Wednesday, 25 June 2008
CHRONIQUE
Le nageur imprudent
On peut dans une certaine mesure considérer ce billet comme un commentaire du précédent. Un nageur qui prend des risques non calculés, pour s'agiter dans tous sens quand le danger se fait sentir et qui en accélère l'apparition par des réactions de panique, est un individu qui au lieu d'abaisser la température trop élevée, l'augmente en y ajoutant celle provoquée par son chaos personnel.
NOTE AU LECTEUR
Chers amis une mauvaise nouvelle.Demain à 7h30 je suis convoqué à Cochin pour des examens approfondis sous anesthésie générale. Ce que nous craignons tous ce sont les effets de l'anésthésie sur mon comportement cérébral et on compte sur moi pour compenser les nouveaux troubles. Quand sortirai-je de l'hôpital ? Peut être deux jours après ou plus, mais dans dans un état de probable de forte confusion mentale, alors que j'ai des rendez-vous d'une importance vitale pour ma profession. Je prends tout cela comme un défi à surmonter et je garde bon moral. A bientôt, sans doute une petite pensée de nombreux d'entre- vous peut , parait-il , plus salutaire qu'il n'y parait. Le blog me manquera !
Votre affectionné Bruno Lussato.
Tuesday, 24 June 2008
CHRONIQUE
Canicules
Les grandes métropoles ont chaud, bien d'autres sites aussi, à commencer par la Provence. Certes, pour ceux qui peuvent se le permettre il y a l'air conditionné. Mais dès qu'on l'arrête, la chaleur revient, pire qu'avant. Par ailleurs il est inefficace pour les appartements où les murs des voisins gardent la chaleur. Ce n'est que dans de grands établissements:hôtels, bureaux, administrations, que tout l'environnement est air conditionné. et puis, à l'exemple des Américains, l'intérieur est réfrigéré alors que l'extérieur est une fournaise. De quoi attraper la crève, sans compter les germes véhiculés par des tuyaux mal entretenu, véritables nids à poussière et à germes.
Hier j'ai voulu visiter l'exposition de Hokusai au musée Guimet. Elle se trouve au sous-sol et elle est assez exiguë. A la caisse on m'a vivement dissuadé d'y pénétrer. L'air y est irrespirable à cause de la chaleur véhiculée par les visiteurs trop nombreux, et vers la fin, ils laissent dernière leur passage eux une véritable étuve. Le seul remède : y aller à dix heures, dès l'ouverture. Derrière moi, un bruit de sirène, le SAMU. Un des visiteurs vient d'avoir une attaque. Ainsi périodiquement on doit véhiculer d'urgence des imprudents qui affrontent la canicule interne plutôt que de se sauver, pour ne pas perdre le bénéfice de la queue interminable et le montant de leur billet.
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Monday, 23 June 2008
CHRONIQUE
Grandes promesses et petites vexations
Le milieu professionnel et même amical (c'est moins vrai pour une vraie famille) est plein de gens puissants, comme d'agents d'influence qui se disent vos obligés et qui vous promettent, qui une recommandation auprès d'un personnage influent ou utile ( un bon dentiste, le fonctionnaire qui déverouillera votre dossier, un électricien ou un plombier) qui, leur appui en cas de pépin grave : "je serai toujours là dans l'adversité". Si vous avez quelque argent, il se feront inviter dans un restaurant réputé, car ce sont généralement des amateurs de vins fin et de cuisine délicate. S'ils se piquent de culture, c'est chez Lipp qu'ils se feront inviter, ou encore qu'ils vous inviteront, pour s'apercevois qu'ils ont oublié leur portefeuille. Il est facile de les voir , allez à midi dans un restaurant huppé, ils sont là, escrocs et parasites, avec leur victime. Relisez aussi (je suis poli car vous ne l'avez sans doute pas lu) Les Facheux de Molière, ou Volpone.
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Sunday, 22 June 2008
CHRONIQUE
Boucs émissaires
Bien sûr, c'est toujours la faute à l'autre ! Mais il y a des degrés dans l'impudeur, le culot et la mauvaise foi. Et notre pays, celui des chasseurs de sorcières et de la révolution, successeur fécond de l'inquisition, y est particulièrement prédestiné. La crise s'aggrave dans les temps de crise grave et accentue ses effets. C'est ce que je vois autour de moi. Et pourtant les scénarios catastrophe, ni même récession grave, ne font que commencer. Que sera-ce plus tard, lorsque les revendications actuelles sur le pouvoir d'achat ressembleront à des caprices d'enfant? Nous sommes en France, où on procède par crises, et la violence s'en mêle, non contenue par un pouvoir réellement fort qui impose au lieu d'essayer de calmer et de négocier au coup par coup. C'est un De Gaulle (celui de l'appel) qui nous manque. Le président Sarkozy le comprendra-t-il? Il y a des signes qui vont dans le bons sens, mais est-ce suffisant?
