Billets par Bruno Lussato
Friday, 29 May 2009
CHRONIQUE
LECTURES
Il m'est difficile de dormir sinon par à coups et il est 2h20.
A vrai dire nous sommes donc le 29 mai, mais j'ai abordé ce billet le 28 et j'ai été retardé, parce-que ma fenêtre était tronquée et que je ne pouvais lire que quelques lignes à la fois. Les experts à qui je téléphonai me dirent que mon cas était très compliqué, et qu'il fallait leur amener la machine. Commode ! Je passai quelques heures à essayer de trouver une solution. Et elle était d'une grande simplicité. Ainsi je suis en train d'apprendre le mac Book sur le tas, c'est quand même pénible et stupide.
J'arrivai à Deauville hier à midi, par un froid intense, mais agréable. L'après midi fut consacré à acheter chez Carrefour des légumes, des yaourts, des jus de fruits et autres aliments plus ou moins standardisés. Aujourd'hui je me rendrai avec Marina au marché pour avoir des produits de qualité et aussi - le Céline dont je vous ai parlé et dont je ne me souviens pas du titre, aussi affreux par son contenu, que par son contenant : un papier brûlé appelant irresistiblement la poubelle, qu'il mérite sans doute. (Il s'agit de Bagatelles pour un massacre) Mais on me dit qu'un tel pamphlet était devenu introuvable, alors...
La soirée a été éclairée par la lecture du Marchand de Venise de Shakespeare. Cela faisait quelques décennies que je ne l'avais lu et j'en suis à mi-lecture. C'est une oeuvre tout à fait ambiguë et je commence à saisir son sens écartelé entre intrigues contradictoires et s'entrechoquant brutalement. Comment est-il possible que maints critiques aient considéré cette oeuvre cruelle, comme une comédie légère ? C'est ce qui me dépasse.
Je continue la lecture de Cockpit de Kosinski où il relate les trésors d'imagination qu'il déploya pour "choisir la liberté". A New York, il connut son meilleur ami, un certain Robert, qui le couvrit de sa sollicitude et le protégea discrètement. On sait combien j'ai été sensible à ces marques d'affection de la part de protecteurs puissants. Seul ceux qui ont vécu jeunes, dans la maladie et la certitude de finir dans le caniveau, peuvent le comprendre.
Kosinski dans un passage touchant, nous apprend que Robert, non content de lui offrir un logis à air conditionné, en prévision des chaleurs torrides de New-York, insista pour lui faire acheter un vêtement d'été, pour remplacer le lourd complet d'hiver, le seul qu'il ait, et qui l'accompagna dans un magasin élégant. Par chance, on offrait un discount de 50% sur ces costumes d'été de la meilleure qualité. Ainsi Kosinski put l'acheter, enchanté. Le lendemain, ne voulant pas manquer cette promotion, il se présenta pour en acheter un second. Mais on lui répondit que les prix étaient au double de la somme qu'il avait déjà payé. Il fit un scandale et demanda à parler au Directeur. Celui-ci passablement embarrassé finit par lui révéler que la moitié du prix du costume avait été payé en cachette par Robert.
Vous vous souvenez peut-être, que bien que nous faisant vivre au Grand Hôtel et fréquentant les boîtes les plus ruineuses, mon père nous faisait vivre misérablement. J'étais incapable de me payer mes études (c'est pourquoi j' entrepris mes études au Conservatoire de Arts et Métiers qui était gratuit). Ce dénuement me fut d'ailleurs plus profitable que si j'avais été couvert d'argent comme bien des fils à papa. Il m'obligea de travailler à la Bibliothèque Nationale, dans cette magnifique salle de lecture, aux boiseries illustres, où des chercheurs concentrés et respectueux, se penchaient sur les précieux ouvrages sous la lumière des lampes en opaline verte. Je fus aussi contraint à élaborer des fiches très soigneusement calligraphiées que j'ai conservé encore aujourd'hui.
