Musique et drameTuesday, 14 April 2009Le journal du 14 avril 2009CHRONIQUE Wagneriana
Ma collection wagnerienne, l'une des plus importantes du monde, à la notable exception des fonds de Bayreuth, insurpassables, qui sont au compositeur, ce que le Centre Klee de Berne est au peintre : un quasi monopole, cette collection wagnerienne se trouve en dépot dans les sous-sols protégés de la BNF et elle y restera. Je n'ai pas envie qu'elle connaisse le sort de ma collection de Stylos. Au moment de m'en séparer mentalement (elle n'est plus dans le foyer de mes préoccupations), je désir esquisser pour vous en quelques lignes, son plan et sa place dans l'oeuvre du Maître de Bayreuth.
Mea culpa Notre ami Herbe vient de me donner une belle leçon de modération. Il m'a rappelé que Chronic'Art m'a consacré un long entretien. Evidemment je ne puis l'oublier puisque c'est ainsi que j'ai eu vent de ce magasine. Mais j'ai eu le tort demêler le linge sale du linge propre, et il y a évidemment des pages tout à fait valables et interessantes, avec de l'humour décapant et créatif.J'en prends pour exemple la dernière de couverture du magazine, due à Jonathan Knowles et détournant la (vraie) publicité de Desperados.
Mon attitude drastique et intolérante contraste avec l'état d'esprit des américains de Los Angeles. Mes amis, le docteur Benichou le plus compétent des spécialistes de son dimaine, et son épouse Renata qui est l'âme créatrice de sa boutique de lingerie et de textiles de très haute qualité, reviennent enthousiastes de cette ville où réside leur fille qui vient d'avoir un beau bébé. Le docteur Bénichou qui ne s'est pas faute de fustiger les prix déments et la qualité rétrograde de la médecine, bien supérieure dit-il en France, a loué au contraire l'esprit de solidarité des critiques américain. Ayant assisté à la Walkyrie avec le jeu de Domingo dans le rôle de Siegmund,le blond et jeune héros d'excellents chanteurs et un bon chef d'orchestre,il fut dirigé par la mise en scène indécente, comme les autres productions avant-gardistes du Ring. Les critiques comme le public détestèrent cette mise en scène et exprimèrent leur mécontentement. Mais les Etats-Unis ne sont pas l'Europe et on ne vit pas de subventions. Encore faut-il convaincre les supporters, les sponsors et les mécènes. Or critiquer ouvertement par voie de presse cette représentation, c'était pénaliser lourdement la louable tentative de l'opéra pour remonter le niveau culturel de la Ville. Ils se gadèrent donc de toute critique trop méchante et louèrent hautement les aspects positifs de la représentation, par solidarité envers leur Opéra.
Pour en revenir à Chronic'Art, ce magazine très aimablement m'assure le service de la publication, et sans aucune arrière-pensée commerciale comme les autres journaux. C'est ne guère les remercier que de tout focaliser sur un article qui heurte mes valeurs. Donc Mea Culpa et merci à notre ami Herbe pour sa leçon.
Et que vient faire Wagner dans tout cela?
Rien, bien évidemment ! Je crois tout simplement une échappatoire pour ne pas avoir à traiter les sujet ! On a consacré tant de centaines de millier de pages (en 1900 on a plus écrit sur Wagner que sur n'importe qui d'autres, y compris Napoléon, Jesus Christ excepté!) les miennes comprises, que comment écrire sur le Maître de Bayreuth qui ne soit pas une de ces vulgarisations que vous trouverez dans toutes les pochettes de disques? J'ai eu une idée inédite, c'est de vous faire participer à ma découverte très progressive, et peu glorieuse, de Tristan et du Ring.
Ci-dessus, la première esquisse connue d'un leitmotiv : ici écrit au crayon puis effacé, le motif de la chevauchée des Walkyries
Ci-dessus, le manuscrit dit de Paris de la partition de Siegfried's Tod, du 12 Août 1850. Elle est précédée, sans doute d'un jour par l'esquisse de Washngton dont le manuscrit de Paris constitue la mise au net à l'encre et comprenant les deux premières scènes (Duo Siegfried-Brünnhilde) .Elle provient de la collection Louis Barthou qui l'a mise en dépot à la BNF et retirée au moment de l'occupation allemande. Elle reparut chez Sotheby's en 1993 où je me battis contre Bayreuth soutenu par la Deutsche Bank. Je suppose que c'était le manuscrit le plus cher au cm2 F, J'ai tenu à ce qu'elle regagne la BNF, son lieu d'origine, où dort paisiblement dans les sous-sols bien gardés.
