Le dossier de l'entretien
Monday, 12 November 2007
Honolulu tel qu'on ne le connaît point
un voyage photographique original
Il est 17h 09 et le millième visiteur de la journée vient de se pointer. Frédéric Bonnet aussi, qui revient d'un long périple avec un très bon photographe avec qui il a séjourné sur la côte Ouest pour terminer une série de photos à Honolulu, photos destinées à montrer le paradis du Pacifique tel qu'on ne l'a jamais vu, authentique et aux antipodes du kitsch touristique avec coucher de soleil derrière les palmiers.
En fait de paradis la ville de Honolulu est une véritable horreur de béton, pis encore que la Floride. Il faut s'éloigner pour rencontrer la nature, une nature qui ne coïncide pas forcément avec la carte postale des tours opérateurs. Au contraire. Il faut chercher un peu pour trouver les fameux palmiers sur fond de mer turquoise et ciel flamboyant. La nature, la vraie est tout le contraire. D'une incroyable diversité, tantôt luxuriante et sombre, tantôt d'une aridité désertique, on passe d'un univers à l'autre sans transition.
Avec son photographe, ils ont attendu que le soleil soit couché pour révéler la mystérieuse et authentique beauté de l'île, dépouillée de toute la pacotille touristique qui la couvre comme un filet discordant de détritus kitsch. Bonnet m'a promis de nous réserver les photos les plus surprenantes. Ainsi découvrirons-nous Hawaï derrière Hawaï.
L'enfant de l'Océan
Aujourd'hui, pendant que mon millième visiteur se pointait, j'ai appris une nouvelle très chargée de signification pour mon projet ultime. Un petit garçon voué à l'Océan, apparut sur la planète. Or tout L'Entretien est issu de l'Océan. C'est en me promenant convalescent sur la grève déserte, en plein hiver, que ma vie a basculé et que je me sentis devenir un témoin, ce vieillard de l'Apocalypse, appelé à relater les choses merveilleuses et affreuses qu'il nous serait donné à expérimenter en ce début de millénaire. Il nous faut bien convenir qu'il y a bien eu basculement, mais non point personnel, ni technique, pas plus que technologique ou politique, cela n'est pas l'affaire du Livre de Jean, mais basculement des échelles de valeur, des paradigmes, interversion du Bien et du Mal, négation de celui qui nie, acclamation de l'hydre qui affirme et assène les vérités.
Cette nuit, je la vécus à l'heure de l'Océan, celui d'où sort toute vie, le grand générateur, le réceptacle des choses cachées. Elle se tint sous le signe du Scorpion qui flotte entre deux eaux, écume et bas-fonds, visiteur de ces trésors liquides enfouis dans la Grande Matrice. Si Scorpion est signe d'eau stagnante, agent de métamorphose et de destruction, de transformation et de renouvellement, orienté vers une vie nouvelle, Ocean est l'eau vive, vagues chevauchantes qui gonflent et déclinent, se renouvellent sans relâche, servantes d'Héraclite, embrassant tout ce qui a été, qui est et qui sera.
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Saturday, 13 October 2007
Une communication à mes amis
Ainsi que vous pouvez le constater, il est exactement cinq heures du matin. Depuis minuit, se sont branchés sur ce blog 163 noctambules. C'est à eux que le m'adresse. Le titre provient d'un écrit de Wagner, qui, inlassablement, avait besoin de s'exprimer sur la signification de son grand projet du Ring. Ce dernier fait partie des oeuvres les mieux documentées qui soient. Le maître de Bayreuth n'a point été avare en indications de toutes sortes, sur le sens, sur le style, sur l'interprétation et la dramaturgie. L'oeuvre est en effet totalement intégrée et caculée à la seconde près, ce qui lui coûta un labeur titanesque. Il répétait qu'il serait difficile de trouver une seule note qui ne soit engendrée par les précédentes, et qui n'enfante pas les suivantes. Pour arriver à ses fins, il construisit un théâtre sur mesure, il multiplia les répétitions, pensa même ouvrir une école de chant pour former les acteurs-chanteurs selon ses exigences.
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Sunday, 23 September 2007
L'auteur et son blog
A Renzo Ardiccioni
C'est on le sait avec une certaine apprehension que j'ai lancé sur ce blog mon travail personnel le plus représentatif de ma vision et de mes choix essentiels : L’Entretien.