Au Grand Hôtel, un cousin éloigné Claude G*** vint vivre avec nous. Son père était un des hommes les plus sympathiques, les plus séduisants que je connaisse. Il ne consacrait que peu de temps à son fils pris par ses affaires et la constitution d'un musée de petits maîtres qui est encore très connu à Genève. Le fond de son âme était hélas tout autre, et sa femme, une grande dame issu d'un milieu huppé d'Italie, froide, d'une suprême distinction, et les trait d'une tigresse, le détestait. J'allai souvent chez eux à Genève et j'étais intimidé par leur appartement d'une glaciale beauté, et les haines qui couvaient dans la famille. Et voici qu'un affreux malheur frappa la mère de Claude, un cancer, débuté dans la langue et rapidement généralisé. Elle fut traitée au bétatron, en vain . A la fin la pauvre femme ne pouvait parler. Elle exprima le voeu que Claude qui avait alors dix-huit ans, si je ne me trompe, vienne habiter auprès de nous et que je le prenne en charge pour le cultiver et le former.
J'étais très choqué, car Claude s'intéressait de très près aux outils électroniques et aux modes opératoires des traitements les plus avancés. Le sort de sa mère ne le préoccupait nullement. Cela m'aurait dû mettre en garde. Je finis par m'attacher à lui, car il absorbait à toute vitesse mon enseignement. Au début, il fut très gentil avec moi. Pendant un an nous déjeunâmes ensemble dans un modeste restaurant chinois proche des grands boulevard. Il avait obtenu du chef du restaurant d'énormes discounts, et j'étais capable de payer les sommes très faibles demandées, et que mon père admit. Ce n'est que bien plus tard que j' appris que la plus grande partie de la note était discrètement payée par lui.
Par ailleurs, j'étais dévoré depuis mon enfance par deux passions : la numismatique et la minéralogie. Je me rendais avec délices chez Deyrolle, rue du Bac et je fis la connaissance de beaucoup de minéralogistes et de savants qui m'apprirent les arcanes de cette science. Je finis, à dix sept ans par être élu membre de la très fermée Société de Cristallographie. Pour preuve de la sympathie qu'il me portait, monsieur Charles, le chef du département de minéralogie chez Deyrolle, m'initia aux secrets des minéraux, et j'avais déniché un merveilleux livre d'une certain Braun traduit en italien, où on voyait très luxueusement reproduits en sérigraphie les spécimens les plus illustres des Universités de Magdebourg, de Karlsruhe, et surtout de Giessen dont les cabinets étaient célèbres, avant la première guerre mondiale. J'achetai pour des sommes dérisoires, des pièces aussi belles, dotées d'un provenance aussi illustres, que celle des cabinets allemands.
Le grand rival de Deyrolle était Boubée, rue St André des Arts. Il avait aussi de belles pièces, mais ses prix étaient exorbitants, dix fois ceux pratiqués par Deyrolle. Lorsque je demandai un escompte, le vendeur arbora un sourire méprisant.
Là aussi, j' appris beaucoup plus tard que tous les collectionneurs et les minéralogistes, s'étaient cotisés de monsieur Charles, pour me payer pratiquement la totalité de la collection, avec la bienveillante complicité de monsieur Charles.
Il est trois heures trente cinq du matin, et la journée du 29 déjà entamée.
Je ne veux pas clore ce billet avant de vous avoir dit combien j'ai apprécié l'imagination et le style du poème de notre ami S*** dont je puis à présent révéler le nom : S., avocat de classe exceptionnelle, père d'une famille modèle, et des passages de vibrante poésie. Il vit souvent dans un monde qui n'est pas le nôtre, le noble royaume des esprits que Goethe invoque dans la dédicace de Faust II.
Votre ami, Bruno Lussato
Wednesday, 27 May 2009
CHRONIQUE
LE NEC PLUS ULTRA
J'essaie de faire démarrer la machine. Mais Alexandre Pugachev qui a repris à ma grande joie la suite de Socrate Papadopoulos, est très difficile à joindre. Sur les 30 millions d'euros nécessaires pour accomplir ce projet uniqueau mondedans le nec plus ultra de la collection, montant très limité qui permettra aux marchands de se refaire une trésorerie, indispensable pour prouver le sérieux de l'engagement qui n'est jusqu'à aujourd'hui, purement verbal. Il y a deux niveaux d'importance croissante:
1. LE NOYAU
La découverte de l'héliocentrisme par Copernic.
Le troisième Grolier qui manque à la collection demeurée incomplète suite à la défection de Socrate.
