Tuesday, 23 June 2009
CHRONIQUE
SOLSTICE
Il est 5h20 du matin et l'aube s'annonce en ces jours de solstice par une terne lueur grise. J'ai déjà écrit un long billet sur Word, puis, celui-ci a disparu inopinément ! J'ai alors posté un nouveau billet, comme celuici. Disparu aussi. Il faut s'armer de patience.
Une journée chargée s’annonce, que d’autres suivront. A 16 heures j’ai rendez-vous à l’Institut Gustave Roussy dans la banlieue la plus laide de la capitale : Villejuif. J’en ai conservé un des souvenirs les pires de mon existence. C’est là en effet que Christa fut suivie par le professeur Schwarzenberg, dont la célébrité avait dépassé les frontières. Cette très médiatique personnalité était le compagnon de Marina Vlady, une actrice de cinéma Russe très belle jadis, mais ayant terriblement grossi. Il était la coqueluche des parisiens car il était de toutes les pétitions, de tous les comités de patronage qu’affectaient la gauche-caviar. Hélas, il s’avéra, au bout d’une accumulation d’erreurs fatales, qu’il n’était nullement médecin et n’avait pas le droit d’exercer. Il se faisait d’ailleurs appeler Professeur, et non docteur à juste titre, mais ce qu’il enseignait c’était la biologie ! Nous étions Christa et moi très amis du couple et ma femme ne jurait que par lui. Elle le suivit alors que son chirurgien avait conseillé l’ablation de son sein, contre l’avis du « professeur », qui fut affirmatif : l’image suspecte était un effet de la radiographie. Cette erreur mortelle ne fut décelée que plus tard, et le Professeur Jasmin (dont un assistant avait dit à ma femme « il vaut mieux perdre un sein que la vie) ne pouvait plus réparer les nombreuses bévues commises. On comprend donc ma répugnance de me faire soigner dans ce lieu. Aussi ai-je obtenu grâce au Professeur Pol, de pouvoir sitôt l’opération terminée (j’espère avec succès) de me faire soigner à Cochin, où je me sens chez moi et où je jouis de la sympathie – partagée – du personnel hospitalier.
Si je me suis appesanti sur ces tristes vicissitudes, c’est pour mettre en garde les internautes. Certes, il ne faut pas changer de médecin, mais encore faut-il auparavant s’assurer que sa réputation n’est pas usurpée et qu’il jouit du respect du corps médical.
Pour passer à un registre moins lugubre, je vous dirai que je lutte avec acharnement pour qu’un merveilleux et grandiose projet de complexe médical et social qui prendra en charge les personnes seules au monde, voie le jour. Il a été imaginé et conçu par Marie-Antoinette de Bournet, une femme plus âgée que moi, et dont le dynamisme enterre n’importe quel condottiere. C’est la femme la plus extraordinaire que j’aie rencontrée, et tous ceux qui la connaissent partagent cet avis. Mais il lui faut obtenir un prêt long terme de quelques dizaines de millions, et cela ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval. J’espère que mes deux amis russes, ceux qui ont survécu à la crise, pourront faire un geste dans ce sens.
Je lutte aussi pour mon ami russe qui a eu des revers de fortune et dont l’intelligence exceptionnelle et la noblesse de sentiments ont fait la conquête des dirigeants de notre pays, où il est persona grata.
Tout ceci il me faut le mettre en œuvre avant de rentrer à l’hôpital ? Comment, je n’en sais trop rien.
En même temps j’ai trouvé le temps de poursuivre mon travail sur les Mingei, dont je voudrais bien tirer un petit livre pour les débutants. Il est maintenant 6h du matin. Le ciel est pus et la journée risque d’être superbe. Mais il me faut rapidement regagner la capitale.
Monday, 22 June 2009
CHRONIQUE
DERNIER JOUR À DEAUVILLE
Le temps est de plus en plus radieux. Nous regrettons de devoir regagner la capitale polluée, étouffante et pour moi, devenue claustrophobique.
Je dois voir l’anesthésiste demain et après demain j’entre à Villejuif pour être opéré jeudi matin.
Je ne me sens nullement angoissé, et je profite de la vie de Deauville, de son marché, de mon petit jardin au bout duquel la piscine est bleue comme sur la côte d’azur. D’un bleu méditerranéen, le ciel, D'un bleu de cobalt bien plus pur que celui de San Remo, toujours un peu blanchâtre de réverbération.
