Bouillon de culture
Friday, 13 March 2009
CHRONIQUE
La gastronomie en tant qu'un des beaux-arts
et autres sujets de chronique
Passer de la grande littérature à la cuisine peut vous paraître paradoxal, mais vous êtes déjà accoutumés à mon éclectisme. J'avoue que jusqu'à présent je considérais la grande cuisine, depuis un trois étoiles au pied de Vezelay, jusqu'à la haute cuisine japonaise de Kinugawa (rue du Mont Thabor à Paris) comme du haut artisanat mais nullement un des beaux arts à l'égal des céramiques de Della Robbia, ou des émaux de Limoges. Mais depuis hier, la découverte du trois étoiles du Bristol, m'a fait réviser ma position. La cuisine du chef récemment décoré de sa troisième étoile, représente à mon sens un phénomène culturel authentique. Est-ce une coïncidence que tout à l'heure mon ami H.M*** m'ait parlé du propriétaire du Bristol (et de nombreux autres hôtels et restaurant tels que l'Eden Rock à Antibes), un de ses amis, comme étant un allemand richissime mais d'une culture et d'un raffinement exceptionnel, soit un amoureux des choses de l'art et d'une extrême courtoisie? Cet homme qui parle français aussi bien que nous, humaniste authentique, fait mentir tous ceux qui me serinent à longueur de journée que la culture ne peut en aucun cas influer favorablement sur la prospérité d'un homme, d'une ville, d'une nation.
Ce que l'on nomme les hautes eaux par opposition aux basses eaux, terme qu'un grand poète employa lors d'une visite chez moi, coïncide avec celui d'âge d'or. J'avoue que j'aurais été honoré de rencontrer un homme pareil.
Revenons-en à la cuisine.
La France possède avec le Japon le monopole de la cuisine la plus raffinée. Je ne puis témoigner de la cuisine chinois, qui me semble ici mâtinée de vietnamien comme le restaurant Diepp de la rue Pierre Charron, pourtant réputé l'un des meilleurs. Au Tzé Yang, rue Pierre de Serbie, qui est une sorte de cantine pour moi, ils servent à bon compte dans le menu pékinois (pour deux) un excellent canard laqué authentique, sans riz mais avec des galettes de blé. Je vous engage à l'essayer.
En ce qui concerne le Japon je n'ai encore pu essayer les concurrents de Kinugawa et notamment le plus réputé : l'Orient extrême. Il faut réserver longtemps à l'avance pour avoir une place. Spécialité de poissons grillés.
J'en reviens aux caractéristiques communes entre la cuisine japonaise de Kinugawa et la cuisine artistique du Bristol.
1.L'authenticité des produits, y compris les plus simples. Leur honnêteté consiste à ne pas masquer sous des artifices le goût orginel des ingrédients. Cela est évident dans la cuisine japonaise, où l'on sait parfaitement ce que l'on mange, du poisson cru au bouillon misu macéré dans un mélange de poissons, de crevettes et de champignons. Après avoir dégusté par petites gorgées le bouillon, on découvre dans le récipient les aliments qui lui confèrent son goût : poissons, crevetes et champignon et on les déguste. Dans la cuisine du Bristol on connaît parfaitement et on reconnaît la noblesse des produits, y compris une simple motte de beurre qui a le goût rare de ... beurre. Le chariot de pains, de chocolats aux amandes, et autrees douceurs, ont pareillement le goût qu'il convient. Un exemple qui m'a frappé est le thé au jasmin. Au tzé Yang il est à peine discernable. Au Bristol le parfum délicieux embaume et nous charme, nous emportant vers des continents lointains.