Le manuscrit en lettres d'or à la feuille, de 1380
2. LE PREMIER CERCLE
Le psautier du XIIème siècle
Les dialogues de Galilée
La première lettre de Christophe Colomb, avant première édition manuscrit original perdu.
Les heures de MORMION-BENING
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Tuesday, 26 May 2009
CHRONIQUE
Propos sur la musique.
Mes chers amis, je voudrais terminer mon récit d'hier, par une conversation fort intéressante que j'eus avec mon disciple et ami Jacques Pozzetto, grand amateur de versions discographiques inédites et expert en horlogerie.
Une soirée à Deauville
Nous entendimes hier soir à Deauville sur sa petite chaîne de HiFi, quelques disques rares qu'il apporta pour m'en faire présent.
Je découvris ainsi le melodrame de Schumann sur un texte célèbre de Lord Byron. On le représente généralement en version allemande,l'originale, mais Sir Thomas Beecham utilisa le texte authentique de Lord Byron lui-même. La diction du récitant est extraordinairement claire et articulée : on entend chaque mot et comme dans les Scènes de Faust, contemporaines, le compositeur s'efface derrière le poète. Cette oeuvre peu connue, est de la fin et on signale la similitude entre le personnage de Manfred qui convoque les démons, et de Faust qui dialogue avec Mephistophélès. Le peu que j'en ai entendu, m'a laissé une impression de grande puissance, plus bruale que la subtilité des Scènes de Faust.
Il m'apporta aussi la version magistrale, la meilleure de loin, du premier mouvement de la Xème Symphonie de Mahler, celle de Hermann Scherchen, terrifiante de nudité, cercles concentriques autour de l'impact d'un caillou lancé dans le miroir d'un étang, puis, soudain, ouverture des vannes de l'enfer. Cette oeuvre est étonnament voisine du début de la Xème Symphonie de Beethoven.: cercles concentriques, répétitions sans développement, puis, hurlement de damnés.
Je demandai à entendre le dernier quatuor de Beethoven. Brigitte Massin, qui rédigeait la notice, reconnu dans cette oeuvre, à l'instar de Strawinsky, une nouveauté totale, laissant pressentir ce que pourrait être la Xème. Cette oeuvre est composée de toutes petites cellules répétées, et combinées d'une manière ingénieuse. Cette musique pointilliste qui n'est pas sans évoquer Contrapunkte de Karl Hainz Stockhausen est d'une troublante modernité, et aux antipodes de la dialectique et du développement en tant que fondement musical propres à Beethoven. Bien que Brigitte Massinne connut à ce moment aucun des manuscrits récemment découverts de la Xème, elle montra une prescience étonnante. Essayez d'obtenir son livre sur Beethoven, édité jadis par le Club du Livre.
Le mouvement lent est poignant : chant d'oiseau perché sur un abîme menaçant. Cette musique transcende peut-être les adagios et andante de lOp. 106 et de la IXème Symphonie. Il faut être sourd de l'âme pour ne pas entendre les cris déséspérés qui font irruption dans le dernier mouvement. J'ai enguelé le pauvre Pozzetto qui s'exclamait : ce n'est pas mal! en lisant la notice.Lorsqu'on se trouve en contact, même fugitif, d'une telle confession, on entend et on se concentre religieusement. On frôle le sacré et il est facile de blasphémer.
Enfin, Pozzetto me fit don du premier quatuor de Schönberg, qu'on pourrait considerer comme le dix-septième de Beethoven. Le thème polyphonique, superposant une musique disloquée et impérieuse et une plainte résignée, Yang et Yin est accessible à nos oreilles et peut être assimilée en une vingtaine d'écoutes attentives. C'est un chef d'oeuvre d'organisation formelle et d'expression sévère mais passionnée. L'oeuvre était interprétée par le quatuor Kölisch, référence absolue, et rééditée paraît-il.
A propos du "package" culturel
En relisant mes billets, je m'aperçois que les conseils que je vous ai assénés ne sont pas comestibles. Il est tout à fait irréaliste de vous demander d'écouter in-extenso, toute la chaîne des préludes et fugues de J.S.Bach, ou d'ingurgiter en file indienne l'ensemble des trente deux sonates de Beethoven.Je maintiens qu'il faut les acheter comme référence, ainsi que les amateur de l'ittérature, achètent beaucoup plus de livres qu'ils ne pourraient en lire, mais qui constituent un fonds, souvent devenu introuvable,et qu'on pourra consulter au hasard. L'erreur sera réparée das le billet du 28 mai 2009.
