans un réseau de contradictions. Devant son attitude méprisante, R*** s'échauffa progressivement et passa aux allusions personnelles. Il en devint insolent, voire même indécent, mais son adversaire, faisant le niais, encaissait fort bien. Exaspéré par le calme persistant de celui qui habilement le faisait sortir de ses gonds, notre communiste lança je ne sais quelle accusation ayant trait aux origines de sa mère.
Lars se leva lourdement, prit le bras de son amie et la conduisit à la chambre à coucher dont il referma soigneusement la porte, puis il vint se planter devant R*** en lui demandant presque timidement, comme pour ne pas l'inquiéter, de répéter ses paroles s'il avait quelque chose dans ses pantalons. L'autre, choqué par la vulgarité de l'expression, réitéra son insulte avec une fausse assurance. Répétée, elle sonna franchement odieuse. Le silence s'était établi dans le salon et paralysé par la peur je n'osais intervenir. Pourtant il ne semblait nullement fâché ! Il ôta la montre Rolex en acier qu'il porte toujours au poignet droit, se débarrassa de sa veste qu'il roula en boule, puis s'approcha négligemment du communiste. Il le souleva comme une poupée de chiffon le faisant reculer vers le grand canapé, à gauche de la fenêtre qui donne sur l'Opéra. L'autre manifestement terrorisé se laissait manipuler, fasciné.
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J'en ai par endroits amélioré le style. J'ai acquis depuis 1962 une certaine habitude rédactionnelle n'est venu altérer forme et fond. , autant en profiter ! Mais rien qui ait déformé le sens ni même la forme de l'original. Par exemple j'ai évité les mots redoublés tout en gardant un langage vernaculaire. Je n'ai pu non plus éviter de m'impregner de ce qui depuis a apporté de profondes résonances dans la suite de l'entretien.
Je commencerai par rapprocher le personnage de Lars Hall de ceux qui se transformèrent en contes et légendes, puis en ceux qui m'entourent aujourd'hui, tout en évitant de déflorer l'anonymat de ceux qui aujourd'hui me sont aussi chers que lui.
L'HISTOIRE
Un jeune homme malingre et en butte à la dérision de ses deux ainés. Le démon, en échange d'une vierge déflorée et au coeur arraché, tous les ans, accomplit lepacte de Faust. Le garçon (ici Hellewijn) montre sa cruauté et la chrysalide devient papillon. un splendide jeune homme, proche de Lars. Comme lui, il tuera ou asservira ses frères et captera leur fortune.
Aujourd'hui, le prototype N°1 (vivant et bien réel dans les limites de l'anonymat du blog) a sacrifié son aïné, comme on arrache les ailes et les pattes d'un papillon. Il ressemble à s'y méprendre à LH.
Le jeune Lars réussit à la cour, mais pas plus que Hellewijn il n'est capable de s'humaniser, contrairement à Faust. Il faut comparer aussi Lasse et ses frères aux deux frères de Das Klagende Lied ( par Boulez) de Gustav Mahler. Pas de rédemption.
La description des forêts et des bois, la nostalgie de celui qui a tué le père sous l'influence de la mère, forme la trame des 4 Balades de Brahms déjà étudiées dans ce blog. Le héros, Edward, ressemble à L.H. comme un jumeau.
Lasse est cruel et a des instincts sadiques, jeu du chat et de la souris. Mais il peut aussi être plein d'amour et de compassion pour l'auteur. Il en est de même pour le proto 1. Cruel, joueur, inhumain, il finit par se révéler capable de sentiment très profonds. La clé en est l'amour sans fond. Lasse a beaucoup aimé le jeune J. Aimé à l'infini. Ce sentiment se transfère en sens de la protection pour l'auteur (Prototype A).
Mais le prototype 1 n'a pas connu de Jurgen. Ce qui le transforme est la claire conscience d'être aimé au delà de toute expression. Il éprouve ce qu'est une dévotion exclusive sans compromission et résistant à toutes les rébuffades. Il change alors et devient capable de la plus émouvantes des tendresses. Aujourd'hui pour l'auteur, demain pour une femme digne de lui. Il est à la fois fort et vulnérable, dur et séduisant.
