Monday, 13 July 2009
CHRONIQUE
LA GROSSE TÊTE
Les Allemands disent " Er Trägt die Nase Hoch" en parlant de quelqu'un qui "pête plus haut que son cul". D'une manière plus distinguée, mon compagnon des premiers jours, Daniel Herault, disait " Il ne se prenait pas pour son cologarithme". On peut encore dire, plus banalement : "il croit que c'est arrivé", "son égo est surdimensionné", "il se gonfle comme une grenouille", etc... Bon. On sait tous ce que cela signifie, mais pas les causes de cette hypertrophie de la nullité.
C'est pourtant simple. Il suffit d'interroger votre concierge. (parisienne autant que possible). Qu'est ce qui d'après vous, Maame Sidonie, fait que votre fils aîné a réussi? - Ben, quoi, c'est qu'il est devenu haut fonctionnaire, ou passé à la télé, ou plein jusqu'aux as, ou alors député ... non prêfet, c'est mieux. - Vous n'êtes pas assez ambitieuse pour votre progéniture, Maame Sidonie, visez haut, ça ne coûte rien. - Bon, si vous y tenez, je lâche le morceau : Premier ministre, marié(e) à un émir du pétrole, star de cinéma, juge ou caïd de la haute pour faire trembler ou abattre des suspects, et ruiner leurs familles en toute impunité. Ça, c'est ce qu j'appelle réussir.
Je viens d'énumérer les dimensions du pouvoir matériel dit à haute entropie car point attaché à une personne particulière, mais à un attribut. : 1. Le pouvoir de coercition (petit juge français ou président des Etats Unis) 2. L'argent (le magnat, l'homme d'affaires ) 3. La notoriété (idole de la presse et de la télé), 4. La mort (le maffioso, et pourquoi pas, le tyran iranien).
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CHRONIQUE
ÉPANCHEMENTS
C'est avec le plus grand intérêt que j'ai lu le long et ambigu commentaire de "Le Bretteur" qui parait-il a été de mes élèves, ce dont je me réjouis étant donné la qualité de sa pensée et de sa rédaction.
Une critique est à prendre au sérieux. Il estime qu'étant donné la qualité de ce blog, l'énumération de mes déboires alors que je jouissais d'un notable confort est mal venue - disons choquante.
Par ailleurs, je crois comprendre que mon discours est partagé par bien de ces fonctionnaires et bureaucrates que je critique, et qui se démènent pour changer les choses. Je répète que c'est ce que j'ai cru comprendre de ses propos et j'aimerais bien qu'il les précise.
La première réponse concerne mes épanchements. C'est vrai. Progressivement, alors que je me l'interdisais, je finis par considérer mes internautes comme des amis affectueux, et qui n'a besoin de ces ondes bienvillantes qui, bien des études sur la parapsychologie le montrent, sont pour partie dans le soulagement des souffrances physiques? Il y a sans doute de l'égoïsme dans cette démarche, mais point nécessairement de l'égocentrisme. En effet j'ai relégué dans le corps du blog les dits épanchements, et l'accès en est difficile. J'annonce toujours la couleur et il ne tient qu'à mon critique de ne pas les lire !
La seconde remarque est que ce que j'ai écrit, vient tout droit de l'enfance et un enfant ressent, il ne raisonne pas, il ne se demande pas si ce qu'il vit est digne d'être reporté dans un blog. La peur de la mort, est quelque chose d'immédiat pour un pauvre gosse, qui doit inventer à chaque instant les moyens de survvre dans un monde atroce et absurde. Pour ne pas devenir fou, il doit se construire un système rationnel explicatif. Le livre de Kosinski : The Painted Bird est l'ouvrage le plus poignant, le plus émouvant, le plus lucide que-j'aie jamais lu. Est-ce à dire qu'il faut négliger la mort douillette, à petit feu, dans un exil intérieur, sans possibilité d'agir, qu'était la mienne, ou j'attendais avec angoisse de passer le seuil fatidique des quinze ans? Moi aussi, ou plus exactement l'enfant isolé que j'étais, ai dû me construire une armature intérieure, et ma grande chance n'a pas été ce confort matériel qui choque Le Bretteur, mais l'accès à des bibliothèques. Si j'ai décrit par le menu cet apprentissage d'autodidacte, c'est qu'il répond à bien des questions qui me sont posées : comment se cultiver? Sans le vouloir j'ai redécouvert la méthode Montessori. Bien des parents qui se croient attentionnés et proches de leurs gosses avec qui ils partagent les jeux et les activités sportives, croient avoir accompli leur travail d'éducateur, le reste étant à la charge d'un système scolaire peu aidé. Mais ces braves gens bien normaux, n'ont pas la moindre bibliothèque, Ce qui trône au salon au lieu des rayons sacrés portant le savoir et la beauté du monde, est l'écran à plasma programmé pour déverser dans le foyer les égoûts de la barbarie. Quand je leur explique cela, ils finissent pas acquiescer puis continuent comme auparavant.
