CHRONIQUE
MIEUX VAUT UN AMI PAUVRE ET INGRAT QUE RICHE ET DEVOUÉ
Emmanuel Dyan m'a téléphoné hier après être disparu pendant des longs mois. Ce silence est d'autant plus dommageable qu'il a le contrôle de ce blog dont il est le talentueux auteur. Il a eu la franchise de m'avouer la raison de son abandon. " Vous avez perdu tout intérêt pour moi. Au début vous m'apportiez beaucoup en m'expliquant vos clés culturelles, en m'ouvrant à Beethoven, à Vinci, à la théorie des organisations. Mais depuis votre apport a baissé à cause des riches et puissants que vous fréquentez. Vous ne vous intéressez plus aux jeunes et aux petites gens. "
Si je rapporte ses propos c'est qu'ils ne sont pas isolés. Marina m'a rapporté ceux de Mme. de B*** qui se plaignait de passer au second plan, après Socrate et Olaf. Et je crois que nombreux sont ceux de mon entourage - (à l'exception de ceux qui me connaissent bien, comme mes internautes! ), à partager cet avis. Par exemple: "aurais-tu éprouvé une telle douleur à l'humiliation qu'Axel t'a infligé, s'il n'était qu'un jeune fauché de 24ans ?"
Détail piquant : Axel , qui fait partie de la jet set, invoqua la cause de sa rupture pour les mêmes griefs. " Je ne crois pas totalement à votre amour. Jamais vous ne mettriez votre vie en danger pour moi, comme vous l'avez fait pour Olaf ". C'est que tout est relatif et le statut d'Axel est à celui d'Olaf, celui de Dyan par rapport à Olaf !
LES DONNÉES FACTUELLES
Elles sont simples. Ma vocation est d'enseigner, d'initier et d'ouvrir à des connaissances pour lesquelles j'éprouve une passion et d'un haut niveau culturel. Ma plus grande joie a été de former mes étudiants, ou d'obtenir un intérêt proche de la révélation chez des personnes choisies pour leur volonté d'apprendre. Mieux encore infuser le choc décisif qui donne à des êtres abrutis par les mass média, envie d'apprendre, de s'extraire des sables mouvants de la facilité. Je citerai deux cas emblématiques, celui de Darek, celui de Michel. Darek est l'homme qui m'a volé mon incomparable collection de stylos, suite à un coup de folie consécutif à un coup de foudre avec une jeune fille affiliée à un gang yougoslave. J'ai cru à son repentir et lui ai pardonné. Mais au cours de notre échange téléphonique, je découvris une intelligence exceptionnelle pour la musique et l'opéra. Je le formai à fond pendant de longues heures. Il donna à son fils encore à naître mon nom. Je me battis, aidé par S*** à aider le bébé à s'épanouir, et contribuai à se construire une situation. Récompense : le silence. Il ne sait même pas si je suis mort ou vivant.
Second exemple, Michel, mon chauffeur. Il m'accompagnait au cours de mes periples chez les libraires, les numismates, les marchands de Mingei et d'art calédonien. Il se passionna pour les objets que je lui expliquai et m'aida à rédiger les plans de la seconde fondation. Sans le savoir, il était devenu un homme cultivé et amateur de belles choses.
La plupart de mes échanges culturels et affectifs ont lieu avec Sandrine, des membres de Auchan, depuis des directeurs de magasin jusqu'à la famille Mulliez, réputée pour sa modestie et son dédain du Standing parisien. Mes contacts avec Socrate, Axel et Olaf, sont donc l'exception et non la règle.
En faisant le tour de mes disciples j'en viens à la constatation que ceux qui me font vivre : Arnaud Gobet, Arnaud Mulliez et la famille, et Igor Poliakoff le père d'Axel, Olaf et Socrate, ont pour moi une sincère sollicitude, et me rendent au centuple mes petits services. En revanche, je n'ai eu qu'ingratitude, avidité, égoïsme, jalousie de la part de bien des "petits".
