L'imposture informatique
Thursday, 20 August 2009
CHRONIQUE
INFLATION MASQUÉE
Autrefois j'achetais mes pulls en cachemire chez Old England. Ceux que je ne ai pas perdus, je les porte toujours. Ils sont neufs comme au premier jour. Voici un mois je trouvai et achetai au marché de San Remo, un même pull fabriqué en Chine pour un dizième du prix. Aujourd'hui il peluche de toutes parts et il est devenu un chiffon informe que j'utilise la nuit sur mon pyjama. Si je l'acquiers chez Old England, aujourd'hui il restera utilisable dans un ou deux ans, mais plus toute une vie.
Avant la guerre il y avait ce qu'on appelle la poste. Elle était faite pour vous adresser un cois ou une lettre dans les trois jours. Et cela marchait fort bien. Aujourd'hui le pris d'un timbre pour la France a baissé donant une illusion d'une déflation bienvenue. Le seul problème est que le cheminement postal n'offre plus les garanties no le service de jadis. Si on tient à en retrouver l'équivalent, vous pouvez utiliser le chronopost, ou le DHL Mais ce sont des moyens ruineux, de l'ordre de 200 euros. Toutes circonstances ett services comparables, l'inflation est monstrueuse.
Mon père acheta avant guerre un réfrigérateur westinghouse. Il était petit, vilain, peu confortable à l'intérieur, il ne faisait que refroidir. Vers les années soixante dix noue fumes tentés par de superbes armoires réfrigérantes, dotées de toutes sortes compartiments, pour les oeufs,les salades ou le champagne. Nous jetames notre minable Westinghouse. Dix ans plus tard après bien des déboires et de coûteuses réparations, nous jetâmes ce bel engin pour acheter un autre encore plus beau et moins cher. Mais on nous avoua qu'il ne durerait pas plus de cinq ans, et qu'on pouvait acheter une garantie de trois ou cinq ans. Le nouveau était fabriqué en Chine ou en Corée.
Jusqu'aux années soixante, un des symboles de la Suisse était le chocolat. Lindt vendait des tablettes carrées très fines et d'un goüt incomparable. Aujourd'hui l''emballage doré est toujours identique et l'effigie d'un vieux monsieur barbu grantit toujours par sa signature, la recette exclusive de ces tablettes. Le seul problème est qu'elles n'ont plus de goût. Si vous voulez le retrouver, allez en Belgique, à Ixelles ou à Uccle. Les gens font la queue dans une boutique exiguë où un monsieur moustachu originaire d'Italie, garantit la recette excusive de ses produits. Mais cet homme existe en chair et en os, et ses produits ont une saveur dogne du "bon chocolat suisse" d'autrefois. Les prix sont évidemment en conséquence,
Russell Ackoff professeur à la Wharton School, département SSS (Scube) démontra que la quantité d'information i augmente, puis diminue avec le nombre de données d. Nous avons atteint un seuil où la quantité d'information produite tend vers zéro.
Adrian Mc.Donough, son collègue de S cube, dans son livre "information économics" distingue trois grandeurs corrélées : d, data ; i, information ; k, knowledge. d, les données consistent dans le nombre de signes produits par un système (c'est le coût de l'information : plus il faut de données pour obtenir un renseignement, plus le coût augmente). i, l'information est issue de la rencontre d'une donnée et d'un problème. Si d ne peut aider à résoudre un problème, sa valeur est nulle. Enfin k, le savoir, est ce qui donne du sens à la donnée. Cela peut aussi être une information potentielle. C'est elle qui nous fournit les outils et la prise de distance nécessaires pour définir le problème. C'est k également qui permet d'appréhender des réalités non chiffrées, esthétiques,morales ou affectives. Or les quotients i/d qui mesure l'efficience du système, et k/d qui donne une idée de son impact sur le psychisme diminuent avec la taille du système et sa production. C'est un anti-effet d'échelle, totalement méconnu des professionnels.
Mc.Donough estime qu'avec la taille des systèmes et la quantité de données qu'ils produisent et qu'il traitent, le coüt augmentera et le sens diminuera. Pour obtenir le même résultat utile pour notre travail et enrichissant pour notre psychisme, il faudra de plus en plus de données. Celles-ci semblent être de moins en moins cher, mais c'est une illusion lorsqu'on pense aux frais connexes, au temps perdu, au recours à des spécialistes.Que l'on prenne pour exemple Photoshop ou le fonctionnement des magnetoscopes, jadis intuitif et fiable. Nous savons tous que les pannes des voitures européennes comme Mercédès, sont dues non pas à la mécanique, mais au vieillissement des composants et leur manque de fiabilité. Le secret des voitures ùade in Japan, est leur conservatisme qui limite au maximum toutes satisfaction électronique.
