Friday, 24 April 2009Le journal du 23 avril 2009CHRONIQUE Fondation III. Un accouchement difficile
Décidément, tout est à refaire. Pour des raisons analogues à celles de Socrate, mais en sens contraire, LH III n'approuve pas le projet et semble vouloir violenter mon concept de base. Les larmes me montent aux yeux. Je me sens incapable de faire une fois de plus le travail de persuasion consenti pour Socrate avec les résultats que l'on sait. Je suis trop fatigué. Et pourquoi me battre?
Néanmoins je vais une dernière fois m'expliquer pour corriger le tir. Je n'ai aucun scrupule de vous mettre dans le coup, mes chers internautes, car cette troisième fondation s'adresse à des gens simples dont je sais qu'il éprouveront un choc durable de beauté qui pourra susciter des vocations. C'est en pensant très fort à vous, et non en échafaudant des structures logiques, que mon projet tire son inspiration.
Pour parfaire le malentendu il ne manquerait plus à mon cher LH III qu'à nommer un expert, ou mieux une commission d'experts, comme l'a fait Socrate. Mais le but inconscient de Papadopoulos était de condamner la deuxième fondation alors que LH III le scandinave au contraire est sincère et s'y interesse avec l'intelligence, l'appetit de culture, et la ténacité qui le caractérisent. En dépit de sa jeunesse, c'est une personnalité très forte au sens le plus plein que je donnais à ce mot dans le précédent billet.
Je lui avais passé les plans logiques de la deuxième fondation, et je suppose qu'ils devaient être fort mal expliqués pour qu'ils donnent naissance de telles incompréhensions aussi bien chez Socrate Papadopoulos que chez LH III, au point que leur envie de m'aider à la réaliser se soit transformée comme le vin en vinaigre. Aussi présenterai-je mon projet de fondation (devenu la troisième fondation à cause des transformations dont je parlerai plus loin) par l'autre bout de la lorgnette. Mais auparavant présentons l'objection de LH qui condamne encore plus la fondation que l'acharnement logique de Socrate.
Le problème tourne autour de la notion d'écriture. Elle est interprétée par le successeur de LH I, dans son sens le plus étroit : l'acte de tracer des lettres manuellement et l'évolution de la forme de celles-ci. La collection se réduirait de ce fait à des fragments de sumérien, de phénicien, de crétois, de calligraphies chinoises des débuts jusqu' à leur stabilisation, à l'arabe et c'est à peu près tout. Or il est pratiquement impossible de se procurer ces fragments aujourd'hui à l'exception de feuillets de demi-onciales du VIII au Xème siècle et de fragments de calligraphie chinoise ancienne, d'un prix prohibitif. On peut aussi trouver des cartouches éparses de hieroglyphes sur papyrus et des feuillets isolés d'écritures de la cursive romaine à la gothique, en passant par la caroline ou la flamande. Nous en avons des copies très bien réalisées par Claude Médiavilla pour le Musée du Stylo et de l'Ecriture Armando Simoni. C'est à dire pratiquement rien. Voici des décennies j'avais acquis une tablette cunéiforme aujourd'hui irremplaçable qui fut volée dans le hold-up de 2001 C'est un iiii. Par ailleurs exposer ces lambeaux n'a pas de sens, ils sont ternes, ennuyeux et ne sauraient provoquer le moindre impact sur le public.
L'illustration ci-dessous montre un fragment d'héroglyphes sur papyrus provenant de la Bibliothèque Municipale de Lyon La-Part-Dieu. Elle est tirée d'un répertoire dont les illustrations proviennent en majeure partie du Musée du Stylo et de l'écriture. La cote serait iiiii
LH III me fait remarquer que des livres, de incunables, voire même de grands manuscrits à peinture ne font pas partie de l'objet de la fondation exclusivement axé sur l'évolution du mode de symbolisation des caractères. ... et qu'il y a largement le temps de réfléchir à la question. Il est radical sur un point : il ne voit pas ce que les monnaies viennent faire dans une telle fondation. Je n'ai pas besoin d'argumenter, la collection est devenue inaccessible depuis que Socrate ne veut s'en dessaisir sous aucun prétexte. Mais sa position me plonge dans le désespoir. En effet Clavroy ( livres anciens, art du livre) et Tenscher (deux pièces majeures exceptionnelles iiiii) m'ont fait confiance et m'ont mis de côté les plus belles pièces iiiii comme la lettre de Christophe Colomb ou le précieux manuscrit de 1384, seul exemplaire connu au monde à être calligraphié en lettres d'or en relief. Nous avons déjà perdu le magnifique manuscrit des conquêtes d'Alexandre, en camaïeu, et, pire, l'exemplaire des dialogues de Galilée dédicacé par l'auteur et dont il ne restait qu'un exemplaire au Vatican et un à la fondation Galilée à Florence. Il faut abandonner tout espoir d'avoir le troisième qui a rejoint un lieu muséal. Ci-dessous un détail de la page de titre des dialogues, l'oeuvre majeure de Galilée.
Ci-dessous le frontispice du manuscrit des conquêtes d'Alexandre le mois dernier iiiii, aujourdhui passé au stade de l'utopie. Ce manuscrit est l'un des plus prestigieux connus par sa beauté, son origine, son originalité et sa finition.
Je rappelle ci-dessous une des pages du livre d'heues de 1384, unique au monde par ses lettres d'or en relief qui représentennt un tour de force que nul n'a jamais osé reproduire.
