Saturday, 28 February 2009
Chronique
Photos de la vente du siècle
Je devrais recevoir prochainement les photos officielles de la vente avec autorisation de les diffuser sur le blog. En attendant, je vous communique quelques images prises à la fin de la dernière session. Auparavant vous voyez la version Jésus de L'Entretien dont je vous entretiendrai plus bas.
Me voici avec l'équipe impressionnante et hyper efficace des téléphonistes de la
vente du siècle.
.Me voici à la fin de la vente, auprès du podium, tout content d'avoir acquis un lot, qui s'est révélé apocryphe;
Potins de la vente
On dit qu'une grande partie des tableaux achetés chez Alain Tarica, ne se sont pas vendus. J'avous pour ma part que Tarica ait vendu des Gericault au couple, lui dont le père dédaignait mes Tàpies.
Lorsque je visitai l'exposition de Koons à Versailles, la foule était indescriptible. J'attribuai cet engouement à la la curiosité,, par la provocation de l'artiste. Mais point du tout! Nul n'avait entendu parler de Koons. On était là uniquement pour voir Versailles!
De même l'enthousiasme pour la vente du siècle ne toucha que peu nos couches populaires. France-Soir n'en a fait aucune mention, ni mon employée de maison. Cette dernière qui sait mieux manier un ordinateur qu'un grille-pain, n'avait que vaguement entendu parler de l'évènement. Mon avocat et ami Me Daninos, me fit don d'un livre extraordinaire de Leo Perutz : Le Judas de Léonard, datant de 1959 et traduit de l'allemand en 1987, éditions Phébus. Saisi d'un soupçon, j'interrogeai mon employée : savez-vous qui est Léonard de Vinci? - Oui, ça me dit quelqie chose,ce n'est pas un roi? Réponse digne de "Le Homard de Vinci". Est-ce l'effet de la télévision, de l'Education Nationale, de l'environement? Le fait est là. Pourtant la télévision française couvrit remarquablement bien l'évènement.
La mise au net de L'Entretien
Vous vous souvenez peut^etre de ce manuscrit à peintures, sélectionné par la BNF pour figurer, honneur suprême, dans la salle des manuscrits anciens à Richelieu. L'ouvrage original comprend plus de vingt volumes de grand format, mais la première mise au net était calligraphiée avec des couleurs précieuses: or à la coquille, vermillon naturel, Lapis-Lazuli etc. Les petits volumes in-8 qui servent de support à ce travail monastique, sont une interprétation moderne de la reliure du journal de Samuel Pepys, célèbre chroniqueur, volumes vendus voici 30 ans chez Rizzoli 5 th Avenue à NewYork. Cette merveilleuse libraire en acajou et bois précieux vendait des fac-similés culturels : posters, livres d'heures, et des livres de pages blanches dont le Pepys. L'emboitage annonçait : "tout ce qui manque à ce livre de faire un chef-d'oeuvre, c'est vous. " Ne pouvant me payer un original, je relevai le défi en réalisant mon propre "chef d'oeuvre" (Au sens d'oeuvre de compagnonnage". Ce fut le célèbre calligraphe Claude Mediavilla qui m'initia et traça l'alphabet du "chef d'oeuvre". Je remplis ainsi un volume et un autre qui resta en suspens. Une des raisons à cela, est que je perdis mon acuité visuelle et je fus obligé de porter des lunettes. Une autre était le temps pris par la réalisation d'une page : plus de trois heures et demie. Ce temps était trop lent pour suivre ma pensée qui était bien adaptée à la spontanéité et la tolérance à l'erreur des livres carrés, aujourd'hui les originaux. Depuis j'en tirai un grand nombre de moutures imitant les livres de J.M.Ricci ou encore des innovations numériques,sur photoshop.
Aujourd'hui je décidai de faire le ménage dans ce texte foisonnant et choquant dans bien des pages. A ne pas mettre entre toutes les mains! C'est un grand travail de re-création et j'avais le choix entre deux solutions : de grands volumes format Jésus, très majestueux et permettant une exécution rapide. Vous en avez un exemple en tête de ce billet. Les matières employées, sont de qualité moyenne : gouaches Uni Posca, Or et argent Pentel, grands titres au feutre calligraphique etc....
L'autre possibiliité fut de continuer le manuscrit Pepys, abandonné voici trente ans pour les raisons que j'ai mentionnées. Il y en avait une autre. Dans un souci de variété, j'adoptai une caroline (du temps de Charlemagne) mais je m'aperçus que ni cette écriture, ni la gothique, ne me convenaient. Elles étaient pour ma main, contre-nature. Mon écriture normale, prevenant sans doute de mes ascendances florentines, est l'humaniste: droite ou cursive, dite de Chancellerie (Cancelleresca).
