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Wednesday, 22 April 2009
CHRONIQUE
De la faiblesse
La notion de faiblesse est dès plus subjectives et son évaluation des plus controversées. Dans notre siècle ou seul le Vae Victis est à l'honneur, où les sentiments de compassion et d'empathie sont mués en sentimentallité est l'hommage que l'égoïsme rend à la pitié et à la piété, où le sentiment, la pitié et la pété sont paroles honteuses, où le respect de la parole donnée où l'honneur et la fidélité sont marques de faiblesse, comment différencier la faiblesse telle que nous venons de la décrire, à un manque de caractère, une absence de ténacité, de courage et de promesses non tenues par peur d'être critiqué, d'instabilité et de revirements, qui marquent la faiblesse véritable. Ces faibles vous soutiennent, vous engagent dans une voie périlleuse, courageuse, et quand vous êtes parvenus au milieu du gué, vous laissent tomber. La faiblesse, est une lâcheté travestie en courage tant qu'il n'y a pas de passage à l'acte. C'est en ce sens que je dis toujours à mes clients : méfiez vous de l'amitié des faibles. Mieux vaut traiter avec des adversaires forts. Vous savez au moins à quoi vous en tenir et ils vous renforcent au lieu de vous amollir dans une douce confiance. Et puis, s'ils sont ouverts à la discussion et que vous faites les premiers pas sincères pour conquérir leur estime, il n'est pas rare qu'ils ne se muent pas en amis fidèles. Ce sont déjà des situations que j'ai maintes fois vécu et qui étonnent tous mes familiers.
Une question se pose alors. Est-il possible que dans certaines circonstance un faible devienne fort, et un fort montre des signes de faiblesse? Relisez Stefan Zweig ou interrogez la chronique. Louis XIV était le prototype de l'homme fort,mais à la fin de sa vie il céda à l'influence de Mme de Maintenon dont il devint le jouet. En revanche Louis XVI, exemple peu glorieux de velléitaire soumis à toutes les influences, et dépourvu du moindre caractère, fit preuve face à la mort d'une dignité et d'une force d'ame peu communes. Alors? Cela montre qu'en suivant l'exemple de Korzybski, nous devons proscrire le verbe et le remplacer par AVOIR On se gardera d'affirmer qu'un personnage EST faible et dire qu'à tel instant, à tel moment, il a fait montre de faiblesse. De même le plomb n'est pas lourd et la plume légère, comme Galilée l'a démontrer en les laissant tomber de la tour penchée de Pise. Il s'agit là du combat entre les modes de pensées aristotélicien et galiléen.
On remarque la faiblesse d'un personnage par contraste par rapport aux hommes forts qui l'environnent. Mais il est des exceptions, et la force de son entourage peut déteindre sur lui et lui conférér un semblant d'existence, comme la lumière du clair de lune qui ne fait que réfléchir celle du soleil. Picasso avait remarqué qu'un objet médiocre mis dans une vitrine parmi des chefs d'oeuvre, semble en quelques sorte enobli, alors qu'un bel objet, placé dans un grenier plein de vieilleries semble plus mauvais. C'est un phénomène que connaissent bien les antiquaires lors qu'ils installent leur vitrine.
Force et faiblesse des objets d'art
Pour le connaisseur la notion de beauté n'a pas grand sens. En Chne, ce qui fait la valeur d'un paysage, est son aptitudeà refléter l'harmonie du monde et l'énergie du peintre-calligraphe. Pour le connaisseur contemporain, ce qui compte est "la force" de l'oeuvre, c'est à dire son aptitude à s'imposer à toutes les autres, à les "faire tomber" en quelque sorte.
Claude Médiavilla en tant que calligraphe particulièrement sensible aux notions de force, d'authenticité et de justesse, n'eut pas détat d'ames pour dénoncer la faiblesse du tracé de Kandinsky par rapport à Lascaux.
De même Claude Mediavilla tient en grande estime un peintre chonois contemporain peu connu, dont notre musée de l'écriture expose depuis des années de magnifiques calligraphies et peintures.
Ci-dessus. Tad Chen 2001, calligraphie du caractère xing qui signifie "forme", style xing-cao, pigment rouge sur papier 34 X 45 cm.
