Monday, 16 March 2009Le Journal du 17 mars 2009.II.CHRONIQUE Éloge et illustration du faux
Complément au billet du 16 mars "La meilleure introduction à l'art".
A propos du faux Della Robbia qui m'a été vendu pour authentique par François de Rickles (La vente du siècle) voici quelques histoires de faux qui devraient nous faire réfléchir.
LE CAS CHOU LING
Chou-Ling fut, voici quelques décennies mon professeur de peinture chinoise. A cette époque le célèbre Jean-Pierre Dubosc, grand expert un peu spécialisé dans les oeuvres de Wang Uyan C'hi et de Chen Tcheou (l'orthographe varie selon les modes et les conventions en vigueur), actuellement on écrit Wang Yuanqi et Shen Zhou) m'avait présenté deux magnifiques makemonos (rouleaux horizontaux). Si on peut considérer le premier comme le Cezanne chinois, c'est à Botticelli, son contemporain qu'on pourrait comparer le second. Le premier (Environ 1687, dynastie des Qing),prononcer Tchen-jô) m'était offert pour 36 000 francs de l'époque, le second (Un des quatre grands maîtres de la dynastie Ming) pour 50 000 francs, c'est à dire bien au dessus de mes moyens. Je travaillais alors au BHV et mon premier achat avait été un excellent Steinway de New York, le second une belle huile de Hartung achetée à Galliera dans une vente aux enchères, absorbant chacun des achats un an d'économies drastiques. Le Wang Yuan C'hi était mon préféré alors que le Chen Tcheou m'impressionnait et me remplissait d'une admiration respectueuse.
En ce temps-là, je passais mes week ends dans une minable et pittoresque auberge de Recloses datant de 1820 et je passais mon temps à errer dans les gorges de Franchard et les environs rocheux. Le paysage était dépaysant, on se serait cru dans une Chine miniature à la fois par les formes étranges des rochers et celles, torturées des pins et des érables. Je retrouvai ce paysage dans le makemono de Wang Yuan C'hi et je m'y promenais comme on dû le faire les lettrés chinois en déroulant l'illustre rouleau : avec un peu de musique de luth accompagnée par les camélias à l'écoute. Généreux, Jean-Pierre Dubosc qui m'avait initié à l'art de ce peintre, me consentait un payement échelonné qui me permettrait en deux ans de m'acquitter de la dette.
J'étais tombé amoureux du makemono, il se confondait avec le charme qui m'enchaînait aux sites sauvages de la forêt de Fontainebleau, dans les parages d'Arbonne. Cela devenait une obsession. J'en révai toutes les nuits. Je devais l'avoir, le contempler et le parcourir avec révérence pendant les moments de solitude et de cette nostalgie qui m'étouffait. Cependant avant de sauter le pas et d'accepter deux ans de privations, je consultait Chou Ling. Ce dernier sourit et me déclara que comme tout lettré chinois il ne pouvait me donnait son avis. Si je l'aimais, eh bien, je n'avais qu'à l'acheter. Comme j'insistais il me donna le conseil suivant : photographiez le rouleau avec une pellicule lumière naturelle mais en lumière artificielle, puis projetez la diapositive sur un grand écran. Etonné je m'acquittai de cette bizarre formalité et ce qu je vis me laissa sans voix. Le rouleau était truffé d'incohérences, et les rochers étaient sans vie, faibles. L'imagerie m'avait caché la peinture. En voyant ma confusion Chou-Ling sourit et me demanda combien Dubosc m'en demandait.
Je m'ouvris à Dubosc de mes conclusions et lui demandai des explications. Il était affreusement gêné : c'est qu'il s'agit vraisemblablement d'une oeuvre de jeunesse hasarda-t-il. Mais le style était celui dela maturité. Après cela je m'éloignai de celui qui m'avait trompé, en regrettant de ne pas connaître l'original.
Bien plus tard , alors que je visitai le De Young Museum à San Francisco, je fus attiré par une très grande salle plongée dans noir le plus profond. Des centaines de chaises inconfortables faisaient face à une peinture très longue et étroite. En m'approchant, je découvris avec émerveillement ce que je pris pour l'original du makemono.En m'approchant de plus près quelle ne fut pas ma surprise de constater que c'était mon faux Wang Yan C'hi ! Je téléphonai aussitôt à Suzan W*** la directrice du département, que j'eus aussitôt (car on se trouvait aux Etats Unis, pas en Europe!) et lui posai la question suivante : votre Wang Uyan C'hi combien de temps avez vous vécu avec lui avant de l'acheter? - Quelle question : cela aété immédiat. Je l'ai vu,j'ai eu le coup de foudre et je l'ai acheté à Dubosc qui s'y connaît parfaitement, croyez-moi. J'ai quand même l'oeil et je n'ai pas besoin d'heures pour me décider quand une oeuvre est d'une telle qualité! - Vous êtes donc sûre qu'il ne s'agit pas d'un faux? - Un faux? Pas besoin de me poser la question !
- Allez le voir de près, et observez avec un loupe le rocher central et la ligne d'horizon et retéléphonez moi au Sheraton.
Mes propos durent lui mettre la puce à l'oreille car deux heures plus tard, elle était au téléphone. "C'est un faux, pas de doute" dit-elle laconiquement. - Et qu'allez vous en faire? A ce qu'il parait c'est un des clous du musée et vous allez priver une foule d'admirateurs qui grâce à lui voient s'éveiller leur intérêt pour la peinture chinoise ! - Pas question, je restituerai cette chose à Dubosc. C'est une question d'éthique. Un musée ne peut exposer un faux, ce serait se montrer complice du faussaire et un encouragement pour les escrocs. - Mais si vous ne vous en êtes pas aperçue et que vous avez admiré cette oeuvre, pourquoi ne pas en faire profiter les visiteurs? - Je vous l'ai dit, nous sommes un musée réputé et ce serait offrir un exemple déplorable. Notre réputation et notre crédibilité en seraient affectées et pour longtemps.
Je ne fis pas observer à Mme W*** qu'exception faite des musées de Stockholm, d'Honolulu, du Musée du Palais à Formose, et des collections privées japonaises secrêtement cachées par des amateurs privés depuis des siècles, seules 27% des peintures chinoises anciennes sont authentiques ( Je n'ai pas eu les moyens de vérifier, et d'ailleurs comment serait-ce possible?).
Une décennie plus tard j'assistai à l'inauguration du nouveau musée Guimet, merveilleusement rénove, et je fus à peine surpris de voir mon Wang Uyan C'hi trôner à la place d'honneur déployé dans une vitrine longue et étroite (ce qui est d'ailleurs contraire à son utilisation qui commande qu'on le déroule lentement). Est-il besoin de préciser que je me gardai bien d'avertir le conservateur, en admettant qu'on veuille bien me recevoir.
Alors? Quel est votre sentiment? Faut-il le dire, pour reprendre le titre d'une pièce de Labiche ?
Le cas de la ciste étrusque Voir la suite dans le corps du billet (mention : continuez à lire...)