Je me procurai chez Sennelier les matières précieuses nécessaires : poudre d'or et d'argent, gouaches à l'oeuf, aquarelles Rowney etc. (voir ci-dessous) sans compter les précieuses plumes calligraphiques Brause, de 2mm et de 5 mm. Hélas des déconvenues m'attendaient, dues à la perte d'un savoir-faire des grands fournisseurs de ces produits nobles. Si c)ela vous interesse, continuez la lecture sur le corps du billet..
De bas en haut : petits pains d'or (pur) et d'argent à la coquille. Mortier pour broyer les couleurs, pierre à encre et son bâton, brunissoir en agathe, boite de voyage Rowney contenant un réservoir d'eau et un godet, couleurs Rowney et Windsor et Newton, tempera à l'oeuf Sennelier.
Ce matériel est de qualité bien inférieure, de son équivalent d'il y a trente ans. Par exemple la boite portative d'aquarelles Rowney est d'une finition grossière à la peinture, alors qu'elle était jadis cuite au four. Les temperas de Musii à l'oeuf et au miel, utilisées pour retoucher et retoucher les tableaux anciens, ont disparu, il est impossible de s'en procurer et la liste est illimitée.
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Chronique
Les dessous douteux de la vente du siècle
J'enrage! Une fois de plus. J'ai suivi scrupuleusement toutes les directives d'Emmanuel, non seulement en enregistrant constamment les billets, mais en veillant à ce que toutes les heures, je fermele billet pour le réactualiser. J'ai donc fait un important billet, un des plus détaillés que j'aie commis, et tout d'un coup tout est effacé. Je devrai tout recommencer. Mais la même mésaventure peut encore survenir. En attendant l'arrivée d'Emmanuel, je vais donner un bref condensé du contenu du billet.
1. Le commissaire priseur qui m'a vendu le Della Robbia, s'est bien gardé de l'annoncer comme un copie postérieure. Il s'est couvert en disant que dès le début de la vente, la copie apocryphe était annoncée et qu'on n'avait qu'à consulter le catalogue complet (et non le guide qui ne signale pas la supercherie). Mais le catalogue n'était plus disponible depuis Dimanche, ou il a été pris d'assaut par des gens soucieux de garder un souvenir. Pis encore, la consultation sur place avant la vente n'était pas possible, l'unique exemplaire mis à la disposition du public pour consultation étant pris d'assaut. Le temps d'y accéder, j'aurais perdu l'annonce de la fraude. Je mle suis donc fié à l'annonce du commissaire priseur qui aurait dû annoncer non pas "de l'atelier de della Robbia, 1520, mais",copie apocryphe d'un della Robbia". L'annonce était donc mensongère et délibérément fausse. J'ai bien entendu une foule de témoignage d'amis et de collectionneurs qui peuvent témoigner de cette bévue.
2. Je ne doute pas que Pierre Bergé, dont j'ai dit dans un précédent billet, l'admiration que je lui porte, essayera de réparer ce dommage. Cela m'est arrivé dans le passé, où la Galerie Louise Leiris m'a donné satisfaction à propos d'un faux Léger, alors que légalement elle n'y était pas obligée, afin de sauver l'honneur de Kahnweiler.
3. La provenance d'une pièce est primordiale. C'est le grand marchand qui fait la collection (comme Alain Tarica pour les tableaux modernes) et il faut le suivre et coopérer avec lui de façon permanente.Cela a été la règle pour Pierre Bergé, et Yves Saint Laurent. Mais la pièce que j'ai acheté ne faisait pas mention d'une quelconque référence, pas plus d'ailleurs que le Bouddha, que je ne regrette plus d'avoir manqué. On voit le résultat. C'est la raison pour laquelle les grandes fondations comme Getty, et les grandes collections, préfèrent payer le double un marchand plutôt que d'acheter directement aux enchères. La Deuxième Fondation suit ce principe: Claude Burgan pour la numismatique,Heribert Tenscher pour les manuscrits à peintures, ou Stéphane Cavreuil pour les livres anciens.
4. Les estimations sont souvent absurdes et entrainent des résultats absurdes.Je pense à ceux qui ont payé un bloc de Pyrite à jeter à la poubelle. (evidemment sans provenance).
5.J'attends les photographies officielles de la vente pour illustrer le blog.
