Sunday, 29 July 2007
1 Introduction au Chant de l'Acier
J'ai donné de la structure de L'Entretien une image simpliste. Une spirale continue se déroule à partir d'un noyau central (le manuscrit Pepys I et II) alignant par concaténation les séquences selon un ordre contrasté, un passage sentimental étant frequemment brisé par un salon imaginaire cynique et amer. Mais on peut lire les séquences selon un ordre thématique, par exemple "l'Art et l'Or" met en scène la mécène Polly Reubenstein obnibulée par la gestion financière de sa collection d'Art contemporain, ou encore les émissions de Philaos consacrées à la science.
J'ai appelé boulevards l'ordre naturel des séquences, car il suit un parcours circulaire, comme ceux des villes (le boulevard de la Madeleine, le boulevard des Capucines, etc.). Les séquences thématiques sont perpendiculaires au boulevards et elles vont en s'amplifiant avec cet univers en expansion qu'est Apocalypsis Cum Figuris. Une image plus exacte serait celle d'un caillou lancé dans la mare au niveau du noyau, les différentes séquences regroupées en cercles concentriques de plus en plus larges.
Une avenue que j'affectionne tout particulièrement, la seule qui dénote une certaine affectivité, est le Chant de l'Acier, dont la partie centrale, Saga, est le duo d'amour de Lasse et de Clara. Ceux qui l'ont prise à ces débuts, sont en fait entrés au milieu du feuilleton. Je me suis attelé à livrer au blog les premiers cercles concentriques, depuis l'embryon que constitue la scène de la salle des archives, jusqu'aux péripéties du jeune héros. On constatera qu'elles sont des variations l'une de l'autre, elliptiques au départ, plus explicites et plus romancées au fur et à mesure qu'on s'approche de Saga.
Saturday, 28 July 2007
Aimez-vous Brahms?
J'écoute très peu de musique enregistrée chez moi, et ailleurs. J'ai une assez bonne mémoire musicale, et je puis à volonté me souvenir des pièces entendues et jouées pendant une vie. Je travaille en me concentrant sur des oeuvres énigmatiques, à la recherche de secrets pressentis et enfouis, bien au delà des notes.
J'ai passé ces jours-ci par des moments éprouvants et de nature à vous emplir à la fois d'enthousiasme et de déception. Un des soutiens les plus précieux a été ce blog, par une certaine affection que je sens -peut être à tort- dans ces passagers inconnus et en particulier ceux qui de minuit à neuf heures du matin se pressent nombreux pendant que je rédige ces lignes. Certains ce sont matérialisés par leurs commentaires, d'autres ont été plus loin et se sont fait connaître par leurs emails, un est même apparu en chair et en os me rendre visite! Mais j'ai ressenti la même présence familière et bienveillante, que m'ont toujours prodigué les étudiants de ma chaire du CNAM. Je les regrette. Ne croyez surtout pas que je sois dépourvu de discernement. En fait je suis très sélectif. J'ai eu une antipathie largement partagée pour les auditeurs de l'APM, qui attire des conférenciers de renom et composés de gens qui se croient arrivés : cadres supérieurs de grandes boites, petits patrons de petites entreprises, roitelets dans leur patelin, tous empreints de condescendance. J'avoue ne pas avoir aimé non plus mon public de HEC, ni les graduates de Wharton. En faisant les comptes, je ne trouve que mes séminaires pour une grande entreprise du Nord, avec des gens venus de la base, désireux de s'instruire, mon public du CNAM, des fidèles, des amis, et enfin à présent mes internautes auquel je m'attache comme si je les conaissais. C'est Beethoven qui à propos de la Missa Solemnis écrivait en exergue "que venu du coeur, cela aille au coeur". Et pourtant cette fresque digne de la Sixtine, contient des passages parmi les plus complexes jamais composés, conçus dans les affres du travail le plus laborieux et le plus douloureux, au terme d'une lutte entre les forces de la convention et celles de la novation. Ainsi le dernier billet de Marina Fédier trouve-t-elle l'illustration la plus frappante dans cette oeuvre transcendante qui, selon l'expression du génie de Bonn, a infusé dans les formes anciennes l'esprit le plus libre.
