Billets par Bruno Lussato
Friday, 17 July 2009
CHRONIQUE
INFORMATION DEGRÉ ZÉRO
Ma sœur informée de la chute du taux de fréquentation du blog, m’affirme que je ne tie pas compte suffisamment de l’actualité politique et que je devrais livrer mes commentaires et mon décodage aux internautes.
A propos de couverture médiatique, il n’est de jours où on ne parle pas de Elkann, de ses démêlés avec sa mère, Margherita de Pahlen, des exploits de son frère Lapo sacré à New York grand couturier qui vient de se marier, de la soirée à St. Trop ; où il invite les Bucellati, les Bulgari et autres huiles.
J’ai eu le plaisir de recevoir John Elkann à dîner. On a fait le compte : il y a plus de cinq ans que je le connais et nous avons eu un échange approfondi depuis le début. Il venait de vendre la Rinascente à Auchan et Arnaud Mulliez n’avait cessé de chanter mes louanges : « il faut absolument rencontrer B.L. . etc. » Il finit par venir me voir et en ces temps-là il se trouvait dans une situation de grand inconfort. Il était l’héritier désigné du cavalière, Giovanni Agnelli, et il reçut de sa grand-mère, Marella, le complément qui devait lui assurer le contrôle absolu de l’entreprise familiale, dont Fiat n’est qu’un des fleurons à côté de Maserati, Lancia, Ferrari, La Juventus, véritables icones de l’imaginaire italien. Il se demandait alors avec beaucoup de modestie, s’il était à la hauteur, s(il était bâti pour développer un héritage aussi pesant symboliquement que dangereux financièrement. Je mis beaucoup de temps à le convaincre qu’il était taillé pour affronter les complexités et les paradoxes les plus redoutables d’un début de millénaire particulièrement complexe et paradoxal. La discrétion m’empêche d’aller plus loin dans mon appréciation et l’évocation de nos échanges profondément enrichissants. Qu’il me suffise de dire, que la complexité et la richesse de son organisation mentale, le rendait apte à examiner froidement et à s’orienter avec prudence dans un environnement semé d’embuches. Le plus beau compliment qu’il me fit, est qu’après que Gabetti son mentor vénéré fut mort, il me dit qu’en quelque sorte je prenais sa suite.
Néanmoins ce qui compte plus que tout pour lui est sa famille étroitement unie : son frère Lapo, turbulent et impliqué dans une sinistre affaire, mais qui assagi est devenu un des plus féconds stylistes mondiaux, sa sœur et sa grand-mère. Son père Elkann est une personnalité respectée du monde littéraire et d’un haut statut intellectuel. Mais ce qui caractérise l’aspect extérieur de John est son extrême élégance, la distinction aristocratique un peu froide et distante en dépit d’une extrême courtoisie, et une grande gentillesse. Très souvent il m’interrogeait sur ce qui le tenait à cœur et nous tombâmes toujours d’accord. A l’hôtel on parle encore de sa visite, tant la famille, la première d’Italie est honorée.
La veille, Tatiana a fait un saut de Moscou pour me voir. Elle manqua de peu John, car après s’être baignée dans la mer fraîche et déserte, elle dut partir pour Moscou.
Le rôle de John dans ma relation avec Oleg fut déterminant. Bien avant de lui parler de covenants je me posais des questions sur Oleg Deripaska, ne voulant pas m'attacher à un de ces miliardaires russes pour qui vous êtes un jouet dont on se lasse bientôt. Tous mes doutes furent dissipés par le jugement très positif posé par John qui le connaissait depuis dix ans et le tenait pour un homme de parole, d’une totale fiabilité. Son appréciation me poussa à m’engager totalement pour celui que je considère comme mon fils aîné. Mais revenons-en à la revue de presse.
En guise de prolégomène voici un exemple de la valeur de l'information dispensée au lecteur. La BBC interviewa avant son départ pour la Sibérie Oleg. Ce dernier voulait parler de son travail, de son plan de financement, des mesures de sauvegarde prises pour éviter de mettre au chômage les forces vives de son entreprise. Mais tout cela n'interéssait nullement les journalistes qui le criblèrent de questions relatives à sa vie sexuelle supposée obsessionnelle, comme celle qui est attribuée à tous les oligarques russes. Oleg se referma comme une huitre et cela aggrava le climat tendu entre l'anglais et le russe.
