Le blog en vacances
Nouvelles du blog
J'ai fait état de ma décision de me trimballer en voyage mon ordinateur pour continuer à entretenir ce blog, à condition que j'aie - selon la formule de notre Président - autre chose à communiquer que des banalités. C'est que depuis quelques jours, je reçois de nombreux emails m'incitant à continuer. Par ailleurs mes doutes concernant l'entretien du blog fin Juillet et tout le mois d'Aôut était dicté par des considérations rationnelles et productiviste coût (en heures nocturnes) résultats (en commentaires et en nombre de visites). Ce jour-là un effondrement de la fréquentation à 280 visites, m'avait semblé un signal. Mais les jours suivants ont désavoué le pronostic. Ce matin à 9h il y avait déjà 300 visites et à 13 heures 06, nous avons totalisé 49999 visites au total.
Les chiffres semblent s'être stabilisés à 11 000 visites par mois, les 14 000 visites du mois dernier étant dû aux trois jours exceptionnels du second tour des legislatives, atteignant plus 1000 visites par jour. Les commentaires, comme vous avez pu le constater, ce sont enrichis et dévoilent des personnalités de qualité, dont l'une, comme l'ai écrit ailleurs, est venue me rendre visite cette semaine.
J'espère pouvoir partir à Divonne, ou comme tous les ans, se tient un séminaire confidentiel de L'ISD (Institute for Systems Development). Cette année il sera axé davantage sur la méta-géopolitique, une application de la Théorie des Systèmes que sur la désinformation, qui fait partie de l'arsénal des théories de l'information.
Si je devais recevoir une reconnaissance officielle...
J'aimerais qu'à cette occasion on rende hommage à une institution vénérable et oubliée, dévalorisée, qui n'est plus que le fantôme du passé. Voyons si vous la découvrez et vérifiez dans un prochain article la réponse juste.
1. L'association d'aide aux orphelins de la première guerre mondiale
2. La Bibliothèque Nationale de France
3. Le Conservatoire National des Arts et Métiers
A propos de l'article du Point sur les riches
Que le nouveau président de la République passe un week-end sur le yacht d'un ami milliardaire et la France se met à bouillir. Décidément, notre pays hésite toujours entre fascination, envie ou dénonciation dès lors qu'il s'agit d'argent
Domitille Arrivet, Le Point du 26 Juillet 2007
Cet article est un modèle de self-fulfilling statements. Ce sont des énonciations qui par leur simple diffusion contribuent à renforcer en retour leur plausibilité. C'est un peu comme un article qui présente d'une manière éloquente et habile les tares des juifs (ou des musulmans, ou des grecs, ou des noirs) pour prétendre que cette description n'est pas de leur fait mais d'un sondage auprès des lecteurs du journal.
Le moins qu'on puisse dire, est qu'après avoir ingurgité les photos, les noms, les chiffres, les lieux, censés baliser la trajectoire des riches, fascination, envie et dénonciation ne régresseront cependant pas. Riches finira par rejoindre kärcher dans l'enfer des mots tabous.
On me répondra qu'un journal n'écrit pas pour influencer l'opinion mais pour faire jaillir une vérité dissimulée. Mais c'est justement ce que Le Point présumé magazine contrôlé par la droite ne fait pas. Il ne fait que renforcer des préjugés à partir d'exemples soigneusement sélectionnés et constitueraient un excellent appoint à l'argumentation de la gauche.
Coïncidence? Dans le même magazine on trouve une violente diatribe contre le travail qui explique que, comme Hitler et Staline, Sarkozy prône l'idole travail.
Le travail : thème favori des staliniens et des nazis. La paresse était le péché anti-hitlérien par excellence, le dilettantisme puni de mort au goulag de Staline
Mais ce qui est plus gênant est que Besson oppose travail et pensée, confondant ainsi travail humain et travail animal, en oubliant que de remuer dans une tête creuse des idées creuses n'est pas penser et qu'en revanche, comme le déclarait Karl Marx, la seule conduite qui sépare l'homme de l'animal est le travail.
Cette confusion est née des premiers sémiologues en chambre comme Priéto qui ignorent que construire une cathédrale, travailler à parfaire un tableau, affiner à force de travail une interprétation d'un rôle, d'une sonate, c'est penser. Les artistes conceptuels ont approfondi le sillon de l'ignorance, séprant de manière artificielle le projet abstrait de la pensée du fait artisanal. Beethoven disait de la création ce que d'autres ont répété à satiété après lui : "10% de création, 90% de transpiration. Sans travail acharné, pas de Neuvième Symphonie! Il est cependant possible que comme beaucoup de sémiologues, composer n'est pas penser.
Donc gardons nous de céder à une phrase creuse de plus, qui n'apporte rien à la gloire de la "pensée" de Monsieur Besson et que nous livrons à la méditation de certains universitaires anti-sarkozystes (n'est-ce pas un pléonasme?), qui apprécieront certainement.
