Bouillon de cultureThursday, 30 April 2009Le journal du 30 avril 2009CHRONIQUE L'oiseau peint
C'est le titre d'un des ouvrages les plus désespérants que j'aie lu. Il est précédé d'une confession succincte dans laquelle il parle de la mort de sa chère épouse, Mary, une milliardaire qui le déchargea de tout souci matériel, et qui le laissa inconsolé, et du caractère fortement autobiographique de ce livre.
Une parabole explique lr titre. Un jour on s'avisa de peindre un oiseau de splendides couleurs multicolores et on le lâcha parmi les autres oiseaux. Mais ces derniers le tourmentèrent, le lacérèrent à coup de bec, et finirent par le tuer.
Kosinski en tant que juif dut tout enfant se cacher pour éviter d'être pris par les nazis. Il se retrouva parmi les paysans arriérés de la zone des Carpathes, de solides gars aux cheveux roux et aux yeux clairs. Lui était brun et de type gitan à la peau sombre, un petit enfant perdu. Il fut attrapé et dès le début du livre on assiste à son calvaire, à la cruauté et la haine des habitants, les tortures indicibles qu'il subit. Il dût sa survie à une sorte de chamane très respectée dotée du don de guérir tous les maux par des moyens barbares quelque peu magiques. Elle prit l'enfant comme assistant pour broyer les simples, faire le ménage, tenir la maison et elle prit soin de lui. Elle le persuada qu'il avait en lui l'esprit du mal et elle en informa la populace, qui terrorisée se tint à distance... La suite est une progression dans l'horreur telle, qu'elle peut faire pâlir le roman de Paul West dans Elisabeth Costello du prix Nobel Coetzee. Et pourtant, Kosinski qui c'est de quoi il parle, l'ayant vécu, affirme que la réalité était encore pire que son récit.
Cette cruauté, cette violence, on la rencontre sans fard lorsqu'on voit cote à cote le chef des bourreaux islamistes et le malheureux juif qu'ils ont sequestré pendant deux semaines pour le livrer à des tortures indicibles, tout à fait dans la ligne des pires passages de l'oiseau peint. On se demande avec ahurissement comment onn'a jamais emprisonné le chef et sa bande, et en définitive par quelle aberration, ces sauvages ont pu accéder à la nationalité française. Cela remonte déjà à la politique laxiste du gouvernement et la pression tiers-mondiste de ces intellectuels partisans du regroupement familial.
Mais cette horreur est proclamée un peu partout dans les pays islamistes, témoin une émission officielle commise par un pays de " l'axe du mal," , pour adopter la formule moralisatrice d'un président détesté par les "libéraux". Mais comment désigner autrement des pays qui admettent des textes comme celui-ci emprunté sur le net cette semaine?
Il vous faut une paire de lunettes grossisante pour déchiffrer ce message, mais cela en vaut la peine. cf. Le corps du billet.
Je me souviens de mon adolescence. Je venais de rentrer au Lycée Carnot en 1ère.option Sciences naturelles où se réfugiaient ceux qui n'étaient forts ni en sciences, ni en lettres. On trouvait aussi un contingent de futurs médecins. C'étaient tous de bons Français, de bonne famille, (Boulevard Malesherbes oblige). Mon enfance, mon adolescence, je l'avais passée à Tunis, cloîtré dans ma chambre à cause de mes rhumatismes aigus, et passant mon existence à dévorer le Larousse du XIXème siècle et tout Molière, Shakespeare, la Comtesse de Ségur, Victor Hugo et les revues d'avant 1900. Je ne connaissais pas le langage d'après, je ne savais pas qui était Proust, ni Valery, encore moins les surréalistes. Je ne connaissais la vie qu'à travers les mots de l'époque. Or on ne parlait jamais ouvertement de sexe, sinon par métaphores comme, les plaisirs de la chair (je ne comprenais par ce qu'on pouvait tirer comme plaisir à déguster de la chair de boeuf), le feu du désir, ou encore le la licence libertine. Lorsque j'arrivai au Lycée Carnot, après un séjour de un an à Villars de Lens pour me refaire une santé, je n'était muni que de mon langage châtié du XIX, n'ayant pas la moindre idée de ce qu'était le sexe ni les bagarres entre copains. Au début, je fus considéré avec mépris et méfiance. Mes camarades de classes m'évitaient comme si je portais malheur. Moi-même, traité en paria je les détestais. J'essayai de les fixer avec mon regard un peu halluciné, en souhaitant qu'il fût capable de les tuer, comme cemui du basilic. Cela aggrava leur haine et voyant que j'étais impuissant à les anéantir, moi maigrelet, petit et chétif, ils s'enhardirent. Ils me montrèrent des images pornographiques immondes, qui me dépassaient. L'un d'eux, un rouquin de 1m85 qui se nommait Gossens, ou quelque chose d'approchant, me dit : "Hier soir j'ai couché avec ta soeur". Cela ne me semblait guère possible dans notre suite du Grand Hôtel, et puis quelle drôle d'idée, me disais-je. Quel intérêt de coucher avec quelqu'un, ce doit être très inconfortable... Et s'il ronfle? " Voyant que toutes ces grossièretés glissaient sur mon glacis d'ignorance, ils passèrent soudain à l'acte. Ils me jetaient des objets souillés, l'un d'eux une bouteille d'encre violette, car j'étais le seul à me promener avec la bouteille d'encre et une plume sergent-major, n'ayant pas les moyens de me payer un stylo. Car mon père, qui me méprisait profondément, déçu d'avoir pour fils, lui l'homme d'affaires puissant, une telle mauviette. Son deshonneur. Ma mère, pauvre victime d'un tyran me couvait en me répétant sans cesse que j'avais une mauvaise santé. C'était débilitant.
Je revins donc chez moi avec mon manteau maculé de taches violettes, inutilisables. Il était taillé dans une couverture prevenant des surplus américains que négociait mon père. Lorsque je lui racontai ce qui m'était arrivé, il entra dans une rage folle, et me dit "pour te punir, tu sortiras toujours avec ce manteau taché !". Mettez-vous à ma place.
La bande à Gossens ne s'en tint pas là. D'avanies en tortures de toutes sortes, ils me violentèrent, horrible traumatisme qui me hanta toute ma vie. Les autres riaient, me moquaient. Je fus alors traité comme un souffre douleur général. Pourtant mes camarades étaient bien nourris, en bonne santé, costauds même, bien traités par leurs parents. Je ne comprenais pas. Il ne me restait qu'une ressource : tomber malade. Ne plus revenir dans ce lieu maudit. Et mon corps répondit à mon souhait. Un jour je revins du lycée, en pleurant. Mes chevilles étaient enflées et déformées, et j'avais 40° de fièvre. Je ne ressortis plus du Grand Hôtel où je me sentais en sécurité. Je me réfugiai dans l'étude du piano, et, contraste inouï, la compagnie de gens âgés et illustres qui me prirent en affection. C'est l'époque où je fus élu membre de la très fermée Société Française de Cristallographie. Celle où je connus Kirsten Flagstad, Marcian Thalberg, Phillips, Wilhelm Backhaus et bien d'autres illustres qui prirent en sympathie le petit jeune homme passionné et angoissé, en qui ils retrouvaient ou découvraient celui qui donnait l'impression d'avoir vécu pendant leur jeunesse.
Certes, on ne peut comparer mes mésaventures bien anodines, à l'horreur absolue que vécut Kosinski, et que vivent les mal pensants, les juifs, les chrétiens d'Afrique, sous le regard indifférent des politiciens et des bureaucrates. Mais si j'ai donné ce témoignage, c'est que les ressorts à l'oeuvre sont sensiblement les mêmes. Toute ma vie je fus ainsi en butte à la jalousie, à l'incompréhension, Mais en même temps je me fis de chauds partisans et je réussis dans mon métier de base : la Simplification du Travail. Le public du CNAM était respectueux, décent, aplaudissant les Professeurs de renom comme Fourastié ou Lesourne, mais totalement indifférent.