Grâce à la grande générosité de Socrate, j'ai en ma possession deux Grolier sur trois, dont le suivant :
Avoir un seul Grolier est l'honneur de toute bibliothèque publique. Louis XIV avait interdit la sortie de France les Grolier pour éviter leur dispersion. Mais avant même la Révolution, ils passèrent les frontières. Ce lui-ci n'est pas le plus beau qui attend chez Clavreuil qu'on le libère. La reliure exécutée par Gommart Estienne pour Grolier, est un atlas de Numismatique, passion du mécène n'a pas fait partie du lot à cause de mes scrupules vains, en ce qui concerne des traces noires très légères. Le et qui ne tiraient pas à conséquence. Le temps de me décider, Socrate ne daigna pas honorer la facture, qu'on lui avait envoyé à se demande. Le vent avait tourné et la collection était restée incomplète. Manquait aussi un Grimaldi, l'équivalent du Grolier italien, ce qui est moins regrettable. Lorsque LH III m'annonça qu'il reprenait la suite de Socrate, je respirai, de même que Clavreuil qui m'avait fait confiance pendant si longtemps et qui fut contraint de se dessaisir graduellement des ouvrages les plus précieux. Et voici que mon héritier déclare qu'on a le temps et qui chicane sur la signification du mot écriture. On pourrait avantageusement le changer en Bibliothèque ce qui d'après le Petit Larousse, comprendrait aussi bien les manuscrits que les sceaux ou les chartes, avant Gutenberg, et les incunables et les livres rares et précieux après.
En consultant le catalogue de calligraphies et de peintures du légendaire Musée du Palais de Taipeh (ex. Formose) je retrouvai le concept qui éclaire parfaitement mon projet.
Ci-dessus une reliure, dorée et peinte à la cire, réalisée par un suiveur contemporain de Grolier, Thomas Mahieu, secrétaire de Catherine de Médicis. Imprimé à Bâle chez Johann Herwagen en 1535, dont la qualité d'impression est inférieure à celle des Grolier. Cette édition hommage de Socrate est beaucoup plus rare encor que les Grolier.
En consultant pour la nième fois le catalogue du légendaire Musée du Palais à Formose (aujourd'hui Taipeh) je trouvai le plus précieux soutien à mon projet. Comme on le sait, ce musée contient les plus importantes collections de calligraphies et de peintures chinoises du monde.
Marvelous Sparks of the Brush. Painting & Calligraphy, Books & Documents. National Palace Museum
Meveilleux éclats du pinceau, tel est le titre du magnifique ouvrage consacré à la plus importante collection du Musée du Palais. J'en ai déjà parlé ailleurs. Mais ce qu'il faut noter, est que cet ensemble indissociable de peintures illustres, de calligraphies hautement honorées, de livres précieux et de documents manuscrits ou imprimés dela plus haute importance historique, n'est pas une bibliothèque mais un département d'un musée. Les conservateurs ne sont pas des bibliophiles. Ils s'adressent au grand public, et les ouvrages ne sont pas destinés à dormir dans les rayons d'une bibliothèque en attendant d'être consultés, mais à être exposés, offerts à l'admiration du Grand Public, dans des conditions, bien entendu, drastiques d'hygrométrie (il y fait froid et on recommande de porter un chandail de laine) et de sécurité. On lutte également contre la quantité en n'exposant qu'un nombre limité d'objets que l'on renouvelle périodiquement par rotation. Aucune différence n'est établie entre calligraphies, peintures, reliure, confection du livre et du rouleau. Les visiteurs chinois qu'ils soient le grand public ou des lettrés, sont sensibles à l'évolution non seulement de la calligraphie ou de la peinture, mais aussi de l'apparence des livres, comparables en cela aux livres manuscrits de William Blake, destinés à être contemplés autant qu'à être lus. Le cas est d'ailleurs exceptionnel en Occident, et a heurté les conventions qui veulent qu'un tableau soit un tableau, un livre, un livre. Cela explique la faible fréquentation du plus grand poète en langue anglaise alors qu'on se précipitait pour voir le médiocre épigone Rivière.
En parcourant le guide professionnel du Musée du Palais Voici quelques données essentielles.
- L'exposition n'a pas pour objet le plaisir des yeux aux visiteurs, mais aussi de conduire leur compréhension à des niveaux encore plus profonds d'appréciation. Les collections du Musée ont été regroupées en deux branches : 1. les Trésors du travail de la Nature (c'est-à-dire l'artisanat du travail du jade, de l'ivoire, etc...) 2. ce qui a été nommé l'éclat merveilleux du pinceau, et qui comprend les calligraphies, les peintures, la mise en page, les livres et les reliures, les documents historiques.
- Le Musée, on vient de l'écrire, comprend la collection de calligraphies et de peintures chinoises la plus importante. Peintures, Calligraphies, livres et documents, sont la plus grande fête pour les yeux au monde. La valeur des livres et des documents représente une grande synthèse d'information et de savoir. En vous trouvant face à face avec eux, vous devenez un avec les anciens et vous servez de médium entre le passé et le présent. Il en émane une force qui touche les vies de tous les lecteurs, sans que le fait d'une approche sérieuse ou ludique et superficielle n'intervienne. - Les livres rares de la collection tombent dans deux catégories : manuscrites et imprimées. Certains de ces livres sont extrêmement rares et dans certains cas uniques. Ils représentent de ce fait un héritage culturel d'une importance considérable, qui s'ajoute à leur valeur intrinsèque.
LA CLASSIFICATION TRADITIONNELLE DES LIVRES RARES "Les six sommaires, correspondent aux sept somaires qui incluent six catégories, : " les écrits philosophiques", "la stratégie militaire, "les arts mathématiques", " la médecine et les arts pour la préservation de la vie", et " la poésie et la littérature". Plus de deux siècles après, Hsün Shu réorganisa ces catégories en quatre sections. 1. La classification traditionnelle des six arts classiques; 2. La stratégie militaire les écrits philosophiques, les arts mathématiques et la médecine; 3. les travaux historiques; 4. la littérature.
