Organisation
Friday, 22 June 2007
La réduction du paquet d'ondes, une puissante métaphore
Cet article devrait avoir sa place dans la rubrique spécialisée consacrée à la Théorie des Systèmes et aux spécialistes en organisation. Mais je trouve que sa signification dépasse singulièrement le champ étroit de la réflexion technologique et incite à une réflexion approfondie sur la nature de nos systèmes fondés sur les sondages et les modèles abstraits.
J'ai bien dit métaphore. En effet il n'y a rien en commun entre les phénomènes quantiques qui se manifestent à une échelle infinitésimale et l'expérience courante à l'échelle humaine. Cependant les énigmes posés par la dualité onde-particule se retrouvent dans notre univers sensible. Cette réflexion est issue de la rencontre de deux interrogations. La première émane de ma soeur qui a du mal à comprendre comment le chat de Schroedinger peut être à la fois mort et vivant. Je lui ai undiqué un site de vulgarisation très bien fait, qui termine son exposé en conseillant aux lecteurs de prendre un comprimé d'aspirine.
C'est plutôt du paracétamol qu'il faudrait pour apaiser les doutes de l'informaticien d'une entreprise que je conseille. Il est confronté à un problème dans lequel il se débat depuis des mois sans parvenir à le résoudre. Et s'il était indécidable?
Le chat mort-vivant et la roulette de Monte Carlo
Considérons un corps radioactif qui se désagrège en perdant tous les ans la moitié de son poids. On peut prévoir avec une bonne précision le nombre de photons émis par mois. Mais lorsqu'on examine de près ce qui se passe au niveau de l'emission, nous constatons qu'a un instant donné on ne peut prédire s'il y aura ou non décharge d'une particule. Si oui, elle frappera sur une plaque photosensible qui actionnera un marteau, qui cassera une fiole de poison, qui tuera le chat. Sinon, le chat sera vivant. Mais avant d'observer la particule, tout ce qu'on peut dire à son propos est qu'elle est émise et non émise. En fait elle n'est pas une particule mais une onde de probabilité. Ce n'est que lorsqu'on observe l'émission de la particule que le ET logique se transforme en un OU exclusif.
Rendons nous au casino. Deux observateurs sont assis à deux tables de roulettes. Ils ont des martingales. Savez-vous ce qu'est une martingale?
Continuer à lire "Le journal du 22 juin 2007"
Monday, 11 June 2007
La feuille de route du président Sarkozy
Sans complexe le président distribue à ses ministres leur feuille de route. Fayol un des pères fondateurs de l'organisation avec Taylor et Weber, et mon prédécesseur à la chaire d'organisation du CNAM, écrivait que les travailleurs seraient motivés par deux buts : être rémunérés convenablement et durablement, avoir une feuille de route, c'est à dire savoir exactement ce qu'on attend d'eux, et ce qu'ils doivent faire. Il ne leur appartient pas de tracer la route, les chefs le font pour eux et ainsi ils s'épargnent les cruels dilemmes générateurs d'incertitude, de responsabilité, et d'ulcères à l'estomac.
Le grand problème pour l'organisateur du travail a qui est confiée la tâche ingrate de décentraliser, n'est pas l'opposition sournoise ou ouverte des mandarins du siège, c'est la crainte des directeurs locaux de devoir trancher. L'autonomie leur fait peur. Elle n'est souhaitée que lorsqu'elle est hors de portée. Les locaux se plaignent alors bruyamment de leur manque d'autonomie et nous explique que s'ils avaient le pouvoir de décision, on verrait ce qu'on verrait. Mais prenez-les au mot, ils seront empoisonnés. Certes ceci ne vaut que pour une partie de la population, mais cela tient à plusieurs facteurs. Il est tout d'abord des gens qui détestent prendre les initiatives et préfèrent effectuer un travail animal, selon l'expression de Karl Marx. D'autres, en nette minorité, piaffent et se révoltent. Ils veulent bouger, ils veulent faire des choses, entreprendre, aller vers de nouvelles aventures, relever de nouveaux défis. Lorsqu'ils perdent, ce sont des révoltés, des hors-la-loi, des empêcheurs de tourner en rond. Lorsqu'ils gagnent ils deviennent des chefs, des leaders, des patrons. Entre les deux tempéraments, sinon génétiques, ou géniques, du moins astrologiques, on trouve les comportements dûs à l'environnement. Dans une société centralisée, les futurs-éventuels entrepreneurs sont découragés, usés, contraints à quitter l'organisation. Ceux qui restent sont châtrés et obeissent aux lois de Fayol : ils absorbent leur pitance et comme l'âne muni d'oeillères, s'en vont tout droit vers la retraite.