L'amphitéatre était archicomble, des étudiants étaient assis àmëme le sol sur des gradins. Devant les premiers rangs de l'amphi, face à la Chaire, étaient alignées des chaises individuelles. La rangée était vide ! Pesonne ne voulait s'y assoir ! Je m'assis commodément dans la chaise du milieu face au professeur. Mon professeur bien-aimé à qui je dois ma carrièren Raymond Boisdé, prit l'habiturde de me voir fidèle au poste, mes yeux plantés sur les siens. Je fus le premier, et de loin, en Oganisation du Travail et le vénéré professeur prit l'habitude de me ramener en voiture au Grand Hôtel, sur sa route menant à l'Avenue Victor Hugo.
Le scénario se répéta, s'accentua même dans le temps, invariable. J'étais proche et estimés par mes professeurs, et plus tard par les grands patrons, et ignoré par le niveau au dessous. Je me promis de ne jamais fréquenter des seconds couteaux, mais le sommet où se prennent les directions stratégiques. Mais mon passage au BHV, puis Auchan m'appris à respecter et à aimer, les honnêtes travailleurs de la base : manutentionnaire, livreurs, caissières, vendeurs. En parlant leur langage, en établissant un court-circuit entre le sommet et la base, en négligeant "l'empire du milieu", j'étais un oiseau peint, et je sympathise avec vous, mes chers internautes, mes confidents, marce qu'en lisant mon bog, vous vous comportez aussi en oiseaux peints! Plusieurs, malades de l'indifférence et de l'incompréhension de leur environnement, critiqués pour oser rêver, oser se cultiver, oser être eux-mêmes, ont fait appel à moi. Jamais en vain, je crois.
N'oublions pas qu'après l'affreuse traversée de son désert, Kosinski fit mieux que survivre. Il connut les plus grands écrivains, il devient président du Pen's Club, fut honoré et épousa une femme admirable.
Je sui également, vous le savais, entouré de l'affection, de l'amour souvent, de femmes et d'hommes dont je me sens souvent indigne de leur immense sollicitude. La seule chose que je puisse réellement leur apporter à Socrate, à Olaf, à LH III, c'est mon amour inconditionnel, éternel et prêt à tous les sacrifices. Et cela ils le savent,ils le sentent.
J'ai déjeuné avec un de mes meilleurs clients. Je suis conseiller de la société dont il est membre du Praesidium, depuis qaurante ans. Je lui ai dit, qu'il doit assurer ses collègues et le Président, un homme très réservé et sage, aussi prudent que prospère, qu'il ne quittera jamais la Société. C'est cela un covenant. Comme il hésitait, je renforçai mon injonction : il ne suffit pas de le dire, il faut également le penser. Ne soyez pas, même en pensée, un mercenaire. Soyez fidèle à très long terme et vous pourrez être vous-même tout en faisant partie de leur groupe. Un oiseau peint finit toujours, s'il ne succombe pas avant, par trouver la plus éclatante des récompenses. Cet acte de foi est purement individuel et personnel. Il ne s'applique malheureusement pas à notre environnement humain.
Excommunication papale L'indigne et pour moi, incompréhensible réaction qui fait qu'une femme violée, et refusant d'avorter, soit couverte du sceau de l'infamie, a été parfaitement décrite par Kosinsky dans une des nouvelles de STEPS. Mais que dire lorsqu'on apprend - se cela est vrai, et j'ai peine à le croire - que notre Pape a excommunié une femme dans ce cas sans toucher au violeur, est proprement horrifiant. Imagine-t-on Jean Paul II agir de la sorte. Je réprouve l'habitude de l'églie catholique, depuis le concile de Nicée, de mêles ce qui appartient à Dieu et ce qu'il faut rendre à César. Mais ce qu'a fait le pape, est le pire des blaphèmes contre le Christ. "Laissez venir à moi les petits enfants" disait-il. Etait-ce pour les condamner à l'indignité, à les rejeter du sein de Son Eglise?
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Après la lourdeur du blog précédent, j'éprouve le besoin de ménager une pause, de flâner, de converser avec vous à bâtons rompus.
J'ai eu la bonne surprise en consultant les statistiques d'apprendre que sous toute vraisemblance, on dépassera les 34 000 visites pendant le mois d'avril, dont 30 617 jusqu'à hiern oùon a enregisté 1009 visites. Bien qu'il n'y a pas de relation univoque entre le contenu et les statistiques, il est réconfortant de constater que la dynamique impulsée par S*** qui s'est particulièrement dévoué pour SON blog, et mon parti-pris de franchise et mes digressions pédagogiques improvisées à l'occasion du billet précédent, destiné à LH III, vous ont plu. Une souffrance demeuréeà l'état de lamentation est stérile et finit par attirer l'ennui plus que la compassion. Le véritable courage n'est pas de subir la souffrance mais de lutter contre elle. Le pathétique dans la littérature réside dans la recherche de la salvation et non dans le malheur qui s'abat sur le héros. Ma soeur me disait que j'avais de la chance d'être intellectuel car je me suffis à moi-même et que je supporte la solitude. Ce n'est plus aussi exact car depuis un an j'ai besoin de l'affection qui m'est prodiguée par des êtres, et dont la valeur est due à la parcimonie avec laquelle ils la dispensent. Que vaut celle de ceux qui aiment également leurs amis et le premier venu?
Prospero était un penseur, enfoui dans ses livres magiques au point de délaisser ses affaires temporelles et en mettant sa fille Miranda en péril de mort. Echoué dans une île déserte, il créa tout un monde fantasmatique. Et peu à peu ce rève prit corps et s'incarna dans la réalité. Ainsi que dans La Tempête dernière oeuvre de Shakespeare, LH I s'est il incarné mystérieusement dans un non-né , LH III. De même qie la réalité se reflète dans nos songes, ces derniers finissent par créer une réalité. Comment? Qui saurait pénetrer les arcanes des mécanismes quantiques qui forment le soubassement matériel de notre psyche?
Essayez de voir le film "Prospero Books" de Greenaway, l'auteur de Meurtre dans un jardin Anglais. J'avoue l'avoir vu trois fois et ne rien y avoir compris! Mais il en reste une étrange impression onirique, comme un arrière-goût de magie. John Gielgud, le plus illustre acteur shakespearien.
Ci dessus Prospero Books. Four Walls Eight Windows, New York.1991. Cet ouvrage très riche contient tout le script de Greenaway. Il faut prendre le temps de le lire (pour les anglophones, hélas) et j'aimerais bien y consacrer un jour un billet.
LE MARCHÉ DU JOUR J'ai acheté à votre intention des DVD qu'il faudrait avoir dans toute vidéothèque culturelle. Certains n'auraient même pas besoin d'être mentionnés comme Sueurs Froides ou l'Odyssée de l'Espace si ce n'est que les jeunes générations n'en n'ont jamais entendu parler, leur goût étant anesthésié par les production commerciales made in America et les françaises qui ajoutent la prétention et la politique à la nullité. Je dis à votre intention parce que je n'ai pas attendu à aujourd'hui pour les acquérir, mais voici : elles m'ont été "empruntées" à mon insu et il ne me reste plus rien.
Consulter dans le corps du billet le marché du jour
LE COUP AU CŒUR Ce n'est pas un DVD mais un simple CD. Il contient des chansons de cabaret dönt celles d'Arnold Schoenberg et d'Eric Satie. Le disque en question débute par d'affreuses chansons d'un anglais inconnu. Mais c'est de loin celles de Scöenberg qui l'emportent et parmi elles mes deux coups au coeur : Le Noctambule, L'Aria du Miroir d'Arcadie avec son refrain Boum boum boum qui décrit le coeur de l'amoureux.