Je m'octroie une petite pause pour remercier notre ami S*** de sa contribution.Son interprétation de la précédente parabole est très imaginative et " Far -fetched " pour un esprit prosaïque comme le le mien. De même on ne s'attendra pas dans mon interprétation de la seconde parabole, à trouver une illumination morale et sociétale. Je prends les choses à la lettre et je trouve que c'est très bien ainsi, ce qui est une manière de compliment pour l'auteur.
Le fermier peut être un chef d'entreprise, un négociant en vins, ou tout simplement ... un fermier! Ce peut être une grande banque comme celle où mon fils gravissait péniblement les échelons qui menaient au poste de Sénior Vice President, et qui sous l'effet de la récession dut licencier, ne pourvant nourrir tout le monde. La coupure du cordon ombilical fut à la fois une perte financière et un sentiment moral d'ingratitude. Il s'exila le coeur serré. Mon transfuge était un des meilleurs de l'entreprise, mais il ne savait pas plaire. Son père, ou était-ce son patron, préféra les flatteurs et les courtisans. Mais une fois que l'homme imaginatif et rebelle eût quitté l'entreprise, la vie fut éteinte et incapable de résister à la concurrence qui demandait une adaptation créative aux conditions nouvelles, elle périclita et dût fermer définitivement. Tous furent mis au chômage mais le père - ou le patron qui aimait bien le jeune transfuge et qui avait un remords de l'avoir ainsi chassé sans ménagement, fut soulagé de constater que son jeune protégé aussi injustement traîté, avait émigré au Quebec et débuté une nouvelle carrière, acquis des connaissances nouvelles et élargies, et comme bien des français qui privés d'emploi dans leur pays réussissent aux Etats Unis, il fit fortune.
Continuer à lire "Le Journal du 17 mars 2009.II." Sunday, 15 March 2009Le journal du 16 mars 2009CHRONIQUE La meilleure introduction à l'art
Evidemment sous-entendu, parmi celles qu'il m'a été donné de connaître, et j'en ai lu plusieurs. L'auteur est Pierre Bergé, à qui ce billet est dédié. En début d'après-midi, un beau soleil m'a incité à prendre vingt minutes de loisirs volé sur mes obligations. J'ai été visiter la librairie du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, où on me connaît bien et il m'est donné de feuilleter tranquillement tous les livres, de quoi avoir un panorama assez étendu sur la production de livres sur l'Art Moderne et contemporain. J'ai ainsi acheté le dernier ouvrage sur Matthew Barney, un autre sur l'interprétation de l'Apocalypse par de jeunes artistes contemporains, le Pays Fertile, étude de Pierre Boulez sur Paul Klee (mon peintre préféré) et celui de Pierre Bergé : Histoire de notre collection, Actes Sud , février 2009. J'espérais ainsi découvrir des vues des appartements de la rue de Babylone, de la rue Bonaparte et d'autres demeures. J'en ai été pour mes frais. Il n'y avait que des reproductions de tableaux déjà illustrées dans les catalogues de la vente (il est vrai que plusieurs sont épuisés,mais ceux sur la peinture sont encore disponibles).
En revanche quelle surprise émerveillée ai-je ressenti à la lecture des entretiens entre Laure Adler et Pierre Bergé. Je ne puis vous en donner une idée de la richesse renfermée dans ces propos où réponse de Bergé me semble essentielle pour la compréhension de l'Art et qui vaut aussi bien pour la bibliophilie que pour la musique, pour l'orfêvrerie que - bien évidemment- pour la peinture. Aussi je me sens mal à l'aise pour en déflorer l'essence. Je ne saurais assez vous engager à vous précipiter sur ce livre qui me semble à la fois accessible, majeur et hors du commun.
Je me hasarde quand même à sélectionner de mémoire parmi les idées de l'ouvrage quelques unes qui m'ont particulièrement frappé.
1°. L'oeuvre d'Art digne de ce nom est aussi précise qu'une théorie mathématique. Est-ce un hasard si Mantegna, comme à une autre échelle évidemment, Alain Tarica, l'initiateur de Bergé et Saint Laurent, soit un mathématicien passionné? Elle requiert pour être appréciée la plus grande attention, et un contact répété, que ce soit une fugue de Bach, un roman de Proust, ou un tableau de Picasso. Le hasard n'y a pas de place, sauf quand il est délibéré et utilisé délibérément.Le hasard devient alors un anti-hasard, comme dans la transe qui saisit Pollock durant son activité de dripping.
2°. Avant de raconter une histoire, un tableau doit s'imposer en tant que peinture autonome, organisée et parfaite. Chaque détail est justifié par l'organisation rigoureuse de la construction formelle, le reste n'est que littérature. C'est une thèse que je partage avec Etienne Gilson qui l'a magistralement développée dans Peinture et imagerie . Pour lui l'image -anecdotique - masque bien souvent la peinture. C'est également la thèse soutenue par Guido Ballo, un des meilleurs initiateurs à la vision authentique : il distingue l'oeil critique de l'oeil commun. Je l'ai bien connu et il m'a aidé à édifier mes salles d'art moderne au Musée de Genève, dont la sélection ne serait pas désavouée par Yves Saint Laurent ni Pierre Bergé. On y trouvait les plus beaux Schwitters (étrangement ignoré par nos collectionneurs, bien que promu inlassablement par Tarica), un Klee exceptionnel de 1914, le premier mixed média sur gaze et d'où sortiront les carrés magiques, les rythmes ou encore la composition organique. J'ai dû dans un billet du blog, reproduire mon analyse de ce Klee et de trois Schwitters majeurs. On trouvait aussi dans cette première collection des Malewitch, des Duchamp, des Rodchenko. Tout ceci fut confisqué par l'inquisition fiscale qui me réclama des sommes que je ne devait pas. J'ai hélas quelque chose en commun avec Yves Saint Laurent : une allergie pour tout ce qui est argent, fiscalité, affaires. Mais je n'avais aucun Pierre Bergé pour me défendre. J'étais - et je suis toujours désespérément nu, aidé heureusement par de nombreux amis puissants et dévoués qui constituent ma raison de vivre. Mais cela ne remplace par un Pierre Bergé hélas. Que l'on me pardonne ces commentaires personnels, mais il est naturel que j'aie retenu en priorité ce qui se rattache le plus organiquement à mon être le plus profond.
3°) Bien des choix découlent de cet axiome. Nos deux héros ne pouvaient que dédaigner la peinture anecdotique, celle qui ne tient que par l'histoire qu'elle raconte, comme Magritte, Salvador Dali, ou - horreur - l'Art di t engagé. Comme Schwitters Bergé déteste l'art politisé et proclame l'autonomie de l'oeuvre d'Art. Néanmoins cela n'empêche pas l'artiste, comme chacun d'entre nous, d'opter pour une cause juste et de lutter contre les monstruosités décrites par Robert Conquest dans Le féroce XXème dont notre malheureuse Europe a été le berceau. Bergé nous parle de Weimar. Comment sous l'occupation de nombreux artistes se sont - par vanité, ou par intérêt - laissé séduire par les nazis. Il ose dénoncer les silences coupables de Picasso pendant cette horrible époque, se dédouanant après la guerre en militant pour les communistes et en servant de caution à des monstres comparables aux nazis sur lesquels il s'est tu. Bergé remarque aussi, que les artistes qui se sont "fait avoir" comme André Derain n'étaient plus à l'apogée de leur art.