2. Le contexte.
Le décor a une importance extrême ainsi que le montrent le cérémonial de la cérémonie du Thé au Japon.(Voir les pavillons japonais aux Jardins Albert Kahn à Boulogne). Les restaurants de la chaîne du Mont Thabor sont d'une calme et d'un confort paisible qui respire la sérénité. Rue Bayard, certaines salles donnent sur un poétique jardin japonais à l'unisson de la paix zen. Au Bristol le décor est d'un goût exquis et en font l'hôtel le plus apprécié des connaisseurs, bien devant le Ritz, le Crillon, le Plaza et le Georges V. Ceux qui ont eu le priviilège d'y habiter en gardent un souvenir émerveillé (le petit déjeuner est réputé). L'authenticité des matériaux efface toute trace ostentatoire. Quelle leçon!
3.L'accueil et le service.
Rien n'est plus odieux que les attentes interminables entre les plats au prétexte qu'il faut le temps de les mitonner exprès pour vous. On s'énerve, on tempête, en retour on a de fausses promesses " cela arrive incessament " On finit par en perdre l'appétit. Je ne parle même pas de la morgue etde l'accueil compassé qui sont la marque de certains trois étoiles qui ne se prennent pas pour leur cologarithme, comme le disait mon viieux complice Daniel Herault.
Au Bristol, comme dans le restaurant japonais sus-nommé, l'attente est réduite au minimum. Une armée de serveurs aimables et stylés sont constamment présents et surveillent d'un oeil attentif ce qui se passe à votre table. Silence, courtoisie et respect vous relaxent et sont un complément essentiel à un repas heureux.. Mon chauffeur qui connaît à peu près tous les endroits "trendy" de la capitale ne tarit pas d'éloges sur l'amabilité et l'empressemnt du portier du Bristol. Rue Bayard, on a l'impression d'être un VIP et tous sont aux petits soins, de l'hotesse de l'accueil, à la caissière.
4. Vous connaissez ma propension à établir des passerelles. J'ai été frappé par la mentalité conviviale et raffinée, le culte des matériaux buts, l'insistance sur l'honnêteté et l'adéquation à la fonction duMingei.Je vous engage à lire notamment les propos de Yanagi dans le billet consacré au Mingei.(Voir le billet du 5 mars 2009).
LA CRISE ET L'OR
S*** m'a promis de commenter mon interprétation sur sa parabole. Cela ne saurait tarder.
Par ailleurs il m'a donné un site des plus intéressants sur le problème de l'endettement faramineux des Etats Unis, face à la quantité d'or ridiculement limitée disponible dans le monde. Voici l'adresse du site dont le billet sur une conférence-diaparama est passionnante et propre à faire réfléchir. Voici l'adresse du billet :
http:/delor.bullionvault.présente son propre point de vue sur l'or.
S*** m'a indiqué ce billet qui, dit-il, apporte de l'eau à mon moulin.
En gros l'analyse est la suivante : Du côté du signifiant (la valeur faciale) on trouve une quantité faramineuse d'argent imprimé et distribué par les Etats Unis. Il n'est convertible que dans d'autres signifiants. Le signifié, est représenté par la richesse négative d'états endettés à mort voire en faillite. Le système perdure tant que la population croira - comme on s'emploie à la convaincre dans les universités et les journaux, que la puissance américaine est de taille à garantir la continuité du flux monétaire. Malheureusement cette puissance est factice : seule une faible partie de la technologie produite est insubstituable et utile, le reste, notamment la production de logiciels sophistiqués et de produits dérivés, n'a aucune valeur. Quant à la capacité de dissuasion du pays le plus puissant du monde, on a vu quelle est son efficacité pour rétablir la paix au moyen orient ou ailleurs. Le seul recours est l'or, et pour l'empêcher de s'envoler la banque centrale injecte périodiquement de l'or en provenance de Fort Knox dans le marché. Mais cela aggrave encore l'hémorragie de métal précieux détenu par les états : à peine de quoi couvrir 2% dette. que se passera-t-il lorsque toutes les réserves seront épuisées?