J'ai inauguré le Centre des Capucins par une évocation Art Déco follement gaie. Je me souviens encore de Armand Friedman et de son épouse, la Président des machines à coudre Singer, et du Café Légal, habituellement très sérieux, entrer en dansant sur la musique du Noctambule. Le CD était merveilleusement interprété par la créatrice historique qui avait une diction irréprochable, une voix gouailleuse et acidulée, un style bien cabaret berlinois. Je dois certainement l'avoir mais elle dort dans une des nombreuses caisses conservées dans un garde-meuble de UCCLE.
Malheureusement, la version aujourd'hui disponible, est interprétée par une cantatrice à la diction inaudible, sans aucun style, très "cantatrice". Mais la pire des interprétations ne saurait porter tort au Noctambule et à un moindre degré au Miroir d'Arcadie, boum boum boum - boum boum boum ! Une fois que vous entendrez ces chants de cabaret, vous aurez envie de les réécouter, et ne vous sortiront plus de la tête à tout jamais ! Croyez-moi, un jour de pluie et de cafard, écoutez ces chasse-déprime. Cette musique est tout à fait inattendue de la part du plus grand révolutionnaire de la musique, de l'austère compositeur de Pierrot Lunaire , fondateur de la musique atonale, puis du dodécaphonisme et du sérialisme.
POTINS La grippe porcine, la condamnation d'un juge d'instruction d'une légereté impardonnable, que dis-je, d'un entêtement criminel, et ayant subi une simple réprimande au motif, que d'autres qui le critiquent on fait aussi mal que lui, un autre magistrat accusé d'avoir trucidé sa femme, la faillte d'une ou deux banques internationale, la fureur des Chinois due à la réception ménagée au Dalai Lama et cent autres joyeusetés, nous empêchent de vivre, en attendant de mourir. On vent en pharmacie des masques de très bonne qualité, au lieu de nous faire peur avec le virus mexicain, achetons-les avant qu'ils viennent à manquer !
HUILE ET THÉ, les voies de la qualité. Mes préoccupations sont d'une toute autre élévation. L'autre jour j'ai été chez le grand spécialiste de l'huile d'olive Oliviers & Co. Ils m'ont fourgué une huile d'une cuvée exceptionnelle, en un coffret de luxe et d'un prix exorbitant : L'Extraverte, Yolande et Albert Baussan Récolte d'octobre 2008 au Portugal et provenant d'un petit terrain classé ce qui explique la faible production annuelle : 500 litres par an, à l'instar du grand cru de Salvador Gaec de Haute Provence, cuve 2, la cuve 4 produisant 1000 litres par an !
Vous pouvez contempler comme moi la superbe couleur verte de ce vrai jus d'olives. Je n'en attendais pas moins de cette fameuse Extraverte de Baussan, si exclusive qu'elle ne figue même pas dans le catalogue des grands crus.
Hélas, à l'essai elle s'est révélée du plus beau jaune et ne sentait guère plus l'olive qu'une autre bonne huile.
En revanche, j'ai trouvé une huile vraiment verte à un magasin spécialisé beaucoup plus modeste : A L'olivier, 23 rue de Rivoli. C'est une AOC olive de Corse, récolte 2008- 2009. Ma chère Tatiana qui veille sur moi comme un ange gardien, m'a donné le mode d'emploi. On était chez Guimard lorsqu'elle s'est fait apporter de l'huile d'olive dans un bol, l'a aspergé de sel et à trempé du pain qu'elle a dégusté. Depuis,j'ai perfectionné la formule. J'ajoute au sel sans sel qui m'est imposé, du gingembre moulu, de la coriandre ou du cumin et de l'ail moulu. Je trempe avec du pain style poilane de chez Hédiard et j'en prends toute la nuit en écrivant mon blog. Il est évident qu'utiliser une telle huile pour assaisonner des salades, du poisson ou n'importe quel plat, serait un coûteux sacrilège. Une huile aussi raffinée se déguste seule.
La même Tatiana m'a un jour amené une boîte de Thé. De m'ême que j'ai toujours révé d'une huile verte, j'ai recherché avec persévérance du thé vert, de celui que vous trouvez dans les bons restaurants japonais ou même chinois. En vain. Mais cette boîte contenait un thé que j'ai trouvé sublime. Il provenait de la boutique "Thés de Chine" 20, Boulevard St Germain à Paris, et la référence était LM102/61. Long Men Xiang Cha. Le parfum était déjà empreint du charme immémorial delacérémonie du Thé, mais que dire du goût d'un extrême raffinement !
J'allai donc rendre visite à cette jolie et poétique boutique, ou s'alignaient d'innombrables boîtes immenses. La récolte toute fraîche de 2009 venait d'arriver. En matière de thé vert, les prix variaient de 28 € à 96€ les cent grammes. J'optai pour un petit sachet du plus coûteux cultivé dans un jardin sacré, entretenu par des moines bouddhistes. La référence était Shi Feng Long Geng (?).Après avoir utilisé pendant plusieurs infusions, 3 à 5 minutes dans l'eau à 75% 3g pour 15 cl, il faut surtout conserver les feuilles pour des condiments, car elles sont bourrées de vitamines.
J'inaugurai aujourd'hui même ce thé illustre avec notre ami S*** mon successeur sur le blog. Marie-Jo à la cuisine suivit scrupuleusement les instructions et nous servit dans un service japonais d'oribe. Hélas S*** et moi trouvames que cela sentait l'eau chaude et c'est tout. D'ailleurs aucune odeur émanait du paquet. Est-ce à dire que ce parfum est si délicat que seul un moine expérimenté pourrait l'obtenir en utilisant une eau à la pureté particulière, neige fondue ou source secrète en faisant chauffer cette eau sur un foyer de feu de bois et une bouilloire comme celle que nous avons au Musée Mingei... Ou tout simplement que je suis tombé dans un piège attrappe gogos, comme pour l'huile? En tout cas j'ai l'intention de m'en expliquer avec mes deux spécialistes.
Il est 01 h 23, Tatiana vient demain et je dois encore faire une page de calligraphie à son attention. Je remettrai à demain la liste de mon marché de DVD.
Nous sommes "demain" et vous pouvez consulter la liste dans le corps du billet. 20h48
Bonne Nuit, Bruno Lussato. Continuer à lire "Le journal du 26 avril 2009" Friday, 24 April 2009Le journal du 23 avril 2009CHRONIQUE Fondation III. Un accouchement difficile
Décidément, tout est à refaire. Pour des raisons analogues à celles de Socrate, mais en sens contraire, LH III n'approuve pas le projet et semble vouloir violenter mon concept de base. Les larmes me montent aux yeux. Je me sens incapable de faire une fois de plus le travail de persuasion consenti pour Socrate avec les résultats que l'on sait. Je suis trop fatigué. Et pourquoi me battre?
Néanmoins je vais une dernière fois m'expliquer pour corriger le tir. Je n'ai aucun scrupule de vous mettre dans le coup, mes chers internautes, car cette troisième fondation s'adresse à des gens simples dont je sais qu'il éprouveront un choc durable de beauté qui pourra susciter des vocations. C'est en pensant très fort à vous, et non en échafaudant des structures logiques, que mon projet tire son inspiration.
Pour parfaire le malentendu il ne manquerait plus à mon cher LH III qu'à nommer un expert, ou mieux une commission d'experts, comme l'a fait Socrate. Mais le but inconscient de Papadopoulos était de condamner la deuxième fondation alors que LH III le scandinave au contraire est sincère et s'y interesse avec l'intelligence, l'appetit de culture, et la ténacité qui le caractérisent. En dépit de sa jeunesse, c'est une personnalité très forte au sens le plus plein que je donnais à ce mot dans le précédent billet.
