Thursday, 9 August 2007
Que d'eau, que d'eau !
On ne prête qu’aux riches. On a raconté que le Général Mac Mahon, voyant pour la première fois la mer, en Bretagne, et prié de livrer ses impressions, déclara: que d’eau, que d’eau !
La réalité est toute autre. C’est à l’occasion des graves inondations provoquée par la crue de la Garonne, que le général de Napoléon prononça ces paroles définitives.
Elles furent reprises par la suite dans bien des occasions : Venise, et aujourd’hui Divonne, où il ne cesse de pleuvoir lamentablement, transformant le Château en arche de Noé. Elle inspira à un collègue canadien, suivant le journal télévisé une variante :
Que de vide, que de vide !
Ce condensé d’informations majeures et souvent imprévisibles, nous apprenaient des nouvelles susceptibles de bouleverser notre vie quotidienne, comme notre conception du monde. Saviez-vous par exemple :
Que le président Sarkozy déjeunera en famille avec le président Bush, une étrange coïncidence faisant que celui-ci ne réside qu’à 80 miles de celui-là ?
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Wednesday, 8 August 2007
Onzième livraison
Séquence 227 de l’Entretien
Catharsis
Note. Dans le manuscrit original calligraphié, certains textes sont superposés comme un contrepoint musical. On a cherché ici un équivalent en imprimant en noir gras le texte principal, en brun et italique, le texte qui établit un contexte ou l'entoure d'une résonance sans toucher à sa signification.
Famulus parut décontenancé. – Ce que le professeur a dit, c’est pour votre bien. En tant qu’expert des choses de la vie et de la mort, il a voulu vous venir en aide. En méprisant ses avis, vous vous coupez du seul lien qui vous rattache encore à votre père. Pis que cela, nous rejetez les messages que son amour vous adresse de l’autre côté de la mort et vous offensez le médiateur plein de sollicitude qui par fidélité à la parole donnée s’efforce de vous protéger. Votre vie, votre sécurité, comment pourrait-il les sacrifier à la coupable tranquillité des assassins de votre sang ? Votre nature vous pousse à l’acte contre nature : la non assistance à une personne en danger ; le fils adoré de Lars Hall, Lars Hall troisième du nom. Le bonhomme s’arrêta net comme s’il a avait épuisé ses réserves d’éloquence … et d’air vital. Emporté par son flot de rhétorique, il s’était enflammé ; Mais en scrutant l’expression du suédois il fut à nouveau désemparé. Le grand blond balançait à nouveau ses longues jambes, son visage lisse était dénué d’expression. Il se taisait. Enfin il se leva et se prépara à quitter la salle sans un mot, sans un geste d’adieu. Il allait franchir le seuil quand il lança :
- Ah, j’oubliais, ce n’est tout de même pas pour me parler de mes affaires familiales que vous m’avez attiré dans ce trou sombre… n’aviez-vous pas quelque chose à négocier ? Ce pourquoi je suis venu jusqu’ici ?
- Tu n’as pas tort mon garçon, répondit le professeur d’un ton bonasse, je me préparais en effet à te céder le coffret qui a excité à juste titre ta jeune convoitise, mais tout bien pesé, et après t’avoir écouté,Les yeux du professeur étaient comme des trous d’ombre inexpressifs,
je me suis ravisé. Il ne sera d’aucune utilité pour celui qui prompt à ses lèvres minces bougeaient à peine. tendre l’autre joue, ne rêve qu’à une médiocre existence de boutiquier. Pendant que le maître prononçait ce qui ressemblait fort à une sentence,
Je me suis trompé sur ton compte, Famulus en porte la responsabilité,
son disciple ne quittait pas des yeux le jeune homme.
qui chantait tes louanges.Il avait rougi violemment à la parole « boutiquier » mais serra les poings à l’allusion à son éducation En outre, tu manques d’éducation et de classe. Ce n’est pas ton père qui m’eût humilié ainsi.. Famulus était entraîné à déceler ces indices subliminaux. Partir sans saluer, passe encore, mais me prendre pour un marchand de La splendeur physique du suédois l’avait rassuré. Les êtres aussi beaux, tapis roué et manipulateur, cela passe la mesure. Les papiers de ton sains, calmes et robustes inspirent instinctivement confiance .
père, je les détruirai. Lui aussi se faisait des illusions. Il vient de mourir
Mais les muscles de son cou gonflaient, les avant-bras durcissaient,
une seconde fois. Le coffret attendra comme Excalibur celui qui le
, les puissants pectoraux saillirent comme d’un cygne en colère, les yeux étaient méritera, de la dimension de ceux qui ont accompli de grandes choses. clairs comme sous l’empire d’une drogue. Il allait répondre à la provocation Adieu. et attaquer comme un mastard quand le professeur s’appuyant au rayonnage, le fit basculer.