Note : je ne trouve plus mon livre d'images (l'album de famille) et je joins dans le corps du billet quelques photos perdues. (c. les billets précédents).
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Monday, 25 May 2009
CHRONIQUE
Soleil noir
Après les heures heureuses, voici le réveil décevant, ouvrant les portes du cauchemar. Cette nuit, à Deauville, le bruit d'un orage torrentiel s'est mêlé aux rêves suscités par le paracétamol, si bien que je ne savais pas s'il était réel ou rêvé. Ce matin en dépit des prévisions météo, soleil superbe et vent de terre. Toutes sortes d'ennuis cumulés : grève des trains, défection de cet escroc d'employé de maison qui, non content de m'avoir délesté de quelques dizaines de milliers d'euros, destiné à payer mes impôts, continue ses magouilles, de faisant tantôt interner dans une clinique psychiatrique, où on ne le garde guère, et pour cause, tantôt envisageant de fuir à l'étranger en abandonnant femme et enfants dans le dénuement. Irrécupérable. Il paraît que la fréquentation pendant dix ans de Jacques Martin, lui a tourné la tête et la tentation de jouer les grands seigneurs auprès de sa nouvelle épouse (qui vient de demander le divorce), a été un des facteurs qui l'ont poussé à dilapider les sommes volées, en costumes de Boss, montres chics, un Apple extra-plat comme le mien, une Renault Scénic, une moto de grande marque, et toutes sortes de folies. Je lui ai donné la chance de se réhabiliter en acceptant le contrat longue durée que je qui proposais. En vain. Il ne pensait qu'à prendre la poudre d'escampette. Tous mes amis m'ont pressé de porter plainte.
Demain je rencontre le Major Rivière, au commissariat du XVIème arrondissement, et en qui j'ai une confiance totale, pour lui demander conseil. En attendant, je n'ai personne pour s'occuper de moi et de Marina, et nous nous trouvons désemparés. La perle colombienne, Myriam, dont je vous ai entretenu, ne peut entrer chez nous qu'en Septembre. Demain à 10 heures, Michel vient nous chercher à dix heures. Dutilleux a demandé ses coordonnées pour inviter "le gentil chauffeur" au concert de Gergiev à son concert de ce soir au Théâtre des Champs Elysées. J'en suis ravi, et lui ne se tenait pas de bonheur. Je lui ai conseillé d'acheter le programme et de le faire dédicacer par Valery Gergiev et Henri Dutilleux.
Déchirement
Cela m'a fait oublier un temps mes soucis. Parmi eux, l'attitude franchement hostile du jeune homme dont je tais le nom, faisant suite, à une semaine d'intervalle, aux plus touchantes preuves d'affection qui se sont hélas révélées purement verbales. Je ne puis savoir ce qui est à l'origine de ce revirement inexplicable car il m'est impossible de le joindre. Par ailleurs il a demandé, à toutes nos relations communes, de rompre tout contact avec moi.
Jamais personne sauf lui, ne m'a manqué de respect depuis mon entrée dans la vie active. C'est au fond une expérience nouvelle que je vis, peut-être bien méritée, pour celui qui s'intitule : le moineau déplumé et qui ressemble à l'oiseau peint, titre du premier roman de Kosinski.
Photos de famille
Ne figurent dans le blog que ceux qui le veulent bien. C'est ainsi que mon fils, Pierre, m'a interdit de parler de son récent voyage, pourtant bien intéressant. Il était passablement heurté par la manière dont je partage ma vie, mes sentiments, mes convictions avec les internautes. J'ai presque toujours été d'un avis contraire de mon fils, ce qui est normal étant son environnement naturel : la finance multinationale, qui m'est tout à fait antipathique. Cette prévention l'empêche de comprendre que grâce au blog, tous mes clients, mes amis, ceux que j'aime ou que j'admire, savent tout les matins où j'en suis dans mon parcours. Ils sont ravis de figurer dans mes billets, car c'est une preuve de mon attachement pour eux. Donc, je signe et persiste. Les chiens hurlent et la caravane passe !