In Abécédaire de la calligraphie chinoise, Claude Mediavilla,Flammarion 2002.
L'enseignement des Tarica
J'avais étant jeune, comme initiateurs André Naggar et les Nahon qui me firent acheter dans une vente aux enchères au Palais Galliéra, un Hartung de 1950, que j'ai toujours devant moi auprès de mon ordinateur. Il coûta je crois 10 000 francs, un an d'économies. Mon père faillit s'évanouir, mais il finit par assimiler ce tableau et ne voulut pas que je m'en sépare. L'année précédente je l'avais investie dans un Steinway demi-queue de New-York, toujours en ma possession. Je découvris par la suite Tàpies et Poliakoff. Je révais depuis longtemps à de grands tableaux, format 120 figure ou paysage. Ainsi je pus grâce à Naggar acheter un Tàpies de 1950, une merveille aussi complexe que mystérieux e t un très beau Poliakoff de l'époque Troubezkoï.La plupart des Poliakoff étaient ratés ou ennuyeux, tous rouges , et un certain Zerbib les payait en alignant des tas aussi épais que possible de petites coupures. Je crois que Poliakoff jouait aux chevaux. J'adorais le mien mais Marina le trouvait déséquilibré.
Ci-dessus, mon Poliakoffdans mon bureau au BHV. A droite une maquette de l'entrepôt d'Ivry, statue de Rutzch, familier de Dalì qui finit mal.
Une interprétation sur papier d'Auvergne, de mon tàpies.
J'achetai par la suite d'autres tableaux dont un grand Soto qui avait vaincu le premier prix à la biennale de Venise. Et voici que je rencontrai Samy Tarica. Il vint voir mes tableaux et haussa les épaules. Du second ordre, me dit-il. Basardez-moi tout cela et achetez des oeuvres valables. Pour lui, c'était Fautrier, Duchamp, Schwitters et autres Klee. Alain, son fils, ajouta Kosuth. Je finis par me laisser convaincre et achetai chez lui un minuscule collage : le N°9 et, chez le concessionnaire, la Malborough, trois Schwitters dont le meilleur datait de 1918 et le plus spectaculaire de 1925. Il faut y ajouter un Klee de 1914, un chef d'oeuvre minuscule sur gaze. que je dus à sa générosité.
Ci-dessous le Klee, mon tableau préféré. Je ne me suis pas encore remis de sa perte. Il tuait tout ce qu'il entourait. En dépit de ses dimensions exiguës, onne voyait que lui. Disparus Tàpies et Poliakoff ! Le vieux Samy avait raison !
Ci dessous mon Schwitters préféré, d'une complexité et d'une rigueur structurelle ahurissante étant donné son petit format (20,4 X 17,4 cm. Non signé ni daté, oeuvre N°1918/19 - ST. Proveannce Ernst Schwitters. Il était accroché dans la grande maison et avait été transférée sans cesse pour accompaner l'artiste et son fils. Néanmoins de mauvaises langues murmuraient qu'il s'agissait d'un faux. Plus tard je devins un véritable expert en la matière et l'on fit souvent appel à moi pour détecter les faux. Je n'avais aucune hésitation, et je démasquai pas mal de faussaires. Mon rève était de rassembler leplusgrand nombre d'oeuvres majeures, reproduites dans le Schmalenbach, qui faisait autorité. Je fis de nombreux outils pédagogiques voués à l'artiste et amassai une importante bibliothèques de références. Bien. Je dois avouer que le Klee le surclassait, mais celui-ci, le tableau à la bougie de 1925 très connu, et l'extraordinaire et minuscule N°9 qui provenait je crois de chez Tarica, écrasaient les Tapàpies, les Hartung, les Poliakoff. Mon apprentissage avec Naggar était terminé. Avec les Tarica j'étais passé à la vitesse supérieure. La notion de beauté (sous-entendu hédonique et jouissive) était remplacée par les nobles concepts d'innovation, d'avant-garde,, de force et d'énergie, assez proches des valeurs chinoises des lettrés.
Friday, 20 March 2009
CHRONIQUE
Autour de Paul Klee
Comme je l'avais annoncé dans le précédent billet, finissons l'analyse du texte de Pierre Boulez sur Klee.