Et il disparut comme il était venu.
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Dixième livraison
Séquence 224 de L’Entretien
La Haine et la chair
Tes pleurs ne le feront pas vivre, commença le maître d’une voix sourde
Si tu veux lui payer tribut, que ta chair s’épanouisse dans la haine, que ta haine attire le désir, incarnée elle prendra vie.
Vie mortelle pour tes adversaires
Pendant que le maître déclamait ainsi, le jeune homme se resaisissait
Cancer de l’âme, étendant ses métastases
sa méfiance paysanne reprenant le dessus. L’homme le manipulait jouant de son désir
le long du réseau subtil du désir et de l’argent,
comme sur un orgue émotionnel aux mille registres
l’un servant l’autre,
de son désir de revanche, transmutation de l’amour en carnage
l’autre surgissant de l’un
chair cannibale, volupté suprême de la mort de l’autre.
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Tuesday, 7 August 2007
Il pleut
Temps béni pour travailler. Mes collègues de l'ISD travaillent eux, sans relâche alors que je m'octroie généralement quelques heures de marche et de natation, sans compter mon blog qui occupe comme d'habitude mes heures nocturnes. Mais aujourd'hui il pleut, hier il pleuvait, et demain il pleuvra aussi. Donc pas d'absentéisme.
Mes collègues après s'être concentrés sur les processus de désinformation, se sont interessés aux déterminants que nous avons nommés noeuds sémantiques, puis, de là , à une sorte de de géopolitique de l'intox et de la désinformation. Mais un mouvement se dessine, encouragé par Serge de Pahlen, l'éditeur de Virus. Il pense que nos cogitations sur la géopolitique mériteraient d'être portées à la connaissance du public. Elles s'appuient en effet sur des grilles de lecture assez originales, dont celle des quatre cavaliers de l'apocalypse.
Les quatre églises qui gouvernent le monde
Le manuscrit Pepys I, qui contient les séquences nucléaires de L'Entretien, conclut sur une Lettre de l'Esprit aux quatre Eglises. Ces églises sont des systèmes de répartition des hiérarchies de jugement et ne coïncident par exactement avec la typologie des noeuds sémantiques. Les quatres églises sont ainsi définies :
L'église d'acier, correspond à une hierarchisation par la force et se rapproche de Swatiska. Elle est nationaliste, orgueilleuse, dominatrice et abjure toute idéologie. On peut dire que la Russie de Poutine se rapproche de l'église d'acier.
L'église de diamant est fondée sur l'idéologie, et généralement celle-ci prétendre régir le bonheur, l'égalité, le progrès des populations; Elle correspond à l'idéal des droits de l'Homme, à l'idéologie communiste et socialiste, et au noeud sémantique Diamant Vertueux. La Russie de Poutine, de ce fait se différencie nettement de l'URSS de Staline. C'est le nationalisme, la force, le combat, le communisme en moins et le pétrole en plus.
L'église d'améthyste est fondée sur la croyance d'un Dieu tout-puissant régissant à la fois le monde des cieux et celui de la terre, ce en quoi il se différencie radicalement du christianisme. Il impose sa loi au monde entier et réduit en esclavage les mécréants, quand il ne les tue pas. Jadis le Christianisme était affilié à cette église, aujourd'hui c'est Djihad, l'islamisme conquérant et non adapté au monde moderne. Lorsque j'ai décrit les ravages du fanatisme religieux, voici plus de trente ans, nul ne pouvait encore soupçonner l'avènement du terrorisme et la montée de l'Islam.