4°) Bergé fait judicieusement remarqué que si l'on peut - par l'initiation et l'accoutumance - changer de goût, en revanche il n'en est pas de même pour les dégoûts qui sont, eux, durables. Je comprends cela, car si je puis admettre chez moi un Kosuth auquel je ne comprends rien, jamais un Erro ou un murakami n'entreront chez moi. Encore moins un peintre à la mode comme Annigoni. La vie est courte, et Boulez me disait : pourquoi diriger des artistes secondaires alors qu'il existe des génies comme Wagner ou Berg qui ne demande qu'à être explorés en profondeur? Et qui peut se vanter d'en venir à bout. A mon sens c'est cela l'exigence d'excellence proclamée par Bergé : éviter de s'encombrer d'oeuvres secondaires au détriment d'oeuvres majeures quel que soit le domaine visé.
5°) La signature d'un artiste ne sert qu'à rassurer l'ignorant incapable de juger pa r lui-même de la valeur d'un tableau. Mon Maître Chou Ling, qui m'apprit à reconnaître de faux Wang Yuan C'hi ou Chen Tcheou, dont je n'ai pas voulu et actuellement exposés triomphalement au musée Guimet, se refusa toujours à émettre le moindre jugement sur la valeur d'une oeuvre, ni sur son authenticité (il y a pas loin de 75% de faux dans les musées occidentaux !) Il me dit que les gens méritaient ce qu'ils choisissaient. Si leur ignorance ou leur manque d'attention les empêche de distinguer un faux, tant pis (ou tant mieux s'ils sont satsfaits) pour eux. Il ne me dit jamais que les makemono de ces deux peintres à la provenance illustre (Dubosc) étaient des faux. Il se contenta de m'inviter à plus d'attention et à entrer dans les détails de l'oeuvre en traquant les incohérences. Ce n'est qu'une fois que j'eus de moi-même - au bout d'une investigation minutieuse - qu'il me confirma l'inauthenticité des peintures. Or quelle ne fut pas la surprise de voir mon Vang Yuan C'hi, exposé dans une grande salle noire devant deux centaines de sièges voués à sa contemplation. Je ne vis une telle installation qu'en Italie, pour une oeuvre je crois de Duccio. Je me dis, enfin voici l'original dont j'ai eu la copie entre les mains! Je m'approchai et découvris que c'était "mon faux" makemono. Je téléphonai aussitôt au conservateur responsable une femme intelligente et probe qui me dit : ce n'est pas possible. J'ai un oeil quand même! Je lui demandai : combien de temps avez-vouspassé en compagnie de ce rouleau? Combien? Je ne sais pas. Dès que je l'ai vu j'ai reconnu une oeuvre de génie, je me suis fiée à mon expérience et àmon flair. Cela a été un coup de foudre, en un instant ma décision a été prise! J'engageai madame W*** à examiner à nouveau le rouleau en lui signalant les incohérences en oubliant la beauté et le charme du paysage. Elle me téléphona deux heures après :vous avez raison, Dubosc m'a refilé un faux! - Qu'allez vous faire? lui demandai-je. - Quelle question! Il hors de question de le garder, je vais m'en débarrasser. - Avez-vous pensé que vous allez priver une foule de gens incapables de voir des faiblesses, que vous même n'avez pas décelé, pour admirer sincèrement l'ordonnance splendide de ce faux, son charme, la beauté de ce paysage? Et que ce premier contact attisera leur désir de mieux connaître la grande peinture chinoise? N'oublions pas que Wang Yuan C'hi est le Cezanne chinois, il est extrêmementrare de s'en faire une idée, sauf en Japon, au musée du palais à Formose, et peut-être àHonolulu. - Je ne puis admettre un faux dans ce musée, ce serait malhonnête répéta Mme W***. C'est ainsi que le rouleau finit au musée Guimet. Je me gardais bien de dévoiler la fraude à des conservateurs qui n'auraient sans doute pas daigné de me recevoir, encore moins d'accorder crédit à mes révélations. Et puis revoir ce rouleau près de chez moi, me donne une satisfaction nostalgique. Il me donne à rêver de ce que devait être l'original : un chef-d-oeuvre absolu.On rejoint une exigence de Pierre Bergé qui déclare que la démarche d'un musée, différente de celle d'un collectionneur, est un devoir.
6°) Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Bergé avec raison n'a pas de mots assez durs pour fustiger des muséologues qui sous prétexte de montrer une époque d'une manière exhaustive, font coexister Bougurereau et Manet. Les public bêlant qui admire de bonne foi ces pièces de musée, confond le bon grain et l'ivraie sans que les conservateurs lui apprennent à établir une hiérarche que d'ailleurs, je le crains - ils récusent. André Nakov qui m'a appris beaucoup sur l'avant-garde russe,me disait que pour lui, un musée était une grange vide, peinte en blanc et ne contenant qu'une vingtaine de chefs-d-oeuvre majeurs. Bien de petits musées justifient leur existence par une oeuvre glorieuse qu'ils mettent bien en évidence. Je pense notamment aux Vermeer de La Haye.
7°) Un mauvais tableau au milieu de bons, se décèle immédiatement.Mais la réciproque peut être exacte. Allez au palais des papes à Avignon, dans le musée des multitudes de copies et de suiveurs vite oubliés. Une seule oeuvre domine tout, et fait oublier le tout venant : un merveilleux Botticelli. Cependant Picasso n'a pas tort quant il dit qu'un bon tableau au milieu de croutes semble moins bon et qu'un médiocre au milieu d'oeuvres prestigieuses, semble meilleur. Mais il ne s'agit que d'apparences. Samy Tarica, le père d'Alain qui a fait ma culture, m'a fait vendre un des plus beaux Tàpies et un des rares Poliakoff réussis pour me faire acheter des Schitters et donné un Klee. Losque j'accrochai ces tableaux minuscules à côté des autres , on ne voyait plus qu'eux : ils tuaient le Tàpies et le Poliakoff ! Un chef d'oeuvre est féroce, ils tue en effet toute oeuvre même admirable, qui lui est légèrement inférieure.
8°) Bergé et Saint Laurent se sont méfiés des antiquaires, de marchands de tableaux (les galéristes) et autres intermédiaires de l'Art. Il les oppose aux grands marchands d'autrefois qui défendaient leurs artistes, les aimaient, les soutenaient, les faisaient vivre et collaient à leur oeuvre. Par ailleurs vous avez aussi les très grands marchands qui sont de vrais initiateurs, et qui si vous leur faites confiance et manifestez le sincère désir de progresser, vous conseilleront. Alain Tarica fait partie de ces rares personnages authentiques. Dans mon petit domaine, (la deuxième fondation) je fais ainsi confiance à Tenscher pour les manuscrits anciens, à Clavreuil pour la bibliophilie, à Claude Burgan pour la numismatique et il ne me viendrait pas à l'esprit de m'adresser à leur concurrents ou à discuter leur prix, tant la relation de confiance est solide. C'est le conseil que donne un guide réputé pour les numismates débutants : déceler quel est le marchand qui vous convient et d'une éthique rigoureuse, parmi les plus réputés mondialement et s'y tenir.