Klee s'empare des éléments les plus simples : l'échiquier, le cercle, la droite, dont il va déduire, d'une façon toute logique, toutes les variations, combinaisons possibles, toutes les influences réciproques. Par contraste, il introduit quelques éléments très figuratifs et semble se plaire à la confrontation des deux mondes. Mais même sa géométrie n'est pas une géométrie "objective". C'est ce qui le distingue de Kandinsky chez qui une droite est une droite "absolue", un cercle, un cercle "absolu". Ce sont des formes géométriques parfaites, tracées avec des instruments rationnels, ceux-mêmes dont se servent techniciens et ingénieurs. Et si l'on peut admirer l'ordre strict des tableaux de Kandinsky, ils nous paraissent, en quelque sorte anonymes. L'esprit est puissant mais la chair n'est même pas faibles, elle est tout simplement absente. Ce sont des objets dévitalisés, qui pourraient presque être avoir été fabriqués par n'importe qui. Chez Klee, l'on observe exactement le contraire. Ce qui force ma conviction c'est qu'on reconnaît son empreinte. La ligne n'est pas parfaite, mais une approximation de la ligne ; la main n'a pas à concurrencer une règle, elle produit sa propre déviation, sa propre distorsion ; le cercle n'est pas le cercle parfait, mais "un" cercle, un cercle tracé "à la main", pour lequel il a refusé le compas; un cercle parmi cent autres, qui possède l'autonomie merveilleuse de sa propre déviance. On a en même temps la géométrie et la déviation de la géométrrie; le principe et la transgression du principe... (Klee) préserve une zone d'insoumission. ( p.125).
Nous savons trop bien que l'excès d'ordre est sans intérêt : quand nous pouvons prévoir trop facilement les évènements, notre attention disparaît ; il en va de même avec le chaos pour des raisons opposées. Qu'est-ce qui alors est nécessaire pour obtenir en même temps continuité et variété?
Klee nous donne une merveilleuse leçon concernant ces difficultés. Il possède un extraordinaire pouvoir de "déduction". Lorsqu'on est jeune compositeur on est capable d'un grand nombre d'"impulsions". Celles-ci donnent naissance à desidées musicales, qui peuvent être très fortes, très orientées. Mais une fois qu'on les a notées, on ne sait plus comment les relier l'une à l'autre, comment établir les transitions, comment développer. Parfois ces idées sont trop riches et encombrantes et il est très difficile de les manipuler. Comment les diviser en unités plus petites, plus maniables ; comment les réduire à des composants plus neutres qui puissent irriguer entièrement le texte ; comment faire proliférer l'idée originale en même temps qu'on la réduit. C'est là tout le problème. ... Ce que j'entends par composition, par travail de composition, c'est justement cela.... (p.131)
... J'éprouve une irrépressible défiance si j'entends dire que l'imagination va tout prendre en charge. L'imagination, cette faculté merveilleuse, ne fait rien d'autre, si on la laisse sans contrôle, que de prendre appui sur la mémoire. La mémoire fait ressortir au jour des choses ressenties, entendues ou vues, un peu comme chez les ruminants remonte le bol d'herbes. Peut-être est-ce mâché, mais ce n'est ni digéré ni transformé.Tous ces souvenirs qui reviennent comme spontanément, sans effort donnent l'impression qu'on possède une imagination foisonnante. L'on se dit : "Mon imagination est si merveilleusement riche que tout jaillit sans effort et sans intention.! Ce type d'imagination ne fonctionne que sur rappels mémorisés, à peine ripolinés ; pour moi la véritable imagination n'a rien à voir avec ce coffre à trésors. .... Il y a des génies dont on vante le constant renouvellement ; il y en a d'autres, dont on seméfie davantage, car ce sont des artistes de la persistance. Mais il arrive que, souvent, on a confondu renouvellement et dispersion, persistance et monomanie...Se re,ouveler? Oui,mais selonune évolution organique qui développe;étend les possibilités, change les perspectives. (p.147)
La préparation du fond était pour lui un stade si promordial de la création qu'il ne mesurait pas son temps pour obtenir ce qu'il recherchait ; parfois il passait un mois à le modifier au moyen de moyens divers. Si bien que le résultat est un fond extraordinairement développé mais en même temps amorphe. ... On ne sait pas trop comment le regarder, ou il y a mille façons de le regarder... Sur ces fonds conçus pour offrir à l'oeil une multiplicité fluctuante d'aspects, Klee trace d'un trait noir quelque figure très précise, comme gravée, que ce soit une forme animale ou végétale.(p.163)
Voici un exemple de recette de préparation du fond inscite au dos de Zuflucht (Refuge), 1930.