Ce qui est vrai pour une société, l'est aussi pour la société. La France comme la Russie, découragent les initiatives privées. Il s'ensuit une passivité de la population dont le rêve est d'être fonctionnaire, bureaucrate, professeur d'université, juge ou écrivain. L'action qui leur manque, ils la projettent dans le rêve, la fiction, l'abstraction. L'idéologie les dispense de réfléchir, ce qui signifie déjà agir mentalement, prendre partie, accepter paradoxes et dilemmes. Incontestablement le clivage entrepreneurs-fonctionnaires, est tributaire des croyances religieuses. Dans notre occident, les pays catholiques favorisent la relation maître-esclave et cela donne le paradigme impérial (monarchie absolue, catholicisme intégriste, national - socialisme, communisme, islamisme intégral etc). Les protestants se sont évadés du joug idéologique mais le payent par un opportunisme qui frise le cynisme.
Continuer à lire "Le journal du 12 juin 2007"
Sunday, 3 June 2007
Bonté, simplicité, humilité
Les clés de la productivité
In memoriam Roger Staffe
Le blog fait souvent ressurgir les fantômes du passé. Je viens de recevoir une lettre qui dans sa simplicité m'a touché au fond du coeur. Elle émane de Claude Staffe, le fils de celui qui a été mon premier patron, directeur de la logistique et des réserves au Bazar de l'Hôtel de Ville, à Paris. Il m'écrit notamment :
" ... Je suis le fils de monsieur Roger Staffe avec qui vous avez collaboré au BHV autour des années soixante... Mon père a si souvent évoqué avec moi vos années de travail en commun, vos voyages professionnels, et les liens cordiaux qui vous avaient unis, que vous êtes resté présent dans nos souvenirs. C'est à travers les médias que nous avons pu suivre votre brillante carrière de professeur, d'écrivain et de philosophe... Je sais que mon père aurait aimé vous revoir, mais le temps, léloignement et votre notoriété l'ont sans doute retenu. ... Parmi d'autres souvenirs j'ai hérité une de vos oeuvres à l'aquarelle sur papier d'Arches représentant la Baie d'Along. ... Ma lettre n'a pour but que de vous apprendre, bien tardivement la disparition d'un homme qui ne vous avait jamais oublié.
Cette lettre me rappelle que j'ai trop accordé d'importance à l'actualité politique, au détriment de ce qui est mon premier métier : le noble et difficile travail de l'organisateur. Il est vrai qu'il a aujourd'hui pratiquement disparu, comme l'art des verriers et des tailleurs de pierre. Il était condamné par les informaticiens qu'il privait d'une bonne partie de leur bifteck. En effet l'organisation, telle que me l'avaient apprise mon maître Raymond Boisdé, du CNAM, successeur de la chaire initiée par l'illustre Henri Fayol, le père de l'organisation administrative, reposait sur des principes insupportables aux compagnies de logistique et d'informatique. En voici quatre : "il faut informatiser ce qui a été organisé et non organiser ce qui a été informatisé" , " L'organisateur est le médecin de l'entreprise, il doit lutter pour élever sa productivité, sa popularité et son prestige dussent-ils en souffrir " " Ce qui n'existe pas ne mange pas de pain", "L'OST (l'organisation scientifique du travail) c'est l'obtention de la sympathie du travailleur.
.
Continuer à lire "Journal du 3 juin 2007"
Sunday, 27 May 2007
Les conséquences des conséquences
Loin de moi l'idée de disserter sur les thèmes à la mode. Rien ne m'irrite plus que des bobos qui donnent leur avis sur ce dont ils n'ont de connaissance que par la grande presse, et qui se font les relais de désinformations éventuelles, si ce n'est le idéologues, qui, eux, connaissent éventuellement leur sujet, mais en transmettent une image déformée et se fint le relais de désinformations systématiques.