Un des buts a été, par le moyen de présentations modernes, de faire comprendre l'intérêt des livres rares. Pour cela, l'exposition comprend deux niveaux : 1. Elle donne à voir au public les bases de l'évolution des livres,en les donnant à voir comme des objets de contemplation. 2. Elle apprend aux visiteurs à différencier la qualité et le type des impressions, la beauté des reliures, l'adjonction de belles illustrations, en un mot à apprécier les livres manuscrits ou imprimés comme des objets d'art.
Les principes de la troisième fondation
Ils sont proches de ceux qui ont présidé à l'organisation du Musée du Palais. A l'instar et à l'insu de cette prestigieuse institution, si l'on excepte la peinture, qui en Occident ne doit rien au geste, si ce n'est l'action painting ou la démarche de Georges Mathieu, les autres critères sont conservés.
Citons les points essentiels:
- L'importance de l'imprimeur,de la qualité du papier ou du parchemin, de la reliure. - La valeur des l'illustrations : Botticelli (incunable de la Divine Comédie de Dante), de Béning-Mormion ( Heures de Bruges), Delacroix (Faust), et plus près de nous lors du nouvel âge d'or du livre d'art : Picasso, Matisse, Braque, Chagall, Bonnard, Derain, de Dali, etc. sur des textes d'Apollinaire, de Mallarmé, de Lautréamont, de René Char et des reliures de Pierre Legrain, de Bonnet, de Creuzevault, de Rose Adler, de Dali etc. imprimés par Iliazd, sur des papiers Japon Impérial, Japon nacré, BFK Rives, parchemin, etc.
- Ce sont des objets destiné à être exposés et non pas à être lus, en particulier pour les calligraphies. Cettes dernières vont de l'onciale et la demi-onciale, à la gothique, en passant par la caroline, l'écriture humaniste, la fraktur etc. De même pour les styles d'impression : Didot, Egyptienne, Elzévir,... jusqu'aux caractères de Frütiger, l'Univers et le Méridien.
- Une caractéristique qui sépare pour des raisons compréhensibles la Troisième Fondation de Taipeh d'une part, et de la deuxième fondation de l'autre, est 1. la présence de collections d'instruments d'écriture, dont des stylos, qui sont présents mais moins différenciés dans les collections du Musée du Palais, 2. L'incorporation dans la nouvelle fondation de l' ensemble parmi les plus importants en des mains privés, des premiers tirages des éditions originales de partitions musicales. Elles vont de Vivaldi à Messiaen. C'est évidemment une spécificité occidentale, et la collection est conservée dans les sous-sols de la Direction de la Musique, Square Louvois, sous la suveillance attentive de Mme. Massip , conservateur, et de la fidèle Mme. Vilatte qui la seconde efficacément. Je n'ai jamais voulu m'en séparer, à l'exception de LH III qui hérite de presque tous mes biens culturels et à qui je demanderai qu'il laisse ma donation en dépôt long terme à ma chère BNF .
On comprendra dès lors mon désarroi dans un tel contexte. En effet ramener le mot écriture à son sens le plus restreint, équivaut à abandonner le projet, qui d'ailleurs s'éteindra de lui-même sans qu'on ait besoin d'intervenir !
Une autre cause de dissension entre mon cher LH III et moi, tourne autour de la notion de temps. Il pense que rien ne presse, et qu'il faut que les choses se décantent. Mais il oublie le contexte. Mais les grands marchands qui enthousiasmés par le projet, m'ont aidé au delà de leurs possibilités en refusant des propositions alléchantes pour les iiiii ont voulu croire que je trouverais un repreneur. Quel soulagement pour tous lorsque celui-ci vint m'aider en la personne de LH III! Quel sponsor en vérité ! Le plus intelligent, le plus avide de culture, et qui parut apprécier ces icones de notre civilisation que sont les premières éditions de Copernic ou de Galilée!
Hélas, pressés par les acheteurs des grandes fondations, l'un d'eux se trouva acculé par le manque de trésorerie après de tels achats prestigieux, réalisés en partie pour la fondation. Il jeta du lest en vendant l'impressionnant Galilée, et le magnifique manuscrit en camaïeu, sur les aventures d'Alexandre. Comment le lui reprocher? Mais compromettre les autres iiiii reviendrait à faire échouer la Fondation, en la privant de son plan logique et pédagogique.
Mon désarroi est grand. L'obligation de durer trois ans de vie pour accomplir ce qui est au fond ma vocation et qui constituera, j'en ai la preuve, un choc décisif pour bien des jeunes et des gens modestes, cette astreinte me donna l'énergie de la survie. Mais à présent à quoi bon me battre? S'ajoute la douleur de me sentir incompris. Un manque de confiance qui s'expliquerait à la rigueur de la part de Socrate qui se trouve en pays étranger, dans le noble royaume des esprits. Mais que l'héritier de tous mes biens culturels, de qui j'avais reçu affection et encouragements, discute avec moi comme le ferait Socrate, m'est incompréhensible!
Mais trêve de lamentations stériles, et passons à une explication autre de cette malheureuse troisième fondation. Vous la trouverez dans le corps du billet. Il est déjà 2h27 et la page de mon billet a expiré de nombreuses fois. D'ailleurs j'ai envie de reporter à demain la suite pour ménager mon sommeil ! Donc Bonne Nuit, et pensez d'une manière positive à ce magnifique projet. On dit que les ondes bienveillantes (et je sens les votres) peuvent faire basculer une situation. Au pire, elles m'aideront à retrouver ma combativité naturelle !
Votre Bruno Lussato.