Hier nuit un brave irlandais angoissé par la crise qu'il sent imminente, me demanda comment placer son argent et le mettre en lieu sûr. Je lui répondis qu'auparavant il fallait réfléchir sur les mécanismes et les causes de la perturbation. Il continua : quel diplômes donner à mes enfants pour qu'ils puissent gagner de l'argent? Aucun, répondis-je.- Alors qui gagne de l'argent? Les rusés, les escrocs, les vendeurs de vent, ou alors, des gens bien introduits dans un réseau de complicités. - Mais votre fils s'en est bien tiré après la faillite de Lehman Brother dont il était un VP? - Oui, mais le fait d'être hyper compétent est une condition nécessaire et non suffisante. Mon fils a une excellente culture qui lui permet de saisir la complexité et les nuances, il est sympathique à tous ceux qui le rencontrent, il s'est marié à une femme qui le pousse à travailler, et il s'est constitué un réseau d'amis de valeur et bien placés... Ajoutons que c'est un gros travailleur et qu'il aime la fête! - et les diplômes? - Cela sert en début de cairrère à éviter d'être éliminé lors du recrutement des multinationales. - Décourageant ! - Oui.
Saturday, 11 July 2009
CHRONIQUE
EXCELLENCE OU PERFECTION?
Marina et moi, avons eu l'honneur de recevoir la visite d'une personnalité que nous connaissons de longue date. Elle était à plusieurs reprises l'hôte de mon Centre Culturel des Capucins, et nous avons échangé de mélancoliques souvenirs sur ce lieu d'exception, moins parce qu'il n'existe plus que parce qu'il ne pourrait plus exister. L'humanisme où il puisait ses racines n'est plus, les racines se sont desséchées et de l'arbre de vie, il ne reste plus qu'un souvenir vivace chez ceux qui ont mérité de goûter à ses fruits.
Raffaella Bernardi Simoni Malaguti, est la fille du Cavalier Simoni à qui le musée du stylo. Ce musée, de loin le premier au monde et impossible à reconstituer, fut l’objet d’un old-up sanglant qui m’expédia à l’affreux hôpital Georges Pompidou. Je me dis en mon fors intérieur : après tout c’est peut-être un bien, car j’étais absorbé par la fringale du collectionneur, et dans ma rage de tout posséder, de tout montrer , j’admis parmi les riches trésors, de véritables monstres esthétiques, que je ne pouvais cacher. C’eût été offenser mes généreux sponsors. Le peu qui restait, fut volé par les gardiens. Le dernier de ces vols me toucha profondément bien que j’aie cessé d’étendre ce qui restait du musée. C’était le chef d’œuvre absolu conçu pour le deuxième millénaire par Raffaella Malaguti : un corps à vingt facettes d’or incrustées chacune d’intarsia de nacre. Cette pièce est renfermée dans une double coquille de cristal de Murano, où se baladent trois abeilles en or massif. Plus aucun orfèvre aujourd’hui ne peut tenter l’expérience. Cette pièce suprême dépasse la notion d’excellence pour atteindre celle de perfection, avec sa nuance d’indépassable, d’unique, de presque surnaturel. On me dira que bien des chronomètres y parviennent. Ce n’est pas faux et on connaît la qualité de certains Bréguet, les montres en platine, ultra-plates dotées de deux seules lancettes, de Audemars Piguet… La « Bernini » les dépasse car elle est seule à dominer. Si on excepte des Namiki japonais, pratiquement hors commerce.