L'auteur a vécu l'expérience évoquée par celui décrit dans le livre de LH. Sous l'influence décisive de son professeur, il s'est puissament musclé et doté d'une résistance à toute épreuve. Mais le mauvais sort a ruiné sa vie sans entamer sa volonté aux moments de répit.
QUARANTE ANS PLUS TARD
L'auteur est entouré de trois prototypes. vivants et qui l'entourent de leur affection. Le Prototype 1 ressemble à physiquement à LH. Le prototype 2 est aussi protecteur avec l'auteur que LH dans ses moments de solliicitude. Les deux prototypes parlent à voix basse. Leurs yeux sont fascinants et peuvent vous fixer pendant un temps considérable. De même que l'auteur donnerait sa vie à LH et se sent indigne de son amitié, il éprouve les mêmes sentiments auprès du prototype vivant N°2. Exactement les mêmes sentiments de familiarité, d'admiration, d'émerveillement.
Le prototype 3 est voisin de L.H dont il se rapproche par la chaude intimité.
Il manque dans le livre de LH un rôle de femme. Celle-ci, ne parut dans sa vie que voici quelques années, quarante ans trop tard pour un mariage qui eüt été idéal. Quarante ans ! Le temps de la préface de Faust
Nous en arrivons à présent à la fameuse dédicace. Lorsque je rédigeai, en 1972 le livre de LH, je créai, moi l'auteur, la micro-informatique. Je commençai une carrière solitaire et dépourvue de lecteurs et d'amis. LH je le rencontrai physiquement : c'était le jeune allemand blond, splendide et nazi qui nous menaçait pendant la guerre et qui me souriait avec tant d'affectueuse sympathie. Il m'eût aussi bien torturé et envoyé aux fours crématoires. Il chantait aussi bien que LH et que les jeunes nazis qui défilaient en chantant dans les rues de Tunis terrorisée par leur voix magnifique et scandée.
En y pensant, je m'aperçois que les quarante ans ont laissé des sillages opposés à celui du vieux Goethe. Celui-ci déplore et regrette ses amis de jeunesse et apprehende une foule étrangère qui ne comprendra pas son chant, à tel point qu'il scellera son manuscrit pour le soustraire au public de son temps.. L'auteur (moi) a vécu au contraire dans l'incognito, nulle foule ne lut l'Entretien. Scellé dans une armoire, nul n'en prit connaissance. Aujourd'hui, depuis quelques années, l'auteur est fêté, entouré d'amis chers et nouveaux, son manuscrit a été découvert et entre au département des manuscrits anciens à la Bibliothèque Nationale. Les honneurs ne font pas défaut même de la part du sommet de l'Etat, Que manque-t-il aujourd'hui à l'auteur?
La santé certes, sous l'effet d'une malédiction qui a frappé avec les pires souffrances le sort des prophètes. Car l'auteur a reçu en héritage l'esprit du cabbaliste Moshé Luzzatto. L'Apocalypse qui a déjà marqué les ouvrages de Thomas Mann, de Pierre Henry, de Dürer, l'a guidé. Il n'est contrairement à Goethe, sût de sa lente distillation de Faust II, que l'esprit soufflant spontanément, sans élaboration, sans aucune certitude quant à la valeur de son oeuvre. Goethe a fini Faust, Luzzatto n'achèvera pas la sienne, interrompue par la mort. Voici donc les liens entre les trois prototypes, et le projet Luzzattien.
Bruno Lussato
Le journal du 17 Septembre 2008CHRONIQUE Fin du livre de L.H.
J'ai reçu d'innombrables commentaires interessés ou intrigués par le début de mon étrange liaison avec L.H.et son recoupement avec deux amitiés surgies brutalement voici à peine deux ans. Deux jeunes russes, l'un mon pretecteur, l'autre mon disciple se fondirent en ce personnage particulier et oublié que j'ai décidé de faire revivre dans ce billet.