Alors, pourquoi tant de jeunes sont-ils fana des sonnées au détriment des informations et du sens? La réponse n'a pas de quoi nous satisfaire. C'est que la simplification du travail et les remèdes de bon sens, ne sont guère ludiques, ni valorisants pour eux. Ils aiment les données pour les données, et plus leur estomac en réclame, plus il devient obèse, plus il en réclame encore. La passion des jeunes et moins jeunes, astucieux mais culturellement nuls, en déça du suil absolu de pauvreté (Galbraith) est proche de celle qu'ils éprouvaient jadis pour les diaminos, les cubes de Rubick, les jeux mathématiques. Cette passion, au grand dam de la frugalité nécessaire ent temps de crise, et de l'évolution vers un humanisme, est vigoureusement promue par les Nations et les Sociétés informatiques. Je rappelerai que les contribuable qui n'ont pas d'ordinateur et ne peuvent envoyer leur déclaration par Internet, seront pénalisés !
Tous ces errements produisent une inflation qui ne se décèle pas dans les statistiques, due à ce que pour le même prix on a moins.
Wednesday, 19 August 2009
CHRONIQUE
LA GRANDE PASSOIRE
On devine de quoi il retourne. Les chiffres sont considérables, astronomiques, dépassant l'entendement. Des millions de comptes pénétrés, lésés, des informations détournées; le pentagone lui-même comme le président Sarkozy ne sont pas à l'abri. Ce n'est pas un laboratoire mafieux muni de ce,taines d'ordinateurs espions entre les mains des lumières les plus réputées de Yale, de Carnégie ou de professurs réputés ayant mal tourné, d'où vient l'offensive. C'est tout simplement un mioche de vingt deux ans et déjà chevronné. Il est enfin sous les verrous mais avec l'extension des cartes de payement par internet et les défectuosités dues à l'effet de taille, ces catastrophes invisibles ne pourront être évitées et prendront une dimension planétaire. Le moyen est évidemment de militer pour des moyens classiques de payement, mais non seulement les nations ne font rien pour les promouvoir, mais un pays comme la France pénalise ceux qui n'utiliseront pas l'internet pour payer leurs impôts.
Ce que la superficialité et la myopie des techniciens les empêche de comprendre, c'est que ces dysfonctions sont des incidents contingents qui seront définitivement éliminés par l'expérience et la compétence des policiers de l'internet. Et cette idée fausse est transmise par tous les moyens aux étudiants comme au grand public, pour faire passer le mythe de la grande informatique. Mais en fait ces tares sont tout sauf contingentes. Bien au contraire elles sont organiquement inhérentes au système et se développent exponentiellement comme les virus d'un sang contaminé. Nous avions déjà alerté Jean Pierre Bouhot et moi-même les professionnels contre ce que l'on nommait la Télématique, promue par des gens comme Simon Nora, Alain Minc, Joël de Rosnay et tous ceux qui faisaient rêver le grand public, comme les chefs d'état. Bien entendu le crime profite à toute l'industrie des logiciels qui en vit Mais à quel prix !
Lire le blog notes dans le corps du billet.
Monday, 17 August 2009
CHRONIQUE
LA FOLIE INTERNET
Mon ami S*** me demande de lui adresser un pli par chronopost. je lui demande son adresse. Il me dit:
- Donnez-moi votre N° d'email pour que je puisse vous l'adresser.
- Mon email est en panne -
- Donnez-moi l'email de votre hôtel par email.
- Je ne peux pas, je n'ai pas d'email.
- Alors adressez-vous à votre informaticien.
- Il est en vacances.
- Ah! . on affaire à un vrai poblème. Je vais voir ce qu'on peut faire en trafiquant un peu votre serveur
- Dites-moi. Quelle est votre adresse?- 12 Avenue Hoche , Paris 75008. Pourquoi?
- Merci, je viens de la noter, j'enverrai le chronopost à cette adresse.
Ceci n'est pas une galéjade et ça ne s'invente pas. S*** est un homme particulièrement intelligent et pas du tout un fana d'informatique. Il est tout simplement englué dans un réseau tout puissant qui n'a rien à voir avec l'internet qui lui, est souvent défaillant.
