CHRONIQUE
LA FOLIE SAINT JEAN
Je fais allusion, bien entendu à l'image bien connue des systémistes, dont René Thom est une figure de proue : le battement d'une aile de papillon en Australie peut entraîner une tornade en Floride.
RICHARD WAGNER ET LA SAINT JEAN
Un chef d’œuvre absolu a pour thème la nuit de la Saint Jean (Johannisfest). C’est un drame musical de Richard Wagner de la maturité : Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
L’œuvre, satirique et joyeuse, ce qui est un cas unique chez Wagner tourne au tour plusieurs sujets : l’opposition entre conservateurs et novateurs, une délicieuse riche héritière, Eva, courtisée par le jeune et bel aristocrate Walter von Stolzing , par le cuistre Beckmesser et par Hans Sachs, le pivot de toute l’œuvre, veuf d’âge mûr, tiraillé entre l’amour et le renoncement au profit du jeune et beau Walther. Eva cruellement joue avec les sentiments de Sachs, lui donnant de faux espoirs, mais ce dernier a compris. Il se résigne et prend de la hauteur et de la sagesse, mais au prix d’une incurable nostalgie. Enfin un des sujets le plus importants traite de la Saint Jean, prétexte à réfléchir aux catastrophes dont parle René Thom : le battement d’in papillon en Australie, peut déclencher une tornade en Floride. Sachs assiste à un vague malentendu qui vire à la vexation et à une surenchère qui s’aggrave quand les voisins eux-mêmes s’en mêlent.
Une scène fuguée décrit à merveille le désordre hystérique de la bataille d’oreillers, de coups de bâton, agrémenté par les voisins qui, excédés, inondent d’eau froide les belligérants. Il suffit qu’un guetteur officiel annonce son approche, pour que tous disparaissent comme par enchantement.
Quelle est l’origine de ce pandémonium ?
Sachs répond pensivement : un ver luisant qui cherche sa compagne peut-être, ou l’odeur du sureau et du chèvrefeuilles ?
Certes, tout ceci n’est guère original. Depuis le début de l’humanité, chaos et novation ont été indissolublement liés. La théorie néo-darwiniste stimule que toute mutation, est le résultat du chaos filtré par la concurrence entre hybrides fruits du hasard qui ne favorise que les espèces les mieux adaptées à l’environnement. Les recherches en biologie moléculaires vont dans ce sens. Les conséquences théologiques sont également importantes : en effet ni le hasard, ni la pression de l’environnement ne peuvent être attribuées à un plan divin, Dieu est inutile, ce n’est même pas un épiphénomène, mais une entité imaginaire aussi superflue que jadis ne l’était l’éther.
Ces conclusions sont une douce musique pour les idéologues et les anticléricaux de toute sorte. Le vide laissé par la disparition du dieu peut être librement employé à recevoir ces croyances purement matérielles que sont les idéologies, pâles substituts des religions, dont la téléologie par but ultime : avènement du règne hitlérien, ou soviétique : une société uni-raciale ou .société sans classes.
La folie de la Saint Jean assume aujourd’hui une dérive technologique radicale. Privés de direction et de vue claire du futur, les humains tournent en rond. N’importe quoi peut arriver, y compris le jadis impossible.
J’ai déjà dénoncé dans un billet récent l’absurde décision de chauffer trop en été
Et de trop réfrigérer en été. Ce qui fait qu’on doit porter de fourrures par 35° C et se mettre en maillot de bain, lorsque dehors il gèle. C’est perdant – perdant (loose-loose).
La technologie à la mode, elle , conduit ontologiquement au chaos, à l’aléa de troisième ordre, irréparable, incontournable, désavouant la dure loi du hasard et de la nécessité. C’est la hasard SANS la nécessité. Bien au contraire se vérifie une téléologie à l’envers. Ce sont les espèces socioéconomiques et les plus sophistiquées qui produisent les espèces les moins adaptées, entrainant la société, non pas vers l’avènement d’une humanité plus résistantes, mais le pourrissement inéluctable de ce qui peut subsister de raison et de pragmatisme.
Deux raisons à cela : 1°) l’avènement de la mondialisation et de l’intégration des populations démographiquement croissantes, conduit au franchissement inéluctable de la barrière de la complexité. De nouvelles lois vont entrer en vigueur, dont le moins que l’on peut dire est qu’elles sont imprévisibles. On y va, on en sait où, mais on y va, on y court, on s’y précipite.
