Friday, 20 June 2008
CHRONIQUE
La leçon d'organisation
Il est venu.
Mon successeur au sein d'une grande compagnie à laquelle je suis attaché par de liens quasi familiaux depuis des décénnies. Je me devais, surtout dans l'état de précarité qui m'affecte, de me trouver un remplaçant aussi vite que possible.Cet homme je le connais depuis longtemps et il est doté d'une intelligence vive et acérée.Il comprend tout au vol! Et puis, un même lien de fidélité pour la firme, nous réunit.
Il est arrivé pratiquement à l'heure (retard dans le train) et s'est excusé de m'avoir fait attendre. On le voit, il n'est pas russe!
Par où commencer?
Par la fin !
J'ai en effet écarté d'emblée la démarche classique que j'abhorre depuis longemps et qui commence par enseigner les bases et les fondements de la méthode avant de passer aux applications. Un des handicaps de cette méthode, est que la connaissance théorique est exhaustive, elle permet de traiter tous les cas, alors que seuls quelques uns s'appliquent à nos préoccupations.
Lorsque j'avais dix ans, je brûlais de jouer du piano dont je ne connaissais que des bribes de notations prises dans le dictionnaire LAROUSSE du XIXe . On me donna une enseignante, Daisy Arbib qui m'installa devant la piano à queue de ma tante, qui occupait un étage inférieur, un piano à queue impressionnant, en acajou comme la bibliothèque où il trônait fièrement. Avant que j'eus pu toucher une touche, elle m'exposa son programme :
Pendant un an tu apprendras le solfège : do-o-o-o , re-e-e-e- etc. L'année suivante rien que des gammes. L'année après des exercices, la quatrième année des études, et enfin tu pourras jouer convenablement des pièces faciles.
La séance d'après, j'étais introuvable ! Je m'étais réfugié dans une poubelle de la terrasse de l'immeuble. Mon père décréta que l'examen était concluant et qu'il était inutile de gaspiller des sous pour un paresseux non motivé. Il me fallut attendre une dizaine d'années pour reprendre le piano, grâce à un appui extérieur.
La même méthode, je l'ai trouvée dans l'enseignement de l'informatique. "Tu dois d'abord, avant de toucher le clavier, connaître la théorie, apprendre les bases de l'achitecture des logiciels, quelques centaines de leçons suffiront pour en saisir les subtilités. Alors, tu seras armé pour commencer à manipuler ton micro. "
Cette option pédagogique, je l'appliquais autrefois, avec pour effet de semer la confusion dans la tête de mes étudiants. Je l'écartai donc pour mon successeur. Je décidai de parler avec lui par les problèmes qui affectaient sa compagnie, sa situation personnelle, tout ce qui perturbait son esprit et suscitait des interrogations sans réponse. Je lui montrai comment aborder le problème et alors seulement, je l'appliquais à d'autres cas pour faire ressortir la théorie.
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Thursday, 19 June 2008
CHRONIQUE
Organisation, organisations
Mes chers amis,
ainsi que je vous l'avais annoncé, j'étais parti pour une simple perfusion. Hélas, ils ont trouvé quelque chose de plus sérieux mettant en jeu mon cerveau et ils craignaient - entre autres - que je fasse des bêtises. Vous savez, il est difficile de vivre sans repères temporels. Mais enfin, je suis parvenu à leur faire faux bond, pour ne pas manquer mon rendez-vous avec un brillant informaticien que je forme comme mon successeur. J'espère que je n'aurai pas à retourner dans cet hôpital où - à part la cuisine - je me trouve très bien et entouré de prévenances de toutes sortes.
Mon cours traite de l'organisation dans les organisations.
L'organisation est la discipline nommée en Amérique Efficiency Science et dont le but est de faire plus avec moins. Supprimer les tâches inutiles - dont bien des gadgets electroniques dans les voitures ou la gestion des stocks - est son but et suscite bien des réactions de la part de gens qui me disent : et nous, comment on va gagner notre pain?
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Monday, 16 June 2008
NOTE AU LECTEUR
Moyennes misères quotidiennes
Demain et après-demain je devrais vous faire faux bond. Je suis convoqué à l'improviste deux jours à l'hôpital pour des transfusions. Je ne pourrai évidemment pas prendre mon ordinateur avec moi. Patience. J'ai pris l'habitude de ce rite indispensable pour garder ma forme. Je me rattraperai en rentrant. Vous avez d'ici là pas mal de matière à méditation. Vous me manquerez. A bientôt
votre Bruno L
Il est 9h45 et je ne sais comment gagner l'hôpital. Il est tout simplement impossible de trouver un taxi pour de multiples raisons. C'est Paris.J'en suis réduit à attendre que l'on m'envoie un véhicule sanitaire léger.
Par ailleurs j'ai ressenti avec beaucoup de joie que j'avais eu raison de faire totalement confiance à ceux que j'aime bien.Les déceptions que j'avais éprouvées un temps se sont dissipées . On a toujours tendance à faire de la paranoia et voir le mal où il n'est pas. Ainsi se manipule-t-on soi-même.C'est le contraire de l'utopie où on idéalise des propos anodins, des formules de politesse que l'on prend à la lettre.
