CHRONIQUE
Boucs émissaires
Bien sûr, c'est toujours la faute à l'autre ! Mais il y a des degrés dans l'impudeur, le culot et la mauvaise foi. Et notre pays, celui des chasseurs de sorcières et de la révolution, successeur fécond de l'inquisition, y est particulièrement prédestiné. La crise s'aggrave dans les temps de crise grave et accentue ses effets. C'est ce que je vois autour de moi. Et pourtant les scénarios catastrophe, ni même récession grave, ne font que commencer. Que sera-ce plus tard, lorsque les revendications actuelles sur le pouvoir d'achat ressembleront à des caprices d'enfant? Nous sommes en France, où on procède par crises, et la violence s'en mêle, non contenue par un pouvoir réellement fort qui impose au lieu d'essayer de calmer et de négocier au coup par coup. C'est un De Gaulle (celui de l'appel) qui nous manque. Le président Sarkozy le comprendra-t-il? Il y a des signes qui vont dans le bons sens, mais est-ce suffisant?
Aveuglement
Nous ne sommes qu'au tout début du tremblement de terre. Je ne parle même pas de l'hypothèse catastrophe qui verrait l'effondrement de la valeur papier : billets et actions, mais tout simplement d'une récession grave qui est inéluctable.
Or, déjà, on constate des incohérences, des signes de panique, des gesticulations, des incantations, comme en s'agitant le nageur en détresse sombre plus sûrement. En France le cas est beaucoup plus grave car il se double d'idéologie, de violence et de refus de réagir sainement en produisant de la richesse réelle.
Alors que, plus que jamais, pour faire face il faut créer des produits, des biens et des services compétitifs (et nous sommes bien placés pour cela), on s'accroche au verbe pour le patron, aux congés payés et aux primes pour les employés. On tient plus que jamais aux loisirs et on donne à la valeur travail, qui n'est qu'une condition minimum de survie, celle d'une panacée. La déception qui s'ensuit empire la situation. " Sarkozy, tu nous l'avais promis ! En travaillant plus on gagnera plus, or c'est le contraire, c'est en ne travaillant pas et en empêchant la population qui massivement vaque à ses activités, de travailler qu'on obtient des résultats. De petites catégories prennent en otage la population. Les camions font barrage, ou plus hypocritement marchent à une allure d'escargot, sans même penser aux urgences, à ces malades dont on compromet la survie. Qu'attend-t-on pour les arrêter pour entrave à la circulation?
Ce qui m'effraye c'est la réaction de ces inconscients lorsque les choses vraiment sérieuses se produiront, en n'évoquant même pas le scénario catastrophe. Ceux qui le peuvent, l'élite, les retraités, partent. Leur flux, réduit par rapport au flux (réduit grâce aux mesures du Président) passe inaperçu des statistiques, mais allez voir du côté de la Belgique !
Je vous quitte car je vais demander à un de mes clients d'encourager ses troupes du middle-management, ces précieuses courroies de transmission, au lieu de les prendre comme boucs émissaires d'une situation que nul ne peut contrôler. Il serait préférable pour eux de rendre visite aux modestes travailleurs du terrain, là où naissent les ressources, que de passer leur temps à lire des centaines de pages de rapport, 300 clichés Powerpoint et de passer des heures inutiles en réunions interminables et stériles
Mais, je viens de m'en apercevoir, nombreux sont les chefs d'entreprise qui se sentiront visés, et ils risquent de me prendre pour un dangereux agitateur, un défaitiste, bref, un bouc émissaire !