Je lui avais passé les plans logiques de la deuxième fondation, et je suppose qu'ils devaient être fort mal expliqués pour qu'ils donnent naissance de telles incompréhensions aussi bien chez Socrate Papadopoulos que chez LH III, au point que leur envie de m'aider à la réaliser se soit transformée comme le vin en vinaigre. Aussi présenterai-je mon projet de fondation (devenu la troisième fondation à cause des transformations dont je parlerai plus loin) par l'autre bout de la lorgnette. Mais auparavant présentons l'objection de LH qui condamne encore plus la fondation que l'acharnement logique de Socrate.
Le problème tourne autour de la notion d'écriture. Elle est interprétée par le successeur de LH I, dans son sens le plus étroit : l'acte de tracer des lettres manuellement et l'évolution de la forme de celles-ci. La collection se réduirait de ce fait à des fragments de sumérien, de phénicien, de crétois, de calligraphies chinoises des débuts jusqu' à leur stabilisation, à l'arabe et c'est à peu près tout. Or il est pratiquement impossible de se procurer ces fragments aujourd'hui à l'exception de feuillets de demi-onciales du VIII au Xème siècle et de fragments de calligraphie chinoise ancienne, d'un prix prohibitif. On peut aussi trouver des cartouches éparses de hieroglyphes sur papyrus et des feuillets isolés d'écritures de la cursive romaine à la gothique, en passant par la caroline ou la flamande. Nous en avons des copies très bien réalisées par Claude Médiavilla pour le Musée du Stylo et de l'Ecriture Armando Simoni. C'est à dire pratiquement rien. Voici des décennies j'avais acquis une tablette cunéiforme aujourd'hui irremplaçable qui fut volée dans le hold-up de 2001 C'est un iiii. Par ailleurs exposer ces lambeaux n'a pas de sens, ils sont ternes, ennuyeux et ne sauraient provoquer le moindre impact sur le public.
L'illustration ci-dessous montre un fragment d'héroglyphes sur papyrus provenant de la Bibliothèque Municipale de Lyon La-Part-Dieu. Elle est tirée d'un répertoire dont les illustrations proviennent en majeure partie du Musée du Stylo et de l'écriture. La cote serait iiiii
LH III me fait remarquer que des livres, de incunables, voire même de grands manuscrits à peinture ne font pas partie de l'objet de la fondation exclusivement axé sur l'évolution du mode de symbolisation des caractères. ... et qu'il y a largement le temps de réfléchir à la question. Il est radical sur un point : il ne voit pas ce que les monnaies viennent faire dans une telle fondation. Je n'ai pas besoin d'argumenter, la collection est devenue inaccessible depuis que Socrate ne veut s'en dessaisir sous aucun prétexte. Mais sa position me plonge dans le désespoir. En effet Clavroy ( livres anciens, art du livre) et Tenscher (deux pièces majeures exceptionnelles iiiii) m'ont fait confiance et m'ont mis de côté les plus belles pièces iiiii comme la lettre de Christophe Colomb ou le précieux manuscrit de 1384, seul exemplaire connu au monde à être calligraphié en lettres d'or en relief. Nous avons déjà perdu le magnifique manuscrit des conquêtes d'Alexandre, en camaïeu, et, pire, l'exemplaire des dialogues de Galilée dédicacé par l'auteur et dont il ne restait qu'un exemplaire au Vatican et un à la fondation Galilée à Florence. Il faut abandonner tout espoir d'avoir le troisième qui a rejoint un lieu muséal. Ci-dessous un détail de la page de titre des dialogues, l'oeuvre majeure de Galilée.
Ci-dessous le frontispice du manuscrit des conquêtes d'Alexandre le mois dernier iiiii, aujourdhui passé au stade de l'utopie. Ce manuscrit est l'un des plus prestigieux connus par sa beauté, son origine, son originalité et sa finition.
Je rappelle ci-dessous une des pages du livre d'heues de 1384, unique au monde par ses lettres d'or en relief qui représentennt un tour de force que nul n'a jamais osé reproduire.
Grâce à la grande générosité de Socrate, j'ai en ma possession deux Grolier sur trois, dont le suivant :
Avoir un seul Grolier est l'honneur de toute bibliothèque publique. Louis XIV avait interdit la sortie de France les Grolier pour éviter leur dispersion. Mais avant même la Révolution, ils passèrent les frontières. Ce lui-ci n'est pas le plus beau qui attend chez Clavreuil qu'on le libère. La reliure exécutée par Gommart Estienne pour Grolier, est un atlas de Numismatique, passion du mécène n'a pas fait partie du lot à cause de mes scrupules vains, en ce qui concerne des traces noires très légères. Le et qui ne tiraient pas à conséquence. Le temps de me décider, Socrate ne daigna pas honorer la facture, qu'on lui avait envoyé à se demande. Le vent avait tourné et la collection était restée incomplète. Manquait aussi un Grimaldi, l'équivalent du Grolier italien, ce qui est moins regrettable. Lorsque LH III m'annonça qu'il reprenait la suite de Socrate, je respirai, de même que Clavreuil qui m'avait fait confiance pendant si longtemps et qui fut contraint de se dessaisir graduellement des ouvrages les plus précieux. Et voici que mon héritier déclare qu'on a le temps et qui chicane sur la signification du mot écriture. On pourrait avantageusement le changer en Bibliothèque ce qui d'après le Petit Larousse, comprendrait aussi bien les manuscrits que les sceaux ou les chartes, avant Gutenberg, et les incunables et les livres rares et précieux après.
En consultant le catalogue de calligraphies et de peintures du légendaire Musée du Palais de Taipeh (ex. Formose) je retrouvai le concept qui éclaire parfaitement mon projet.
Ci-dessus une reliure, dorée et peinte à la cire, réalisée par un suiveur contemporain de Grolier, Thomas Mahieu, secrétaire de Catherine de Médicis. Imprimé à Bâle chez Johann Herwagen en 1535, dont la qualité d'impression est inférieure à celle des Grolier. Cette édition hommage de Socrate est beaucoup plus rare encor que les Grolier.
En consultant pour la nième fois le catalogue du légendaire Musée du Palais à Formose (aujourd'hui Taipeh) je trouvai le plus précieux soutien à mon projet. Comme on le sait, ce musée contient les plus importantes collections de calligraphies et de peintures chinoises du monde.
Marvelous Sparks of the Brush. Painting & Calligraphy, Books & Documents. National Palace Museum
Meveilleux éclats du pinceau, tel est le titre du magnifique ouvrage consacré à la plus importante collection du Musée du Palais. J'en ai déjà parlé ailleurs. Mais ce qu'il faut noter, est que cet ensemble indissociable de peintures illustres, de calligraphies hautement honorées, de livres précieux et de documents manuscrits ou imprimés dela plus haute importance historique, n'est pas une bibliothèque mais un département d'un musée. Les conservateurs ne sont pas des bibliophiles. Ils s'adressent au grand public, et les ouvrages ne sont pas destinés à dormir dans les rayons d'une bibliothèque en attendant d'être consultés, mais à être exposés, offerts à l'admiration du Grand Public, dans des conditions, bien entendu, drastiques d'hygrométrie (il y fait froid et on recommande de porter un chandail de laine) et de sécurité. On lutte également contre la quantité en n'exposant qu'un nombre limité d'objets que l'on renouvelle périodiquement par rotation. Aucune différence n'est établie entre calligraphies, peintures, reliure, confection du livre et du rouleau. Les visiteurs chinois qu'ils soient le grand public ou des lettrés, sont sensibles à l'évolution non seulement de la calligraphie ou de la peinture, mais aussi de l'apparence des livres, comparables en cela aux livres manuscrits de William Blake, destinés à être contemplés autant qu'à être lus. Le cas est d'ailleurs exceptionnel en Occident, et a heurté les conventions qui veulent qu'un tableau soit un tableau, un livre, un livre. Cela explique la faible fréquentation du plus grand poète en langue anglaise alors qu'on se précipitait pour voir le médiocre épigone Rivière.