J’ai été entouré de tant d’amour et de sollicitude que j’en ai puisé le courage nécessaire pour lutter. Il y a d’abord la tribu Auchan, ma seconde famille, et tout particulièrement Henri Mathias, Arnaud Mulliez et Vianney. le trio si proche de moi. Il me tarde de connaître à nouveau la joie de me retrouver à Lille, au milieu de leur chère famille et en particulier Sophie, cuisinière émérite et femme de caractère, courageuse et aimante, et la « Baronne » une internaute active et à l’intelligence aigue.
ACCUEIL
Certes tous mes amis lillois ont été interloqués d’apprendre par le blog, la nouvelle de ma conversion. Mais ils ont compris qu’il ne s’agit pas d’un OU BIEN , OU BIEN, une foi rempçant une autre, mais d'un ET, une foi s’ajoutant, complétant, enrichissant les autres. Je n’ai pas choisi une nouvelle religion, bien au contraire, je suis revenu aux sources, d’avant le Concile de Nicée, cette Eglise fondée par Pierre et qui est restée depuis à peu près inchangée. Ce sont le catholicisme, puis le protestantisme qui sont venus infléchir, humaniser et enrichir l’orthodoxie, chargés des monuments culturels et artistiques qui sont l’honneur du monde occidental. Mais pourquoi opposer des faces différentes d’un même cristal? Le thème étant fourni par l’orthodoxie brute, faut-il négliger le variations qui n’en sont que les transformations changeantes ? Le musicien vous répondra : non.
PANNE
Il me manque de ne pas pouvoir communiquer par ce blog, qui ne fonctionne que quelques heures par nuit, victime d’un serveur orange déficient et d’une bureaucratie aussi paralysante que celle qui a empêché Air France de remplacer une sonde défectueuse sur l’Airbus en dépit de tous les avertissements répétés. Ces gens d’Orange, ces responsables de serveurs, font beaucoup de publicité pour attirer leur camelote, puis lorsqu’on a besoin d’eux, font les morts. Il est certain que la fréquentation de ce blog ne pourra qu’en pâtir. Enfin, je ne sais pas, comment, mon entourage et mes relations ont tous lu mes billets et c’est là l’essentiel.
PROXIMITÉ d'OLEG
Il ne sert de rien de la cacher. Sans Tatiana , et mes liens profonds avec les Olef, Misha, Sergei et aussi S., dont vous savez qu’il est mon successeur au blog, jamais je n’aurais eu l’idée de me faire baptiser selon les rites orthodoxes. Tout au plus, j’aurais essayé d’apprendre le russe. Mais Misha me l’a clairement dit : il est beaucoup plus important, lorsqu’on veut montrer son appartenance à la communauté russe, d’embrasser la foi orthodoxe, que d’apprendre la langue.
La proximité de mes amis russes s’est manifestée par des actes on ne peut plus concrets, pas par de bonnes paroles. Oleg, en dépit de ses ennuis dévorants, a pris avant-hier son jet de Moscou pour faire l’aller retour à Deauville. Nous avons à peine eu le temps de prendre un brunch au Normandy, dont il a déploré le bruit, et de parler une petite heure dans mon modeste appartement. Nous nous sommes quittés les larmes aux yeux, et je sais que si un malheur devait survenir, je pourrai compter sur sa protection et le chaleureux soutien de celle qui est devenue comme ma propre fille, Tatiana. Ma sœur ne restera pas démunie et seule face à son affreuse solitude. Tatiana sera naturellement à mes côtés, le jour J.
MISHA, une présence quotidienne.
La présence de Misha se manifeste autrement. Si l’on excepte les dimanches, tous les jours voilà sa voix amicale, affectueuse, encourageante que me soutient. « Hello, it is Misha ! » Il sait combien ces simples mots me réconfortent. Il a eu la générosité parmi bien d’autres, de mettre à ma disposition une magnifique limousine conduite par l’ingénieux Michel, celui-là même qui vient d’imprimer la quasi totalité de tous les billets du blog, depuis sa création.