9°) Il faut visiter des musées, des expositions, des concerts, de grands évènements artistiques, sans relâche avec une inépuisable curiosité etne pas perdre son temps à paresser, à se vautrer dans la facilité, à paresser au soleil des îles ou de la Côte d'Azur. Je meurs de honte lorsque je pense aux heures que j'ai passé à lire des SAS (c'est au temps où j'étais heureux et où j'avais un cocon familial en Sarre). Oui, des SAS! Des romans policiers de la série noire ou du masque. Et à présent que je voudrais le faire, mon état de santé ne me le permet plus. Mon horizon est bien limité. Peut-être un jour pourrai-je me rendre dans ma patrie, dans mon lieu de naissance, à la Spezia (où Wagner conçut le Ring, à Sienne, à Todi, à Assise... Et assister une fois encore au Festival de Salzbourg (et non de Bayreuth, bien frelâté). Pour l'instant je me cultive, je passe mes nuits à apprendre, le jour dans les musées proches : le MAM, le Guimet. Mais en lisant les entretiens de Bergé j'ai tellement honte, je me sens si petit! Vous qui me lisez, ne croyez pas que les loisirs sportifs ou les obligations professionnelles ne vous laissent pas le temps d'imiter, à une moindre échelle certes, Pierre Bergé. On trouve toujours le temps quand on le veut. Que votre épouse, vos enfants participent de ces moments bénis où le temps s'arrête et où l'on, capte quelques lueurs venues d'en haut. Lisez les grand auteurs attentivement, etn'oubliez pas que l'important ce n'est pas l'histoire qu'ils racontent. C'est l'art avec lequel ils s'expriment, la précision de la langue qu'ils enrichissent. Je vous l'ai dit en lisant le Grand Jerzy Kosinski (encore un polonais de génie). Je me demandai d'où provenait l'atmosphère insolite et angoissante, qui impregne le début de STEPS. J'ai fini par comprendre :l'auteur est un des plus grands stylistes de la langue anglaise. Chez lui le mot juste a la place juste, comme un chef d'oeuvre pictural. Bergé apprécierait certainement cet écrivain aujourd'hui injustement oublié.
Le revers de la médaille Mon admiration sans bornes pour Pierre Bergé ne m'empêche pas d'exercer mon sens critique. Il y a dans son discours comme dans sa pratique de petites incohérences que je pourrais laisser passer, si elles ne provenaient d'une telle autorité et d'un discours péremptoire. Comme je ne veux pas mélanger les éloges, de loin dominants dans mon billet, avec les critiques, somme toute secondaires, je les relègue dans le corps du billet. Pour anticiper, considérer cette image présentée par le commisseur priseur au moment de l'adjudication comme provenant de l'atelier des célèbres céramistes Della Robbia et attribuée à Giovanni, celui qui introduisit la couleur dans les pièces de Luca, le génie, qui se limitait à un camaîeu de bleu et de blanc.
Continuer à lire "Le journal du 16 mars 2009" Le journal du 15 mars 2009CHRONIQUE Caricatures
Le moment est venu de vous livrer une interprétation de l'immense parabole qu'est le texte Typhon, ainsi que divers commentaires qu'il a suscités. Le premier commentaire vient de ma muse préférée, qui n'avait alors lu que l'introduction du récit. Elle avait peur que celui-ci ne verse dans la caricature. La suite de celui-ci devait lui donner raison dans la mesure ou MacWhirr est un personnage vraiment caricatural. Cela nous mène à nous interroger sur la nature et l'intérêt de la caricature qui pour bien des gens a une connotation négative que ce soit à l'égard de l'artiste qui se livre à ce genre mineur, ou du sujet ainsi portraituré. C'est que l'inculture générale les porte à prendre pour référence les "nuls", les dessins satiriques du canard enchaîné ou des masques de carnaval. C'est ne pas faire grand cas des chefs-d'oeuvre de Daumier ou des grands dadaïstes. Mais les connaît-on?
Indépendamment de ces cas d'exception, où les artistes étaient conscients de leur rôle de caricaturistes, il est des périodes et des cultures, ou la caricature est la règle constante.Si l'on appelle caricature le procédé qui consiste à forcer le trait pour faire rire ou à des fins expressives, un bon exemple est donné par la numismatique romaine, qui au contraire de l'art hellénistique, loin d'idéaliser les empereurs ou les héros, les portraiture en faisant ressortir les moindres défauts quand il y en a (Auguste, Hadrien, en sont dépourvus) de façon à améliorer la ressemblance, un peu comme les dessins satiriques visant les dirigeants actuels.
Je vous donne ci-dessous un exemples d'effigies tirées de pieces romaines.
Ci-dessus les empereurs Vespasien, Gaius (Caligula) et Hadrien.Au dessous Brutus, le héros de Shakespeare. On découvre dans ses traits accusés (sans doute forcés) le petit parvenu avide et sans envergure. Note : Cette pièce exceptionnelle, la meilleure des onze connues dans le monde a été acquise par la Deuxième Fondation.
Comme on a pu le constater, pour les monnayeurs romains, caricature était expression de vérité et vérité de l'expression.
En ce qui concerne la litterature, l'universalité de la caricature ne se discute même pas. Que serait Molière ou Balzac sans ces personnages décrits au vitriol et tournée en dérision? Ce n'est que la musique qui n'offre que peu de prise à la caricature. Une plaisanterie musicale de Mozart, Ariane à Naxos ou le Rosenkavalier de Richard Strauss figurent parmi les rares exemples.
La caricature et la vie
Notre éducation si souvent tournée vers l'ironie et la dérision, n'admet cependant pas la caricature comme art à part entière, sauf quand il est couvert par l'alibi de l'ironie et de la dérision. Notre caractère modéré abhorre ce qui est illogique et exagéré. Quand un La Bruyère tourne dans ses Caractères en ridicule les moeurs de sont temps, soit. Le propos est toujours écrit avec finesse et satisfait notre amour pour la logique. Mais il en est tout autrement pour les tirades des fous de Shakespeare ou des sorcières de La nuit de Walpurgis de Faust I (Goethe).
Mais ces propos ne sont guère valables dans le cas où les personnages de l'écrivain sont eux-mêmes des caricatures. Et c'est précisément le cas de MacWhirr. L'approche d'un typhon économique mène à la découverte stupéfaite de ces personnages obtus, incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Des Macwhirr abondent à tous les niveaux de la Hierarchie et tout particulièrement en Hollande patrie des dirigeants sérieux, conscencieux et disciplinés, en un mot professionnels à 120% ! Un certain nombre d'entre eux raisonnent exactement comme le héros du récit.Cela est même plus fréquent qu'on ne l'imagine dans notre propre pays. Alors que nous dansons sur un volcan, des manifestants et des bureaucrates se préoccupent de leur plan de retraite et d'une grève dans une île qui vit en parasite. Les managers que je connais fixent à leurs directeurs des objectifs ambitieux et déplorent une baisse de CA comme si elle était de leur fait. Ils agissent exactement,comme s'il se ne devait se passer rien d'excessif, et que cette crise n'était qu'une des péripéties qu'ils avaient déjà expérimentée dans leur carrière. Ils demandent avec anxiété : quand croyez-vous que la crise finira, alors que la bonne question est : quand croyez-vous que la crise éclatera?