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Wednesday, 15 July 2009
CHRONIQUE
CONFLIT D'INTÉRÊTS
On entend souvent ce terme dans les pages économiques ou politiques, quand il s'agit d'épingler un encombrant personnage.
Que recouvre cette expression passe-partout ? On nous dira qu’elle désigne un personnage dont, parmi les mobiles qui déterminent son comportement, deux au moins sont incompatibles. Par exemple on ne peut être juge et partie, ni se battre pour une cause et pour la cause opposée, ni encore être un avocat et faire le jeu d’un adversaire qui vous paye en sous-main, obéir au serment d’Hippocrate et négliger un malade parce qu’il ne peut payer. Le mot intérêt on le voit a un sens non exclusivement mercantile.
Dans le cas d’un petit juge qui s’acharne sur une proie pour satisfaire son ego et atteindre la célébrité alors que tout la désigne pour innocente, l’intérêt moral d’instruire à charge et à décharge, entre en conflit avec son intérêt médiatique ou, tout simplement son ego.
Il arrive parfois qu'en toute innocence on se trouve pris dans un dilemme : choisir entre deux amis, entre deux cultes, entre deux critères de valeur. Le mot intérêt est apparemment bien éloigné de son sens mercantile.
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Tuesday, 14 July 2009
CHRONIQUE
JOUR DE SANG
Lorsque je demeurais au dernier étage du Rond Point des Champs-Elysées, toutes mes relations ambitionnaient de voir le défilé du 14 juillet de mon balcon... Le dernier était particulièrement fastueux et je prévoyais ce jour-là une audition du Requiem de Mozart dirigé par Joseph Krips, aux Capucins. Sefit alors un partage des eaux. Les gens que j'estimais et qui étaient de mon bord, se retrouvèrent aux Capucins pour commémorer ce jour de deuil national, où les prémisses sanglantes de ce qu'il annonçait était, avec la Saint Barthélémy et les massacres nazis justiciable de la formule d'André Malraux : "Ce jour-là l'homme donna des leçons à l'enfer". Les autres me remercièrent chaleureusement pour leur avoir permis d'assister à la liesse populaire. Ils appartenaient à un système de valeur que je comprenais fort bien mais que je ne partageais point.
En 1989, toute une école d'historiens professionnels et courageux, François Furet entre autres, s'attaquèrent au mythe tout puissant, pour essayer, derrière les concrétions accumulées d'ignorance et de mauvaise foi, de découvrir ce qui restait de réalité, puis de comprendre à partir de ces vestiges, ce qui avait pu engendrer une des grandes abérrations de l'histoire. Je veux bien que celle-ci soit forgée par les vaiqueurs, mais imagine-t-on aujourd'hui que la population allemande toute entière, commémore, ou laisse commémorer, l'avènement de Hitler ou la Nuit des grands couteaux?
Pour faire court, ce que l'on découvrit, et qui fut d'ailleurs largement diffusé et compris par érudits et classe dominante, ce fut que la réalité avait été outrageusement déformée, que ce soit par les révolutionnaires, ou par les romantiques, par Taine ou par Michelet. Et la falsification répétée à des millions d'élèves, au cours des générations, renforcée par le jour honteux promu comme un au fait, finit par devenir vérité, selon une des lois fondamentales de la désinformation.
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PETITE CHRONIQUE
J’ai eu le plaisir et la surprise de recevoir ce 14 juillet, la visite de Tatiana, qui venue de Moscou, reprend l’avion pour Moscou le 15 à 15heures. Celle que je considère un peu comme ma fille adoptive fut très contente de rencontrer les Russes dont Marina a fait la connaissance. Elle c’est une Tatiana, la grâce faite femme, rayonnante de joie et de douceur, et parlant l’italien ce qui assure un lien, car son mari, un brave homme à la voix superbe, ne parle que le russe. Tatiana (la mienne) était toute heureuse de rencontrer un compatriote et ils ont commencé à se parler avec beaucoup d’animation. Se vérifie l’adage : un Russe + un Russe = la Russie.
Je me suis fait photographier entre mes deux Tatiana. Quel joli nom ! Je me dis que si au cours de mon existence j’avais connu une de ces créatures de rêve, mon rêve eût pleinement été réalisé : tomber amoureux ! Mais Marina me ramena sur terre : elle n’aurait pas voulu de toi. Les femmes veulent un homme protecteur, qui s’intéresse à elles, qui aime se divertir … Le contraire de ce que tu es : égocentrique, enfermé dans ton univers, orienté vers ton travail, un intellectuel, quoi !