En parcourant le guide professionnel du Musée du Palais Voici quelques données essentielles.
- L'exposition n'a pas pour objet le plaisir des yeux aux visiteurs, mais aussi de conduire leur compréhension à des niveaux encore plus profonds d'appréciation. Les collections du Musée ont été regroupées en deux branches : 1. les Trésors du travail de la Nature (c'est-à-dire l'artisanat du travail du jade, de l'ivoire, etc...) 2. ce qui a été nommé l'éclat merveilleux du pinceau, et qui comprend les calligraphies, les peintures, la mise en page, les livres et les reliures, les documents historiques.
- Le Musée, on vient de l'écrire, comprend la collection de calligraphies et de peintures chinoises la plus importante. Peintures, Calligraphies, livres et documents, sont la plus grande fête pour les yeux au monde. La valeur des livres et des documents représente une grande synthèse d'information et de savoir. En vous trouvant face à face avec eux, vous devenez un avec les anciens et vous servez de médium entre le passé et le présent. Il en émane une force qui touche les vies de tous les lecteurs, sans que le fait d'une approche sérieuse ou ludique et superficielle n'intervienne. - Les livres rares de la collection tombent dans deux catégories : manuscrites et imprimées. Certains de ces livres sont extrêmement rares et dans certains cas uniques. Ils représentent de ce fait un héritage culturel d'une importance considérable, qui s'ajoute à leur valeur intrinsèque.
LA CLASSIFICATION TRADITIONNELLE DES LIVRES RARES "Les six sommaires, correspondent aux sept somaires qui incluent six catégories, : " les écrits philosophiques", "la stratégie militaire, "les arts mathématiques", " la médecine et les arts pour la préservation de la vie", et " la poésie et la littérature". Plus de deux siècles après, Hsün Shu réorganisa ces catégories en quatre sections. 1. La classification traditionnelle des six arts classiques; 2. La stratégie militaire les écrits philosophiques, les arts mathématiques et la médecine; 3. les travaux historiques; 4. la littérature.
Un des buts a été, par le moyen de présentations modernes, de faire comprendre l'intérêt des livres rares. Pour cela, l'exposition comprend deux niveaux : 1. Elle donne à voir au public les bases de l'évolution des livres,en les donnant à voir comme des objets de contemplation. 2. Elle apprend aux visiteurs à différencier la qualité et le type des impressions, la beauté des reliures, l'adjonction de belles illustrations, en un mot à apprécier les livres manuscrits ou imprimés comme des objets d'art.
Les principes de la troisième fondation
Ils sont proches de ceux qui ont présidé à l'organisation du Musée du Palais. A l'instar et à l'insu de cette prestigieuse institution, si l'on excepte la peinture, qui en Occident ne doit rien au geste, si ce n'est l'action painting ou la démarche de Georges Mathieu, les autres critères sont conservés.
Citons les points essentiels:
- L'importance de l'imprimeur,de la qualité du papier ou du parchemin, de la reliure. - La valeur des l'illustrations : Botticelli (incunable de la Divine Comédie de Dante), de Béning-Mormion ( Heures de Bruges), Delacroix (Faust), et plus près de nous lors du nouvel âge d'or du livre d'art : Picasso, Matisse, Braque, Chagall, Bonnard, Derain, de Dali, etc. sur des textes d'Apollinaire, de Mallarmé, de Lautréamont, de René Char et des reliures de Pierre Legrain, de Bonnet, de Creuzevault, de Rose Adler, de Dali etc. imprimés par Iliazd, sur des papiers Japon Impérial, Japon nacré, BFK Rives, parchemin, etc.
- Ce sont des objets destiné à être exposés et non pas à être lus, en particulier pour les calligraphies. Cettes dernières vont de l'onciale et la demi-onciale, à la gothique, en passant par la caroline, l'écriture humaniste, la fraktur etc. De même pour les styles d'impression : Didot, Egyptienne, Elzévir,... jusqu'aux caractères de Frütiger, l'Univers et le Méridien.
- Une caractéristique qui sépare pour des raisons compréhensibles la Troisième Fondation de Taipeh d'une part, et de la deuxième fondation de l'autre, est 1. la présence de collections d'instruments d'écriture, dont des stylos, qui sont présents mais moins différenciés dans les collections du Musée du Palais, 2. L'incorporation dans la nouvelle fondation de l' ensemble parmi les plus importants en des mains privés, des premiers tirages des éditions originales de partitions musicales. Elles vont de Vivaldi à Messiaen. C'est évidemment une spécificité occidentale, et la collection est conservée dans les sous-sols de la Direction de la Musique, Square Louvois, sous la suveillance attentive de Mme. Massip , conservateur, et de la fidèle Mme. Vilatte qui la seconde efficacément. Je n'ai jamais voulu m'en séparer, à l'exception de LH III qui hérite de presque tous mes biens culturels et à qui je demanderai qu'il laisse ma donation en dépôt long terme à ma chère BNF .
On comprendra dès lors mon désarroi dans un tel contexte. En effet ramener le mot écriture à son sens le plus restreint, équivaut à abandonner le projet, qui d'ailleurs s'éteindra de lui-même sans qu'on ait besoin d'intervenir !
Une autre cause de dissension entre mon cher LH III et moi, tourne autour de la notion de temps. Il pense que rien ne presse, et qu'il faut que les choses se décantent. Mais il oublie le contexte. Mais les grands marchands qui enthousiasmés par le projet, m'ont aidé au delà de leurs possibilités en refusant des propositions alléchantes pour les iiiii ont voulu croire que je trouverais un repreneur. Quel soulagement pour tous lorsque celui-ci vint m'aider en la personne de LH III! Quel sponsor en vérité ! Le plus intelligent, le plus avide de culture, et qui parut apprécier ces icones de notre civilisation que sont les premières éditions de Copernic ou de Galilée!
Hélas, pressés par les acheteurs des grandes fondations, l'un d'eux se trouva acculé par le manque de trésorerie après de tels achats prestigieux, réalisés en partie pour la fondation. Il jeta du lest en vendant l'impressionnant Galilée, et le magnifique manuscrit en camaïeu, sur les aventures d'Alexandre. Comment le lui reprocher? Mais compromettre les autres iiiii reviendrait à faire échouer la Fondation, en la privant de son plan logique et pédagogique.
Mon désarroi est grand. L'obligation de durer trois ans de vie pour accomplir ce qui est au fond ma vocation et qui constituera, j'en ai la preuve, un choc décisif pour bien des jeunes et des gens modestes, cette astreinte me donna l'énergie de la survie. Mais à présent à quoi bon me battre? S'ajoute la douleur de me sentir incompris. Un manque de confiance qui s'expliquerait à la rigueur de la part de Socrate qui se trouve en pays étranger, dans le noble royaume des esprits. Mais que l'héritier de tous mes biens culturels, de qui j'avais reçu affection et encouragements, discute avec moi comme le ferait Socrate, m'est incompréhensible!
Mais trêve de lamentations stériles, et passons à une explication autre de cette malheureuse troisième fondation. Vous la trouverez dans le corps du billet. Il est déjà 2h27 et la page de mon billet a expiré de nombreuses fois. D'ailleurs j'ai envie de reporter à demain la suite pour ménager mon sommeil ! Donc Bonne Nuit, et pensez d'une manière positive à ce magnifique projet. On dit que les ondes bienveillantes (et je sens les votres) peuvent faire basculer une situation. Au pire, elles m'aideront à retrouver ma combativité naturelle !