Il me fut impossible de retrouver aucun des stylos volés, y compris le Bernini et un magnifique Namiki. Je finis par rassembler mes économies et achetai des équivalents sur le marché Américain. Actuellement il me reste quelques pièces d’exception et une magnifique série des Omas les plus précieux qui constituent l’apogée de la marque.
C’est maintenant qu’il me faut évoquer la splendide série des « Jerusalem ». Chaque pièce est enveloppée par une frise représentant les murs de la ville sainte. Déroulée elle montre un travail de bénédictin de reconstitution. Non seulement elle est réalisée à la cire perdue, comme les statues de grands maîtres en bronze, mais elles sont finies manuellement. La série comprend quatre versions : argent, or, or blanc et platine.
Il ne reste qu’un exemplaire disponible en platine (un de ceux que l’on m’a volés) sur cent dispersés partout dans le monde. Raffaella qui n’en a pas, au bout de patientes recherches a retracé et contacté l’acquéreur du N°1, la première pièce produite et parfaite. En effet, il est très difficile de travailler un métal aussi dur que le platine et qui de plus résiste à chaque essai. A ce que j’ai compris, on a du abandonner ce travail avant d’arriver aux cent exemplaires annoncés.
L’exemplaire en or blanc, je suis le seul à le détenir, car il a été réalisé expressément pour le Musée du Stylo et de l’Ecriture. Le modèle en or, en apparence classique et standard, a bénéficié d’une réflexion approfondie, que Raffaella m’a confié ce soir et qui m’a stupéfait. Tout ce long préambule n’a été rédigé qu’avec cette révélation dans la tête.
LE SECRET DE RAFFAELLA MALAGUTI
En évoquant l’exemplaire en or du Jerusalem, Raffaella m’expliqua que pendant ds mois elle essaye de définir la couleur de l’or qui corresponde au mieux au murailles de la Ville Sainte, éclairées au couchant. IL fallait rendre cette nuance rosée, mais d’une nuance si particulière que nul ne pouvait la percevoir. J’exprimai mon étonnement : je connais l’or vert, l’or rouge, l’or jaune, mais je ne savais pas qu’on pouvait aller aussi loin dans les nuances…
C’est vrai pour les joailliers et les applications grossières pour le grand public. Mais je puis obtenir la couleur que je désire comme on commande une essence particulière pour compléter un parfum. Ce qui est important est de bien visualiser ce qui correspond exactement à notre vision personnelle. Voyez quelques stylos en or Omas, vous constaterez que la teinte du métal varie d’un modèle à l’autre. Il n’y a pas deux ors semblables.
On peut aimer ou pas, mais cette recherche de la perfection est impressionnante car elle repose uniquement sur le génie humain, à un contact direct entre le concept et la matière, et une tolérance zéro.
J’étais entièrement équipé en Hermès. Ma veste était plutôt mal coupée, j’avais un sac pochette en box très fragile. Très plat il ne fermait pas et on ne pouvait pas y loger grand chose. Mais les ceintures, les vêtements décontractés, les foulards, avaient un cachet inimitable.
LA PERFECTION INDUSTRIELLE
Watson, l’ancien président d’IBM et ambassadeur des Etats Unis, avait pondu un aphorisme, annoné par des générations de cadres supérieurs :
Il vaut mieux viser la perfection et la manquer
Que viser l’imperfection et l’atteindre.
Madame Malaguti a suivi une autre voie :
Il vaut mieux viser la perfection et l’atteindre
Que de viser la perfection et la manquer !
Le président de la Général Electric, Jack Welsh, lui choisit la voie de l’imperfection encadrée par des écarts types : σ, σσ, σσσ etc… Plus le nombre de sigmas était élevé, plus on s’élevait dans l’échelle de l’excellence. Viser l’imperfection pour atteindre l’excellence, en acroissant par petits pas le nombre de sigmas. Des programmes de motivation bien calculés par des spécialistes et des conférences du charismatique Jack Welsh, permirent ainsi d'atteindre l'objectif : obtenir une augmentation des sigmas estimée supérieure à la concurrence.
Visez l'imperfection pour atteindre l'excellence !
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Thursday, 9 July 2009
CHRONIQUE
ANNIVERSAIRE ROYAL
Le titre de ce billet est trompeur. Aucun anniversaire prestigieux ne sera décrit, Marina, contrairement aux années passées, sera seule avec moi pour le fêter. Mais le mot "Royal" désigne l'hôtel où il aura lieu, sa problématique, les menaces qui pèsent sur lui.
