Virus
Sunday, 10 June 2007
..... Salade russe
Cartographie sommaire de la Russie
En ce moment se présente l'opportunité de rencontrer d'importantes persoalités russes et d'entretenir avec elles des rapports privilégiés, surtout culturels.
J'ai demandé à chacun de mes interlocuteurs de me dresser une cartographie de la Russie d'aujourd'hui et je compte de transcrire pour mes internautes l'essentiel de ce que j'ai pu saisir d'explications très touffues et quelquefois contradictoires.
Mais auparavant il faut s'accoutumer à l'esprit et à la culture russes, en ce qu'ils ont à la fois de commun avec le fond européen mais aussi irréductible à nos traditions et notre sensibilité. On doit lire, bien entendu les grands écrivains, de Tostoï, à Zinoviev. Mais on ira peut être plus profond en connaissant les opéras, tant il est vrai que pour ceux qui se donnent la peine de l'écouter, la musique nous fait ressentir par procuration les sentiments des personnages, et les sentiments sont importants pour les Russes. Ce ne sont pas des polonais ! Je vous invite pour faire court, d'écouter deux ou trois fois au moins les deux DVD qui me semblent devoir figurer dans toute discothèque. Il s'agit de deux opéras composés sur des scénarios d'après Pouchkine et dont la mise en scène met bien en relief deux faces contrastées de la fameuse âme russe.
Boris Godounov de Mussorgsky décrit l'univers impitoyable des luttes pour le pouvoir. Le destin karmique d'un peuple passif soumis à l'autorité d'un potentat tout puissant entouré de boyards hypocrites . Il met en relief le nationalisme russe, sa résistance aux manoeuvres de la Pologne, avant-poste de l'Occident et manipulée par le Vatican. On comprend mieux l'univers étouffant qui regne aux alentours de Poutine et l'exil qui attend les contestataires. L'obsession de Poutine, comme celle de Boris, est de contrôler les intrigues de ceux qui les entourent, et d'apporter à leur pays, prospérité et grandeur.
Eugène Oneguine, est tout le contraire. Cette oeuvre remaquablement filmée en Play-back montre la sensibilité exquise, la courtoisie et le raffinement tout occidentaux, qui sont l'apanage de l'élite. Mais ce qui frappe est le mélange de pudeur, d'abnégation, d'amour total et de fierté de certaines femmes russes, dont Tatiana est le prototype. On ne saurait en dire autant des hommes, souvent dévorés par l'ambition.
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Friday, 8 June 2007
Mummon et son disciple
Douglas Hoffstadter est l'auteur d'un livre à succès, surtout dans les pays anglo-saxons : Gödel, Escher,Bach, An Eternal Golden Braid" . C'est un des ouvrages les plus typiques de pensée latérale, faisant des passerelles entre le Théorème de Gödel, les gravures de Escher, les variations Goldberg de Jean Sébastien Bach. Le paradigme commun est la récursivité. C'est la propriété d'une organisation en boucle, où on ne sait ce qui est thème et ce qui est variation, où se trouve le début, et où la fin. Il est également truffé de curiosités sur le langage, et de jeux mathématiques. Personnellement j'ai trouvé cet ouvrage passionnant, mais un peu répétitif, par la manie américaine d'épuiser un sujet après en avoir lourdement exposé minutieusement toutes les combinaisons. Je cite de mémoire un Koan japonais. C'est une sorte de parabole, invitant à réfléchir et contenant chez Hoffstadter des impossibilités qui montrent les limites du langage. Ce Koan m'a beaucoup influencé. Il m'est revenu en mémoire après avoir lu le commentaire de Christophe Diaz qui m'accuse de mauvaise fois, estime que le dialogue avec moi est un faux dialogue et qu'il quitte le blog pour ne plus y revenir. Ce que je prends comme un compliment. Il aurait cependant été avisé de lire ce dialogue entre Mummon (disciple de Bouddha) et son élève.
Le disciple
Maître tu viens en marchant, d'écraser une chenille. Tu as tort, car tu as supprimé une vie.
Le Maître
Tu as raison.
Le disciple
Mais maître, cette chenille dévore les salades qui nourrissent le pauvre cultivateur et sa famille. Tu as donc fait le bien car en la tuant, tu contribue à préserver des vies humaines.
Le Maître
Tu as raison
Le disciple
Maître, tu conviens d'abord que as eu tort, puis tu soutiens que tu as eu raison. Tu te contredis.
Le maître
Tu as raison
Ce koan montre la difficulté d'émettre un jugement en tenant compte des conséquences et en les opposant aux conséquences des conséquences. Le langage est facteur de semblables confusions de niveau. (Comme le sophisme bien connu des menteurs qui disent qu'ils sont des menteurs).