Misha nous envoie son énorme jet nous prendre ma sœur et moi, pour nous recevoir à Moscou aux environs du 27 Août. Marina souffre des tympans et à cause de cela ne peut prendre l’avion. Mais je connais ces jets privés. Outre un confort inégalé (la possibilité de dormir) leur pression est réglée sur mesure et ils peuvent descendre avec une telle douceur vers le sol, que les tympans les plus sensibles sont préservés. S’il le faut, un médecin m’accompagnera. Marina meurt d’envie de connaître les coupoles du Kremlin, c’est un rêve tout à fait authentique qui vient de loin.
LE JEUNE PUGACHEV, l'enfant terrible et son père SERGEI
Reste mon préféré, Alexandre, qui a pris l’engagement de continuer la troisième fondation. Mais il est très occupé, et comme son père Sergei, ce gros travailleur, tenace et ambitieux, ne supporte pas les pressions. Il m’appellera quand il le voudra et agira à sa manière. Après mon opération, j’espère passer quelques temps dans la demeure de Sergei, à Saint Jean Cap Ferrat. Sergei m’a en effet inclus dans sa famille et c’est lui qui m’a tiré généreusement d’affaire quand j’étais l’année dernière, sur le bord de l’interdiction bancaire !
LE DOIGT DE DIEU
Si j’énumère ces informations après tout personnelles et confidentielles, c’est pour montrer combien l’amour est vivifiant, et comment, miraculeusement, quand vous êtes au fond du gouffre, tout d’un coup l’inexplicable vous aide à remonter la pente.
Voici encore deux ans, j’étais toujours le solitaire entouré d’un mur de glace, une sorte de respect qui tenait toutes mes relations à distance et empêchait toute relation authentique. J’étais considéré comme une personne que l’on admire mais qu’on ne fréquente pas. Ces décennies d’isolement moral furent propices à la gestation de « Apocalypsis cum Figuris ».
Et voici que soudain mon mal se réveille, menaçant. L’hôpital devient ma seconde demeure, ma vie précaire, la souffrance physique et morale ininterrompues. Je n’ai même plus la force de faire chanter mon piano. Le son qui en sort est scolaire, mécanique. J’ai vieilli de vingt ans.
J’aurais été alors incrédule s i l’on me prédisait pour la fin de mon parcours, la bénédiction d’attachements profond de la part des personnages les plus divers et les plus puissants. Claude Guéant, Secrétaire Général de l’Elysée, qui depuis vingt ans m’honore de son estime était étonné. Comment l’intellectuel français, épris de culture, et œuvrant dans l’obscurité est-il devenu l’ami intime du plus prestigieux des oligarques russes, celui dont tous quémandent des bribes d’entretien, souvent en vain. Je serais bien en peine de lui répondre. Entre nous s’est produite une symbiose exceptionnelle, qui n’a fait que se renforcé. La curiosité, puis la confiance, le respect et l’admiration réciproque se sont succédé, pour aboutir à la plus intense des connivences, au don de ma vie, pour cet homme là qui m’avait déclaré : « I want you ! ». Aujourd’hui le voici victime du pire revers de fortune qui soit, dû à la chute de l’aluminium dont il était le roi, et à la crise, qui ruina tous ses placements américains. Mais il a continué à me suivre dans la constitution du Mingei-kan, se fiant à ma connaissance de la muséologie, et sans avoir recours à des experts ignares et prétentieux. Que Socrate et LH III n’aient suivi son exemple !
COVENANTS ET COUPS DE FOUDRE
Si mon amitié pour Oleg avait quelque chose d’exceptionnel, que dire alors du coup de foudre qui m’a valu un deuxième fils, après Oleg. Si Oleg était capable de développement personnel, ouvert aux choses de culture et fier de son musée, Misha était, quand je le connus, un pur homme d’affaires, doté d’un redoutable sens logique, d’une froideur totale en affaires, cherchant pour ses loisirs les jolies filles, les restaurants fins, les plages de rêve, entouré de ses camarades d’école, de jeunes gens charmants et jouisseurs avec qui partager tous les bonheurs terrestres. Par ailleurs pour des raisons liées aux affaires, Misha et Oleg s’entendent non comme larrons en foire, mais comme chien et chat, ou mieux comme le chat considère avec amour, l’oiseau dans sa cage. Le fait de me savoir si proche de Oleg eût dû le faire fuir.