J'ai réécouté ce soir des pièces tardives pour piano de Johannes Brahms (les op. 118 et 119). L'interprétation admirable de Julius Katchen est toute entière orientée vers l'expression alors que celle, respectueuse du texte de Klien (cf. Brahms quatres ballades) reste en déça. Mais, paradoxe, c'est la version neutre qui l'emporte, car la nostagie du compositeur n'interfère pas avec celle que veut lui infuser l'interprète.
Ces considérations ne sont pas destinées à des musiciens ni à ces mélomanes qui courent les concerts. Les intermezzi de Brahms op.118, non plus.
J'ai écouté ces pièces toute ma vie, mais depuis une vingtaine d'années je les ai perdues de vue. Dans l'intervalle j'ai travaillé les quatre ballades op.10.
Par hasard j'ai écouté sur ma médiocre chaîne d'appoint ces pensées musicales, courtes, évasives, humbles et j'ai ressenti l'âme désenchantée du compositeur s'emparer de mon esprit, de mon coeur, de mes sens. J'ai pleuré à la pensée des souffrances que cet homme a dû enduré pour composer ces miniatures de douceur et d'amertume. Beaucoup de regrets d'une vie sentimentale absente, d'un cancer affectif qui ronge l'âme et pis encore de résignation.
Mais, voilà. On sort de ces vingt minutes d'audition, bouleversés par la beauté inouïe des mélodies, par la subtilité indicible de leur traitement, de l'oxymoron musical : solitude sans fond et sans fin, rêve d'amour et de tendresse, composition d'une rigueur et d'une raffinement insurpassable mais toujours au service de l'expression.
Le privilège d'écouter cette demi-heure de musique, vaut une vie de renoncements. C'est une expérience inimaginable pour qui n'a pas gôuté au sommet de l'art musical, et même pour des mélomanes épris d'oeuvres plus imposantes. Aussi, je voudrais faire un pari avec ceux d'entre vous qui n'êtes pas allergiques à la musique classique.
Achetez les pièces op.118 et 119 de Brahms par Bakhaus (Decca) ou par Katchen (dans l'intégrale de Decca). N'écoutez qu'elles pendant une semaine, à l'exclusion de toute autre musique. Au début vous n'entendrez que des notes informes, ternes, sans relief et peu séduisantes. Continuez. Les mélodies commenceront à apparaître, environnées d'une soupe de sonorités insaisissables. Persistez. Le polaroïd musical continuera de se développer. Il arrivera un moment où tout semblera clair, chantant, logique, et beau. Abandonnez l'écoute, et revenez-y au bout d'une semaine. Un travail de murissement aura décanté les notes. Les mélodies se transmueront instantanément en une plainte d'une douceur infinie : vous parlerez avec Brahms, comme Bach parlait avec Dieu.
Si je vous conseille cette immersion c'est qu'elle est de courte durée et que dévoilées ces petites pièces vous feront comprendre pourquoi les musiciens les considèrent comme le chef d'oeuvre absolu du grand compositeur.
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L'âme sœur
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
et qui m'est, chaque fois, ni tout à fait la même,
ni tout à fait une autre, et qui m'aime et me comprend
Verlaine, Poèmes saturniens. Mon rêve familier.
Le couple âme-soeur est de l'eau vive, qui bouge et qui se regénère. L'image du ruisseau, de la cascade lui est associé, (Héraclite) contrairement à ces couples soudés par la routine comparables à de l'eau stagnante à une mare pourrissante ou prolifèrent non-dits et rancoeurs.
Il s'agit d'une complémentarité nécessaire mais délicate entre forme et fond.
La forme conditionne la structure, charpente de la personnalité. La religion, la langue, l'école, l'acculturation, l'éducation, nous infusent la permanence, (Parménide). Tout ce qui est répétitif, et de ce fait rassurant, empêche aussi de penser et facilite nos rapports mimétiques avec ceux qui sont conditionnés par le même paradigme. Mais on se trouve alors dans le cas de l'eau stagnante. La structure doit bouger sous peine de sclérose. Elle doit servir de socle à l'ego, mais elle doit être constamment alimentée par ce que C.G.Jung appelle le SOI (Self), cette énergie vive surgie de notre inconscient et qui doit remonter à la surface pour alimenter le moi (l'ego).