NOTE : je ne cesse d'être harcelé de demandes intempestives concernant l'identité réelle de LH III. Je vais donc m'en expliquer une fois pour toutes et dans l'espoir qu'après, mes amis (car c'est d'eux que vient la curiosité) me laisseront en paix.,
Pour autant que je puisse m'engager sans trahir l'obligation de confidentialité, LH III est une réincarnation de LH, Lars Hall dit Lasse. Ce dernier est une figure imaginaire, personnage dont l'histoire fictive et romancée a été mise en abyme dans L'Entretien. *** pour ceux qui ignorent la signification de cette locution, je cote le petit Larousse : n.m.(gr. abussos,sans fond). En abyme, se dit d'une oeuvre citée et emboîtée à l'intérieur d'une autre de même nature(récit à l'intérieur d'un récit, tableau à l'intérieur d'un tableau etc). Si j'ai insisté sur cette expression, c'est qu'elle est dominante dans L'Entretien (Apocalypsis Cum Figuris) et que la description de mes relations perturbantes et intenses avec Lasse, (LH I ) ont été depuis leur rédaction dans " Le Livre de Lasse Hall" été emboïtées dans les séquences d'un salon imaginaire, et commentée par une assemblée de snobs. Tout ceci est bien entendu de l'Histoire ancienne. LH II ressemblerait plutôt à Olaf. Et quid de LH III. Il n'existe pas la moindre filiation avec LH I et LH II. D'où sort-il alors? D'une troublante ressemblance. Non seulement ce jeune homme volontaire et d'une intelligence fulgurante ressemble comme un sosie à LH I, ce dont témoigne un dessin réalisé alors que son père n'était pas encore né, mais même son caractère et sa force étaient celles de LH I. Une différence essentielle toutefois. LH I était envers moi aussi délicat, aussi protecteur, aussi affectueux, que ne l'est Olaf Olafson, alors que LH III est désinvolte, instable dans son comportement, alternant affection touchante et cruelle indifférence, respect et traitement des plus humiliants. Or depuis que pour récompenser son attachement et ses dispositions pour le fait culturel, et aussi son intérêt pour les manuscrits, je décidai de faire don - avec l'assentiment de la BNF - de tous mes manuscrits, ceux réalisés pour la BNF restant la propriété du Departement des manuscrits anciens. Il changea alors radicalement de comportement à mon égard et se montra souriant, détendu, en un mot heureux en ma présence. J'en fus si touché! Lorsque je lui demandai à tout hasard de m'aider à reconstituer ma seconde fondation, il n'hésita pas, son adhésion fut immédiate. La semaine suivant, ne voulant pas subir de déceptions ni abuser de son appui, je réitérai ma demande. Il rit et me dit "puisque j'ai promis !" . Mon bonheur n'eut alors d'égal que ma déception aujourd'hui. Le reste vous le connaissez. L.H. III et une personnage à demi-imaginaire mais où il entre des fragments de réalité. Il est d'origine scandinave, comme le montre sa blondeur et la pureté de ses traits. Sa famille s'établit à Vancouver et à Seattle et fit commerce de bois flottés. Il était le cadet de trois frères, mais jeune comme il était, il se fit respecter et admiré de tous pour avoir osé affronter la maffia avec une telle cruauté, une telle violence que devant un tel forcené, capable en proie à une rage meurtirère, de risquer sa vie, dont il n'avait cure, que les maffiosi fondamentalement des lâches, craignant pour leur vie, cédèrent et se détournèrent de la famille.
Le père de LH III, est un homme de moeurs très simples, austères même, et très proche de son personnel, prompt à organiser de petites fêtes pour commémorer un anniversaire, une naissance, un résultat positif. Il imprima des diplômes maison encadrés, que ses gens étaient fiers de suspendre dans leur bureau ou chez heux. Leur famille était toujours intégrée dans l'entreprise, sans qu'Olafson fut soupçonné de paternalisme. Il me servit comme modèle et comme exemple d'excellence dans le management, mais combien difficile à imiter en France où arrogance et mépris font florès, dissimulée derrière de beaux discours sociaux.
Oui. Je sais. Je me suis encore égaré de digression en digression. Mais ce faisant j'ai parlé de choses bien plus intéressantes que l'origine d'un jeune homme fût-il génial ! La Troisième Fondation
Un musée, c'est une grange peinte en blanc portant, accrochés sur ses murs, vingt chefs d-oeuvre. André Nakov Cette réflexion a guidé tout ma démarche. La qualité qu'elle exprime, on peut l'appeler La Densité et elle est conforme au principe du grand Russell Ackhoff , mon collègue à S-cube à la Wharton School. " TROP D'INFORMATION TUE L'INFORMATION".
Il évident que les livres et manuscrits les plus précieux de la Deuxième Fondation ne peuvent rivaliser en quantité avec les bibliothèques publiques. Mais dans ces dernières, elle sont noyées littéralement par l'abondance, et cotoyent par ailleurs des pièces moins importantes. C'est particulièrement vrai pour les bibliothèques européennes, françaises en particulier où il est interdit de vendre les legs, et où on est envahis par les doublons les plus médiocres, voire carrément mauvais. C'est vrai également pour des fondations comme celle de l'Alpha Bank, qui se sont constituées par des achats massifs de collections où on trouve les meilleur et le pire. Pis encore, les conservateurs se gardent bien d'établir une hiérarchie entre leurs pièces et de porter un quelconque jugement. Rares sont les collections édifiées par des amateurs privés et exigeants, comme Hunt, qui dût, ruiné par la crise de 1929, se dessaisir de son trésor aujourd'hui dispersé. Comment voulez-vous vous orienter, et orienter les visiteurs de la fondation dans une telle situation de pléthore.
J'ai décidé de faire échec à cette confusion, en limitant à quelques centaines de pièces, les oeuvres exposées et achetées. A l'instar des expositions du Musée du Palais de Frmose-Taipeh, un petit nombre de chefs d'oeuvre sont offerts à la contemplation d'un public de tous âges et de toutes conditions, mais toujours respectueux et recueilli. Je souhaite attirer un tel public dans la troisième fondation et c'est la première exigence que je pose, indépendamment de tout raisonnement logique.
