Sunday, 14 June 2009
CHRONIQUE
Serendipity
En anglais cela signifie coïncidence heureuse entre évènements n'ayant aucun rapport les uns avec les autres. .. Carl Gustav Jung en a tiré une Théorie de la synchronicité, et Rupert Skedrake sa théorie des chmaps morphogénétique ou théorie des ondes de forme.
Après la civilisation de la peine, voici celle de la panne, me rappelait Marina. Il faut dire aussi que j’y ai mis du mien.
Lorsque je me réveille ce matin à 7H30, je trouve mon portable Nokia reposant paisiblement sur une flaque d’eau. Je suppose que pendant la nuit, encore abruti par le paracétamol, j’ai dû en me versant un verre d’eau, répandu un peu du liquide. Toujours est-il que la batterie avait pris de l’eau. J’ai séché comme j’ai pu et j’ai essayé de réveiller mon Nokia. Son écran s’alluma un court instant en me regardant d’un œil torve, et se replongea aussitôt dans le coma. Kaputt, comme son patron !
Me voici dans une boutique SFR qui vend également de l’Orange et du Bouygues ? D’un air compétent ils testent le moribond, mais il ne répond pas aux chatouilles, il est mort. Que faire ? C’est simple prendre le tout nouveau Nokia. Comme le précédent modèle de mon choix, il n’est fait que pour téléphoner, et ne peut photographier, ni jouer au jeu de go, ni entendre 10.000 titres de musique en conserve téléchargé, ni d’éplucher les pommes de terre. Le vendeur me vante le nouveau modèle, à mi chemin entre le mien et le célèbre Vertu, le portable pour milliardaires , soi-disant fabriqué par des artisans –horlogers anglais, pièce par pièce, montés sur des rubis ; Celui-ci coûte quand même 120 euros. Je veux récupérer 49 euros provenant de mes points orange, mais on ne peut pas admettre ma requête sans ma carte d’identité. Et celle-ci, je l’ai oubliée à Paris. Marie-Jo, mon employée de maison, l’envoie par fax. Mais le vendeur déclare ne pouvoir l’accepter, car il lui faudra une seconde copie pour être admise sur orange Que faire ? J’achète donc cette sublime merveille. On met la puce, et une surprise m’attend : tous mes contacts ont disparu, car ils ne figurent pas sur la puce ! Je me résous donc à surpayer le nouveau Nokia. J’ai passé pas mal de temps à mettre à jour la liste des contacts. Une fois que cette tâche ingrate une surprise m’attend. Mon vieux Nokia est sorti du coma et fonctionne parfaitement bien ! Le moribond était ressuscité. J’enrage car j’ai été trompé par le vendeur de SFR qui voulait me vendre un modèle onéreux, plutôt que de me remettre en route le mien. J’aurais gagné bien du temps précieux.
SENDIPITY
C’est comme je viens de le définir le terme qui désigne une coïncidence remarquable. C’est aussi le nom de mon logiciel.. Marina, hier, a été se dégourdir en se promenant à Bagatelle. Elle s’est assise auprès d’un type qui travaillait sur son ordinateur, entouré d'un tas de papiers étalés sur le banc.-- Il apostrophe Marina : n’êtes vous pas la sœur du professeur Lussato ?- en effet, mais comment le savez-vous ?
-je vous ai vu sur le blog de Bruno Lussato- que je suis tous les jours. J’ai été un de ses anciens élèves et ce serait un honneur de le rencontrer ! «
Le soir, notre homme était chez moi. Son nom est Marc Guihery et il se révèle aussi coopératif que compétent. Il examine mon Apple et trouve plusieurs solutions pour le rendre identique à l’original qui se trouve sur mon gros PC de Sony.. Mais la solution adoptée était instable, et il a passé plus d’une heure au téléphone ce matin tôt pour détecter la fausse manœuvre.
LE POINT SUR L’AIRBUS
Aujourd’hui les langues se délient et la télévision adopte un parler vrai ce qui n’est pas le cas des journaux. Mon diagnostic est confirmé : deux facteurs contradictoires, l’un propre à la dérive technologique, l’autre à la politisation et à la bureaucratisation de la France. La dérive technologique
La dérive technologique consiste a céder à la mode du tout électronique. L’homme est coupé de toute initiative, de toute prise sur le réel et son intuition ne profite pas au système. Le résultat est que tous sont tributaires des interprétations très sommaires de la machine qui apparaissent dans les écrans. Or vouloir traiter électroniquement, ce qui le serait plus efficace manuellement, non seulement est ruineux, contribuant à nourrir les fabricants et les vendeurs de logiciels, mais introduit des vulnérabilités excessives dans le tout-électronique. On en voit un exemple dans la robustesse des voitures japonaises qui sont très peu évoluées électroniquement, et la fragilité des voitures européennes dont l’électronique vieillit et tombe en panne. C’est ainsi que les meilleurs modèles de Mercédes n’ont pas de pannes mécaniques. Toutes les pannes sont dues à l’électronique.