Les chiffres sur l'évolution de l'endettement de l'Amérique ont de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête. Tôt ou tard on s'apercevra que le roi n'est pas nu, on l'a dépouillé de ses vêtements. Il faudra bien un jour se résigner à payer nos erreurs. Alors l'or et l'argent deviendront des monnaies refuge. Mais attention ! Seuls des professionnels sont autorisés à acheter des barres de 125 000 $ qui nous appartiennent en propre et que l'on puisse vendre au taux officiel. Ces barres sont homologuées, scellées et stockées dans des coffres contrôlés par les instituts d'émission. En revanche les barres et lingots achetés par des privés sont dépourvus de toute garantie. Lorsqu'on veut les vendre, il faut s'attendre à une forte décote, voire le rejet pur et simple. Le pire des cas de figure consiste à placer l'or dans des coffres alloués dans des coffres des banques. En cas de faillite de la banque, ces barres et lingots sont engloutis immédiatement.
Que faut-il faire? La réponse de bullion consiste à faire l'intermédiaire entre le marché professionnel et les besoins du privé. Ils achètent en grande quantités des barres assermentées et les placent dans les coffres idoine. Mais la propriété de ces barres est nominative, et dujour au lendemain, les particuliers peuvent les vendre au cours du marché sans difficulté.
En admettant que Bullion, premier opérateur dans ce domaine, soit sérieux, il reste qu'en cas d'urgence on ne va pas vendre pour 125 000 $ pour couvrir des dépenses de santé, par exemple. Bullion n'a pas de réponse pour ce cas qui sera le plus fréquent notamment pour des bourses modestes.
C'est la raison pour laquelle la monnaie métallique est apparu avec le succès que l'on sait. Deux avantages précieux l'ont rendue insubstituable : 1. la divisibilité, 2, la garantie du poids et la quantité d'or ou d'argent contenus dans la pièce. Cette garantie, au départ un simple poinçon, s'est renforcée du fait que le lingot d'or était couvert d'un poinçon sans aucune plage non garantie. Ce poinçon s'est nommé avers et revers de la monnaie. Dès qu'il était rogné la fraude apparraissait. Encore aujourd'hui son équivalent : napoleon ou pièce de 50 pesos n'est garantie que si la pièce est en excellent état quasi numismatique. Lorsqu'on commande des pièces d'or chez Vinchon, les pièces sont contrôlées et livrées sous enveloppe transparente scellée.
Malheureusement deux inconvénients majeurs limitent l'intérêt du recours à la monnaie. 1. La plus-value qu'apporte la divisibilité et la garantie, est lourdement payée par le coût de l'or contenu dans celle-ci, nettement supérieur au cours officiel de l'or, correspondant à la barre des professionnels. 2. La vente est de plus en plus réglementée, ce qui en dit long sur la difficulté de se procurer de l'or, et il est possible qu'un jour tout cet or soit purement confisqué par un état égalitaire comme la France, et que sa possession soit déclarée illégale. Evidemment une telle menace n'existe pas pour la Suisse, pays prospère et sécurisant. Mais l'obtention des pièces d'or est toujours difficile et sa provenance est passée au peigne fin afin de faire échec au blanchiment d'argent mafieux.
Une manière d'échapper à tous ces inconvénients, y compris en France, est de se constituer une collection numismatique de pièces antérieures à 1850. Encore faut-il les écouler sans trop de perte. La provenance des pièces est essentielle et les spécimens exceptionnels iiii et iiiii seront toujours recherchés. Cependant l'exament des résultats de ventes aux enchères, montrent que des pièces d'excellente condition même très répandues, peuvent avois des résultats supérieurs à certaines pièces d'exception, trop coûteuses.
Bien entendu les oeuvres d'art anciennes, non tributaires de la mode et tout à fait exceptionnelles iiiii offrnet un garantie remarquable ainsi que l'a montré la vente du siècle Yves Saint Laurent, Pierre Bergé. Encore faut-il s'y connaître et être doté d'un goût très sûr que seule la connaissance passionnée peut étayer. Si l'on ne s'y connaît pas,mieux vaut s'abstenir pour éviter la mésaventure qui m'est arrivée à cette même vente.
