CHRONIQUE
L'imposture du siècle
Une fois de plus j'entends des commentaires angoissés sur les nouvelles plus ou moins incohérentes qui viennent de toutes part à propos des mesures à prendre en cas de catastrophe, le pire étant évidemment la rupture du flux monétaire.
Mais avant d'aborder, une fois de plus, ce sac de noeuds, je tiens à remercier notre ami S*** qui a consenti de livrer au blog (voir ci-dessous) ses magnifiques et énigmatiques paraboles. J'espère que vous les apprécierez autant que moi.
J'en reviens à la chronique quotidienne. J'ai quitté cet après-midi un de mes clients particulièrement résistant face à la crise et d'un flegme imperturbable. Un de plus qui me pose avec beaucoup de sérieux cette question : que va-t-il se passer, et quelle est notre position? Je sors également à l'instant (1h 45) d'un très intéressant dîner où j'étais invité par M.Baron, le responsable et créateur de la vente-culte numismatique de Genève. J'avai été underbidder pour la pièce la plus chère du monde, le fameux Hadrien que me disputait d'un Baron T*** prêt à investir des sommes presque illimitées pour ce chef d'oeuvre de la numismatique romaine. J'abandonnai les enchères à 22 000 FS . (Ce chiffre est évidemment erroné, lire €1.500 000) ayant ainsi contribué à instaurer le record mondial absolu. Nous évocames avec Baron cette extraordinaire aventure, mais aussi la chance que j'eus d'avoir les plus belles monnaies gauloises jamais vues, à un prix record il est vrai. Cela a été possible parce que les monnaies gauloises sont notoirement sous-évaluées, notamment à cause de ce qui fait leur valeur esthétique : un étonnant modernisme digne de Picasso et confinant à l'abstraction. De quoi heurter la sensibilité esthétique des numismates, foncièrement conservatrice et élevée dans le culte d'Euanetos et des bronzes romains.
Je me suis consolé d'avoir manqué la vente de la splendide monnaie à l'effigie de Caligula et annoncée fleur de coin. Fleur de coin, elle l'était certainement lors de sa mise en circulation, mais au moment de sa découverte, elle était altérée par des concrétions qu'il a fallu nettoyer en remettant à neuf ce bronze magnifique. L'Hadrien au contraire, moins "neuf" a gardé sa patine originale qui lui donne une partie de son charme.
Cela dit, nous avons quitté le domaine de la numismatique pour rejoindre celui d'un autre domaiine touchant à la monnaire : les risques d'une rupture du flux monétaire et le retour au troc. Un avocat de mes amis était persuadé que cela n'arriverait jamais pour plusieurs raisons, dont la puissance américaine qui serait garante du dollar. On l'a constaté lors des fluctuations du cours de l'or, du jamais vu! On suppose que l'Amérique fait contrepoids en écoulant su le marché une partie de ses réserves en or. Mais on n'a jamais pu savoir la quantité de metal précieux détenue dans les coffres de Fort Knox. Par ailleurs, à force de se délester de son or, la réserve de Fort Knox finit par s'épuiser sans que des ressources physiques réelles et un enrichissement correspondant viennent compenser cette hémorragie.
On a compris ce mécanisme régressif en tirant les conséquences d'une annone télévisée du président de la France. Nicolas Sarcozy déclara en substance que s'il n'avait pas mis de l'argent de côté, qui sert aujourd'hui à renflouer les banques, les gens feraient la queue pour obtenir la restitution de leur monnaie de singe (sous quelle forme ? Or cette accalmie préservant pour un temps la paix monétaire et sociale, ne peut que tourner mal, car elle ne résoud aucun problème de création de richesses. Nous sommes venus un peuple d'assistés et les entreprenurs qui refusent de vivre au crochets de la communauté, sont rudement frappés par des mesures punissant le mérite et les hauts revenus dont une bureaucratie haineuse et une discrimination injuste et démotivante. Les responsables en sont principalement les intellectuels français, non seulement de gauche, qui par mauvaise conscience et égalitarisme mal placé optent pour le suicide et l'accueil de nos pires ennemis. Mais en cas de catastrophe, les intellectuels seront balayés comme des fétus de paille et les bouches inutiles comme les immigrés qui clament sans honte leur haine du pays d'accueil, donnant une image négative au dépens de ceux qui veulent travailler et vivre paisiblement, et qui en sont les premières victimes.
Au contraire la seule richesse de l'Amérique n'est ni la prétendue haute technologie qui est copiable et se démode rapidement, ni la terreur qu'inspire la prétendue force américaine (on connaît ses échecs lors de ses interventions) mais sa possibilité de vivre en autarcie en se fermant au reste du monde, et surtout la capacité pour les américains de repartir de zéro, courageusement en ne comptant que sur leur ténacité, leur travail est leur capacité d'adaptation pour affronter les moments difficiles. Ajoutons à cela que les Etats Unis n'ont pas d'ennemis intérieurs comme nous, mais que le sens patriotique, la fierté d'être américain domine tout. Cela est la véritable richesse de l'Amérique qui peut éventuellement garantir la validité du dollar, d'autant plus que les dettes sont payées par le monde entier.