Contrairement à Oleg qui ne signa les quatre covenants (confiance absolue, respect absolu, ponctualité, toute la vie durant) qu’avec beaucoup d’hésitation en ce qui concerne le dernier, Misha, signa sans hésiter le moins du monde et s’engagea à toujours être à me cotés, en personne ou au téléphone. Depuis il tint parole scrupuleusement. Par quel miracle me retrouvai-je gratifié d’une immense affection de ceux que je ne puis considérer que comme mes enfants par le cœur ? N’est-ce pas un don miraculeux que me fit le Seigneur, comme pour m’aider dans mes épreuves ?
Bruno Lussato 1h30
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Sunday, 21 June 2009
CHRONIQUE
SURVIVAL (Survie)
Je viens de relire Hamlet pour mieux comprendre la conception célèbre de Peter Brook. En dépit de qualités plastiques impressionnantes (la dominance d'un rouge pompéïen, rappelant dans la texture des fonds, les tableaux de matière de Tàpies) et de l'ecellente diction des acteurs, nombreux sont les points choquants. Tout d'abord, bien que Brook ait énoncé qu'il s'agit d'une adaptation, il ne s'est agit que d'une adaptation. Je veux dire par là que des scènes capitales, comme celle de la représentation théâtrale qui a déclenché la décision du roi, d'expédier Hamlet vers la mort en Angleterre, sont absente. Dès lors c'est le meurtre de Polonius infiniment moins préoccupant qui a servie de mine prétexte. La logique interne de la pièce s'effondre. Non moins détestable est la facilité qui commence à donner la parole à Hamlet dès le début, interversion contraire aux lois du théâtre qui veulent que le personnage principal n'apparaisse qu'après une préparation par des comparses chargés de camper le climat.
Le souci tiers-mondiste de Brook, devait lui ouvrir la sympathie du monde intellectuel parisien, celui qui fait et défait une réputation. Obéissant à un égalitarisme qui n'était pas de mise ici, il mélange noirs typés aux cheveux crépus, les plus importants acteurs (Hamlet, les Rois, Ophélie) et blonds censés être les parents des noirs. On a un clash de style choquant qui nuit à la vraisemblance de la pièce et empêche l'identification naturelle du spectateur aux acteurs. Tant qu'à sacrifier au tiers-mondisme pour montrer l'universalité de Shakespeare, il eût mieux valu de jouer avec des personnages tous noirs.
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CHRONIQUE
LA FOLIE SAINT JEAN
Je fais allusion, bien entendu à l'image bien connue des systémistes, dont René Thom est une figure de proue : le battement d'une aile de papillon en Australie peut entraîner une tornade en Floride.
RICHARD WAGNER ET LA SAINT JEAN
Un chef d’œuvre absolu a pour thème la nuit de la Saint Jean (Johannisfest). C’est un drame musical de Richard Wagner de la maturité : Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
L’œuvre, satirique et joyeuse, ce qui est un cas unique chez Wagner tourne au tour plusieurs sujets : l’opposition entre conservateurs et novateurs, une délicieuse riche héritière, Eva, courtisée par le jeune et bel aristocrate Walter von Stolzing , par le cuistre Beckmesser et par Hans Sachs, le pivot de toute l’œuvre, veuf d’âge mûr, tiraillé entre l’amour et le renoncement au profit du jeune et beau Walther. Eva cruellement joue avec les sentiments de Sachs, lui donnant de faux espoirs, mais ce dernier a compris. Il se résigne et prend de la hauteur et de la sagesse, mais au prix d’une incurable nostalgie. Enfin un des sujets le plus importants traite de la Saint Jean, prétexte à réfléchir aux catastrophes dont parle René Thom : le battement d’in papillon en Australie, peut déclencher une tornade en Floride. Sachs assiste à un vague malentendu qui vire à la vexation et à une surenchère qui s’aggrave quand les voisins eux-mêmes s’en mêlent.
Une scène fuguée décrit à merveille le désordre hystérique de la bataille d’oreillers, de coups de bâton, agrémenté par les voisins qui, excédés, inondent d’eau froide les belligérants. Il suffit qu’un guetteur officiel annonce son approche, pour que tous disparaissent comme par enchantement.
Quelle est l’origine de ce pandémonium ?
Sachs répond pensivement : un ver luisant qui cherche sa compagne peut-être, ou l’odeur du sureau et du chèvrefeuilles ?
