Bouillon de cultureBillets indélébilesIntroductionL'"AC" est la frange la plus actuelle de l'Art, et suit le post moderne. Ses particularités: confusion et pléthore, dépassement des limites, prépondérance du facteur financier. Continuer à lire "Introduction"
Posté par Bruno Lussato
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Monday, 5 February 2007 20:41
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Saturday, 22 August 2009Le journal du 23 aoûtCHRONIQUE PREMIERS PAS
Dans un de mes précédents billets je vous ai raconté qu'Emmanuel Dyan avait rompu tout contact parce qu'il estimait qu'il ne trouvait plus d'intérêt à nos échanges. Il estimait que je réservais mes qualités de pédagogues aux riches et que je négligeais les besogneux. Plutôt qu'argumenter je préférai lui demander ce qu'il voulait que je lui enseigne. - L'organisation pour accroître l'efficacité de mon business en Inde, répondit-il. - Je suis professeur d'organisation c'est vrai, mais seulement pour de grands groupes particulièrement complexes. La PME n'a rien à tirer de moi. Ce n'est pas ma spécialité. Et d'ailleurs je n'ai jamais parlé de leur organisation aux puissants qui m'offrent leur amitié. Ils prendraient cela comme une intrusion. - Alors je voudrais que vous m'expliquiez comment progresser dans ma compréhension de l'Art. Avant vous me jouiez du piano en m'expliquant ce que vous faisiez et c'était passionnant. - Vous vous interessiez à Léonard de Vinci et je vous ai procuré quelques livres passionnants. Quant à la musique, vous en Inde, moi à Paris, comment voulez-vous que je puisse échangr avec vous? - Comment faites-vous avec vos riches? - Je ne fais pas. Ils ne s'intéressent pas à autre chose qu'à leurs affaires ou leur développement personnel. Je ne leur enseigne rien. - Alors pourquoi ils vous voient? - Parce qu'ils ne sont pas comme vous. Il n'y a aucune relation interessée entre nous. Seulement beaucoup d'amour et de fidélité? Cela compte.
Mais, poursuivis-je, eu égard au fait que vous avez créé mon blog avec beaucoup de talent, et que vous m'êtes utile, je vais essayer de vous guider dans le dédale infiniment subtil de la musique classique.
Ce billet a pour but de décrire les premiers pas qui vont amorcer un parcours ambitieux et qui peut demander une vie d'efforts constants. Je procède - nous procèderons - par tatonnements successifs dans l'espoir de découvrir le chemin fécond.
LA SONATE PATHÉTIQUE Le premier principe à mettre en pratique est ,me semble-t-il, de partir du connu pour s'aventurer vers l'inconnu. Il est bien plus difficile à mettre en oeuvre qu'il ne paraît car ce connu qui sert de fodation et d'amorce au processus de connaissance, est différent d'un débutant à l'autre. Pour l'un c'est Clair de Lune de Debussy, pour l'autre la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. Et que faire lorsqu'il n'y a pas de point d'ancrage, comme chez Emmanuel Dyan? Cela montre l'inanité des méthodes collectives normalisées. Dans ce cas, je prends la Huitième Sonate de Beethoven, Op.13, la première des plus populaires affublées d'un titre (Au Clair de Lune, la Tempête, la Pastorale, L'Aurore, Les adieux, l'absence et le retour, La Hammerklavier, La Sonate-Testament)
Mon ami Pierre M***, un bon vivant, peintre figuratif et fort amateur de musique affirma péremptoirement que si le premier mouvement de la sonate était assez intéressant, voire impressionnant, le reste était sans intérêt. Son ami, musicien professionnel de profession, homosexuel de condition, Genevois de nationalité, opina. Le dernier mouvement notamment était mauvais car le refrain était insuffisamment varié, ce qui dénotait un manque d'imagination.
C'est pour avoir proféré cette sorte de jugement que je rompis jadis avec Julius Katchen, pourtant d'une autre stature que mon musicastre genevois. Comment un petit musicien obscur peut-il se permettre de donner des leçons au grand Beethoven. Pense-t-il sérieusement qu'il n'était pas capable de contrôler le plan de son troisième mouvement, dont la beauté est éclatante et les parties secondaires d'une polyphonie accomplie? N'a-t-il pas d'oreilles pour apprécier la beauté qui ravit tout amateur débutant? Mais l'indignation m'égare. Relatons notre premier dialogue.