Notons au passage que, jadis, la poste faisait correctement son travail. Mais étant défaillante auourd'huij elle est remplacée par une "poste qui marche" à un prix dément, le chronopost ou le DHL. Voici un exemple de plus un cas d'inflation galopante et non prise en compte par les statistiques. Le phénomène est général et même aggravé. La carte Américan Express passe du vert au doré, puis au platine (AA.Platinum) et à présent par la carte noire. Les produits durables et de bonne qualité, sont fabriqués en Allemagne ou en France, voire en Italie mais sont surclassés par de la camelote coréenne ou chinoise peu onéreuse mais non durable. On trouve au marché de Vintimille des pulls 100% cachemire qui au bout d'un mois peluchent de tous côtés alors qu'un Ballantine made in England, coûte le triple mais dure vingt ans. Mais l'argent déboursé plaide pour lui-même, la durabilité est évanescente :LES GENS N'IMAGINENT PAS UN LAPS DE TEMPS DE DEUX DÉCÉNNIES.
DU BLOG NOTES
EST-IL UN JOURNAL?
Il en a l'aspect. Les billets se succèdent quasi quotidiennement. Ils sont autobiographiques et traitent de ce que j'ai vu, lu, ressenti , dans un style spontané, comme si je parlais sans complexe avec vous, mes chers internautes. Mais cette ressemblance cachent le fait que le feuillet du blog notes n'est pas un journal au sens de "diary", comme celui de Julien Green.
Ce dernier, au moment d'aborder le sien en définit les règles. Le diariste s'engage à être sincère, à tout dire, à ne rien cacher d'important si ce n'est par oubli. Cela est d'autant plus facile que le seul destinataire des pagesest l'auteur. Au contraire les pages de mon blog notes sont destinées à des inconnus, ou plus embarrassant encore à des connaissances bienveillantes ou jalouses. Elles ne peuvent donc être ni spontanées ni sincères totalement.
Je me suis aperçu ce matin, combien je me sens seul, et souffrant à la fois par le corps et par le coeur. Mes deux amis affectivement les plus proches sont les plus loin physiquement, un jour en Chine, l'autre jour aux confins de la Sibérie. Mon sort est scellé et les jours me sont comptés que j'aspire à vivre dans l'émerveillement de ce qui m'entoure. La nature, les monuments sublimes qui nous entourent à Paris, à Tokyo comme à Sienne, Et surtout le privilège d'exister. Mais je vis dans le gachis, dans la mCe alveillance, emmuré quotidiennement dans une bulle de culpabilisation, assaili par le euménides.
Le peu que j'en laisse transparaître est dissimulé sous des noms et des statuts d'emprunt.
Quand j'étais jeune j'osai affronter mes ennemis arrivés au faîte de la gloire. Je me disais : je gagnerai car je suis jeune encore alors qu'ils auront pris leur retraîte ou accablés par l'âge et la déchéance du corps. Quelle cruauté dans ce calcul, combien dois-je bénir la providence de me l'avoir épargné. Certes, le jeune Axel Poliakoff doit me toiser avec l'insolence que la beauté, la richesse, et l'ambition satisfaite manifestent envers le petit vieillard malade et ratiocinateur, dépendant du bon vouloir des autres, prompt à s'offenser et se considérant le centre du monde. Invoquant un amour non accepté, il s'accroche, se cramponne à Axel, obligé d'avoir recoursà des méthodes brutales pour s'en débarrasser, suscitant ainsi des lamentations supplémentaires. Mais bien d'autres - plus mûrs il est vrai - me respectent et montrent la considération dont jouissent un autre type de vieillards :les intellectuels, les créateurs, les hommes de culture. Ceux-là ne vieillissent point, et l'âge, mué en expérience et en hauteur de pensée, devient un atout.
Thursday, 6 August 2009
CHRONIQUE
DES ORDINATEURS ET DES HOMMES
Le règne de l'ordinateur
LA TECHNOLOGIE AU SERVICE DU BIEN PUBLIC
On n'arrête pas le progrès. J'ai dû d'urgence faire renouveler mon passeport qui doit être en règle pour que je puisse partir à la fin du mois en Russie. Cela a été très vite grâce à un ordre de mission officiel, mais une fois les documents rassemblés, y compris un acte de naissance qu'il faut réactualiser chaque trois mois (de peur que j'aie changé de lieu et d'âge depuis un trimestre) les services des passeports se sont heurtés à des obstacles d'ordre technologiques, qui montrent que la République évolue elle aussi au rythme de l'innovation technologique de point. Réconfortant n'est-ce pas?