Je rassemble les photos de l'album de famille. Le Professeur Stanislas Pol qui me soigne depuis douze ans m'a promis de m'adresser la sienne. C'est le médecin le plus humain, le plus pédagogue, et le plus compétent d'après ses collègues et mon coeur déborde de reconnaissance envers cet homme de bien. Reconnaissance aussi pour la fidélité que Socrate Papadopoulos me témoigne en me téléphonant chaque jour ponctuellement pour me remonter le moral.
Violence urbaine
J'ai rencontré beaucoup de victimes de la violence urbaine autour de moi. Mon voisin m'a raconté une histoire à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Cet homme d'une soixantaine d'années rentrait paisiblement chez lui, en passant par un raccourci : une ruelle calme du Raincy, lorsqu'il fut violemment agressé par un jeune arabe et un noir gigantesque. Il l'étranglèrent à moitié, le tabassèrent et il fut sauvé par une voiture de Police anonyme qui passait providentiellement par là. L'arabe menaçait les policiers et le noir en agressa violemment l'autre et se sauva. Il fut rattrapé, menotté et conduit au poste de police. La victime encore sous le choc ramassa son portefeuille, l'ouvrit et vérifia : les quinze euros n'y étaient plus, mais l'essentiel : sa carte bleue, avait échappé à la convoitise des agresseurs. Le lendemain, il alla retirer un peu d'argent pour couvrir les frais de son voyage en vacances, mais sa carte fut rejetée, puis avalée. Il s'avéra qu'il s'agissait d'une carte périmée depuis belle lurette, que les agresseurs avaient substituée à l'authentique. Un des deux compères se trouvait dans une cabine voisine de la sienne pendant qu'il prenait ses billets, et réussit à capter son code. Lorsque notre retraité finit par découvrir la supercherie, il fit opposition mais trop tard. En deux jours les malfrats avaient retiré des sommes importantes dans différentes billetteries.
Des histoires semblables j'en entends de plus en plus souvent et de celles font les manchettes de France-Soir. Les spectateurs qui sortent de la Bastille ou d'autres salles de spectacle un peu isolées, n'osent plus prendre les transports en commun : il se trouvent perdus dans l'Afrique noire. Les rues ne sont plus sûres et la France que j'ai connue avant la vague d'immigration massive n'est plus la même. Les intellectuels, la gauche-caviar, les idéologues de tout poil, culpabilisent tous ceux qui déplorent cette situation, et nul n'a le courage de faire remarquer que cette France multiéthnique n'a rien en commun avec le melting pot qui fonda l'Amérique et qui subsiste aujourd'hui.
Les Noirs, les Mexicains de tout poil qui dominaient démographiquement l'Amérique, et politiquement aujourd'hui, sont des patriotes américains, ayant accepté ses lois et ses coutumes; et respectueux de sa culture. Il sont aussi bien catholiques que protestants et peu nombreux les fauteurs de trouble sont sévèrement traités.
Je ne fais que de dresser un constat. Les Noirs non assimilés, les Arabes islamistes, ne sont pas les seuls à se poser en ennemis de notre société. On peut y ajouter les Yougoslaves, les Roumains, bien des Gitans couverts par l'euphémisme : gens du voyage, expression typiquement intello et bien pensante. En revanche les Chinois, les Japonais, les Italiens devenus rares, les Russes et les Polonais, se fondent dans la population et constituent un apport riche et fécond.
Bien entendu je ne parle pas des honnêtes citoyens qui forment le noyau stable des couches d'immigration, mais des malfrats, fils du regroupement familial laxiste des années 90. Statistiquement ils sont responsables de 80% des rapines, et ils ne cachent pas la haine pour la France qui a la bonté (ou la faiblesse) de les accueillir. Cette haine est teintée de mépris affiché pour le masochisme des bons antiracistes.
Cadavres et fosses d'aisance
A ce propos, je dois vous raconter, qu'au marché, chez mon bouquiniste habituel, je suis tombé sur un livre particulièrement immonde de Céline., L'école des cadavres, si ma mémoire est bonne. Nous savons tous qu'il faut dissocier le créateur qui peut être aussi odieux que Picasso et l'oeuvre chargée d'une profonde humanité, comme Guernica.
Dans le cas de Céline c'est l'oeuvre elle-même dont le contenu ignoble, et elle doit son style, d'être prise pour une grande création littéraire.