Tuesday, 10 March 2009
CHRONIQUE
L'ordinateur et moi et autres reflexions
J'en ai assez ! J'en ai assez d'orange et je passe à SFR. Il y a moins d'interruptions sur le réseau.
J'en ai assez de Windows, où il faut tout le temps payer et aussi peu convivial que possible.
J'ai toujours été partisan de Mc Intosh en essuyant les critiques des spécialistes qui parlent de son incompatibilité avec Windows, le standard mondial et qui disent que c'est bon pour des amateurs. Que si je suis doué, Windows est aussi convivial que Mac etc...J'en ai assez de leurs litanies.
Aujourd'hui cela devient de notoriété publique : le Mac est supérieur sous tous points de vue : invulnérable aux virus, dépourvu de bugs, bien fabriqué, vraiment convivial et compatible avec des outils tels que l'i-phone.
Dès que j'aurai quatre sous, je m'acheterai un Mac.Intosh ultrafin et un i-phone, que je réserverai exclusivement au blog. Je jetterai aux orties mon Nokia fût-il déguisé en modèle de luxe comme le Vertu.
J'ai raté la mise sur le blog de presque toutes les photos que j'ai scannées, comme comme de celles que j'ai photographiées sur mon coolpix. Certes, je rectifierai dès que le serveur orange y consentira, mais ce sera alors du réchauffé. Joindre Emmanuel Dyan tient de l'exploit et mes autres informaticiens amis ne parviennent pas à affronter les problèmes. Le mode d'emploi que Dyan m'a dicté, passe sous silence une quantité d'étapes qui pour lui sont naturelles, mais pas pour un nul de mon espèce.
Voilà. J'ai dû tout revérifier et corriger, mon réseau s'obstinant à transformer le noir de ce texte en bleu roi! En revanche, j'ai de la chance : actuellement le serveur veut bien m'autoriser à éditer et à sauvegarder mon billet. Pour l'instant...
Sunday, 8 March 2009
CHRONIQUE
Rencontre avec Mediavilla
Claude Mediavilla est sans conteste un de plus grands calligraphes du monde, et celui qui a le plus approfondi le sujet.
Avant d'aborder ce sujet de fond, la dernière nouvelle de cette Vente qui Siècle qui présente bien des côtés pittoresques ou énigmatiques.
Qui ne se souvient de l'affaire des deux têtes provenant du Palais Impérial et revendiquées par la Chine comme des pièces volées. Mais volées quand? La porte est ouverte à d'autres demandes de restitution encore plus valables, comme les frises et mosaïques du Parthénon par la Grèce, ou bien des statues egyptiennes qui à l'exception du grand oblisque, don officiel de l'Egypte à la France, ont été pillées sans scrupule.
Nous savons que l'acheteur a fait monter les enchères pour empêcher qui que ce soit d'autre de les acquérir. Après quoi il a refusé de payer les deux têtes sous pretexte qu'il était l'émissaire du gouvernement chinois et qu'il voulait obliger Pierre Bergé à les restituer sans contrepartie.
Mais voici que Pékin vient de démentir catégoriquement cet acte. Le gouvernement chinois entend respecter sa parole et ne couvre pas des actes dus à un nationalisme obtus. On attend la suite avec curiosité. Mais revenons à la calligraphie à son sommet.
L'oeuvre maîtresse d'un maître
Mediavilla prépare un projet qui sera l'oeuvre de sa vie. Il s'agit d'un livre, dont les feuilles seront amovibles pour permettre leur exposition, et qui comprendra toute l'histoire de la calligraphie, des papyrus egyptiens aux oeuvres de Schneider, de la calligraphie hebraïque ou arabe à l'improvisation chinoise et japonaise. Seul Mediavilla avait l'universalité nécessaire pour réaliser un tel projet. Il me faut à présent trouver un sponsor. Celui qui détiendra un tel monument peut être assuré de l'immortalité de son nom, comme Grolier ou Fouquet.