Les débuts d'une initiation Que mes internautes veuillent bien de placer pendant les années cinquante, celle où je découvris Wagner. L'occasion en fut donnée par les représentations de Tristan et du Crépuscule des Dieux par Kirsten Flagstad et Max Lorenz deux idoles, incontournables (encore que Lauritz Melchior surpassa largement Lorenz). Georges Sebastian dirigeait l'orchestre et les gens faisaient la queue à partir de deux heures du matin avec leur chaise pliante !
Mais il faut revenir aux débuts de ma relation avec Flagstad. Dans mon ignorance je ne savais pas que c’était la plus grande cantatrice de sa génération. Elle venait d’accepter de chanter à Paris au Palais de Chaillot qui abritait une très élégante salle de concert, pour ses débuts après l’après-guerre. Elle avait été soupçonnée par les américains d’avoir été pronazie, parce que pendant la guerre, cédant aux appels désespérés de son mari (le second, le premier était un Suédois, Lars Hall qui la détestait) elle abandonna le Met pour le rejoindre. Johanngsen, son deuxième mari faisait partie du parlement Kisling (si j’orthographie correctement ces noms) qui collaborait avec les troupes d’occupation. Dès qu’elle arriva, elle enjoignit son époux de donner immédiatement sa démission. Ce qu’il it aussitôt. Résultat : il fut arrêté et mis dans un camp de concentration. Sa femme dut se cacher chez son chauffeur. Au lendemain de la guerre, tous deux respirèrent : enfin libres. Mais cette trêve fut de courte durée. Ils furent mis en arrestation et Flagstad dut encore se cacher et faire appel au témoignage du Grand Rabbin de New York, et au Général Mac Arthur pour retrouver sa liberté. Elle apprit ainsi que c’était Lauritz Melchior, le plus grand chanteur héroïque wagnérien du siècle qui avait monté une coterie contre elle. Charmant ! Mais son mari n’eut pas cette chance car poursuivi ainsi que la fille de Flagstad Else Hall, par la haine tenace de Lars Hall, dit Lasse, il fut soumis à tous les pires traitements et mourut en camp de concentration, qui pour être « allié » n’en avait pas moins appris les méthodes nazies.
QU’EST-CE QUI M’ATTIRÉ CHEZ WAGNER ?
Frontispice du Ring, manuscrit destiné à l'éditeur. Coll. B.L.
Lire la suite dans le corps du billet ("continuer à lire"). Continuer à lire "Le journal du 14 avril 2009" Monday, 15 December 2008Le journal du 15 décembre 2008CHRONIQUE Seconde Fondation
Prélude à Fondation, Fondation, Fondation et Empire, Fondation foudroyée, Seconde Fondation, Fondation et Terre ... Tels sont, si ma mémoire ne me fait pas défaut, les titres du polyptique impressionnant d' Asimov. La fondation dont je vous ai si longtemps entretenu, commence à émerger des limbes et le département de numismatique est assez avancé.
Un traquenard nous attendait cependant, mon successeur et moi. Contrairement à la Fondation d'Uccle, dont le but et de faire se rencontrer les civilisations au sommet, la seconde Fondation se place sous le signe de l'évolution des idées de l'homme et des outils qui lui servent à communiquer avec lui-même et les autres. Or on m'a rappelé qu'une autre fondation poursuit le même but. Il ne s'agit de rien moins que de la Fondation Bodmer qui fait l'admiration du monde entier et qui détient des trésors inestimables comme la Bible de Gutenberg ou les manuscrits des poetes grecs. Notre tentative faisait pietre figure auprès de ce couloir souterrain reliant deux bâtiments émergents comme deux fourmilières dans un champ. J'ai gardé un mauvais souvenir d'une administration qui avait refusé avec beaucoup de morgue mon offre de déposer dans la Fondation ma collection d'instruments d'écriture, alors la première au monde. Si ma proposition avait été acceptée, elle serait aujourd'hui indemne alors qu'elle a été volée en 2001 au cours d'un cambriolage sanglant.