L'ambiance anti-patrons
Mais il n’y a pas que cela. L’ambiance anti-patron et revancharde attisée par les syndicats fait passer le temps normalement réservé à la maintenance après celui employé à ces négociations syndicales où chacun, et en particulier les mieux lotis, défend sans pudeur ses privilèges sans se soucier du bien publice, ni m'ême de la simple conscience professionnelle. Or, depuis six mois, aussi bien dans les höpitaux que dans les écoles, dans les transports en commun, ou dans les bureaux de poste, le public et en particulier, les plus démunis, sont pris en otage. Cette attitude irresponsable est un des facteurs déterminants de la catastrophe de l'Airbus, qui pour être spectaculaire et très médiatisée est moins grave que les milliers de victimes mortes de l'absence de conscience professionnelle et de compassion de gens qui se disent de gauche !
La bureaucratie à la Française
Cette expression est due à Octave Gélinier, jadis membre respecté de la CEGOS, ancêtre des grands cabinets d'organisation et dont la réputation franchit les limites de sa société.
La France a la bureaucratie la pire d’Europe. Michel Crozier a passé le plus clair de son temps à l’étudier et son verdict est aussi pessimiste que sans appel. Dans une bureaucratie, la motivation des dirigeants et des employés est réduite , on s’épuise à lutter contre l’absurde. C’est ainsi qu’alors qu’une somme minime et un temps très court étaient suffisant pour assurer une sécurité, menacée depuis six mois, et que les Brésiliens agirent aussitôt, l'organisation bureaucratique d'Air France n'eut même pas conscience du problème.
La dérive américaine
Il ne faut pas pour autant encenser la vision technologique des Etats Unis. Ces gens sont tombés sur la tête. Un exemple simple : dans le même hôtel de luxe, dans les mêmes magasins les plus prestigieux, il fait 18° en été, alors que l’on atteint 37° à l’extérieur, et 28° l’hiver. Ceci, indépendamment des grippes et refroidissements qui guettent ceux qui ont oublié de se munir d’un pull en cachemire en été,
Mais, debout lâche voyageur ! Au lieu de te lamenter, relis « The painted bird » de Kosinski et tu sera heureux de vivre dans notre décennie. Sors, et profite de la nature, de la vie en famille, des plaisirs simples.
Saturday, 13 June 2009
CHRONIQUE
A contre-poil
Tout s'est ligué cette nuit pour me rendre la vie impossible. Ce n'est pas aussi grave que la catastrophe de l'Airbus quand même, mais les causes sont identiques.
Vous trouverez dans le billet de demain, 14 juin 2009, tous les détails.
Je voudrais simplement faire remarquer qu'il faut bien souvent beaucoup de contrôle pour ne pas aggraver une situation. Lorsque notre ego est menacé, nous sommes capables des pires bêtises.
Je pensais notamment à l'attitude à adopter en vers celui qui intimait à son entourage, l'ordre de me dire "qu'il n'était pas là".
Or tous sans exception, sauf Sandrine, on trouvé que de continuer à quémander des contacts avec celui, qui seul entre tous m' manqué de respect, serait aggraver mon indignité et me ferait passer pour un masochiste ou un "dhimmi". Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et je voulais comprendre les mobiles du jeune homme.
Lorsque je le rencontrai enfin, j'aurais pu adopter une attitude glacée et faussement indifférente, pour réserver notre entretien à des problèmes pratiques. Mais connaissant l'Ego monstrueux de mon interlocuteur, c'eût été le prendre à rebrousse-poll et ruiner définitivement tout espoir de reconciliation.
