CHRONIQUE
Petites misères quotidiennes
Elles ne sont généralement pas graves, mais elles vous pourrissent généralement la vie, bien plus que de grands malheurs qui souvent vous obligent à réagir ou à comprendre. On en sort grandis ou détruits. Mais des tracasseries quotidiennes : le plombier qui vous fait faux bond, la carte verte dont vous attendez depuis des mois la ré-actualisation et en cas d'urgence, la palme revenant à l'Etat " écrivez et on vous répondra ", on ne s'en tire que rapetissés, médiocrisés, exaspérés ou pire, résignés et abrutis.
Si on essaie de classer nos misères, on peut utiliser le diagramme hexagonal HUMELD correspondant aux échelles primaires qui génèrent nos valeurs et dont le cocktail forme notre profil de jugement.
H signifie Hédonique. C'est l'échelle génératrice plaisir - peine. c'est celle que tout être conscient privilégie. On recherche comme le bébé le plaisir et on braille lorsqu'on a bobo. L'enfant n'est sensible qu'à cette échelle. Il n'y a pas que les jousseurs et les bons vivants à tout focaliser sur cette échelle. Nombreux sont ceux qui font des bassesses, voire commetre des crimes pour atteindre la plaisir : sexe, bonne chère, villa sur la Côte d'azur ou Yatch de 30 mètres.
H- , l'évitement de la peine, est encore plus répandu : la fraise du dentiste, une crampe au mollet, une crise de calculs rénaux,, autant de souffrances intolérables qui relèguent à l'arrière plan les autres misères quotidiennes.
U est l'échelle d'Utilité, c'est à dire la prise en compte des conséquences d'un acte.Le bébé apprend que s'il se gave trop de chocolats délicieux aujourd'hui, il aura bobo demain, et que ce bobo est plus douloureux que le plaisir pris aujourd'hui. Aussi curieux que cela paraisse, voici une attitude courante chez les grands patrons. Il président avec déléctation des réunions interminables, où les courtisans essaient de ne pas bailler, alors que ceux-ci feraient mieux d'être à leur travail parmi des travailleurs qui font la prospérité de l'entreprise.
M, est le besoin de partager ce que l'on a avec autrui. La générosité, le prêche,la formation, font partie de M. On se heurte à deux options : le don est échelonné et des priorités sont établies, (La France ne peut recevoir toute la misère du monde, disait Michel Rocard). Par exemple : la famille d'abord, puis les amis, puis le clan, puis le monde tout entier, la seconde option est de donner plus à moins de gens.Seul Jesus Christ a donné tout ce qu'il avait au monde tout entier.
E, pour esthétique, est l'importance accordée à la beauté, à l'harmonie des formes et des couleurs, E - étant l'horreur du mauvais goût.
L est léchelle logique : cohérent - incohérent. Le vrai est cohérent avec les faits, c'est une valeur L+ de vérité.Le mensonge, la falsification. Lorsqu'on essaie de comprendre pourquoi une oeuvre d'art ou un meuble de la renaissance nous semblent si harmonieux, on se livre à une analyse critique esthétique, c'est le travail des érudits et des pédagogues.
D est l'échelle du développement. Bien des civilisations ont satisfait les autres critères sans éprouver le désir de progresser, de développer ses activités mentales, d'aller de l'avant, de progresser. Elles sont statiques, alors que les grands entrepreneurs, les grands novateurs, les grands savants ressentent le besoin de dépasser leur limites, quitte à troubler la belle ordonnance des traditions parfaites.
Que vient faire cette analyse avec le classement de nos misères quotidiennes? C'est que toutes proviennent de la difficulté de combattre l'extrémité négative des axes de jugement. Par exemple devoir subir tous les jours des locaux disharmonieux et mapropres, se sentir étouffés dans les barres en béton des banlieues, est une désagrément d'ordre esthétique..
Autre exemple, être confrontés quotidiennement au double langage et aux mensonges éhontés des discours de politiciens, suscite un écoeurement provenant de la zone V-, la falsification des mots, leur discordance avec les actions menées etc...