UN SYNDROME FRANÇAIS
Il ne viendrait à l'esprit de n'importe quel américain, danois, hollandais ou italien de considérer avec une sorte de réprobation tacite quelque quidam qui tirerait gloire de ses relations avec les grands. Un tel comportement ne serait ici réservé qu'à ce qu'on nomme un agent d'influence comme Alain Minc,mais on leui pardonnerait car il n'est pas question de tempérament ni de comportement, mais d'activité purement professionnelle.
Voir le blog notes dans le coeur du billet .
DU BLOG NOTES
LE VAISSEAU FANTÔME
Il a défrayé la chronique avec ses faux mystères. Le chiffre de un million de dollars pour une cargaison de bois, vaisseau en prime est absurde. C'est le prix d'une édition originale de Jean Grolier, de grande qualité. Rien qui explique l'excitation des quatre pays ayant des liens avec l'équipage et l'armateur. Il est à peu près sûr que non seulement in sera retrouvé, mais que les étranges faux policiers qui l'ont inspecté sans ne rien prendre, et les kidnappeurs, seront arrêtés et qu'on essayera de les faire parler. Nous ne saurons pas d'ici longtemps la vérité qui n'émergera, fille du temps, que dans un an, dix ans ou cent ans. En attendant, les grands gagnants sont les média.
LE PRÉSIDENT ET LE POTACHE
L'homme le plus puissant du monde devient de plus en plus émouvant. Il vient une fois encore de démontrer son aptitude à utiliser son temps précieux pour révolutionner le monde et instaurer le règne du bien. C'est ainsi qu'on a appris qu'il a bu un verre avec un journaliste en herbe, gosse de couleur noire bien entendu. Après avoir répondu a ses questions, l'enfant lui dit. Maintenant que l'interview est finie, je peux te poser une question d'homme à homme : veux-tu être mon pote ? La question à un dollar : devinez ce qu'a répondu le Président. - Oui. Vous avez gagné!
COMPÉTENCE À LA FRANÇAISE
J'arrivai à San Remo plié en deux : pendant mon opération les garçons bouchers que l'on nomme auxiliaires médicaux, me jetèrent d'un lit à un autre comme un quartier de viande, ou un sac de pomme de terre. Je fis appel à une masseuse très affable. Elle vint avec des enguents, localisa les points endommagés et pendant une heure elle massa doucement la contracture. Le lendemain elle recommença, et ainsi pendant tout mon séjour. Pendant le traitement je dormais profondément et chaque jour il y avait un petit mieux. A la fin toute douleur avait disparu totalement. Je m'étais délesté de 1000 euros non remboursés, mais je pus dormir et vivre normalement.
Lorsque j'arrivai à Divonne, voici trois semaines, je venais de subir un choc psychologique sérieux : la trahison d'Axel Poliakoff et le résultat fut un oedème aux chevilles, non douloureux mais sérieux, et d'affreuses courbatures à la hanche insupportables mais non sérieuses. Je ne pouvais même pas faire le tour de mon lit. La seule position acceptable était couché, ce qui me permit heureusement de dormir.Je demandai un masseur. Ce fut un ostéopathe qui vint. Après m'avoir expliqué que ma contracture était très profonde, il me manipula brutalement en me disant que a douleur diminuerait le soir même. Elle augmenta et je fus réduit à prendre du nifluril en dépit des contradications. Une semaine plus tard craignant les effets pervers de la combinaison Mopral - nifluril, je rappelai mon ostéopathe. Devant son échec, il me tint des discours aussi savants qu'angoissants. Son échec il l'attribuait à l'oedeme, à une maladie des reins, à de nouvelles maladies des reins et je ne sais quoi. Il me remanipula rapdement et encore plus brutalement,me promettant une amélioration le soir même. La douleur fut telle qu je doublai la dose de Nifluril et pratiquai l'automassage. Me voici revenu à la case départ.
Je ne puis m'empêcher de comparer la masseuse italienne, pleine de gentillesse et munie de ses onguents, sa patience et la douceur avec laquelle elle apprivoisait la contracture, sans mots savants et ayant la propriété de me plonger dans un profond sommeil, et notre phraseur d'ostéopathe m'expliquant que j'avais mal parce que j'étais contracté. Ainsi le médecin de Molière expliquait en substance que Angelique était muette parce qu'elle ne pouvait pas parler.
