Thursday, 7 June 2007
..... *** Et si on défendait Poutine ?
Je pense que par les temps qui courent, plus politiquement incorrect que ça tu meurs! C'est pourquoi j'ai fait précéder cet article de deux carrés rouges. La culpabilité de Poutine est aveuglante. Ne nous aveuglerait-t-elle pas? Les Etats-Unis qui veulent nous persuader que la Turquie pacifique et laïque se trouve en Europe et que la Russie belliqueuse et orthodoxe, appartient à l'Asie, trouvent certainement dans la psture de l'ancien chef du KGB leur meilleur soutien.
Tout d'abord, la Russie se contrefiche de l'Europe. Elle est ultra-nationaliste et rêve de conquérir la grandeur passée. C'est une des raisons de l'immense popularité de Poutine dans son pays. Mais c'est aussi un grand pays blessé, très sourcilleux en ce qui concerne son honneur et en manque de reconnaissance. Comme l'Allemagne, il traîne un passé sulfureux.
Puis, cet pays est dominé par un groupe soudé et puissant dont Poutine n'est que le porte-parole sans réel pouvoir, contrairement à l'image qu'on en fait auprès de l'opinion publique. Ce groupe fait la loi. Une dizaine d'hommes décide de ce que les oligarques ont ou n'ont pas le droit de faire. L'un d'eux est cantonné à l'aluminium, l'autre au charbon. Mais on ne les laisse s'enrichir en paix qu'à une condition : qu'ils ne se mêlent pas de politique, qu'ils se gardent de critiquer le pouvoir en place, qu'ils ne touchent pas aux médias, qu'ils ne lorgnent pas vers le contrôle du gaz, etc... etc... RIches et tolérés à condition de se plier aux maîtres véritables.
Poutine a bon dos. On oublie qu'il a hérité de la plupart des plaies d'un libéralisme spoliateur pour le pays, et dont le populaire Eltsine a été le complice, chaos et faillite à l'horizon. La guerre de Tchéchénie a été amorcée avant que Poutine ne vienne au pouvoir et quant aux crimes politiques et autres horreurs, d'après des connaisseurs bien informés, la majeure partie en a échappé, au contrôle d'une homme que rien ne préparait à exercer les fonctions de président.
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..... Management revisited
Je reviens sur ce qui mériterait qu'on y consacre une masterclass: les fondrières du management. Parmi les cours à la fois les plus les plus désinformés et les plus désinformateurs qui soient, je rangerais ce que l'on affuble du nom de management, ou encore des sciences du management. C'est pourquoi c'est avec bonheur que je quittai ma chaire au CNAM, laissant à mes successeurs le soin de propager les contes de fées. Non qu'il n'y ait un fond de vérité dans les théories de management, bien au contraire, elles permettent de clarifier le fonctionnement d'une entreprise saine, idéale et cela peut servir de repoussoir et d'horizon à des organisations mal fichues. Mais trois facteurs concourent à la désuétude des enseignements en matière d'entreprise.
Mais tout d'abord, une remarque digne de Lapalisse. Ou l'entreprise est petite, ou elle est grande. Dans le premier cas, sa gestion ressemble à une promenade en canoe dans un torrent. A chaque fois on est submergés par les vagues des aléas qui vous prennent en plein fouet. On passe ou ça casse. Ou l'entreprise est de type Matrix : organisation transnationale tentaculaire, et elle secrète en effet ses propres règles qu'on se garde bien de dévoiler. Dans tous les cas on ment aux fabricants d'études de cas. Pour qui connait le culte du secret des grandes multinationales, il est absurde de croire que des interviewes avec des patrons décoratifs, aient une signification quelconque.
1. On peut affirmer que même les dirigeants et les hauts cadres d'une grande entreprise, finissent par ne plus connaître leur métier, et pis encore, les hommes qui l'exercent;
2. Les étudiants qui entrent dans une entreprise Matrix, sont loin d'imaginer ce qui les attend et à quel point la réalité est excessivement incorrecte à l'égard de la langue de bois universitaire. et écart entre réalité et discours est particulièrement aigu dans une France partagée entre la tention utopique de médusa, et la tentation bureaucratique venant de Colbert et culminant à Bercy. Citons quelques trous noirs qui happent toute information :
a) Ces derniers temps je vois des héritiers s'entre-déchirer au grand dam de l'intérêt général. Il en résulte des factions, des chapelles, des clans. Leur étude ne peut être que ponctuelle.