Je me suis alors appuyé sur une base théorique et deux idées pratiques. La base théorique Elle se fonde sur la mesure de la signification d'un ensemble d'objets. Elle dépend des liens d'intégration entre ses éléments entre eux et avec notre arrière plan psychologique. Or dans la fondation Bodmer, un manuscrit ou un objet n'entretiennent que des relations chronologiques assez pauvres avec les objets voisins et sont souvent dépourvus d'émotion. Au contraire nous avons entouré chacun de nos objets d'un réseau aussi riche que possible avec des objets auxiliaires chargés de construire un contexte passionnant et pédagogique et essayé de les relier à notre expérience personnelle. La scénographie C'est une des deux idées de mon successeur. Un exemple : hier je m'interrogeais sur l'opportunité d'acquérir deux monnaies à la prochaine vente de New York. Hélas elles risquent de dépasser mon budget mais l'exemple en soi est instructif. La première pièce, clou de la vente représente côté avers un beau portrait de Brutus, côté revers un trophée militaro-naval et la mention du monnayeur : Casca. La pièce est datée 42 BC, soit deux ans après le meurtre de Jules César par des conjurés dont le bien-aimé de César Brutus. Casca, dont le nom figure au revers de la monnaire, porta le premier coup mortel, par derrière.
L'autre pîèce réunit les portraits de César et de son héritier Octave, qui plus tard deviendra sous le nom d'Auguste, le premier empereur romain. La date d'émission est 43 BC, soit un an seulement après le meurtre de César.
Ces pièces ont été émises à un moment particulier, dans un but prémédité. Octave fit frapper l'émission au moment de partir pour Rome où il conquit par la force le titre de consul. Cette monnaie rappelait opportunément qu'en tant qu'héritier de César, il avait la légitimité pour lui.
Ci-dessus : A gauche Octave, à droite César.
En ce qui concerne Brutus, l'affaire est différente. Octave décida de venger César, avec l'aide de Marc-Antoine et livra bataille aux conjurés à Philippes. Brutus était ennemi du culte de la personnalité, mais, travaillé par des pressentiments à Philippes et à l'approche du jour décisif, il comprit qu'il devait apparaître à ses soldats comme un chef légitime afin d'augmenter ses chances de les motiver. Il décida de paraître dans une monnaie d'or, forgée par Casca (le premier conjuré à poignarder César) et à rappeler par les trophées et la lettre L, censée représenter la victoire de Brutus à Lycie ses combats victorieux.
En seulement deux pièces, voici donc condensée une histoire tragique, que l'on peut projeter (à condition que la fondation soit dotée du statutconvenable de club pédagogique) en faisant appel à Jules César la pièce poignante de Shakespeare interprétée magistralement par l'équipe de la BBC et de Time-Life Films :
La grande question est : comment voir une pièce non traduite, en anglais? Si vous connaissez un peu la langue, vous bénéficiez des sous-titres en anglais. Vous pouvez alors suivre sur une édition bilingue. Mais mieux encore, vous vous précipitez sur une bonne traduction et veous lisez l'histoire. Les images raconteront tout.
Mais de vous parler de Shakespeare n'était pas mon propos. Essayez simplement d'imaginer ces deux pièces bien éclairées et leur agrandissement, ces images, étant alternées avec de courtes séquences du film enfermées et visionnées à travers des oeilletons. Voici un exemple de scénographie. Et je puis vous assurer que ce serait un spectacle très émouvant, unique. Tout d'abord parce que ces pièces sont très rares (17 pour Brutus,5 pour Octave-César) , puis parce que les conservateurs et les numismates ne se soucient guère de ces détails qui dépassent leur spécialité, et que les historiens imaginatifs ne connaissent pas la numismatifs. Sans compter que si vous pensez à Hadrien tel qu'il est dépeint par Marguerite Yourcenar, et tel qu'on le cerne dans les monnaies, cela donne à réfléchir. Voici le grand homme flanqué numismatiquement par sa pauvre femme qui dut le subir avant d'être acculée au suicide, et son sigisbée Antinoüs , vous perdez vos illusion. Et puis, à propos de Brutus, songez qu'il s'agit d'un portrait sans complaisance, une manne pour les physiognonomistes !
