Saturday, 4 August 2007
Sixième livraison
Le cabinet du Professeur Necromonte
Sequence 221 de l’Entretien
La page 1644 du vol.25 de L'Entretien. détail.
Le jeune homme fut introduit dans le cabinet du professeur. Sextus Famulus, son assistant, le faisait patienter en l’agaçant d’un flot de banalités érudites, l’un faisant semblant de parler, l’autre d’écouter. Tous deux ouvraient cependant leurs yeux et essayaient de pénétrer le mystère des prunelles, de charbon pour l’assistant, de glace pour le visiteur.
- Aujourd’hui le monde appartient à ceux qui ont le code, pérorait Famulus. Il suffira de programmer et de … reprogrammer, pour que l’homme libre devienne ton zombie. Pourquoi s’évertuer à convaincre, agresser, soudoyer, séduire, menacer, alors qu’un philtre génétique fait l’affaire ?
Le jeune homme qui le fixait de ses grands yeux vides, l’intriguait. Tout en lui était contradictoire. Famulus se remémora son cursus. Son âge, 23 ans était démenti par la fraîcheur d’adolescent de son visage aux magnifiques yeux clairs, virant au vert pour le droit, le violet pour le gauche. Son nez droit, ses lèvres pleines, la régularité parfaite de ses traits lui conféraient une touche d’irréalité, celle d’un chevalier de légende. Son regard s’animait fugitivement, ses prunelles sombres se rétrécissaient sous l’empire de la concentration. Ce n’était sûrement ni un intellectuel, ni un patient, celui qui s’efforçait de l’écouter puis y renonçait le regard vide, à nouveau. Il ne bougeait pas. Seul le balancement d’une jambe – car il s’était assis sur une table, l’impertinent ! – trahissait son agacement. Visiblement il n’aimait ni le lieu ni les objets qui l’habitaient, l’odeur d’encens qui l’enveloppait, celui qui l’entretenait de choses théoriques et futiles.
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À la rencontre de l’âme sœur
Notre psychisme est marqué par le moi existentiel, conditionné par le milieu social, la famille, la culture, la carrière, les succès, les échecs, la sédimentation des expériences, le statut et la position socioprofessionnelle, les repères qui nous situent dans le monde. Mais à côté, ou plutôt en dessous de ce moi existentiel, chacun de nous possède un être authentique, être par rapport au paraître, que Karfried Graf Durkheim (Le Centre de l’Être, Albin Michel, 1992) nomme le Moi essentiel, et que Carl Gustav Jung appelle le Soi. Cet être authentique loin d’être le fruit de nos conditionnements, est une source jaillissante de tous nos désirs, de notre génie propre, que Joseph Campbell identifie comme un bliss, le destin intérieur, cette vocation irrésistible, cette expression de notre génie propre. Nietzsche l’a fixé dans sa célèbre injonction : deviens ce que tu es.
L’être essentiel est au-delà de toutes les conventions, c’est ce noyau vital, ce moyeu, que représente la façon dont l’être universel se manifeste de façon spécifique, personnelle dans l’existence. Il se trouve en opposition avec le moi existentiel, façonné par la société, par nos préjugés, par les influences que nous absorbons comme des drogues. C’est dans la tension entre les deux pôles : essentiel/existentiel que pour Durkheim réside le problème central de l’homme.
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La guerre du pôle
J'ai été victime une fois de plus des caprices du wifi. Cela fait maintenant la troisième fois que je refais cet article. Les dernieres tentatives d'enregistrement éffaçant tout le contenu du billet! .
D'où le retard apporté à la rédaction de ce texte, qui fait suite à une discussion avec mes collègues de l'ISD, enregistrée en pure perte, une fois 5h du matin, l'autre à 7 heures.
©ISD, Institute for Systems and Development, Genève.
J'avais déjà signalé dans une chronique italienne du mois dernier, mon étonnement devant le faible retentissement donné à un événement géopolitique majeur : la découverte par les Russes d'importants gisements de pétrole, de gaz, de diamants et autres richesses géostratégiques, situés sous la calotte glaciaire, Un seul journal italien avait signalé le potentiel explosif aussi bien du point de vue écologique que politique de cette découverte. Aujourd'hui elle fait la une du Figaro à cause du geste spectaculaire consistant à planter un drapeau à 4 kilomètres de profondeur.