2°) Les nanotechnologies rapprochent les outils automatisés et les instruments électroniques du seuil quantique inférieur. Les nano-ordinateurs dès à présent sont pleins de trous quantiques, c’est à dire que leur comportement devient aberrant pour notre logique terrestre. Certains opérateurs qui ont la main « rouge » pourront s’en faire obéir, d’autres n’auront que des séries de pépins imprévisibles. En haute altitude, on a déjà observé des déviations inexplicables et inquiétantes du fonctionnement des microordinateurs très compacts. Sans compter la maintenance de plus en plus difficile de ces outils hautement évolués.
DARWIN ET LA SAINT JEAN
Lorsque l’on cherche la cause de catastrophes en chaine pouvant entrainer des conséquences dramatiques, on trouve de toutes petites disfonctions, un cheveu, le battement d’une aile de papillon. Dans le cas de la chute de l’Airbus, le remplacement d’un sonde, la coupure entre l’homme et la machine, le temps consommé à des négociations syndicales au détriment de la maintenance, les délais excessifs imposés par la bureaucratie : des mois au lieu de jours, sans aucune raisons … et c’est ainsi que deux ou trois médiocres subalternes ont pu par de micro-négligences en France ont pu provoquer une tragédie majeure non loin du Brésil.
LA FOLIE TECHNO
J’ai montré comment ce syndrome du battement de l’aile de papillon et du typhon, s’applique à tous les domaines de la technologique de pointe. On se demande comment ces gens intelligents, éduqués, compétents, raisonnables, peuvent marcher sur la tête. Qu’est-ce qui les a subitement rendus fous, aliénés du réel, englués dans une toile inextricable, décrite par le film MATRIX ?
Sans doute peu de choses. La senteur d’un sureau, l’accouplement de deux lucioles ou est-ce la vieille folie qui emporte les hommes la nuit de la Saint Jean, ou lors du carnaval et de l’hubris collectif ?
Western Mingei-Kan (suite)
LE RÔLE DE MAITRE YANAGI
Jusqu’en 1925, les articles d’artisanat populaire de haute qualité étaient considérées avec mépris, et on les confondait avec des articles de pacotille qui se déversaient abondamment à l’export. Le mérite de Yanagi est d’avoir pris conscience que les objets de grande qualité, témoins d’un artisanat qui se mourait, avaient une valeur muséale et qu’il fallait les rassembler et les valoriser. Avec un groupe de potiers de talent auxquels s’unirent des occidentaux enthousiastes, il fonda une collection de référence, et la doctrine qui délimitait le terme Mingei.
Malheureusement Yanagi était empreint d’un fanatisme égalitaire que n’eût pas désavoué le mouvement de Mai 68. Il prétendit que tous les travailleurs se valaient et que les objets Mingei étaient tous de même valeur artistique. L’objet Mingei devait être anonyme, banalisé, les artisans se conformant exactement aux normes utilitaires.
Le propre fils de Yanagi, porta à son extrême conclusion, la prétention à l’anonymat, et le bon marché, et elle contredit radicalement l’esprit Mingei et l’artisanat. Il engendra les d’objets industriels de design très influencés par une Charlotte Periand, et partageant avec le design occidental des lignes minimales d’une grande pureté (et quelque fois pauvreté).
Yanagi lui-même démontra sa mauvaise fois par le Mingei-Kan, son musée personnel, où ne prenaient place que les plus belles pièces.
LA COLLECTION DERIPASCA
Il s'agit d'un département du centre culturel LUSSATO- FEDIER de Uccle. J'ai tenu à rendre à César ce qui appartient à César. Or sans l'appui et la confiance de Oleg Deripasca, jamais cette collection n'aurait vu le jour. Ce fut un travail collectif, où Phiilippe Boudin joua un rôle de premier plan. Tatiana se passionna pour la genèse et apprend de tous. Lors d'un récent voyage au Japon, elle visita tous les musées Mingei, et en ramena une ample cargaison de documentation et la conviction qu'il est pratiquement impossible d'obtenir des pièces anciennes. Tatiana sera la conservatrice du Western Mingei-Kan.
Jusqu'ici, la plus prestigieuse collection du monde occidental fut édifiée en trente ans par Mongomery, collectionneur-marchand. Il désire la vendre, pour 15 millions d'euros. Mais si la collection, très médiatisée contient des pièces importantes, il est possible de parvenir à la surclasser en jouant sur les points faibles. Le pari a été tenu, grâce à des chefs d'oeuvre telle qu'un somptueux vêtement di théätre Nô, ou une paire de paravents représentant uneprocession nuptiale de Renards.