Non seulement je ne lui fis aucun reproche (à quoi bon d'ailleurs, car il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre) mais ce fut plus fort que moi. Je ne pus dissimiuler combien il m'avait frappé au coeur et sapé ma volonté de lutter. Certes de personnalités infiniment plus puissantes ou prestigieuses me témoig,e la plus haute considération et le plus vif attachement. Mais c'est justement ce qui fait que son attitude humiliante glisse sur moi et me sentir vexé par son comportement eût été absurde. Non. Si je fus tellement perturbé, ce n'est pas pour une question de fierté mal placé, mais de sentiment. J'avais besoin de son attachement, je voulais me prolonger au travers de lui, et puis... il me manquait terriblement. C'est tout. Je laissai parler mon coeur, et une partie de lui même en fut touché, j'en suis sûr. J' m'en contentai, et fus si heureux de le retrouver quelques heures !
Thursday, 11 June 2009
CHRONIQUE
RECTO-VERSO
L’approche spécialisée ne montre que le petit bout de la lorgnette, elle donne une fausse sécurité au spécialiste, et à ceux qui s’y fient bien naïvement. Or la nature – ou disons plutôt le réel – sont un, un indivisible. Le dermatologue qui va me prescrire une crème pour mes démangeaisons, ignore qu’elles sont dues à une dégénérescence des neurones à l’extrémité de la peau La cause en est neurologique, mais elle-même est liée à son tour à une défaillance hépatique…
Edgar Morin, avait une jolie formule, bien dans sa manière : le tout est supérieur aux parties et les parties sont supérieures au tout. Un bon exemple en est la tapisserie. On ne peut la réduire à son carton, d’une pureté louable, ce serait passer sous silence le travail est le choix des fils de couleur et de la laine.
J’ai réfléchi à ce problème lancinant de l’abandon du jeune homme. En vain à cause de ses paradoxes : tantôt semblant affectionné, tantôt totalement indifférent à mon sort.
En suivant mon raisonnement, je compris qu’aux deux faces du comportement du jeune homme correspondent deux niveaux de perception.
Le premier, RECTO, est immédiat et blessant, révoltant même. Le second, VERSO est antinomique et met à jour des rassorts beaucoup plus vastes assortis d’accidents imprévisibles et cumulés.
RECTO
Tous mes amis à l’unisson, mon fils en tête, me dissuadent fermement de re cela m’a semblé évident. Je ne fais qu’aggraver mon humiliation en essayant de le contacter. Je dois faire un lâcher prise.
Et puis, on ne se refait pas lorsqu’on n’a pas envie de se refaire ! . Je ne suis pas homme à quitter le champ de bataille. Je veux savoir pourquoi il se conduit de cette façon. Hier matin j’ai donc envoyé un dernier SMS. A ma grande surprise, il répondit aussitôt et le voici chez moi, une heure plus tard ! . Je me suis alors aperçu qu’il n’avait reçu aucun de SMS jusqu’à aujourd’hui. Je compris que j’avais mal lancé mes SMS, à l’exception d’aujourd’hui, où j’ai pris conscience que ce n’est pas parce que mon portable affichait « envoyé » alors qu’il avait à peine commencé. J’ai alors envoyé correctement le SMS. Il eut réponse à tout avec le plus grand calme.
Il me dit qu’il me croyait à Deauville et qu’ayant contracté une grippe il avait scrupule à me la passer. Son attitude était d’un sang froid total, bien que tendu.
Lorsque je lui demandai « que dois-je dire en haut lieu ? »il me répondit
« -la vérité .
-Mais quelle est la vérité ?
- C’est ce que vous ressentez «
A la fin nous nous expliquâmes et il me sembla heureux que je ne lui tienne pas rigueur. Car je lui déclarai que lorsqu’on aime à ce point, on ne pense pas à son ego, à sa dignité, au qu’on dira-t-on. On redevient humble comme le moineau déplumé qui m’habite.
Il eut alors une réaction qui me stupéfia : lui l’orgueilleux, l’inatteignable, l’intraitable, au moment de me quitter, me saisit affectueusement par les épaules et me fit un hug. Son visage était radieux et souriant et il paraissait content de m’avoir revu, et de la manière dont je réagis.
VERSO
Ce fut une série de coïncidences qui nous conduisit à un tel éloignement. Bien. Il est sûr qu’il aurait dû me donner de ses nouvelles, et prendre des miennes ; et j’essaie de lui trouver des excuses. Je donne ainsi raison aux sceptiques qui me disent que ce jeu durera toujours. Les montagnes russes : tantôt il est odieux, tantôt le voici changé… Et je tombe à chaque fois dans le panneau !
CHRONIQUE
LE RAT ET LE NAVIRE
On ne peut faire crédit au capitaine dont le vaisseau est en train de sombrer.