- Avez-vous les disques de la pathétique? - Oui. - Joué par qui? - par Backhaus puisque, comme vous le conseillez, j'ai acheté tout le coffret de sonates. - Avez-vous écouté la Pahétique? - Oui. Une fois. - Quelle impression ça vous a fait. - Je ne comprends rien au premier mouvement. - Vous allez l'écouter maintenant deux fois de suite, puis vous me téléphonerez. ... - C'est fait. - Est-ce que la seconde fois vous avez entendu la même chose? - Non. La seconde fois c'était mieux. J'entendais quelques mélodies. - Bien. Vous allez me suivre. Au début, vous souvenez-vous d'une introduction lente et solenelle, comme improvisée. - Oui. - Après cette introduction qui prépare le début, vous avez un morceau qui es répété deux fois. - Oui, j'ai remarqué la répétition. - Ecoutez cette section répétée deux fois, puis rappelez-moi/ ... - OK. - Vous remarquerez que deux thèmes surnagent dans la bouillie musicale. Le premier, appelé thème principal est orageux. Le second est au contraire joueur. C'est le thème auxiliaires. Pour finir vient une variante du thème proncipal. C'est la coda, la queue du mouvement. Après quoi tout recommence comme avant ; Th. principal, Th. Secondaire, Coda. Ecoutez de nouveau ce passage puis rappelez-moi. ... - OK. J'ai bien entendu les deux mélodies. -Pourquoi sont-elles répétées deux fois. Est-ce parce que Beethoven manquait d'imagination? - ... - C'est tout simplement pour que l'auditeur puisse se familiariser avec les thèmes du premier fragment, nommé exposition. Demain, vous me téléphonerez et vous l'entendrez encore deux fois auparavant.
DU BLOG NOTES TRANSBAHUTAGES En principe tout est en ordre pour mon voyage en Russie et le jet vient me prendre au Bourget le 26. Mais d'ici là, que d'inconnues.
J'ai dû quitter le Château hier après midi, chassé par un mariage suisse. J'ai émigré au Grand Hôtel, un vrai hôtel avec de vraies chambres, un vrai air conditionné et une vraie Wi Fi qui me permet, pour la première fois de vous adresser mes billets sans complexes. Un seul problème : la cuisine est infecte et on n'ose rien manger de peur de s'empoisonner. Le jus d'orange est un cocktail de tropicana au rabais, les croissants sont luisants de graisse, et même les céréales sont de qualité inférieure à ce que vous trouvez dans un Carrefour. Je profite de mon séjour pour vous adresser ce billet. Au château non seulement les cartes d'accès à l'internet ne marchent pas, mais on vient de me les compter pour plus de quatre vingt euros !
De toute manière, je n'ai pas le choix. Je dois quitter ma chambre au Grand Hôtel, chassé par un mariage belge et je dois regagner le Château. Bien que situé deux cent mètres plus haut il y fait nettement plus chaud. C'est que le Grand Hôtel est bâti sur des sources thermales qui rafraîchissent tout le parc et que vous voyez effleurer ça et là.
PRISONS Le Président de la République estime qu'ils sont une honte pour notre pays. Pourtant les statistiques sont édulcorées. C'est ainsi qu'on ne comptabilise que ceux par pendaison en passant sous silence l'absorbtion de drogues, de médicaments et autres poisons. Et on ose s'indigner pour Guantanamo. Chez nous c'est pire, bien pire. En effet ce qui est particulièrement odieux, est la faculté d'un petit juge de faire incarcérer sa victime, sans prendre la peine de l'écouter (les avocats commis d'office font plus de mal que de bien). Il y a autre chose propre à notre pays d'égalité, de liberté et de fraternité. Une infraction au code de la route commise par un récidiviste, lui vaut d'être traîté comme le plus sanglant des criminels, égalité oblige. Tous dans un même sac !
Posté par Bruno Lussato
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Tags pour ce billet: Derick Pasqua, dyan
Wednesday, 19 August 2009Le journal du 18 août 2009CHRONIQUE MIEUX VAUT UN AMI PAUVRE ET INGRAT QUE RICHE ET DEVOUÉ
Emmanuel Dyan m'a téléphoné hier après être disparu pendant des longs mois. Ce silence est d'autant plus dommageable qu'il a le contrôle de ce blog dont il est le talentueux auteur. Il a eu la franchise de m'avouer la raison de son abandon. " Vous avez perdu tout intérêt pour moi. Au début vous m'apportiez beaucoup en m'expliquant vos clés culturelles, en m'ouvrant à Beethoven, à Vinci, à la théorie des organisations. Mais depuis votre apport a baissé à cause des riches et puissants que vous fréquentez. Vous ne vous intéressez plus aux jeunes et aux petites gens. "
Si je rapporte ses propos c'est qu'ils ne sont pas isolés. Marina m'a rapporté ceux de Mme. de B*** qui se plaignait de passer au second plan, après Socrate et Olaf. Et je crois que nombreux sont ceux de mon entourage - (à l'exception de ceux qui me connaissent bien, comme mes internautes! ), à partager cet avis. Par exemple: "aurais-tu éprouvé une telle douleur à l'humiliation qu'Axel t'a infligé, s'il n'était qu'un jeune fauché de 24ans ?"