J'a fait établir chez le photographe de Divonne, qui a un équipement adéquat, des photos réglementaires pour documents officiels. Mais voilà : elles étaient rejetées par l'ordinateur qui ne les reconnaissait pas, les normes techniques ayant changé pour cause de nouveaux logiciels. Fort heureusement la mairie avait un appareil de photos aux normes et produisit des vignettes incontestablement légitimes, car j'y ressemblais à un sérial killer .
Puis il fallait prendre les empreintes digitales. Savez-vous ce que c'est? Autrefois vous pressiez vos doigts dans un tampon encreur et vous apposiez l'empreinte sur le document. Mais la République veille sur votre bien être. Elle se préoccupe de votre stress lorsque vous devez vous laver les mains pour enlever l'humiliante souillure. Elle fait donc appel à la technologie de pointe, et c'est ce dont sont gratifiés tous les bureaux officiles. C'est une plaque électronique, toute hérissée de voyants et de boutons. Face à la plaque, cachée aux regards du quidam, un écran que consultent avec des mines affairées les préposés au service. Je pose sur la plaque mes quatre doigts de la main gauche mais la machine les rejette. Comme les photos, ils sont non conformes. On essaie de les humecter avec un tampon humide spécial. Rien n'y fait. Puis on essaye la main droite. Rejetée par le système ! Il commence à y avoir un petit attroupement d'employés, chacun formulant une suggestion. On apprend que cela arrive souvent et notamment ce matin pour une jeune fille. Et tous, saisis par un obscurantime regrette l'époque des dinosaures, celle où on se souillait les mains. Enfin, un miracle se produit au bout de dix minutes d'essais : la plaquette électronique daigne remarcher, non sans quelques soubresauts. Vive la technologie, elle aiguise notre patience et affine notre intuition !
UN BLOG TROP INDISCRET
Ainsi que vous pouvez le deviner, les propos tenus, même à mots couverts sua la famille Poliakoff, on suscité beaucoup de réactions indignées de la part des gens qui nous connaissent. Un de ceux que je qualifie d'arriviste, trouve dans ce déballage la raison de la désaffection de Axel et d'Igor. C'est oublier que les révélations ont été lancées aprés le fait et non avant. Cela s'est fait tout naturellement. J'ai pour principe de donner - avec l'assentiment des intéressés - les noms et les faits réels, quand ils sont de nature élogieuse, et de les remplacéer par des personnages imaginaires dans le cas contraire. Ces personnages : LH III ou "Le jeune Homme" et je les ai placés dans des lieux décalés, comme la Grèce (Socrate) ou des milieux fantaisistes (le jeune homme a plusieurs frères qui voulent sa peau, LH III qui vient tout droit de l'Entretien). En revanche le personnage réel était énoncé sous sa véritable identité, faisant partie de ma vie, de ma famille, au même titre que Marina ou Sandrine. J'ai donc déclaré dans ce journal nommé Chronique, leur existence et leur relation avec moi. J'ai donc été stupéfait, comme les internautes, par leur revirement. Du coup de personnages positifs, il se sont révélés comme des êtres inconsistants, méprisants et méprisables, ingrats et sans coeur. J'ai alors changé leur nom mais le mal était fait.
L'ARRIVISTE CHANCEUX
Un de ceux qui ont émis l'hypothèse d'une réaction négative des Poliakoff en présence de leur citation sur le Blog, a été lui même présenté comme un arriviste. Il n'a pu s'en plaindre, car après des mois d'absence et des baudruches crevées, il ne s'est mis en contact avec moi, un peu gêné tout de même, que lorsqu'il s'est aperçu que nous avions par l'intermédiaires de mon fils, des relations communes. Voici un exemple de notre conversation d'hier soir :
"Je me suis reconnu dans le portrait que vous avez fait de moi comme arriviste? Pourquoi ?
- Parce que vous êtes un arriviste.
- Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que je suis un arriviste?
- Prenez un dictionnaire ou relisez le billet. Si je dois vous rafraîchir la mémoire, je vous rappelerai les critères principaux : tous subordonner à une progression dans l'échelle sociale, faire sonner ses relations, promettre ce qu'on ne peut pas tenir et faire espérer des avantages hypothétiques, afficher une franchise de commande, avoir le charme du courtisan accompli et plaire aux femmes, se faire inviter par les très riches dans des yachts ou des villas prestigieuses, se glisser dans la cohorte des amuseurs qui mettent de l'animation par leur talent d'animateur etc.