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Le blog en vacances
Nouvelles du blog
J'ai fait état de ma décision de me trimballer en voyage mon ordinateur pour continuer à entretenir ce blog, à condition que j'aie - selon la formule de notre Président - autre chose à communiquer que des banalités. C'est que depuis quelques jours, je reçois de nombreux emails m'incitant à continuer. Par ailleurs mes doutes concernant l'entretien du blog fin Juillet et tout le mois d'Aôut était dicté par des considérations rationnelles et productiviste coût (en heures nocturnes) résultats (en commentaires et en nombre de visites). Ce jour-là un effondrement de la fréquentation à 280 visites, m'avait semblé un signal. Mais les jours suivants ont désavoué le pronostic. Ce matin à 9h il y avait déjà 300 visites et à 13 heures 06, nous avons totalisé 49999 visites au total.
Les chiffres semblent s'être stabilisés à 11 000 visites par mois, les 14 000 visites du mois dernier étant dû aux trois jours exceptionnels du second tour des legislatives, atteignant plus 1000 visites par jour. Les commentaires, comme vous avez pu le constater, ce sont enrichis et dévoilent des personnalités de qualité, dont l'une, comme l'ai écrit ailleurs, est venue me rendre visite cette semaine.
J'espère pouvoir partir à Divonne, ou comme tous les ans, se tient un séminaire confidentiel de L'ISD (Institute for Systems Development). Cette année il sera axé davantage sur la méta-géopolitique, une application de la Théorie des Systèmes que sur la désinformation, qui fait partie de l'arsénal des théories de l'information.
Si je devais recevoir une reconnaissance officielle...
J'aimerais qu'à cette occasion on rende hommage à une institution vénérable et oubliée, dévalorisée, qui n'est plus que le fantôme du passé. Voyons si vous la découvrez et vérifiez dans un prochain article la réponse juste.
1. L'association d'aide aux orphelins de la première guerre mondiale
2. La Bibliothèque Nationale de France
3. Le Conservatoire National des Arts et Métiers
A propos de l'article du Point sur les riches
Que le nouveau président de la République passe un week-end sur le yacht d'un ami milliardaire et la France se met à bouillir. Décidément, notre pays hésite toujours entre fascination, envie ou dénonciation dès lors qu'il s'agit d'argent
Domitille Arrivet, Le Point du 26 Juillet 2007
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Friday, 27 July 2007
Grâce à eux, nous voilà tous riches!
Eux, c'est les romanciers, les journalistes, les bureaucrates, les gauchistes, les envieux, les paresseux, les tartuffes et ... François Hollande.
On a beaucoup brocardé sa définition du "riche qu'il n'aime pas" et qui gagne 30000 euros par mois. Mais est-il le seul?
Je me souviens d'un certain Harvey K***, qui travaillait à s'enrichir dans le pétrole. A ses débuts assez modestes, il s'extasiait su mes tableaux : un Poliakoff, un Tàpiès, un Hartung... et lil s'exclamait : quelle chance d'avoir ces pièces, quel privilège, ça devrait bénéficier à la collectivité. Ca doit valoir beaucoup d'argent.
Quelques années plus tard, je dus vendre Tàpies et Poliakoff, pour payer mes impôts lors d'un contrôle fiscal spoliateur. Harvey, lui, engraissait et devenait de plus en plus riche. Le professeur de management que j'étais ne comprenant pas comment il pouvait faire surgir du néant, des tombereaux de dollars, allalui demander conseil : comment devenir riche?
Il me répondit : "Bruno, vous me décevez. Vous êtes un homme libre et heureux, vous faites un travail que vous adorez, vous buvez aux sources de la culture, et mangez à la table des dieux, et vous vous plaigniez? Un conseil : continuez votre carrière de professeur et de penseur, vous êtes dans le vrai, bien mieux que vos enfants. " Je devinai qu'il se moquait de moi, et des années plus tard, il finit heureux, adulé, entouré d'enfants superbes et intelligents qui l'adoraient, une femme ex-gauchiste extrême devenu parangon du snobisme new-yorkais.