Détail piquant : Axel , qui fait partie de la jet set, invoqua la cause de sa rupture pour les mêmes griefs. " Je ne crois pas totalement à votre amour. Jamais vous ne mettriez votre vie en danger pour moi, comme vous l'avez fait pour Olaf ". C'est que tout est relatif et le statut d'Axel est à celui d'Olaf, celui de Dyan par rapport à Olaf !
LES DONNÉES FACTUELLES Elles sont simples. Ma vocation est d'enseigner, d'initier et d'ouvrir à des connaissances pour lesquelles j'éprouve une passion et d'un haut niveau culturel. Ma plus grande joie a été de former mes étudiants, ou d'obtenir un intérêt proche de la révélation chez des personnes choisies pour leur volonté d'apprendre. Mieux encore infuser le choc décisif qui donne à des êtres abrutis par les mass média, envie d'apprendre, de s'extraire des sables mouvants de la facilité. Je citerai deux cas emblématiques, celui de Darek, celui de Michel. Darek est l'homme qui m'a volé mon incomparable collection de stylos, suite à un coup de folie consécutif à un coup de foudre avec une jeune fille affiliée à un gang yougoslave. J'ai cru à son repentir et lui ai pardonné. Mais au cours de notre échange téléphonique, je découvris une intelligence exceptionnelle pour la musique et l'opéra. Je le formai à fond pendant de longues heures. Il donna à son fils encore à naître mon nom. Je me battis, aidé par S*** à aider le bébé à s'épanouir, et contribuai à se construire une situation. Récompense : le silence. Il ne sait même pas si je suis mort ou vivant.
Second exemple, Michel, mon chauffeur. Il m'accompagnait au cours de mes periples chez les libraires, les numismates, les marchands de Mingei et d'art calédonien. Il se passionna pour les objets que je lui expliquai et m'aida à rédiger les plans de la seconde fondation. Sans le savoir, il était devenu un homme cultivé et amateur de belles choses.
La plupart de mes échanges culturels et affectifs ont lieu avec Sandrine, des membres de Auchan, depuis des directeurs de magasin jusqu'à la famille Mulliez, réputée pour sa modestie et son dédain du Standing parisien. Mes contacts avec Socrate, Axel et Olaf, sont donc l'exception et non la règle.
En faisant le tour de mes disciples j'en viens à la constatation que ceux qui me font vivre : Arnaud Gobet, Arnaud Mulliez et la famille, et Igor Poliakoff le père d'Axel, Olaf et Socrate, ont pour moi une sincère sollicitude, et me rendent au centuple mes petits services. En revanche, je n'ai eu qu'ingratitude, avidité, égoïsme, jalousie de la part de bien des "petits".
UN SYNDROME FRANÇAIS Il ne viendrait à l'esprit de n'importe quel américain, danois, hollandais ou italien de considérer avec une sorte de réprobation tacite quelque quidam qui tirerait gloire de ses relations avec les grands. Un tel comportement ne serait ici réservé qu'à ce qu'on nomme un agent d'influence comme Alain Minc,mais on leui pardonnerait car il n'est pas question de tempérament ni de comportement, mais d'activité purement professionnelle.
Voir le blog notes dans le coeur du billet . Continuer à lire "Le journal du 18 août 2009" Wednesday, 12 August 2009Le journal du 12 août 2009CHRONIQUE ART ET EGO
La plupart des imaginatifs sont doté d'un égo puissant. Leurs oeuvres leur apparaissent comme des créations majeures et tout leur parait tourner autour de leur mission nécessaire à l'humanité.
Ceci n'est pas grave lorsqu'il s'agit d'entrepreneurs, de scientifiques, de hauts fonctionnaires. La réalité les garde de sombrer dans la mégalomanie. Un bilan, un chiffre d'affaires, une découverte reconnue, le prix Nobel, la médaille Field, ce sont choses concrètes, réelles, reconnues par la multitude et qui vous placent au sommet de la hierarchie sociale. Même les artisans ont un point d'ancrage solide : leur métier.