Le texte Typhon contient une surprise, un double fond caché. A vous de le découvrir. Essayez de deviner, car la clé est bien en évidence sous vos yeux et autour de moi personne ne s'en est douté.
Sur ce défi, je vous dis bonne nuit, faites travailler vos méninges!
Bruno Lussato 23h07
Rosenkavalier
Saturday, 14 March 2009Le journal du 14 mars 2009CHRONIQUE Typhon
C'est une histoire hollandaise mais qui s'appliquerait à n'importe quel pays, à n'importe quelle activité, à n'importe quelle organisation. Seul point commun : un paradigme édifiant par les temps qui courent : des dangers d'être un bon gestionnaire hyperprofessionnel et pragmatique par les temps qui courent. Etre dans l'oeil du cyclone, conduit à se fier à des accalmies trompeuses. Dans bien des cas le courage se trouve dans la fuite et non dans l'affrontement volontaire de la tempête dans l'espoir que le navire tiendra grâce à l'engagement et l'abnégation de l'équipage. Mieux vaut éviter de se trouver dans cette situation : reculer pour mieux sauter! Détourner l'obstacle, fuir le danger potentiel toute honte bue, quitte à se faire traîter de lâcheté et de faiblesse. Prendre ses précautions pour assurer une survie coûte cher.Les patrons ont l'oeil fixé sur les résultats, visant les économies à court terme (on se serre la ceinture) et ne peuvent tenir compte d'une catastrophe qui n'existe que dans les livres des prévisionnistes. Comment peuvent-ils savoir sans expérimenter? D'où tirent-ils leur certitude alors qu'il n'ont jamais traversé la mer déchaîné et furieuse? Pratiquons la pensée positive, disent ces bons managers, et ne cédons pas au catastrophisme démobilisateur. Quel que soit l'obstacle, l'homme trouvera toujours une solution pour y faire face. C'est ce que disent Fruttero e Lucentini, auteurs de L'apologie du crétin.
Lire l'histoire hollandaise dans le corps du billet (mention continuer à lire)
Continuer à lire "Le journal du 14 mars 2009" Friday, 13 March 2009Le journal du 13 mars 2009CHRONIQUE La gastronomie en tant qu'un des beaux-arts et autres sujets de chronique
Passer de la grande littérature à la cuisine peut vous paraître paradoxal, mais vous êtes déjà accoutumés à mon éclectisme. J'avoue que jusqu'à présent je considérais la grande cuisine, depuis un trois étoiles au pied de Vezelay, jusqu'à la haute cuisine japonaise de Kinugawa (rue du Mont Thabor à Paris) comme du haut artisanat mais nullement un des beaux arts à l'égal des céramiques de Della Robbia, ou des émaux de Limoges. Mais depuis hier, la découverte du trois étoiles du Bristol, m'a fait réviser ma position. La cuisine du chef récemment décoré de sa troisième étoile, représente à mon sens un phénomène culturel authentique. Est-ce une coïncidence que tout à l'heure mon ami H.M*** m'ait parlé du propriétaire du Bristol (et de nombreux autres hôtels et restaurant tels que l'Eden Rock à Antibes), un de ses amis, comme étant un allemand richissime mais d'une culture et d'un raffinement exceptionnel, soit un amoureux des choses de l'art et d'une extrême courtoisie? Cet homme qui parle français aussi bien que nous, humaniste authentique, fait mentir tous ceux qui me serinent à longueur de journée que la culture ne peut en aucun cas influer favorablement sur la prospérité d'un homme, d'une ville, d'une nation.
Ce que l'on nomme les hautes eaux par opposition aux basses eaux, terme qu'un grand poète employa lors d'une visite chez moi, coïncide avec celui d'âge d'or. J'avoue que j'aurais été honoré de rencontrer un homme pareil.
Revenons-en à la cuisine. La France possède avec le Japon le monopole de la cuisine la plus raffinée. Je ne puis témoigner de la cuisine chinois, qui me semble ici mâtinée de vietnamien comme le restaurant Diepp de la rue Pierre Charron, pourtant réputé l'un des meilleurs. Au Tzé Yang, rue Pierre de Serbie, qui est une sorte de cantine pour moi, ils servent à bon compte dans le menu pékinois (pour deux) un excellent canard laqué authentique, sans riz mais avec des galettes de blé. Je vous engage à l'essayer.
En ce qui concerne le Japon je n'ai encore pu essayer les concurrents de Kinugawa et notamment le plus réputé : l'Orient extrême. Il faut réserver longtemps à l'avance pour avoir une place. Spécialité de poissons grillés.
J'en reviens aux caractéristiques communes entre la cuisine japonaise de Kinugawa et la cuisine artistique du Bristol. 1.L'authenticité des produits, y compris les plus simples. Leur honnêteté consiste à ne pas masquer sous des artifices le goût orginel des ingrédients. Cela est évident dans la cuisine japonaise, où l'on sait parfaitement ce que l'on mange, du poisson cru au bouillon misu macéré dans un mélange de poissons, de crevettes et de champignons. Après avoir dégusté par petites gorgées le bouillon, on découvre dans le récipient les aliments qui lui confèrent son goût : poissons, crevetes et champignon et on les déguste. Dans la cuisine du Bristol on connaît parfaitement et on reconnaît la noblesse des produits, y compris une simple motte de beurre qui a le goût rare de ... beurre. Le chariot de pains, de chocolats aux amandes, et autrees douceurs, ont pareillement le goût qu'il convient. Un exemple qui m'a frappé est le thé au jasmin. Au tzé Yang il est à peine discernable. Au Bristol le parfum délicieux embaume et nous charme, nous emportant vers des continents lointains.
2. Le contexte. Le décor a une importance extrême ainsi que le montrent le cérémonial de la cérémonie du Thé au Japon.(Voir les pavillons japonais aux Jardins Albert Kahn à Boulogne). Les restaurants de la chaîne du Mont Thabor sont d'une calme et d'un confort paisible qui respire la sérénité. Rue Bayard, certaines salles donnent sur un poétique jardin japonais à l'unisson de la paix zen. Au Bristol le décor est d'un goût exquis et en font l'hôtel le plus apprécié des connaisseurs, bien devant le Ritz, le Crillon, le Plaza et le Georges V. Ceux qui ont eu le priviilège d'y habiter en gardent un souvenir émerveillé (le petit déjeuner est réputé). L'authenticité des matériaux efface toute trace ostentatoire. Quelle leçon!
