CHRONIQUE
INFLATION MASQUÉE
Autrefois j'achetais mes pulls en cachemire chez Old England. Ceux que je ne ai pas perdus, je les porte toujours. Ils sont neufs comme au premier jour. Voici un mois je trouvai et achetai au marché de San Remo, un même pull fabriqué en Chine pour un dizième du prix. Aujourd'hui il peluche de toutes parts et il est devenu un chiffon informe que j'utilise la nuit sur mon pyjama. Si je l'acquiers chez Old England, aujourd'hui il restera utilisable dans un ou deux ans, mais plus toute une vie.
Avant la guerre il y avait ce qu'on appelle la poste. Elle était faite pour vous adresser un cois ou une lettre dans les trois jours. Et cela marchait fort bien. Aujourd'hui le pris d'un timbre pour la France a baissé donant une illusion d'une déflation bienvenue. Le seul problème est que le cheminement postal n'offre plus les garanties no le service de jadis. Si on tient à en retrouver l'équivalent, vous pouvez utiliser le chronopost, ou le DHL Mais ce sont des moyens ruineux, de l'ordre de 200 euros. Toutes circonstances ett services comparables, l'inflation est monstrueuse.
Mon père acheta avant guerre un réfrigérateur westinghouse. Il était petit, vilain, peu confortable à l'intérieur, il ne faisait que refroidir. Vers les années soixante dix noue fumes tentés par de superbes armoires réfrigérantes, dotées de toutes sortes compartiments, pour les oeufs,les salades ou le champagne. Nous jetames notre minable Westinghouse. Dix ans plus tard après bien des déboires et de coûteuses réparations, nous jetâmes ce bel engin pour acheter un autre encore plus beau et moins cher. Mais on nous avoua qu'il ne durerait pas plus de cinq ans, et qu'on pouvait acheter une garantie de trois ou cinq ans. Le nouveau était fabriqué en Chine ou en Corée.
Jusqu'aux années soixante, un des symboles de la Suisse était le chocolat. Lindt vendait des tablettes carrées très fines et d'un goüt incomparable. Aujourd'hui l''emballage doré est toujours identique et l'effigie d'un vieux monsieur barbu grantit toujours par sa signature, la recette exclusive de ces tablettes. Le seul problème est qu'elles n'ont plus de goût. Si vous voulez le retrouver, allez en Belgique, à Ixelles ou à Uccle. Les gens font la queue dans une boutique exiguë où un monsieur moustachu originaire d'Italie, garantit la recette excusive de ses produits. Mais cet homme existe en chair et en os, et ses produits ont une saveur dogne du "bon chocolat suisse" d'autrefois. Les prix sont évidemment en conséquence,
Russell Ackoff professeur à la Wharton School, département SSS (Scube) démontra que la quantité d'information i augmente, puis diminue avec le nombre de données d. Nous avons atteint un seuil où la quantité d'information produite tend vers zéro.
Adrian Mc.Donough, son collègue de S cube, dans son livre "information économics" distingue trois grandeurs corrélées : d, data ; i, information ; k, knowledge. d, les données consistent dans le nombre de signes produits par un système (c'est le coût de l'information : plus il faut de données pour obtenir un renseignement, plus le coût augmente). i, l'information est issue de la rencontre d'une donnée et d'un problème. Si d ne peut aider à résoudre un problème, sa valeur est nulle. Enfin k, le savoir, est ce qui donne du sens à la donnée. Cela peut aussi être une information potentielle. C'est elle qui nous fournit les outils et la prise de distance nécessaires pour définir le problème. C'est k également qui permet d'appréhender des réalités non chiffrées, esthétiques,morales ou affectives. Or les quotients i/d qui mesure l'efficience du système, et k/d qui donne une idée de son impact sur le psychisme diminuent avec la taille du système et sa production. C'est un anti-effet d'échelle, totalement méconnu des professionnels.
Mc.Donough estime qu'avec la taille des systèmes et la quantité de données qu'ils produisent et qu'il traitent, le coüt augmentera et le sens diminuera. Pour obtenir le même résultat utile pour notre travail et enrichissant pour notre psychisme, il faudra de plus en plus de données. Celles-ci semblent être de moins en moins cher, mais c'est une illusion lorsqu'on pense aux frais connexes, au temps perdu, au recours à des spécialistes.Que l'on prenne pour exemple Photoshop ou le fonctionnement des magnetoscopes, jadis intuitif et fiable. Nous savons tous que les pannes des voitures européennes comme Mercédès, sont dues non pas à la mécanique, mais au vieillissement des composants et leur manque de fiabilité. Le secret des voitures ùade in Japan, est leur conservatisme qui limite au maximum toutes satisfaction électronique.
Alors, pourquoi tant de jeunes sont-ils fana des sonnées au détriment des informations et du sens? La réponse n'a pas de quoi nous satisfaire. C'est que la simplification du travail et les remèdes de bon sens, ne sont guère ludiques, ni valorisants pour eux. Ils aiment les données pour les données, et plus leur estomac en réclame, plus il devient obèse, plus il en réclame encore. La passion des jeunes et moins jeunes, astucieux mais culturellement nuls, en déça du suil absolu de pauvreté (Galbraith) est proche de celle qu'ils éprouvaient jadis pour les diaminos, les cubes de Rubick, les jeux mathématiques. Cette passion, au grand dam de la frugalité nécessaire ent temps de crise, et de l'évolution vers un humanisme, est vigoureusement promue par les Nations et les Sociétés informatiques. Je rappelerai que les contribuable qui n'ont pas d'ordinateur et ne peuvent envoyer leur déclaration par Internet, seront pénalisés !
Tous ces errements produisent une inflation qui ne se décèle pas dans les statistiques, due à ce que pour le même prix on a moins.