Votre Bruno Lussato.
NOTE : je ne cesse d'être harcelé de demandes intempestives concernant l'identité réelle de LH III. Je vais donc m'en expliquer une fois pour toutes et dans l'espoir qu'après, mes amis (car c'est d'eux que vient la curiosité) me laisseront en paix.,
Pour autant que je puisse m'engager sans trahir l'obligation de confidentialité, LH III est une réincarnation de LH, Lars Hall dit Lasse. Ce dernier est une figure imaginaire, personnage dont l'histoire fictive et romancée a été mise en abyme dans L'Entretien. *** pour ceux qui ignorent la signification de cette locution, je cote le petit Larousse : n.m.(gr. abussos,sans fond). En abyme, se dit d'une oeuvre citée et emboîtée à l'intérieur d'une autre de même nature(récit à l'intérieur d'un récit, tableau à l'intérieur d'un tableau etc). Si j'ai insisté sur cette expression, c'est qu'elle est dominante dans L'Entretien (Apocalypsis Cum Figuris) et que la description de mes relations perturbantes et intenses avec Lasse, (LH I ) ont été depuis leur rédaction dans " Le Livre de Lasse Hall" été emboïtées dans les séquences d'un salon imaginaire, et commentée par une assemblée de snobs. Tout ceci est bien entendu de l'Histoire ancienne. LH II ressemblerait plutôt à Olaf. Et quid de LH III. Il n'existe pas la moindre filiation avec LH I et LH II. D'où sort-il alors? D'une troublante ressemblance. Non seulement ce jeune homme volontaire et d'une intelligence fulgurante ressemble comme un sosie à LH I, ce dont témoigne un dessin réalisé alors que son père n'était pas encore né, mais même son caractère et sa force étaient celles de LH I. Une différence essentielle toutefois. LH I était envers moi aussi délicat, aussi protecteur, aussi affectueux, que ne l'est Olaf Olafson, alors que LH III est désinvolte, instable dans son comportement, alternant affection touchante et cruelle indifférence, respect et traitement des plus humiliants. Or depuis que pour récompenser son attachement et ses dispositions pour le fait culturel, et aussi son intérêt pour les manuscrits, je décidai de faire don - avec l'assentiment de la BNF - de tous mes manuscrits, ceux réalisés pour la BNF restant la propriété du Departement des manuscrits anciens. Il changea alors radicalement de comportement à mon égard et se montra souriant, détendu, en un mot heureux en ma présence. J'en fus si touché! Lorsque je lui demandai à tout hasard de m'aider à reconstituer ma seconde fondation, il n'hésita pas, son adhésion fut immédiate. La semaine suivant, ne voulant pas subir de déceptions ni abuser de son appui, je réitérai ma demande. Il rit et me dit "puisque j'ai promis !" . Mon bonheur n'eut alors d'égal que ma déception aujourd'hui. Le reste vous le connaissez. L.H. III et une personnage à demi-imaginaire mais où il entre des fragments de réalité. Il est d'origine scandinave, comme le montre sa blondeur et la pureté de ses traits. Sa famille s'établit à Vancouver et à Seattle et fit commerce de bois flottés. Il était le cadet de trois frères, mais jeune comme il était, il se fit respecter et admiré de tous pour avoir osé affronter la maffia avec une telle cruauté, une telle violence que devant un tel forcené, capable en proie à une rage meurtirère, de risquer sa vie, dont il n'avait cure, que les maffiosi fondamentalement des lâches, craignant pour leur vie, cédèrent et se détournèrent de la famille.
Le père de LH III, est un homme de moeurs très simples, austères même, et très proche de son personnel, prompt à organiser de petites fêtes pour commémorer un anniversaire, une naissance, un résultat positif. Il imprima des diplômes maison encadrés, que ses gens étaient fiers de suspendre dans leur bureau ou chez heux. Leur famille était toujours intégrée dans l'entreprise, sans qu'Olafson fut soupçonné de paternalisme. Il me servit comme modèle et comme exemple d'excellence dans le management, mais combien difficile à imiter en France où arrogance et mépris font florès, dissimulée derrière de beaux discours sociaux.
Oui. Je sais. Je me suis encore égaré de digression en digression. Mais ce faisant j'ai parlé de choses bien plus intéressantes que l'origine d'un jeune homme fût-il génial ! Continuer à lire "Le journal du 23 avril 2009" Monday, 20 April 2009Le journal du 20 avril 2009CHRONIQUE Accalmie Le printemps est ma saison préférée. En ce moment, sous un beau soleil sa splendeur explose dans les jardins parisiens. J'aimerais bien voir les jardins Kahn à Boulogne, parmi les plus fascinants de la capitale. Peut-être demain, aujourd'hui j'irai admirer les arbres en fleur au Pré Catelan. Toutes les sombres prédictions concernant la crise, s'évanouissent dans la douce amnésie des jours ensoleillés. Qu'on me permette de citer un magnifique passage à la gloire du Printemps.
Commencez ! Ainsi le printemps appelait dans la forêt. Comme l'écho des vagues résonne comme de vagues lointaines, un autre chant s'approche, et s'approche plus prés; le bois résonne d'un concert de douces voix; maintenant fort et clair il s'approche déjà de plus en plus puissant! Comme des son de cloches la jubilation retentit ! La forêt, qui bientôt répond à l'appel, elle retrouve une vie nouvelle, et entonne le doux chant du Printemps !
Dans une haie de ronces, consumé par l'envie et l'envie, armé de sa fureur, l'hiver plein de rage, caché parmi les bruissements de feuilles mortes, épie et écoute se demandant, comment causer du tort à ces chants joyeux.
Ces vers proviennent du premier acte des Maîtres Chanteurs de Richard Wagner. Il nous rappelle que les médisances, les aigreurs, la mauvaise foi, la calomnie, la jalousie, sont toujours tapies dans l'ombre continuant leur travail de sape.
A ce propos, après la petite-fille, la fille, Fabienne Gaston-Dreyfus. Je reconnais que " la passion de son père, partagée avec sa femme, était sa collection de peinture, constituée avec l'aide d'Alain Tarica dont il était devenu un ami précieux." Je n'ai garde de l'oublier, ainsi que sa décision courageuse d'échanger sa collection d'impressionnistes (si je ne me trompe) contre d'authentiques chefs d'oeuvre d'Art Moderne. Je me souviens notamment de son merveilleux Hommage à Picasso, un des Paul Klee les plus précieux. J'ai partagé son amitié avec Alain Tarica, qui m'a avec son père Samy, fait découvrir Kurt Schwitters dont j'ai pu acquérir des oeuvres majeures, comme Merzbild Rossfett de 1918, et Merzbild mit Kerze, (assemblage à la bougie) qui ont figuré dans mont centre d'Art contemporain au Musée de Genève et que j'ai analysé in extenso dans une plaquette qui a rencontré un notable succès. Cela me donne l'idée de consacrer un billet à cet immense artiste, encore méconnu. Les Tarica ont changé toute ma vision de l'Art, ainsi qu'à Alain. Ils font partie de ces immenses marchands qui font les grandes collections (y compris celle de Bergé-Saint Laurent). Ils ne se contentaient pas de nous procurer des moutons à cinq pattes, ils étaient également de grands pédagogues et des initiateurs désinteressés.