3.L'accueil et le service. Rien n'est plus odieux que les attentes interminables entre les plats au prétexte qu'il faut le temps de les mitonner exprès pour vous. On s'énerve, on tempête, en retour on a de fausses promesses " cela arrive incessament " On finit par en perdre l'appétit. Je ne parle même pas de la morgue etde l'accueil compassé qui sont la marque de certains trois étoiles qui ne se prennent pas pour leur cologarithme, comme le disait mon viieux complice Daniel Herault.
Au Bristol, comme dans le restaurant japonais sus-nommé, l'attente est réduite au minimum. Une armée de serveurs aimables et stylés sont constamment présents et surveillent d'un oeil attentif ce qui se passe à votre table. Silence, courtoisie et respect vous relaxent et sont un complément essentiel à un repas heureux.. Mon chauffeur qui connaît à peu près tous les endroits "trendy" de la capitale ne tarit pas d'éloges sur l'amabilité et l'empressemnt du portier du Bristol. Rue Bayard, on a l'impression d'être un VIP et tous sont aux petits soins, de l'hotesse de l'accueil, à la caissière.
4. Vous connaissez ma propension à établir des passerelles. J'ai été frappé par la mentalité conviviale et raffinée, le culte des matériaux buts, l'insistance sur l'honnêteté et l'adéquation à la fonction duMingei.Je vous engage à lire notamment les propos de Yanagi dans le billet consacré au Mingei.(Voir le billet du 5 mars 2009).
LA CRISE ET L'OR
S*** m'a promis de commenter mon interprétation sur sa parabole. Cela ne saurait tarder.
Par ailleurs il m'a donné un site des plus intéressants sur le problème de l'endettement faramineux des Etats Unis, face à la quantité d'or ridiculement limitée disponible dans le monde. Voici l'adresse du site dont le billet sur une conférence-diaparama est passionnante et propre à faire réfléchir. Voici l'adresse du billet : http:/delor.bullionvault.présente son propre point de vue sur l'or. S*** m'a indiqué ce billet qui, dit-il, apporte de l'eau à mon moulin. En gros l'analyse est la suivante : Du côté du signifiant (la valeur faciale) on trouve une quantité faramineuse d'argent imprimé et distribué par les Etats Unis. Il n'est convertible que dans d'autres signifiants. Le signifié, est représenté par la richesse négative d'états endettés à mort voire en faillite. Le système perdure tant que la population croira - comme on s'emploie à la convaincre dans les universités et les journaux, que la puissance américaine est de taille à garantir la continuité du flux monétaire. Malheureusement cette puissance est factice : seule une faible partie de la technologie produite est insubstituable et utile, le reste, notamment la production de logiciels sophistiqués et de produits dérivés, n'a aucune valeur. Quant à la capacité de dissuasion du pays le plus puissant du monde, on a vu quelle est son efficacité pour rétablir la paix au moyen orient ou ailleurs. Le seul recours est l'or, et pour l'empêcher de s'envoler la banque centrale injecte périodiquement de l'or en provenance de Fort Knox dans le marché. Mais cela aggrave encore l'hémorragie de métal précieux détenu par les états : à peine de quoi couvrir 2% dette. que se passera-t-il lorsque toutes les réserves seront épuisées?
Les chiffres sur l'évolution de l'endettement de l'Amérique ont de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête. Tôt ou tard on s'apercevra que le roi n'est pas nu, on l'a dépouillé de ses vêtements. Il faudra bien un jour se résigner à payer nos erreurs. Alors l'or et l'argent deviendront des monnaies refuge. Mais attention ! Seuls des professionnels sont autorisés à acheter des barres de 125 000 $ qui nous appartiennent en propre et que l'on puisse vendre au taux officiel. Ces barres sont homologuées, scellées et stockées dans des coffres contrôlés par les instituts d'émission. En revanche les barres et lingots achetés par des privés sont dépourvus de toute garantie. Lorsqu'on veut les vendre, il faut s'attendre à une forte décote, voire le rejet pur et simple. Le pire des cas de figure consiste à placer l'or dans des coffres alloués dans des coffres des banques. En cas de faillite de la banque, ces barres et lingots sont engloutis immédiatement.
Que faut-il faire? La réponse de bullion consiste à faire l'intermédiaire entre le marché professionnel et les besoins du privé. Ils achètent en grande quantités des barres assermentées et les placent dans les coffres idoine. Mais la propriété de ces barres est nominative, et dujour au lendemain, les particuliers peuvent les vendre au cours du marché sans difficulté.
En admettant que Bullion, premier opérateur dans ce domaine, soit sérieux, il reste qu'en cas d'urgence on ne va pas vendre pour 125 000 $ pour couvrir des dépenses de santé, par exemple. Bullion n'a pas de réponse pour ce cas qui sera le plus fréquent notamment pour des bourses modestes.
C'est la raison pour laquelle la monnaie métallique est apparu avec le succès que l'on sait. Deux avantages précieux l'ont rendue insubstituable : 1. la divisibilité, 2, la garantie du poids et la quantité d'or ou d'argent contenus dans la pièce. Cette garantie, au départ un simple poinçon, s'est renforcée du fait que le lingot d'or était couvert d'un poinçon sans aucune plage non garantie. Ce poinçon s'est nommé avers et revers de la monnaie. Dès qu'il était rogné la fraude apparraissait. Encore aujourd'hui son équivalent : napoleon ou pièce de 50 pesos n'est garantie que si la pièce est en excellent état quasi numismatique. Lorsqu'on commande des pièces d'or chez Vinchon, les pièces sont contrôlées et livrées sous enveloppe transparente scellée.
Malheureusement deux inconvénients majeurs limitent l'intérêt du recours à la monnaie. 1. La plus-value qu'apporte la divisibilité et la garantie, est lourdement payée par le coût de l'or contenu dans celle-ci, nettement supérieur au cours officiel de l'or, correspondant à la barre des professionnels. 2. La vente est de plus en plus réglementée, ce qui en dit long sur la difficulté de se procurer de l'or, et il est possible qu'un jour tout cet or soit purement confisqué par un état égalitaire comme la France, et que sa possession soit déclarée illégale. Evidemment une telle menace n'existe pas pour la Suisse, pays prospère et sécurisant. Mais l'obtention des pièces d'or est toujours difficile et sa provenance est passée au peigne fin afin de faire échec au blanchiment d'argent mafieux.
Une manière d'échapper à tous ces inconvénients, y compris en France, est de se constituer une collection numismatique de pièces antérieures à 1850. Encore faut-il les écouler sans trop de perte. La provenance des pièces est essentielle et les spécimens exceptionnels iiii et iiiii seront toujours recherchés. Cependant l'exament des résultats de ventes aux enchères, montrent que des pièces d'excellente condition même très répandues, peuvent avois des résultats supérieurs à certaines pièces d'exception, trop coûteuses.
Bien entendu les oeuvres d'art anciennes, non tributaires de la mode et tout à fait exceptionnelles iiiii offrnet un garantie remarquable ainsi que l'a montré la vente du siècle Yves Saint Laurent, Pierre Bergé. Encore faut-il s'y connaître et être doté d'un goût très sûr que seule la connaissance passionnée peut étayer. Si l'on ne s'y connaît pas,mieux vaut s'abstenir pour éviter la mésaventure qui m'est arrivée à cette même vente.