Mais le problème se pose pour les artistes : musiciens, poètes, peintres. Leurs critères de jugement sont évanescents, flous, propices aux illusions. Tous se prennent pour des génies, autrement ils n'embrasseraient pas leur carrière. Dès que cette certitude vient à manquer, leur raison de vivre disparaît et comme Nicolas de Staël ils se suicident. Ou alors, ils se résignent comme Hector Berlioz, Rodchenko qui signa "le dernier tableau", ou encore Rossini qui échangea la création d'un tournedos contre celle du Mariage de Figaro.
Je me souviens de mes rencontres avec Le Yaouang peintre exposé l'espace de quelques semaines chez Maeght, sa fierté d'être ainsi publié sans le catalogue "Derrière le miroir" de la célèbre galerie. Il multipliait les déclinaisons d'une recette originale, en faisait des timbres poste, un ouvrage luxueux, il se ruinait et faisait vivoter sa femme, pour se prouver à lui-même son talent.
LE PROBLÈME DES AVANT GARDES EXTRÊMES
DU BLOG NOTES A PROPOS DE JULIEN GREEN
Sunday, 2 August 2009Le journal du 3 août 2009CHRONIQUE CASTES
Hier soir me téléphone un charmant arriviste prefessionnel: Boris Borodine, BB pour les amis. Doté pour tout bagage d'un charme caché, d'une belle voix et d'un gentil gratter de guitarre, il attire les plus belles femmes, les plus riches, les plus intelligentes, sans avoir pour autant un physique de don Juan. Quel est son secret?
Manifestant la plus sincère admiration, la plus féconde solidarité, pratiquant le name dropping sans citer de noms, BB était très convainquant je l'avoue. Je le chargeai d'une mission qu'il se faisait fort de mener à bien. C'était voici quelques mois ! Depuis, silence radio. Il s'est excusé hier de son silence prolongé, sans donner la moindre raison mais réitérant ses sentiments profonds d'amitié, assortis d'un "aidez-moi !, moi je vous aide". Et je dois reconnaître que dansle passé, il est venu en aide à un de mes meilleurs amis, ce qui est beaucoup et qu'il m'a présenté une relation intéressante mais qui n'a pas eu de suite. Qu'importe? L'intention compte.
Qu'est-ce qui a valu ce soudain réveil de sollicitude? - C'est qu'il se trouvait dans un somptueux yatch de 75 mètres, appartenant à un riche Russe, à bord avec le meilleur ami de mon fils Roderigo, marchese de Montegambero. La mer était radieuse et on apparaillait vers Capri !
Mon fils, de son côté, passait des week ends agréables après avoir été premier témoin du Mariage du Marquis de Montegambero avec Patricia Hutton : sky nautique et divertissements entre jeunes chez Igor junior, le frère d'Axel Poliakoff invité habituel de la maison où j'ai été si mal accueilli par Igor sénior.
Je n'envie pas cette joyeuse et insouciance jeunesse car mon tempérament me pousse à la construction de mon esprit par la fréquentation des grands artistes et des génies qui honorent l'humanité. Je suis la vivante antithèse de ce monde factice de courtisans et de courtisés, de cette connivence dans l'adoration de l'éphémère.
Marina s'étonnait du fait que certains de mes amis les plus puissants et les plus affectionnés, n'aient jamais pensé à m'inviter sur leur yatch même pendant leur absence, alors que j'en aurais eu bien besoin pour me retaper,, et qu'ils le mettaient à disposition de relations beaucoup moins proches que moi, s'il faut les en croire.
Je crois que j'ai eu hier la confirmation de ce que je pressentais.
Nous sommes à l'époque ou la table des seigneurs (hommes d'état, magnats hyperfortunés, vedettes de la télévision, du ciéma, du show biz) admet les parasites les plus éhontés, les courtisans qui les amusent, mais jamais des savants, des artistes sérieux, ou tout simplement des hommes sages.
Comme me le disait le grand poète Yves Bonnefoy au cours d'une visite qu'il me fit l'honneur de me rendre, il est des temps où les riches et les puissants acceptaient à leur table des artistes et des hommes de science. Ainsi cette semaine vous trouverez dans Le Figaro Magazine, un article sur François Premier. Il était de ce temps et avait contribué à le modeler. C'était alors, pour employer les termes de Bonnefoy, les hautes eaux. Mais aujourd'hui, les puissants et les riches font table à part, reléguant les hommes d'esprit à la table des mendiants. Ce sont les basses eaux, et nous sommes dans une période de basses eaux.