Certes, tout ceci n’est guère original. Depuis le début de l’humanité, chaos et novation ont été indissolublement liés. La théorie néo-darwiniste stimule que toute mutation, est le résultat du chaos filtré par la concurrence entre hybrides fruits du hasard qui ne favorise que les espèces les mieux adaptées à l’environnement. Les recherches en biologie moléculaires vont dans ce sens. Les conséquences théologiques sont également importantes : en effet ni le hasard, ni la pression de l’environnement ne peuvent être attribuées à un plan divin, Dieu est inutile, ce n’est même pas un épiphénomène, mais une entité imaginaire aussi superflue que jadis ne l’était l’éther.
Ces conclusions sont une douce musique pour les idéologues et les anticléricaux de toute sorte. Le vide laissé par la disparition du dieu peut être librement employé à recevoir ces croyances purement matérielles que sont les idéologies, pâles substituts des religions, dont la téléologie par but ultime : avènement du règne hitlérien, ou soviétique : une société uni-raciale ou .société sans classes.
La folie de la Saint Jean assume aujourd’hui une dérive technologique radicale. Privés de direction et de vue claire du futur, les humains tournent en rond. N’importe quoi peut arriver, y compris le jadis impossible.
J’ai déjà dénoncé dans un billet récent l’absurde décision de chauffer trop en été
Et de trop réfrigérer en été. Ce qui fait qu’on doit porter de fourrures par 35° C et se mettre en maillot de bain, lorsque dehors il gèle. C’est perdant – perdant (loose-loose).
La technologie à la mode, elle , conduit ontologiquement au chaos, à l’aléa de troisième ordre, irréparable, incontournable, désavouant la dure loi du hasard et de la nécessité. C’est la hasard SANS la nécessité. Bien au contraire se vérifie une téléologie à l’envers. Ce sont les espèces socioéconomiques et les plus sophistiquées qui produisent les espèces les moins adaptées, entrainant la société, non pas vers l’avènement d’une humanité plus résistantes, mais le pourrissement inéluctable de ce qui peut subsister de raison et de pragmatisme.
Deux raisons à cela : 1°) l’avènement de la mondialisation et de l’intégration des populations démographiquement croissantes, conduit au franchissement inéluctable de la barrière de la complexité. De nouvelles lois vont entrer en vigueur, dont le moins que l’on peut dire est qu’elles sont imprévisibles. On y va, on en sait où, mais on y va, on y court, on s’y précipite.
2°) Les nanotechnologies rapprochent les outils automatisés et les instruments électroniques du seuil quantique inférieur. Les nano-ordinateurs dès à présent sont pleins de trous quantiques, c’est à dire que leur comportement devient aberrant pour notre logique terrestre. Certains opérateurs qui ont la main « rouge » pourront s’en faire obéir, d’autres n’auront que des séries de pépins imprévisibles. En haute altitude, on a déjà observé des déviations inexplicables et inquiétantes du fonctionnement des microordinateurs très compacts. Sans compter la maintenance de plus en plus difficile de ces outils hautement évolués.
DARWIN ET LA SAINT JEAN
Lorsque l’on cherche la cause de catastrophes en chaine pouvant entrainer des conséquences dramatiques, on trouve de toutes petites disfonctions, un cheveu, le battement d’une aile de papillon. Dans le cas de la chute de l’Airbus, le remplacement d’un sonde, la coupure entre l’homme et la machine, le temps consommé à des négociations syndicales au détriment de la maintenance, les délais excessifs imposés par la bureaucratie : des mois au lieu de jours, sans aucune raisons … et c’est ainsi que deux ou trois médiocres subalternes ont pu par de micro-négligences en France ont pu provoquer une tragédie majeure non loin du Brésil.
LA FOLIE TECHNO
J’ai montré comment ce syndrome du battement de l’aile de papillon et du typhon, s’applique à tous les domaines de la technologique de pointe. On se demande comment ces gens intelligents, éduqués, compétents, raisonnables, peuvent marcher sur la tête. Qu’est-ce qui les a subitement rendus fous, aliénés du réel, englués dans une toile inextricable, décrite par le film MATRIX ?
Sans doute peu de choses. La senteur d’un sureau, l’accouplement de deux lucioles ou est-ce la vieille folie qui emporte les hommes la nuit de la Saint Jean, ou lors du carnaval et de l’hubris collectif ?
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CHRONIQUE
OECUMENISME
Ce billet est issu de la redistribution de la fin du billet précédent.