Vème Chapitre Promenade en voiture
Le meilleur moyen de ne point se voir, entre amis, est de vivre sous un même toit. Je ne voyais Lasse que deux ou trois soirs fugitifs par semaine. Grand travailleur, plus grand sportif encore, son plaisir favori était de faire la chasse aux filles.Tout cela prend du temps. Je ne le rencontrais ni les jours de semaine, alors qu'il travaillait, ni pendant le week-end où il avait loué un petit pavillon à Saint Germain-en-Laye pour une maîtresse plus stable que les autres. Les soirs non fériés, il sortait avec une petite amie, où happé par une des innombrables relations d'affaires de sa famille.
Une fois il m'invita avec une de ces sauterelles. Elle souriait sans arrêt pourmettre en valeur son ratelier. Lasse sans dire mot paraissait couver des yeux la poule, comme le chat fixe la souris. Ses lèvres étaient humides et entre-ouvertes, les prunelles sous les paupières mi-closes. Cela m'écoeurait et pour remplir ce silence pesant, je me lançai dans une de mes horripilantes conférences. Je suppose qu'elles traitaient de l'influence de la mort sur la Flûte enchantée,ou sur la découverte des gisements français d'uranium. La jolie fille murmurait machinalement " comme c'est curieux, comme c'est intéressant! " Elle semblait encore moins à l'aise que moi et avait perdu son air de séductrice. A la fin de cet insupportable diner, Lasse dans une boîte, précisant que de santé fragile, je garderais la chambre. L'ironie me parut évidente et me piqua au vif. Je m'abstins de le voir pendant deux longues semaines bien que j'en mourusse d'envie, mais la vanité blessée l'emportait.
Il prit enfin l'initiative de rompre les chiens : il vint me voir.. " Es-tu fâché contre moi?" J'allais répondre avec aigreur quand il se mit à rire. Il me proposa en signe de reconcilitation de passer avec moi le Dimanche prochain pour inaugurer sa nouvelle voiture, une Jaguar de sport. J'ai toujours ressenti une certaine aversion pour ces objets inesthétiques et inconfortables, et je le lui dis. De surcroît je souffrais de mal demer,et ce n'est pas sans appréhension que j'acceptai de l'accompagner à Versailles pour lui faire visiter le château.
Le bolide était d'un bordeau sombre et hideux, couleur que je détestaiis. Je m'assis séant surbaissé et dos courbé collé contre une série de boutons et de cadrans rébarbatifs. Lasse affectant de ne pas prendre garde à ma répulsion le vanta longuement les cactéristiques de son jouet, en les aaccompagnats de démonstrations : reprise foudrayante, réponse des freins, puissance des performances, que sais-je? ce qui se traduisait par une succession de départs précipités et d'arrêt à vous soulever le coeur. Sur l'autoroute de construction récente je découvris que ce n'était sûrement pas les peintures de Lebrun qui l'avaient motivé. Il conduisit à une telle vitesse, que vert d'appréhension je le suppliai de ralentir. Narines dilatées, il n'écoutait pas. Je n'osai insister de peur de lui faire perdre le contrôle de l'engin. Parvenu terrorisé à Versailles, j'eclatai et menaçai de revenir par le train. Lasse accepta docilement mes reproches et s'excusa tant et si bien, qu'il me persuada qu'il me conduirait aussi lentement que s'il transportait une cargaison d'explosifs.
Curieusement il prit un vif intérêt à la visite du musée; et au retour, Lasse démarra en douceur. Il conduisait en souplesse et la voiture était merveilleusement silencieuse. Presque reconcilié avec cette mécanique du diable je m'enhardis à demander à Lasse d'aller plus vite. Mal m'en pris car il se mit à conduire comme un fou. Il faisait mine de se précipiter sur un parapet, puis, in extrémis se faufilait entre les autos don , effrayés, les conducteurs faisant devant lui. Je passai par tous les stades du désorientement, de la rage impuissante à la terreur panique. Je souhaitais la présence du Signeur sous la forme d'un agent.Hé bien, non! Il avait beau brûler les feux; zigzaguer en ivrogne, aucun des motards qui habituellement pullulent distribuant des procès verbaux pour une pécadille, un stationnement interdit, que sais-je? pas un motard ne l'avait arrêté.