Une rectification s'impose sur la dénomination des ors. Or à la coquille signifie peinture d'or appliquée au pinceau. C'est celle que j'ai pratiqué dans mes manuscrit "Pepys" de L'Entretien. C'est aussi la plus facile à réaliser. Bien qu'un brunissoir d'agathe lui donne un éclat, ce n'est en rien comparable avec les enluminures à la feuille d'or.
La peinture à la feuille d'or est appliquée de la façon suivante. On trace sur le vélin le contour de la lettre avec une mine d'argent ou avec un crayon très dur 7H. On remplit les contours avec une préparation spéciale. On applique alors par petits morceaux la feuille d'or et on brosse doucement la lettre pour chasse les surplus d'or. On le voit, ce n'est pas simple. Le resultat est brillant mais plat.
Le peinture au "gesso" est beaucoup plus compliquée. C'est celle qui est appliquées dans les manuscrit anciens et je ne pense pas que le papier puisse servir de support à ces merveilleuses lettrines en relief, brillantes et reflétant la lumière d'une manière fascinante. On doit alors appliquer un mélange complexe de plâtre 'il gesso " et d'amidon, qui assurera le relief de la lettre, puis on soufflera dans avec une canule l'air humide de la respiration, mais en veillant à sa juste émission. C'est alors que rapidement on appliquera la feuille d'or avec un pinceau et qu'on la brossera avec délicatesse pour en chasser les scories. Chaque lettre doit être tracée une à une pour respecter les temps de chaque phase et la continuité des opérations.
Nous ne connaissons qu'un seul exemple dans le monde d'un livre d'heures entièrement calligraphié en lettres d'or au gesso. Nul d'autre qu'un certain Ramo de Ramedellis le Maître des manuscrits latins de la BNF, put réaliser en Italie, cet exploit. Le célèbre François Avril de la BNF déclara que c'était le plus beau manuscrit italien en mains privées qu'il ait vu depuis des années.
Bien qu'aucune reproduction ne puisse rendre justice à une telle oeuvre, destinée à la Seconde Fondation j'essaierai de vous en transmettre une image, si mon serveur veut bien y consentir.
Médiavilla s'étonne qu'aucun des hommes d'affaires qui investissent des millions de dollars en bijoux, ou en matières premières, ne s'interessent à l'acquisition de tels chefs d'oeuvre, qui sont de bien meilleurs investissements que ceux que leur dictent les logiques financières et l'appétit de lucre. On est bien loin des Médicis ou plus simplement de Ludwig ou du baron Thyssen appuyé par toute sa famille.
Je lui répondis que ces gens-là préfèrent perdre de l'argent avec l'inculture, qu'en gagner avec des biens culturels, tant ils sont viscéralement allergiques à tout ce qui relèverait d'un humanisme qu'ils méprisent.
Le seul qui me paraisse digne d'un tel investissement est mon diciple préfére, Brutus, dont l'appetit de connaissances et de progression, et la faculté de compréhension soit aussi marquée font mon admiration stupéfaite. Une telle acquisition vaudrait honneur et pérennité au nom illustre qu'il porte et qui a joué déjà un rôle majeur dans l'histoire de son pays.
Ci-dessus, une page du manuscrit en lettres d'or.
Détail des voeux d'anniversaire De Claude Mediavilla
Ci-dessus voeux de Mediavilla pour mon 76eme anniversaire
Revue Critique
On trouvera dans le corps du billet, des analyses de Mediavilla sur ses contemporains, y compris mes propres productions.
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Monday, 2 March 2009
CHRONIQUE
La vente du siècle.Suite de la saga
J'ai reçu hier la visite d'une charmante journaliste qui couvre la vente et qui a bien du mal car nul ne veut parler. L'omertà semble être de rigueur et j'avoue que je comprends cette prudence, ne sommes-nous pas en France, pays de la suspicion, de la malveillance envers tout ce qui dépasse la norme, de la jalousie, de l'arbitraire? J'ai accepté à condition qu'il ne soit pas fait mention de mon nom, car je me suis promis de ne jamais sortir de l'ombre où mes sponsors et protecteurs me cantonnent. La seule exception - toute relative - est ce blog, qui vous l'aurez noté respecte rigoureusement l'anonymat des gens que je critique.