Le cheminement ludique Après avoir imaginé la solution scénographique, mon successeur a concocté un schéma destiné à tenir le visiteur en haleine. Il est basé sur la constatation suivante: vous ne pouvez accéder réellement aux objets exposés, fondation Bohr, ou pas. En effet il ne s'agit pas d'édifier une pinacothèque, mais de montrer des monnaies, des livres, des manuscrits... Et ceux-là il faut les feuilleter, le toucher, les faire pivoter, entendre le bruit du parchemin ou du vélin, admirer le grain de ce merveilleux papier médiéval qui ne vieillit pas, frais comme au premier jour. Que faire? Comment résoudre la quadrature du cercle. Mais je réserve la réponse à un prochain billet, car il est 5h57 du matin et je viens seulement de rentrer de l'hôpital.
Mais faites-moi plaisir. Achetez une bonne édition bien reliée des pièces de Shakespeare. La meilleure est celle du Club du Livre parue après la guerre. Avec un peu de chance vous la trouverez peut-être sur Amazone? Et vousn'avez pas besoin de lire tout de suite mais de les garder précieusement. Un jour vous aurez envie d'y jeter un coup d'oeil et la magie vous enveloppera de son féérique manteau et vous fera oublier vos ennuis.
Votre dévoué Bruno Lussato.
Ce 15 decembre 2008
Monday, 24 November 2008Le journal du 24 novembre 2008CHRONIQUE Du lointain À propos du deuxième Faust de Goethe.
Ainsi que j'ai dû vous le dire dans quelque billet, j'ai une copine... Ou appelons-là une muse, un ange gardien, un oeil critique... Nous nous entendons parfaitement, même goûts et la seule chose qui me manque ou qui lui manque pour que je marie avec elle, ce sont quarante ans de différence à mon détriment, pour ne parler que des tares les plus anodines. On est presque jumeaux par notre jugement sur les êtres et les choses mais... Mais voilà elle esIl est une femme, et une femme élégante. Elle aime aussi s'amuser, plaisanter, me décrire ou me montrer un sac de chez Vuitton ou le tissage artisanal d'une robe faite pour elle par une copine de talent.
Il se trouve que nous avons passé un CD, Il s'agissait des Scènes de Faust de Robert Schumann, dans la version de Benjamin Britten qui les surclasse toutes. En effet cette oeuvre étrange qui semble tissée avec des rayons de lune, est d'une texture tellement fragile qu'elle ne passe ni transcrite au piano, ni exécutée par n'importe quel chef. Elle est littéralement informe, et les critiques; même d'aujourd'hui la dénigrent , pressentant dans cette dernière pièce du cimpositeur, l'ombre de la folie qui devait l'emporter quelques mois plus tard. D'ailleurs, voici quelques années le manuscrit entier (plus d'une centaine de pages fut ravalé chez Sotheby's. Il ne se trouva nul mécène pour payer dix millions de francs le chef d'oeuvre absolu de Schumann.
En écoutant une fois de plus cet oratorio, une impression bizarre se confirma. Cette musique n'était pas du Schumann. Son style se différenciait de toutes les oeuvres les plus audacieuses, y compris Tristan ! Qu'y avait-il de si particulier dans ces notes? - C'est qu'elle se glissait aux vers de Goethe, docilement, et ne se répétait jamais, un peu comme Erwartung d'Arnold Schönberg. De même que les vers ne se répétaient jamais, les sons, intimement impregnés de la musique du poeme, ne se présentaient jamais deux fois, onde mouvante continue, prolongement des vibrations qui émanent du chef d'oeuvre de Goethe. Oui, je pourrais affirmer que cette musique n'était pas de Schumann mais du maître allemand, qui refusait que Beethoven mette en musique son double drame.
J'ai quelque part une pensée pour Goethe, alors qu'humilié, meurtri par son vieux corps traitre à la jeunesse de son esprit, il aborda non sans hésitation la deuxième partie : Faust Zweite Teil. Ihr naht euch wieder, schankende Gestalten / Die fruh sich einst dem trüben Blick gezeigt. / Versuch' ich wohl, euch diesmal festzuhalten? Notamment la derniere période m'arrache les larmes des yeux : Ein Schauer fasst mich, Träne folgt den Tränen/, Das strenge Herz, es fühlt sich mild und weich;/ Was ich besitze, seh'ich wie in Weiten,/Und was verschwand, wird mir zu Wirklichkeiten.