Hier ce fut une journée noire pour moi, je connus, ce qui ne m'est pas coutumier, un effondrement total. Les digues ayant cédé, les larmes succédèrent aux larmes, pour adopter la frappante expression de Goethe dans son admirable dédicace de Faust II.
Nul doute que la trahison du jeune homme provoqua en moi un tel effondrement. Tous mes amis - qui connaissent son identité - ont été indignés et m'ont pressé de lâcher prise. De l'ignorer dorénavant. Il ne mérite pas, disent-il et ils ont raison, que je souffre ainsi à cause de lui. J'avoue que mon estime pour lui, qui jusqu'ici était dissociée de son comportement envers moi, s'est évaporée et qu'il m'apparaît actuellement comme un gamin égoïste, sans classe ni manières, un fils à papa qui se fait la grosse tête, ce que son propre père dit avec élégance : " il vous aime beaucoup, mais il est jeune. Il a besoin de mûrir"
Mais on ne se refait pas ! De ma vie, je n'ai jamais lâché prise. Comme un chien accroché à son os, je n'ai jamais abandonné une lutte, je me suis toujours battu jusqu'à l'extrême limite de mes forces, et quelques fois ... au delà !
Je viens d'apprendre que le jeune homme se trouvait hier à Paris, et qu'il est encore présent aujourd'hui dans la capitale. Je lui ai adressé un SMS d'urgence où je fais allusion aux désagréments divers qu'entraîne son hostilité; à la fois pour lui et pour sa famille. Certes, je lutterai aussi pour les atténuer, par égard pour son père et de sa famille qui est aussi la mienne.
Mais mon sang n'a fait qu'un tour devant tant d'affronts. Puis je me suis souvenu des propos que j'ai mis dans sa bouche, hier, par jeu.
Ils contiennent hélas une bonne part de réalité. Je me sens, je me vois, je me considère comme vivant encore jusqu'à cent ans ce qui eût été le cas sans la fatalité qui me poussa à me faire opérer le jour de la grève du sang. la chance, nous la rencontrons bien souvent dans nos échecs. Echec d'obtenir une place de retour dans l'Airbus fatal, échec bienvenu si j'avais attendu la fin de la grève pour me faire opérer. Or, les dés étant jetés, il faut me voir avec les yeux des autres. Si j'excepte ceux qui m'aiment : les gens de Lille, Sandrine, Tatiana, Olaf et Socrate, sans compter évidemment ma propre soeur, pour le reste il n'y a que des rapports d'intérêt. et quel intérêt que peut présenter un vieillard malade, condamné à brève échéance, un mort en puissance?
C'est un tigre édenté aux griffes émoussées. Il ne saurait faire de mal à personne, donc on peut le bafouer, l'ignorer, le moquer sans complexe. Lorsque j'étais jeune et férocement ambitieux, je disais cyniquement d'un vieil ennemi : patientes, tu as un avantage sur lui : dans quelques temps il cessera de te faire de l'ombre car le temps est ton allié : tu auras gagné parce que tu lui survivras ! Un corps en faillite c'est irrattrapable. Non. N'investissez pas sur moi. Antonio a pu retrouver une partie de ses bateaux, Olaf peut connaître à nouveau la fortune si la conjoncture s'oriente autrement...
Mais debout, lâche voyageur, tu es environné d'amour et de respect de ceux qui comptent en ce monde, tu ès en pleine forme physique, entouré et choyé, le printemps a fleuri pour toi, les pivoines de Bagatelle ont enchanté ton coeur, et tu voudrais abandonner la lutte? Sors dans la plus douce nuit de l'année, puise l'énergie vitale dans les esprits qui entrent en toi par le truchement de ton Steinway de concert, splendide cygne noir dont tu as tant rêvé pendant ta jeunesse. Ne permets à personne de douter de ta survie pendant des nombreuses années encore. Ce n'est pas mentir car pour toi une heure vaut une demi-journée de vivant.
Un de mes clients a tout pour être heureux, mais il m'a avoué que plutôt que le Paradis, ce sont les grises limbes du purgatoire qui l'habitent. Oui. Continue de te battre, de t'indigner, de souffrir par ceux que tu aimes, car c'est cela qu'être vivant.