En d'autres termes il existe deux castes étanches.. Celle qui habite les somptueux bateaux, qui circule en jets et conduit des lamborghini, est en complète incongruité d'avec les professeurs et chercheurs. C'est pourquoi mes amis Socrate et Olaf, ne m'ont jamais invité sur leurs bateaux pour une croisière de rève. Tout simplement cela ne leur venait pas à l'esprit. Ils n'arrivaient pas à visualiser "Le Professeur", en un lieu ou plane le souvenir des courtisanes. Car l'acajou bien astiqué des cabines d'un yacht dégage des ondes, comme les vieilles pierres d'une fermette. On ne "voit " pas Edgar Morin, ni Pierre Boulez, en train de paresser sur le Phocea ! Ce n'est pas qu'on ne veuille pas les recevoir, mais on n'imagine pas un tel accouplement entre sérieux et la légèreté vide. Il ne restait à Edgar Morin qu'à accepter pendant un mois mon hospitalité du Centre Culturel des Capucins, zone franche.
Je me trouve, vous le savez, à Divonne. Le temps est nuageux, l'eau de la piscine est froide, on doit subir comme à San Remo la promiscuité d'émirs mal élevés, d'enfants brailleurs... Enfin, ce n'est pas un camping, mais un château reconverti qui a bien du mal à joindre les deux bouts. Le climat est excellent pour la santé mais le plaisir est, pour moi, pur méridional, la Méditerannée, et, ne fut-ce qu'une semaine, paresser sur un yacht de rève, serait un moment de bonheur que j'emporterais avec moi.
On pourrait penser que le terme "caste" emprunté à la civilisation hindoue est une métaphore. Mais ce n'est pas du tout mon intention., je prends tout cela à la lettre. Les deux castes dont j'ai parlé sont aussi étanches, aussi radicales qu'en Inde, mais d'une manière bien plus sournoise, plus subtile, non énoncée, inconnue du public dont la gauche-caviar attise la jalousie. Mais il ne s'agit pas d'une sépartion entre les riches et les pauvres. Je ne vois pas Gérard Mulliez tout fortuné qu'il le soit, sur le pont d'un magnat de la finance. Et bien des sans-le-sou comme Boris Borodine, sont admis dans le yacht qui est en train d'appareiller pour Capri. Non c'est une affaire de caste, c'est tout.
A quelle caste appartiens-je? La question vaut d'être posée car les deux castes : celle de la jet society, celle du milieu académique, me rejettent également. En dépit de mes titres et de mon statut d'ex-professeur à la Wharton School, je ne fus jamais reconnu par mes pairs. C'est que je dédaignais leurs séminaires, produisaise des livres plutôt que des "papiers" dans les revues qu'il faut, et que je menais une vie plus que confortable, me subventionnant moi-même. Cela est inconvenant selon leurs standards. Mon statut réel dans la caste des intellectuels était inférieur à celui d'un chercheur de l'université de Trifouillis-les-Oies. Depuis, je fais partie des sans-castes, des déracinés; des painted birds, des errants. Autrement dit à la caste la plus basse de l'Inde : les intouchables. Et cela se sait, cela se sent, et entache gravement ma réputation. C'est peut-être une clé de la désaffection et du mépris que témoignait cet été Axel Poliakoff à mon égard.
Comme on revit dans ses enfants; au moins théoriquement et biologiquement, je suis heureux qu'au contraire de son père, Pierre Lussato-Johäntgen participe de la caste d'en haut en tant que co-propriétaire d'un fond d'investissements prometteur, sans jamais toutefois renoncer à la culture où il suit mes conseils attentivement. Il fit un détour appréciable, seul de son groupe, par Taipeh, ex. Formose pour un pélerinage au Musée du Palais dépositaire presque unique des chefs d'oeuvres de la Chine, arrachés au régime maoiste. Quelle fierté de penser qu'en accord avec son épouse qui partage l'amour des polonaises pour la musique classique, il élèvera ses enfants dans le respect des grands musiciens et de cet humanisme qu'il peut revendiquer en tant que sémi-italien de culture française.