Malheureusement ces prropos révigorants se heurtent à l'évolution prise par le monde. L'intégration de plus en plus poussée des cortex individuels en un supercortex à l'échelle mondiale (ce que De Rosnay nomme le cybionte). Nous ne seront, dit le vulgarisateur futurologue, que les neurones d'un cerveau planétaire intégrant tout le savoir du monde. Ainsi se félicite t-il de présager la fin des égo-citoyen, par des citoyens égaux. Nous payerons certes les bienfaits du cerveau planétaire par une perte partielle de notre libre-arbitre, de notre autonomie d'action et de pensée, de notre champ étroit de vision, ceci au profit du super organisme qui sait tout. De Rosnay comme les aristocrates orléanistes affecte de croire à un libéralisme écologique, néodarwiniste. On est ainsi dans l'orthodoxie BCBG. et on hurle avec les loups.
Or deux considérations majeures doivent tempérer notre enthousiasme. D'une part nous sommes en train de conférer une valeur au signifiant, sans penser que le signifié qui lui donne son sens a une valeur négative, comme dans les états en faillite : Pays Bas, Islande etc. Faire confiance à la monnaie est souscrire à une dette sans l'espoir de remboursement comme ces héritages maudit que l'on accepte sans penser que l'on risque de s'endetter jusqu'à la fin de nos jours. Le signifiant ne tire plus sa valeur que d'un signifiant, sans jamais être garanti par une richesse réelle. Cela pose aussi la question de définir une richesse réelle. L'or et l'argent ont une valeur mythiques inscrite dans l'inconscient des populations travalleuses. Croire que le nickel ou l'aluminium peuvent être des substituts est une erreur profonde comme le montrent les ennuis de Oleg Deripasca ou de Potanine, dont la fortune est fondée sur la détention de ces métaux.
La notion de valeur réelle est liée à l'utilité combinée à la rareté ou la valeur culturelle du bien. Et elle varie selon les strates de la société. Actuellement si le marché des actions et des biens de qualité moyenne (substituable) indique une forte déflation et une valorisation de la monnaie, il n'en va pas de même pour la strate inférieure qui voit les prix de première nécessité, et des servies, s'envoler, ou de la classe supérieure qui constate que les pièces d'art et de culture d'exception, pièces majeures et presque uniques dans l'histoire de l'humanité, attegnant des prix records ainsi que le montrent la vente du siècle Pierre Bergé, Yves Saint Laurent, qui a pulvérisé touts les records mondiaux et la vente exceptionnelle de monnaies réalisée par Baron, phénomène qui continue sur sa lancée.
En ce qui concerne la strate inférieure, il faut constituer une réserve de survie qui puisse nous permettre de tenir un an à un an et demi. On y stockerait du riz, des boites de conserve, des piles électriques, des bûches ou des générateurs d'électricité. Auniveau au dessus, il faut acheter une ferme avec les fermiers qui en échange de leur services possederaient un bout de terrain.On serait ainsi protégés des violences (qui partent de Paris et des métropoles) d ela faim, et du froid.Pour ceux qui veulent aussi éviter les grandes chaleurs, il faudrait des systèmes de conditionnement d'air alimentés par des cellules solaires, ou encore habiter ces demeures aux murs épais qui protègent des intempéries et des grosses chaleurs. Mais au niveau supérieur, les gens qui disposent de milliards de dollars ne peuvent tout convertir en provision de survie ou en fermes. Une ferme est un lieu de vivre qu'il ne suffit pas de payer, mais qui exige que l'on vive comme dans un kibboutz.
La seule possibilité qui s'offre à ces hommes aisés, voire riches, est d'acquérir des biens d'importance majeure et en nombre très limité encore dans des mains privées. On les désigne comme des iiii car si on en manque la vente on peut attendre dix ou trente ans (c'est le cas d'un livre de Grolier ou de l'Apocalypse de Dürer. Les iiiii sont des pièces majeiures dans leur domaine et d'une telle rareté, que si on les manque et qu'elles finissent dans un musée ou une grande fondation, elles deviennent intouchables pour le commun des mortels. Un exemple est donné par la première édition de l'ouvrage de Copernic qui est sur notre liste de iiiii pour la 2ème fondation. Ou encore un appartement de l'avenue Gabriel donnant sur les jardins.