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Thursday, 7 June 2007
..... *** Et si on défendait Poutine ?
Je pense que par les temps qui courent, plus politiquement incorrect que ça tu meurs! C'est pourquoi j'ai fait précéder cet article de deux carrés rouges. La culpabilité de Poutine est aveuglante. Ne nous aveuglerait-t-elle pas? Les Etats-Unis qui veulent nous persuader que la Turquie pacifique et laïque se trouve en Europe et que la Russie belliqueuse et orthodoxe, appartient à l'Asie, trouvent certainement dans la psture de l'ancien chef du KGB leur meilleur soutien.
Tout d'abord, la Russie se contrefiche de l'Europe. Elle est ultra-nationaliste et rêve de conquérir la grandeur passée. C'est une des raisons de l'immense popularité de Poutine dans son pays. Mais c'est aussi un grand pays blessé, très sourcilleux en ce qui concerne son honneur et en manque de reconnaissance. Comme l'Allemagne, il traîne un passé sulfureux.
Puis, cet pays est dominé par un groupe soudé et puissant dont Poutine n'est que le porte-parole sans réel pouvoir, contrairement à l'image qu'on en fait auprès de l'opinion publique. Ce groupe fait la loi. Une dizaine d'hommes décide de ce que les oligarques ont ou n'ont pas le droit de faire. L'un d'eux est cantonné à l'aluminium, l'autre au charbon. Mais on ne les laisse s'enrichir en paix qu'à une condition : qu'ils ne se mêlent pas de politique, qu'ils se gardent de critiquer le pouvoir en place, qu'ils ne touchent pas aux médias, qu'ils ne lorgnent pas vers le contrôle du gaz, etc... etc... RIches et tolérés à condition de se plier aux maîtres véritables.
Poutine a bon dos. On oublie qu'il a hérité de la plupart des plaies d'un libéralisme spoliateur pour le pays, et dont le populaire Eltsine a été le complice, chaos et faillite à l'horizon. La guerre de Tchéchénie a été amorcée avant que Poutine ne vienne au pouvoir et quant aux crimes politiques et autres horreurs, d'après des connaisseurs bien informés, la majeure partie en a échappé, au contrôle d'une homme que rien ne préparait à exercer les fonctions de président.
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..... Management revisited
Je reviens sur ce qui mériterait qu'on y consacre une masterclass: les fondrières du management. Parmi les cours à la fois les plus les plus désinformés et les plus désinformateurs qui soient, je rangerais ce que l'on affuble du nom de management, ou encore des sciences du management. C'est pourquoi c'est avec bonheur que je quittai ma chaire au CNAM, laissant à mes successeurs le soin de propager les contes de fées. Non qu'il n'y ait un fond de vérité dans les théories de management, bien au contraire, elles permettent de clarifier le fonctionnement d'une entreprise saine, idéale et cela peut servir de repoussoir et d'horizon à des organisations mal fichues. Mais trois facteurs concourent à la désuétude des enseignements en matière d'entreprise.
Mais tout d'abord, une remarque digne de Lapalisse. Ou l'entreprise est petite, ou elle est grande. Dans le premier cas, sa gestion ressemble à une promenade en canoe dans un torrent. A chaque fois on est submergés par les vagues des aléas qui vous prennent en plein fouet. On passe ou ça casse. Ou l'entreprise est de type Matrix : organisation transnationale tentaculaire, et elle secrète en effet ses propres règles qu'on se garde bien de dévoiler. Dans tous les cas on ment aux fabricants d'études de cas. Pour qui connait le culte du secret des grandes multinationales, il est absurde de croire que des interviewes avec des patrons décoratifs, aient une signification quelconque.
1. On peut affirmer que même les dirigeants et les hauts cadres d'une grande entreprise, finissent par ne plus connaître leur métier, et pis encore, les hommes qui l'exercent;
2. Les étudiants qui entrent dans une entreprise Matrix, sont loin d'imaginer ce qui les attend et à quel point la réalité est excessivement incorrecte à l'égard de la langue de bois universitaire. et écart entre réalité et discours est particulièrement aigu dans une France partagée entre la tention utopique de médusa, et la tentation bureaucratique venant de Colbert et culminant à Bercy. Citons quelques trous noirs qui happent toute information :
a) Ces derniers temps je vois des héritiers s'entre-déchirer au grand dam de l'intérêt général. Il en résulte des factions, des chapelles, des clans. Leur étude ne peut être que ponctuelle.
b) Les syndicats sont à la fois faibles et agressifs, vérolés par l'idéologie (deinez laquelle). Leur représentants sont des ennemis rémunérés qu'il faut ménager pour leur force de nuisance.
c) Les relations entre les hauts dirigeants sont du type politique et non managérial.
d) La politique ne fait pas partie des préoccupations des 'patrons, et elle se venge en s'en préoccupant. Par ailleurs l'entreprise est un microcosme de la planète terre. Les relations entre Chirac et Sarkozy ont été houleuses; l'inertie de celui-là
rendant enragé celui-ci.