DU BLOG NOTES VISSICITUDES DU BLOG
Vous vous trouvez dans une ville étrangère et un malaise vous terrasse. Si nous sommes en France, les passants feront charitablement in détour pour ne pas vous piétiner et vaqueront à leurs affaires sans vous avoir fourni la moindre aide à moins qu’une personne âgée ne passe par là. Mais rassurez vous, IBM est là qui veille ! Automatiquement dès que vous avez pressé sur le bouton rouge, on vous énoncera un formulaire décrivant vos symptômes. D’après vos réponses, le logiciel établira un diagnostic et l’adressera aux spécialistes les plus renommés de la région. Seront choisis ceux dont le site sera le plus proche de l’endroit où notre homme est tombé. Salzmann, sous François Mitterrand a été encore plus loin puisque le Président J.L. Servan-Schreiber, a fixé comme but à l’institut mondial de l’informatique, la diffusion dans les pays du tiers monde d’un bidule de 500g remplaçant le médecin traditionnel. Monday, 20 July 2009Le journal du 19 juillet 2009CHRONIQUE FIDÉLITÉS
Il est des moments où on est au plus bas, c'est le contraire de la grosse tête. Disons la tête tzantzas ou tête réduite au tiers de sa dimension. Les indiens Jivaro après avoir décapité leur adversaire, soumettent sa tête à un traitement très complexe pouvant durer deux semaines, et qui emplissait d'horreur les conquérants espagnols. Le but était shamanique : emprisonner l'esprit de l'adversaire dans la tête qui devait offrir la plus grande ressemblance possible avec l'original. La tête tzantzas, disons la tête jivaro est donc l'état où on se trouve lorsqu'on se sent de trop, misérable, méprisés, pièce rapportée au sein d'une communauté qui vous exclut et à laquelle vous vous raccrochez sans dignité. J'avoue qu'Alxel Poliakoffa le don de me plonger dans cet état. Il est différent du syndrome "moineau déplumé" que je ressentais lors de mon amnésie. Je n'était pas inférieur aux autres, mais comme Saint François, proche de ce moineau sautillant que je vis tout heureux fouiller dans une poubelle d'Hédiard.
Puisque j'en suis aux variantes sémantique, plusieurs amis m'on suggéré de comparer grosse tête à snobisme ou à arrivisme. Le snob, dirais-je, est celui qui conscient d'appartenir à une caste ou un milieu elevé, ne daigne pas frayer avec le niveau au dessous. Un homme comme le grand François Dalle, était un snob, comme bien des professionnels de la mode ou des cosmétiques. L'arriviste, ferait n'importe quoi pour satisfaire son ego et sa position sociale. Il utilise le name dropping et fait sonner ses relations, vraies ou supposées, pour s'en faire d'autres. L'arriviste comme le snob, sont obséquieux devant ceux de la classe supérieure.
L'avantage de se faire la grosse tête, c'est qu'on finit par y croire (que vous êtes quelqu'un). Et à force d'y croire, les autres y croient aussi et agissent en conséquence. Ainsi s'instaure une dynamique positive fondée sur le culot, la morgue, baptisés audace et entregent.
En revanche lorsque vous avez la tête jivaro, à force de vous sentir un moins que rien, vous en persuadez également les autres, qui vous fuient ou qui vous traitent avec cette condescendance distraite et aimable, qui est plus insultante qu'une gifle.
J'étais hier dans cet état d'esprit, lorsque Oleg est venu à la rescousse, comme s'il ressentait télépathiquement mon désarroi. Il m'a donné carte blanche pour continuer mes achats d'objets Mingei, qui dès à présent peut compter comme le plus important du monde occidental.
En revanche le silence persistant d'Axel Poliakoff en dépit de nos accords, m'a plongé dans le dernier dessous.
J'ai alors adressé un SMS à Igor son père qui a aussitôt répondu, puis téléphoné affectueusement pour me dire que tout était prêt pour me recevoir dans sa résidence de la Côte d'Azur. Cela m'a mis du baume sur le coeur je l'avoue.
Je suis par ailleurs assez embarrassé, car je n'ai jamais été invité nulle part et j'ai honte d'imposer à mon hôte les nombreuses restrictions : régime sans sel, repas pris à l'intérieur etc. Mais c'est aussi une preuve que la fidélité ne s'arrête pas aux paroles aimables. J'existe. Marina a le même sentiment que moi et sa discrétion exagérée emposonne l'agrément de cette invitation sur la Côte. Elle aussi se fait une tête jivaro ! Elle a toujours peur de déranger, d'être de trop, et elle culpabilise sa santé délicate. Je sais que bien des gens de qualité sont comme elle et préfèrent décliner les invitations à résider chez des gens pour descendre à l'hôtel où ils se sentent plus libres.
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