Il y aurait ainsi un divorce au sein de la même oeuvre entre le côté face, le style, et le côté pile le message. Il faudrait pour cela admettre que les qualités littéraires de Céline compensent son ignominie foncière. C'est ce que pensent les beaux esprits qui décident de la qualité d'un texte. Mais si nous y regardons de plus près, nous avons le droit de rejeter cette appréciation. Si le style est aussi grossier et obscène dans sa forme qu'il l'est dans son contenu, l'équilibre entre les deux faces contenant/contenu sont équilibrées et toute contradiction disparaît. Obscénité de la langue et licences du style, sont d'ailleurs non seulement reconnues par ses admirateurs, mais considérées comme des atouts majeurs.
Ci-dessus, un pamphlet antisémite de Céline, qui a connu en un an 69 éditions ! La publication de cette oeuvre immonde a été arrêtée par la volonté de ses héritiers. Je l'ai achetée au marché de Deauville.
La littérature et la poésie françaises s'extirpèrent lentement de la barbarie populacière, notamment grâce aux efforts de Mlle de Scudéry, une bas-bleu un peu ridicule qui ouvrit cependant la voie à la racine qui boit l'eau de la fontaine Molière. (Racine, Boileau, La Fontaine, Molière, et dont le raffinement se prolongea jusqu'à nos jours. Corneille, la Bruyère, Marivaux, Stendhal, Proust, Balzac, Victor Hugo, Paul Valery, et René Char. furent deses grands défenseurs. Cette langue est un pur joyau d'ironie, de vérité dans les descriptions, cette recherche du mot propre et de l'expression juste propres au génie français d'autrefois.
Or Céline a ressuscité la brutalité et la vulgarité populacière en en rajoutant. La volonté d'écrire grossier était étayée par la grossièreté du message. A l'odeur des cadavres pourrissants du message antisémite et pro-nazi, s'allie la puanteur de fosses d'aisance du texte. Cet écrivain s'est appliqué à démolir soigneusement ce qui faisait la qualité de notre belle langue, précurseur des textes Rapp français les plus haineux.
Mais une catégorie très parisienne de bien pensants et fils de bourgeois, adooore être choquée se donnant à peu de frais l'illusion d'enfanter des êtres généreux et à la mode. J'ai connu cela en Mai 68 où ces fils de riches, sous le regard admiratif de leurs parents, allaient vociférer des hymnes à la gloire du bon Mao, et énoncer des propositions démentes, encouragées par Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, au Théâtre de l'Odéon. Et voici qu'on remet cela!
CHRONIQUE
Suite et fin de Pinball
La description de Kosinski sur l'accueil triomphal réservé dans les mass média à la triomphatrice du concours de Varsovie, me laisse perplexe. En effet tous ces concours n'intéressent que les magazines spécialisés et du point de vue médiatique sont tout simplement des non-évènements. Penser que les chaînes de télévision, la grande presse, accorde à la musique classique la même place que le festival de Cannes, la remise d'un Oscar, ou un concours de formules I me paraît tout simplement grotesque. A mon avis Kosinski tombe ici dans la romance et le kitsch. Ce n'est certes qu'une réaction et en lisant plus attentivement le texte, je trouverai la clé de cette invraisemblance.
Aujourd'hui il a fait un temps radieux à Deauville, et j'ai à nouveau joui de mon jardin. Mais les heures heureuses ont été assombries par la santé de Marina, dont la solitude totale lui pèse, elle qui était si heureuse et courtisée dans sa jeunesse, puis avec un mari qu'elle adorait.
Christa mon épouse, qui lui était inexplicablement hostile, et la fit beaucoup souffrir, changea la dernière année de sa vie. Elle comprit tout le mal qu'elle avait causé, minée par la souffrance, lucide sans se plaindre étonnée par mon amour. Son visage embellit, comme d'un enfant au regard naïf et émerveillé. Pour en revenir au rôle des personnages de Kosinski qui se jurent une fidélité d'une éternité modérée, je dois constituer une exception, car jamais il ne me vint à l'esprit de me remarier, ni d'avoir une liaison quelconque. Le souvenir de la chère disparue emplit encore mon coeur d'un chagrin irrépressible, mais sans le sentiment de culpabilité qui empoisonne encore aujourd'hui mes jours finissants.