Ci-dessus, une page d'un des livres d'or du Musée du Stylo et de l'écriture. Ces centaines de feuillets portent la signature de visiteurs de tous les pays du monde, de toutes conditions, y compris Nicolas Sarkozy, grand amateur de stylos, qui fit son "pélerinage" au Centre des Capucins. Il se dégage de ces beaux vergés faits à la main (muséee du papier oblige!) une volonté générale de s'instruire, et ces visites ne furent jamais sans suite, mais le point de départ de nouvelles vocations, et de révélations culturelles. Encore aujourd'hui, huit ans après le hold-up je reçois des demandes quotidiennes réclamant l'ouverture du Musée. C'est cela l'esprit de la troisième fondation ! Il est vrai que j'ai bénéficié du mécène le plus attentif, le plus compréhensif et le plus actif : moi-même! Mais aujourd'hui, la maladie étant passée par là et m'ayant ruiné, de conserve avec un fisc spoliateur, j'ai dû non sans humiliation en ce qui concerne Socrate et LH III, dépendre de la bonne volonté d'autrui. Je fais exception pour mon cher sponsor d'Uccle, Olaf Olafson qui en dépit de conditions financières extrêmement difficiles, dues à la crise qui a frappé l'Amérique a tenu à me suivre dans la constitution de la collection des Mingei. Le but est ambitieux puisqu'il s'agit de concurrencer le leader occidental, et le dépasser. Et nous sommes sur la bonne voie car Olaf a parfaitement compris l'importance du temps. Les iiiii ne peuvent attendre, et plus personne ne pourra dès à présent nous concurrencer en Occident grâce à Monsieur Boudin qui nous réseve systématiquement la primeur. Mais il faut ajouter qu'entre Olaf et moi, l'entente et l'affection sont telles que lorsqu'il pense, je pense de même, sans le consulter, comme par télépathie ! Que n'ai-je les mêmes rapports avec mon cher L H III !
Je passe sous silence la réussite des Capucins et du Musée du Stylo et de l'Ecriture pour faire référence à des évènements tout à fait d'actualité.
Michel le chauffeur C'était un excellent chauffeur professionnel conduisant une superbe limousine noire Mercédès avec Télévision incorporée (l'idéal pour Chance, le héros de Kosinski et incarné par Peter Sellers dans being there et drogué de télévision). Je le devais à la sollicitude de Socrate, qui voulais m'épargner les aléas et la fatigue des taxis parisiens (je ne sais pas conduire!). Rien de plus. Michel me conduisit partout, dans les musées, les expos, et chez Burgan le numismate, Clavreuil le spécialiste en livres rares et anciens, à la BNF voir leurs collections de monnaies, chez Sennelier, le marchand de fournitures, rue du Pont Louis-Philippe haut-lieu du papier rare à prix exorbitants, et Sennelier le célèbre marchand de fournitures d'art.
Mais c'est la visite chez Clavreuil qui l'impressionna durablement, et aussi chez Burgan le numismate. Je me souviens de son émerveillement incrédule quand il prit en mains les dialogues de Galilée signés par le génie, le manuscrit d'Alexandre, tous deux désormais hors d'atteinte. Et que dire de la première encyclopédie médiévale? Des premières éditions de Copernic, d'Euclide, de Christophe Colomb, de Vesale? Des Grolier au complet et de leurs équivalents italiens et leurs suiveurs, rivalisant de splendeur, mais toujours en déça? Et d'Apocalypsis cum Figuris" de Dürer, qu'il découvrait. Il était heureux et m'étais reconnaissant de l'avoir initié à la culture sur le tas.
Je ne tardai pas à récolter les fruits de cet apprentissage. Michel se révéla avoir des mains habiles et grâce à lui je pus confectionner les plans très détaillés de la Seconde Fondation et les innombrables variantes imposées par le "sens logique" de Socrate. Après cela qu'on ne me parle plus de logique !
Ci-dessus un exemple du travail de Michel : une des planches du zoom sur le plan général.
Depuis, Michel s'attacha à moi, un peu plus que de coutume et j'espère que son envie de se cultiver, sa curiosité, l'emporteront sur le confort d'une routine d'excellent chauffeur de maïtre. L'aveni nous le dira, mais je puis affirmer que de nombreuses personnes des plus modestes comme des manutentionnaires aux plus élitistes comme Natacha, le bras droit d'Olaf Olafsson,. considérèrent comme un événement marquant, leur proximité dans l'intimité de premières éditions très rares iiiii.
J'espère que le Musée du Palais, considérant le caractère intime et culturel de ce blog, ne verront pas d'objections à ma reproduction de livres rares exposés dans la branche "léclat merveilleux du pinceau".Je serai prêt à la retirer aussitôt à la première injonction et je demande instamment àmes internautes de ne jamais les diffuser, ni les télécharger pour des copains. Par plus de précautions, je demanderai conseil à mon avocat.
Ci-dessus, extrait de "merveilleux éclats du pinceau" p.111 du Guide professionnel. L'Amitahba Sutra, traduit en chinois par le moine Indien Kumarajiva, Dynastie Ch'in. edition en tapisserie avec texte en soie noire.
L'explication donnée par le guide insiste sur l'étonnante attention porté aux détails.
Manuel d'astronomie,1883. Les suppléments comme celui-ci dessus sont dans une condition remarquable même pour aujourd'hui et ne sont pas très palis, montrant comment les techniques de développement de la couleur se présentaient dans la Chine de la fin du XIXème siècle. (Note du Guide Professionnel)
Ce livre est rangé dans la catégorie des livres rares, et, comme on le constate est destiné à être exposé et non pas à être lu. Il figurait sans distinction de hierarchie avec les éditions de livres manuscrits.
