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Sunday, 12 August 2007
Il pleut ! Mais puisqu'on vous dit qu'il pleut!
En voyant cette piscine ensoleillée vous seriez tenté de déclarer fausse l’assertion du titre. Et pourtant vous céderiez ainsi à une vulgaire affirmation populiste, qui consiste à prendre ce que l’on voit pour le réel. Le réel, c’est comme le dit Lord Kelvin, ce qui est mesurable, et ce qui peut être mesuré l’est aujourd’hui par les superordinateurs. La vue que vous avez sous les yeux est-elle mesurable ? Non. Elle ressemble certes à l’expérience que vous avez ressentie en vous plongeant dans cette eau tiède, mais celle-ci est également sujette à caution : ni mesurable, ni reproductible, autant se fier à une des piscines peintes par Hockney : de pures illusions.
Alors que dit le réel ? Qu’il pleut. Les simulateurs météorologiques on annoncé à une heure, que dans notre région il a plu toute la journée... Leurs prédictions, même concernant le passé, sont en flagrante contradiction avec le vécu charnel, individuel, par ce que nous dit notre conscient. Illusion ! Superstition ! Hallucination ! Entre les super-ordinateurs symmetric de la Météo, et votre humble expérience subjective, la cause est entendue.
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Monday, 6 August 2007
Quelle langue parlez-vous?
Hayakawa, le grand sémanticien, auteur de Language in Though and Action, énumère quatre types de langages, que nous adoptons dans des circonstances données de la vie.
Le premier, est ce qu'il nomme la langue vernaculaire. C'est la langue maternelle, celle de notre enfance. On y a recours lorsque le paraître se relâche et l'authenticité des pulsions premières domine. Lorsqu'on éprouve transportés par des émotions bouleversantes, de les crier, de les sussurer, toujours de les faire pénétrer dans les tréfonds de l'autre et de nosu mêmes. Le plus souvent la langue vernaculaire utilise les mots et les tournures de l'enfance, les petites phrases et les petits mots-bruits qui ne signifient rien et qui disent tout. La langue vernaculaire est celle qu'on se parle, celle que l'on parle pour mettre dans la confidence, dans la familiarité. Papa, Maman, à l'aide! fais moi un câlin, un bizou, t'es méchant, etc... Ma langue naturelle, vernaculaire est l'italien. Je l'ai parlé avant le français et elle me servait à communiquer avec maman (pas avec ma mère). "Mammina, ti voglio un bene dell'anima, mammina cara, non lasciarmi, come stai, ho male qui, sono felice, aiuto, ho male, cosa farei senza di te? Mi manchi, ho mal di pancia, che disdetta! Porca l'oca. Che se ne vadi a pesca quel sciagurato! ". Ma femme parlait allemand avec mon fils, mais tout ce que j'en ai retenu est "donnerswetter! ein schmuzi!" alternant avec le français vernaculaire " ce garçon me prendra mes derniers nerfs!"
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Thursday, 2 August 2007
Quatrième livraison
Le deuxième talisman
Séquence 218 de l’Entretien
- Attendez d’avoir examiné ceci, mon garçon, insista l’homme en gris en le saisissant par le bras. Lars eut un vif mouvement de recul, comme si un reptile sec et froid l’avait happé. L’autre s’en aperçut car il retira sa main et la fit voltiger en l’air, traçant d’invisibles lassos.
- Voyez cet objet, qu’en dites vous ? Il sortit de dessous la table recouverte d’un feutre noir, une sorte de bâton enveloppé dans un drap de soie pourpre. C’était un rouleau d’environ un mètre qu’il déroula comme un kakemono.
Ainsi déplié il avait l’apparence d’un store vénitien aux lames d’acier exceptionnellement fines. En l’examinant avec attention, il découvrit à sa grande surprise qu’il était lisse comme un miroir, à peine strié par d’imperceptibles horizontales et aussi réfléchissant. S’étant approché du miroir, il s’attendait voir en toute logique l’image d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence, blond, rougeaud, aux formes lourdes et pataudes. Mais celui qui lui faisait face était inexplicablement de tous ceux qu’il avait rencontré dans les autres miroirs et dans la glace du magasin. C’était lui et pas lui. Le rose des joues, l’éclat mystérieux des yeux, l’or pâle du casque bouclé dru, les épaules larges mais sans vulgarité, les jambes longues mais robustes, et surtout les lèvres sensuelles et un peu mélancoliques, révélaient un être mythique, un « Waldknabe » un héros de la forêt nordique comme ceux qu’il avait vu dans les livres pour enfants.
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Wednesday, 18 July 2007
Chronique italienne N°22
Comment recruter un grand dirigeant?
Un billet de Francesco Alberoni dans Corriere della Sera du 16 juillet 2007. Première page.
J'ai trouvé cet éditorial dans le billet de Marina Fédier : Eau vive. J'en reproduit la fin qui sera utile à tous ceux qui cherchent à recruter pour leur firme un dirigeant vivant et non un technocrate mort. Ce ne doit pas être facile à juger par le nombre de zombies qui hantent les états-majors des états, des administrations et des grandes entreprises globalisantes. Les contre-exemples, comme par exemple le choix de Marchionne comme directeur de Fiat, sont particulièrement rares. Voici quelques notations particulièrement fructueuses.