Thursday, 12 March 2009Le journal du 12 mars 2009CHRONIQUE L'imposture du siècle
Une fois de plus j'entends des commentaires angoissés sur les nouvelles plus ou moins incohérentes qui viennent de toutes part à propos des mesures à prendre en cas de catastrophe, le pire étant évidemment la rupture du flux monétaire.
Mais avant d'aborder, une fois de plus, ce sac de noeuds, je tiens à remercier notre ami S*** qui a consenti de livrer au blog (voir ci-dessous) ses magnifiques et énigmatiques paraboles. J'espère que vous les apprécierez autant que moi.
J'en reviens à la chronique quotidienne. J'ai quitté cet après-midi un de mes clients particulièrement résistant face à la crise et d'un flegme imperturbable. Un de plus qui me pose avec beaucoup de sérieux cette question : que va-t-il se passer, et quelle est notre position? Je sors également à l'instant (1h 45) d'un très intéressant dîner où j'étais invité par M.Baron, le responsable et créateur de la vente-culte numismatique de Genève. J'avai été underbidder pour la pièce la plus chère du monde, le fameux Hadrien que me disputait d'un Baron T*** prêt à investir des sommes presque illimitées pour ce chef d'oeuvre de la numismatique romaine. J'abandonnai les enchères à 22 000 FS . (Ce chiffre est évidemment erroné, lire €1.500 000) ayant ainsi contribué à instaurer le record mondial absolu. Nous évocames avec Baron cette extraordinaire aventure, mais aussi la chance que j'eus d'avoir les plus belles monnaies gauloises jamais vues, à un prix record il est vrai. Cela a été possible parce que les monnaies gauloises sont notoirement sous-évaluées, notamment à cause de ce qui fait leur valeur esthétique : un étonnant modernisme digne de Picasso et confinant à l'abstraction. De quoi heurter la sensibilité esthétique des numismates, foncièrement conservatrice et élevée dans le culte d'Euanetos et des bronzes romains.
Je me suis consolé d'avoir manqué la vente de la splendide monnaie à l'effigie de Caligula et annoncée fleur de coin. Fleur de coin, elle l'était certainement lors de sa mise en circulation, mais au moment de sa découverte, elle était altérée par des concrétions qu'il a fallu nettoyer en remettant à neuf ce bronze magnifique. L'Hadrien au contraire, moins "neuf" a gardé sa patine originale qui lui donne une partie de son charme.
Cela dit, nous avons quitté le domaine de la numismatique pour rejoindre celui d'un autre domaiine touchant à la monnaire : les risques d'une rupture du flux monétaire et le retour au troc. Un avocat de mes amis était persuadé que cela n'arriverait jamais pour plusieurs raisons, dont la puissance américaine qui serait garante du dollar. On l'a constaté lors des fluctuations du cours de l'or, du jamais vu! On suppose que l'Amérique fait contrepoids en écoulant su le marché une partie de ses réserves en or. Mais on n'a jamais pu savoir la quantité de metal précieux détenue dans les coffres de Fort Knox. Par ailleurs, à force de se délester de son or, la réserve de Fort Knox finit par s'épuiser sans que des ressources physiques réelles et un enrichissement correspondant viennent compenser cette hémorragie.
On a compris ce mécanisme régressif en tirant les conséquences d'une annone télévisée du président de la France. Nicolas Sarcozy déclara en substance que s'il n'avait pas mis de l'argent de côté, qui sert aujourd'hui à renflouer les banques, les gens feraient la queue pour obtenir la restitution de leur monnaie de singe (sous quelle forme ? Or cette accalmie préservant pour un temps la paix monétaire et sociale, ne peut que tourner mal, car elle ne résoud aucun problème de création de richesses. Nous sommes venus un peuple d'assistés et les entreprenurs qui refusent de vivre au crochets de la communauté, sont rudement frappés par des mesures punissant le mérite et les hauts revenus dont une bureaucratie haineuse et une discrimination injuste et démotivante. Les responsables en sont principalement les intellectuels français, non seulement de gauche, qui par mauvaise conscience et égalitarisme mal placé optent pour le suicide et l'accueil de nos pires ennemis. Mais en cas de catastrophe, les intellectuels seront balayés comme des fétus de paille et les bouches inutiles comme les immigrés qui clament sans honte leur haine du pays d'accueil, donnant une image négative au dépens de ceux qui veulent travailler et vivre paisiblement, et qui en sont les premières victimes.
Au contraire la seule richesse de l'Amérique n'est ni la prétendue haute technologie qui est copiable et se démode rapidement, ni la terreur qu'inspire la prétendue force américaine (on connaît ses échecs lors de ses interventions) mais sa possibilité de vivre en autarcie en se fermant au reste du monde, et surtout la capacité pour les américains de repartir de zéro, courageusement en ne comptant que sur leur ténacité, leur travail est leur capacité d'adaptation pour affronter les moments difficiles. Ajoutons à cela que les Etats Unis n'ont pas d'ennemis intérieurs comme nous, mais que le sens patriotique, la fierté d'être américain domine tout. Cela est la véritable richesse de l'Amérique qui peut éventuellement garantir la validité du dollar, d'autant plus que les dettes sont payées par le monde entier.
Malheureusement ces prropos révigorants se heurtent à l'évolution prise par le monde. L'intégration de plus en plus poussée des cortex individuels en un supercortex à l'échelle mondiale (ce que De Rosnay nomme le cybionte). Nous ne seront, dit le vulgarisateur futurologue, que les neurones d'un cerveau planétaire intégrant tout le savoir du monde. Ainsi se félicite t-il de présager la fin des égo-citoyen, par des citoyens égaux. Nous payerons certes les bienfaits du cerveau planétaire par une perte partielle de notre libre-arbitre, de notre autonomie d'action et de pensée, de notre champ étroit de vision, ceci au profit du super organisme qui sait tout. De Rosnay comme les aristocrates orléanistes affecte de croire à un libéralisme écologique, néodarwiniste. On est ainsi dans l'orthodoxie BCBG. et on hurle avec les loups.
Or deux considérations majeures doivent tempérer notre enthousiasme. D'une part nous sommes en train de conférer une valeur au signifiant, sans penser que le signifié qui lui donne son sens a une valeur négative, comme dans les états en faillite : Pays Bas, Islande etc. Faire confiance à la monnaie est souscrire à une dette sans l'espoir de remboursement comme ces héritages maudit que l'on accepte sans penser que l'on risque de s'endetter jusqu'à la fin de nos jours. Le signifiant ne tire plus sa valeur que d'un signifiant, sans jamais être garanti par une richesse réelle. Cela pose aussi la question de définir une richesse réelle. L'or et l'argent ont une valeur mythiques inscrite dans l'inconscient des populations travalleuses. Croire que le nickel ou l'aluminium peuvent être des substituts est une erreur profonde comme le montrent les ennuis de Oleg Deripasca ou de Potanine, dont la fortune est fondée sur la détention de ces métaux.
