L'âme sœur
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
d'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
et qui m'est, chaque fois, ni tout à fait la même,
ni tout à fait une autre, et qui m'aime et me comprend
Verlaine, Poèmes saturniens. Mon rêve familier.
Le couple âme-soeur est de l'eau vive, qui bouge et qui se regénère. L'image du ruisseau, de la cascade lui est associé, (Héraclite) contrairement à ces couples soudés par la routine comparables à de l'eau stagnante à une mare pourrissante ou prolifèrent non-dits et rancoeurs.
Il s'agit d'une complémentarité nécessaire mais délicate entre forme et fond.
La forme conditionne la structure, charpente de la personnalité. La religion, la langue, l'école, l'acculturation, l'éducation, nous infusent la permanence, (Parménide). Tout ce qui est répétitif, et de ce fait rassurant, empêche aussi de penser et facilite nos rapports mimétiques avec ceux qui sont conditionnés par le même paradigme. Mais on se trouve alors dans le cas de l'eau stagnante. La structure doit bouger sous peine de sclérose. Elle doit servir de socle à l'ego, mais elle doit être constamment alimentée par ce que C.G.Jung appelle le SOI (Self), cette énergie vive surgie de notre inconscient et qui doit remonter à la surface pour alimenter le moi (l'ego).
L'être dépasse alors l'opposition fond-forme, il établit des relations dynamiques entre les contraires, mettant le transcendant au service du réel. En accédant à l'authenticité, il évite ainsi d'être un specimen.
Ces considérations sont fondamentales pour la constitution d'un couple. Il ne peut être solide que les deux être accèdent à une certaine authenticité. Faute de se connaître, l'un ne choisit l'autre que selon des critères factices et fragmentaires, tels que le sexe ou les conventions sociales.
La sexualité est le couronnement des valeurs spirituelles, du coeur et de la culture. C'est la manifestation de l'unicité pour l'homme et pour la femme. Ainsi peut-on admirer la beauté et la justesse de ces premiers vers de "Mon rêve familier".
L'expression "ni tout à fait la même" refuse le carcan de la permanence, de l'habitude de la rigidité. C'est le drame de "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen (1968) que vivent les héros qui se suicident faute de pouvoir préserver intact, éternel, un moment privilégié mais qui en réalité ont échoué faute d'avoir atteint l' authenticité.
Mais l'expression "ni tout à fait une autre" récuse tout autant les changements excessifs qui finissent par dissoudre les fondements de la personnalité. En quelques vers, Verlaine, ouvre le champ à des préoccupations très contemporaines. Ainsi la poésie est-elle un concentré de vécu et de réflexion, difficile par sa concision, essentielle par son enseignement.
En attendant de rencontrer Bill Viola Tristan, Bill Viola et la physique quantique Bill Viola est certainement un des artistes majeurs de notre siècle, au délà même de la spécialité où il est considéré le plus grand (avec peut-être Bruce Neumann). Mar
Suivi: Aug 28, 21:39