En revanche j'ai obtenu, et je continue d'obtenir des informations ahurissantes qui laissent apparaître cette vente sous un jour inédit. Par exemple un des clous de la vente était une paire de têtes provenant du palais de l'empereur, contestée par la Chine qui veut les récupérer comme étant un bien volé voici bien longtemps et qui a fait un prix record. Or il parait que ces pièces sont frappés par la malediction de l'empereur, puisque l'acheteur se rétracte. Il ne peut simplement pas payer. Par temps de crise, tout peut arriver. J'ai appris aussi que le grand catalogue officiel à la disposition des acheteurs ne porte aucune indication permettant de savoir que les Della Robbia (que j'ai acheté) sont apocryphes. Le catalogue édité par l'internet est en contradiction avec le catalogue officiel de même que l'annonce du commissaire priseur qui s'est bien gardé de rectifier l'estimation et d'annoncer la vérité. Le seul moyen pour un quidam comme moi, était d'assister aux premières minutes de la vente! Alors que je faisais la queue pour consulter le catalogue officiel, également mensonger!
Je souhaite que toute cette affaire se termine dans l'élégance par égard à l'honorabilité de Pierre Bergé.
A suivre
Thursday, 26 February 2009
CHRONIQUE
La vente de tous les records, conclusion
J'ai vécu hier soir la clôture de la vente di siècle et j'ai même pu obtenir un lot de consolation : une statue de céramique de l'atelier Della Robbia attirbué à Giovanni della Robbia et datée de 1510. Mais j'enrage d'avoir manqué, en me fiant à l'estimation stupide (volontairement?) de Christie's. Il s'agit d'une des pièces majeures de la vente, un exceptionnel Bouddha de l'époque Ming et estimé 30 000 à 40 000 euros. Je croyais donc l'obtenir en lançant un ordre de 250 000 euros pour le compte de la collection d'Uccle, département Mingei. Or le prix normal eût été de 5 fois ce montant. Un chef-d'oeuvre exceptionnel n'a pas de valeur. Il eût été classé iiii d'après mon échelle d'insubstituabilité. Si c'est un musée américain ou chinois qui ont été acquéreurs, il passera au rang de iiiii, celui des utopies.
Par ailleurs, il est incontestable que les livres anciens et les monnaies - culte, sont très chers par rapport à des pièces exceptionnelles comme ce lat turc dit des quatre fleurs de 1550, parti pour 52.000 euros, ou une hydrie du IVème siècle BC, d'un modernisme et d'une pureté étonnants rappelant l'Art Déco. Et que dire d'un magnifique cratère grec attribué au peintre de la tauromachie du Louvre et digne d'un musée? Il partit à 150 000 euros à partir d'une estimation grotesque de 20 000 à 30 000 euros. Un grand brule-parfums magnifique de la fin de la dynastie Ming, se vendit 60 000 euros à partir d'une estimation stupide de 10 000 à 12 000 euros! Pour toutes ces pièces, je fus "underbidder", en combat avec une seule personne, ce qui est toujours dangereux. D'où ma satisfaction d'avoir enfin obtenu à un prix très raisonnable, la céramique de l'atelier Della Robbia pour la fondation d'Uccle , département de l'artisanat. Ce n'est pas ma tasse de thé, mais je dois faire abstraction de mes goûts dès qu'il s'agit d'un centre culturel à vocation pédagogique.
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Tuesday, 24 February 2009
CHRONIQUE
Logique d'une collection
On le sait, le but de toute collection est de rassembler des objets selon une règle plus ou moins explicite, sinon ce serait un simple entassement,le dépôt d'un marchand, le catalogue d'enchères d'un jour, ou bric-à-brac dans un grenier. En jargon mathématique, on dist qu'il s'agit d'un simple ensemble, dans lequel aucun élément n'est ordonné ni systématisé. Une collection est au contraire un ensemble systématisé, possédant un Univers U et une Caractéristique A (ou ensemble des relations qui organisent l'ensemble).Le critère qui gouverne l'établissement de la caractéristique, est la clé de la collection.