Je ne puis donc que comprendre l'indignation de la famille d'Alain Gaston-Dreyfus, et je lui ai déjà exprimé mes plus plates excuses, qu'elle n'a pas dû lire sans doute. Quant à la malveillance, c'était plutôt de l'aigreur et je m'en suis expliqué. J'ai été mortellement déçu de voir s'échapper le fond Kandinsky et j'ai mis bien du temps pour digérer cette déception. Elle fait écho à une autre occasion, d'une tout autre envergure, que mon père avait dédaigné. Il ne s'agissait de rien moins que de la vente de la succession Klee, qui était alors à vendre. Mais nous venions à peine de sortir de la guerre et Klee ne suscitait pas parmi les riches mécènes l'envie de consentir un effort financier considérable pour l'époque. Mon père avait largement les moyens de l'acheter. Il préféra investir dans les vignobles de Tunisie dont il contrôlait une grande partie. Il a tout perdu depuis avec la nationalisation des biens français. Je fis des pieds et des mains pour le décider. J'en étais malade. Mais mon père me considérait avec agacement, comme un rêveur utopiste, et détestait la peinture moderne qu'il prenait comme tant d'autres, pour de la fumisterie. Mais ce n'était pas le cas d'Alain Gaston-Dreyfus qui connaissait bien la valeur artistique du fonds.
Sur le chapitre des rigueurs de l'hiver, j'évoquerait la grotesque affaire des excuses de Madame Royal, au Président Zapatero, cette fois. J'enparlerait car c'est un excellent exemple de désinformation qui illustre les ambiguïtés de la sémantique.
Venons-en aux faits de première main tels qu'ils ont été rapportés par des parlementaires de gauche et de droite, et unanimes quent à leur version des faits. Gillez Carrez, rapporteur des Finances de l'Assemblé Nationale a témoigné des propos élogieux tenus par Nicolas Sarkozy au sujet de Jose Luis Zapatero; "Il gère au mieux son pays et a su se faire réélire alors que d'autres se prétendant très intelligents ont été incapables d'une telle performance. De même Nicolas Sarkozy, se gaussant de la gauche a dit ironiquement : il n'est peut-être par très intelligent alors que d'autres se prétendant très intelligents ont été des incapables de sa performance".
D'où vient la source de la désinformation? D'un journaliste de Libération qui prétendait qu'au cours du déjeuner (auquel il n'assistait pas, bien entendu) et qui disait que Nicolas Sarkozy avait déclaré que Zapatero n'était peut-être pas très intelligent, ce qui est la pure vérité. Mais il passa sous silence le contexte ironique et l'ensemble de la phrase, d'où un mot avait été isolé de son contexte, procédé éprouvé d'intoxication.
Et Mme Royal dans tout cela? Je dois, en tant que professeur de management, lui tirer mon chapeau. Elle agit en parfait agent de marketing, sans scrupules d'état d'âme, visant l'efficacité et récompensée par son extraordinaire succès. Elle utilisa un procédé, qu'elle inventa avec une créativité et qu'elle mit en pratique avec un art consommé : présenter les excuses de la France, aujourd'hui à Zapatero, demain à Merkel, à Barroso ou à Obema.
En définitive je n'ai pu me rendre au Pré Catelan pour des raisons indépendantes de ma volonté. Il me reste a espérer que demain il fera aussi beau et que je pourrai me rendre au jardins Kahn. Ils mériteraient un billet à eux tous seuls.
A propos des attaques de l'hiver, je signale à mes amis que je serai à nouveau indisponible à partir du 11 mai et pour une dizaine de jours. Je demande à notre ami S*** de prendre le relais. Vous y gagnerez au change en hauteur et vous y perdrez peut-être en polyvalence.
Musique de printemps
Il n'y a pas que la poésie pour illustrer la plus belle saison de l'année. La musique est peut-être encor plus suggestive ainsi que la peinture (pensons à Botticcelli !) Ci-dessus, une version trafiquée pour des raisons de copyright, et extraite du codex éléphant de L'Entretien. Elle montre cependant le rythme dansant que l'on retrouve chez Beethoven et chez Schumann.
L'oeuvre qui se rapproche le plus de Botticelli, est la Symphonie N°1 "Le Printemps", op.38 de Schumann, etnotamment le dernier mouvement : Allegro animato e grazioso. Je vous conseille l'excellente version de Rafael Kubelik, DG.432 305-2
Très proche de cette musique à s'y confondre presque, le dernier quatuor Op.135 de Beethoven, et plus exactement l'allegro final, dansant et aérien. Cette oeuvre ultime datant de 1826, un an avant la mort du compositeur, laisse déjà par sa rupture radicale avec ce qui précède, la Xème Symphonie dont nous nous sommes déjà entretenus. Le version du Quatuor Alban Berg a le grand mérite d'être interprétée live selon la stratégie du quatuor, qui privilégie la spontanéité et la vie à la perfection textuelle.
Au sujet du Quatuor Op.135 de Beethoven, voir le corps du billet.
Nous pouvons également citer le livre et le film de Jerzy Kosinski, Being There qui est un véritable hymne au printemps. Chance, le jardinier explique qu'après l'hiver, à condition que les racines soient saines, le printemps refleurira, métaphore qui est également celle de la toute fin du Chant de la Terre de Gustav Mahler :
La terre aimée partout se couvre de fleurs au printemps et verdoie à nouveau ! Partout éternellement bleuit la lumière du lointain !
Ce qui pour Chance le jardinier n'est que constatation prosaïque est interprétée par le Président des Etats Unis comme un rafraîchissante métaphore, expliquant qu'à condition d'avoir un bon jardinier (lui ! ) après la récession et les difficultés économiques viendront les beaux jours amennés par le printemps. Ce qui se passe dans la nature, nous devons l'admettre pour l'économie.
Ce film est doublement un film d'art: celui de Kosinski le scénariste, celui de Kosinski, le metteur en scène. On peut se le procurer en Blue Ray. Un jour Kosinski reçut un télégramme de Chance le jardinier assorti d'un numéro de téléphone. L'auteur fit le numéro et ce fut Peter Sellers qui répondit ! On connaît le résultat.
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Posté par Bruno Lussato
dans Bouillon de culture
à
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Monday, 13 April 2009Le journal du 13 avril 2009
Ci-dessus, une des pages les plus durs de Apocalypsis cum Figuris - L'Entretien. J'ai essayé de le censurer, mais je m'aperçois que trente ans après, il devient d'actualité. CHRONIQUE Apopcalypse
Sans images il est difficile de rédiger ce billet. On y traite des nouveaux barbares. Une partie a trait aux tags,et à l'apocalypse pop, l'autre à un fragment de l'Apocalypsis cum Figuris (L'Entretien) que je n'ai osé publier dans mes morceaux choisis, tant c'est obscène et révulsif. Je pensais avoir forcé le trait, et voilà qu'en les lisant vingt ou trente ans après, je m'aperçois que je suis en déça de notre nouvelle civilisation marchande. Je ne puis ne pas faire la connexion avec les visions de William Blake.
J'ai revu hier soir Rashomon de Kurosawa, film admirable que je vous conseille d'acheter en DVD et de garder. Tout tourne autour du mensonge volontaire ou pas, du vol et de la dureté des femmes japonaises. Le plus cruel n'est pas le brigand redouté qui est capable des sentiments les plus fins, mais le Samouraï condescendant dont les yeux expriment mépris et dureté d'acier. Le meilleur est un voleur, menteur et lâche, qui à la fin rachète le genre humain, lui le misérable père de six gosses et qui accueille un bébé abandonné par ses parents. Là où il y a à manger pour six il y en a pour sept dit-il. Le bébé qui hurlait désespérément dans les bras d'un bonze compatissant mais inefficace, se calme instantanément entre les bras du pauvre bûcheron qui le porte avec amour. La plus belle leçon d'humanité dans la ligne de Blake. Là ou se trouve le pardon, la pitié, l'amour de la personne humaine, réside l'image divine.
APOCALYPSE SANS CATHARSIS. Le cas Chronic-arts.