Malgré que j'en aie, m'en voulant à mort, je ne parviens pas de me défaire de la profonde affection qui me lie au jeune homme. Il sera demain à Paris, et rien ne s'oppose à ce qu'il me parle, mais il ne le fera pas, en dépit de son intérêt immédiat, car je lui suis plus utile qu'il ne le pense, et il est en mon pouvoir de lui nuire sérieusement. Mais jamais cela n'arrivera car c'est cela l'affection : vous assumez les vilenies et le malheur de l'être cher. Rappelez vous l'amour touchant que le fils Jimmy Osten, porte à Gerhard Olsen son père, envers et contre tout. Mon fils a passé deux jours sur la Côte d'Azur, invité par Victor Pugachev, le successeur légitime de la dynastie illustre des Pugachev. Ils devaient aujourd'hui assister à la remise d'un prix à la Kosinski : celui d'une course de formule I.
Il est 4h15 du matin et il est temps de songer à dormir. Bonne nuit. Votre
Bruno Lussato.
Sunday, 24 May 2009
CHRONIQUE
PINBALL (suite)
La manipulation a apparemment réussi car mon précédent billet est passé sur le Web. Continuons donc notre exploration de "Pinball" de Kosinski et avec elle la liste de mes interrogations.
2. Une des héroïnes du récit, une noire splendide et sexi, dont on ne nous épargne aucune des fantaisies les plus intimes, avec ou sans gadgets sexuels, est aussi une étudiante très sérieuse spécialisée dans la musique de Chopin. Elle est admise à un de ces concours fort nombreux dont un précédent célèbre est dû à la maîtresse de Ravel, Marguerite Long, une affreuse bonne femme, vénale et minaudière qui faisait payer à prix d'or son soutien au concours qu'elle avait créée avec Jacques Thibaud, un violoniste justement célèbre.
Elle procédait de la manière suivante : elle filtrait les candidats au moment des préparatoires, profitant du fait que les célébrités du jury étaient absentes, pour en rejeter les meilleurs, (sauf ses chouchous) et les pires. Au moment du concours final, les membres prestigieux du jury avaient de ce fait le choix entre les chouchous et les médiocres, et le tour était joué.
Le concours de la Reine Elisabeth de Belgique. révéla en Julius Katchen qui en fut le glorieux vainqueur ,un pianiste hors pair qui fut récompensé par une édition discographique des sonates de Beethoven, et surtout les variations sur un thème de Diabelli, particulièrement ardues, et l'intégrale enregistrée de la musique de piano de Brahms. Dès notre première rencontre, ménagée par un admirateur, le jeune et séduisant docteur Simmenauer, violoncelliste à ses heures perdues, je me brouillai violemment avec Katchen. Grisé par son succès, (il parlait tout le temps de son intimité avec la reine Elisabeth, et je croyais naïvement que c'était la Reine de Grande Bretagne, alors que c'était celle de Belgique qui le protégeait) il se permit d'affirmer que Beethoven n'aurait jamais dû composer la fugue de l'Op. 106, que la Wanderer Phantasie qui était un de ses succès médiatique, ne valait pas tripette et que les Variations sur un thème de Diabelli, il les avait apprises en deux semaines. Elles furent prêtes lorsqu'il fut capable de les jouer tout en lisant à haute voix le journal. Ses Diabelli reléguèrent dans l'ombre le disque de Wilhelm Backhaus, dont une vie de concentration et de méditation permit une interprétation magistrale.
Bernard Gavoty, (alias Clarendon,le critique tout-puissant du Figaro) et ses émules, écrivirent que Wilhelm Backhaus jouait comme un maître d'école. Ulcéré, le plus grand interprète des trois grands B, jura de ne plus donner un concert à Paris.
Il tint sa promesse sauf lorsqu'à l'occasion d'une tournée mondiale de Karl Böhm, il dût nécessairement honorer son contrat. Il est certain que le "Maître d'école" avait une vie terne et hygiénique (je le connus à la clinique Bircher Benner à Zürich, patrie du "Bircher müssli" spécialisée dans la diététique. Elle comptait à ce moment comme hôte, Sir Stafford Cripps, le chancelier de l'Echiquier). En revanche, Julius Katchen était homosexuel et ne le cachait nullement, et il est vraisemblable que pour luii la sexualité devait lui infuser passion, et énergie vitale.