"La chose qu'on devrait faire plus souvent que travailler : penser. "
Les riches vus par Le Point
Succès hilarant garanti pour ceux qui le sont vraiment! Tous les prix sont fantaisistes, et le choix des "people" ne coïncide pas, et de loin, avec la réalité. Les indices de style Forbes; ne reflètent que la face visible de l'iceberg, modeste chez les très riches et chez les frimeurs, (qui ne peuvent même pas s'offrir une facade) éclatante chez les riches et ceux qui veulent le paraître. Relisez à ce propos Gatzby le Magnifique de Scott Fizgerald. J'en ai fait l'expérience personnelle.
Gatzby était un nouveau riche soucieux de se faire une place dans la Société huppée d'une ville de province américaine, jouant à singer Chicago ou L.A. (C'est une version moderne de La Comtesse d'Escarbagnas de Molière). Notre homme était partout snobé,exclu des clubs exclusifs et des invitations privées (pas celles où on récolte des fonds où le compte en banque sert de ticket d'entrée). Revenu avec une fortune subtantielle, il décida de la consacrer toute entière à sa reconnaissance sociale. Il se fit construire une riche demeure, comme celles décrites dans Le Point, et il tint table ouverte aux notables de la ville. Ils vinrent, mangèrent et s'en allèrent, sans un mot de remerciement, lui faisant sentir qu'il n'était qu'un parvenu. Les papotages murmuraient que, n'était la qualité de son cuisiner, on ne se dérangerait pas pour si peu. Ayant proprement dilapidé sa fortune, il décida de liquider le reste pour faire enrager ces snobs. Il s'adressa à une Madame Dumas européenne, qui lui présenta un riche catalogue de célébrités. L'équivalent d'Olivier Dassault, de l'Aga Khan, d'Abramovitch, d'Albert Thurn und Taxis, des Chirac et des Blair, de Lagerfeld, de Sharon Stone, de Madame Catherine Deneuve, de Vincent Bolloré, et du Duc et Gersende d'Orleans. Il en loua une bonne douzaine, en forçant sur l'aristocratie, et lança une invitation pour huit heures, une autre pour neuf heures. La première était pour les snobs locaux, la seconde pour les snobs stipendiés. A neuf heures précises, il mit à la porte les premiers en leur précisant : laissez la place aux vraies célébrités! pendant que des appariteurs décorés annonçaient pour les badaux massés à l'entrée et pour les journalistes, les qualités des nobles inintelligences conviées.
Je raconte ceci à ma façon, qui se rapproche plutôt d'Eugène Labiche dans Le MIsanthrope et l'Auvergnat, où l'on voit le héros convier tout ce beau monde pour lui servir une soupe aux épluchures de patates, assorties du mépris qui couvait depuis longtemps pour ce "people".
A la lecture de l'article du Point on a l'impression que les "riches" sont un ramassis d'oisifs tape-à-l'oeil, ayant eu de la chance, et ramassant sans complexe un héritage qu'ils n'ont nullement mérité. On ressent que la justice sociale ne peut faire l'économie d'une révolution. Lorsque Nicolas Sarkozy avantage ces gens, il retire de l'argent aux fonctionnaires pour permettre aux riches d'avoir un voilier de plus. Cette version caricaturée, correspond tout à fait à l'image que la population se fait des détenteurs de grandes fortunes.
La table des seigneurs et la table des mendiants
Je ferai une fois de plus référence à Virus dans son opposition entre Force de la Terre humaniste, celle des âges d'or de la Renaissance, (cf. Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner) et Force de la Terre dégradée pour qui il n'existe que l'utile (la trilogie argent-notoriété-pouvoir) et l'agréable (le paraître, le divertissant, le sexe). Voici ce que dit des riches, Pogner, un riche orfêvre à propos de la culture humaniste de la ville de Dürer :
J'ai beaucoup voyagé par les Allemagnes et souvent, cela m'a contrarié d'entendre critiquer les bourgeois qu'on dit avares et renfermés.
(...) J'en eus assez de ces amers reproches : selon lesquels les bourgeois ne s'intéressent qu'aux affaires et à l'argent. Que dans le vaste empire allemand nous soyons les seuls à cultiver encore la poésie, ils y attachent peu de prix. Aussi ai-je voulu montrer au monde entier quel honneur cela représente pour nous qui d'un coeur noble estimons ce qui est beau et bon, ma valeur et la dignité de l'art.
Les Maîtres Chanteurs, I,5.
A la rigueur on pourrait attribuer ces nobles sentiments à certains mécènes, et il en existe, à condition qu'ils ne voient pas dans le culte de l'art un moyen de s'enrichir encore plus. Ce qui étaye ce soupçon, est que seuls les arts susceptibles de "monter" et soutenus par musées et galeries (comme Damien Hirst, Murakami ou Jeff Koons) attirent l'attention des très riches, (le dernier Hirst est mis à prix pour 75 millions de dollars, à égalité avec un yacht ou la plus chère de la villa de St Jean Cap Ferrat. En revanche qui mécène Henri Dutilleux dont le train de vie est indigne d'un génie universel?