1. carton
2.huile blanche, laque
3 pendant que 2 encore collant : gaze et enduit de plâtre
4 aquarelle rouge brun comme teinte
5 tempera de Neitsch blanc de zing avec addition de colle
6 dessin fin et hachures peintes à l'aquarelle
7 légèrement fixé avec un vernis à l'huile (dilué à la térébenthine)
8 éclairci par endroits avec huile blanc de zing
9 couvert avec huile bleu-gris
lavis avec huile laque de garance.
Pour avoir accès à mes commentaires autour de Klee, se reporter au corps du billet. (continuer la lecture)
Continuer à lire "Le journal du jeudi 19 mars 2009"
Monday, 23 February 2009
CHRONIQUE
La vente du siècle
Quelle vente et quel siècle? Je n'ai pas été vérifier si c'est le 22ème ou le 22ème mais ce serait les deux siècles réunis, que cela ne m'étonnerait pas outre mesure. Quelle vente? Ben, voyons! Celle de la collection d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé évaluée 500 millions d'euros, soit un peu plus que celle qu'un nabab russe aurait dit-on payé la tape-à l-oeil Villa Leopolda. On a la culture qu'on mérite. Par un de ces revirements dont le sort est friand, un de ceux-ci, pour qui 500 millions d'euros n'était qu'une paille dans sa fortune, se trouve par un captice de la géopolitique, couvert de dettes abyssales. Les 500 millions d'une collection hors pair, lui eût été bien utile! Un autre que je connais quelque peu, s'est arrêté d'acheter pour des raisons mal connues mais pour qui l'intérêt pour la culture est tellement suspect, qu'il préfère se ruiner dans l'inculture, que de s'enrichir par les objets uniques du patrimoine humaniste. Tel n'est pas le cas du sympathique couple Bergé-Yves St Laurent qui vendent, ou donnent aux musées français des joyaux culturels inestimables pour venir en aide à des hôpitaux et oeuvres sociales, qui constituent l'objet de leur Fondation. Mais je ne puis me défendre d'une réserve dictée par l'expérience. Dans un siècle ou moins, que restera-t-il de leur oeuvre caritative qui n'ait été sanctionnée par la bureaucratie? En revanche s'ils avaient créé une fondation culturelle à partir d'un fonds admirable, il est à parier, que dans un demi-millénaire elle sera toujours présente, comme la bibliothèque de Grolier avant sa dispersion. Je me disais cela en parcourant de salle en salle les oeuvres exceptionnelles du couple mais surtout leur variété, leur juxtaposition, leur richesse. Le public ne s'y est pas trompé. Venu des quatre coins du monde, de toute religion, de toutes tendance, arabes exceptés, ce me semble, ils firent la queue pendant toute la journée d'hier, file d'attente la plus longue qu'il soit possible d'imaginer, contournant le Grand Palais, jusqu'au Palais de la Découverte! Les gens prenaient patience sans songer à la pluie, au froid, à la cohue qui ne bougeait pas. Vers onze heures la queue était toujours immense bien que tout espoir soit perdu pour les badauds, ces strollers, de pénêtrer dans une enceinte close à minuit. Pour ceux qui seraient désireux de visiter ce qui reste, les dates sont aujourd'hui de 9h à 13 heures, c'est à dire déjà trop tard.
Je pus entrer muni d'un certificat médical bien commode, bien que cher payé, mais même dans les salles on piétinait sur place, c'était pire qu'à Versailles un jour de pointe.