b) Les syndicats sont à la fois faibles et agressifs, vérolés par l'idéologie (deinez laquelle). Leur représentants sont des ennemis rémunérés qu'il faut ménager pour leur force de nuisance.
c) Les relations entre les hauts dirigeants sont du type politique et non managérial.
d) La politique ne fait pas partie des préoccupations des 'patrons, et elle se venge en s'en préoccupant. Par ailleurs l'entreprise est un microcosme de la planète terre. Les relations entre Chirac et Sarkozy ont été houleuses; l'inertie de celui-là
rendant enragé celui-ci.
Tuesday, 5 June 2007
Vague jaune
Dans la typologie des virus sémantique, Medusa se voit attribuer la couleur jaune, jaune comme le cheval livide de l'apocalypse, jaune comme la mort.
D'après les travaux de l'ISD il est peu vraisemblable que l'action, et la volonté d'un seul homme, fût-il Nicolas Sarkozy, puisse fondamentalement changer la triste exception française, qui fait d'un des plus beaux pays du monde, le dernier bastion du trotzkisme et de l'égalitarisme haineux. Le seul pays évolué où le mot libéral et libéralisme soit perçu, ou mieux instrumentalisé, comme une menace ou une insulte.
Je l'ai écrit à plusieurs reprises, la rupture, ou si l'on préfère, la bipolarisation, n'oppose pas des partis mais des noeuds sémantiques plus ou moins conscients. Leur cartographie ne se confond pas avec celle des partis. On l'a vu avec Jacques Chirac, qui porté par des électeurs de droite a fait une politique de gauche. Avec Juppé qui s'est bien gardé de toucher à l'impôt scandaleux sur ce qu'il est convenu d'appeler les fortunes, et qui vont de l'appartement du XVIe arondissement qu'une vieille dame sans moyens a hérité d'un parent, à celle des Bettencourt, dont les droits de succession et les donations ont été réglées avec l'Etat socialiste. Nous demeurons le seul pays à maintenir cet impôt dont nul ne nie la valeur de symbole. Symbole d'une mentalité qui n'existe qu'en France.
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Genèse de MATRIX
Là où tout à commencé : à Dayton
Bernardo Trujillo et la naissance de la grande distribution
J'étais depuis un an au BHV (le Bazar de l'Hotel de Ville), lorsque Jacques Thomas, le Secrétaire Général,l'homme le plus influent après le président Georges Lillaz, me proposa de l'accompagner au séminaire MMM de la NCR. Au siège de la compagnie, dans l'ancienne maison du fondateur,professait un gourou perurbateur : Bernardo Trujillo (qui n'avait aucun lien de parenté avec le dictateur sud-américain).
Mon professeur Raymond Boisdé me présenta à Thomas sur qui je fis une certaine impression par ma culture, et notre amour commun pour Teilhard de Chardin et Lecomte du Nouÿ. Ma famille logeait en permanence au Grand Hotêl, Plade de l'Opéra, et supposée être très fortunée. Le Secrétaire Général pouvait donc me fréquenter, et il m'invitait souvent à sa table familiale, avenue Victor Hugo. Nous parlions uniquement de psychologie ou de philosophie, et au magasin nous affections de ne pas nous connaître pour ne pas susciter de jalousies.
Jacques Thomas était un homme grand et froid, de type écossais, marié à une aristocrate dans toutes les acceptions du mot, épuisée par sa trop nombreuse famille. Il se prit d'une amitié un peu distante pour le jeune homme qui l'écoutait avec une considération teintée d'admiration. Moi-même je me sentais honoré par le respect que me témoignait ce grand patron réservé et laconique. Il avait tendance d'ailleurs à me surestimer, et il pensait que je lui serais d'un grand secours aux Etats Unis. C'est ainsi qu'un beau jour il m'annonça : je suis invité par La NCR à écouter un étrange prophète qui annonce la bonne parole. Il y a peut-être quelque chose à glaner pour vous"
Au début des années soixante, aller aux Etats Unis en avion était un privilège, surtout lorsqu'on voyageait comme Thomas en "tapis rouge". On n'imagine pas les petits soins dont Air France entourait les VIP des longs courriers. Je ne manquais jamais de rapporter des flacons de "Moustache" de Carven; qui restèrent pour moi le symbole d'un exotisme cossu et studieux.