Tuesday, 9 June 2009
CHRONIQUE
BASSES EAUX
Il y a longtemps que les chiffres de fréquentation n'ont été aussi bas que maintenant. Alors que le nombre de visites ne descendait jamais au dessous de 600, on atteint des creux de 250 visiteurs. Certes le taux de fréquentation n'a jamais été un objectif, même secondaire, de ce blog, sinon il n'eût pas existé, mais une telle désaffection ne peut être due au hasard. A mon avis, une des raisons est que pour qui ne prend que les derniers billets, il semble ne rien se passer. Mais la réalité est toute autre, j'ai consacré beaucoup de temps et d'efforts à développer les billets de ce dernier mois. En particulier, l'album de famille a été complété par de très nombreuses photos, mais on ne peut le consulter que dans le billet du 26 mai 2009. Qui va penser à regarder le billet du 26 mai? On peut on dire autant de toutes les images intercalées dans les billets, elles avaient été inaccessibles en temps utile à cause d'erreurs de manoeuvre de ma part et elles ont affecté toutes les images envoyées par e-mail, ou provenant du cool-pix. Michel m'a aidé avec son talent coutumier à déceler l'origine de la fausse manoeuvre et on a rectifié les erreurs mais pour les internautes c'était déjà trop tard. Enfin, bien des textes qui avaient été avalés par les pannes du serveur orange, ont été refaits sur Bouygues et sont à nouveaux accessibles.
Un travail colossal a été accompli par Michel à ses moments perdus : l'impression de tout le blog en fascicules mensuels. Une fois reliés il me permettront à tête reposée, crayon rouge à la main de nettoyer et de corriger les billets. Les fascicules ainsi revus serviront à re-contrôler billet par billet la mise en page, l'orthographe, les lacunes, et les erreurs diverses qui émaillent ma prose. On réimprimera alors dans une version définitive et sur un disque la version numérisée, pour la BNF et les quelques amis intéressés, la totalité du blog.
SOIRÉE D'EXCEPTION
Je me suis quelque peu plaint de la solitude glacée qui m'a toujours suivi, sans que nul ne s'en aperçoive. Meis elle a disparu depuis que je suis tombé gravement malade. Mon cher ami et complice Arnaud Gobet est notamment venu me rendre une visite amicale avant d'entreprendre un important voyage.
Une convention tacite lui destine tous les manuscrits de mes ouvrages. J'ai ainsi déniché un fascicule illustré sur la psychologie de l'art qui m'a séduit par une profusion d'illustrations en couleur. Je les ai ajoutés au lot qui lui revient mais l'ai prié de m'en faire parvenir une photocopie aussitôt que possible. Je me suis permis de lui donner quelques conseils dont certains impraticables compte tenu de la culture française fondée sur l'opposition patron ouvriers, et dont les deux mamelles sont la jalousie(pour ceux d'en haut), le mépris (pour ceux d'en bas) à quoi il faut ajouter (des peaux de banane pour ceux du même niveau que vous).// Néanmoins ce qui marche partout et toujours, est la présence fréquente et ALÉATOIRE du patron auprès les travailleurs de la base, en court-circuitant toute la hiérarchie. En feuilletant les deux "journal de Printemps" j'ai découvert deux poèmes chinois antinomiques qui ont pesé beaucoup sur mon développement.
Sacha Genco m'a emmené au Tze Yang où j'ai dégusté un canard laqué exquis. Sacha, comme à l'accoutumée, a été passionnant et sa carrière d'avocat de haut vol, l'alimente continuellement en histoires qui dépassent la fiction. J'ai lu son billet HOME, mais je serais bien en peine d'ajouter d'autres commentaires que mon adhésion sur le fond du message, et l'admiration que je porte à la concision de son style, bien plus élégant que le mien.
POÈMES CHINOIS
Voici le texte des poèmes qui m'ont tant impressionné et que j'ai retrouvé respectivement dans le deuxième et le premier "journal de Printemps"
PRINTEMPS
Le vent jette dans ma chambre, des fleurs de pêcher qui ressemblent à des papillons roses, ivres d’avoir trop butiné. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Comme ces fleurs,, mes pensées, lourdes de tristesse, jonchent le papier où je voulais écrire un poème à la gloire du printemps. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Je respire sans joie le parfum des pruniers. Arrive ô douce nuit, ô douce amie, et que ma peine s’endorme dans tes bras légers ! ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
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Tchou-Jo-Su (1408-1459).