Cette découverte infléchit un peu le modèle quadripolaire proposé par mes collègues de l'ISD, (Institute for Systems and Development, en session comme tous les mois d'Août à Divonne.
Rappelons le modèle.
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L’Entreprise citoyenne
On parle beaucoup de l’entreprise citoyenne, notamment à propos de Gouvernance. L’idée générale est qu’on ne saurait plus considérer une entreprise comme une entité dirigée uniquement en fonction des intérêts des seuls actionnaires, mais qu’elle doit tenir compte également des stakeholders, des parties prenantes, parmi lesquels les femmes et les hommes qui y travaillent et qui coopèrent à son développement, les clients qui la font vivre, et l’environnement qu’elle contribue à améliorer ou au contraire qu’elle dégrade.
Si l’on veut éviter que ce concept dépasse le stade des idées creuses, il me semble qu’il faille sérieusement se préoccuper de l’évolution de la femme dans le travail. Son efficacité n’a plus besoin d’être démontrée, et elle tient à sa complémentarité avec l’homme. Ensemble ils peuvent aborder simultanément sous deux angles différents la vision politique et entrepreneuriale d’une organisation, ce qui constitue un enrichissement considérable. Le Yang, valeur de croissance et le Yin, valeur de conservation et de préservation de la planète, se recouvrent et impriment un rythme vital à la société. Celle-ci est de plus en plus fragmentée en classes disjointes, non communicantes : enfants, jeunes, vieillards et la femme qui travaille ne peut plus assurer les failles face aux exigences d’une mondialisation qui se répercute dans le quotidien des entreprises et le management du personnel.
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Thursday, 2 August 2007
Ombres chinoises
La torpeur relative de l'été endort les craintes et avive les utopies. Lupasco nous enseigne que l'orsqu'une tendance croît dans notre univers mental conscient une autre, en sens inverse, croît correlativement.
Les succès de Nicolas Sarkozy, masquent des dangers potentiels, d'autant plus pervers et plus violents, que le couvercle s'est refermé sur les voies officielles de la contestation. Lorqu'on voit Kouchner défendre le rôle De Cécilia en évoquant, celui autrement plus inorthodoxe de Danielle Mitterrand, sans que nul n'ait trouvé à y redire, il rétablit les dissymétries du politiquement correct et radicalise la nouvelle génération de la gauche, menacée dans son identité. Pendant ce temps, d'une manière insidieuse, les contraintes rampent et étouffent la vie civile. Les employeurs suite à de nouvelles lois coercitives sont dissuadé d'embaucher et les propriétaires de louer. En voici un exemple.
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Cinquième livraison
Le dernier talisman
Séquence 218 de l'Entretien, suite. p.1620 du vol.XXV
Il fut aussitôt arrêté par le tenace vieillard, qui en l’agrippant cette fois par le pan de la chemise qui débordait du jean, l’apostropha en ces termes :
- Ecoutez-moi patiemment, Monsieur, (il avait repris son vouvoiement et son ton était empreint de respect), si l’objet que je me propose de vous montrer à présent ne vous tente pas, il est à vous ! Je suis persuadé que vous êtes homme d’honneur et que vous ne simulerez pas l’indifférence pour vous l’approprier indûment.
Excédé, mais curieux, se maudissant de céder au racolage de ce bonimenteur de foire, Lars suivit l’homme au fond d’un réduit, situé à droite de l’arrière boutique. La fille et le gérant étaient restés à l’écart, le cagibi étant trop exigu pour que tous s’y tiennent.
Quand le garçon émergea du réduit, son visage était bouleversé. – Qu’est-ce que cela? murmura-t-il, il me le faut !
- Je vous ai tenté, il vous faut donc négocier, répondit calmement le personnage pâle, ses yeux perçants rivés sur le suédois comme ceux d’un faucon.
- Combien vaut-il ?
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