Elle a certainement raison. Mais cela fait mal. Et puis elle oublie un fait déterminant. Lorsque j’étais jeune, Staline et ses successeurs étaient au pouvoir. Les femmes russes étaient de grosses bonnes femmes aux souliers plats, habillées d’une espèce d’uniforme que récuserait une SDF, sans grâce ni intérêt. La libéralisation a transformé la race et une nouvelle génération de créatures merveilleuse en est sortie, comme le papillon sort de la larve écœurante.
Là où est Tatiana, Oleg n’est jamais loin. J’espère l’avoir au téléphone pour lui demander de faire un nouvel effort pour les merveilleux mingei que Boudin a vu au Japon.
Bruno Lussato 14 juillet à minuit, 15 juillet à 8h30
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Monday, 13 July 2009
CHRONIQUE
LA GROSSE TÊTE
Les Allemands disent " Er Trägt die Nase Hoch" en parlant de quelqu'un qui "pête plus haut que son cul". D'une manière plus distinguée, mon compagnon des premiers jours, Daniel Herault, disait " Il ne se prenait pas pour son cologarithme". On peut encore dire, plus banalement : "il croit que c'est arrivé", "son égo est surdimensionné", "il se gonfle comme une grenouille", etc... Bon. On sait tous ce que cela signifie, mais pas les causes de cette hypertrophie de la nullité.
C'est pourtant simple. Il suffit d'interroger votre concierge. (parisienne autant que possible). Qu'est ce qui d'après vous, Maame Sidonie, fait que votre fils aîné a réussi? - Ben, quoi, c'est qu'il est devenu haut fonctionnaire, ou passé à la télé, ou plein jusqu'aux as, ou alors député ... non prêfet, c'est mieux. - Vous n'êtes pas assez ambitieuse pour votre progéniture, Maame Sidonie, visez haut, ça ne coûte rien. - Bon, si vous y tenez, je lâche le morceau : Premier ministre, marié(e) à un émir du pétrole, star de cinéma, juge ou caïd de la haute pour faire trembler ou abattre des suspects, et ruiner leurs familles en toute impunité. Ça, c'est ce qu j'appelle réussir.
Je viens d'énumérer les dimensions du pouvoir matériel dit à haute entropie car point attaché à une personne particulière, mais à un attribut. : 1. Le pouvoir de coercition (petit juge français ou président des Etats Unis) 2. L'argent (le magnat, l'homme d'affaires ) 3. La notoriété (idole de la presse et de la télé), 4. La mort (le maffioso, et pourquoi pas, le tyran iranien).
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CHRONIQUE
ÉPANCHEMENTS
C'est avec le plus grand intérêt que j'ai lu le long et ambigu commentaire de "Le Bretteur" qui parait-il a été de mes élèves, ce dont je me réjouis étant donné la qualité de sa pensée et de sa rédaction.
Une critique est à prendre au sérieux. Il estime qu'étant donné la qualité de ce blog, l'énumération de mes déboires alors que je jouissais d'un notable confort est mal venue - disons choquante.
Par ailleurs, je crois comprendre que mon discours est partagé par bien de ces fonctionnaires et bureaucrates que je critique, et qui se démènent pour changer les choses. Je répète que c'est ce que j'ai cru comprendre de ses propos et j'aimerais bien qu'il les précise.
La première réponse concerne mes épanchements. C'est vrai. Progressivement, alors que je me l'interdisais, je finis par considérer mes internautes comme des amis affectueux, et qui n'a besoin de ces ondes bienvillantes qui, bien des études sur la parapsychologie le montrent, sont pour partie dans le soulagement des souffrances physiques? Il y a sans doute de l'égoïsme dans cette démarche, mais point nécessairement de l'égocentrisme. En effet j'ai relégué dans le corps du blog les dits épanchements, et l'accès en est difficile. J'annonce toujours la couleur et il ne tient qu'à mon critique de ne pas les lire !