DANS UNE HOTELLERIE
Qui me connaît ici ? Personne. Une lampe est ma seule compagne. Un grincement de porte est la seule voix que j’entends. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
L’année se termine. J’ai parcouru mille lieues et je suis encore loin de mon pays. Accourez me soucis ! Accourez mes peines ! Je vais passer en revue toute ma vie.¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
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Mes cheveux grisonnent, mon visage est ridé. Comme il va me trouver beau, le Printemps qui commence demain ! ¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Les années écoulées n’ont pas cessé de me meurtrir le cœur. Quels tourments lui réserve l’année nouvelle ? ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
J’ai laissé en route maints compagnons de ma jeunesse. Ceux-là du moins, ne souffrent plus. Ceux-là ont trouvé le repos.¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Mais, debout lâche voyageur ! Le printemps revient pour toi, les roses vont s’épanouir pour toi, et tu voudrais mourir ? Sors dans la plus suave nuit de l’année… Il pleut des fleurs de pruniers qui sècheront tes larmes d’enfant. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Tai-Chou-Louen (942-981)
Les deux poèmes illustrent à mon avis le balancement diastole-systole des grands solitaires repliés sur eux mêmes ou qui le cachent. Le premier correspond au mode mineur, celui des lilas et des glycines, ce violet délicat et musical, bien différent du mauve violent du lilas d'été. Le second poème commence en violet mineur, mais module à la fin en un radieux orangé majeur, tonique et volontariste.
C'est pour moi une occasion de vous faire sentir la différence avec les Haï Kaï japonais, impassibles dans leur concision :
Là avec une femme
j'ai nagé
dans l'onde nulle trace
Ce qui frappe dans la traduction de Franz Toussaint de La Flüte de Jade (Piazza 1920, ed. sur japon impérial) est le côté intensément subjectif, presque post romantiques de tous les poèmes. On comprend dès lors que Mahler ait été tenté d'en faire le scénario du Chant de la Terre .
Lire ma journée dans le corps du blog (continuer à lire).
Continuer à lire "Le journal du 10 juin 2009"
Monday, 8 June 2009
CHRONIQUE
NOUVEAU REGARD SUR BEETHOVEN
Je viens d'arriver à Paris sous une pluie battante. Il était temps de quitter Deauville, le temps que cela se remette au beau. J'ai téléphoné au Professeur Pol qui ne répond pas. Cela me donne au moins un sursis mental, j'ai tellement l'illusion d'être en parfaite santé, que cela en est troublant, oeil du cyclone. Socrate m'a appelé comme chaque jour. Kimyasu Tatsuno, le conservateur de l'ex-musée du stylo, me poursuit avec les détails des transactions. C'est un compliqué, un tatillon sans précision et je n'ai pas besoin de cela en ce moment.
Je me suis précipité sur ma chaîne et j'ai écouté l'op 127, (le XIIème quatuor) et j'ai été rassuré sur l'état de mes oreilles. C'était mon coucou de Deauville qui trahissait la musique, et je ne crois pas que le quatuor Végh améliorât la clarté de l'audition. J'ai trouvé à Paris, traînant dans ma discothèque, une excellente édition des derniers quatuors, que je vous recommande. Elle est prise live par le quatuor Berg, l'héritier de la tradition allemande fondée par Schuppanzig qui créa la majeure partie des quatuors de Beethoven.
Il faut cependant avouer, que l'extrême complexité de la tessiture polyphonique, rend bien difficile l'écoute du thème du dernier mouvement, celui qui rappelle la IXème Symphonie. Cette troisième manière de Beethoven, d'où toute prise en compte des possibilités des instrumentistes et des choeurs est absente, le compositeur, muré dans sa solitude, est obligé de concevoir mentalement ses structures et de les projeter dans le futur; La logique l'emporte sur la qualité sonore, et les artistes subissent sa loi cruelle de laquelle ils sont étrangers. Des œuvres inhumaines verront le jour, dont la dernière sonate. Dans celle-ci on trouve des passages incompréhensibles, même pour Arthur Schnabel qui se contente pour toute remarque de répondre par un point d'exclamation, pour tout commentaire. Je pense notamment à des accents non compris au premier mouvement, mais surtout au battement oscillant à période variable. Les octaves vibrantes sont regroupées en cellules d'une longueur qui semble arbitraire et dont nul ne connnaît la signification.
Toutes ces considérations m'ont donné envie de rejouer la Sonate op.111, que j'ai interprété pendant deux décennies. Je me suis trouvé engagé dans un combat de titans. Il faut en dépit de de la rage qui déferle, garder le contrôle de la polyphonie à trois voix. Je ne m'étais jamais senti partie prenante, comme lors de cette dernière approche. J'enrage cependant car mes doigts peinent à se souvenir de tous les détails, et c'est la pulpe des doigts, et non la vue de la partition, ni l'oreille, qui détiennent le souvenir.
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