Thursday, 26 February 2009
CHRONIQUE
La vente de tous les records, conclusion
J'ai vécu hier soir la clôture de la vente di siècle et j'ai même pu obtenir un lot de consolation : une statue de céramique de l'atelier Della Robbia attirbué à Giovanni della Robbia et datée de 1510. Mais j'enrage d'avoir manqué, en me fiant à l'estimation stupide (volontairement?) de Christie's. Il s'agit d'une des pièces majeures de la vente, un exceptionnel Bouddha de l'époque Ming et estimé 30 000 à 40 000 euros. Je croyais donc l'obtenir en lançant un ordre de 250 000 euros pour le compte de la collection d'Uccle, département Mingei. Or le prix normal eût été de 5 fois ce montant. Un chef-d'oeuvre exceptionnel n'a pas de valeur. Il eût été classé iiii d'après mon échelle d'insubstituabilité. Si c'est un musée américain ou chinois qui ont été acquéreurs, il passera au rang de iiiii, celui des utopies.
Par ailleurs, il est incontestable que les livres anciens et les monnaies - culte, sont très chers par rapport à des pièces exceptionnelles comme ce lat turc dit des quatre fleurs de 1550, parti pour 52.000 euros, ou une hydrie du IVème siècle BC, d'un modernisme et d'une pureté étonnants rappelant l'Art Déco. Et que dire d'un magnifique cratère grec attribué au peintre de la tauromachie du Louvre et digne d'un musée? Il partit à 150 000 euros à partir d'une estimation grotesque de 20 000 à 30 000 euros. Un grand brule-parfums magnifique de la fin de la dynastie Ming, se vendit 60 000 euros à partir d'une estimation stupide de 10 000 à 12 000 euros! Pour toutes ces pièces, je fus "underbidder", en combat avec une seule personne, ce qui est toujours dangereux. D'où ma satisfaction d'avoir enfin obtenu à un prix très raisonnable, la céramique de l'atelier Della Robbia pour la fondation d'Uccle , département de l'artisanat. Ce n'est pas ma tasse de thé, mais je dois faire abstraction de mes goûts dès qu'il s'agit d'un centre culturel à vocation pédagogique.
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Wednesday, 25 February 2009
CHRONIQUE
Objets d'une exposition
On connaît la suite magistrale et célèbre : Tableaux d'une exposition de Modeste Mussorgsky orchestrée par Rimsky Korsakoff. C'est avec l'état d'esprit du promeneur de la galerie de tableaux, que je me suis promené d'objet en objet dans la magnifique exposition de la vente Saint Laurent Berger. Je viens d'ailleurs
Tuesday, 24 February 2009
CHRONIQUE
Logique d'une collection
On le sait, le but de toute collection est de rassembler des objets selon une règle plus ou moins explicite, sinon ce serait un simple entassement,le dépôt d'un marchand, le catalogue d'enchères d'un jour, ou bric-à-brac dans un grenier. En jargon mathématique, on dist qu'il s'agit d'un simple ensemble, dans lequel aucun élément n'est ordonné ni systématisé. Une collection est au contraire un ensemble systématisé, possédant un Univers U et une Caractéristique A (ou ensemble des relations qui organisent l'ensemble).Le critère qui gouverne l'établissement de la caractéristique, est la clé de la collection.
Dans la merveilleuse collection rassemblée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, la clé est constituée par un certain nombre de critères : vase de excellence, beauté esthétique, novation, variété et non hiérarchisation des styles, des époques, des objets, d'un Goya à un vase de Dinand. Mais la constitution de la collection obéit à d'autres tropismes : absence relative de Klee, de Cézanne, de monnaies et médailles, de reliures de Pierre Legrain, présent par ses objets uniquement. Attraction pour l'Art Deco, ce qui est riche et quelquefois surchargé, lacunes notoires (l'Abstraction lyrique, l'Art conceptuel) les livres d'heures) cotoyant l'abondance de certains objets, généralement décoratifs et opulents: plats, coupes, objets de vertu, statues romaines aux nus émouvants de sensualité etde perfection.
Cette collection, par ailleurs, n'est pas un système logistique, c'est à dire au'il n'existe pas un idéal clos, dont on puisse dire : c'est complet, on ne peut plus aller plus loin. Elle peut au contraire s'accroïtre d'une manière certes organique (la logique de la beauté et de la surprise divine) mais polymorphe, au gré des circonstances, du hasard; foisonnant sans fin et arrêtée seulement par la mort d'un des deux amis; quoi qu'il en dise, il y a de la douleur, celle des abadons, dans la décision de se défaire de cet univers merveilleux, une sorte de travail de deuil.
Toutes proportions gardées, j'ai créé plusieurs ensembles muséaux sur ces bases un peu informelles : Le Centre Bruno Lussato au Musée de Genève, celui de la première Fondation à UCCLE, Bruxelles, et dans une certaine mesure, la collection de la deuxième fondation fantômatique à l'existence aussi incertaine, que le plan est organisé.