La seconde remarque est que ce que j'ai écrit, vient tout droit de l'enfance et un enfant ressent, il ne raisonne pas, il ne se demande pas si ce qu'il vit est digne d'être reporté dans un blog. La peur de la mort, est quelque chose d'immédiat pour un pauvre gosse, qui doit inventer à chaque instant les moyens de survvre dans un monde atroce et absurde. Pour ne pas devenir fou, il doit se construire un système rationnel explicatif. Le livre de Kosinski : The Painted Bird est l'ouvrage le plus poignant, le plus émouvant, le plus lucide que-j'aie jamais lu. Est-ce à dire qu'il faut négliger la mort douillette, à petit feu, dans un exil intérieur, sans possibilité d'agir, qu'était la mienne, ou j'attendais avec angoisse de passer le seuil fatidique des quinze ans? Moi aussi, ou plus exactement l'enfant isolé que j'étais, ai dû me construire une armature intérieure, et ma grande chance n'a pas été ce confort matériel qui choque Le Bretteur, mais l'accès à des bibliothèques. Si j'ai décrit par le menu cet apprentissage d'autodidacte, c'est qu'il répond à bien des questions qui me sont posées : comment se cultiver? Sans le vouloir j'ai redécouvert la méthode Montessori. Bien des parents qui se croient attentionnés et proches de leurs gosses avec qui ils partagent les jeux et les activités sportives, croient avoir accompli leur travail d'éducateur, le reste étant à la charge d'un système scolaire peu aidé. Mais ces braves gens bien normaux, n'ont pas la moindre bibliothèque, Ce qui trône au salon au lieu des rayons sacrés portant le savoir et la beauté du monde, est l'écran à plasma programmé pour déverser dans le foyer les égoûts de la barbarie. Quand je leur explique cela, ils finissent pas acquiescer puis continuent comme auparavant.
Hier nuit un brave irlandais angoissé par la crise qu'il sent imminente, me demanda comment placer son argent et le mettre en lieu sûr. Je lui répondis qu'auparavant il fallait réfléchir sur les mécanismes et les causes de la perturbation. Il continua : quel diplômes donner à mes enfants pour qu'ils puissent gagner de l'argent? Aucun, répondis-je.- Alors qui gagne de l'argent? Les rusés, les escrocs, les vendeurs de vent, ou alors, des gens bien introduits dans un réseau de complicités. - Mais votre fils s'en est bien tiré après la faillite de Lehman Brother dont il était un VP? - Oui, mais le fait d'être hyper compétent est une condition nécessaire et non suffisante. Mon fils a une excellente culture qui lui permet de saisir la complexité et les nuances, il est sympathique à tous ceux qui le rencontrent, il s'est marié à une femme qui le pousse à travailler, et il s'est constitué un réseau d'amis de valeur et bien placés... Ajoutons que c'est un gros travailleur et qu'il aime la fête! - et les diplômes? - Cela sert en début de cairrère à éviter d'être éliminé lors du recrutement des multinationales. - Décourageant ! - Oui.
Saturday, 11 July 2009
CHRONIQUE
EXCELLENCE OU PERFECTION?
Marina et moi, avons eu l'honneur de recevoir la visite d'une personnalité que nous connaissons de longue date. Elle était à plusieurs reprises l'hôte de mon Centre Culturel des Capucins, et nous avons échangé de mélancoliques souvenirs sur ce lieu d'exception, moins parce qu'il n'existe plus que parce qu'il ne pourrait plus exister. L'humanisme où il puisait ses racines n'est plus, les racines se sont desséchées et de l'arbre de vie, il ne reste plus qu'un souvenir vivace chez ceux qui ont mérité de goûter à ses fruits.
Raffaella Bernardi Simoni Malaguti, est la fille du Cavalier Simoni à qui le musée du stylo. Ce musée, de loin le premier au monde et impossible à reconstituer, fut l’objet d’un old-up sanglant qui m’expédia à l’affreux hôpital Georges Pompidou. Je me dis en mon fors intérieur : après tout c’est peut-être un bien, car j’étais absorbé par la fringale du collectionneur, et dans ma rage de tout posséder, de tout montrer , j’admis parmi les riches trésors, de véritables monstres esthétiques, que je ne pouvais cacher. C’eût été offenser mes généreux sponsors. Le peu qui restait, fut volé par les gardiens. Le dernier de ces vols me toucha profondément bien que j’aie cessé d’étendre ce qui restait du musée. C’était le chef d’œuvre absolu conçu pour le deuxième millénaire par Raffaella Malaguti : un corps à vingt facettes d’or incrustées chacune d’intarsia de nacre. Cette pièce est renfermée dans une double coquille de cristal de Murano, où se baladent trois abeilles en or massif. Plus aucun orfèvre aujourd’hui ne peut tenter l’expérience. Cette pièce suprême dépasse la notion d’excellence pour atteindre celle de perfection, avec sa nuance d’indépassable, d’unique, de presque surnaturel. On me dira que bien des chronomètres y parviennent. Ce n’est pas faux et on connaît la qualité de certains Bréguet, les montres en platine, ultra-plates dotées de deux seules lancettes, de Audemars Piguet… La « Bernini » les dépasse car elle est seule à dominer. Si on excepte des Namiki japonais, pratiquement hors commerce.