Je n'ai aucune connaissance en matière d'écologie, et en particulier de développement durable, de commerce équitable et de préservation de la planète. Mais j'entends souvent les conversations entre ma soeur Marina Fedier,chargée d'organiser des séminaires culturels, et d'éminents spécialistes dans ces domaines, et je suis frappé entre leurs explications, unanimes, et les mots d'ordre d'écologistes largement médiatisés. Un exemple concerne les biocarburants.
Le point de vue de nombreux écologistes politiques, ou de politiciens écologistes, je ne sais, est simple. Le pétrole pollue. Les biocarburants ne polluent pas. Le pétrole viendra à manquer. Les biocarburants pourront les remplacer etc... Et de comparer l'energie végétale à celle produite par des éoliennes, des cellules solaires ou la biomasse.
Or les connaissances transmises par les spécialistes laissent entendre une toute autre chanson. Non seulement la production de biocarburants ne diminuera pas la pollution, mais elle entraînera une véritable catastrophe écologique.
Le raisonnement tenu par les spécialistes consultés est le suivant.
1. Il faudra produire d'immenses plantations de Maïs ou autres sources d'éthanol provenant du sucre des végétaux, et seule la monoculture permettra une production suffisante pour compenser une partie de la production de pétrole. Une partie, car si l'on devait satisfaire tous les besoins potentiels de la planète, la surface de celle-ci n'y suffirait pas.
2. Tout ceci signifie déforestation, emploi massif de pesticides, consommation monstrueuse de l'eau devenus une denrée rare, et, par dessus tout, consommation d'énergue pour la transformation de la céréale en carburant utilisable.
3. Certes les paysans vont s'enrichir. Leur avenir est assuré, car les besoins en carburant sont virtuellement illimités. Mais la terre qui servait à donner à manger aux hommes des produits naturels et sains, va réduire son rôle essentiel pour nourrir les automobiles. On marche sur la tête!
Incontestablement il y a là un problème. C'est un cas flagrant de dissonance cognitive d'autant plus forte, qu'elle concerne l'avenir de la planète. Sans vouloir résoudre le problème, je me contenterai de faire deux remarques
1. Au plan epistémologique, il est peu douteux qu'un éclaircissement est nécessaire. Je ne sache pas que les écologistes qui défendent les biocarburant soient conscients de ces effets secondaires et qu'ils aient fourni des réponses convaincantes aux spécialistes. Cela me rappelle la position de Claude Allegre, affirmant que le réchauffement climatique n'était qu'un accident statistique et non le résultat d'un effet de serre.
2. Je ne connais que trop la propension des hommes à privilégier les conséquences et à minimiser les conséquences des conséquences. Ma formation de systémiste, m'incite - sous bénéfice d'une information contraire - à croire que c'est ce qui se passe dans ce non-débat. Par ailleurs, les biocarburants induisent des transformations graves de notre écosystème, dont on ne peut prévoir les conséquences des conséquences. C'est une posture conforme à Matrix, qui va vers la monoculture et la production indifférenciée de masse. Les écologistes qui soutiennent cette piste, seraient bien étonnés d'apprendre que leur démarche est en parfaite harmonie avec ce qu'ils détestent le plus : les prédateurs de la globalisation.
J'aimerais bien que l'on me renseigne sur ce sujet, d'une part pour réduire ma dissonance cognitive personnelle, d'autre part pour savoir qui désinforme qui?
Nouvelles du blog Réponses à des commentaires
Comme vous l'avez pu constater, je me fais un devoir de répondre, parfois trop longuement aux commentaires qui me sont adressés. Je les prends très au sérieux et cela me fait avancer ainsi que, je l'espère, mes amis internautes.