Il s'agit d'un magazine ayant la prétention de choquer la "bienpensanse" et de flatter sous prétexte de les hérisser le poil,les "jeunes branchés", ceux qui font les tags, manifestent à coup de barres de fer en faveur de la non-violence, aux bobos de toute sorte. Mais la "bienpensance" internet et parisienne, adore. En témoigne la queue des parisiens devant l'exposition des tags au Grand Palais, alors que Blake, qui fustige cette tournure d'esprit, était délaissé au Petit Palais.
Chronic'art est un magazine "branché" qui puise son image et ses "valeurs" sur ce que l'on pourrait appeler la contreculture, le but étant d'étaler sa différence, de prendre tout à contre-pied et de choquer les traditionnalistes comme moi et ce qu'ils croient être la "bienpensance". En fait un certain parisianisme adore.
L'explication de textes est consacrée à Southland Tales. Elle est conduite d'une manière fouillée, professionnelle qui singe les analyses consacrées à Stendhal ou à Marcel Duchamp. Pour des extraits, reportez-vous au corps du billet.
On pourrait citer un livre qui montre comment une certaine avant-garde conçoit l'Apocalypse, notamment " Signs of the Apocalypse/Rapture. Front Forty Press 2008. C'est un beau livre comprenant parmi des imagiers inconnus, Ed Ruscha, Bill Viola et Robert Ryman. Le livre très bien présenté, contenant deux DVD est un intéressant réservoir d'images, il ne saurait prétendre à un florilège d'artistes et trop souvent point de créativité chez ces créateurs, mais des ressucées, des réminiscences...
Le cas de l'Entretien Les premiers volumes destinés à la BNF, sont pleins de séquences absolument horribles, que j'ai pensé soustraire au public dans la deuxième série de "morceaux choisis" que je projette. Mon fils, qui âgé de quinze ans, lisait en cachette ces volumes, en fut si impressionné, qu'il ne voulut jamais toucher à L'Entretien, dont le titre complet est Apocalypsis cum Figuris. Le malheur veut que les pages qui sont calligraphiquement les plus réussies sont me semble-t-il celles là, de sorte qu'en expurgeant les volumes des passages scabreux, du même coup on ôte ce qui fait son originalité !
On trouvera dans le corps du billet un extrait des séquences interdites. Cela vous évoquera sans doute bien des comportement et des valeurs actuels.
On trouvera également dans le corps du billet, une des séquences interdites, qui à l'époque était inconvenante mais aujourd'hui la réalité depasse la fiction. Thursday, 9 April 2009Le journal du 10 avril 2009CHRONIQUE Fondation foudroyée
J'ai une (presque) bonne nouvelle à vous annoncer : il est possible que la Deuxième Fondation, fondation foudroyée, donne naissance à une troisième fondation. Il est impossible de reconstituer l'implantation qui faisait l'otiginalité de la deuxième fondation. Une troisième fondation, tout en conservant la logique et le plan initial verra peut-être le jour dans notre pays grâce à l'aide de LH III . Vous trouverez dans le corps du billet le rapport des muséologues qui ont condamné la seconde fondation d'une manière péremptoire, ainsi que mes commentaires. Cela en dit long sur la mentalité de ces "spécialistes". Hélas, on rencontre la même morgue et le même mépris pour l'homme du commun chez ceux, qui arrivés au faîte de la gloire , détiennent notre sort dans leurs mains augustes : avocats, professeur de la faculté de médecine etc...
J'ai passé une nuit à peu près blanche poursuivi par le film de Bergman : Les Fraises Sauvages. Cest l'histoire d'un vieux professeur de 78 ans, qui se rend à Lund où il doit être honoré pour son jubilé. Il s'y rend avec sa belle-fille et chemin faisant il est poursuivi par ses souvenirs. Le passé lointain se met à revivre, mais lorsqu'il essaie de parler aux personnages radieux ou nostalgique qui lui apparaissent comme des fantômes plus vrais que nature, il n'obtient aucune réponse. Ils ne s'aperçoivent pas de la présence de cette apparition venue du futur. En faisant ainsi le bilan objectif de sa vie, le professeur s'aperçoit que, bienfaiteur admiré, il n'était qu'un affreux égoïste. J'ai été touché à vif par ce film qui me paraît correspondre à mon parcours actuel et je vous conseille vivement de vous le procurer pour l'intense poésie et la nostalgie onirique qui s'en dégage. Quelle sensibilité!
J'ai reçu le décodage de la parabole du cheval qui mangeait des fleurs d'oranger. J'avoue que le décodage m'a paru presque plus compliqué que la parabole elle-même, j'ai besoin de le digérer avant de vous en parler. Que voulez-vous, je décline et j'aurais peut-être besoin d'un peu de repos.
A propos du Musée du Palais, à Taiwan, mon fils m'a rapporté un beau livre bien relié des chefs-d-œusvre de peintures, calligraphie et bibliophilie. Quelle fut ma surprise de constater qu'il n'y avait que quelques reproductions de grands peintres, ce qui fait qu'il est impossible si on ne se rend pas à Taiwan ou qu'on n'a pas la possibilité d'acquérir des livres antérieurs à trente ou quarante ans, il est absolument impossible de se faire une idée de la grande peinture, de Tang à Yüian. Mon fils m'a expliqué que cette absence est volontaire, de même que la position du site, très reculée et incommode d'accès du musée, de ce fait presque toujours vide. Il s'agit pense-t-il de faire ligne basse pour ne pas agacer les chinois toujours prêts à revendiquer des pièces qu'ils estiment leur appartenir.
J'ai reçu plusieurs e-mails très (trop) indulgent qui disent que je ne ressemble pas du tout au vieil égoïste, bien au contraire... Mais ces internautes, ne connaissent que ma vie récente. L'âge, les souffrances, l'approche de la fin, m'ont changé, comme d'ailleurs le vieux professeur du film s'est bonifié. J'ai reçu tant d'amour, que mon coeur a fondu de gratitude et le sentiment d'avoir beaucoup plus reçu, de sollicitude et de respect que je ne mérite, a imprimé en moi un vague sentiment de malaise.
En revoyant le DVD, il est une réserve que je dois émettre : le doublage en français est raté.Comme je tiens de mon père et de ma grand-mère, d'une surdité qui me joue des tours pendables, j'attribuais cette mauvaise diction à ma capacité d'écoute altérée. Mais ma soeur qui a l'oreille particulièrement fine, n'a pas saisi le tiers des paroles prononcées. Comme elles ont un rôle primordial dans une intrigue particulièrement complexe, on ne comprend plus qui est qui, ni ce qui se passe. Il faut le génie d'Igmar Bergman, pour conserver le suspense grâce aux seules images.
Parmi les séquences qui m'ont échappé lors de la dernière fois, je noterai la mise en jugement du vieux docteur : il a manqué au premier devoir d'un médecin : témoigner de l'humanité à défaut de compassion ou de sympathie pour le patient. Il est coupable de culpabilité dit l'examen chargé d'évaluer ses mérites. Il lui faut demander pardon à l'instar du grand Professeur Chaussade, gastro-entérologue réputé, mais traitant ses clients avec une coupable désinvolture et une totale absence d'empathie. Administrant des remèdes d'une manière mécanique, sans réflechir à la nature de son patient, toujours pressé et expédiant les malades à la va-vite. Qu'il n'attende pas l'âge de 78 ans pour reconnaître ses torts.
J'ai été professeur pendant plus d'un demi-siècle. Mais j'étais pontifiant, je dispensais certes à mes étudiants une connaissance mécanique standardisée, mais quand donc me suis-je interessé à eux qui me faisaient confiance? Curieusement, comme pour le héros des Fraises Sauvages ils se persuadaient que j'étais un grand homme, et jamais ne se plaignaient de mon arrogance, de ma froideur, de mon indifférence à leurs attentes, de mon agressivité.
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