Il me fut impossible de retrouver aucun des stylos volés, y compris le Bernini et un magnifique Namiki. Je finis par rassembler mes économies et achetai des équivalents sur le marché Américain. Actuellement il me reste quelques pièces d’exception et une magnifique série des Omas les plus précieux qui constituent l’apogée de la marque.
C’est maintenant qu’il me faut évoquer la splendide série des « Jerusalem ». Chaque pièce est enveloppée par une frise représentant les murs de la ville sainte. Déroulée elle montre un travail de bénédictin de reconstitution. Non seulement elle est réalisée à la cire perdue, comme les statues de grands maîtres en bronze, mais elles sont finies manuellement. La série comprend quatre versions : argent, or, or blanc et platine.
Il ne reste qu’un exemplaire disponible en platine (un de ceux que l’on m’a volés) sur cent dispersés partout dans le monde. Raffaella qui n’en a pas, au bout de patientes recherches a retracé et contacté l’acquéreur du N°1, la première pièce produite et parfaite. En effet, il est très difficile de travailler un métal aussi dur que le platine et qui de plus résiste à chaque essai. A ce que j’ai compris, on a du abandonner ce travail avant d’arriver aux cent exemplaires annoncés.
L’exemplaire en or blanc, je suis le seul à le détenir, car il a été réalisé expressément pour le Musée du Stylo et de l’Ecriture. Le modèle en or, en apparence classique et standard, a bénéficié d’une réflexion approfondie, que Raffaella m’a confié ce soir et qui m’a stupéfait. Tout ce long préambule n’a été rédigé qu’avec cette révélation dans la tête.
LE SECRET DE RAFFAELLA MALAGUTI
En évoquant l’exemplaire en or du Jerusalem, Raffaella m’expliqua que pendant ds mois elle essaye de définir la couleur de l’or qui corresponde au mieux au murailles de la Ville Sainte, éclairées au couchant. IL fallait rendre cette nuance rosée, mais d’une nuance si particulière que nul ne pouvait la percevoir. J’exprimai mon étonnement : je connais l’or vert, l’or rouge, l’or jaune, mais je ne savais pas qu’on pouvait aller aussi loin dans les nuances…
C’est vrai pour les joailliers et les applications grossières pour le grand public. Mais je puis obtenir la couleur que je désire comme on commande une essence particulière pour compléter un parfum. Ce qui est important est de bien visualiser ce qui correspond exactement à notre vision personnelle. Voyez quelques stylos en or Omas, vous constaterez que la teinte du métal varie d’un modèle à l’autre. Il n’y a pas deux ors semblables.
On peut aimer ou pas, mais cette recherche de la perfection est impressionnante car elle repose uniquement sur le génie humain, à un contact direct entre le concept et la matière, et une tolérance zéro.
J’étais entièrement équipé en Hermès. Ma veste était plutôt mal coupée, j’avais un sac pochette en box très fragile. Très plat il ne fermait pas et on ne pouvait pas y loger grand chose. Mais les ceintures, les vêtements décontractés, les foulards, avaient un cachet inimitable.
LA PERFECTION INDUSTRIELLE
Watson, l’ancien président d’IBM et ambassadeur des Etats Unis, avait pondu un aphorisme, annoné par des générations de cadres supérieurs :
Il vaut mieux viser la perfection et la manquer
Que viser l’imperfection et l’atteindre.
Madame Malaguti a suivi une autre voie :
Il vaut mieux viser la perfection et l’atteindre
Que de viser la perfection et la manquer !
Le président de la Général Electric, Jack Welsh, lui choisit la voie de l’imperfection encadrée par des écarts types : σ, σσ, σσσ etc… Plus le nombre de sigmas était élevé, plus on s’élevait dans l’échelle de l’excellence. Viser l’imperfection pour atteindre l’excellence, en acroissant par petits pas le nombre de sigmas. Des programmes de motivation bien calculés par des spécialistes et des conférences du charismatique Jack Welsh, permirent ainsi d'atteindre l'objectif : obtenir une augmentation des sigmas estimée supérieure à la concurrence.
Visez l'imperfection pour atteindre l'excellence !
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