Un polar à la Hadley-Chase
Les trois malfrats préparaient leur coup dans la suite miteuse d'un motel. Tu vois, il y a plus de trois mille dollars et une bague d'aigue marine qui vaut bien cent sacs. Emballés ils faisaient déjà des plans sur la manière de dépenser leur butin. Le premier annonça qu'il acheterait tout de suite une Ferrari et un Léopard 37 mètres pour aller d'une de ses proprétés aux autres. Le second ajouta les marins, le cuisinier chinois et une bastide à St. Jean Cap Ferrat. Le troisième, ne pouvant se contenter d'un falcon, exigeait un boeing...
Le procédé est courant dans bien de ces polars où pour les gens de condition modestes, des sommes point exorbitantes semblent très importantes. Ayant gangén au loto, ils s'empressent souvent de ruiner leurs gains estimés des pactoles sans limites, alors que ce sont leurs désirs qui sont sans fond. Le but de cette désinformation, est de ne point énoncer des chiffres insensés pour le public des lecteurs.
La géométrie non euclidienne des bobos
Le prestidigitateur Houdin avait l'habitude d'offrer à son public, une bouteille qui délivrait à volonté du champagne, du vin fin, sans limites. Tout se passait comme si la bouteille était reliée par un siphon mystérieux et invisible à un récipient de capacité illimitée.
Dans le journal le Point, sur un numéro sur les riches, destiné évidemment à alimenté la saga mi-envieuse, mi-fascinée, on trouve les mêmes trucs, destiné à exploiter la crédulité populaire. Un exemple nous suffira.
On y apprend non sans satisfaction qu'un Français sur 163 possède plus d'un million de dollars . Le provincial naïf et les adeptes de Mr. Hollande,trouveront qu'il y a beaucoup de dindons à plumer. Un million ça évoque un millionaire et une millionnaire, Onc. Picsou. Pour nous fixer les idées, un retraité de nos amis, jouissant d'une fidèle pension trouve qu'un milloin est un pactole.
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Thursday, 26 July 2007
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Les colères de H.M. Bronstein
Mon confrère en la tribu des Bronstein, n'a pas lu mes derniers journaux et exprime des interrogations - ou plutôt des exclamations - similaires, preuve que les grands esprits se rencontrent. Il a exprimé son point de vue au téléphone ce qui fait que mon verbatim ne peut être que tronqué et déformé. Mais enfin, l'essentiel y est, sinon, je prie H.M.Bronstein de me corriger.
Je sais que vous avez un faible pour Nicolas Sarkozy. Je vous concède qu'il a fait preuve d'habileté en circonvenant la gauche, mais là je ne marche plus ! Trop c'est trop ! Cela n'est pas acceptable.
Voici un chef d'état complice des pires terroristes, qui a commis des actes de piratages, qui a torturé des innocentes pour en faire de boucs émissaires, puis des otages, enfin des outils de troc, un homme qui n'a cessé de clamer sa haine contre l'occident, qui nous a humilés, injuriés. Pendant huit ans il kidnappe et supplicie des femmes coupables de sauver des vies humaines, en truquant les résultats et en ayant recours à une torture médiévale. Puis il attend le moment propice, et utilise l'ego du président Français comme détonateur.
Et Sarkozy qui jusqu'ici, il faut le reconnaître a fait preuve de courage et a pris ses distances avec la démagogie de l'UE, et le politiquement correct, le voici à présent qui surpasse tout le monde en matière de lâcheté, de servilité, de soumission. Munich est réédité. Au lieu de se refuser à ce troc de l'horreur, ouvrant la voie à d'autres copieurs, il s'incline, mieux il offre de livrer du nucléaire au monstrueux dictateur, il se réjouit de la paix retrouvée. Mais il ne voit pas qu'aussi douloureux que cela eût pu être, il valait mieux que les infrimières meurent, que d'ouvrir un précédent qui à terme causera des dégâts irreversibles et entraînera la mort et le supplice d'autres victimes. Et on appelle cela un coup de maître !
Il me semble que vous veniez de découvrir l'essence du politique, fait de compromissions entre intérêts privés divergents et de petites et grandes lâchetés.
Ce n'est pas une essence pure, mais une mixture nauséabonde de rémugles pourris couverts d'une enveloppe d'odeurs de roses et de sureau, qui servent de couverture au noyau cadavérique... Lisez Parfum et vous comprendrez.
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