Voici ma traduction, du simple, élémentaire, mot-à-mot.
Vous vous rapprochez de nouveau, formes vacillantes, qui autrefois apparutes à mon regard voilé. Essayerai-je vraiment, cette fois de vous saisir? ... Un frisson me saisit, la larme suit les larmes, ce coeur si fort, je le ressens doux et faible; ce que je possède, je le vois comme dans le lointain, et ce qui s'évanouit, deviendra pour moi réalité agissante.
Le deuxième Faust s'ouvre par un poème aussi émouvant : dans un paysage charmant, au crépuscule, Faust couché sur un lit de fleurs , las, agité, cherche le sommeil. Tout le poème se passe du crépuscule à l'aube, et Ariel détaille les différentes phases de la nuit.
Le choeur dit : Quand les airs s'emplissent de tiédeur/dans la clairière ceinte deverdure, avec ses douces senteurs, ses voiles de brumes, le crépuscule s'abaisse vers la terre. Puis, on avance dans la nuit : La nuit déjà s'est appesantie sur la terre, saintement l'étoile se joint à l'étoile... Puis : Déjà se sont évanouies les heures; Dissipées joies et douleurs, Pressens ta guérison prochaine; Aie confiance dans l'aube qui point. Le son s'amplifie, le rythme s'agite dans la musique comme dans le poème : Les vallons reverdissent, les collines ondulent en vagues buissonnantes propi;ces au repos/ et dans le flot mouvant des vagues d'argent nage la semence vers la moisson. Nous reviendrons sur ces vers mystérieux. Und in chwanke Silberwellen/Wogtdie Saat des Ernte zu. On à l'unisson : Ecoutez, écoutez l'ouragan des heures!
Dans le volume XVI de L'entretien, p. 1697, daté de 372 avant 2000, j'ai trouvé une transposition des mots mystérieux:
LES VALLLES VERDOIENT:/LES CHAMPS SE FRONCENT:/ LES COLLINES ONDULENT:/ LES BUISSONS DANS L'OMBRE DISSIMULENT LEUR SECRET. Sous les vagues dorées de la chair, la semence vogue vers la matrice/pour des bonheurs féconds...Solitaire je veille inconscient de la fuite des heures n'écoutant que le vent qui me traverse, indifférent à mon bonheur, à mon malheur.
J'écoutais la musique. J'étais ébranlé dans mes entrailles, et j'entendis enfin la voix lointaine de S*** qui me parlait de Dior. Je compris alors que j'errais dans un pays, dans une lande lointaine, mais qui était soudan devenue proche. Parler de futilité était devenu impossible, c'était dans un monde matériel, vivant. J'eus beaucoup de mal à l'extraire de cet état. Je crois que cette soirée cela me fut impossible. Je compris aussi la raison de mon faible succès auprès des femmes, autrefois. J'étais un étranger.
Tout à coup, pendant que je rédigeais la suite, au moins deux longs paragraphes, voici que subitement apparaît Google à la place, effaçant tout ce que je venais d'écrire ! Je suis trop fatiguer pour tout reprendre, je puis tout au plus vous annoncer que c'est avec vous que j'ai débuté la journée des mes soixante seize ans. Et j'en suis heureux. Auparavant j'avais des ennuis avec mon insertion, et mystérieusement mon billet se colorait de couleurs bariolées. C'est m'explique Emmanuel que j'utilise l'informatique du pauvre, mais que je n'ai pas à m'en faire, il est là. Mais lorsqu'il n'y est pas, ce qui était le cas hier soir et aujourd'hui je suis en panne! Dès que l'insertion sera rétablie, je vous afficheri les coordonnées des disques et livrees à commander sur l'internet.
Bien fidèlement Bruno Lussato. Voici enfin les titres des disques et des livres vivement conseillés.