Lorsque vous devez juger une personne dont on dit qu'elles ont beaucoup de talent, qund vous devez choisir un haut dirigeant, quand vous devez choisir un chef, je vous conseille une méthode.
Faites-le parler, participer à vos activités concrètes, écouter librement et connaître vos options. Puis, à l'improviste, dites -lui " peux-tu m'accorder deux minutes de ton temps? Dis-moi si je dois faire ceci ou cela, si je dois dire oui ou non. " S'il se trompe, perd du temps à répondre ou fait de longs discours fumeux, laissez tomber. S'il identifie le point essentiel, soumettez-le encore deux ou trois fois à d'autres épreuves de ce genre, et s'il les surmonte, choisissez-le.
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Friday, 13 July 2007
Chronique italienne N°17
Surmenage
Ce journal arrive in extremis et je ne puis accuser le serveur. Tout simplement, depuis que ce blog existe, j'ai déserté mon poste, la nuit de minuit à cinq heures du matin. Je me suis bêtement endormi devant l'écran !
Il y a évidemment bien des raisons à cette défection. Le soleil d'Italie, enfin au rendez-vous en Ligurie, mais surtout un défilé de clients venus en hélicoptère, en yacht ou en voiture escortée. Par un étrange concours de circonstances, tous venaient chercher des réponses que leurs conseillers étaient bien incapable de leur donner. C'est que ces gens là, espèce raisonneuse et raisonnante,ne peuvent répondre qu'à des familles raisonnables de questions, c'est à dire des questions bien délimitées, formalisées et interprétables par des logiciels aussi puissants que sophistiqués. Mais mes clients ne voulaient pas des réponses à des questions mais à des interrogations. Pour la bonne raison qu'ils ne savaient pas quelle question poser (autrement leurs spécialistes leur auraient répondu, bien ou mal). Ils ne savaient même pas où résidait exactement le problème et s'il avait une solution.
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Friday, 6 July 2007
Chroniques italiennes N°10
La Fiat 500 a été inaugurée hier. Un triple symbole : de l'ingéniosité industrielle de l'Italie, de la dynastie des Agnelli, de ce que peut faire un patron génial.
A gauche Lavinia et John Elkann.
Voici environ trois ans, on parlait beaucoup de John Elkann, que son grand-père L'avoccato avait adoubé comme son successeur. Après mûre réflexion il avait jugé que ce jeune homme prudent et réservé était digne de prendre la tête de la famille et de la défendre. Il l'avait formé dans ce but. Notamment il bénéficia des conseils des deux hommes que j'estime les plus efficaces dans le domaine du management : Jack Welch et - à l'occasion d'un déjeuner - Thierry Breton.
Le jeune homme était très aimé par le public, surtout à cause de la Juventus et de Ferrari, qui étaient partie intégrante de Fiat. Mais surtout, Fiat c'est l'Italie, et quand Fiat va mal, c'est le pays qui en pâtit. Les gens de condition populaire, faisaient instinctivement confiance à "Jacky" et pensaient "si quelqu'un peut sortir Fiat de là, c'est lui". En fait le mérite de John Elkann et de Gabetti, son mentor, fut de recruter et de soutenir dans une période catastrophique, un manager de la trempe de ceux que je viens de nommer : Sergio Marchionne. J'ai eu l'occasion de lire son crédo managérial, et il est parfaitement en phase avec Welsh et Breton.
Il est de bon ton de déplorer la différence de salaire entre un patron et un employé de base, notamment à l'occasion des révélations sur l'enrichissement du président de Vinci. Certes, il est particulièrement scandaleux de ménager des parapluies dorés pour des parachutés de l'Ena, de l'administration et du lobby politico-bureaucratique. C'est une des tares de notre pays, infesté par les connivences entre grands corps et milieu industriel et bancaire. Mais c'est une exception française, car dans la plupart des pays touchés par Matrix (la globalisation) le milieu rémunère bien contre des résultats et fait jouer la concurrence sans états d'âme lorsqu'il s'agit de se disputer des leaders. L'exemple de Marchionne montre l'extraordinaire impact que peut avoir le talent, le charisme et la vision d'un seul homme de conviction sur le sort d'une firme, qui naguère frôlant la faillite, voit sa valeur multipliée par 5 en trois ans.
Ceci n'aurait pas été possible sans le sang-froid dont ont fait preuve les dirigeants du groupe, dans l'oeil du cyclone. Il est facile après coup à des bureaucrates de ciller sur l'orthodoxie de certaines mesures, et de se montrer tatillons. Qu'ils aillent expliquer cela à des ouvriers menacés par des restructurations massives!
Généralement dans les sociétés d'une certaine ancienneté, gérées par des héritiers viellissants avides de pouvoir, et ne voulant pas en abdiquer une parcelle au profit d'étrangers au clan, ou à la famille, les managers de génie ne font pas long feu. C'est la raison d'être notamment des fameux parachutes dorés. Au début, on les traite comme des sauveurs, puis quand les résultats commencent à être au rendez-vous, les avanies commencent avec les intrigues, et bien souvent les actionnaires se mêlent de tout, croyant que la propriété des actions leur donne compétence et talent.
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