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Wednesday, 17 October 2007
Chronique
Le petit noyau de commentaires commis par les trublions de service : Vincent, Poil à Gratter, Alexandre de Lisle, et bien d'autres, me réjouit au plus au point. En dépit des fautes de français (voir mes remarques su l'influence destructurante de l'écriture sur ordinateur), les questions soulevées sont intelligentes, et bien souvent embarrassantes, toujours perturbantes. Elles décapent les idées les plus solidement reçues. Je me permets de vous conseiller de lire cet échange, mes commentaires sont partie du blog à égalité avec des billets plus ambitieux. Remercions ceux qui osent ou prennent la peine de répondre, ils disent tout haut ce que d'autres pensent plus bas.
Si Poutine n'existait pas, il faudrait l'inventer !
Il est raide, macho, dictatorial, retors, de mauvaise foi, grossier, brutal, mégalomane, et pourtant je ne le trouve pas antipathique. La raison, je ne la connais pas, c'est purement instinctif. C'est un personnage qui s'est trouvé là par hasard et qui a occupé une chaise vide, d'où il est difficile de le déboulonner.
J'ai des amis russes, qui l'ont bien connu du temps de Eltsine. C'était un homme tout à fait falot, un homme d'administration, sans vision ni réelle vision. Nul n'aurait pu imaginer une telle ascension. Aujourd'hui, certains, sans plaisanter, affirment qu'il est l'homme le plus puissant du monde à cause des énormes réserves énergétiques de la Russie, et de sa prise en main durable sur le système. Il n'est redevable qu'à lui-même de ses décisions, même si elles sont inspirées par les circonstances.
Poutine, faut-il le répéter, n'a pas de stratégie, pas de vision long terme. Ce n'est pa là un défaut par les temps qui courent, bien au contraire. Il sème désordre, provocations et contradictions pour sonder l'Occident et laisse toutes le options ouvertes sans jamais s'engager vraiment pour aucune. Notamment à propos de l'Iran, nulle conviction derrière ses proclamations. Mais il y a 25 millions de musulmans en Russie, et l'Iran est proche. Et puis, n'oublions pas que Poutine est avant tout un homme d'affaires mesurant l'intérêt de ses alliances, à l'aune de l'intérêt économique court terme. Il lance une bombette sémantique et attend les commentaires et les retombées (nécessairement verbales)..
Paradoxe : Pour faire court et provocateur, les Russes adorent les Allemands et détestent les Français. Poutine adore Sarkozy et ne peut pas blairer Merckel. .Il y a un peu de vrai dans cette boutade. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a bien des points communs avec son homologue russe, et n'aime guère le pharisaïsme. Quant à l'Iran... bah. attendons de voir les retombées de toute cette gesticulation. Les médias sont contents, et les gens bien informés,de la concierge au soviétologue, se donnent des airs d'importance en prédisant l'avenir dans le rétroviseur.
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Sunday, 1 April 2007
Textures
Hier après-midi j'ai été invité au Concert de Valery Gergiev à la tête de sa phalange du London Symphony Orchestra, dans la Salle Pleyel rénovée. On devait à l'issue du concert donner la rosette de la Légion d'Honneur au chef international. Les oeuvres interprétées furent comme il se doit consacrées à un compositeur russe (Strawinsky avec la Symphonie d'instruments à vent et Le sacre du Printemps) et un compositeur français (Debussy avec Le prélude à l'après-midi d'un faune, et La mer). Gergiev à la tête d'un orchestre qui n'est pas le sien, l'a néanmoins fait sonner avec un splendeur et une cohérence légèrement supérieure, parait-il, aux performances réalisées avec celui du Mariinski de Saint Petersbourg. La Mer et Le Sacre, sont construits d'une manière opposée à la musique allemande de la même époque où règne la polyphonie et un sentiment exacerbé d'angoisse et de solitude. Les deux oeuvres sont formées de suites d'accords dissonants, construites par blocs sonore tantôt en rupture, tantôt en passage graduel de l'un à l'autre.