Ci dessus la distribution de la version Britten. Comme l'a fait Goethe, Schônberg a écrit un monument à l'écriture evanescente et informelle. Leibowitz comme Britten peuvent seuls nous livrer le secret de cette musique où tout fonctionne par allusion,et la musique informelle, considérée avec méfiance.
ci-contre, l'ouvrage traduit par Henri Lichtenberger, de loin la meilleure traduction
FIN. BL. Saturday, 1 November 2008Le journal du 25 octobre 2008CHRONIQUE AUTOUR DE "TRISTAN" Si je vous ai fait faux bond si longtemps, ce n'est pas, que Dieu soit loué! pour des raisons de santé, mais à cause du réseau qui est tombé en panne pendant deux jours, effaçant des pans entiers de texte et d'images, qu'il m'a fallu reconstituer.
Bill Viola et Bruno Lussato
Kira Perov, Marina Fédier et Bill Viola.
Le texte que j'ai dû réécrire, a été à nouveau détruit. Le réseau orange est tombé une fois de plus en panne. C'est la raison pour laquelle, hélas, mes souvenirs sont devenus lacunaires. Vive le papier-crayon.
La répétition générale de "Tistan" avait lieu le 27 octobre à 18 heures. J'ai toujours considéré la mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner par Bill Viola-Peters Sellars et à l'Opéra Bastille, comme le plus beau spectacle qu'il m'ait été donné de voir, avec le Ring de Chéreau-Boulez à Bayreuth en 1976-1983. Mais alors que cette dernière production est enregistrée en DVD et fort bien enregistrée, l'interprétation de Viola risque d'être perdue pour la postérité.
Impossible d'avoir une seule place pour la répétition générale. J'ai alors envoyé la veille un fax à Kira Perov qui venaient d'arriver à Paris. Elle m'invita aussitôt à déjeuner le lendemain, avant la répétition avec Marina. L'accueil fut exceptionnellement chaleureux, comme d'habitude, et je devais revoir Bill et Kira Vendredi avant leur départ pour Los Angeles.
Les conversations portèrent sur Tristan et sur un entegistrement possible du Ring de Viola. La veille de la dernière du Ring par Bob Wilson, le trouvai les fonds pour enregistrer la performance. Cinq DVD furent édités, avec interdiction de les divulguer, sauf à des fins professionnels d'enseignement et d'éxégèse. Mon exemplaire ira à la Fondation de Uccle en Belgique. J'y reviendrai.
Je mis toute ma force de conviction pour persuader Bill Viola d'en faire de même, m'engageant - un peu témérairement - de lui procurer les fonds nécessaires. Mais la partie n'est pas gagnée. En effet un élément majeur est la dimension, notamment l'écran du troisième acte est vertical, ce qui ne se prête guère à nos écrans à plasma qui sont horizontaux. Mais nous finimes Viola et moi par tomber d'accord sur l'évolution de la technique et du home cinéma pour résoudre ce problème somme toutes conjoncturel. L'important est de sauver le spectacle, le plus émouvant, le plus beau du monde. N'oublions pas que Viola est un des cinq artistes vivants et que Tristan est son oeuvre maitresse. Cinq heures de video, c'est quand même quelque chose. Je hurle alors "chef-d-oeuvre en péril !"
Présenter l'intrigue de Tristan dans ce billet serait dépasser son but. Mais j'ai l'intention de m'y atteler lors d'un prochain article. D'ici là il est indispensable que ceux qui veulent comprendre mon analyse se procurent un bon commentaire de l'oeuvre, comme celui qui figure dans Le Guide des opéras de Wagner 1994 et l'interprétation magistrale de Furtwängler-Flagstad chez EMI
Bill Viola était emballé par les nouveaux projecteurs installés à l'Opera-bastille. Comme Bob Wilson il accordait la plus haute importance à la justesse des couleurs.
Il estima qu'on avait atteint la perfection.
Nous parlames longuement de la complexité et de l'ambiguïté de l'oeuvre qui se lit à plusieurs niveaux. Il expliqua les images du premier acte comme un rite de purification qui montre la signification cosmogonique de l'histoire au premier degré, interprétée dans un style dépouillé de Nô japonais par des acteurs en chair et en os qui font le minimum de gestes pour figurer l'action. Viola insista sur le haut degré d'intégration entre le texte, l'image, son image, la musique. De ce point de vue le nouveau chef russe comblait toutes ses attentes. Il avait saisi immédiatement son propos par sa neutralité et la précision de sa direction: chaque note était à sa place, comme chaque couleur.