La plupart des grandes collections qui font l'essentiel des grands musées, obéissent au contraire à un plan strict et raisonné, pouvant atteindre la complétude. le conservateur des Monnaies et Médailles de la BNF, me disait qu'il recherchait uniquement des pièces qui puissent combler les lacunes d'une série. Par exemple la totalité des productions des ateliers pour un louis d'or à la mèche du roi soleil. Peu importe la qualité, l'état de conservation, la beauté : démarche de tout collectionneur de timbres-poste, le conservateur recherchait à remplir des manquants.
Cependant, les collections vraiment importantes, tout en recherchant la complétude (Plans d'acquisition, logiques de parcours pédagogique que je nomme Chemin de fer) acceptent aussi au gré des circonstances des donations ou des occasions exceptionnelles.Citons : La collection Barbier-Müller (Art africain) , le musée du quai Branly (Arts premiers) la fondation Baur, les collections du musée Getty, etc.
Avec mes minuscules moyens, j'ai constitué ainsi des collections spécialisées en veillant à ce qu'elles situent au deuxième rang français et au troisième rang international. Je citera : Le Musée du Stylo et de l'Ecriture, de loin le plus important au monde, et victime en 2001 d'un hold-up sanglant, La collection d'appareils photographiques et de caméras (comprenant la première caméra Lumière ), la collection de postes de radio, les archives Richard Wagner, les secondes après Bayeureuth (loin en tête) et contenant le manuscrit du premier jet du Ring et bien entendu, la collection de partitions musicales, la seconde en mains privées après celle, extraordinaire, de Fuld. Actuellement nous essayons de constituer un Musée d'art populaire japonais( Mingei) qui égale, puis surpasse la célèbre collection Montgomery. Si notre effort aboutit, nous nous situerons au deuxime rang mondial après le Japon. (Centre Lussato - Fédier à UCCLE, Bruxelles).
Si vous continuez cette lecture, j'évoquerai le cas paradoxal et, ce me semble inédit, de la Deuxième Fondation.
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Monday, 23 February 2009
CHRONIQUE
La vente du siècle
Quelle vente et quel siècle? Je n'ai pas été vérifier si c'est le 22ème ou le 22ème mais ce serait les deux siècles réunis, que cela ne m'étonnerait pas outre mesure. Quelle vente? Ben, voyons! Celle de la collection d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé évaluée 500 millions d'euros, soit un peu plus que celle qu'un nabab russe aurait dit-on payé la tape-à l-oeil Villa Leopolda. On a la culture qu'on mérite. Par un de ces revirements dont le sort est friand, un de ceux-ci, pour qui 500 millions d'euros n'était qu'une paille dans sa fortune, se trouve par un captice de la géopolitique, couvert de dettes abyssales. Les 500 millions d'une collection hors pair, lui eût été bien utile! Un autre que je connais quelque peu, s'est arrêté d'acheter pour des raisons mal connues mais pour qui l'intérêt pour la culture est tellement suspect, qu'il préfère se ruiner dans l'inculture, que de s'enrichir par les objets uniques du patrimoine humaniste. Tel n'est pas le cas du sympathique couple Bergé-Yves St Laurent qui vendent, ou donnent aux musées français des joyaux culturels inestimables pour venir en aide à des hôpitaux et oeuvres sociales, qui constituent l'objet de leur Fondation. Mais je ne puis me défendre d'une réserve dictée par l'expérience. Dans un siècle ou moins, que restera-t-il de leur oeuvre caritative qui n'ait été sanctionnée par la bureaucratie? En revanche s'ils avaient créé une fondation culturelle à partir d'un fonds admirable, il est à parier, que dans un demi-millénaire elle sera toujours présente, comme la bibliothèque de Grolier avant sa dispersion. Je me disais cela en parcourant de salle en salle les oeuvres exceptionnelles du couple mais surtout leur variété, leur juxtaposition, leur richesse. Le public ne s'y est pas trompé. Venu des quatre coins du monde, de toute religion, de toutes tendance, arabes exceptés, ce me semble, ils firent la queue pendant toute la journée d'hier, file d'attente la plus longue qu'il soit possible d'imaginer, contournant le Grand Palais, jusqu'au Palais de la Découverte! Les gens prenaient patience sans songer à la pluie, au froid, à la cohue qui ne bougeait pas. Vers onze heures la queue était toujours immense bien que tout espoir soit perdu pour les badauds, ces strollers, de pénêtrer dans une enceinte close à minuit. Pour ceux qui seraient désireux de visiter ce qui reste, les dates sont aujourd'hui de 9h à 13 heures, c'est à dire déjà trop tard.
Je pus entrer muni d'un certificat médical bien commode, bien que cher payé, mais même dans les salles on piétinait sur place, c'était pire qu'à Versailles un jour de pointe.
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