On comprendra ma réaction en songeant à mon âge : vingt ans et à ma formation musicale dans la plus rigoureuse tradition allemande. Mon professeur, Berthe Lapp, était organiste à la cathédrale de Strasbourg. Elève de Hans Pfitzner et d'un célèbre pianiste russe dont je ne sus jamais orthographier le nom, qu'elle prononçait Lutschke, madame Lapp dût abandonner sa carrière lorsqu'elle se maria avec un banquier, vice-président de la BNCI,depuis UBP, Robert Lapp. Il avait peur en effet qu'à la suite de la carrière de son épouse, on découvreon nom : Berthe Levy. Etant donné l'antisémitisme dominant, il la cacha en quelque sorte. Elle en fut très malheureuse, et elle allait souvent répéter Salle Gaveau où on louait à l'heure des studios avec piano. N'ayant pas de piano, je dépensais mes maigres économies dans une location d'une heure de studio, dont je me faisais régulièrement chasser. J'entendis un jour provenant du studio contigu, des sons émouvants, exaltants. Assis par terre à la porte du studio magique, je fus surpris par une grosse femme au cheveux gris, au visage rougeaud et quelque peu porcin et aux toutes petites mains rouges et potelées. Elle me demanda de lui jouer quelque chose, et je massacrai l'adagio de la Sonate au Clair de Lune. Elle fut scandalisée et me proposa de me donner des leçons de piano.
- Je n'ai pas d'argent pour vous payer, madame,dis-je tout honteux.
- Qu'à cela ne tienne, je sens que vous avez l'étoffe d'un grand concertiste et je m'occuperai de vous à une condition : vous suivrez ponctuellement mes instructions, et vous jouerez chez moi.
Elle habitait rue Cognac-Jay dans un appartement très bourgeois mais équipé d'un magnifique demi-queue, un Steinway de New-York dont les basses sonnaient comme des cloches, et les aiguës comme des rires cristallins. J'étais confondu d'admiration. Monsieur Lapp fit la connaissance de mon père, impressionné par sa situation, et nous primes l'habitude de prendre tous les dimanches le thé chez Angelina, rue de Rivoli. Je m'ennuyais mortellement, car en dehors de la musique et de la littérature allemande, madame Lapp ne s'intéressait qu'au spiritisme.
Elle nous raconta un jour tout à fait sérieusement, qu'il est très dangereux de se transformer en chat pour me glisser chez mes ennemis, car je risquais de ne pas pouvoir reprendre ma forme humaine.
Mais au piano, elle me fit faire des progrès stupéfiants. M.Lapp obtint de mon père qu'il m'achetât un Steinway ou au moins qu'il me louât un piano décent. Ce fut cette dernière solution que choisit mon radin de père, et je jouai pendant des heures sur des casseroles infectes dont il fallait changer les cordes toutes les semaines, et le marteaux qui cassaient en fin de course, tous les mois.
Bruno Siebert, le directeur du Grand Hôtel, ou nous résidâmes pendant dix sept ans, avait mis gratuitement à ma disposition une très jolie salle insonorisée, et c'est là que Kirsten Flagstad, Martha Mödl et d'autres célébrités jouèrent.
Je fus élevé dans un rigueur extrême, n'abordant une sonate de Beethoven, qu'une fois la précédente assimilée. Mon répertoire finit par être bien que très réduit,car j'étais un très mauvais déchiffreur, concentré autour d'oeuvres majeures comme les Préludes et Fugues de J.S.Bach, les 24 Préludes de Chopin, les Variations Goldberg de Bach et surtout les Kreisleriana de Schumann. Je dus hélas renoncer à la carrière de concertiste, à cause d'une infirmité que je partageais avec Alfred Cortot : le trac! Cortot compensa en se droguant à mort, mais je refusai une telle extrémité, et je jouai tout seul pour moi même et un petit groupe de protecteurs. Vous comprenez pourquoi, élevé dans le respect sacré des grands génies, je ne me serais jamais permis de porter un jugement négatif sur eux. Cette austérité, qui était celle de la culture allemande au plus haut niveau était aux antipodes de la débauche sexuelle décrite par Kosinski. `
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