Pour ne pas déroger aux lois de Wikipédia que je me suis imposées, j'ai toujours évité de me mettre en valeur, et d'étaler mon ego. Notamment ne pas mettre à tout bout de champ et à toutes les sauces mon portrait. (Il n'apparait que deux fois : dans ma biographie, avec Bill Viola et Marina Fédier, dans le compte-rendu de mon pèlerinage à Rotterdam), ou citer les personnalités prestigieuses qui fréquentent ce blog,
J'ai fait précéder mes travaux personnels d'un rectangle vert, et les séquences de l'Entretien, d'un carré noir . Néanmoins je ne regrette pas de l'avoir publié, car à mon grand étonnement, les visiteurs qui le fréquentent s'est révélé largement supérieur à la moyenne.
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Thursday, 20 September 2007
La campagne de Recloses
Lorsque j'étais jeune, j'étais un promeneur infatigable. Hiver comme été, je parcourais en tous sens la plaine qui s'étend de Recloses, en lisière sud de la forêt de Fontainebleau, à la ville de Nemours. La plaine était convexe, dépourvue d'oiseaux, d'animaux, d'être humains. Mon parcours, de Recloses à Saint Pierre lès Nemours, ou à Montigny sur Loing, traversait une sablière, vaste vallée neigeuse, aujourd'hui anéantie, les villages oubliés de Grès sous Loing, où habitait la veuve de Marcel Duchamp, Larchant fière de sa cathédrale, blottie dans un vallon en ruines, entouré des rochers chaotiques où poussaient des plantes préhistoriques, des mousses étranges, des bouleaux violacés et des pins torturés. Le silence total aspirait des sons imaginaires, surgis des profondeurs inconnues de la psyché: bruissements de voix, tintement de clochettes et de glockenspiels, paroles éparses, dispersées par le vent acide de la plaine.
Revenu à mon auberge, l'humble relais de poste, du début du XIXeme siècle, le saisissais mes pinceaux, et je traçais sur le magnifique papier Richard de Bas, des signes que nul ne lirait. J'avais toute la vie devant moi, riche d'opportunités. Manquées hélas, car oblitérées par l'angoisse du chômage, de la maladie, de la solitude, du mépris des vivants.
Aujourd'hui mon parcours s'achève, des nuages menaçants s'accumulent prêts à déverser des trombes de maléfices dès le mois d'octobre. Mais je me sens jeune de toutes mes années perdues, non vécues, plus jeune qu'alors. Une joie intérieure me pénètre, l'espoir de la survie chèrement acquise, et autour de moi "i spiriti gentili" les esprits bienveillants : amis récents, d'une qualité et d'une noblesse que je ne connus jamais, me témoignant respect et affection filiale... ou plutôt celle qu'on porte à ces grands pères de légende. Et puis, le miracle de ces voix inconnues qui me lisent sur le blog, bouteille à la mer sans cesse arrivée à destination.
Si j'écris ces quelques pages dont l'intimité justifie le hors blog, c'est qu'il est possible que ma voix s'affaiblisse, et s'éteigne. Je demande aux quelques uns que je connais, Poil à Gratter, Herbe et les autres, de faire une petite prière pour celui qui se prépare à accomplir une voyage chargé d'incertitudes. Même les esprits forts, même les athées peuvent prier, et les études de parapsychologie récentes semblent montrer que lorsqu'on est environnés d'affection, même d'inconnus, on resiste mieux à l'adversité.
Permettez-moi de retranscrire cette poésie chinoise, à ma manière :
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Monday, 10 September 2007
Off the record
Avez-vous vraiment envie de continuer? Si oui, vous prendrez connaissance de certaines circonstances très personnelles relatives à la genèse de l'Entretien. Notamment l'état de raptus dans lequel je me trouvai après mon opération, la visite mystérieuse du rabbin Cohen et ma filiation supposée avec le grand cabaliste Luzzatto, et enfin mes doutes quant à la valeur de ce monstre.
Cliquez alors ici : ►♦♦♦
Sunday, 9 September 2007
Les rives grises du purgatoire
L'Entretien IIème partie
Séquence I
Invocation
Seigneur,
je viens de quitter les reliefs tourmentés de l'enfer des hommes, bien plus terrifiant que celui qui hantait les imaginations des albigeois. Pays noir et flammes, contrées riantes bariolées et tracées à la peinture phosphorescente sur velours noir, celui qui servait jadis aux funérailles.
Un jour, un rabbin nommé Cohen vint me voir, muni d'un jeu de calames.
- Rabbi, me dit-il, je suis mandé par un groupe de cabalistes et je viens de Jérusalem te demander en leur nom de nous dévoiler les derniers secrets. Car tu es le descendant des plus illustres d'entre eux, le dernier prophète.
- Je suis catholique, répondis-je, et la Bible m'est inconnue, sinon par des rudiments piqués au hasard de mes lectures. Je suis donc indigne d'une telle responsabilité.
En fait j'espérais surtout me débarrasser du bonhomme. Moi, descendant du dernier grand cabaliste, que faut-il entendre !
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