De cette précision extrême, de cette intégration totale, naissait l'émotion insoutenable qui se dégage en ondes puissantes et perturbantes du spectacle. Wagner disait que bien interprétée et bien perçue, le drame devrait rendre les spectateurs fous, les pousser au suicide, surtout à partir du deuxième acte, le plus émouvant, centre magique de l'oeuvre. J'ajouterai le niveau de culture et de disponibilité du spectateur, car nombreux étaient les spectateurs qui ravis du spectacles souriaient de plaisir ou émettaient des jugements snobs sur la banalité des images de mer déchaînée. "obvious, mon chêer!".
Wagner savait fort bien finir un acte. Ou après une longue et lente attente, où le temps est comme suspendu, l'action s'accélère et la fin tombe comme un couperet (1er et 2ème actes) ou la musique se dissout dans le cosmos et rejoint tout doucement, par vagues déclinantes successives, le silence (IIIème acte). L'imagerie de Viola suit exactement cette règle. Le rythme intérieur de ses images sont accordées à la sourde pulsation intérieure de la musique et du poème.
Lors de la répétition générale, au trois-quarts des deux derniers actes, je fus étreint d'une émotion pénible. Je saignais du nez, ma tête était prise dans un étau, les larmes m'étouffaient. Pour diminuer cette souffrance j'essayai de distraire mon attention, de penser à quelque épisode comique,mais en vain. La musique, les images, m'envahissaient comme des flots mortifères. Bill Viola vit mon émotion et m'embrassa longuement sans un mot. Ce fut un moment inoubliable, et rien que d'y penser j'ai les larmes aux yeux. Le lendemain ,avant son départ nous eumes encore un meeting avec ses agents de Londres Haunch if Venison représentés par Graham Southern, un esprit vif et ouvert, pour examiner les possibilités d'enregistrement de l'oeuvre.
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Le cheminement d'une nostalgie, de Li-Taï Po à Gustav Mahler.
Blecher vient de remettre en état ma chaîne de moyenne fidélité, silencieuse depuis des mois. J'avais en fait oublié d'appuyer sur un bouton! J'en ai profité pour parcourir les méandres et le cheminement souterrain de cette sehnsucht, (nostalgie) avec Sandrine, ma complice préférée. J'aimerais bien vous faire profiter de ce voyage quelque peu initiatique, et saisir aussi l'occasion, puisqu'on est au chapitre de l'émotion, pour vous commenter le début de la Xème symphonie de Beethoven, sitôt publiée, sitôt enterrée.
Ci-dessus, la meilleure version du Chant de la Terre, sous-estimée par rapport à celle de Bruno Walter. Comme lui, Otto Klemperer était un disciple du compositeur, mais l'enregistrement ci-dessus est plus puissant, plus déchirant, et merveilleusement enregistré.
Ci-dessus, l'émouvant enregistrement de Wyn Morris. Une autre version, sèche et inexpressive, servit de bonus à une intégrale des neuf symphonies et demeurée confidentielle, comme celle-ci d'ailleurs. A acheter absolument si elle est toujours disponible.
Il est intéressant de suivre l'évolution du texte utilisé par Gustav Mahler et qui pour trois mouvements, remonte au plus grand des poètes chinois Li Taï Po.
Le recueil de poésies d'où est tiré le livret, est La Flûte de Jade, dans la traduction de Hans Bethge, d'origine plus ou moins douteuse mais dont l'esprit s'accordait avec la fugacité de la vie d'un homme et la permanence de la nature. Le recueil a été à son tour traduit par Franz Toussaint, edité chez Piazza en 1920 pour l'édition originale, la seule qui indique les dates et l'auteur de chaque poésie. Elle est rare malheureusement. Essayez de vous la procurer chez un bon libraire, ou à défaut, la version tronquée chez Amazon.
Ci-dessous,édition princeps sur Japon, miniature du frontispice par Siu-Koung.
A la mémoire de TSAO-CHANG-LING qui a été dormir dans le jardin des neuf sources après m'avoir confié le soin de présenter aux lecteurs français ces illustres poésies, choisies et traduites par lui. F.T.
J'ai choisi de comparer pour vous, un court fragment représentatif de la nostalgie (sehnsucht) typiquement pos romantique. Celui, où de gracieuses jeunes filles en train de s'ébattre dans un champ fleuri, le voient piétiner sauvagement par une troupe de cruels cavaliers, passant en trombe. La plus jolie des jeunes filles feint l'indifférence, mais elle est folle de désir pour le plus brutal d'entre eux.