La notion de valeur réelle est liée à l'utilité combinée à la rareté ou la valeur culturelle du bien. Et elle varie selon les strates de la société. Actuellement si le marché des actions et des biens de qualité moyenne (substituable) indique une forte déflation et une valorisation de la monnaie, il n'en va pas de même pour la strate inférieure qui voit les prix de première nécessité, et des servies, s'envoler, ou de la classe supérieure qui constate que les pièces d'art et de culture d'exception, pièces majeures et presque uniques dans l'histoire de l'humanité, attegnant des prix records ainsi que le montrent la vente du siècle Pierre Bergé, Yves Saint Laurent, qui a pulvérisé touts les records mondiaux et la vente exceptionnelle de monnaies réalisée par Baron, phénomène qui continue sur sa lancée.
En ce qui concerne la strate inférieure, il faut constituer une réserve de survie qui puisse nous permettre de tenir un an à un an et demi. On y stockerait du riz, des boites de conserve, des piles électriques, des bûches ou des générateurs d'électricité. Auniveau au dessus, il faut acheter une ferme avec les fermiers qui en échange de leur services possederaient un bout de terrain.On serait ainsi protégés des violences (qui partent de Paris et des métropoles) d ela faim, et du froid.Pour ceux qui veulent aussi éviter les grandes chaleurs, il faudrait des systèmes de conditionnement d'air alimentés par des cellules solaires, ou encore habiter ces demeures aux murs épais qui protègent des intempéries et des grosses chaleurs. Mais au niveau supérieur, les gens qui disposent de milliards de dollars ne peuvent tout convertir en provision de survie ou en fermes. Une ferme est un lieu de vivre qu'il ne suffit pas de payer, mais qui exige que l'on vive comme dans un kibboutz. La seule possibilité qui s'offre à ces hommes aisés, voire riches, est d'acquérir des biens d'importance majeure et en nombre très limité encore dans des mains privées. On les désigne comme des iiii car si on en manque la vente on peut attendre dix ou trente ans (c'est le cas d'un livre de Grolier ou de l'Apocalypse de Dürer. Les iiiii sont des pièces majeiures dans leur domaine et d'une telle rareté, que si on les manque et qu'elles finissent dans un musée ou une grande fondation, elles deviennent intouchables pour le commun des mortels. Un exemple est donné par la première édition de l'ouvrage de Copernic qui est sur notre liste de iiiii pour la 2ème fondation. Ou encore un appartement de l'avenue Gabriel donnant sur les jardins.
Certes on se heurte à la réticence des barbares qui préfèrent perdre de l'argent par des procédés éprouvés qu'en gagner, comme Saint Laurent, en investissant dans des biens culturels. Ces barbares sont hélas nombreux et les programmes scolaires comme la télévision et l'université, entretiennent ou créent la confusion entre le pire et le meilleur. Socrate se retournerait dans sa tombe
Enfin le pire n'est pas là..Teilhard de Chardin et Leconte de Nouyï ont émis l'hypothèse que lorsqu'on dépasse le seuil de l'infiniment petit ou l'infiniment complexe, apparraissent des réalités qui nous semblent paradoxales,telles que le chat de Schroedinger qui est à la fois mort et vivant, ou la non séparabilité qui stipule qu'une particule peut dans l' 'infiniment grand remonter le temps,et dans l'infiniment petit se trouver simultanément ici et à l'autre bout de la galaxie! De même le franchissement du seuil de l''infiniment complexe que nous devons à l'internet et à l'intégration des organisations, risque d'entraîner l'apparition d'un monstre que nous ne pouvons comprendre et qui nous opprime impitoyablement. Matrix ou le monolithe de L'Odyssée de l'Espace, donnent une faible idée de ce qui nous attend.
Quand ce seul sera-t-il franchi? Quand cet effrayantt basculement aura-t-il lieu? On ne peut le savoir exactement. Mais il surviendra sans transition, sans signes avant-coureurs, échappant à l'imagination et défiant tout raisonnement. Actuellement nous sommes dans l'oeil du cyclone ainsi que le montre notre fixation sur l'aide à des gens ou des ïles, qui ne veulent pas le bien de leur communauté. phénomène de gravité tout à fait négligeable par rapport à une catastrophe majeure. Au lieu de travailler comme les Américains, de prendre des risques, de faire preuve d'imagination. les îles de la Réunion, de la Guadeloupe saccagent durablement l'économie de leur communauté et détruisent durablement leurs richesses touristiques et leur potentiel économique.
La solution apparut à tous les membres de ce dîner : il faut faire marche arrière : désintégrer, rétablir l'autonomie des nations. Les populations comprendront alors les vrais problèmes car on les rattachera à leur expérience concrête forcément locale, au lieu d'en référer d'une manière aussi fataliste que péremptoire aux nécessités d'une économie mondiale.
Bruno Lussato, 3h24 du matin.
Voir dans le corps du billet une interprétation de la parabole de S***
Continuer à lire "Le journal du 12 mars 2009"
« Page précédente
(Page 3 de 5 sur 28 billets au total)
» Page suivante
|
Recherche rapideCatégories
Légende des articles*** Amateurs avertis *** Politiquement incorrect *** Texte non publié *** Apocalypsis cum figuris Mots cléseglise d'acier mise en scène déchéance génie énergie popper terrorisme barbarie bien et mal amour necromonte marina fédier anselm kiefer Riches mediavilla philaos joel de rosnay katchen de eurabia tristan et isolde immigration médias économie d'échelle sémantique oligarques snobisme famulus Autel précognition spectre piano génocides réduction du paquet d'ondes droit à la paresse education conscient annette messager swastika initiation à l'art décentralisation sheldrake zodiaque communisme berlioz géopolitique apprentissage syndrome de Stockholm antérograde désinformation musicale Marianne justice lars hall Boulez minotaure authenticité machiavel nazisme Turquie écriture maisons musique yin et yang luxe serendipity intuition mode d'emploi sens Pol Pot pollution prophétie octopus bulle boursière sonate mensonge Viola déclin la flute de jade imposture informatique michelangeli autocensure talisman astrologie domination Niels Bohr information astrologie humaniste bobos Alexandre captation critères de valeur mondialisation Nicolas Sarkozy centralisation contre-culture vidéo bulle immobilière qualité islamisme Prodi jung poésie chinoise Chéreau nostalgie culture de masse femme grève déferlement yang hayakawa globalisation Clara écologie islam torture politiquement correct atoll djihad argent bureaucratie moi existentiel être essentiel kadhafi initiation diamant vertueux zoubov yin Lars calligraphie cinéma noeuds sémantiques management isd pouvoir hilarion catastrophe parapsychologie piège siegfried technologie mahler dissymétrie bill viola Gergiev brahms apocalypse lasse eau vive inculture ring beethoven syndrome de stockholm dutilleux forme sonate analyse dyan kevin bronstein informatique deshumanisation statistiques admin soumission l'entretien physique quantique wagner art contemporain virus Force de la Terre russie Matrix culture mozart poutine interprétation entretien Medusa désinformation sarkozy
Textes récents
Syndiquer ce BlogAdministration du blog |
Commentaires