Je me bats avec mon ordinateur et il est 3h55. Je m'en vais arrêter la session et la suite quand il voudra redémarrer.B.L.
Ci-dessus, la cosmographie de Ptolémée.16 juin 1482
Ci-dessus la première édition imprimée de l'Almagest traduction latine du grec et la première introduction de l'astronomie grecque dans le monde occidental.
Les éditions ci-dessus ne le cèdent en rien, bien au contraire, au livre du XIX ème siècle exposé au Musée du Palais à Formose-Taipeh.
Plus royaliste que le Roi? Les exemples montrés ci-dessous, montrent qu'une institution aussi respecté dans le monde, considère les livres rares et culturellement importants, ce que nous désignons par iiiii, qu'ils soient imprimés ou manuscrits, sont dignes d'être donnés à voi r et non à lire. Pour cette dernière transmission du savoir, un simple recours à l'internet, ou le livre de poche (à supposer qu'ils existent) suffirait, comme le prétendait un des "experts" de Socrate. C'est passer sous silence l'aura que dégagent ces témoins vénérables de notre patrimoine occidental. Verdi était tellement sensible à cette aura, qu'il s'ôta le chapeau devant le manuscrit sous vitrine de la IXème Symphonie de Beethoven. Pourquoi serions-nous en déça des chinois?
La "logique de la troisième fondation" On ne peut évidemment appliquer l'exemple chinois sans transformations ni transpositions. La peinture chinoise ne diffère pas essentiellement de la calligraphie, elle la complète indissolublement et participe du même geste. Au contraire, en Occident, peinture et écriture calligraphique sont des genres bien séparés. Mais il n'en a pas été toujours ainsi, comme en témoignent les peintures du Livre de Kells où graphisme, calligraphie, texte, sont imbriqués étroitement et qui n'était pas écrit pour être lu (le texte fourmillait d'erreurs) mais soumis à l'adoration émerveillée des irlandais à cathéchiser. On le montrait comme une relique pendant les processions et il remplit fort bien son rôle. Aujourd'hui encore, il est exposé à Dublin, sous un globe en verre et on en tourne une page par jour ! On peut en dire autant de tous les évangéliaires sublimes de ces lieux (Iona, Lindisfarne etc.) réalisés entre les VIème et Xème siècle pour cathéchiser les irlandais.
Ci-dessus Evangile de Lindisfarne, 698 AC,île de Lindisfarne, côte NO de l'Angleterre. British Library.
Autre exemple, réservé pour la 2ème Fondation chez Heribert Tentscher, un psautier saxon, ca 1190 - 1200. Son intérêt est de constituer une charnière entre le style byzantin figé, et la peinture expressive d'un Giotto. En effet tout en ressortissant du style byzantin, les traits du visage, et en particulier les yeux, sont vivants. Il s'agit là d'une des premières peintures occidentales.
Le reproduction en couleurs a pour mérite dedonner une idée de la fraîcheur et de la beauté des ors et des teintes mais celle en noir et blanc est bien plus précise.
En ce temps-là, la peinture au sens moderne (en excluant par exemple les fresques de Pompei) n'existait qu'intégrée dans l'écriture, ainsi que cela se passait en Chine. Mais lorsqu'elle s'évada du carcan dimensionnel de l'écrit, elle se sépara - en apparence - des "miniatures" des manuscrits à peinture. Le terme miniature, avait des connotations qui devinrent méprisantes. Apparurent alors les chefs d'oeuvre de la peinture à l'huile sur panneaux de bois ou sur toile qui supplanta les peintures sur tempera à l'oeuf et au miel des livres d'heure.
Cela conduisit à sous estimer la qualité, voire le génie de maîtres comme les Fouquet de Chantilly, et surtout de Simon Mormion et Béning, comme on peut le voir dans les heures de Jean Denoual le Jeune et sa femme Jeanne Myngeart, les commanditaires résidant à Saint Malo. Je visitai l'autre jour au Musée Jaquemart André, les artistes de la Renaissance Italienne. Si l'on excepte deux magnifiques toiles dues, je crois, à Fra Angelico, les oeuvres exposées étaient travail ennuyeux d'épigones. De même au Palais des Papes, la pléthore de suiveurs sans génie noyaient le seul authentique chef-d'oeuvre :une merveilleuse vierge à l'enfant de Sandro Botticelli.
Or si dans les manuscrits à peinture on trouve des milliers d'honnêtes artisans enlumineurs,il se dégage aussi occasionnellement de géniaux acomplissements, bien supérieurs à l'immense majorité des oeuvres d'école qu'on nous donne à contempler dans les musées.
Le plus admirable à ma connaissance est précisément le Denoual-Myngeart retenu chez Heribert Tenschert, pour la deuxième fondation. Comment laisser passer un tel monument quand on a les moyens d'y accéder, est ce qui me dépasse. En voici à titre d'xemple un feuillet :
Ci-dessus Gand ou Bruges, daté 1499, dessin préparatoire deSimon Mormion complété par Alexandre Bening en 1500. Par courtoisie de monsieur Heribert Tenscher.
L'esprit de la Troisième Fondation Tout ceci montre à l'évidence les liens étroits entre la calligraphie et la peinture, à l'époque médiévale. A l'exemple chinois, il faut y ajouter le noble art de la reliure, qui fit la renommée de Jean Grolier, et tout ce qui va de pair avec les arts de l'écrit : instruments d'écriture, musée du papier, (le washi est un des arts les plus honorés au Japon, et j'en possède des feuilles signées par des trésors vivants).