Certes on se heurte à la réticence des barbares qui préfèrent perdre de l'argent par des procédés éprouvés qu'en gagner, comme Saint Laurent, en investissant dans des biens culturels. Ces barbares sont hélas nombreux et les programmes scolaires comme la télévision et l'université, entretiennent ou créent la confusion entre le pire et le meilleur. Socrate se retournerait dans sa tombe
Enfin le pire n'est pas là..Teilhard de Chardin et Leconte de Nouyï ont émis l'hypothèse que lorsqu'on dépasse le seuil de l'infiniment petit ou l'infiniment complexe, apparraissent des réalités qui nous semblent paradoxales,telles que le chat de Schroedinger qui est à la fois mort et vivant, ou la non séparabilité qui stipule qu'une particule peut dans l' 'infiniment grand remonter le temps,et dans l'infiniment petit se trouver simultanément ici et à l'autre bout de la galaxie! De même le franchissement du seuil de l''infiniment complexe que nous devons à l'internet et à l'intégration des organisations, risque d'entraîner l'apparition d'un monstre que nous ne pouvons comprendre et qui nous opprime impitoyablement. Matrix ou le monolithe de L'Odyssée de l'Espace, donnent une faible idée de ce qui nous attend.
Quand ce seul sera-t-il franchi? Quand cet effrayantt basculement aura-t-il lieu? On ne peut le savoir exactement. Mais il surviendra sans transition, sans signes avant-coureurs, échappant à l'imagination et défiant tout raisonnement. Actuellement nous sommes dans l'oeil du cyclone ainsi que le montre notre fixation sur l'aide à des gens ou des ïles, qui ne veulent pas le bien de leur communauté. phénomène de gravité tout à fait négligeable par rapport à une catastrophe majeure. Au lieu de travailler comme les Américains, de prendre des risques, de faire preuve d'imagination. les îles de la Réunion, de la Guadeloupe saccagent durablement l'économie de leur communauté et détruisent durablement leurs richesses touristiques et leur potentiel économique.
La solution apparut à tous les membres de ce dîner : il faut faire marche arrière : désintégrer, rétablir l'autonomie des nations. Les populations comprendront alors les vrais problèmes car on les rattachera à leur expérience concrête forcément locale, au lieu d'en référer d'une manière aussi fataliste que péremptoire aux nécessités d'une économie mondiale.
Bruno Lussato, 3h24 du matin.
Voir dans le corps du billet une interprétation de la parabole de S***
La première parabole de S***
Une première interprétation
Elle reprend à la lettre le texte original. Noud conservons pour la fin la mention " Le monde est à l'image..." qui donne déjà une clé d'interprétation en nous incitant à transposer la parabole dans un contexte mondial et en écartant toute allusion à l'individu privé.
Tout d'abord il nous faut remarquer que dans la vie réelle le cas décrit s'adapte communément. De nombreux hommes d'affaires, d'acteurs, ou d'homme de pouvoir, confient leurs enfants à des bonnes ou des écoles de luxe, sans s'en préoccuper vraiment. Ce n'est guère leur priorité. Les enfants sont à la fois très fiers de leur père et désolés de ne pas compter pour lui. Leur rêve serait de jouir de la proximité de l'être idolâtré et admiré. Et voici que leur souhait est exaucé in extrémis alors que par un coup du sort leur père est mourant et qu'ils ne pourront pas jouir de leur récent privilège : être près de lui. Ils en sont d'autant plus reconnaissants à leur père enfin retrouvé et au soulagement se mêle la compassion. Mais le père réagit comme d'autres au seuil de la mort : il passe en revue sa vie, ses combats, ses échecs et ses réussites et comprend enfin quelles sont les vraies valeurs : l'amour, la responsabilité envers ceux qui vous prodiguent sans limite le leur. Saisi de remords à la fois d'avoir manqué le plus beau des bonheur au profit de leur vanité et d'avoir commis une injustice envers ses proches il se fustige et demande pardon.
Dans la parabole le trait dramatique est renforcé par l'absence radicale du père. C'est encore un cas commun dans lequel le père fuit ses responsabilités et abandonne la mère de ses enfants en lui assurant éventuellement un modeste viatique. Les enfants sont une entrave à la respectabilité à laquelle il aspire si la jeune mère est incapable de l'aider dans son ascension.
Une fois décodée au premier degré, on nous invite à transposer ce paradigme au noveau sociétal et même mondial. Le monde devient l'enfant abandonné, le père l'objet de l'admiration mondiale : star, puissant, homme de médias. Si vous revoyez Rêves de Kurosava" leplus beau film que j'aie jamais vu, nous voyons combien la foule a cru les faux prophètes de la technologie au profit de ceux qui menaient une vie naturelle et simple au contact avec la nature. Un exemple en est la vénération portée à une High Tech (comme l'informatique ou aux fabricants de gadgets et de rêves des futurologues à la monde) au détriment de ceux qui cherchent le bien de l'humanité. Un jour, au moment du basculement dans la catastrophe finale ces modèles adulés feront leur mea culpa et déclareront " ne me remerciez pas car par mon influence pernicieuse et mon désintérêt de votre sort, je vous ai plongé dans le malheur, je vous ai abandonné alors que vous me vénériez."
Voici donc mon interprétation. J'attends la réponse de S*** et éventuellement d'autres commentaires relatifs à cette parabole.
Paris, ce 13 mars 2009 17h50.
Bruno Lussato.