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CHRONIQUE
Une promenade au Musée Guimet
Elle s'impose. En ce moment il y a une exposition des oeuvres, estampes et dessins, du plus prodigieux génie que le Japon ait enfanté. Le dessinateur fou de son art, mort dans la misère à l'âge de 95 ans, pauvre moineau déplumé, vieillard déchu... Mais il y a aussi bien des chefs-d-oeuvre des colections permanentes qui méritent le détour : sans compter la statuaire khmère, trois statues japonaises de sages et bienheureux, la collection Granddidier de porcelaines, le paravent d'Ogata Korin...
Mais quelqu'un a été oublié ainsi que son oeuvre majeure, et ne figure dans aucun guide, il n'est même pas honoré par une mention. C'est l'architecte qui a refait le vieux musée sombre et poussiéreux en un miracle d'équilibre, de noblesse, d'imagination, d'emploi des couleurs et des matières. Les éclairages sontparticulièrement étudiés. Par exemple les vitrines ne sont pas éclairées par de multiples spots. Elles sont surmonées d'un voile translucide, et c'est lui qui reçoit les rayons d'un fort projecteur. La lumière ainsi diffuse, montre, sans ombres, l'objet également éclairé de toutes parts, sans ombres ni reflets.
Lorsqu'ils y vont mes amis emportent un coolpix (une caméra c'est trop voyant) en essayant d'échapper à la vigilance maussade des cerbères. Ils ne sont pasà pour vous aider, mais pour appliquer le règlement, un point c'est tout.
Oui, allez en vitesse au Guimet. (Place d'Iena)
Pour ceux qui veulent emporter avec eux un objet de qualité, continuez le billet.
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Friday, 20 June 2008
CHRONIQUE
Glisser
J'ai appris à l'höpital une technique qui m'assure un sommeil profond et réparateur. Mes horaires sont certes exotiques : je dors à 10 heures et me réveille très tôt, mais je pense que minuit ferait aussi bien l'affaire, et je songe aux milliers d'insomniaques dont j'étais. Pourquoi ne pas vous donner la recette? Plus de calmants ni de narcotiques. Vous jetez à la poubelle Xanax et stillnox.
Le mot"glisser" est de mon cru. C'est un état second qui s'apparente à une espèce d'anesthésie de l'esprit. Pour l'atteindre vous essayez de chasser de votre esprit toute perturbation et de votre corps toute activité excitante (soirée bien arrosée, travail très prenant, manifestations bruyantes et danses agitées). A l'heure dite, aussitôt que possible, vous vous allongez sous la couette, bien horizontal, pieds nus et vous éteignez la lumière. Il est indispensable alors de vous concentrer sur des utopies agréables : la lamborghini qui attire l'admiration des jolies femmes, le chinchilla et le passage chez Alexandre, le spécialiste de soins de beauté, chez les hommes pour les beaux mecs. Et bien entendu, tout cela dans votre maison pieds dans l'eau sur la Côte, le voilier somptueux, ou encore la croisière de rêve aux Caraïbes. Moi, je me vois animer un centre culturel, en train de trouver des objets précieux pour l'enrichir, où plus prosaïquement me pavaner dans un manteau de vigogne de chez Hermès.
Sans que sachez trop comment, vous êtes partis. Comme si on vous avait appliqué sur le museau un tampon de chloroforme.
Plus tard, au milieu de la nuit, vous pouvez ressentir le désir de passer à la toilette, d'achever ou de continuer un travail artisanal que vous avez commencé et qui progresse doucement, par étapes, ou simplement vous avez faim. Vous accomplissez sans nervosité ces occupations, vous vous remettez au lit, et immédiatement vous replongez dans cet état second, c'est à dire que vous vous laissez glisser dans cetteamnésie bienheureuse. Le lendemain, en vous réveillant vous n'avez gardé de ces interruptions que des souvenirs très flou, comme d'un rêve dont on se souvient à peine et qui s'évanouit aussitôt. D'une certaine façon on peut dire que vous êtes somnambule. Ainsi j'ai retiré de mon coffre tous mes contrats et je ne sais où ils sont passés. Trop bien classés peut-être.A la cuisine, je trouve des trousseaux de clés étalés dans tous les sens. Qui les a mis là? Je ne sais, sinon moi pendant la nuit. Pis encore, au milieu de la nuit je confonds ma chambre d'hôpital et celle de mon appartement, et cherche le placard de l'une dans celle de l'autre!
Mais ces handicaps ne vous affecteront sûrement pas, car vous n'avez pas un caillot de sang qui se balade dans le cerveau, provoquant des amnésies profondes. Je suis sûr que vous n'en retiendrez que les côtés positifs : un sommeil réparateur, un lit douillet et un matin dispos. Attention, il ne faut pas dépasser minuit pour vous coucher et ne prendre ni sédatifs, ni excitants.
Essayez, cela en vaut la peine. Envoyez-moi par mail (blussato@wanadoo.fr) le résultat de vos expériences.
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