Par ailleurs, on ne peut limiter les éditions aux chefs d'oeuvre de la pensée littéraires et poétiques et faire l'impasse sur les éditions originales musicales. La plupart des frontispices sont des merveilles d'artisanat. Beethoven s'est ruiné pour payer de splendides gravures. Ces éditions dorment paisiblement dans les sous-sols de la BNF, loin des agressions lumineuses et de la violence croissante, celle-là même qui a failli anéantir le grand rétable de Mathis Grünewald et a détruitles statues qui ornaient la façade de Notre-Dame.
Le facteur temps et le destin d'une oeuvre d'art
Au début du siècle, nombre de manuscrits musicaux de premier plan furent mis en vente, dédaignés par les riches particuliers, plus intéressés par les autographes historiques que par l'original du Clavier bien tempéré (rien moins que cela!). Ils trouvaient que c'était trop cher pour des notes de musique... Peu à peu, les uns après les autres, ces monuments du patrimoins culturel de l'humanité, trouvèrent leur voie dans les bibliothèques des états. Le dernier important mis en vente, fut l'énorme folio de la partition d'orchestre du Faust de Schumann. A ce moment, cette oeuvre-testament était suspecte comme toutes celles de la fin. On murmurait que l'on sentait déjà les premières atteintes de la folie, que Schumannn'était bon que pour des oeuvres courtes et confidentielles : pièces pour piano et musique de chambre, et que sais-je encore. Toujours est-il que, mise aux enchères la partition ne trouva pas preneur et fut ravalée ! Aujourd'hui, la vérité s'est faite jour et les Scènes de Faust retrouvent la place qui leur est due : la première, le chef d'oeuvre absolu du musicien avant que la démence ne s'empare de lui. La seule réserve que l'on ose hasarder est l'ouverture, qui non soutenue par les vers de Goethe, et composée à la fin, tourne en rond d'une manière mécanique.
Cette exception faite, il serait absurde de rêver d'acquérir, même pour des sommes colossales, ces précieux manuscrits.
A défaut de grives, on se contente de merles, les manuscrits disparus, on se rabattit sur les éditions originales. La première génération de collectionneurs était Hirsch et quelques autres érudits. Les éditions originales se vendaient alors au poids. Cela valait le prix de l'occasion et quelque fois moins. On vous payait pour en débarrasser les greniers. Ainsi Hirsch put-il se constituer une fabuleuse bibliothèque pour ainsi dire rien. Il en fit don à la British Library, si mes souvenirs sont exacts et son catalogue sert de référence à tous les musicographes et les commissaires priseurs. Hirsch fut le principal mais on se référa à d'autres catalogues comme celui de Hoboken.
Au lendemain de la guerre les sources venant à se raréfier, une nouvelle génération de collectionneurs se constitua, prête à dépenser quelques sous pour acquérir les éditions originales. Le prototype de ces amateurs fut un certain Fuld à qui je rendis visite un jour dans sa galerie d'Ali-Baba, Park Avenue à New York. Il attrapait tout ce qui se présentait, avec une préférence pour les morceaux de musique populaire comme God Save the Queen, ou des airs populaires. Il recherchait aussi des éditions célèbres et rares, comme Les Quatre Saisons de Vivaldi. J'en avais un des cinq exemplaires complets, tous dans des bibliothèques étatiques, et même la première édition française rarissime. Il me harcelait pour me l'échanger, mais comme il était avide et mesquin défauts dont sont affligés bien des américains de la classe moyenne, tout ce que je pus faire était de troquer l'édition françaises contre des billets inutilisés du premier festival de Bayreuth,en 1876. Introuvables.
Je l'ai dit à maintes reprises, vous ne pouvez constituer une collection cohérente et de qualité muséale sans un marchand de référence. Le mien s'appelait Hermann Baron, et éditait un catalogue à des prix modiques. Tous les mois il venait me rendre visite au Rond-Point des Champs-Elysées où j'habitais, chargé d'un grand sac de toile. Il contenait les livres que j'avais acheté et dont il faisait réaliser à Londres, les reliures et les emboitages de toile et chagrin, d'une belle couleur ... vert anglais. Elle devint l'uniforme de ma bibliothèque de partitions anciennes. Mais Baron n'avait pas les moyens d'atteindre des oeuvres exceptionnelles et très coûteuses à l'nstar de ses collègues, encore meilleur marché : Dan Fog ou Katzbichler. Le marchand le plus huppé dans le domaine musical, l'équivalent d'un Heribert Tenscher, se nommait Hans Schneider et vivait plus que confortablement à Tutzing sur le lac où Wagner avait séjourné. Schneider était totalement intégré à la vie musicale de Munich.Il était familier de Karl Böhm, de Richard Stauss, et de tout ce qui était un peu conservateur. Il était connu pour être hors de prix, et ses catalogues, ses livres de références, et ses éditions de musicologie, étaient thésaurisées par amateurs et professionnels. Je commençai timidement à acheter chez lui quelques moutons à cinq pattes. Il n'avait évidemment pas de partitions autographes des grands compositeurs, mais Wagner faisait exception : il avait les éditions originales et des feuillets manuscrits importants, des documents uniques. On comprndra mieux quand on considerera que Wagner est, et de loin, le moins cher des compositeurs. Les juifs, en majorité dans le domaine musical, n'achetaient pas pour des raisons qui ne sont que trop compréhensibles. En outre les manuscrits et les éditions sont surabondants, (Wagner aurait écrit plus de cent mille lettres). Enfin les snobs gauchistes, ou d'obédience néoclassique (Strawinsky) le rejetaient pour se rabattre sur Offenbach ou Poulenc. Je profitai amplement du fonds wagnérien accumulé pendant trente ans par H.S. en le rachetant en totalité !