On peut légitimement comparer ces textures sonores formées d'agrégats superposés d'accords denses, conduites par une mélodie inexistante, et dépourvues totalement de signification autre que le resenti face à des dissonances barbares, cruelles et denses, accords d'accords, Vue de près la partition montre une extrordinaure recherche de couleurs sonores inédites d'une extrême délicatesse. De loin on l'appréhende comme un rythme barbare, entassant des blocs abrupts ou des nuances exquises entre accords. L'effet produit par la direction du grand chef russe, est sidérant, et parfois à la limite de la classe moyenne. Gergiev dirige sans baguette et l'acoustique de la salle rénovee amplifie le son jusqu'à l'étourdissement. On sort de là avec la même impression forte de retour à un monde barbare, d'avant notre civilisation, un monde traversé par la volupté et la cruauté, de la nature, des hommes et des rites. On peut comparer Strawinsky à Picasso et son Sacre aux Demoiselles d'Avignon. Debussy serait un Cezanne de la musique et remplaçant l'ancienne réthorique basée sur le développement axiomatique et le subjectivisme exacerbé du post-romantique, par la suppression de toute rhétorique. Les accords se frottent les uns aux autres, selon un processus informel. "les notes qui s'aiment"!
Si l'on pousse l'analogie, Schoenberg serait un Kandinsky musical, Berg, un Klee, nostalgique du temps passé.
Poisson d'avril
Il va de soi que le texte figurant dans le journal précédent, sont des canukars de premier avril. Les hommes politiques français tiendront compte - comme Reagan - de l'importance de diffuser la culture par l'exemple venu d'en haut, lorsque les poules auront des dents.
Thursday, 19 July 2007
Art vivant
Une application frappante de mon billet sur l'eau vive, est la création artistique. Il suffit de se promener dans les galeries et dans les musées même célèbres, pour constater qu'à côté d'oeuvres qui nous frappent et qui changent notre regard, on trouve des centaine d'autres qui sans être mauvaises, ni même médiocres, suintent l'ennui.
Le musée du Louvre est ainsi empli de centaines de mètres de cimaises où sont accrochées des peintures au bitume du XIXe siècle. Les figures sont exotiques ou mythologiques, les poses maniérées, les couleurs affadies par une sorte de clair obscur imitant l'ancien. Le temps s'est vengé en assombrissant encore ce qui l'était déjà trop et en avalant dans une nuit sans gloire, des épopées glorieuses, des portraits convenus.
Bruno Lussato avait acheté un Contraste de formes de 1913, * la meilleure époque de Fernand Léger. Son pédigree était impressionnant : il provenait de la galerie Louise Leiris et il était authentifié par Kahnweiler, le découvreur et marchan officiel de Picasso, Léger, et bien d'autres génies. Il avait été exposé par Berggruen où il avait fait la couverture du catalogue préfacé par le célèbre Douglas Cooper et l'affiche de l'expo. Mieux encore, il avait été sélectionné par le Guggenheim qui le considérait comme une oeuvre marquante de l'artiste. Un des spécialistes avait déclaré : "ce tableau fonctionne". Bruno Lussato avait analysé le tableau et avait conclu à son importance historique Mais je n'étais pas convaincue car pour moi, précisément, ce tableau ne fonctionnait pas. Il était statique, faible, sans vie. Je finis par convaincre Bruno de le vendre, car il ne tenait pas le coup devant des oeuvres de Klee, de Tàpies ou de Hartung qui faisaient partie de l'exposition. Lussato envoya la photo à Sotheby's qui, très embarrassé, répondit qu'il faisait partie d'un lot de faux Léger, fourgués à Kahnweiler. J'écrivis à Cooper qui avait préfacé le catalogue. Il répondit à l'encre rouge, ce qui est mauvais signe chez lui, que le tableau était en effet un faux et qu'il avait écrit la préface sans le voir !
* NOTE: Les Contrastes de forme de Leger sont des oeuvres héritées du cubisme, composées de cylindres, de cones, de figures au fort relief et aux couleurs élémentaires assez brutales : rouges, jaunes, bleus et blancs. Le faux Léger dérogeait à cette franchise des couleurs, il montrait des tons pastel et des dégradés qui n'étaient pas dans la manière du peintre. Il reste à se demander pourquoi les conservateurs du Musée Guggneheim; Berggruen le marchand le plus avisé, et bien d'autres, ne se sont pas aperçus de la fraude. La réponse est que la signature de Kahnweiler a orienté leur regard. Ils ont attribué à une innovation ce qui était dû à une maladresse du faussaire.
Les leçons à tirer de cet épisode sont doubles.
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