Musique et drame
Billets indélébiles
Bruno Lussato a été initié aux grands drames wagnériens depuis l'âge de dix-sept ans. Il a eu la chance de recevoir chez lui des artistes mythiques, comme Kirsten Flagstad, Martha Mödl, fréquenté la génération des Max Lorentz, Knappertsbusch et travaillé au Ring avec René Leibowitz. Par la suite, il a suivi de près le "Ring" du centenaire et a entrepris avec l'aide précieuse de François Regnault, (Le dramaturge étroitement associé à Patrice Chéreau) un premier travail de décodage.
Continuer à lire "Wagner vu par Bruno Lussato"
*** A propos de la Sonate Op.106 pour piano de Beethoven.
Les Anglais n’aiment pas ma musique, mais le bruit qu’elle fait.
"Cette boutade de Beethoven nous conduit à nous poser la question : qu'est ce que la musique pour le maître de Bonn? On découvre l'importance de la structure et de la logique de développement, de même que les énigmes qui en découlent. Et aussi, les interférences et les conflits entre la structure et le son tel que l'auditeur l'entend. Comment l'artiste peut-il concilier musique et bruit, organisation et son?
Continuer à lire "Introduction"
Les sonates pour piano de Mozart posent un problème intéressant. La plupart des grands pianistes négligent les indications de la partition, même authentifiées par le compositeur. Pourquoi? Que vaut-il mieux, une sonate suivant les indications du compositeur et jouée honnêtement ou exécutée d'une manière magistrale mais pleine de contre-sens?
En relisant l'excellent ouvrage de Robert Taub : playing the Beethoven Piano Sonatas (Amadeus Press, Portland, Oregon, 2002) je suis tombé sur une citation de Beethoven que j'avais oublié et qui illustre bien l'attitude du compositeur face aux altérations commises par des artistes illustres.
Vous devez pardonner un compositeur qui préfererait plutôt entendre son oeuvre, exactement comme il l'a écrite, qu'exécutée autrement, quelque soit la beauté du jeu.
-- Beethoven à Czerny, 12 février 1816
On ne saurait être plus clairs!
Extrait du blog du 10 mars 2007
Continuer à lire "Introduction et discographie."
Sunday, 25 February 2007
*** Nous attaquons ici l'analyse du développement de la sonate en la mineur K310.
Nous citons Füssl et Scholtz (Urtext) :
" Ainsi que les notations dans le reste du 1er mouvement, il est remarquable de signaler que la relativement longue section piano de l'exposition et de la réexposition, s'oppose à un bloc fortissimo dans le développement qui commence dans la dominante secondaire de si majeur qui tombe sur un pianissimo après quatre mesures (à nouveau sans le moindre changement structurel et pianistique!), pour conclure fortissimo quatre mesures après dans un total de 18 mesures qui inclut le commencement de la rexposition. Ce mouvement avec ses contrastes dynamiques violents (il est très rare que Mozart écrive pp ou ff) tout en préservant l'unité thématique et architecturale la plus grande possible, semble avoir été conçu orchestralement plutôt que pianistiquement"
h
►
Ci dessus on a reproduit le passage pp et une partie de la suite ff.
i
Ci dessus nous reproduisons la fin de la réexposition, à partir du moment où les pianistes amorcent leur crescendo, alors que rien de tel n'est indiqué dans la partition. Les trois sections de ce passage appellent des accents énergiques : les deux premières mesures sont péremptoires, à la 5ème mesure un déferlement descendant et furieux en septième diminuée, brisé par un nouvel accord de septième au registre aigu, conduit à la conclusion dactylique implacable. Comment imaginer un tel paroxysme dans une nuance piano? Nul n'y parvient, et nous mêmes, en dépit de notre bonne volonté, avons du mal à l'interpréter conformément à l'original.
Continuer à lire "Mozart. Sonate pour piano K310, suite."
Saturday, 24 February 2007
*** Interprétations du premier mouvement de la sonate en la mineur pour piano K310 de Mozart
.............................♦a...................................................♦b
..♦c...........................................................♦d
L'interprétation de a et de b, pose problème. D'après l'Urtext Edition de Schott (Fussl/Scholz) les appoggiatures doivent probablement être jouées comme des croches comme en c et d où Mozart les met au net. La raison d'une notation différente pourrait être que dans a et b le retard est une dissonance alors que c'est une consonance dans c et d. Au cours d'une discussion animée, René Leibowitz me démontra que jouer l'appoggiature comme deux croches sur une dissonance, était une erreur de composition que jamais Mozart n'aurait laissé passer. On peut en effet argumenter que jouer les mêmes notes sur des accompagnements différents est difficilement défendable. Mais il y a une autre raison que l'on pourra aisément ressentir en écoutant les pianistes qui comme Dinu Lipatti jouent toutes les appoggiatures d'une manière uniforme, et ceux qui comme Lili Kraus, respectent la notation de l'autographe. (Appelons la première interprétation,lissée : V 2; la seconde, la version conforme à l'autographe V 1) Incontestablement V1 est plus âpre, plus dramatique, introduisant une sorte d'halètement. Le retour du thème apparaît alors une variante moins dure, qui prépare la transition vers le deuxième thème. La baisse de l'agressivité introduit une sorte de résignation, ou d'abandon qui me semble psychologiquement plus juste.
Continuer à lire "Sonate pour piano K310 de Mozart"
Une encyclopédie de l'Anneau du Nibelung
J’ai publié chez Fayard un ouvrage sur le Ring qui peut être considéré comme la plus importante des monographies, par sa variété et par son volume (plus de 1600 pages). Le professionnel ne sera pas surpris d'apprendre, qu'en dépit de son importance, cette "encyclopédie du Ring", n'est qu'un condensé d'un travail beaucoup plus important, et de ce fait impubliable. On notera l'impasse volontaire sur les interprétations des chanteurs et des chefs d'orchestre. Plus grave est l'absence de toute iconographie. Certaines analyses ont été simplifiées car inaccessibles au grand public, enfin je me suis gardé de toute appréciation subjective. Notamment en ce qui concerne la question scabreuse de la présence de l'antisémitisme sur le Ring, j'ai exposé les points de vue antagonistes. Pour les mises en scène dites engagées, j'ai déclaré ouvertement ma désapprobation devant les pires falsifications, tout en citant les critiques favorables. En dépit de ces précautions, on me reprocha d'être tendancieux (sans dire de quelle tendance il s'agit), d'être passéiste, ou encore de ne pas oser afficher mes opinions en me contentant de donner la parole aux critiques les plus variés.
|
Commentaires