San Remo, 5h du matin.
L'anniversaire du 9 juillet
Comme je j'ai écrit dans le précédent billet, j'ai passé l'anniversaire de Marina, en tête à tête. Nos amis de naguère boudent l’hôtel qui a augmenté ses prix au moment ou la récession frappe durement les américains… et les autres. Des appels du lointain ont servi de substitut et Sandrine a envoyé un magnifique bouquet de fleurs. Le directeur de l’Hôtel lui a offert un beau cadre en argent massif, le maître d’hôtel un foulard de La Perla, le maître nageur une merveilleuse rose parfumée… Ce qui était important c’était toute la sympathie, la gentillesse, la compassion aussi pour notre commune fragilité, de tout le personnel de ce merveilleux sanctuaire, où les valeurs traditionnelles d’accueil sont encore vivantes.
Je vous ai déjà dit à quel point, en dépit d’une férocité foncière, les Russes peuvent se révéler les plus chaleureux des amis quand on ne les déçoit pas. Nous avons connu un couple attachant. Lui c’est un bon gros nounours, marchand de meubles en Biélorussie en affaires avec l’Italie. Elle est la plus ravissante créature qu’il ne m’ait jamais été donné d’admirer. Une grâce, un sourire illuminant un visage aristocratique, danseuse hors pair, modeste et irradiant la bonté. Le couple nous a invité à l’occasion de l’anniversaire de Marina. Lui a chanté d’une magnifique voix de basse, les excellents musiciens de l’hôtel, dont une chanteuse hors pair, ont consacré une partie de leur programme aux chansons Marina, Marina, et Happy Birthday to you.
Ci dessus des photos de Marina,de moi et des deux Tatiana.
J’ai vu rayonner le visage de ma chère sœur, portée par une telle sympathie. Malheureusement elle comme moi, avons fait des imprudences, Marina était sous l’air conditionné tombant sur sa nuque et moi-même oubliant mes lombalgies, je me suis enfoncé dans un « brise-reins » . J’espère qu’on n’en n’en subira pas les conséquences tout à l’heure.
LE DILEMME DU ROYAL, UN FAIT DE CIVILISATION
Le Royal est un établissement unique dans son genre. C’est un hôtel important, doté de toutes les caractéristiques d’un hôtel de grand luxe : piscine olympique d’au de mer dessinée par Gio Ponti, nombreux salons, salles de relaxation, et fitness, salle bien équipée pour les enfants, personnel polyglotte, service ultra-rapide, important rapport nombre de gens de service par client, etc.
Mais la plupart des hôtels de luxe, en Thaïlande comme au Maroc, répondent largement à ces agréments. La spécificité du Royal, en fait se situe ailleurs.
En effet, cette maison est gérée comme une petite pension artisanale, où la mamma officie à la cuisine, le mari à l’accueil, le fils au suivi des moindres désirs de clients, devenus des amis, des personnalités à honorer, des humains à respecter.
Au Royal vous n’êtes pas un numéro, mais une connaissance dont on prévient individuellement les moindres désirs, à laquelle on se plie aux exigences d’une santé chancelante. Il m’est arrivé de devoir appeler un médecin de qualité, une ambulance … ou simplement un technicien qui m’apprenne à faire fonctionner mon téléphone en panne, tout cela en pleine nuit ! J’ai obtenu ces services avec la plus grande gentillesse.
Un autre exemple : je crains les courants d’air et j’aime bien manger. La majeure partie des hôtes prend un brunch de qualité mais de variété limitée au restaurant de la piscine. Ainsi ils peuvent pratiquer une journée-soleil continue. Il n’y a que le grand restaurant « I fiori di Murano » qui satisfasse votre désir. Cela vous oblige bien entendu à vous mettre en veston, mais en revanche vous pouvez demander votre menu particulier à votre maître d’O qui connaît par cœur vos goûts et ce que vous avez déjà mangé. E merveilleux restaurant n’est fréquenté que par deux ou trois habitués. Une dizaine de serveurs et maîtres d’hôtel est à leur disposition pour satisfaire leurs goûts.