Le pire est qu'il jouait voluptueusement de ma frayeur commele chat avec la souris, ralentissant pour éveiller l'espoir, pour reprendre de plus belle. Enfin arrivé à l'hötel, le mal d'auto l'avait emporté sur le rage et la peur. Je montai aussitôt au 448 (ma chambre vieillote au dessus du café de la paix) et m'étendis tous rideaux tirés. Ma mère fut très alarmée de me vois dabs cet état et elle l'imputa " a quel dolce al cioccolato che hai mangiato hier sera ! Vedi, te l'avevo detto,non mi ascolti male ! Quando capirai una buona volte che sei al regime ? Ce n'était certes pas le moment de lui raconter mon aventure? Mon père fit une enquête " Il ne lui manquait plus que d'avoir de mauvaises fréquentations ! Et s'il nous a tout caché depuis le début c'est qu'il avait des arrières-pensées. Il ne se guérira donc jamais de sa sournoiserie !à ma mère) il ose aller jusquà Versailles avec un inconnu, un saligaud, peut-être un gangster? Car d'où le connaissons-nous? Maman opinant d'ailleurs: ces suédois, ils n'ont pas notre mentalité, " Sono strani....: " Si tu avais fait confiance à ta mère, je t'aurais aussitôt mis en garde... Mais sais-tu que u risquais un accident grave... et puis qui pouvait dire ce quui pouvait t'arriver aux mains d'un sadique pareil?
Sunday, 14 September 2008Le journal du 15 septembre 2008CHRONIQUE Anticipation
Je ne puis que rêver ce billet, car je me trouverai aujourd'hui à Bruxelles, en train de visiter la fondation d'UCCLE. Mais mes pensées seront avec vous.
LE LIVRE DE L.H.
En attendant
mes impressions de Bruxelles j'aimerais vous livrer des extraits d'un livret composé avant l'Entretien et qui a beaucoup ému mes amis. Il est surtout étroitement rattaché à la thématique de "dédicace". (Faust I I). L'auteur interrompt son travail en 1962 et pense le réécrire aujourd'hui. Mais le monde entretemps a changé. Il ne le reconnait plus, des banques réputées commme Lehmann Brothers solides et compétentes s'effondrent en quelques jours, lur valeureux personnel qui après avoir sué sang et eau toute leur vie, se trouve à la rue pour satisfaire quelques spéculateurs. C'est le système sur lequel nous sommes bâtis. Et le reste suit.
Le livre de LH, est un recueil de souvenirs orienté autour d'une jeune homme de 23 ans, que je retrouve aujourd'hui pratiquement à l'identique. J'en livrerai quelques extraits dans l'espoir qu'ils ne lasseront pas l'internaute.
Quelques mots sur l'apparence physique de ce livre de 148 pages. Il est relié en veau bleu ciel, bien passé à la lumière et que j'ai décoré en or fin sur le premier plat, par deux épis d'orge en or et de lettres découpées et contrecollées de basane d'ocre rose, la couleur de l'écriture étant bleu gris et brun rosé.Le papier est un merveilleux Richard de Bas (Auvergne) non ébarbé avec un tranche-fiils bleu ciel. L'écriture est tracée au rapidographe (je ne savais pas calligraphier en ce temps-là). Le verso de la première page porte la photo d'un jeune homme couché sur le ventre, les cheveux très blonds dont une mèche cache les sourcils, les yeux rêveurs et durs tout à la fois, les lèvres sensuelles. C'est Lasse Hall, beau -fils de la grande cantatrice Kirsten Flagstad qui fit périr dans des conditions atroces son deuxième mari Johangsen.