A la même période deux ventes importantes se présentèrent. La première, celle de John Chancellor, contenait des pièces d'une importance majeure, comme l'édition privée de "Ma Vie" dont il ne reste qu'un seul un exemlplaire dans le monde, destiné à l'imprimeur, qui secrètement en tira un exemplaire qui garde les marques de caviardage que l'excellente Cosima avait tracées à l'encre noire grasse.
La seconde occasion, fut la vente Burrell, don de la mécène amie de Wagner et détestant Cosima. Elle rassembla les documents lesplus significatifs et les plus rares. Elle en fit généreusement don à L'université Curtis, qui en dépit de éthique mit ce patrimoine aux enchères pour ...acheter un ordinateur !J'en profitai mais pas pleinement. Je laissai stupidement passer le premier portrait de Wagner jeune en ombre chinoise, le manuscrit du livret de Siegfried, et surtout la fameuse lettre à Mathilde Wesendonck , interceptée par Minna son épouse jalouse et mesquine, dont la réaction furieuse provoca le renvoi du compositeur, désormais sans toit à lui.. Heureusement,boen plus tard, je ramassai mes économies pour acheter, contre la Deutsche Bank soutenant Bayreuth, le plus important manuscrit Wagnérien au monde.
Si je n'avais pas acheté des pièces désormais mythiques, c'est que je me disais : j'aurais le temps, on ne peut tout acheter à la fois, d'autres occasions se reproduiront à nouveau. Mais ce raisonnement était faux, fondé sur le passé et je n'avais jamais envisagé que plusieurs occasions peuvent brusquement cesser. Aujoud'hui il est difficile de trouver une première édition d'importance majeure, et fort heureusement j'ai pu constituer quand il est encore temps l'une des premières collections privées au monde.
Le cas des stylos Voici un cas analogue qui se présente à moi en ce moment. Comme vous ne l'ignorez pas, l'essentiel de mon musée des stylos a disparu dans le hold-up en 2001, les pièces restantes, ont été volées au détail par mes fidèles gardiens. Seuls quelques OMAS ont échappé à la razzia, et encore, ai-je été obligé de racheter le fameux Bernini en nacre et or, et un Namiki. japonais.
Or Kimyasu Tatsuno a patiemment reconstitué le parcours américain de la grande firme Waterman. En profitant de la récession aux Etats-Unis, on a pu négocier des conditions très avantageuses. Je comptais sur l'appui de LH III pour ajouter les intruments d'écriture à l'environnement constitué par les calligraphies, les manuscrits à peintures, les incunables, les premières éditions illustres et le musée du papier. Hélas,vous savez ce qui en est. Au mieux, LH III dira : on a le temps, on réfléchira etc. Or il faut décider tout de suite pour retenir cette collection unique au monde et qu'on peut noter iiiii. Comment faire? Il ne me reste plus qu'à racler mes fonds de tiroir, à faire appel à mon fils et à d'autres bonnes volontés.Mais je suis décidé à jeter mes forces dans cette acquisition. En effet c'est un premier pas envers la reconstitution, en mieux et différent , de la collection volée. J'ai déjà, par réflexe, acheter un joyau de OMAS en platine ex. N°1, qui vient compléter une série iiiiii, c'est à dire déjà tombée dans l'utopie (pour les autres). Mais ne ferais-je pas mieux d'acheter le manuscrit de 1380 en lettres d'or? En fait, non, car ce trésor ne peut prendre sa pleine signification que dansle contexte d'un ensemble de manuscrits à peintures. Mais la situation est moins urgente car Heribert Tenscher me fait confiance.
En parlant de revanche pour le Musée du Stylo et de l'Ecriture, je me mens à moi-même.Contrairementà la situation de 2001, tout à changé. Notamment comment recommencer à nouveau lorsqu'on n'a pas trois ans à vivre?
Une consolation, mon cher Olaf Olafsson, en dépit de ses difficultés, me suit pour le musée des Mingei. Mais on est en train de viser très, au niveau des musées japonais et avec des prix en rapport. Pour terminer sur une notre d'enthousiasme, le vous montre dès à présent deux chefs d'oeuvre absolus.
Ci dessus costume Nô, XVIème siècle, soie, feuille d'or, broderies en soie. Il s'agit d'un exemple particulièrement précieux de ces vêtements magnifiques portés par les artistes du théâtre Nô pour impressionner les hauts dignitaires en visite. C'est le genre de pièce qui manque à la collection Montgomery, que nous ambitionnants Olaf et moi de surpasser, pour devenir le premier musée Mingei d'Occident.
Ci-dessus Tokkuri. Bizen époque Kamakura. Flacon à saké. C'est la pièce la plus rare (et hélas la plus chère!)de toute la collection et sans doute de toutes les pièces japonaise. C'est le contraire d'une bonne affaire, et il est indispensable de la négocier à un prix à peu près raisonnable Mais la date ((1185 - 1333) la condition parfaite de conservation,la rareté, la beauté du décor et la perfection de la réalisation, l'imposent au tout premier rang des oeuvres majeures en dépit de sa petite dimension (20 cm de haut !). Tel que je me connais, je me passerai de bien des pièces importantes pour l'acquérir. Cette collection muséale qui actuellement est déjà difficile à surpasser dans les ensembles occidentaux, est avant tout un témoin, de l'extraordinaire connivence qui nous relie mon cher Olaf et moi, en dépti d'une conjoncture cruelle pour tous deux. Que n'ai-je trouvé la même confiance, la même compréhension, le même respect pou celui auquel j'ai donné la quasi totalité de mes biens culturels !
Enfin, je me trouve peut être dans un phase de pessimisme et tous ces comportements décevants que j'attribue à LH III ne sont peut-être qu'affabulation de ma part? Je le souhaite, et m'en vais goûter d'un sommeil plein de rèves.
Bonne nuit votre Bruno L. 0h 34.
Posté par Bruno Lussato
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