Dans la merveilleuse collection rassemblée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, la clé est constituée par un certain nombre de critères : vase de excellence, beauté esthétique, novation, variété et non hiérarchisation des styles, des époques, des objets, d'un Goya à un vase de Dinand. Mais la constitution de la collection obéit à d'autres tropismes : absence relative de Klee, de Cézanne, de monnaies et médailles, de reliures de Pierre Legrain, présent par ses objets uniquement. Attraction pour l'Art Deco, ce qui est riche et quelquefois surchargé, lacunes notoires (l'Abstraction lyrique, l'Art conceptuel) les livres d'heures) cotoyant l'abondance de certains objets, généralement décoratifs et opulents: plats, coupes, objets de vertu, statues romaines aux nus émouvants de sensualité etde perfection.
Cette collection, par ailleurs, n'est pas un système logistique, c'est à dire au'il n'existe pas un idéal clos, dont on puisse dire : c'est complet, on ne peut plus aller plus loin. Elle peut au contraire s'accroïtre d'une manière certes organique (la logique de la beauté et de la surprise divine) mais polymorphe, au gré des circonstances, du hasard; foisonnant sans fin et arrêtée seulement par la mort d'un des deux amis; quoi qu'il en dise, il y a de la douleur, celle des abadons, dans la décision de se défaire de cet univers merveilleux, une sorte de travail de deuil.
Toutes proportions gardées, j'ai créé plusieurs ensembles muséaux sur ces bases un peu informelles : Le Centre Bruno Lussato au Musée de Genève, celui de la première Fondation à UCCLE, Bruxelles, et dans une certaine mesure, la collection de la deuxième fondation fantômatique à l'existence aussi incertaine, que le plan est organisé.
La plupart des grandes collections qui font l'essentiel des grands musées, obéissent au contraire à un plan strict et raisonné, pouvant atteindre la complétude. le conservateur des Monnaies et Médailles de la BNF, me disait qu'il recherchait uniquement des pièces qui puissent combler les lacunes d'une série. Par exemple la totalité des productions des ateliers pour un louis d'or à la mèche du roi soleil. Peu importe la qualité, l'état de conservation, la beauté : démarche de tout collectionneur de timbres-poste, le conservateur recherchait à remplir des manquants.
Cependant, les collections vraiment importantes, tout en recherchant la complétude (Plans d'acquisition, logiques de parcours pédagogique que je nomme Chemin de fer) acceptent aussi au gré des circonstances des donations ou des occasions exceptionnelles.Citons : La collection Barbier-Müller (Art africain) , le musée du quai Branly (Arts premiers) la fondation Baur, les collections du musée Getty, etc.
Avec mes minuscules moyens, j'ai constitué ainsi des collections spécialisées en veillant à ce qu'elles situent au deuxième rang français et au troisième rang international. Je citera : Le Musée du Stylo et de l'Ecriture, de loin le plus important au monde, et victime en 2001 d'un hold-up sanglant, La collection d'appareils photographiques et de caméras (comprenant la première caméra Lumière ), la collection de postes de radio, les archives Richard Wagner, les secondes après Bayeureuth (loin en tête) et contenant le manuscrit du premier jet du Ring et bien entendu, la collection de partitions musicales, la seconde en mains privées après celle, extraordinaire, de Fuld. Actuellement nous essayons de constituer un Musée d'art populaire japonais( Mingei) qui égale, puis surpasse la célèbre collection Montgomery. Si notre effort aboutit, nous nous situerons au deuxime rang mondial après le Japon. (Centre Lussato - Fédier à UCCLE, Bruxelles).
Si vous continuez cette lecture, j'évoquerai le cas paradoxal et, ce me semble inédit, de la Deuxième Fondation.
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