- Je ne suis pas comme cela. Il faudrait qu'on se parle pour que vous me connaissiez mieux.
- Je n'ai jamais fermé la porte à qui frappait pour me voir. Tous ont quelque chose à apprendre et à enseigner. Il faudrait que vous soyez présent pour que nous puissions parler hors blog et hors téléphone.
- Je vous promets de le faire. Mais vous m'avez causé du tort.
- Allons donc ! Si les cocus sont les meilleurs gens du monde, il vaut mieux être du côté de ceux qui leur plantent des cornes. Des arrivistes? Croyez-vous être le seul de leur espèce? Ils sont partout.
Vous trouverez dans le corps du blog la suite des lectures sur le Mingei.
Le règne des hommes
SOUVENIR DES CAPUCINS
PAR RAFFAELLA SIMONI BERNARDI MALAGUTI
Nous évoquions récemment les moments exceptionnels que nous avions vécu aux Capucins, et son émotion était contagieuse, à tel point que je la priai de coucher par écrit ce qu'elle m'avait exprimé. Elle consentit de bonne grâce et m'adressa aussitôt par e-mail un texte merveilleux et poétique que j'essayerai de traduire de mon mieux afin de vous faire ressentir, bien imparfaitement des moments fastes de mon projet culturel.
Un lieu reste dans mes yeux par sa beauté, dans le cœur, par les émotions et les sentiments qu’il suscite.
En arrivant aux Capucins, on se trouvait devant un grand et impénétrable portail de fer gris qui une fois grand ouvert s’ouvrait sur une petite cour, avec au centre un puits, pris entre les parois latérales d’un grand édifice en fer à cheval rose pâle aves des fenêtres blanches et à l’entrée d’un grand parc.
La porte d’entrée était plutôt petite, mais à peine on était entrés on s’apercevait qu’on était dans un lieu magique. L’extraordinaire habileté, le goût et le raffinement de Marina Fedier, la sœur du propriétaire, et aussi le cœur qu’elle y avait mis, étaient parvenus à donner de la chaleur à un édifice vétuste du XVIème siècle, rien moins qu’un couvent, qui tout en respectant la construction fut rendu plus confortable que l’on puisse imaginer et qui alliaient avec une simplicité apparente, un lointain passé, la soigneuse sélection de l’équipement et de l’ameublement et le confort contemporain.
Le tout en parfaite correspondance avec l’hospitalité extraordinaire avec laquelle le frère, le Professeur Bruno Lussato accueillait les hôtes, en leur offrant des soirées inoubliables dont les thèmes couvraient, pour n’en citer que quelques unes, depuis l’opéra lyrique, la peinture, les voyages de navigateurs solitaires, jusqu’aux pièces d’Ionesco, au cabaret, à des concerts de pianistes célèbres, toujours complétées par ses explications doctes, brillantes et lorsque c’était opportun, humoristiques.
La partie culturelle et les représentations se tenaient en général dans l’Auditorium, un édifice séparé construit spécialement et auquel on accédait par un sentier couvert d’un rosier qui côtoyait d’un côté la serre, de l’autre un petit lac où nageaient paresseusement des cygnes blanc et noirs.
Les soirées s’initiaient dans le Salon de la Musique où une épinette, de rares instrument orientaux, une partition originale de Mozart, stupéfiaient régulièrement les invités, et se concluaient dans l’élégante et sévère salle à manger.
La construction basse et allongée ou les moines « exerçaient différents métiers » et qui faisaient partie du complexe, était devenue le siège du Musée du Stylo et de l’Ecriture dédié à mon père, le premier et cependant unique musée de ce genre qui accueillait la plus grande collection jamais sélectionnée. Dans un espace adéquat se trouvaient aussi de splendides papiers japonais.
L’ensemble était si beau que souvent en en parlant avec d’autres hôtes je laissais transpirer le fait que j’y logeais pendant mon passage à Paris, je notais un petit éclair de jalousie dans les yeux de mon interlocuteur.
J’ai en effet eu la chance de dormir dans la Chambre bleue et dans la Rose. Dans la première, immense, je ne fermais que quelques rideaux des huit fenêtres. Je voyais, en restant au lit, le clocher de l’église et un ciel qui m’apparaissait différent de l’italien, surtout en été et que j’avais la compagnie des carillons de l’horloge du pays. Dans la Rose, qui donnait sur le parc, j’éprouvai une sensation de sérénité que depuis la mort de mon mari je ne connaissais et que je ne connais plus.
Raffaella Simoni Bernardi Malaguti. 6 août 2009
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