CHRONIQUE
Fin du livre de L.H.
J'ai reçu d'innombrables commentaires interessés ou intrigués par le début de mon étrange liaison avec L.H.et son recoupement avec deux amitiés surgies brutalement voici à peine deux ans. Deux jeunes russes, l'un mon pretecteur, l'autre mon disciple se fondirent en ce personnage particulier et oublié que j'ai décidé de faire revivre dans ce billet.
Vème Chapitre
Promenade en voiture
Le meilleur moyen de ne point se voir, entre amis, est de vivre sous un même toit. Je ne voyais Lasse que deux ou trois soirs fugitifs par semaine. Grand travailleur, plus grand sportif encore, son plaisir favori était de faire la chasse aux filles.Tout cela prend du temps. Je ne le rencontrais ni les jours de semaine, alors qu'il travaillait, ni pendant le week-end où il avait loué un petit pavillon à Saint Germain-en-Laye pour une maîtresse plus stable que les autres. Les soirs non fériés, il sortait avec une petite amie, où happé par une des innombrables relations d'affaires de sa famille.
Une fois il m'invita avec une de ces sauterelles. Elle souriait sans arrêt pourmettre en valeur son ratelier. Lasse sans dire mot paraissait couver des yeux la poule, comme le chat fixe la souris. Ses lèvres étaient humides et entre-ouvertes, les prunelles sous les paupières mi-closes. Cela m'écoeurait et pour remplir ce silence pesant, je me lançai dans une de mes horripilantes conférences. Je suppose qu'elles traitaient de l'influence de la mort sur la Flûte enchantée,ou sur la découverte des gisements français d'uranium. La jolie fille murmurait machinalement " comme c'est curieux, comme c'est intéressant! " Elle semblait encore moins à l'aise que moi et avait perdu son air de séductrice. A la fin de cet insupportable diner, Lasse dans une boîte, précisant que de santé fragile, je garderais la chambre. L'ironie me parut évidente et me piqua au vif. Je m'abstins de le voir pendant deux longues semaines bien que j'en mourusse d'envie, mais la vanité blessée l'emportait.
Il prit enfin l'initiative de rompre les chiens : il vint me voir.. " Es-tu fâché contre moi?" J'allais répondre avec aigreur quand il se mit à rire. Il me proposa en signe de reconcilitation de passer avec moi le Dimanche prochain pour inaugurer sa nouvelle voiture, une Jaguar de sport. J'ai toujours ressenti une certaine aversion pour ces objets inesthétiques et inconfortables, et je le lui dis. De surcroît je souffrais de mal demer,et ce n'est pas sans appréhension que j'acceptai de l'accompagner à Versailles pour lui faire visiter le château.
Le bolide était d'un bordeau sombre et hideux, couleur que je détestaiis. Je m'assis séant surbaissé et dos courbé collé contre une série de boutons et de cadrans rébarbatifs. Lasse affectant de ne pas prendre garde à ma répulsion le vanta longuement les cactéristiques de son jouet, en les aaccompagnats de démonstrations : reprise foudrayante, réponse des freins, puissance des performances, que sais-je? ce qui se traduisait par une succession de départs précipités et d'arrêt à vous soulever le coeur. Sur l'autoroute de construction récente je découvris que ce n'était sûrement pas les peintures de Lebrun qui l'avaient motivé. Il conduisit à une telle vitesse, que vert d'appréhension je le suppliai de ralentir. Narines dilatées, il n'écoutait pas. Je n'osai insister de peur de lui faire perdre le contrôle de l'engin. Parvenu terrorisé à Versailles, j'eclatai et menaçai de revenir par le train. Lasse accepta docilement mes reproches et s'excusa tant et si bien, qu'il me persuada qu'il me conduirait aussi lentement que s'il transportait une cargaison d'explosifs.
Curieusement il prit un vif intérêt à la visite du musée; et au retour, Lasse démarra en douceur. Il conduisait en souplesse et la voiture était merveilleusement silencieuse. Presque reconcilié avec cette mécanique du diable je m'enhardis à demander à Lasse d'aller plus vite. Mal m'en pris car il se mit à conduire comme un fou. Il faisait mine de se précipiter sur un parapet, puis, in extrémis se faufilait entre les autos don , effrayés, les conducteurs faisant devant lui. Je passai par tous les stades du désorientement, de la rage impuissante à la terreur panique. Je souhaitais la présence du Signeur sous la forme d'un agent.Hé bien, non! Il avait beau brûler les feux; zigzaguer en ivrogne, aucun des motards qui habituellement pullulent distribuant des procès verbaux pour une pécadille, un stationnement interdit, que sais-je? pas un motard ne l'avait arrêté.
Le pire est qu'il jouait voluptueusement de ma frayeur commele chat avec la souris, ralentissant pour éveiller l'espoir, pour reprendre de plus belle. Enfin arrivé à l'hötel, le mal d'auto l'avait emporté sur le rage et la peur. Je montai aussitôt au 448 (ma chambre vieillote au dessus du café de la paix) et m'étendis tous rideaux tirés. Ma mère fut très alarmée de me vois dabs cet état et elle l'imputa " a quel dolce al cioccolato che hai mangiato hier sera ! Vedi, te l'avevo detto,non mi ascolti male ! Quando capirai una buona volte che sei al regime ? Ce n'était certes pas le moment de lui raconter mon aventure? Mon père fit une enquête " Il ne lui manquait plus que d'avoir de mauvaises fréquentations ! Et s'il nous a tout caché depuis le début c'est qu'il avait des arrières-pensées. Il ne se guérira donc jamais de sa sournoiserie !à ma mère) il ose aller jusquà Versailles avec un inconnu, un saligaud, peut-être un gangster? Car d'où le connaissons-nous? Maman opinant d'ailleurs: ces suédois, ils n'ont pas notre mentalité, " Sono strani....: " Si tu avais fait confiance à ta mère, je t'aurais aussitôt mis en garde... Mais sais-tu que u risquais un accident grave... et puis qui pouvait dire ce quui pouvait t'arriver aux mains d'un sadique pareil?