L'église d'or repose sur le culte exclusif de l'argent roi, et de ses métamorphoses : argent-pouvoir, pouvoir-show biz et médiatique, pouvoir du sexe, pouvoir de la mort : drogue et ventes d'arme. Pour l'eglise d'or, l'argent pas plus que l'immoralité n'ont d'odeur. Les adorateurs de cette église ne pensent qu'au court terme et sont prêts à sacrifier leurs alliés, leurs enfants, les enfants de leurs enfants, et eux-mêmes , au lucre et à l'hédonisme. Car enfin, que ne ferait-on pas pour bénéficier d'une villa sur la côte d'azur, un yacht et un avion personnel? On se prostituerait pour moins que cela. Il en est cependant qui vouent à l'argent un amour désinteressé. Ils le thésaurisent et le seul plaisir de le contrôler et de l'accumuler, suffit à leur bonheur. On reconnaît dans cette église, Matrix (la bureaucratie et la mondialisation en surplus). Après tout, qu'est-ce qui a animé et la sollicitude pour les infirmières bulgares et pour leur tortionnaire? Non, la compassion humanitaire fait bon ménage avec le cynisme éhonté dans l'église d'or, pour la bonne raison que ni le mot humanité, ni le mot honte ne font partie de ses catégories de jugement. Le sens en est absent sous la carapace vide des proclamations vertueuses : secours compassionnel, intérêt d'état.
Qu'on ne voie pas dans ces lignes une critique des tractations de notre Président. Si ce n'était lui, c'était la Russie qui se serait présentée et enlever le morceau. Que fallait-il faire?
L'énigme russe
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Neuvième livraison
La séquence 222 de L’Entretien
La lettre de Lars Hall II à son fils
Mon Lasse bien-aimé,
Quand cette enveloppe te sera remise, je ne serai plus là pour t’aider, pour te guider, pour te protéger, toi, mon héritier, mon élu, mon unique trésor. C’est que le temps est venu où tu es en mesure de comprendre le sens de mes révélations, et les mesures que je t’enjoins de prendre sans délai.
Ton sang bouillant sera dompté par la ruse qui vient tôt aux adolescents mal aimés. Hald n’est pas ton frère, ni même ton demi-frère.
Lorsque je me mariai avec Helmwige, c’est la dynastie des Bentzinger que j’épousais. Nulle tendresse, encore moins de passion entre nous. Elle m’avoua plus tard ce que je soupçonnais: Hald était le fruit de son union adultérine avec le dernier descendant de la famille Benteler de Mayence et il devait hériter de la fabuleuse fortune accumulée pendant le nazisme et soustraite à l’inquisition fiscale des Etats-Unis. Par la suite, Christiane vint au monde, et elle en attribua la paternité à un autre amant, américain celui-là. Je découvris avec horreur que je devenais impuissant, à cause sans doute de la répugnance que m'inspirait cette femme et du certificat médical qu’elle me mit sous le nez : j’étais stérile ! Je n’avais dautre choix que de garder le secret afin de préserver l’honneur des Hall … et la fortune ainsi accumulée dont j’avais la libre disposition.
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Monday, 6 August 2007
Quelle langue parlez-vous?
Hayakawa, le grand sémanticien, auteur de Language in Though and Action, énumère quatre types de langages, que nous adoptons dans des circonstances données de la vie.
Le premier, est ce qu'il nomme la langue vernaculaire. C'est la langue maternelle, celle de notre enfance. On y a recours lorsque le paraître se relâche et l'authenticité des pulsions premières domine. Lorsqu'on éprouve transportés par des émotions bouleversantes, de les crier, de les sussurer, toujours de les faire pénétrer dans les tréfonds de l'autre et de nosu mêmes. Le plus souvent la langue vernaculaire utilise les mots et les tournures de l'enfance, les petites phrases et les petits mots-bruits qui ne signifient rien et qui disent tout. La langue vernaculaire est celle qu'on se parle, celle que l'on parle pour mettre dans la confidence, dans la familiarité. Papa, Maman, à l'aide! fais moi un câlin, un bizou, t'es méchant, etc... Ma langue naturelle, vernaculaire est l'italien. Je l'ai parlé avant le français et elle me servait à communiquer avec maman (pas avec ma mère). "Mammina, ti voglio un bene dell'anima, mammina cara, non lasciarmi, come stai, ho male qui, sono felice, aiuto, ho male, cosa farei senza di te? Mi manchi, ho mal di pancia, che disdetta! Porca l'oca. Che se ne vadi a pesca quel sciagurato! ". Ma femme parlait allemand avec mon fils, mais tout ce que j'en ai retenu est "donnerswetter! ein schmuzi!" alternant avec le français vernaculaire " ce garçon me prendra mes derniers nerfs!"
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