Ce qui est décrit dans le point n'est qu'une petite fraction des "riches", la plus voyante, et tous comptes faits la moins influente sur le destin du monde. Elle correspond à une partie de la conjonction entre pouvoir, argent, notoriété (pour l'utile), sexe, paraître, tromper son ennui, c'est à dire s'amuser (pour l'agréable). Mais le pouvoir de ces gens-là est très limité ainsi que leur rôle dans l'évolution de la société. Les noms cités par le Point, le montre de manière éclatante, c'est ce qu'on nomme la Jet Set.
Il en est tout autrement pour le vrai pouvoir. Celui de créer des emplois, d'influencer l'opinion, de controler les lobbies, de servir de catalyseurs et d'interfaces entre chefs d'état et industriels. Il est détenu par des riches extrêmement discrets, moins par obligation que par goût. Les riches réellement puissants, sont trop occupés, trop absorbés par leur passion, et souvent trop austères, pour rechercher des substituts. En eux l'utile et l'agréable ne font qu'un. J'en connais un qui ayant hérité à l'âge de vingt ans, de 25 milliards de francs, n'eut qu'un but dans la vie. En faire 100 milliards. IL travailla dur, se brouilla avec son frère pour des raisons de prééminence, attrapa au passage une ou deux crises cardiaques, et bâtit des quartier entiers. Son luxe: un trois pièces bien placé mais assez exigu, une corniche achetée d'occasion voici quinze ans, un château qu'il vient de vendre et une ou deux tableaux. Un autre, fit fortune en dépouillant son beau-père et en faisant fructifier son affaire qui devint leader mondial. Ses trois fils furent élevés à la dure, sans un sou, et châtrés. Il vivait dans la maison familiale en Province, une belle villa sur la côte d'azur, dont il louait des chambres à ses fils et à ses invités; et dans un bel appartement de deux pièces à Neuilly. Sa voiture : une Twingo. En revanche, il aimait ses hommes, Plusieurs fois il faillit tout perdre pour ne pas débaucher.
La plupart des dirigeants que j'ai connus, sont avant tout happés par leurs affaires, par les problèmes sociaux, par les déboires conjugaux, les femmes n'admettant pas la concurrence de l'entreprise considérée comme une rivale. Il faut ajouter la mentalité industrieuse des grandes familles du Nord, dont la seule évocation de la vie décrite dans Le Point, suscite un dégôut inimaginable.
Il est une clé de compréhension de ces contradictions. Ce qui différencie un grand entrepreneur créateur de son entreprise d'un homme d'affaires vivant de ses commissions ou des entreprises qu'il a créées puis liquidées en s'enrichissant, c'est que ces derniers sont libres. Ils sont libres de disposer à leur guise de leur temps, de leur argent, de leurs loisirs, de leur lieu ou non-lieu de travail. Souvent ils accèdent à cette liberté lorsqu'ils ont cédé leur empire, c'est à dire qu'ils ont troqué un pouvoir contre un paraître.
Les entrepreneurs actifs, au contraire ne sont pas libres; ils sont emprisonnés dans les mailles de leurs agenda, et ne peuvent disposer de leur fortune qu'à condition qu'elle se conjugue avec l'intérêt de leurs affaires. Arnault et Pinaud, sont tous deux dans le luxe, le paraître; la notoriété. Leur étalage de richesse est factice, c'est une vitrine. Et il en est de même pour la plupart des noms cités dans Le Point. C'est surtout évident pour des Afflelou ou des stars du Show biz, dont les villas et les voiliers font partie du fond de commerce et des frais professionnels.
C'est la raison pour laquelle il faut réévaluer la proportion de français milliardaires, encore plus faible que celle qui a été citée. Un peu embarrassé le journaliste, s'est rendu compte que l'indignation suscitée par le train de vie des "riches" ne s'applique pas à notre pays, bien au contraire, il apparaît que nous sommes un pays touristique interdit aux indigènes. IL s'est sans doute demandé comment montrer que les français sont aussi coupables que les étrangers. Il a suffit d'un tour de passe passe, en confondant les milliardaires étrangers avec les à peine millionnaires des français. Or un million d'euros, c'est moins que six millions de francs, à cause de l'inflation des biens, des immeubles, et de la faible productivité de l'euro par rapport au franc (en Italie, les classes moyennes et basses sont très conscientes de cet apauvrissement). Le résultat est qu'un retraité avec un petit appartement à Paris et une petite villa à la montagne, dépasse sans peine le million d'euros. Le voila riche, désigné à la vindicte populaire : fascination et envie, et associé aux images glamour de ce qi ressemble furieusement à un people.