LI-TAI-PO. 702-763. SUR LES BORDS DU JO-YEH ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤ ... Une des jeunes filles laisse tomber ses nénuphars et comprime son coeur qui bat à grands coups ¤¤¤¤¤
(La Flûte de Jade par Toussaint).
IV Von der Schönheit (Li-Tai--Po) *** Texte de Bechtge und die schönste von den Jungfrau sendet lange Blicke ihrm des Sehnsucht nach in dem Funkeln ihrer grossen Auge im dem Dunkel ihres Blicks schwingt klagend noch die Erregung ihres Herzens nach. ¤¤¤¤¤¤¤
mot-à-mot Et la plus belle des jeunes filles adresse de longs regards de désir vers lui dans l'étincelle de ses grands yeux, dans l'ombre de son regard brûlant palpite encore de douleur l'exaltation de son coeur ¤¤¤¤¤¤¤ Traduction DECCA 1967 Et la plus belle des jeunes filles jette vers lui de longs regards pleins de désir. son fier maintien n'est qu'attitude. Dans l'étincellement de ses grands yeux, dans le sombre feu de ses brûlants regards, palpite la dolente exaltation du coeur ¤¤¤¤¤¤
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Posté par Bruno Lussato
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Friday, 20 June 2008Le journal du 19 juin 2008CHRONIQUE
La leçon d'organisation
Il est venu.
Mon successeur au sein d'une grande compagnie à laquelle je suis attaché par de liens quasi familiaux depuis des décénnies. Je me devais, surtout dans l'état de précarité qui m'affecte, de me trouver un remplaçant aussi vite que possible.Cet homme je le connais depuis longtemps et il est doté d'une intelligence vive et acérée.Il comprend tout au vol! Et puis, un même lien de fidélité pour la firme, nous réunit.
Il est arrivé pratiquement à l'heure (retard dans le train) et s'est excusé de m'avoir fait attendre. On le voit, il n'est pas russe!
Par où commencer?
Par la fin ! J'ai en effet écarté d'emblée la démarche classique que j'abhorre depuis longemps et qui commence par enseigner les bases et les fondements de la méthode avant de passer aux applications. Un des handicaps de cette méthode, est que la connaissance théorique est exhaustive, elle permet de traiter tous les cas, alors que seuls quelques uns s'appliquent à nos préoccupations.
Lorsque j'avais dix ans, je brûlais de jouer du piano dont je ne connaissais que des bribes de notations prises dans le dictionnaire LAROUSSE du XIXe . On me donna une enseignante, Daisy Arbib qui m'installa devant la piano à queue de ma tante, qui occupait un étage inférieur, un piano à queue impressionnant, en acajou comme la bibliothèque où il trônait fièrement. Avant que j'eus pu toucher une touche, elle m'exposa son programme :
Pendant un an tu apprendras le solfège : do-o-o-o , re-e-e-e- etc. L'année suivante rien que des gammes. L'année après des exercices, la quatrième année des études, et enfin tu pourras jouer convenablement des pièces faciles.
La séance d'après, j'étais introuvable ! Je m'étais réfugié dans une poubelle de la terrasse de l'immeuble. Mon père décréta que l'examen était concluant et qu'il était inutile de gaspiller des sous pour un paresseux non motivé. Il me fallut attendre une dizaine d'années pour reprendre le piano, grâce à un appui extérieur.
La même méthode, je l'ai trouvée dans l'enseignement de l'informatique. "Tu dois d'abord, avant de toucher le clavier, connaître la théorie, apprendre les bases de l'achitecture des logiciels, quelques centaines de leçons suffiront pour en saisir les subtilités. Alors, tu seras armé pour commencer à manipuler ton micro. "
Cette option pédagogique, je l'appliquais autrefois, avec pour effet de semer la confusion dans la tête de mes étudiants. Je l'écartai donc pour mon successeur. Je décidai de parler avec lui par les problèmes qui affectaient sa compagnie, sa situation personnelle, tout ce qui perturbait son esprit et suscitait des interrogations sans réponse. Je lui montrai comment aborder le problème et alors seulement, je l'appliquais à d'autres cas pour faire ressortir la théorie.
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