NOTE IMPORTANTE
Si vous n'avez pas pu avoir accès à mon blog, ce n'est pas parce que je suis malade, c'est mon serveur qui l'est. Il fonctionne par intermittence et il faut se dépêcher pour enregistrer les textes écrits en word. Demain on essaiera de contacter les responsables.
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. L’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions furent avant tout politiques et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’auto flagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodoxe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Misha qui me le fit découvrir. Misha n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
Friday, 19 June 2009
CHRONIQUE
REBIRTH - Re-naissance
Aujourd’hui 18 juin 2009, j’ai été baptisé selon les rites orthodoxes. Avoir embrassé la religion orthodoxe est une démarche qui n’a rien de spontané. En fait elle a été préparée lors de mes 35 ans, lorsque dans le plus grand secret j’ai commencé à écrire L’Entretien, Apocalypsis cum Figuris. Ce travail n’est apparu au jour que lorsque la Bibliothèque Nationale de France a été alertée par quelques calligraphes et a envoyé toute une équipe pour étudier le document. A l’issue de l’étude, la décision a été prise de déclarer ce manuscrit à peintures, comme partie du patrimoine de notre pays et de l’admettre dans la salle des manuscrits anciens, insigne honneur qui m’est fait avec comme contrepartie, le très grande difficulté d’accès à cette salle (gants blancs, masque de protection, garanties de compétence, etc.). Il faut des semaines de démarches pour tenir en main ces précieux manuscrits, des livres d’heures médiévaux, aux pages minutieusement tracées de Proust.
L’Entretien fut entrepris deux ans avant qu’un rabbin nommé Cohen déclara représenter un groupe de spécialistes de la cabale et que ces derniers eurent la révélation que j’étais dépositaire de de la pensée du plus grand des cabalistes : Moshe Hayyim Luzzatto. Deux années de suite je déclinai leur proposition d’apprendre l’hébreu pour poursuivre le travail de Luzzatto. Je ne me rendis compte que des décennies après que sans le savoir j’étais en train de dresser un schéma formalisé des forces et des doctrines du monde actuel, ce qu’aurait fait sans doute Hayyim s’il avait vécu aujourd’hui. Comme Luzzatto de son temps, notre époque l’aurait chassé, vilipendé, haï, moqué. Ce n’est que voici quelques années que l’on découvrit que j’étais en fait un descendant du grand cabaliste, de même que par ma mère, une Donati, j’étais lié à Dante, dont la femme était une Donati.
Mon manuscrit à peinture, devait être construit selon un triptyque avec l’enfer, le purgatoire et le paradis. L’enfer est fini d’écrire, j’en suis au purgatoire. Depuis l’inspiration a baissé et on désespérait d’éditer l’ouvrage, quand tout cela démarra aujourd’hui avec mon nouveau baptême. Alors que je suis un chrétien convaincu par le truchement de Bach, Mozart et Beethoven réunis, je remis en doute l’attitude rigide d’envoyés du pape. Deux exemples :
Ma femme se mourait mangée par le cancer et laissant mon fils de 14 ans, Pierre, orphelin.
Elle regretta toujours de ne pouvoir rentrer dans le sein de l’Eglise, étant divorcée à cause d’un amant qui la dupait. J’en parlai au supérieur de l’ordre des dominicains.
Ce dernier m’enjoignit de quitter ma femme, divorcée, et me détacher de l‘orphelin.
L’autre cas, est la décision du présent pape, d’excommunier une pauvre femme violée et son enfant sans toucher au violeur. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Jamais Jean-Paul II n’eut pris une décision aussi impopulaire.
Les raisons qui me firent opter pour la religion chrétienne furent les suivantes :
1. Lorsque le concile de Nicée, il eut un schisme. Sous l’influence du Vatican, on dut opter soit pour la reconduction de la religion initiée par le juif Pierre, au nom de la bible certes ; soit pour la nouvelle religion composée pour des raisons politiques. Je fus hostile à cette trahison des Ecritures.
2. La religion catholique met l’accent sur la douleur, le martyre, la sainteté des châtiments corporels, alors que la religion orthodoxe est tournée vers la résurrection.
PRÉCISIONS
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. l’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions fut avant tout politique et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’autoflagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodexe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Mischa qui me le fit découvrir. Mischa n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
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