MONSIEUR PURGON MUSICIEN
Nombreux sont les musiciens qui n'ont que des oreilles pour entendre; les critiques d'art, pour voir et une rélle connaissance pour juger. Ainsi Monsieur Pugon était-il d'une compétence magistrale et tuait selnles règles de la Faculté.
Hier, j'étais attablé à la table de la terrasse avec un excellent peintre figuratif charmant et bien introduit dans les hautes sphères de la société genevoise. Cet ami inspirait aussitôt la sympathie tant il était heureux de vivre, de vous voir, de profiter de la nature, des monuments et des chefs d'oeuvre de la musique. Tous étaient attirés par cette joie de vivre contagieuse.
Un personnage rousseâtre; trapu, aux traits renfrognés l'aborda. C'était un musicien professionnel, grand spécialiste de Schumann, que j'admire profondément. Nous comparâmes nos préférences esthétiques et de profondes et significatives divergences m'agacèrent particulièrement.
- Pourtant les scènes de Faust sont-elles son accomplissement suprême?
- Pas du tout, il était malade quand il les a composées. Cela ne vaut rien.
Cooper
- Que pensez-vous de la Xème symphonie.? Alors qu'on a fait un bruit extraordinaire à propos de petites pièces sans intérêt de Mozart, nul n'a a parlé de la découverte d'important fragments de la Xème de Beethoven.
- Ce sont des faux.
- Comment pouvez-vous dire cela? Ils se trouvent dans les librairies publiques de Vienne et de Berlin.
- Quel intérêt si on ne peut les écouter?
- Justement deux versions sont parues de la transcription par Cooper du début et de la fin du premier mouvement, et on découvre que Beethoven avait muté. Il avait accouché d'un second compositeur, aux antipodes du premier : pas de dialectique, pas de développement, un thème répété inlassablement comme un caillou jeté dans une mare et dessinant des cercles concentriques. Une dynamique peu marquée. Cela ressemble à la Xème Symphonie par Mahler dans la version de Scherchen. Pas du tout au Beethoven que nous connaissons.
- Il devait être malade. Quel intérêt?``
- Faux. Sa tête était pleine de projets et la Xème était toute composée dans sa tête, il la jouait souvent au piano. Il mourut trop tôt. Si vous écoutez la version de Wynn Morris, vous ne pourrez pas résister à l'émotion que dégage cet adagio. Lorsque je l'entends, je pleure.
- Qui est ce Wynn Morris? Connais pas.
Moi non plus ! s'empresse d'aquiescer mon ami peintre.
- Si ça ne ressemble pas à Beethoven quel intérêt? On a déjà la IXème Symphonie. Insurpassable.
- A propos de Chopin, vous connaissez l'admirable version diaphane et poétique de Dinu Lipatti.
- Mauvais. Cela n'a aucune consistance. Lipatti était très malade. Ecoutez plutôt un géant: Emil Guillels.
- Backhaus a joué, avant la guerre, la meilleure version de la Sonate o^.35.
- Non. Backhaus ne sait pas jouer Beethoven. Kempff à la rigueur, mais Guillel ou Samson François.
- Le trio de la marche funèbre est comme une boie mécaniqu, il sonne avec une fraîcheur et une limpidité de boite à musique. Backhaus est le seul à le jouer très en mesure; sans chichis avec une sonorité inimitable. Ce chant tout simple vous arrache des larmes.
- Je connais sa version. Beethoven ne va pas à Bachaus. Cela n'a pas de sens.
- La Sonate Op.35 n'est pas une oeuvre romantique. C'est une construction aussi structurée qu'une soante de Beethoven. Elle demande de la gravité, du sérieux, pas de la fantaisie ni de la légèreté. Backhaus peut lui rendre justice. Il n'est pas fait pour Chopin, je vous l'accorde mais pour l'op.35 dont le trio a été raté par le grand Alfred Cortot lui-même.