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Sunday, 15 June 2008
CHRONIQUE
Petites misères quotidiennes
Elles ne sont généralement pas graves, mais elles vous pourrissent généralement la vie, bien plus que de grands malheurs qui souvent vous obligent à réagir ou à comprendre. On en sort grandis ou détruits. Mais des tracasseries quotidiennes : le plombier qui vous fait faux bond, la carte verte dont vous attendez depuis des mois la ré-actualisation et en cas d'urgence, la palme revenant à l'Etat " écrivez et on vous répondra ", on ne s'en tire que rapetissés, médiocrisés, exaspérés ou pire, résignés et abrutis.
Si on essaie de classer nos misères, on peut utiliser le diagramme hexagonal HUMELD correspondant aux échelles primaires qui génèrent nos valeurs et dont le cocktail forme notre profil de jugement.
H signifie Hédonique. C'est l'échelle génératrice plaisir - peine. c'est celle que tout être conscient privilégie. On recherche comme le bébé le plaisir et on braille lorsqu'on a bobo. L'enfant n'est sensible qu'à cette échelle. Il n'y a pas que les jousseurs et les bons vivants à tout focaliser sur cette échelle. Nombreux sont ceux qui font des bassesses, voire commetre des crimes pour atteindre la plaisir : sexe, bonne chère, villa sur la Côte d'azur ou Yatch de 30 mètres.
H- , l'évitement de la peine, est encore plus répandu : la fraise du dentiste, une crampe au mollet, une crise de calculs rénaux,, autant de souffrances intolérables qui relèguent à l'arrière plan les autres misères quotidiennes.
U est l'échelle d'Utilité, c'est à dire la prise en compte des conséquences d'un acte.Le bébé apprend que s'il se gave trop de chocolats délicieux aujourd'hui, il aura bobo demain, et que ce bobo est plus douloureux que le plaisir pris aujourd'hui. Aussi curieux que cela paraisse, voici une attitude courante chez les grands patrons. Il président avec déléctation des réunions interminables, où les courtisans essaient de ne pas bailler, alors que ceux-ci feraient mieux d'être à leur travail parmi des travailleurs qui font la prospérité de l'entreprise.
M, est le besoin de partager ce que l'on a avec autrui. La générosité, le prêche,la formation, font partie de M. On se heurte à deux options : le don est échelonné et des priorités sont établies, (La France ne peut recevoir toute la misère du monde, disait Michel Rocard). Par exemple : la famille d'abord, puis les amis, puis le clan, puis le monde tout entier, la seconde option est de donner plus à moins de gens.Seul Jesus Christ a donné tout ce qu'il avait au monde tout entier.
E, pour esthétique, est l'importance accordée à la beauté, à l'harmonie des formes et des couleurs, E - étant l'horreur du mauvais goût.
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CHRONIQUE
Des goûts et des couleurs
Tous croient l'avoir.
Le goût.
Surtout ceux qui n'en n'ont pas et qui justifient leur choix les plus kitsch par la phrase-bateau : des cadeau : des goûts et des couleurs...
Certes il y a des gens qui de manière innée ont le sens des proportions, de l'harmonie, de la distinction, du raffinement, bref tout ce qui permet de séparer le goût de la barbarie. Mais des connaissances sans cesse approfondies sont nécessaires pour développer cette aptitude qui se cultive comme une rose au lieu de proliférer comme du chiendent, cas de la barbarie. Fuyons l'ignorance glorieuse. Ignorants et fiers de l'être! N'en connaissez-vous pas dans votre entourage.
Le goût s'affine et se développe au contact des musées, des châteaux, du grand patrimoine qui nous été légué par des maîtres. Un exemple :le musée Guimet, qui abrite des laques et des netzuke, des porcelaines et des paravents destinés à embellir la vie, mais où l'artisanat confine le génie créateur. Au musée Guimet visitez (s'il est exposé) le chef d'oeuvre des grands parmi les plus grands, Ogata Korin, destiné au plaisir des yeux, mais allant aussi loin qu'un chef d'oeuvre de la statuaire grecque.
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Saturday, 14 June 2008
CHRONIQUE
L'oeil de l'argus
Qui n'a rêvé, tel Asmodée, de soulever le toit des maisons, de s'infiltrer par les fenêtres, afin de surprendre tel un voleur les petits secrets, les pensées les plus mesquines, voire l'image d'un couple amoureux qui se croit éternel mais est souvent voué au divorce doux voire haineux?
Hé bien, qu'on se rassure. Le rêve est réalisé. Nous sommes traqués à notre insu par d'invisibles micros, capteurs de fréquences, caméras dissimulées ou pas qui font que le concept d'intimité a disparu.
Fort bien.
Mais ces myriades d'images n'ont aucun sens tant qu'elle ne sont pas structurées, mises en ordre par un dispositif, qui à partir d'une recherche informatique les regroupe, puis les projette en une carte synthétique et sans cesse en évolution. La technique qui permet de construire ces "chambres de contrôle" futuristes, existe.
Elle comprend trois étapes :le software, qui structure l'information en fonction de notre recherche, le graphware, qui dresse une carte immédiatement assimilable par les décideurs, le hardware ou matériel nécessaire pour projeter les images. Cela peut être un ordinateur dédié ou plus simplement le travail manuel d'un cartographe.
La plupart du temps, ce que nous projette la chambre de contrôle est neutre et dépasse de loin ce que nous lui avons demandé. Il s'ensuit qu'une control room peut nous réserver des surprises désagréables qui nous pousse à changer nos stéréotypes. C'est ce qui s'est produit ces trois derniers jours pour moi. Je faisais fausse route et je dois repartir à zéro!
Ce billet est revu et corrigé
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