La maison a toujours été la propriété du Seigneur Bertolini, le fils du fondateur, que j’ai connu à Courmayeur au lendemain de la guerre où il tenait le « Royal Bertolini » L’année dernière encore, on le voyait, haute silhouette voûtée affectée par le Parkinsonisme, silencieux et affable. Il était partout et il observait et contrôlait. L’œil du maître, de la race dont on fait les Gérard Mulliez et les François Dalle. Il scrutait tous les minuscules détails qui font qu’un magasin, une usine, un hôtel, baignent dans l’huile. L’exemple de devait être communicatif.
Hélas, Bertolini est mort cet hiver et sa famille n’a ni l’envergure, ni le désir de prendre sa succession qui a été confiée à un directeur, homme de valeur, mais redoutable héritage.
En effet, la récession a fait partir le meilleur, le plus « Signorile » (noble) de la clientèle traditionnelle. Afin d’assurer le remplissage de l’hôtel on a dû accepter la présence de tours recrutés par l’internet ou par des tours-operators. Ces gens-là qui payaient deux fois moins cher que nous, pour des services identiques, étaient au mieux de petits cadres modestes, mangeant chez eux des sandwiches ou le soir dînant dans de petits restaurants, par ailleurs excellents. Au pire c’était des gens très mal élevé, ne contrôlant pas leur marmaille qui parcourait tout l’hôtel et barbotait dans la piscine, courant dans tous les sens en poussant d’insupportables cris aigus. Il me faut, en dépit de ma sympathie pour les Russes, de reconnaître que c’est dans leur classe moyenne que se recrutaient les pires occupants. Père et mère, assistaient placidement, béats, aux agissements de leurs gosses, sans rien entreprendre pour les faire cesser. On finit par les appeler « I barbari ». De même qu’il suffit d’un peu d’eau boueuse pour contaminer une baignoire d’eau claire, il suffit d’une poignée de ces gens pour imprimer à l’hôtel, une ambiance d’hôtel mal tenu, de deuxième classe. Les prix très élevés du Carlton ou de la Cala di Volpe, les met à l’abri de cette engeance irrespectueuse, mais ils peuvent faire le plein dans la haute Société, d’ailleurs insupportablement snob, grâce à leur renom mondial. Mais l’accueil est poli et glacé, totalement impersonnel, à moins que vous vous nommiez Brad Pitt ou Jacques Chirac.
Le Carlton passe sans relâche d’une main à l’autre, d’une multinationale à une autre, il devient écossais, canadien, chinois, tour à tour, le personnel subit une rotation du personnel analogue. Je me souviens qu’un jour lors de mon arrivée dans cet hôtel que je fréquentais depuis des années, une demoiselle les yeux penchés sur son écran, sans jeter un seul coup d’œil sur moi, me tendit ma clé. Le liftier m’introduisit dans la chambre où m’attendait une télévision allumée pour me souhaiter la bienvenue : WELCOME LUSSATO BRUNO MISTER bienvenue tirée des premières réponses du formulaire de police : nom, prénom, sexe…
Admettons que le Royal tombe entre les mains d’une de ces multinationale. On aura tôt fait de supprimer le restaurant à midi, on réduira le personnel, il sera remplacé par des jeunes mal formés, et des bureaucrates venant d’écoles hôtelières homologuées, de firmes comme Cartier, ou Estée Lauder, et ne connaissant rien au métier ni à ses clients. Ce sera la fin d’un mythe.
Mais comment éviter le piège ? J’ai ma petite idée là-dessus et je la réserve au directeur, homme de bonne volonté et de patiente écoute. Puis je vous la livrerai. Mais essayez de trouver vous aussi une troisième voie et faîtes-le savoir.
Bruno Lussato
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Wednesday, 8 July 2009
CHRONIQUE
VEILLÉE D'ANNIVERSAIRE
Demain c'est celui de Marina, que nous passons tous les ans à San Remo (ou, avant au Carlton de Cannes, avec nos amis Landon). C'est la personne qui m'est la plus chère. Elle a perdu un mari adoré et conservé toujours lancinant le souvenir des jours de bonheur, et moi, c'est ma femme qui m'a été enlevée avant qu'elle n'eût atteint la cinquantaine, et ma fidélité à sa présence toujours vivace dans mon coeur, m'a empêché de me marier.