Continuer à lire "Journal du 28 mai 2007"
Wednesday, 23 May 2007
Des goûts et des parfums
J'adore enseigner. On s'en est déjà douté en lisant les "masterclasses". Mais cela dépend quand même des auditoires. Lorsque j'étais à la Wharton School, les undergraduates étaient des affamés de connaissance, curieux, imaginatifs, posant des questions décalées avec bienveillance et naïveté. Au niveau du doctorat,les futurs PHD étaient aussi créatifs, mais avec la connaissance en plus. On peut même estimer que la connaissance, ils l'avaient dépassée et ils désiraient s'aventurer vers les territoires inconnus, avec toutefois le souci de respect des règles académiques. Ils ne seraient pas allés juqu'à admettre la parapsychologie! Cette largeur de vue était réservée aux grands maïtres comme Hazan Osbekhan ou Adrian McDonough, et encore, dans la confidentialité de leur salon. Le problème - pour moi - était le milieu : les graduates, ceux qui aspiraient au MBA. Il y avait toujours parmi eux un "geek" ou une femme savante, dont le seul moyen de se valoriser était de poser au Prof des questions très pointues dont ils connaissaient les réponses , pour ensuite le coincer. Ces prétentieux, agressifs et imbus d'eux même, me rappelaient certains bobos parisiens, ce qui montre que l'ignorance pédante n'est pas un apanage de notre pays.
Le vrai bonnheur pour un professeur, est de tomber sur un jeune en fin d'études, passionné par son métier, jusqu'au fanatisme. Il y a beaucoup à apprendre, surtout si l'étudiant est spécialisé dans une branche aussi différente que possible que la votre. C'est le cas de Raphaël Amanatian, un garçon de 22 ans qui termine ses études sur les "Flavours". Ce terme américain est intraduisible. Il enveloppe aussi bien les notions de goût (la saveur, la sapidité) que d'odeur (parfums, senteurs). Ls quelques rudiments qu'il m'a appris, rejoignent les paradigmes universels, découverts par Lawrence et Lorsch (la théorie de la contingence) et d'une manière plus spécifique, la globalisation à l'envers de David le chameau.
Continuer à lire "Le journal du 24 mai 2007"
Monday, 21 May 2007
L'artisanat technologique
Au moment où on annonce le "Grenelle de l'écologie", il n'est pas inutile de s'interroger sur les relations structurales entre la globalisation et la pollution, la destruction des classes moyennes et la concentration démente des moyens de production et la fracture sociale et économique. Le problème est qu'on confond "Force de la terre", essentiellement proche de la nature, et hostile aux mégaorganisations, et "Matrix" qui envahit le monde et le détruit implacablement. Or les sensibilités de gauche, confondent les deux noeuds sémantiques et s'attaquent aussi bien à "Force de la Terre", facteur de prospérité et d' humanité, sinon d'humanisme, qu'à "Matrix" qui en est l'hideuse caricature. Le résultat est inverse à leur but. En effet Matrix est beaucoup plus résistant que Force de la Terre, et d'ailleurs s'emploie également à le détruire.
Par ailleurs, il faut bien reconnaître que les altermondialistes et les écologistes ont raison de tirer la sonnette d'alarme et de manifester contre la mise à sac de la planète. C'est à juste titre qu'ils accusent la politique à court terme des organisations multinationales prédatrices. Le problème est qu'aveuglés par leur idéologie, ils associent Force de la terre, facteur de prospérité, à Matrix, se rangeant eux-même sous la bannière de la contre-culture Medusa. De raison, ils se donnent tort.
L'intérêt de l'initiative de Nicolas Sarkozy, d'officialiser des mouvements jusqu'ici rejetés par la politique à court terme de Matrix, est qu'elle permet d'affirmer les valeurs traditionnelles de la droite Force de la Terre et celles des écologistes. En fait l'alliance est légitime puisque Force de la Terre, contrairement à Matrix, respecte la nature, pense aux cycles longs (on plante des chênes plutôt que des peupliers) et ses valeurs de patrie et de civisme, sa haine du gaspillage conduit à des pratiques que les écologistes en peuvent renier.
J'engage les internautes à se reporter à la seconde partie de David le Chameau et la globalisation, que je viens de finir à l'instant de rédiger. On montrera comment la haute technologie permet d'espérer concilier efficience et qualité. J'espère dans une masterclass prochaine, rappeler la logique des structures cellulaires, qui sont un pas de plus vers l'humanisation des organisations et qui va beaucoup plus loin que la simple décentralisation. N'hésitez pas de poser des questions. C'est le but de ces Masterclasses.
|
Commentaires