Tuesday, 5 June 2007
Vague jaune
Dans la typologie des virus sémantique, Medusa se voit attribuer la couleur jaune, jaune comme le cheval livide de l'apocalypse, jaune comme la mort.
D'après les travaux de l'ISD il est peu vraisemblable que l'action, et la volonté d'un seul homme, fût-il Nicolas Sarkozy, puisse fondamentalement changer la triste exception française, qui fait d'un des plus beaux pays du monde, le dernier bastion du trotzkisme et de l'égalitarisme haineux. Le seul pays évolué où le mot libéral et libéralisme soit perçu, ou mieux instrumentalisé, comme une menace ou une insulte.
Je l'ai écrit à plusieurs reprises, la rupture, ou si l'on préfère, la bipolarisation, n'oppose pas des partis mais des noeuds sémantiques plus ou moins conscients. Leur cartographie ne se confond pas avec celle des partis. On l'a vu avec Jacques Chirac, qui porté par des électeurs de droite a fait une politique de gauche. Avec Juppé qui s'est bien gardé de toucher à l'impôt scandaleux sur ce qu'il est convenu d'appeler les fortunes, et qui vont de l'appartement du XVIe arondissement qu'une vieille dame sans moyens a hérité d'un parent, à celle des Bettencourt, dont les droits de succession et les donations ont été réglées avec l'Etat socialiste. Nous demeurons le seul pays à maintenir cet impôt dont nul ne nie la valeur de symbole. Symbole d'une mentalité qui n'existe qu'en France.
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Sunday, 3 June 2007
Nicolas Sarkozy aux prises avec Lyssenko
La polémique autour de l'inné et l'acquis
Le docteur Mario Bensasson, esprit curieux et cultivé me rapporte, indigné, le débat Nicolas Sarkozy - Michel Onfray dans le N°8 de Philosophie J'ai rendu compte de son écho dans Le Nouvel Obs, qui n'a présenté que l'opinion du "philosophe", qui n'est qu'une longue litanie d'injures de style soviétique. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, car ce qu'on reproche à Nicolas Sarkozy est aligné sur la position du PC pendant la guerre froide, condamnant la génétique de Mendel, comme étant incompatible avec la doctrine communiste, et menant au nazisme. La grossiereté de l'attaque, qui n'honore pas le magazine qui l'a présentée dans des pages pleines de complaisance, m'a dissuadé de me reporter à l'article de la publication citée.
Le docteur Bensasson s'étonne que l'on puisse ainsi ériger en condamnation idéologique ce qui relève de la connaissance scientifique la plus répandue. En effet il est largement prouvé que le développement de l'homme résulte de la combinaison de caractères innés, génétiques ou géniques et de leur exploitation par l'environnement et l'acculturation. Si les nazis se sont exclusivement centrés sur l'inné, (cf.L'innéisme), les communistes ont misé exclusivement sur l'acquis. Ainsi Mendel a-t-il été considéré un adepte de la science bourgeoise, alors que Mitchourine, a été loué, pour ses déclarations en faveur d'une science exclusivement fondée sur les doctrines de Marx, Engels, Lénine et Staline. Les plus grands généticiens russes et tous ceux qui osaient les citer étaient envoyés au Goulag pour y mourir dans des conditions atroces. Tout cela, parce qu'on estimait que seul un environnement culturel correct, pouvait transformer n'importe quel homme en un parfait communiste. Le fait que l'on pouvait hériter d'une psychose, contredisait le principe de la toute-puissance de l'endoctrinement égalitaire communiste.
Ceux qui ont diabolisé Nicolas Sarkozy pour avoir osé rappelé que l'acquis n'est pas seul responsable, et qu'une part déterminante d'inné pouvait rendre compte de certaines pathologies psychologiques, n'ont pas eu, heureusement, la possibilité d'envoyer le candidat au bagne ou à l'institution psychiatrique.. M.Onffray, n'aurait sans doute pas hésité, à en juger par son appréciation du candidat de "la bourgeoisie". Voici un extrait des répliques incriminées :
N. S. :...l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers.
M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais.
On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.
N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?
M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.
N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.
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