La relation des évènements qui marquèrent cette période pourrait être gënante par les suppositions que ne manqueraient pas de hasarder bien des esprits malveillants. ... Leur souvenir m'étouffaient et ces pages que je vous livre me restituent l'image d'un inconnu : moi; et d'un autre : celui à qui j'avais causé du tort et qui se montra mon meilleur, mon seul ami. Conscient de ma méprise, je me mis immédiatement à sa recherche et le retrouvai. Il me demanda de détruire toutes les notes décrivant notre rencontre. Mais ce me serait intolérable et mon récit sera assez évasif pour perdre toute couleur anecdotique. Ce qui se glissera entre les lignes,je serai le seul à le savoir et se perdra avec mon oubli.
Christiane Hall
... J'habitais alors au Grand Hötel,place de l'Opéra et était fasciné par Christiane Hall, une splendide créature qui sortait tout droit d'une légende nordique. Ce fut le coup de foudre. Ses yeux étaient d'un bleu trouble, tirant sur le vert, veloutés, des yeux pers. Elle semblait très voluptueuse, mais sans la moindre intention vicieuse, plutôt animale. ... Avant de partir elle me dit que son frère Lasse devait passer un an à Paris pour faire un stage et qu'il descendrait au Grand Hotel (celui où résidaient les grands chanteurs, et Georges Sebastian le spécialiste du grand Opéra) Je fus impressionné de connaître quelqu'un qui lui tenait de si près. C'érait un lien que je cultiverais en me faisant un ami de son frère, qui devait nécessairement lui ressembler.
Lasse Hall ... A ce moment précis on frappe. Je distingue dans le couloir un homme de haute taille dont je ne distingue que la silhouette dans la pénombre du couloir. Je prends congé d'un faux ami avec qui je m'ennuyai en compagnie, je rentre dans ma chambre du 648, découvre mon nouvel invité et un éblouissement me saisit. Pour me ressaisir je lui indique un fauteuil un peu défraîchi et l'inonde sous un flot de banalités ... Lui m'examine froidement comme pour me jauger, puis après un long silence, sourit. " Je parle mal le français et je le comprends à peine, pouvez-vous parler moins vite?" Je suis confus et je commande une glace, ou préfère-t-il un éclair au chocolat? Dieu que le service est lent dans cette usine... J'ai peur qu'il décommande et se ravise. Une fois le thé et les éclairs commandés, j'aurai le temps de lui parler, de le retenir.
Que s'est-t-il passé? J'étais simplement en présence de Christiane au masculin. La ressemblance était stupéfiante bien qu'ils ne fussent point jumeaux. Mais sur le moment, je fus sidéré : même chevelure blonde, épaisse, sans éclat, une mèche retombant sur le front. Je retrouvai les lèvres pâles et bien dessinées, assez charnues, les deux grandes incisives supérieures, un peu enfantines, le nez assez court, le front large et bas, le visage triangulaire et plein... J'étais d'autant plus surpris que je m'attendais de façon toute théorique à cette ressemblance. Il m'arriva par la suite de telles intuitions mais je ne m' y suis jamais accoutumé.
Lasse était vêtu d'un complet gris qui lui allait mal car trop strict. et négligé tout à la fois. J'étais vaguement troublé car j'éprouvais pour ce garçon (ou cet homme jeune?) un sentiment de curiosité passionnée et de répulsion physique. Par sa carrure massive, il faisait homme du peuple, mais son comportement était naturellement racé.
En me quittant, il me proposa de dîner avec une de ses amies, au Grand Hötel et on achèverait la soirée dans une boîte. D'instinct et sans réfléchir, je refusai vivement. Je regrettai aussitôt mon refus, peu conscient de mes mobiles. Gëne? Timidité? Répulsion? Nous nous fixames rendez-vous Mercredi à 17 heures, au studio, après ma leçon de piano.
