CHRONIQUE
SOLSTICE
Il est 5h20 du matin et l'aube s'annonce en ces jours de solstice par une terne lueur grise. J'ai déjà écrit un long billet sur Word, puis, celui-ci a disparu inopinément ! J'ai alors posté un nouveau billet, comme celuici. Disparu aussi. Il faut s'armer de patience.
Une journée chargée s’annonce, que d’autres suivront. A 16 heures j’ai rendez-vous à l’Institut Gustave Roussy dans la banlieue la plus laide de la capitale : Villejuif. J’en ai conservé un des souvenirs les pires de mon existence. C’est là en effet que Christa fut suivie par le professeur Schwarzenberg, dont la célébrité avait dépassé les frontières. Cette très médiatique personnalité était le compagnon de Marina Vlady, une actrice de cinéma Russe très belle jadis, mais ayant terriblement grossi. Il était la coqueluche des parisiens car il était de toutes les pétitions, de tous les comités de patronage qu’affectaient la gauche-caviar. Hélas, il s’avéra, au bout d’une accumulation d’erreurs fatales, qu’il n’était nullement médecin et n’avait pas le droit d’exercer. Il se faisait d’ailleurs appeler Professeur, et non docteur à juste titre, mais ce qu’il enseignait c’était la biologie ! Nous étions Christa et moi très amis du couple et ma femme ne jurait que par lui. Elle le suivit alors que son chirurgien avait conseillé l’ablation de son sein, contre l’avis du « professeur », qui fut affirmatif : l’image suspecte était un effet de la radiographie. Cette erreur mortelle ne fut décelée que plus tard, et le Professeur Jasmin (dont un assistant avait dit à ma femme « il vaut mieux perdre un sein que la vie) ne pouvait plus réparer les nombreuses bévues commises. On comprend donc ma répugnance de me faire soigner dans ce lieu. Aussi ai-je obtenu grâce au Professeur Pol, de pouvoir sitôt l’opération terminée (j’espère avec succès) de me faire soigner à Cochin, où je me sens chez moi et où je jouis de la sympathie – partagée – du personnel hospitalier.
Si je me suis appesanti sur ces tristes vicissitudes, c’est pour mettre en garde les internautes. Certes, il ne faut pas changer de médecin, mais encore faut-il auparavant s’assurer que sa réputation n’est pas usurpée et qu’il jouit du respect du corps médical.
Pour passer à un registre moins lugubre, je vous dirai que je lutte avec acharnement pour qu’un merveilleux et grandiose projet de complexe médical et social qui prendra en charge les personnes seules au monde, voie le jour. Il a été imaginé et conçu par Marie-Antoinette de Bournet, une femme plus âgée que moi, et dont le dynamisme enterre n’importe quel condottiere. C’est la femme la plus extraordinaire que j’aie rencontrée, et tous ceux qui la connaissent partagent cet avis. Mais il lui faut obtenir un prêt long terme de quelques dizaines de millions, et cela ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval. J’espère que mes deux amis russes, ceux qui ont survécu à la crise, pourront faire un geste dans ce sens.
Je lutte aussi pour mon ami russe qui a eu des revers de fortune et dont l’intelligence exceptionnelle et la noblesse de sentiments ont fait la conquête des dirigeants de notre pays, où il est persona grata.
Tout ceci il me faut le mettre en œuvre avant de rentrer à l’hôpital ? Comment, je n’en sais trop rien.
En même temps j’ai trouvé le temps de poursuivre mon travail sur les Mingei, dont je voudrais bien tirer un petit livre pour les débutants. Il est maintenant 6h du matin. Le ciel est pus et la journée risque d’être superbe. Mais il me faut rapidement regagner la capitale.