C'est ainsi que Marina et moi nous entretenons des rapports difficiles, à la recherche d'une complémentarité qui nous a valu de réaliser de grands projet, et d'un dialogue problématique : celui d'une monochrone très rigoureuse et d'une grande franchise, et du polychrone que je suis viscéralement, désordonné, égocentrique, vivant dans une constante utopie, à l'aise dans l'informe et l'incréé. Nous avons des amis, et moi notamment deux fils adoptifs pleins de sollicitude, mais ils sont très occupés. En quelque sorte, ma soeur et moi sommes seuls au monde, dans un monde en folie, qui nous ballotte comme des fétus au grès des flots démontés. Marina avait été gâtée par la vie, elle était entourée de la sollicitude d'amis chers et désinteressés. Tous sont morts hélas aujoud'hui, ne laissant que des regrets. Si ces deux dernières années le Seigneur n'avait accompli le miracle de me donner ceux qu'avec ma soeur, j'aime le plus au monde, et à qui j'ai voué ma vie et mon âme, je serais aussi seul que ma soeur, avec la différence, qu'ayant vécu dans une solitude totale toute ma vie, je suis aguerri.
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Ainsi comme vous le voyez, pareil à Sérénus Zeitblom, le chroniqueur de Thomas Mann, je is maintenant sur deux régistres temporels. L'horloge dévide cliché par cliché les jours enchantés de mes débuts, la réalité présente, celle qui me sollicite, frappe avec une inéluctabilité inquiétante, les nuits hantées de mes billets, témoins de fin de parcours.
REVUE DE PRESSE
Le néant, le vide intersidéral habité de mots, de formules, d'intentions pieuses, de reconciliations fleurant bon son hypocrisie. Obama et Poutine, estiment "constructif" leur entretien, Berlusconi complimente Obama sur sa bonne mine : c'est un beau gars : grand, musclé et bronzé. Ce dernier, oublie que le Président de la Russie c'est Medvedev. Le pape nous révèle que ce qui est important est de concilier l'économie et la charité, Sarkozy d'une main encourage, de l'autre fait le contraire. Passons sur le sport et la défection de Kaka, ce qui domine tout, c'est l'intérêt porté aux désastres, aux massacres. Jamais on n'entendit autant de récits de viols collectifs, dignes de Steps de Kosinski.
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Tuesday, 7 July 2009
CHRONIQUE
WORDS,WORDS,WORDS...
(Shakespeare, Hamlet).
Tous les jours, je lis la presse italienne: Il Corriere della Sera, il Messaggiero, La Reppublica... La préoccupation pour les activités culturelles est bien plus sensible que dans la presse française. J'y ai trouvé d'interessants articles, sur l'origine du titre de la Commedia de Dante, sur la nullité de Raynaldo Hahn, coqueluche du milieu snob parisien, richissime dandy dont le chef-d'oeuvre fut Ciboulette.
Le titre de la Commedia. La Divine Comédie de Dante continue de soulever des polémiques passionnées, comme l'oeuvre de Molière prétendûment attribuée à Corneille, comme si les Femmes Savantes provenaient de la même plume que le menteur. Ou encore Shakespeare prêtant son nom à Ben Johnson... Certaines parties seraient même dues à un épigone.
On ne connaît pas plus le manuscrit de la Commedia, que celui des pièces de Shakespeare ou de Molière, particularité troublante qui autorise toutes les rumeurs, toutes les interprétations les plus folles. En ce qui concerne Dante, le mot de comédie serait dû à Boccace, si je ne me trompe et on y a ajouté plus tard l'épithète de divin.
Je ne comprends goutte au Paradis, et peu au gris purgatoire. En revanche jai beaucoup étudié certains fragments de l'enfer, avec mon professeur d'italien, elle-même passionnée, et la puissance qui s'en dégage (à condition d'être lus ou déclamés en italien) dépasse tout : et Shakespeare et le deuxième Faust. La concision et la brutalité des versets n'a pas pris une ride, et comparée aux vers ampoulés de Alfieri, elle est très facile à lire pour nos contemporains. Il en est de même aussi de Shakespeare et de Goethe, dont la langue est toujours fort accessible.
Lire dans le corps du blog la troisième partie des temps d'innocence.
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