Continuer à lire "Le journal du 15 septembre 2008" Friday, 12 September 2008Le journal du 13 septembre 2008CHRONIQUE Commentaires de la dédicace
Le billet d'hier présente la dédicace assortie de sa traduction inspirée en partie par l'excellent traduction de Jean Amsler, modernisée par Olivier Mannoni, d'après Gérard de Nerval (Gallimard 2007, in-folio), en partie par du mot à mot.
Le lecteur pourra ainsi apprécier la sensibilité de ce poème en quatre sections. Je me propose dans ce billet qui fait suite au précédent de livrer mes impressions subjectives et les résonances qu'évoque dans tout mon être vieillissant et nostalgique ce contact avec un des plus grands génies de la pensée occidentale.
LA DÉCOUPE
La première section comprend huit vers, et montre le poète céder à l'inspiration venue d'ailleurs, comme un esprit étranger. Je ne puis que comparer les pulsions qui dans un paysage de tempête me poussaient à accueillir en dépit de ma volonté les images impérieuses. " Vous insistez, eh bien! Agissez comme bon vous semble. Ces images rajeunissent le vieillard qui se trouve vibrer au nouveau souffle.
La deuxième section de huit vers est déchirante.Elle rappelle avec une tendresse et une peine indicibles, kes âmes de bien, compagnons chéris, aujourd'hui disparus ou morts, alors que Goethe est toujours vivant et vigoureux. - Vous apportez avec vous les images de jours heureux... le premier amour, la première amitié renait avec vous ... comme ces photographies à demi jaunies. Mais la tristesse domine le souvent: la douleur devient neuve...
La troisième section de huit vers, évoque un départ, un changement inquiétant. C'est celui qui surprend celui qui, revenu à son oeuvre, s'aperçoit que les temps ont changé, et qu'il ne se reconnait plus dans la sensibilité du temps. (ma peine résonne pour la foule inconnue, son ovation même inquiète mon coeur.)
La dernière séquence de huit vers est la plus poignante. Evocation du grave empire des esprits, loin de la mondanité et des divertissements des nouvelles générations. Mais quoi de plus émouvant que les larmes qui succèdent aux larmes, comme si les écluses d'une affectivité enfin extériorisée s'ouvraient béantes. La fin est la plus surprenante et situe le royaume hors temps où se réfugie le poête: "Ce que je possède, je le vois comme au loin, et ce qui fut aboli devient pour moi réel."
Invisible translation du temps. LES RÉSONANCES
Les mots clé forment des pivots émotionnels, difficiles à traduire, et formant une musique de mots que Schumann dans Scènes de Faust" a rendu avec une telle empathie, que cette musique (exceptée l'ouverture moins réussie) semble composée par un artiste inconnu, jamais entendu, irrégulier de forme et fascinant. Et on finit par découvrir que cette mussique est celle des vers de Goethe. Ce dernier n'acceptait que Mozart, le plus grand des interprète de l'âme humaine, mais il était mort hélas. Il refusa l'approte de Beethoven, et il avait raison, car ce dernier était trop personnel, pas assez noble, ni fuyant, ni subtil. Mahler, réussit la fin, mais trip long. Ce qui caractérise Faust est la prodigieuse concision.
Les résonances, on ne peut les apprécier qu'en allemand.Voici des exemples.
Schwankende Gestalten... figures vacillantes. Mais le mot Gestalt, qui devait inspirer la théorie de la forme, ne désigne nni une forme (trop vide) ni son contenu (trop matéiel).
Ihr Bringt mit euch die Bilder froher Tage. Vous apportez avec vous l'image des jours heureux. Le mot Bild, insiste sur l'imagination visuelle du vers.
Dominent les thèmes suivants : la nostalgie des jeours passés, plaisir et douleur, le dépaysement, les images floues et tremblantes,les légendes à demioubliées, le contraste entre les pleurs et les sanglots, contrepointés par les spires lentes et dignes du chant tantôt noble, tantôt chuchoté et appreoximatif (donnant raison aux malveillants qui déploraient l'affaiblissement causé par l'âge, de ses forces créatives).
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