Plus tard, lorsque je me rendis régulièrement aux Etats Unis j'en profitai pour faire le tour des musées et des boutiques. Il n'en était pas question avec l'austère Jacques Thomas. Nous filames aussitôt à Dayton, Ohio et nous restames confinés entre l'amphi de trente personnes où officiait le grand homme et un médiocre motel. Avec de brèves incursions en avion dans les discounts et les shopping centers de la région d'où on ramenait des tonnes de diapositives.
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Monday, 4 June 2007
Anselm Kiefer au Grand Palais
Christine Fuess-Bentzinger, la première femme que j'ai aimée, étudiait l'histoire de l'Art. Ses deux artistes préférés étaient Nolde et Anselm Kiefer. Je trouvais étrange le choix de ce dernier, un inconnu à l'époque (on était en 1969), très germanique et dont nul ne parlait hors d'Allemagne Plus tard je vis une oeuvre de lui au MoMA qui m'impressionna d'autant plus qu'elle évoquait l'amosphère trouble du Ring de Richard Wagner. Par la suite je vis bien des oeuvres isolées de lui, et son vocabulaire pseudo- archaïque, mystérieux et ésotérique me fascinait. Il avait alors en commun avec Tàpies, un de mes artistes préférés, une fascination première pour le Ring, un traitement de la matière qui rappelait Dubuffet, et par dessus tout une forte connotation ésotérique. Tàpies, on le sait, a une bibliothèque très complète de livres alchimiques et ésotériques. Les deux artistes ont dû effectuer un travail de deuil, l'un avec Franco, l'autre avec Hitler. La principale différence est la frontalité de Tàpies alors que Kiefer n'a jamais rompu les amarres avec la figuration, ni même avec la perspective.
Un nouveau membre de New Wave, Ginevra E***. me demanda pourquoi Bonnet avait omis de ranger Kiefer dans la liste des cinq plus grands artistes du monde. (Viola, Barney, Serra, Naumann et Gerhard Richter). Je lui répondis que c'était peut-être dû au caractère "historique, établi," de l'artiste, qui le classe à l'instar de Soulages ou de Rauschenberg, parmi les grandes figures du XXe siècle plutôt que dans la New Wave du XXIe. Lorsque je l'interrogeai cet après-midi, il me déclara que l'apport de Richter pour l'histoire de l'Art était plus important. S'ensuivit une discussion sur l'importance relative de la novation (Duchamp et les conceptuels) et de l'oeuvre matérialisée (Bacon ou Balthus) . Kiefer au cours d'une conférence donnée à l'occasion de son grand oeuvre, dit en substance, Duchamp c'est bien, une pissotière ça va, deux aussi, trois c'est trop.
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..... Une communication à mes amis
Le journal du 4 juin, est le 200me "billet" de ce blog, dont le contenu atteint les 323 000 caractères. De minuit à trois heures quarante cinq du matin j'ai compté 108 visites. On remarque que le nombre de visites pour un billet (c'est à dire un article, dans le langage des blogueurs) s'accroît systématiquement avec le temps. Les billets les plus lus sont les plus anciens, ce qui montre que le blog fonctionne comme une sorte d'encyclopédie de la désinformation.
Je demande à nouveau instamment l'internaute qui me suit fidèlement, de respecter l'ordre des séquences pour "Saga", l'histoire romanesque de L'Entretien. Si je me permets d'insister, c'est que quelques séquences sont lues plus ou moins frequemment que d'autres, dans le désordre, alors que ce sont les premières qui devraient être les plus lues. Songeriez vous à lire un policier d'Agatha Christie en parcourant au hasard les chapitres?
C'est pour cette raison que je compte ménager une pause dans les séquences à partir de la séquence 172 qui n'a donc pas de liens. Reportez-vous pour la liste en cliquant ici : Regards sur l'Entretien . En effet, il se produit un coup de théâtre qui change notre regard sur les séquences précédentes, et on ne peut le déflorer. Il faut donc laisser le temps au fidèle lecteur de mon soap opera, de se familiariser avec les événements qui ont précédé.
Une précision peut-être utile pour les amateurs. L'Avenue SAGA part du noyau de départ de L'Entretien qui en exprime sous forme très condensée tous les développements futurs. Elle comporte trois grandes sections.
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